Ils longeaient le vieux cimetière. Carson remarqua que King Fisher se détournait. Il était sûr que King Fisher ne voulait pas rouvrir une vieille blessure en regardant les tombes de sa femme et de son fils.
Un peu plus loin, Fisher reprit :
— Cette petite de Parral a l'air solide. Elle sait se servir d'un pistolet. Ma femme a jamais voulu en toucher un. Et elle doit être de bonne race. Peut-être du sang indien. J'ai vu des métis aux yeux bleus chez les Dakotas. Ça vous fera rien d'avoir une bande de petits quarterons ? Avec une pouliche comme elle, la race devrait s'améliorer.
King Fisher sourit en voyant l'expression fermée de Carson.
— Vous n'allez pas vous lancer aux trousses du général ? demanda-t-il.
— Non.
— Vous ne relevez pas le défi de la petite ?
— Je suis pas dingue.
— C'est peut-être pas si dingue que ça. Vous étalez le miel qu'il faut et il viendra bourdonner autour. Et dès qu'il se colle les pieds dedans... Vlan !
King Fisher abattit sa paume sur sa cuisse et le bruit effraya le cheval qui fit un écart, mais Fisher le calma aisément.
— Et ensuite ? s'enquit Carson.
— Pas si vite. D'abord, faut le faire sortir du Mexique. Vous allez pas sauter le Rio Grande trois fois de suite les doigts dans le nez, ce serait trop demander. Faut le faire venir seul. Ça sera difficile, probable qu'il se déplace jamais seul, il aura au moins deux gardes du corps. Et ce Pablito, c'est un dur de dur. Archie me dit qu'il a perdu un œil et quelques dents à cause de vous.
— Il a tiré avec ma carabine et le canon était plein de boue séchée. J'ai essayé de l'avertir.
— Peu importe. C'était bien votre carabine, hein ? Et comment il sait que vous vouliez l'avertir ? C'est votre parole contre la sienne. Alors il va vous chercher. Bon Dieu, Carson, tout le monde vous cherche, sauf moi, mais ça veut pas dire grand-chose vu que j'ai jamais aimé faire comme tout le monde. Enfin... Pour en revenir au général, faudra trouver un moyen de l'avoir tout seul.
Ils arrivèrent au ranch et mirent pied à terre. Sebastiano vint prendre les chevaux et les conduisit au corral. King Fisher le suivit des yeux.
— Un type bien, ce Valdez. Vous avez confiance en lui ?
— Bien sûr, pourquoi ? répliqua Carson, surpris.
— Parce qu'on sait jamais quand ces gens-là vont se retourner contre vous. Vous connaissez bien les Mexicains, pas vrai ?
Carson regarda fixement King Fisher, en cherchant à deviner ce que cachait cette façade souriante.
— Ce Valdez... C'est pas un ami du général?
— Pas de danger.
— Il serait pas là pour lui servir d'espion, lui rapporter ce que vous faites ?
— Sûrement pas, ou alors, ça serait un fameux acteur.
— Je vous conseille quand même de rien lui dire quand vous tisserez votre toile d'araignée. Vous aurez besoin d'au moins deux hommes sûrs. Cent dollars, ça paraîtra bon à prendre, pour un pauvre Mexicain. Même s'ils aiment le général, cent dollars en or c'est quelque chose. Et si tout marche bien, vous deviendrez le plus grand hacendero de Sonora. Avec votre connaissance du bétail, et de la langue du pays, vous deviendrez quelqu'un au Mexique. Tout ce qu'il vous faut, c'est une bonne idée et un peu de chance... Ça vous dit toujours rien?
— Non.
— Ça va, n'en parlons plus. Rassemblez les hommes et faites conduire les bestiaux du général au pâturage nord. Demain, on commencera la ferrade.
