— Eh bien, il y a plusieurs usines. De ce côté-ci du fleuve, la plupart sont des minoteries. Mais celle qui embauche en ce moment, c’est Pillsbury A.
Il l’oriente vers le pont métallique suspendu qui traverse Minneapolis du nord-est au sud-est.
— Vous ne pouvez pas la rater. Une grosse bâtisse dans Main Street.
Raimund traverse le pont et arrive sur une parcelle de terre au milieu du fleuve, une petite île qui s’appelle Nicollet Island, d’où il gagne la rive sud-est. L’agent des chemins de fer a raison : l’usine Pillsbury A est un gigantesque édifice de style roman, en pierre calcaire, qui se dresse sur six étages dans une rue parallèle au fleuve. Parvenu à un minuscule bureau du rez-de-chaussée, il avise un employé et lui demande s’il n’y aurait pas du travail pour lui. Le sol vibre sous ses pieds et l’on s’entend à peine.
— Les turbines à eau ! hurle l’homme en désignant le sol. Tu sais lire et écrire ?
— Oui !
— Assieds-toi et remplis-moi ça.
Raimund remplit le formulaire concernant son niveau d’études et son expérience professionnelle, puis il le rend à l’employé ; celui-ci le lit et chuchote quelque chose à l’oreille d’un autre garçon, qui doit être son adjoint. Le garçon mène ensuite Raimund six étages plus haut jusqu’à une vaste pièce où un homme petit et musclé surveille une chaîne de machines à tamiser. Son impressionnante moustache rejoint presque ses favoris, mais il est quasiment chauve ; ce qui reste de ses cheveux roux se dresse en petites touffes autour de son crâne. Son large visage a la texture de la laine bouillie et la moitié supérieure de son corps est massive, avec de larges épaules et des bras bien musclés. Ses jambes sont aussi épaisses que ses bras, mais courtes. Presque trop courtes, semble-t-il, pour supporter un torse semblable à l’un de ces gigantesques édifices en calcaire.
— Le contremaître, dit sa jeune escorte avant de s’en aller.
L’homme fait signe à Raimund de le suivre à l’extrémité la plus calme du bureau.
— Tu sais lire et écrire ?
Il parle avec un accent très prononcé, tout en examinant Raimund de ses yeux bleu pâle.
Raimund hésite : il n’est pas certain d’avoir bien compris la question.
— Je parle anglais, répond-il.
— Moi aus-si, dit le contremaître en prenant bien soin d’articuler. Je suis écossais. Je vais parler plus lentement. Tu-sais-lire-et-é-crire ? En anglais ?
— Oui, je sais lire et écrire en anglais. Et aussi en allemand et en français, répond Raimund. Je sais également réparer les machines. Je viens d’une grande ferme en Allemagne. Avec une brasserie. Mon père avait une brasserie.
Il jette un coup d’œil aux appareils de mouture.
— J’apprends vite, poursuit-il. Je peux travailler sur l’une de celles-ci.
— Et c’est ce que tu vas faire. Une fois que je t’aurai formé. Je m’appelle Gillian McPherson, dit le contremaître en lui tendant une main enfarinée. Et cette minoterie est la plus moderne du monde. Dieu merci, ça n’est plus comme dans le temps où il y avait tellement de poussière de farine qu’on avait les poumons tout blancs.
Après lui avoir brièvement expliqué le fonctionnement des machines, le contremaître lui dit de venir travailler dès le lendemain.
— Où faut-il que j’habite ?
— Là où tu peux te le permettre, répond Gillian avec un grand sourire.
Raimund le regarde fixement, un peu interloqué.
— Je descends du train à l’instant.
