The Penguin Book of French Poetry

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The Penguin Book of French Poetry Page 28

by Various


  Well up, pool; – Foam, roll over the bridge and the woods; – black shrouds and organs, – lightning and thunder, – rise and roll; – Waters and sorrows, rise and refloat the Floods.

  For since they dispersed, – oh! the precious stones seeking secret cover, and the opened flowers! – it’s so tedious! and the Queen, the Witch who lights her embers in an earthen pot, will never consent to tell us what she knows, and what we do not know.

  Matinée d’ivresse

  O mon Bien! O mon Beau! Fanfare atroce où je ne trébuche point! Chevalet féerique! Hourra pour l’œuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois! Cela commença sous les rires des enfants, cela finira par eux. Ce poison va rester dans toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendus à l’ancienne inharmonie. O maintenant nous si dignes de ces tortures! rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à notre corps et à notre âme créés: cette promesse, cette démence! L’élégance, la science, la violence! On nous a promis d’enterrer dans l’ombre l’arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoÛts et cela finit, – ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette étenité, – cela finit par une débandade de parfums.

  Morning of Intoxication

  O my Good! O my Beautiful! Excruciating fanfare in which I do not stumble! Enchanted rack! Hurrah for the unprecedented work and for the marvellous substance, for the first time! It began in the laughter of children, it will end with it. This poison will remain in all our veins even when, with a turn of the fanfare, we are restored to the old disharmony. O now so worthy of these tortures! let us gather up fervently this superhuman promise made to our created bodies and souls: this promise, this madness! Elegance, science, violence! We have been promised the burial in darkness of the tree of good and evil, the deportation of tyrannical proprieties, so that we may bring in our most pure love. It began with a few aversions and it ends – since we cannot grasp this eternity at once – it ends with a riot of fragrances.

  Rire des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d’ici, sacrés soyezvous par le souvenir de cette veille. Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

  Petite veille d’ivresse, sainte! quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t’affirmons, méthode! Nous n’oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos ages. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.

  Voici le temps des Assassins.

  Children’s laughter, discretion of slaves, austerity of virgins, horror of the faces and the objects in this place, hallowed be you by the memory of this vigil. It began in total boorishness, and here it is ending with angels of flame and ice.

  Little vigil of drunkenness, you are saintly! even if only for the mask with which you have graced us. We are your champions, method! We do not forget that yesterday you glorified our every age. We have faith in the poison. We know how to give our whole life every day.

  Now is the time of the Assassins.

  Ville

  Je suis un éphémère et point trop mécontent citoyen d’une métropole crue moderne parce que tout goÛt connu a été éludé dans les ameublements et l’extérieur des maisons aussi bien que dans le plan de la ville. Ici vous ne signaleriez les traces d’aucun monument de superstition. La morale et la langue sont réduites à leur plus simple expression, enfin! Ces millions de gens qui n’ont pas besoin de se connaître amènent si pareillement l’éducation, le métier et la vieillesse, que ce cours de vie doit être plusieurs fois moins long que ce qu’une statistique folle trouve pour les peuples du continent. Aussi comme, de ma fenêtre, je vois des spectres nouveaux roulant à travers l’épaisse et éternelle fumée de charbon, – notre ombre des bois, notre nuit d’été! – des

  City

  I am an ephemeral and not too discontented citizen of a metropolis believed to be modern because all known taste has been avoided in the furnishing and the exterior of the houses as well as in the layout of the city. Here you could not point out the trace of a single monument to superstition. Morality and language are at last reduced to their simplest expression! These millions of people who have no need to know each other carry on their education, work and old age so similarly, that the course of this life must be several times shorter than the findings of senseless statistics for the peoples of the continent. Thus from my window I see new spectres wandering through the dense and eternal coal-smoke – our woodland shade, our summer’s night! – new Erinnyes, before my cottage which is Érinnyes nouvelles, devant mon cottage qui est ma patrie et tout mon cœur puisque tout ici ressemble à ceci, – la Mort sans pleurs, notre active fille et servante, un Amour désespéré, et un joli Crime piaulant dans la boue de la rue.

  my homeland and my whole heart since everything here is like this, – Death without tears, our assiduous daughter and servant, a hopeless Love and a pretty Crime whining in the mud of the street.

  Aube

  J’ai embrassé l’aube d’été.

  Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

  La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

  Dawn

  I embraced the summer dawn.

  Nothing yet stirred on the façades of the palaces. The water was dead. The camps of shadows had not been struck on the woodland road. I walked, awakening warm living breaths, and the precious stones watched, and the wings rose without a sound.

  The first venture was, in the pathway already filled with cool, pale radiance, a flower which told me its name.

  Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins: à la cime argentée je reconnus la déesse.

  Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

  En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

  Au réveil il était midi.

  I laughed beside the flaxen waterfall, wildly loosening its hair through the fir trees: at the silvery summit I recognized the goddess.

  Then I lifted the veils one by one. In the avenue, waving my arms. Across the plain, where I denounced her to the cock. In the city, she fled among the steeples and domes, and, running like a beggar on the marble quays, I chased after her.

