by Lynda Curnyn
— Eh bien, euh, en fait… demain soir, je ne peux pas. Je sors avec Grace.
Et toc ! Prends ça dans les gencives !
— Ah bon. Et vous allez où ?
Tu voudrais bien le savoir, hein ? Pendant une poignée de secondes, je suis tout émoustillée… jusqu’à ce que je me rende compte que je ne sais pas du tout où j’irai. Et que Grace ignore encore que nous sortons ensemble.
— On va faire les boutiques.
— Amusez-vous bien, me lance-t-il comme si je lui avais dit que j’allais prendre un bain de cire chaude.
A vrai dire, Kirk n’est pas un fana du shopping…
— Tu pourrais passer après si le cœur t’en dit…
— A mon avis, je serai sûrement HS. Tu sais dans quel état je suis après avoir couru les magasins.
— Bon, d’accord. C'est peut-être aussi bien. J’ai pas mal de boulot à rattraper. Je m’étais accordé un peu de répit, mais maintenant, il va falloir que je file au lit. Demain, la journée s’annonce chargée…
— Pour moi aussi.
Je lui marmonne un vague « au revoir » et je raccroche. Je ne suis pas satisfaite. Pour ouvrir ce couvercle, ça ne va pas être de la tarte ! Il va falloir attaquer au burin, si ce n’est pas au marteau-piqueur.
Le mardi suivant, j’informe Michelle que j’ai lancé la phase 1 de son plan d’action.
— Surtout, tiens bon. Il faut compter plusieurs jours.
— Plusieurs jours ?
Je ne pensais pas que ça serait si long. Finalement, Grace n’a pas pu venir avec moi hier soir. Elle avait des projets avec Drew. Impossible de l’attirer chez Bloomingdale, même pour préserver ma dignité de femme. En plus, ce soir, elle est invitée à un cocktail à son boulot. Je suis bonne pour rentrer tout droit de Lee & Laurie à la maison pour passer une soirée excitante en tête à tête avec moi-même.
Mais je tiens bon. Après tout, j’ai un choix extraordinaire de canapés, non ? Et puis, Dieu merci, nous avons une télé grand format, récupérée chez un copain de Justin — C.J. — qui vient enfin d’épouser Danielle, la fille avec laquelle il sortait depuis une éternité. Ils sont partis s’installer à Manchester et ont opté pour un écran de cent sept centimètres.
Bien entendu, à part Friends, il n’y a rien à voir. Et re-regarder Friends ce soir, c’est au-dessus de mes forces! J’ai comme l’intuition que c’est moi, et non Kirk, qui souffrirai le plus du manque… Croyez-moi, ça ne va pas être facile !
Il faut voir les choses en face : j’ai fait ce que font la plupart des femmes lorsque leur liaison devient trop pépère à leur goût. J’ai fichu en l’air ma vie à moi dans l’espoir de sauver notre vie de couple.
Vous voulez un aperçu de la façon dont j’occupe mes semaines?
Lundi : Réveil tonique. Pour me donner le courage d’être en forme à 6 heures du matin, je décide d’acheter Backstage (c’est le magazine à éplucher tous les jours quand on veut décrocher un rôle dans un long métrage ou à la télé). Maintenant que j’ai une première expérience télé à ajouter à mon CV, je me sens mûre pour le faire. Sans compter que j’ai ma carte d’adhérente à deux syndicats professionnels : l'AFTRA (ça, c’est pour la télé. C’est fou comme quelques pirouettes devant les caméras vous ouvrent des portes…) et la Screen Actor’s Guild.
En général, lorsque je sors des studios pour faire une petite visite surprise à Kirk à son boulot, je ne passe plus à proximité du kiosque à journaux. Nous dégustons quelques bagels au saumon fumé jusqu’à ce que Kirk me renvoie dans mes foyers… Raison invoquée : il a du travail à finir.