— Mon Dieu ! Tu es vraiment novice ! Dans ce cas-là, je te suggère les Flats. Il y a une maison dans Cooper Street. L’un de nos gars vient de déménager, donc la place est libre, à moins qu’un autre ait été plus rapide que toi. Va jusqu’à Second Street et continue à marcher vers l’est. Tu finiras par tomber sur le nouveau pont de Washington Avenue. Traverse-le pour passer sur la rive ouest. Tu verras les maisons en bordure du fleuve, des deux côtés du pont. Prends à gauche du pont et va trouver Procházka, l’épicier. La maison est à lui, mais il la loue.
Alors que Raimund se tourne pour partir, Gillian le prend par le bras.
— Procházka est tchèque et c’est parfois une sacrée tête de mule. Il fait semblant de ne pas parler allemand ni même anglais, mais il parle les deux.
Il est midi lorsque Raimund traverse le pont de Washington Avenue et aperçoit la rive et son alignement de maisons à l’air délabré. Une vieille femme s’avance depuis les arbres à l’extrémité ouest du pont ; il lui demande comment descendre jusqu’à elles.
— L’eshcayer, répond la femme avec un accent qu’il ne connaît pas.
Elle rebrousse chemin pour l’accompagner un peu et lui montrer l’escalier en bois. Après avoir descendu la falaise, il longe Cooper Street jusqu’à ce qu’il tombe sur une maison qui semble inhabitée. C’est un taudis à peine plus grand que le poulailler de son père, flanqué de deux autres bâtiments plus vastes et en meilleur état. Il poursuit son chemin jusqu’à l’épicerie et là, ses craintes se confirment : il s’agit bien de la maison à louer. Procházka est brusque et distant. Raimund lui parle en allemand, mais l’épicier répond en anglais.
— Pourquoi vous voulez toute une maison ? Vous êtes tout seul. Vous pouvez séjourner à la pension Červenka, de l’autre côté du pont.
— Toute une maison ? Ce n’est qu’une piaule !
— C’est une maison !
— Qu’est-ce que ça peut bien vous faire, qui l’habite, tant que je peux payer le loyer ?
Raimund compte tout haut son argent à mesure qu’il pose chacun de ses billets d’un dollar sur le comptoir. La somme s’élève à deux mois de loyer. Procházka examine la pile de billets. Puis, d’un grand geste de sa main rude et jaunie par le tabac, il ramasse cet argent pour le glisser dans la poche de sa veste, avant de mettre Raimund en garde.
— Pas d’ennuis, compris ? Ta voisine, c’est Alžběta Dvořák. Une veuve. Ça fait longtemps qu’elle est ici. Souviens-t’en.
Avant de retourner à Cooper Street, Raimund achète une couverture en laine, une miche de pain de seigle, un morceau de gruyère et du café moulu. La maison de deux pièces a des plafonds bas déprimants et ne contient aucun meuble. Une théière en fonte ayant déjà bien servi a été abandonnée sur le poêle à charbon, à côté d’une tasse en fer-blanc. Il mange deux tranches de pain et du fromage, tout en faisant les cent pas comme pour mémoriser l’espace. Ce soir-là, il s’allonge par terre et écoute la corne de brume des péniches qui descendent le fleuve, reliées les unes aux autres.
Tôt le lendemain matin, il se rend à pied au travail : il traverse le pont de Washington Avenue pour rejoindre l’est du Mississippi, se fraie un chemin le long du fleuve, jusqu’à la rive. Désormais, s’il est parfaitement reconnaissable quand il sort de chez lui le matin, c’est recouvert d’un glaçage qu’il y retourne le soir. L’ivoire du blé moulu blanchit toute sa personne, elle atteint même les poils de ses narines et se dépose dans ses oreilles, si bien que le cérumen qu’il enlève ressemble à du saindoux fondu. Il crache un phlegme blanc-jaune, très pâle. La poussière de farine s’insinue même sous ses vêtements de travail, de sorte que lorsqu’il se déshabille, son corps est enrobé d’une pellicule de farine mêlée de sueur et sent légèrement la levure. Il en va de même pour tous les autres ouvriers du quartier des minoteries : ils sont recouverts de blanc à divers degrés selon l’endroit des usines où ils travaillent. Les plus blancs sont les emballeurs, ceux qui gagnent moins que lui et avec lesquels il n’échange jamais autre chose qu’un signe de tête silencieux. La fonction qu’ils occupent reste visible sur leurs vêtements et sur leur corps jusqu’au bain du soir. Les ouvriers des deux scieries, près du barrage de Saint-Antoine, eux, sont brunis par la poussière de bois et les copeaux, et ils ont des éclats de bois odorants dans les cheveux. Parfois ils adressent la parole à Raimund, mais seulement pour lui dire le nom de leur lieu de travail.
