Opération bague au doigt
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Table des Matières
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Dédicace
1 - La théorie très judicieuse du couvercle fermé
2 - Une histoire de canapés…
3 - Brooklyn à la sauce italienne
4 - J’ai juste appelé… pour hurler… JE T’AIME !
5 - Roses ou… azalée?
6 - La mariage de mon ex et meilleur ami…
7 - Ma future nièce vaut bien… quelques sacrifices !
8 - J’ai vu l’avenir (et ça va coûter un paquet)
9 - Attention ! Ceci n’est pas un jouet. Le conserver hors de portée des enfants
10 - Un nez est un nez…
11 - Quand la vie vous presse comme un citron, laissez tomber la limonade. Vous avez besoin d’un vrai cocktail
12 - Aux grands maux, les grands remèdes !
13 - Jusqu'à ce que la mort nous sépare…
14 - J’aurais dû emporter mes pantoufles
15 - Je suis atteinte de New York… mania !
16 - On dirait pourtant une banale plante verte…
17 - Je prendrai un carat et demi… et gardez le mari !
18 - L'amour est aveugle, c’est bien connu
19 - Un cœur gros comme ça !
Épilogue
REMERCIEMENTS
DANS LA MÊME COLLECTION par ordre alphabétique d’auteurs
© 2003, Lynda Curnyn. © 2004, 2009, Traduction française : Harlequin S.A.
83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75013 PARIS — Tél. : 01 42 16 63 63
978-2-280-81202-3
DU MÊME AUTEUR
DANS LA COLLECTION RED DRESS INK
Confessions d’une ex (n° 3)
Cherche prince charmant désespérément (n° 22)
Petits meurtres en Bikini (n° 53)
Les petits secrets de Carly (n° 66)
Cet ouvrage a été publié en langue anglaise
sous le titre :
ENGAGING MEN
Traduction française de
F. M. J. WRIGHT
Ce roman a déjà été publié sous le même titre
en juin 2004
HARLEQUIN®
et Red Dress Ink® sont des marques déposées du Groupe Harlequin
Réalisation graphique couverture : V. JACQUIOT
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47
www.harlequin.fr
Pour Alexandra et Samantha
Que vos rêves se réalisent !
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La théorie très judicieuse du couvercle fermé
Tout commence par un message sur mon répondeur.
— Devine qui va se marier !
Cette voix, je ne la connais que trop bien.
La voix de Josh. Mon ex. Fiancé à une autre…
Remarquez bien, je n’ai jamais eu envie de l’épouser : il souffrait d’un blocage contre le fil dentaire. Ça nous a d’ailleurs valu plus d’une scène.
— Franchement, est-ce que l’homme préhistorique s’en servait ? Non ! Alors…
— Parce que tu en fréquentes encore beaucoup, toi, des hommes préhistoriques ?
Au bout de six mois, je lui ai expliqué que je ne me voyais pas à soixante-cinq ans en train de vérifier tous les soirs s’il avait bien mis son dentier sur la table de nuit.
— O.K., d’accord. D’accord! Je vais m’en servir, de ton fil dentaire !
Trop tard… Le charme était rompu.
Et le voilà qui se marie. Avec une fille rencontrée trois mois à peine après notre rupture, il y a quatre ans.
Cela dit, ce n’est pas la première fois qu’un ex me fait le coup ! Randy, celui d’avant, n’a même pas attendu six semaines après nos adieux noyés de larmes pour siffloter la marche nuptiale… Puis il y a eu Vincent, mon premier amour — ça va faire dix ans qu’il s’est marié. Maman, qui habite à Marine Park, dans Brooklyn — pratiquement à portée de voix de chez sa mère à lui — et qui ne manquait jamais de me tenir au courant des nouvelles de la maison, m’a confié que Vincent et sa femme en sont déjà à leur troisième enfant…
Quand un ex se marie, on rit un bon coup et on oublie. Quand on en arrive à deux, ça tourne au rire nerveux. Mais trois?
A trois, une fille normalement constituée se sent personnellement visée. Elle commence à se demander si elle a une tare qui empêche les hommes de dépenser des fortunes pour lui prouver leur Amour avec un grand A!
Je décide de confier mon désespoir à ma copine Michelle. Quand je lui dis que j’en ai ras la casquette de laisser un nouveau mec marcher vers l’autel sans moi, elle lâche d’un ton sentencieux, très sûre d’elle :
— C’est le fameux syndrome du « couvercle fermé ».