Mardi : Réveil tonique. Il arrive que je prenne mon petit déjeuner avec Colin. Je me dis que j’achèterai Backstage aujourd’hui, mais je finis généralement par rentrer chez moi regarder un film (nous avons une montagne de vidéos, surtout grâce à Justin). Ou bien j’envisage de lire les œuvres complètes d’August Strindberg (ça, c’est quand j’ai vraiment envie de me sentir déprimée). Mais je m’aperçois qu’il est déjà 14 h 10 et que je vais encore arriver en retard chez Lee & Laurie pour mon 15 heures-22 heures ! Je me rue sous ma douche, je me change et j’arrive là-bas à 15 h 15. Quand je quitte mon boulot à 22 heures, je prends le bus qui traverse la ville pour aller chez Kirk (ça me permet de prendre un peu de bon temps côté sexe et d’éviter une correspondance de bus. Celui-là, il est censé passer toutes les dix minutes, c’est du moins ce qui est indiqué sur les horaires affichés à l’arrêt, mais pensez-vous… Les horaires ne sont jamais respectés !).
Mercredi : Réveil tonique. Parfois, Rena organise une réunion de planning. Colin et moi restons alors sagement assis pour l’entendre parler en long et en large de ses projets d’avenir concernant l’émission. Ensuite, je déjeune avec Colin, je me plains de Rena (que Colin défend) et il est déjà l’heure de rejoindre les bureaux de Lee & Laurie. Départ à 22 heures pour aller retrouver Kirk.
Jeudi : Réveil tonique. Eventuellement, petit déjeuner avec Colin, après quoi je décide que l’édition de Backstage qu’on trouve en kiosque est trop ancienne et que ça ne vaut pas le coup de dépenser mon argent. Parfois, je rentre chez moi pour faire un peu de ménage (j’ai essayé de brancher Justin sur le coup. C'est normal, c’est mon coloc ! Mais mes tentatives se sont révélées infructueuses. Alors je continue…). D’autres fois, je suis attirée par des faux soldes, et je passe l’après-midi à essayer de me convaincre que j’ai absolument besoin d’un nouveau corsage noir en Stretch… Si je traîne assez longtemps en ville, je vais ensuite directement chez Lee & Laurie. Il arrive même que je sois à l’heure! Et devinez où je me précipite en sortant ? Chez Kirk, naturellement.
Vendredi : Réveil tonique. Et comme ce jour-là je ne travaille pas à Lee & Laurie, et que je n’ai aucune envie de réactualiser mes projets en matière de carrière, je passe la journée à glander. Je loue la filmographie complète de Bette Davis, ou je m’offre une petite séance de pédicure. Tout ça en attendant le moment de dîner avec Kirk, ou de rester sagement avec lui à l’appart comme un vieux couple de gens mariés que nous sommes (mais lui ne s’en rend même pas compte).
Samedi : Lee & Laurie, mais cette fois, de 8 heures à 16 heures. C'est ce que je redoute le plus ! Après une journée comme celle-là, qui oserait me blâmer d’aller directement chez Kirk ? On se commande un plateau-télé et on passe la soirée devant le petit écran. Ou bien on va au cinéma…
Dimanche : jour de repos ! Sauf lorsque ma mère réussit à me convaincre qu’il faut absolument passer à Marine Park pour un dîner de famille. Naturellement, Kirk m’accompagne : il adore la cuisine de ma mère. Jamais il ne refuse un dimanche à Brooklyn.
Je suis sûre que vous commencez à comprendre… Comment ai-je pu m’enfermer dans cette spirale infernale, dans cette routine qui me ronge chaque jour de la semaine ? J’ai l’impression d’être prisonnière, enfermée dans un cocon. A ce stade franchement, si Kirk et moi décidions de nous marier, on ne verrait pas la différence…
Le lendemain, je me plains auprès de Michelle. Je me sens mal dans ma peau et je me pose des tas de questions. Qu’est-ce que tout ça va m’apporter ?
— Une bague! m’explique ma copine un brin excédée. Et quand un mec t’offre une bague, ce n’est pas anodin.
Je décide donc de camper sur mes positions pour ce soir encore. Je dis à Kirk que j’ai un monologue à travailler.
Il a l’air surpris et se fend d’un : « Ah bon ? »
Ça, pour être surpris, il peut l’être ! Depuis que Réveil tonique fait un tabac sur le câble, je n’ai passé aucune audition. Pourquoi le ferais-je ? Je ne vais pas tarder à devenir la seule superstar en justaucorps jaune…
Tout à coup, les souvenirs m’assaillent. Je repense à ce que j’ai été : l’actrice qui a joué le rôle de Fefu dans Fefu et ses amies (ne vous laissez pas abuser par le titre, c’était un rôle tout ce qu’il y a de sérieux). Celle qui, au sein de la Classic Stage Company, a naguère bluffé les foules dans son interprétation bouleversante de Miss Julie.