— Washburn.
— Carpe
nter-Lamb.
— Pillsbury, répond Raimund.
Puis il y a aussi les rares ouvriers qui s’occupent des turbines à eau tout au fond des puits de chute, sous le bâtiment de Pillsbury A. Ces hommes sont tout dégoulinants quand ils quittent leur service, comme s’ils avaient passé la journée à nager. Ils ôtent leur chemise en rentrant chez eux, révélant un torse et des bras pâles et ramollis.
Cependant, si Raimund n’est pas le seul habitant des Flats à travailler dans une usine, il est le seul dont les allées et venues sont surveillées. Sur la réserve, ses voisins l’observent avec méfiance comme s’il était un animal exotique. Une attitude qu’il ne s’explique pas : ils peuvent bien être venus de divers pays d’Europe, ils n’en demeurent pas moins des immigrants, comme lui. Au hasard des conversations qu’il surprend, il distingue différentes langues et tente de deviner quels pays ils ont quittés. Il fait part à Gillian de ses suppositions.
— Ouais. T’as une bonne oreille. C’est un sacré mélange, là-bas, sur les Flats. Moi-même j’y ai vécu quand je suis arrivé ici. C’est surtout des Slovaques et des Tchèques. Des Russes, des Polonais, des Suédois, des Norvégiens. Quelques Irlandais. Quelques Allemands. Un tonnelier finlandais et sa femme.
La seule personne sur les Flats qui s’intéresse ouvertement à lui, c’est Alžběta Dvořák, sa voisine d’un certain âge : elle tapote à la fenêtre de sa cuisine lorsqu’il part au travail, mais aussi le soir quand il rentre chez lui.
Le mercredi de la deuxième semaine, une jeune femme attire son attention en se penchant par la fenêtre, six maisons plus loin dans Cooper Street. Il lui rend son salut mais ne s’arrête pas. Le vendredi, elle lui fait signe en s’inclinant davantage afin d’exhiber son profond décolleté.
— Je vois que vous avez vite obtenu l’un des meilleurs emplois, dit-elle avec une timidité affectée.
— J’ai l’expérience des machines.
Elle lui dit son nom. Branka Červenka. Contrairement aux autres femmes, elle ne porte pas de fichu, mais laisse ses cheveux noirs bouclés retomber sur son dos. Elle penche la tête en souriant.
— Je vous vois passer tous les jours.
— Je m’appelle Raimund, dit-il.
Il remarque l’absence de bague à ses doigts et songe à Maria Engel, à sa chevelure rousse déployée contre la peau de ses seins.
— Ça vous dirait de faire une promenade après dîner ?
Elle lève les yeux vers la falaise, derrière lui. On siffle au loin ; ce sont sans doute les hommes qui rentrent du travail.
— Oui, peut-être. Ce soir. Je passe chez vous, je sais où vous habitez, répond-elle.
Puis elle se lève et ferme les volets. Ce brusque changement d’attitude le trouble ; il reste un moment devant chez elle à se demander si, sur les Flats, il est d’usage pour une femme de passer chez un homme. Puis il écarte cette idée et reprend son chemin ; ce soir, il aura la réponse à ses interrogations.
Il monte les trois marches qui mènent à sa porte. Mais avant qu’il n’ait le temps de tourner la poignée, c’est lui que l’on tourne : un homme d’une taille gigantesque et à la barbe fournie le fait pivoter et lui cogne la tête contre la porte. Il approche un couteau de la gorge de Raimund et lui lance des jurons dans une langue qui ressemble à du tchèque.