  At the road’s highest point, near a laurel wood, I surrounded her with her gathered veils, and felt slightly her vast body. The dawn and the child fell to the foot of the wood.

  At my awakening it was noon.

  Marine

  Les chars d’argent et de cuivre–

  Les proues d’acier et d’argent–

  Battent l’écume,–

  Soulèvent les souches des ronces.

  Les courants de la lande,

  Et les ornières immenses du reflux,

  Filent circulairement vers l’est,

  Vers les piliers de la forêt,–

  Vers les fÛts de la jetée,

  Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.

  Seascape

  Chariots of silver and copper – prows of steel and silver – thrash the foam, – uproot the stumps of the thorns. The currents of the heath, and the vast ruts of the ebbing tide, flow away in a circle towards the cast, towards the pillars of the forest, – towards the shafts of the jetty, its angle struck by whirlpools of light.

  Nuit de l’Enfer
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  J’ai avalé une fameuse gorgée de poison. – Trois fois béni soit le conseil qui m’est arrivé! – Les entrailles me brÛlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j’étouffe, je ne puis crier. C’est l’enfer, l’éternelle peine! Voyez comme le feu se relève! Je brÛle comme il faut. Va, démon!

  J’avais entrevu la conversion au bien at au bonheur, le salut. Puis-je décrire la vision, l’air de l’enfer ne souffre pas les hymnes! C’était des millions de créatures charmantes, un suave concert spirituel, la force et la paix, les nobles ambitions, que sais-je?

  Les nobles ambitions!

  Night in Hell

  I have swallowed a tremendous gulp of poison. – Thrice blessed be the counsel that came to me! – My entrails are burning. The violence of the venom contorts my limbs, deforms me, prostrates me on the ground. I am dying of thirst, I am choking, I cannot cry out. It is hell, the eternal torment! See how the fire rises up again! I am burning according to the rules. Go to it, demon!

  I had glimpsed conversion to goodness and happiness, salvation. Let me describe the vision, the air of hell suffers no hymns! There were millions of enchanting creatures, a sweet spiritual harmony, strength and peace, noble ambitions, how should I know?

  Noble ambitions!

  Et c’est encore la vie! – Si la damnation est éternelle! Un homme qui veut se mutiler est bien damné, n’est-ce pas? Je me crois en enfer, donc j’y suis. C’est l’exécution du catéchisme. Je suis esclave de mon baptême. Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre. Pauvre innocent! – L’enfer ne peut attaquer les païens. – C’est la vie encore! Plus tard, les délices de la damnation seront plus profondes. Un crime, vite, que je tombe au néant, de par la loi humaine.

  And still this is life! – Suppose damnation is eternal! A man who wishes to mutilate himself is truly damned, is he not? I think I am in hell, therefore I am there. It is the accomplishment of the catechism. I am the slave of my baptism. Parents, you have caused my misfortune and you have caused your own. Poor innocent! – Hell cannot attack the heathen! – Still this is life! Later, the delights of damnation will be deeper. A crime, quickly, that I may fall into the void in the name of human law.

  Tais-toi, mais tais-toi!… C’est la honte, le reproche, ici: Satan qui dit que le feu est ignoble, que ma colère est affreusement sotte. – Assez!… Des erreurs qu’on me souffle, magies, parfums faux, musiques puériles. – Et dire que je tiens la vérité, que je vois la justice: j’ai un jugement sain et arrëté, je suis prêt pour la perfection… Orgueil. – La peau de ma tête se dessèche. Pitié! Seigneur, j’ai peur. J’ai soif, si soif! Ah! l’enfance, l’herbe, la pluie, le lac sur les pierres, le clair de lune quand le clocher sonnait douze… le diable est au clocher, à cette heure. Marie! Saint Vierge!… – Horreur de ma bêtise.

  Là-bas, ne sont-ce pas des âmes honnêtes, qui me veulent du bien?… Venez… J’ai un oreiller sur la bouche, elles ne m’entendent pas, ce sont des fantômes. Puis, jamais personne ne pense à autrui. Qu’on n’approche pas. Je sens le roussi, c’est certain.

  Be silent, just be silent!… here is shame, reproach: Satan who says that the fire is ignoble, that my anger is horribly foolish. – Enough!… Of the errors whispered to me, magic arts, false perfumes, puerile music. – And to say that I hold the truth, that I see justice: I have sane and settled judgement, I am ready for perfection… Pride. – My scalp is drying up. Pity! Lord, I am afraid. I am thirsty, so thirsty! Ah! childhood, grass, rain, lake over stones, moonlight as the church clock was striking twelve… the devil is in the belfry, at this hour. Mary! Holy Virgin!… The horror of my absurdity.

  Over there, are they not honest souls, who wish me well?… Come… I have a pillow over my mouth, they cannot hear me, they are ghosts. And then, no one ever thinks of others. Let no one approach. I smell of burning, that’s for sure.

  Les hallucinations sont innombrables. C’est bien ce que j’ai toujours eu: plus de foi en l’histoire, l’oubli des principes. Je m’en tairai: poëtes et visionnaires seraient jaloux. Je suis mille fois le plus riche, soyons avare comme la mer.