Au cas où vous vous poseriez des questions, sachez que j’ai connu mon heure de gloire. Mais une actrice doit gagner sa vie…
— Qu’est-ce que tu fais ici ? s’étonne Justin en rentrant de Dieu seul sait où.
Comme il a refusé la dernière offre qu’on lui a faite — un petit boulot dans la production —, je sais qu’il n’a pas passé toute la journée sur le plateau. Je trouve même qu’il travaille de moins en moins depuis qu’on lui a confié, il y a un an, la réalisation de quelques spots publicitaires pour un service de téléphonie longue distance.
J’ai trouvé assez marrant que ce boulot tombe sur lui. Car, côté liaisons « longue distance », Justin se pose un peu là, non ? Avant Lauren, il y a en effet eu aussi Denise, qui habitait Oak Park dans l’Illinois, la ville natale de Justin.
Le spot mettait en scène un Justin superbe traversant le campus en courant pour monter les marches du dortoir en soufflant comme un bœuf afin de répondre à temps à l’appel longue distance de sa mère… Il a reçu un accueil si favorable qu’on en a tourné deux de plus. Dans l’un d’eux, Justin bondissait entre les immeubles pour aller décrocher son téléphone.
Son succès, il le devait surtout à ce sourire d’ange qu’il avait en décrochant son téléphone et en disant ces simples mots : « B’jour m’man ! » C'était en fait un sourire ambigu, voire ironique pour qui connaissait sa vie… Car Justin a perdu ses parents dans un accident d’auto qui a fait de lui un orphelin à l’âge de douze ans. On l’a expédié à New York vivre chez sa tante Eleanor et son oncle Burt, qui avaient eux-mêmes débarqué dans cette ville depuis plus de neuf ans et qui n’étaient plus de la première jeunesse.
Dans ce sourire si télégénique, je pense que Justin mettait un peu de cette tendresse qu’il éprouvait encore pour ses parents.
Bref, quelle qu’en soit la raison, ce spot a été diffusé si souvent — même dans les créneaux horaires du Superbowl — que Justin vit encore sur sa lancée grâce aux recettes empochées. C'est sans doute pour cela qu’il avait de plus en plus de mal à se tirer du lit pour un petit boulot.
— A ton avis, qu’est-ce que je suis en train de faire ? dis-je, sur la défensive.
Je dois avouer que, par moments, la vie facile de Justin m’agace un peu.
Il ignore l’acidité de ma réponse et se laisse tomber à mes côtés sur le canapé.
— Où est Kirk ?
Même Justin se rend compte que si je suis chez moi en semaine, c’est qu’il doit se passer quelque chose. Ma vie est tellement liée à celle de Kirk…
— Je ne sais pas. Chez lui, je suppose.
Je prends la télécommande et je commence à surfer sur les chaînes, en priant le ciel pour que l’indifférence plaquée sur mon visage ait l’air naturelle. Je n’ai pas spécialement envie qu’on sache ce qui se passe, et surtout pas Justin. C’est carrément… humiliant. Mais que voulez-vous, je n’ai pas le choix.
Voilà que le téléphone se met à sonner. Cette fois, je suis démasquée. Justin bondit sur le combiné et j’ai tout juste le temps de lui crier.
— Si c’est Kirk, dis-lui que… que je ne suis pas là.
Il se retourne pour me regarder, hausse les sourcils et se décide à répondre.
— Allô ? Ah, salut, Kirk. Alors, mon vieux, ça va ?
Le ton de sa voix est en total désaccord avec le soupçon que je lis dans ses yeux.
— … Ange ? Non, elle n’est pas ici. Mais je n’ai pas encore vérifié sous le tapis.
Je me sens terriblement humiliée, mais mon regard ne se dérobe pas à celui de Justin.
— D’accord, je lui dirai que tu as appelé. Ne t’en fais pas.
Il raccroche et se retourne pour me regarder droit dans les yeux.
Je l’ignore superbement (même si je me sens morte de honte).
— Je voudrais bien savoir pourquoi il m’appelle ! Je lui ai dit que j’étais occupée.
Justin ouvre grand les yeux.
— Peut-on savoir à quoi tu joues ?
— A rien !