— Qu’est-ce que vous voulez ? proteste-t-il.
Il échafaude diverses hypothèses. L’a-t-il déjà vu ? Va-t-il le dépouiller ? Ce costaud travaille-t-il dans son usine ? Non, il n’y travaille pas. Il n’est pas couvert de farine. Il sent… le bois et les chevaux. Et il a des poils aux oreilles. L’homme lui cogne une fois encore la tête contre la porte. Raimund se mord la lèvre.
— Toi ! hurle-t-il
Son haleine empeste les sardines et la bière. Il lui cogne la tête contre la porte une troisième fois puis se rapproche de lui, le soulève et le secoue.
Raimund sent du liquide dans ses yeux et du sang qui coule sur son menton. Il ne sait que faire. Il ne parvient pas à lever la jambe pour donner un coup de pied à l’homme, ni à bouger les bras. Sa tête vacille, comme si ce géant avait fait fuir sa matière grise hors des frontières de son cerveau et qu’elle était désormais secouée au point d’être réduite en bouillie. Soudain, une voix retentit. Une voix tonitruante. C’est la voix de Dieu avec un accent tchèque.
— Honza ! Honza Červenka !
Le géant hésite, mais sans quitter sa victime des yeux. Raimund perçoit un mouvement derrière eux et reconnaît sa voisine. Il n’arrive pas à croire qu’une voix au timbre si profond puisse émaner de la bouche de la vieille femme. Alžběta Dvořák traverse la cour qui sépare leurs maisons, un balai à la main. Elle frappe Honza de l’extrémité du balai où est nouée la paille. Ce dernier secoue la tête comme s’il chassait une mouche importune et resserre les doigts autour de la gorge de Raimund. La vieille femme renverse le balai, l’agrippe des deux mains, le soulève comme si elle visait une balle haut dans les airs et, cette fois, frappe Honza sur la nuque. Le géant pousse un grognement et lâche Raimund. Maintenant, ses pieds touchent les marches en bois, mais le grand Tchèque le tient toujours par la gorge. Alžběta soulève alors le balai avec plus de force et assène un nouveau coup à Honza, à l’arrière de la tête. Il lâche le couteau, qui rebondit sur les marches avant de tomber dans l’herbe. Pour ne pas prendre de risque, elle lève de nouveau le manche et l’abaisse une troisième fois ; celui-ci vole en éclats sur le crâne de Honza, qui lâche Raimund, avant de trébucher et de s’écrouler dans l’herbe.
— Imbécile ! rugit-elle. Debout !
Elle s’empare du couteau et le lance dans sa propre cour. Puis elle pousse Honza avec la brosse du balai jusqu’à ce qu’il se relève et s’avance tant bien que mal dans la rue.
— Comment ce petit gars pouvait-il savoir que c’était ta femme ? Comment est-ce que quiconque peut savoir que c’est ta femme ? Branka traîne à cette fenêtre tous les jours, sans son alliance et en exhibant sa poitrine pour appâter des jeunots comme Raimund qui n’y connaissent rien. Espèce d’idiot ! Tu crois être le seul du ménage à gagner de l’argent ? Tu ferais mieux de rentrer chez toi et de t’occuper de cette Jézabel, avant de planter un couteau dans qui que ce soit.
— Červenka, dit faiblement Raimund. Vous ne seriez pas le propriétaire de la pension ?
— C’est son frère, répond Alžběta.
Et alors que Raimund tend la main pour trouver la poignée de la porte, sa voisine agite ce qu’il reste du balai pour chasser Honza jusqu’à chez lui. Celui-ci recule en se frottant la tête et commence à toiser Raimund.
— Et va te nettoyer les oreilles, crie-t-elle.
Puis elle se tourne vers Raimund :
— Il est sourd comme un pot de l’oreille droite et dans la gauche… La gauche, elle est poilue comme le cul d’un chien.