— C'est quoi ce truc ? dis-je d’un ton implorant, en espérant apprendre une vérité, acquérir une parcelle de sagesse qui donne de nouveau un sens à ma vie.
Il faut dire que Michelle, ma copine de toujours qui a grandi à trois pâtés de maisons de chez moi, mène bien sa barque. Pendant que je passais quatre longues années à décrocher mon diplôme de gestion des affaires, qui ne me sert pratiquement plus, elle a réussi à se dégoter un mari, une maison et un diamant de la taille du New Jersey.
— C’est connu, tu vas voir. Imagine que tu te battes sans succès pendant dix minutes avec le couvercle d’un pot pour essayer de l’ouvrir… Tu peux être sûre que la personne d’après, celle à qui tu refileras le pot, fera sauter le couvercle sans effort, du premier coup. Crois-tu que Jennifer Aniston (mis à part son adorable coupe de cheveux) aurait pu prendre dans ses filets Brad Pitt sans l’intervention d’un autre facteur, Gwyneth en l’occurrence ? Et puis il y a Frankie et moi…
Frankie, c’est son mari depuis sept ans. Elle a réussi à le harponner juste qu’il eut rompu avec Rosanna Cuzio, la reine de notre promo.
Je commence à comprendre ce que Michelle vient de m’expliquer avec son brio habituel. En clair, je me suis tapé tout le boulot préliminaire avec Josh, Randy et Vincent, et chaque fois, je les ai gardés tout chauds pour la fille d’après, qui n’a eu qu’à récolter ce que j’avais semé : une demande en mariage en bonne et due forme. Quand j’y pense ! Ils auraient pu au moins me demander d’être demoiselle d’honneur en récompense de mes efforts !
Pensez-vous ! Au lieu de ça, je suis simplement devenue une ex, celle qu’on invite ou pas au mariage, selon le degré de confiance que la mariée accorde à son futur époux.
Je me mets soudain à regarder Kirk différemment. Lui, c’est mon petit ami du moment. Nous sommes ensemble depuis un an et huit mois, ce qui est de loin un record pour moi. Depuis les trois années passées avec Randy, j’entends.
Kirk et moi, nous sommes devenus un gentil petit couple sans histoire. J’ai même reçu des invitations pour deux, c’est vous dire si les gens nous prennent au sérieux. La question est : Kirk va-t-il, lui aussi, se mettre à m’inviter à son mariage, ou bien… ?
Ce soir, je suis allongée près de lui, et le reflet bleu d’un écran de télé tremblote devant nous. Il y a des non-dits et des promesses de câlins dans l’air.
— Kirk, mon chéri…
— Mmm ?
Il garde les yeux scotchés sur sa série policière, comme envoûté.
— Ton ex, tu sais, la dernière… Susan, c’est ça ?
— Quoi, Susan ?
Il me jette un regard furibond. C’est qu’il me voit venir, avec mes gros sabots… Les hommes redoutent comme la peste qu’on leur pose des questions sur leurs ex !
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p; — Vous êtes sortis un bon moment ensemble, je me trompe ? Combien de temps, déjà, deux ans ?
Il me répond, d’un ton courroucé qui me donne la chair de poule.
— Trois ans et demi.
Apparemment, je me dirige tout droit vers une zone de grandes perturbations.
Mais il en faut plus qu’un simple orage pour m’arrêter.
— Et vous n’avez jamais, euh, parlé de… mariage ?
Il éclate de rire.
— Tu te fiches de moi ou quoi ? C’est pour ça que nous avons rompu. Elle m’a lancé le sacro-saint ultimatum : si tu ne m’épouses pas, je m’en vais. Inutile de te dire qu’à ce jeu du quitte ou double, j’ai dit quitte !
Vous ne pouvez pas savoir à quel point je me sens soulagée ! Je me pelotonne contre Kirk et je le laisse retomber dans son état de zombie tandis qu’à la télé les flics viennent d’enfiler les menottes par surprise à un premier malfrat.
Suivez mon raisonnement : si Susan a essayé — sans parvenir à ses fins — de jouer le rôle d’ouvre-boîtes, tout espoir m’est permis de finir le boulot ! Eh oui, je peux très bien me retrouver en robe de mariée dans l’année.
Le lendemain, je rejoins ma meilleure amie, Grace, pour fêter la nouvelle autour d’un bon déjeuner. C'est toujours un exploit de pouvoir passer un moment avec ma copine, car elle est très demandée : une carrière à deux cents à l’heure qui lui prend déjà tout son temps et un petit ami qui dévore les rares miettes. Pour la ménager, elle et son emploi du temps de dingue, j’ai choisi un restaurant à deux pas de son bureau, au coin de la 54e Rue Est et de Park Avenue.
