Je possédais vingt deux mille francs de rente ; de plus, j’étais convaincu qu’en travaillant je pouvais gagner, dans la littérature, une somme égale, au moins… Plus rien ne me paraissait difficile ; la route était tracée devant moi sans un obstacle, et je n’avais plus qu’à marcher… Ah ! mes timidités, mes terreurs, mes doutes, le travail haletant, l’angoisse, il n’en était plus question. Un roman, deux romans par an, des pièces de théâtre même… Qu’était-ce, je vous prie, pour un homme amoureux, comme moi ?… Ne disait-on pas que X… et que Z…, des imbéciles irréparables et notoires, avaient fait, en quelques années, des fortunes énormes ?… Des idées de roman, de comédie, de drame, me venaient en foule, et je les indiquais d’un geste large et hautain… Je me voyais déjà accaparant toutes les librairies, tous les théâtres, tous les journaux, l’attention universelle… Aux heures d’inspiration pénible, je regarderais Juliette et les chefs-d’œuvre naîtraient de ses yeux, ainsi que les royaumes d’une féerie… Je n’hésitai pas à exiger le départ de Malterre, et à me charger de l’existence de Juliette. Malterre écrivit des lettres désespérées, pria, menaça ; finalement, il partit. Plus tard, Jesselin, avec le bon goût et l’esprit qu’il avait, nous raconta que Malterre, bien triste, voyageait en Italie.
– Je l’ai accompagné jusqu’à Marseille, nous dit-il… Il voulait se tuer, pleurait tout le temps… Vous savez, je ne suis pas un gobeur, moi ; mais, vraiment il me faisait de la peine… Non là, vrai !
Et il ajouta :
– Vous savez ?… Il était résolu à se battre avec vous… C’est son ami, monsieur Lirat, qui l’en a empêché… Moi aussi, du reste, parce que je ne comprends que les duels à mort.
Juliette écoutait ces détails, silencieuse, d’un air, en apparence, indifférent. Elle passait, de temps en temps, sa langue sur sa bouche ; il y avait dans ses yeux comme le reflet d’une joie intérieure. Pensait-elle à Malterre ? Était-elle heureuse d’apprendre que quelqu’un souffrît à cause d’elle ? Hélas ! je n’étais déjà plus en état de me poser ces points d’interrogation.
Une vie nouvelle commença.
Le quartier où demeurait Juliette ne me plaisait pas ; il y avait, dans sa maison, des voisinages qui m’étaient pénibles, et puis, surtout, l’appartement renfermait des souvenirs qu’il me convenait d’effacer. Dans la crainte que ces combinaisons n’agréassent point à Juliette, je n’osais les lui dévoiler trop brusquement ; mais, aux premiers mots que j’en dis, elle exulta.
– Oui, oui ! s’écria-t-elle joyeuse… J’y avais songé, mon chéri. Et puis, sais-tu à quoi j’ai songé encore ?… Dis-le, dis-le vite, à quoi ta petite femme a songé ?
Elle appuya ses deux mains sur mes épaules, et souriante :
– Tu ne sais pas ?… Vrai, tu ne sais pas ?… Eh bien ! elle a songé que tu viendrais habiter avec elle… Oh ! ce serait si gentil, un joli petit appartement, où nous serions, tous deux, bien seuls, à nous aimer, dis, mon Jean ?… Toi, tu travaillerais ; moi, pendant ce temps-là, près de toi, sans bouger, je ferais de la tapisserie et, de temps en temps, je t’embrasserais, pour te donner de belles idées… Tu verras, mon chéri, si je suis une bonne femme de ménage, si je soignerai bien toutes tes petites affaires… D’abord, c’est moi qui rangerai ton bureau. Tous les matins tu y trouveras une fleur nouvelle… Et puis, Spy aura aussi une belle niche… pas, mon Spy ?… une belle niniche, toute neuve, avec des pompons rouges… Et puis, nous ne sortirons pas, presque jamais… et puis, nous nous coucherons de bonne heure… Et puis, et puis… Oh ! comme ça sera bon !