La vieille femme monte les marches et examine Raimund pour voir s’il a d’autres blessures, hormis sa morsure à la lèvre.
— Attends ici.
Elle revient avec des feuilles à l’air moisi et un bloc de glace enveloppé dans une vieille taie d’oreiller.
— Mets la glace sur ta tête ou bien sur ton cou, là où tu as le plus mal, et prépare-toi deux théières avec ça. Bois tout.
Il s’adosse à sa porte pour la regarder traverser la cour. Elle s’apprête à rentrer lorsqu’elle se retourne vers lui.
— Je veux que tu m’accompagnes à l’église dimanche prochain. Tu viendras dîner ensuite, dit-elle. Et assure-toi de porter un costume !
Une fois chez lui, il fait bouillir le thé amer, le boit et applique la glace contre son crâne jusqu’à ce qu’elle ait fondu. C’est seulement quand il s’écroule sur son lit qu’il prend conscience d’un détail : Alžběta a prononcé son prénom.
Le lendemain, samedi, Raimund se rend en ville, juste au-dessus des Flats ; il achète un costume et des souliers d’occasion à un tailleur qui s’avère un individu plutôt acerbe. Le dimanche, il va en compagnie d’Alžběta assister à la messe à l’église Sain
te-Élisabeth, dans le sud de Minneapolis, puis ils rentrent sur les Flats. Ce jour-là, Alžběta ne porte pas son fichu habituel. Sa chevelure est un mélange flou d’argent et de gris fumé séparée en deux nattes qui se croisent sur sa tête.
Sa maison est en bien meilleur état que la sienne : non seulement elle est revêtue de bardeaux au lieu de planches goudronnées, mais elle abrite un grand poêle et un four recouverts de nickel, un parquet ciré et de beaux meubles. Alžběta lui sert des petites tourtes à la saucisse, de la soupe aux pommes de terre et au cresson, des pois frais qui poussent dans son jardin et du café très fort, adouci par de la crème épaisse et du sucre. Elle lui demande de quelle ville d’Allemagne il vient et l’interroge sur son travail à la minoterie. Lui découvre qu’elle enseigne l’anglais aux nouveaux immigrants et qu’elle habite sur les Flats depuis trente ans.
Une fois qu’il a terminé son repas, il l’aide à débarrasser la table, mais Alžběta lui ordonne de se rasseoir. Elle sort du four un énorme gâteau tout rond, qu’elle pose sur le haut du fourneau avant de le saupoudrer de sucre. Puis elle le glisse sur une assiette propre, qu’elle pose devant lui.
— Voilà. Dis-moi si ce n’est pas le meilleur koláč que tu aies jamais mangé.
Il ignore ce qu’est un koláč, mais il se rappelle que, d’après Frau Richter, les Tchèques sont réputés pour leurs pâtisseries. Il coupe une part du gâteau encore fumant et la porte à sa bouche. Sa mère a toujours été une excellente pâtissière et son Strudel est considéré parmi les meilleurs lors des fêtes locales. Cependant, elle n’a jamais rien cuisiné d’aussi somptueux, d’à la fois aussi riche en beurre et d’aussi léger, alourdi seulement par le fourrage aux prunes, d’un goût prononcé. À la seconde bouchée, ses yeux s’emplissent de larmes : ce gâteau lui rappelle ses incursions dans l’armoire à pâtisserie, le matin de bonne heure, et l’image de sa mère à genoux en train de prier. Il ne lui a pas encore écrit. Et maintenant, seul dans un pays qu’il ne connaît pas, il se rappelle ceux qu’il a abandonnés : sa mère, les Richter, Albert et Magdalena. Et le sentiment d’être indésirable qu’il éprouve lorsqu’il traverse les Flats ne fait qu’accentuer sa solitude. Sa nouvelle vie n’a rien de ce qu’il avait imaginé.
Bohemian Flats Page 11