Jusqu’à ce que je lève mon verre pour trinquer, Grace ignorait que j’avais quelque chose à célébrer.
— Félicite-moi. Je vais me marier.
— Quoi ?
Je lis le scepticisme dans les yeux de ma copine. Son regard gris-bleu se pose aussitôt sur mon annulaire gauche en quête d’une bague. Mais jamais on n’a vu d’annulaire aussi nu que le mien.
— Pas maintenant! Plus tard.
Il faut voir sa tête ! Elle renifle un bon coup et me dit avec un brin d’ironie dans la voix :
— Toutes mes félicitations.
Si Grace se fiche éperdument de se retrouver à trente-trois ans sans l’ombre d’une alliance au doigt, c’est son problème. C'est la fille la plus indépendante et la plus forte que je connaisse. Non seulement elle s’arrange toujours pour avoir en réserve un mec beau comme un dieu, mais en plus, elle a un superboulot. Elle travaille comme chef de produit à Roxanne Dubrow Cosmetics. Oui, j’ai bien dit Roxanne Dubrow, celle des magasins de luxe Saks sur la Ve Avenue.
Grace est sortie quelque temps avec mon frère Sonny, quand nous étions au lycée. Mais c’est quand elle m’a sauvé la vie sur le terrain de jeu de l’école de Marine Park que nous sommes devenues amies. J’étais sur le point de me faire écraser la tête sur le béton par Nancy, une fille bâtie comme un taureau de combat et bien décidée à me frapper parce que je pesais largement vingt-cinq kilos de moins qu’elle… Grace s’est précipitée vers nous — grande, blonde, une poigne de fer — et a dit à Nancy de déguerpir vite fait. Il faut dire que tout le monde, y compris Nancy, craignait Grace. Moi, j’avais une frousse d’elle pas possible. Et ça n’a fait qu’empirer lorsqu’elle a décidé que je serais sa meilleure amie (j’étais une classe au-dessous de la sienne…). Toutes les copines de sa classe m’ont vue débarquer dans leur espace vital d’un sale œil. Mais Grace en avait décidé ainsi, pas question de la contrarier.
Et nous sommes restées amies. Les deux seules célibataires du quartier à avoir échappé au mariage. Les deux seules à n’être pas casées avec un gros bras quelconque, et à ne pas pondre régulièrement un nouveau marmot tous les ans. Bien entendu, les parents de Grace l’ont traînée à Long Island lorsqu’elle a eu seize ans, en espérant que la banlieue sauverait leur fille des cigarettes, des garçons et de la délinquance. Il est vrai que Grace avait amorcé un mauvais virage et que moi, je rêvais de la suivre… Mais nous avons continué à passer nos étés ensemble. Dès le mois de juin, mes parents m’envoyaient au vert et j’avais l’impression d’être une de ces gosses qui partent en colo ou en centre aéré aux frais de la communauté.
Grace a réintégré le centre-ville juste après le collège, et je l’ai suivie un an plus tard. Elle représentait pour moi la sœur que je n’avais jamais eue, et ma mère l’avait officiellement consacrée membre honoraire de notre famille.
Pour l’instant, assise face à elle, j’essaie de déceler sur son visage une quelconque faille.
— Ça ne te fait jamais peur, à toi, de penser que tu vas finir toute seule ?
Elle hausse les épaules.
— Dans cette ville, une femme peut obtenir tout ce qu’elle veut. A condition de jouer les bonnes cartes.
Facile à dire ! Grace est grande, très sensuelle, avec des cheveux blonds un peu ébouriffés qui lui arrivent au menton. Des traits finement sculptés… Une vraie beauté ! Alors que moi… je suis toujours restée « la petite Angie DiFranco » : un mètre soixante, des cheveux noir corbeau ondulés qui défient tous les lotions capillaires de la planète, et des cuisses qui ne vont pas tarder à ressembler à celles de ma mère…
Que vais-je devenir, si jamais je n’épouse pas Kirk ?
Je me demande si Grace considère son ami actuel comme un futur mari.
— Dis-moi, tu en es où avec Drew ? Il ne t’arrive jamais de penser à… enfin tu vois ce que je veux dire ?
— Bien sûr que j’y pense. Comme toutes les femmes.
Je me sens soulagée. Au moins, je ne suis pas la seule fille célibataire et hystérique de trente balais et des poussières. En plus, Grace et Drew sortent ensemble depuis à peine un an, c’est-à-dire huit mois de moins que Kirk et moi.