Carson s'éloigna. King Fisher jeta son mégot de cigare et en alluma un autre, posément, comme toujours quand il réfléchissait sérieusement. A son avis le plan qu'il avait conçu pour éliminer le général était excellent. Il n'y voyait aucune faille. En fait, ce plan lui plaisait tellement qu'il allait l'exécuter lui-même.
XIX
Valdez avait apporté sa guitare, et il en jouait tous les soirs. Un vieillard qui chante des chansons d'amour, pensait Carson en riant. Néanmoins, il l'écoutait avec plaisir, adossé au tronc d'un peuplier. La guitare, la voix mexicaine un peu rauque qui s'élevait dans la nuit fraîche, avaient quelque chose d'émouvant après une journée brûlante passée à avaler de la poussière. Valdez était un piètre guitariste, mais il chantait avec passion.
Ce soir-là, lorsque Valdez se tut, il y eut un moment de silence ; et puis de nouveaux accords de guitare se firent entendre, plaqués d'une main sûre, beaucoup plus experte. Et une voix de femme s'éleva, chaude et un peu rauque.
Que lejos de mi tiera
De mi aima el dueno
Que lejos los labios
Que beso en mi sueño !
Comme mon amour est loin... Comme les lèvres sont lointaines Que je baise dans mes songes !
L'allumette de Carson se brisa. Avant qu'il en craque une autre, une flamme jaillit devant lui.
— Elle chante pas mal, hein ?
Carson alluma sa cigarette et King Fisher un cigare. Carson hocha la tête. Il éprouvait une espèce de ressentiment, et comprit, mi-amusé, mi-furieux, qu'il ne voulait pas que d'autres écoutent chanter Luisa.
— L'homme qui prendra cette fille à son lasso, reprit King Fisher, va avoir du mal à la dresser, même s'il lui imprime sa marque. Celle-là, elle est muy mujer. Bonsoir.
— Bonsoir, répondit Carson.
Tout bien considéré, il aimerait beaucoup lui imprimer sa marque.
Archie et Bearclaw, accoudés à la barrière du corral, la regardaient également. Elle rejeta la tête en arrière, aspira profondément, et se remit à chanter. Ses seins tendaient l'étoffe légère de sa robe et Carson voyait palpiter sa gorge au clair de lune. Il se détourna et s'éloigna lentement. Il avait besoin de réfléchir. Bientôt, il aurait à prendre des décisions, à préparer des manœuvres délicates, et il miserait sa vie et celle de Luisa.
— Qu'est-ce qu'elle raconte, sa chanson ? demanda Archie, d'une voix un peu pâteuse.
— Un mec l'a quittée et elle veut mourir.
— Ça veut rien dire, ça. Ça n'a pas de sens. Tu veux que je te dise ce qui a du sens ?
Il fixait les seins de la fille d'un œil avide. Bearclaw suivit son regard.
— Ouais, moi aussi je peux le dire. Mais King Fisher l'a à l'œil. T'as envie de te bagarrer avec une scie mécanique qui serait apparentée à un serpent à sonnette ?
— Qu'est-ce que tu racontes ? Elle en a envie, seulement personne est assez malin pour le voir.
— Et toi, tu l'es ?
— Tiens, vise un peu !
Archie quitta brusquement Bearclaw puis revint au bout d'un instant avec deux vachers. Il avait bouclé son ceinturon et titubait légèrement.
— Bouge pas, dis rien, tu vas voir comment je sais y faire. Vous autres, pas un mot. Elle nous reconnaîtra pas si on la boucle.
Ils attendirent et la virent bientôt rendre la guitare à Valdez et se lever. Elle longeait la barrière du corral et atteignait l'extrémité quand Archie passa derrière elle. Elle entendit son pas et se retourna vivement. Bearclaw lui saisit les bras tandis qu'Archie lui fourrait son foulard dans la bouche et le maintenait en place avec un autre qu'un des vachers lui avait tendu. Pendant ce temps, Bearclaw lui liait les mains dans le dos avec un bout de corde. Etouffée par le foulard crasseux, elle se débattit furieusement en lançant des coups de pied à droite et à gauche. Elle atteignit par hasard Bearclaw au plexus solaire. Son cri étouffé fut entendu par Carson, qui tendit l'oreille, et pensa qu'un des chevaux avait henni dans son sommeil. Il reprit sa promenade.