  Ah çà! l’horloge de la vie s’est arrêtée tout à l’heure. Je ne suis plus au monde. – La théologie est sérieuse, l’enfer est certainement en bas – et le ciel en haut. – Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes.

  Que de malices dans l’attention dans la campagne… Satan, Ferdinand, court avec les graines sauvages… Jésus marche sur les ronces purpurines, sans les courber… Jésus marchait sur les eaux irritées. La lanterne nous le montra debout, blanc et des tresses brunes, au flanc d’une vague d’émeraude…

  The hallucinations are innumerable. That has always been my problem: no more faith in history, principles forgotten. I shall say no more about it: poets and visionaries would be jealous. I am a thousand times the richest, let’s be as miserly as the sea.

  Ah there now! the clock of life stopped just now. I am no longer of the world. – Theology is in earnest, hell is certainly down below – and heaven above. – Ecstasy, nightmare, sleep in a nest of flames.

  So many malicious tricks lurking in the countryside… Satan, Ferdinand, runs with the wild seeds… Jesus walks on the purplish brambles, without bending them… Jesus was walking on the troubled waters. The lantern showed him to us standing white and with brown tresses, on the flank of a wave of emerald…

  Je vais dévoiler tous les mystères: mystères religieux ou naturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant. Je suis maître en fantasmagories.

  Écoutez!…

  J’ai tous les talents! – Il n’y a personne ici et il y a quelqu’un: je ne voudrais pas répandre mon trésor. – Veut-on des chants nègres, des danses de houris? Veut-on que je disparaisse, que je plonge à la recherche de l’anneau? Veut-on? Je ferai de l’or, des remèdes.

  Fiez-vous donc à moi, la foi soulage, guide, guérit. Tous, venez, – même les petits enfants, – que je vous console, qu’on répande pour vous son coeur, – le coeur merveilleux! – Pauvres hommes, travailleurs! Je ne demande pas de prières; avec votre confiance seulement, je serai heureux.

  I am about to unveil all mysteries: mysteries religious or natural, death, birth, future, past, cosmogony, void. I am the lord of phantasmagoria.

  Listen!…

  I have all the talents! – There is no one here and there is someone: I do not wish to pour out my treasure. – Do they want negro songs, houri dances? Do they want me to disappear, to dive in search of the ring? Is that what they want? I shall make gold, and cures.

  Trust in me then, faith comforts, guides, cures. Come all, – even the little children – that I may comfort you, that a heart may be opened to you, – the marvellous heart! – Poor men, workers! I ask for no prayers; with your trust alone I will be happy.

  – Et pensons à moi. Ceci me fait peu regretter le monde. J’ai de la chance de ne pas souffrir plus. Ma vie ne fut que folies douces, c’est regrettable.

  Bah! faisons toutes les grimaces imaginables.

  Décidément, nous sommes hors du monde. Plus aucun son. Mon tact a disparu. Ah! mon château, ma Saxe, mon bois de saules. Les soirs, les matins, les nuits, les jours… Suis-je las!

  Je devrais avoir mon enfer pour la colère, mon enfer pour l’orgueil, – et l’enfer de la caresse; un concert d’enfers.

  Je meurs de lassitude. C’est le tombeau, je m’en vais aux vers, horreur de l’horreur! Satan, farceur, tu veux me dissoudre, avec tes charmes. Je réclame. Je réclame! un coup de fourche, une goutte de feu.

  – And let us think on me. This gives me little nostalgia for the world. I am lucky not to suffer any more. My life was nothing but sweet extravagances, it’s unfortunate.

  Rubbish! let’s make every grimace imaginable.

  Decidedly, we are outside the world. Not a single sound now. My sense of touch has vanished. Ah! my castle, my Saxony, my willow wood. Evenings, mornings, nights, days… How tired I am!

  I sho
uld have my hell for anger, my hell for pride, – and the hell of caresses; a harmony of hells.

  I am dying of weariness. This is the tomb, I’m on my way to the worms, horror of horrors! Satan, you joker, you want to dissolve me with your enchantments. I appeal. I appeal! a prod with the fork, a drop of fire.

  Ah! remonter à la vie! Jeter les yeux sur nos difformités. Et ce poison, ce baiser mille fois maudit! Ma faiblesse, la cruauté du monde! Mon Dieu, pitié, cachez-moi, je me tiens trop mal! – Je suis caché et je ne le suis pas.

  C’est le feu qui se relève avec son damné.

  Ah! to rise once more to life! Cast eyes on our deformities. And this poison, this kiss a thousand times cursed! My weakness, the world’s cruelty! My God, have pity, hide me, I cannot hold fast! – I am hidden and I am not hidden.

  The fire is rising again with its damned soul.

  Adieu

  L’automne déjà! – Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, – loin des gens qui meurent sur les saisons.

  Farewell

  Autumn already! – But why look back with yearning at an eternal sun, if we are committed to the discovery of divine light, – far from people who die according to the seasons.

  L’automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l’ivresse, les mille amours qui m’ont crucifié! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d’âmes et de corps morts et qui seront jugés! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment… J’aurais pu y mourir… L’affreuse évocation! J’exècre la misère.

 

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