Redevenant sérieuse, elle dit, d’une voix plus grave :
– Sans compter que ça sera bien moins cher, la moitié moins cher, juste !
Nous arrêtâmes un appartement, rue de Balzac, et il fallut nous occuper de l’aménager. Ce fut une grosse affaire. Toute la journée, nous courions les marchands, examinant des tapis, choisissant des tentures, discutant des projets et des devis. Juliette eût voulu acheter tout ce qu’elle voyait ; mais elle allait de préférence aux meubles compliqués, aux étoffes éclatantes, aux broderies massives. L’éclaboussement de l’or neuf, le papillotage des tons heurtés l’attiraient et la retenaient charmée. Si je tentais de lui adresser une observation, elle répondait aussitôt :
– Est-ce que les hommes connaissent ces choses-là ?… les femmes, ça sait bien mieux.
Elle s’entêta dans le désir de posséder une sorte de bahut arabe, effroyablement peinturluré, incrusté de nacre, d’ivoire, de pierres fausses, et qui était immense.
– Tu vois bien qu’il est trop grand, qu’il ne pourrait pas entrer chez nous, lui disais-je.
– Tu crois ?… Mais en lui sciant les pieds, mon chéri ?
Et, plus de vingt fois par jour, elle s’interrompait dans une conversation, pour me demander :
– Alors, tu crois qu’il est trop grand, le beau bahut ?
Dans la voiture, en rentrant, Juliette se pressait contre moi, me tendait ses lèvres, me couvrait de caresses, heureuse, rayonnante.
– Ah ! le vilain qui ne disait rien, et qui restait à me regarder, toujours, avec ses beaux yeux tristes… oui, vos beaux yeux tristes que j’aime, vilain !… Il a fallu que ce soit moi, pourtant !… Oh ! jamais tu n’aurais osé, toi !… Je te faisais peur, pas ? Tu te rappelles, quand tu m’as prise dans tes bras, le soir ?… Je ne savais plus où j’étais, je ne voyais plus rien… j’avais la gorge, la poitrine… c’est drôle… comme quand on a bu quelque chose de trop chaud… J’ai cru que j’allais mourir, brûlée… brûlée de toi… C’était si bon, si bon !… D’abord, je t’ai aimé, dès le premier jour… Non, je t’aimais avant… ah ! tu ris !… Tu ne crois pas qu’on puisse aimer quelqu’un, sans le connaître et sans l’avoir vu ?… Moi, je crois que si !… Moi, j’en suis sûre !…
J’avais le cœur si gonflé, ces choses étaient si nouvelles pour moi, que je ne trouvais pas une parole ; j’étouffais dans la joie. Je ne pouvais qu’étreindre Juliette, balbutier des mots inachevés, pleurer, pleurer délicieusement. Soudain, elle devenait toute songeuse, le pli de son front s’accentuait, elle retirait sa main de la mienne. Je craignis de l’avoir froissée.
– Qu’as-tu, ma Juliette ?… lui demandai-je… Pourquoi es-tu comme ça ?… T’ai-je fait de la peine ?
Et Juliette, désolée, navrée, gémissait :
– L’encoignure, mon chéri !… l’encoignure du salon que nous avons oubliée.
Elle passait d’un rire, d’un baiser, à une gravité subite, mêlait les tendresses et les mesures des plafonds, embrouillait l’amour avec la tapisserie. C’était adorable.
Dans notre chambre, le soir, tous ces jolis enfantillages disparaissaient. L’amour mettait sur le visage de Juliette je ne sais quoi d’austère, de recueilli, et de farouche aussi ; il la transfigurait. Elle n’était pas dépravée ; sa passion, au contraire, se montrait robuste et saine, et, dans ses embrassements, elle avait la noblesse terrible, l’héroïsme rugissant des grands fauves. Son ventre vibrait comme pour des maternités redoutables.