Un des hommes qui portaient Luisa trébucha et lâcha sa jambe. Elle en profita pour lancer un coup de pied violent alors qu'il se relevait, et le toucha à la pointe du menton. Cette fois, Carson entendit nettement le cri de douleur et de surprise.
Il fit demi-tour et s'avança prudemment dans la direction du bruit.
— Emmenez-la, souffla Archie.
Les hommes continuèrent d'avancer péniblement, en traînant leur prisonnière.
Archie se glissa derrière un arbre. Lorsque Carson passa
, Archie abattit le canon de son colt, mais Carson avait perçu un bruissement et il eut le temps de rejeter sa tête de côté. Le canon s'écrasa sur son épaule, lui paralysant le bras droit. Il expédia un crochet du gauche dans les côtes d'Archie et réussit à lui saisir la main droite. Il allait lui faire lâcher l'arme quand un poing s'abattit sur sa nuque. Carson tomba en avant, complètement paralysé. Il entendit des pas précipités. Des bottes s'écrasèrent sur son dos, le retournèrent, bourrèrent de coups son ventre, son visage. Il n'avait même plus la force de lever les bras pour se protéger. Un talon s'écrasa sur sa bouche. Ses assaillants étaient silencieux. Il sentit sa bouche se remplir de sang. Les hommes haletaient et grognaient, sans cesser de le bourrer de coups de pied. Il tenta de les identifier, mais il n'avait même plus la force d'ouvrir les yeux.
La torture cessa brusquement.
— Il bouge plus, fit une voix.
— Tu crois qu'il est mort, le fumier ? Une main lui souleva la tête.
— On le dirait bien, grogna une voix satisfaite. Sa tête retomba lourdement dans la poussière.
— Tirons-nous !
— Et la fille ?
— Après l'enterrement.
Carson les entendit rire, et les pas s'éloignèrent. Il tourna la tête pour voir les hommes mais il faisait trop sombre. La joue dans la poussière, il cracha du sang et attendit que ses muscles veuillent bien lui obéir. Il savait que cela prendrait plusieurs minutes. Il entendit de nouveau des pas s'approcher. Il ferma les yeux et attendit les coups.
— Quien esta ? murmura Luisa.
— Yo, souffla Carson.
— Ils vous ont fait mal ?
— Plutôt.
— Vous pouvez me détacher ?
— Je ne sais pas. Baissez-vous.
Elle s'assit devant lui, en lui tournant le dos. Il parvint à défaire les nœuds, en s'aidant de ses dents. Dès qu'elle fut libre, elle le traîna de l'ombre de l'arbre dans le clair de lune, et poussa un petit cri.
— J'ai pas trop bonne mine, hein ? marmonna-t-il.
Avec l'aide de Luisa, il parvint à se mettre debout et à gagner la chambre de la jeune femme. Elle alluma sa lampe et lava sa figure enflée et meurtrie. Les bottes pointues lui avaient entamé la peau. Il avait mal partout et il savait que la douleur ne ferait qu'empirer. Malgré tout, il s'endormit.
Quand il se réveilla, la lampe était éteinte et le soleil levant filtrait entre les épais volets de bois. Il tourna la tête.
Luisa dormait, un bras levé comme une danseuse, l'autre replié, la main posée sur la poitrine. Elle portait une chemise de nuit de coton bleu boutonnée au cou. L'étoffe légère laissait deviner les pointes de ses seins, le ventre plat, les rondeurs des cuisses. Il laissa son regard errer jusqu'aux pieds nus et quand ses yeux remontèrent lentement vers le petit col boutonné de la chemise, il s'aperçut qu'elle le regardait en souriant. Il rougit.