— Mais, tu sais, il n’y a pas que ça, dans la vie ! dit Grace en haussant les épaules.
Le lendemain, sur le chemin du boulot, je me dis que Grace a raison. Le mariage n’est pas tout. D’ailleurs, j’ai tellement de choses « sur le feu » en ce moment que ça ne me paraît même pas envisageable.
Je suis actrice et, justement, j’ai un contrat en ce moment. Pas mal, non ?
Figurez-vous que je me suis déniché un boulot fixe, une émission scolaire sur le câble qui s’appelle Réveil tonique. « C’est une expérience intéressante devant la caméra », m’a dit l’agent de casting au cours de notre entretien. Il refusait de m’engager avant que je ne me fasse une petite expérience en dehors des nombreux spectacles minables auxquels j’avais participé jusqu’ici.
Mais en me glissant dans le justaucorps jaune et le collant bleu ciel dont on m’a affublée pour coprésenter le show, je me demande une énième fois ce que je vais pouvoir mettre dans mon CV après avoir passé six mois à quatre pattes à faire des exercices d’assouplissement avec une bande de gamins de six ans !
En entrant dans le studio, une tasse de café à la main, je lance un retentissant bonjour à Colin, qui anime le show avec moi. Le problème, avec ce job, c’est que je dois me lever à 5 heures du matin pour l’enregistrement de l’émission à 6 heures. Apparemment, c’est la première fois que la station a prévu de la place dans le studio, spécialement pour cette émission. Il faut dire que même si l’audience est faible, elle est regardée par un groupe de téléspectateurs fidèles, des parents de la haute bourgeoisie et leur progéniture que la chaîne espère fermement façonner, modeler au sens propre (et éducatif) du terme.
Colin sursaute et lève le nez de son bouquin, puis se fend d’un large sourire, comme d’habitude. De tous les gens que je connais, Colin est la seule personne capable de sourire à 6 heures du mat ! Que voulez-vous, il est d’un naturel enjoué, c’est d’ailleurs pour cela qu’il anime si bien l’émission. Les gamins l’adorent, et depuis six mois que je le fréquente, je dois dire que, moi aussi, je suis sous le charme. Il est si prévenant, si généreux avec les enfants. Il les aime, cela se sent. Et si je vous disais qu’en plus il est supercraquant, vous me croiriez ? Des t
raits réguliers, finement ciselés, des yeux bleus garnis de cils épais, et des cheveux noirs coupés court. Il change régulièrement de coiffure pour être toujours à la pointe de la mode. En résumé, le profil du mari idéal. J’aurais pu sortir avec lui s’il n’était pas déjà casé… enfin je veux dire, s’il n’était pas gay…
Je me penche pour voir le titre de son livre.
— Qu’est-ce que tu lis ?
— Oh, ça ? Je pensais que ça pourrait m’aider pour le show.
D’un air un peu gêné, il me tend le bouquin qui a manifestement déjà beaucoup servi : L'art d’élever les enfants.
Ça me met en joie.
— Colin, tout ce qu’on nous demande, c’est de les garder en forme. Pas de les élever.
Il éclate de rire.
— Je sais bien, mais tu sais à quel point ils peuvent être turbulents.
Décidément, notre Colin prend son rôle très au sérieux.
— Tu es prête ?
— Plus prête que moi, tu meurs.
Je suis toujours aussi ébahie d’avoir réussi à dénicher ce job. Jusqu’à cette fameuse audition, je n’avais encore jamais travaillé. Pas même un jour… Et je me retrouve ici tous les jours de la semaine (hors week-ends) à inciter — dans la joie et la gaieté — un groupe de dix bambins aux yeux pleins de sommeil à s’étirer, sauter, courir et se muscler le corps. Heureusement pour moi, mon collant bleu ciel est suffisamment épais pour camoufler ma cellulite.
— Tout le monde en place, crie Rena Jones, notre productrice, en jetant un coup d’œil dans notre direction.
Enfin, surtout dans la mienne… Il faut dire qu’elle adore Colin. Moi, elle me tolère. Parce que c’est une maniaque de la ponctualité… Ce qui n’est pas mon cas.
Une fois les deux animateurs bien positionnés devant les caméras, je plaque sur mon visage l’air béat qui s’impose et je me mets d’accord avec Colin sur une intro de trois minutes conçue pour inciter le groupe démographique qui a sans doute le taux de cholestérol le plus bas de la population à se contorsionner dans tous les sens. Pour son bien, naturellement !