Mon bonheur dura peu… Mon bonheur !… C’est une chose extraordinaire, en vérité, que jamais, jamais, je n’aie pu jouir d’une joie complètement, et qu’il ait fallu que l’inquiétude en vînt toujours troubler les courtes ivresses. Désarmé et sans force contre la souffrance, incertain et peureux dans le bonheur, tel j’ai été, durant toute ma vie. Est-ce une tendance particulière de mon esprit ?… une perversion étrange de mes sens ?… ou bien le bonheur ment-il réellement à tout le monde, comme à moi, et n’est-il qu’une forme plus persécutrice et raffinée de la souffrance universelle ? Tenez… Les lueurs de la veilleuse tremblotent légèrement sur les rideaux et sur les meubles, et Juliette, au matin, s’est endormie, – au matin de notre première nuit. Un de ses bras repose, nu, sur le drap ; l’autre, nu aussi, se replie mollement sous sa nuque. Tout autour de son visage qui reflète les pâleurs du lit, de son visage meurtri, aux yeux, d’un grand cerne d’ombre, ses cheveux noirs, dénoués, s’éparpillent, ondulent, roulent. Avidement
, je la contemple… Elle dort, près de moi, d’un sommeil calme et profond d’enfant. Et pour la première fois, la possession ne me laisse aucun regret, aucun dégoût ; pour la première fois, je puis, le cœur attendri et reconnaissant, la chair encore vibrante de désirs, regarder une femme qui vient de se donner à moi. Exprimer mes sensations, je ne le saurais. Ce que j’éprouve, c’est quelque chose d’indéfinissable, quelque chose de très doux, de très grave aussi et de très religieux, une sorte d’extase eucharistique, semblable à celle où me ravit ma première communion. Je retrouve le même mystique enivrement, la même terreur auguste et sacrée ; c’est dans une éblouissante clarté de mon âme, une seconde révélation de Dieu… Il me semble que Dieu est descendu en moi, pour la deuxième fois… Elle dort, dans le silence de la chambre, la bouche à demi entr’ouverte, la narine immobile, elle dort d’un sommeil si léger, que je n’entends pas le souffle de sa respiration… Une fleur, sur la cheminée, est là qui se fane, et je perçois le soupir de son parfum mourant… De Juliette, je n’entends rien ; elle dort, elle respire, elle est vivante, et je n’entends rien… Doucement, plus près, je me penche, l’effleurant presque de mes lèvres, et, tout bas, je l’appelle.
– Juliette !
Juliette ne bouge pas. Mais je sens son haleine plus faible que l’haleine de la fleur, son haleine toujours si fraîche, où se mêle en ce moment, comme une petite chaleur fade, son haleine toujours si odorante, où pointe comme une imperceptible odeur de pourriture.
– Juliette !
Juliette ne bouge pas… Mais le drap qui suit les ondulations du corps, moule les jambes, se redresse aux pieds, en un pli rigide, le drap me fait l’effet d’un linceul. Et l’idée de la mort, tout d’un coup, m’entre dans l’esprit, s’y obstine. J’ai peur, oui, j’ai peur que Juliette ne soit morte !
– Juliette !
Juliette ne bouge pas. Alors tout mon être s’abîme dans un vertige et, tandis qu’à mes oreilles résonnent des glas lointains, autour du lit je vois les lumières de mille cierges funéraires vaciller sous le vent des de profundis. Mes cheveux se hérissent, mes dents claquent, et je crie, je crie :
– Juliette ! Juliette !
Juliette enfin remue la tête, pousse un soupir, murmure comme en rêve :
– Jean !… mon Jean !
Vigoureusement, dans mes bras, je la saisis, comme pour la défendre ; je l’attire contre moi, et, tremblant, glacé, je supplie :
– Juliette !… ma Juliette !… ne dors pas… Oh ! je t’en prie, ne dors pas !… Tu me fais peur !… Montre-moi tes yeux, et parle-moi, parle-moi… Et puis serre-moi, toi aussi, serre-moi bien, bien fort… Mais ne dors plus, je t’en conjure.