Conscient de sa figure enflée, de sa barbe de la veille et de ses blessures, il se détourna.
— Ah, que vous êtes bête ! Stupide !
Elle sourit de son air perplexe, souleva ses seins d'un air provocant et ajouta :
— Parce que pour moi vous êtes beau, maintenant.
Il se laissa tomber sur elle et sa bouche s'écrasa sur les lèvres de Luisa. Elle poussa un petit cri de douleur et il s'écarta mais elle le retint.
— No, no, querido...
Elle déboutonna sa chemise, dénuda ses seins et arqua son dos pour les offrir à sa bouche. Avec un gémissement d'extase, elle se pressa contre lui, puis elle tira fébrilement sa chemise par-dessus sa tête. Elle l'enlaça, laissa courir ses doigts le long de son dos, lui embrassa la gorge, et murmura en pleurant de bonheur :
— J'avais peur, mais c'est merveilleux, merveilleux.
Dans la pénombre, il goûta ses larmes ; il sentit monter en lui une bouffée d'amour, une sensation qu'il n'avait encore jamais éprouvée, et il glissa une main dans la longue chevelure sombre pour tirer sa tête en arrière et laisser ses lèvres courir sur son cou et ses seins. Elle gémissait de plaisir.
Dehors, contre les volets, Bearclaw tira Archie par la manche. Archie se dégagea rageusement et se colla au mur, l'oreille contre le bois. Il haletait. Bearclaw le secoua. Archie le repoussa avec colère. Bearclaw le considéra pendant un moment, puis il s'éloigna. Quand il rejoignit les autres vachers, qui terminaient une partie de poker, quelqu'un demanda où était passé Archie.
— Si je vous le disais, vous me croiriez pas, répliqua Bearclaw. J'avais entendu dire qu'il y avait des hommes qui allaient au bordel, à Austin, et qui faisaient que regarder. Ils payaient pour ça. Et j'avais pas voulu le croire. Jusqu'à ce soir. Bon Dieu, voilà qu'on a un Fisher qui est comme ça, et il devrait avoir honte !
XX
Carson ouvrit la lettre estampillée à Isleta, Texas. Le postier, un des innombrables parents éloignés de King Fisher, l'observait avec ce que Carson appelait maintenant l'expression Fisher, un mélange de colère, d'hostilité, de haine, de perplexité. Il sortit et il examina l'enveloppe au soleil. Elle n'avait pas l'air d'avoir été ouverte par des mains indiscrètes.
La lettre commençait de façon abrupte : « Pas la peine de donner d'explications. Considérez que je vous ai mal jugé. Ce qui me fait penser que je peux avoir confiance en vous, c'est que le bétail que j'ai trouvé chez Valdez était bien comme vous avez dit, et peut-être même un peu mieux. Vous marchandez dur mais vous êtes honnête. Vous et moi, on pourrait gagner des tas d'argent en travaillant ensemble. Je connais bien la frontière. J'ai des contacts partout et je peux trouver des capitaux pour financer des opérations importantes. Mais j'ai besoin d'un homme de confiance pour s'occuper des affaires au Mexique. J'ai l'œil sur une opération minière qui devrait produire si vite, qu'à côté, l'élevage serait rien que des haricots.