Elle se pelotonne dans mes bras, chuchote des mots inintelligibles, se rendort, la tête sur mon épaule… Mais l’évocation de la mort, plus puissante que la révélation de l’amour, persiste, et bien que j’écoute le cœur de Juliette qui bat contre le mien, régulièrement, elle ne s’évanouit qu’au jour.
Que de fois, depuis, dans ses baisers de flamme, à elle, j’ai ressenti le baiser froid de la mort !… Que de fois aussi, en pleine extase, m’est apparue la soudaine et cabriolante image du chanteur des Bouffes !… Que de fois son rire obscène est-il venu couvrir les paroles ardentes de Juliette !… Que de fois l’ai-je entendu qui me disait, en balançant, au-dessus de moi, sa face horrible et ricanante : « Repais-toi de ce corps, imbécile, de ce corps souillé, profané par moi… Va ! va !… où que tu poses tes lèvres, tu respireras l’odeur impure de mes lèvres ; où que tes caresses s’égarent sur cette chair prostituée, elles se heurteront aux ordures des miennes… Va ! va !… baigne-la, ta Juliette, baigne-la, toute, dans l’eau lustrale de ton amour… Frotte-la de l’acide de ta bouche… Arrache-lui la peau avec les dents, si tu veux ; tu n’effaceras rien, jamais, car l’empreinte d’infamie dont je la marquai est ineffaçable. » Et j’avais une envie violente d’interroger Juliette sur ce chanteur, dont l’image m’obsédait. Mais je n’osais pas. Je me contentais de prendre des détours ingénieux pour savoir la vérité : souvent, dans la conversation, je jetais un nom, subitement, espérant, oui, espérant que Juliette aurait un petit sursaut, une rougeur, se troublerait et que je me dirais : « C’est lui ! » J’épuisai ainsi les noms de tous les chanteurs de tous les théâtres, sans que l’impénétrable attitude de Juliette me donnât la moindre indication. Quant à Malterre, je ne songeais plus à lui.
Notre installation dura quatre mois, à peu près. Les tapissiers n’en finissaient pas, et les caprices de Juliette nécessitaient souvent des changements très longs. Elle revenait de ses courses quotidiennes avec des idées nouvelles pour la décoration du salon, du cabinet de toilette. Il fallut refaire, trois fois, entièrement, les tentures de la chambre qui ne lui plaisaient plus… Enfin, un beau jour, nous prîmes possession de l’appartement de la rue de Balzac… Il était temps… Cette existence toujours en l’air, cette fièvre continue, ces malles ouvertes, béantes ainsi que des cercueils, cet éparpillement brutal des choses familières, ces piles de linge croulant, ces pyramides de cartons que l’on renverse, ces bouts de ficelles coupées qui traînent partout, ce désordre, ce pillage, ce piétinement sauvage des souvenirs les plus chers, les plus regrettés, et, surtout, ce qu’un départ contient d’inconnu, de terreur, dégage de réflexions tristes, tout cela me ramenait à des inquiétudes, à des mélancolies, et, le dirai-je ? à des remords… Pendant que Juliette tournait, voltait, au milieu des paquets, je me demandais si je n’avais pas commis une irréparable folie ? Je l’aimais. Ah ! certes, je l’aimais de toutes les forces de mon âme ; et je ne concevais rien au delà de cet amour, qui m’envahissait chaque jour davantage, me prenait dans des fibres inconnues de moi, jusqu’ici… Pourtant, je me repentais d’avoir cédé, avec tant de légèreté et si vite, à un entraînement, gros de conséquences fâcheuses, peut-être, pour elle et pour moi ; j’étais mécontent de n’avoir pas su résister au désir qu’avait exprimé Juliette, d’une si caressante façon, de cette vie en commun… N’aurions-nous pu nous aimer, aussi bien, elle chez elle, moi chez moi ; éviter les froissements possibles de cette situation qu’on appelle d’un mot ignoble : le collage ?… Et tandis que l’éclat de toutes ces peluches, l’insolence de tous ces ors dans lesquels nous allions vivre, m’effrayaient, j’éprouvais pour mes pauvres meubles de pitchpin dispersés, pour mon petit appartement austère et tranquille, aujourd’hui vide, la tendresse douloureuse qu’on a pour les choses aimées et qui sont mortes. Mais Juliette passait, affairée, agile et charmante, m’embrassait au vol d’un baiser doux, et puis, il y avait en elle une joie si vive, traversée d’étonnements, de désespoirs si naïfs, à propos d’un objet qu’elle ne retrouvait pas, que mes pensées moroses s’en allaient, comme aux premiers rayons du soleil s’en vont les nocturnes hiboux.
Ah ! les bonnes journées qui suivirent le départ de la rue Saint-Pétersbourg !… Il fallut, d’abord, tout de suite, visiter chaque pièce en détail. Juliette s’asseyait sur les divans, les fauteuils et les canapés, en faisant craquer les ressorts qui étaient souples et moelleux.
– Toi aussi, disait-elle, essaye, mon chéri…
Elle examinait chaque meuble, palpait les tentures, faisait jouer les cordons de tirage des portières, déplaçait une chaise, rectifiait le pli d’une étoffe. Et c’étaient, à tous les moments, des cris d’admiration, des extases !
Elle voulut recommencer l’examen de l’appartement, les fenêtres closes, afin de se rendre compte de l’effet, aux lumières, ne se lassant jamais de regarder le même objet, courant d’une pièce dans l’autre, notant sur un bout de papier les choses qui manquaient… Ensuite ce furent les armoires où elle rangea son linge, le mien, avec un soin méticuleux, des raffinements compliqués, l’adresse d’une étalagiste consommée. Je la grondais, parce qu’elle gardait les meilleurs sachets pour moi…
– Non ! non ! non !… je veux avoir un petit homme qui embaume.
De ses anciens meubles, de ses bibelots, Juliette n’avait conservé que l’Amour en terre cuite
, qui reprit sa place d’honneur sur la cheminée du salon ; moi, je n’avais apporté que mes livres et deux très belles études de Lirat, que je m’étais mis en devoir d’accrocher dans mon bureau. Juliette poussa des cris, scandalisée.
– Que fais-tu là, mon chéri ?… Des horreurs pareilles dans un appartement tout neuf !… Je t’en prie, cache ces horreurs-là !… Oh ! cache-les…
– Ma chère Juliette, répondis-je, un peu piqué, tu as bien ton Amour en terre cuite ?
– Sans doute, j’ai mon Amour en terre cuite… quel rapport ça a-t-il ?… Il est très, très, très joli, mon Amour en terre cuite… Tandis que ça, vraiment !… Et puis ça n’est pas convenable !… D’abord, moi, chaque fois que je regarde de la peinture de ce fou de Lirat, ça me donne mal à l’estomac !
J’avais autrefois la fierté de mes admirations artistiques, et je les défendais jusqu’à la colère. Cela m’eût paru très puéril d’engager avec Juliette une discussion d’art, et je me contentai d’enfouir les deux tableaux, au fond d’un placard, sans trop de regrets.
Il arriva, un jour, que tout se trouva dans un ordre admirable ; chaque chose à sa place, les menus objets coquettement disposés sur les tables, les consoles, les vitrines ; les pièces décorées de plantes aux larges feuilles, les livres dans la liseuse à portée de la main, Spy dans sa niche neuve, et partout des fleurs… Rien ne manquait, rien, pas même, sur une table de travail, une rose dont la tige baignait en un vase de verre, effilé… Juliette rayonnait, triomphait, ne cessait de me dire :
– Regarde, regarde encore, comme ta petite femme a bien travaillé !
Et penchant la tête sur mon épaule, les yeux attendris, la voix émue sincèrement, elle murmura :
– Oh ! mon Jean adoré, nous sommes chez nous, maintenant, chez nous, tu entends bien… Comme nous allons être heureux, là, dans notre joli nid !…
Le lendemain, Juliette me dit :
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