Si on s'entend, je vous mettrai dans le coup. Si je vous écris, c'est que vous êtes en pleine ascension. Si on peut pas les battre, on s'allie avec eux, c'est ma devise. Dans deux ou trois ans, vous aurez un ranch énorme. King Fisher n'en a plus que pour quelques années et à ce que je vois, sa famille va le mettre en faillite pour peu qu'il y ait un mauvais hiver. J'ai aussi besoin d'un homme pour s'occuper de mon bétail. Vous avez les Valdez, qui sont très bien. Venez me voir et on causera. Pour vous prouver ma bonne foi, je vais vous apprendre une bonne nouvelle : le général est foutu. Il est au Texas, il campe à une dizaine de lieues d'ici au bord du Rio Grande. L'armée mexicaine lui a sauté dessus comme un chat sauvage sur un chiot malade. D'après mon contact dans l'armée, le général peut rester aux Etats-Unis mais il n'a pas le droit de faire des discours et s'il ne remet pas ses armes, ses chevaux et ses mulets à l'armée U. S., ils viendront les arrêter lui et sa troupe et refouleront tout le monde de l'autre côté du Rio où l'armée mexicaine attend. Il va donc être obligé de vendre son matériel, ce qu'il ne sait pas encore. Mais il vendra, vous pouvez compter dessus. Il a environ 900 chevaux, 500 carabines, pas tellement de munitions, 250 burros et dans les 3 500 têtes de bétail. On pourrait avoir des ennuis avec les inspecteurs de l'Association des éleveurs, question bestiaux, mais nous pourrions nous arranger avec l'armée mexicaine pour faire passer les troupeaux de l'autre côté du fleuve et les convoyer jusqu'en Arizona, où on franchirait l'eau vite fait pour s'en débarrasser. A mon avis, on peut avoir le tout pour cinquante mille dollars. Pas la peine de vous dire ce que serait le bénéfice rien que sur le bétail. Il paraît que les Comanches payent jusqu'à cent dollars une carabine, et les Anglais proposent soixante-quinze dollars pour un burro, vu qu'ils en ont besoin pour la guerre contre les Zoulous. Je vous propose cette affaire à parts égales, et avec les bénéfices on pourra vraiment se lancer dans des gros coups. Amenez quelques gars en qui vous avez confiance. Les hommes du général rôdent dans le coin, attaquent des ranches et des diligences et si vous venez avec tout ce fric, faudra être prudent. Dans l'espoir d'avoir bientôt de vos nouvelles... l'armée marchera contre lui dans deux semaines à dater de ce jour. Ne parlez de cette lettre à personne. Sincèrement vôt
re. D. Bond. »
Carson glissa l'enveloppe dans sa poche, traversa la rue et entra chez le coiffeur d'en face. Quand le barbier lui eut couvert la figure de serviettes chaudes, il se détendit et se mit à réfléchir sérieusement.
Si l'offre était sincère, il pourrait gagner un paquet. Et si c'était un piège ?
Ça n'en avait pas l'air, puisque Bond lui conseillait de venir avec une escorte sûre. S'il allait là-bas, il voyagerait avec les Valdez comme gardes du corps. Il expédierait les meilleures bêtes et les meilleurs chevaux. Il s'occuperait lui-même du marché des carabines, l'opération serait délicate et il préférait la régler lui-même plutôt que de la confier à Bond.
C'était le genre d'affaire qui rapportait le plus, à court terme et en espèces.
Peut-être devrait-on faire partir les carabines immédiatement pour le Nord. Bond s'occuperait du bétail. Il dirait au revoir à Bond, lui serrerait la main, et partirait ouvertement, avec les armes et son escorte ; ensuite il serait facile de revenir seul, (ou avec les Valdez, s'il trouvait une cachette pour les armes) de trouver le général et de le tuer. Avec un peu de chance, il éliminerait aussi Pablo.
Puis il empocherait tout l'argent de cette opération et partirait pour Sonora avec Luisa. Il éviterait de s'approcher de la frontière, tant que tout le monde ne se serait pas calmé. Et jusque-là, il repousserait toutes les offres d'association de Bond.
La première chose à faire était de télégraphier à Bond pour lui annoncer son arrivée. Il lui faudrait le faire d'une autre ville. Puis il devrait trouver un acheteur pour son petit ranch. Mieux valait ne pas éveiller les soupçons de King Fisher. Il savait qu'il serait impossible de vendre, une fois à Sonora, ni de se fier à une agence dans une ville contrôlée par King Fisher.
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