— Je t’en prie, Ange, ne me dis pas que tu fais des cachotteries. Je ne te croyais pas comme ça…
— Mais pas du tout !
Je dois pourtant me rendre à l’évidence : je suis en train de me comporter comme toutes ces femmes que je méprise souverainement.
5
Roses ou… azalée?
Depuis que je prends soin d’éviter Kirk, j’éprouve une honte sans nom. Et la situation aurait pu empirer… Mais voilà que samedi, en sortant de mon boulot à Lee & Laurie, je tombe pile sur lui. Il poireautait devant l’immeuble.
Son visage s’éclaire en me voyant franchir les portes.
— Bonjour !
— Kirk ! Mais que fais-tu ici ?
Je suis vraiment surprise. Jamais il ne s’est comporté de façon aussi spontanée, aussi romantique depuis les tout premiers jours de notre liaison.
— Je suis venue te chercher, petite cachottière ! Tu m’as manqué!
Il m’enlace et me presse contre lui. Puis il m’embrasse si tendrement qu’une onde de chaleur me parcourt le corps. S'il savait comme il m’a manqué, lui aussi.
Franchement, vous trouvez que j’ai tort d’avoir joué à ce petit jeu ? Et si je vous dis que Kirk m’a ensuite ramenée chez lui et qu’il m’a fait l’amour comme si c’était notre dernière nuit sur Terre… ?
Et qu’après, nous avons eu deux orgasmes simultanés…
Je suis fichue !
C'est pourquoi je me retrouve mardi soir attablée devant Michelle dans l’arrière-salle d’un bar situé près du bureau. Je lui offre consommation sur consommation et je l’aide même à vider son paquet de cigarettes.
Depuis que mon couple a pris un nouveau départ, je suis aux anges. J’attends donc fébrilement les consignes de Michelle pour la phase 2 de la manœuvre.
Passer du temps avec elle après le boulot est un événement qui sort de l’ordinaire, car nous ne nous sommes guère fréquentées depuis le collège. Plus précisément, depuis le moment où Grace est partie pour Long Island et où j’ai rencontré Vincent, le premier petit ami qui ait compté pour moi. A l’époque, Michelle sortait avec Eddie, le cousin de Vincent, et nous nous sommes liées d’amitié parce que c’était toujours utile d’avoir une copine pour courir les rues avec les garçons, sans cesse en quête d’aventure. Généralement, ça se terminait par un dîner ou une séance de ciné où nous dépensions le peu d’argent dont nous disposions.
Michelle est un peu le genre d’amie qu’on a quand tout va bien, ou plus exactement quand elle ne change pas de petit ami, car nos chemins se sont séparés lorsqu’elle est passée d’Eddie à Frankie (qui avait un autre cercle de copains). C’était cool d’avoir quelqu’un sous la main pour me dire si j’avais du rouge à lèvres sur les dents, ou si une fille faisait un peu trop de gringue à Vincent… En vérité, Michelle et moi ne serions jamais amies aujourd’hui, si je n’avais pas quitté mon boulot il y a quatre ans. Ma mère a prévenu tout le voisinage — y compris la maman de Michelle, rencontrée au supermarché — que j’étais sans travail, sans le sou et que j’allais m’engager dans une carrière sans plan de retraite à la clé. Mme Delgrosso a parlé à ma mère de la glorieuse carrière de sa fille à Lee & Laurie et de ses horaires flexibles, et Michelle m’a pistonnée.
Je ne peux m’empêcher de me tourner de nouveau vers Michelle, maintenant que la phase 1 m’a permis de desserrer d’un quart de tour au moins le « couvercle » de Kirk. J’attends de pied ferme qu’on me démontre que l’art de convaincre est mon seul espoir avec un homme comme lui.
— Rends-le jaloux !
— Jaloux ?
— Oui, c’est l’étape suivante. Tu dois convaincre Kirk qu’il n’est pas le seul homme à te couver des yeux.
Plus facile à dire qu’à faire. Kirk n’est pas un jaloux. Pendant les premiers mois de notre liaison, alors que nous étions embrasés des feux de notre passion nouvelle, je suis devenue comme par enchantement l’objet de désir de tous les mâles. Je me souv
iens que, un soir, un de mes chevaliers servants un peu trop zélé m’a même suivie depuis Lee & Laurie jusque chez moi, en insistant pour avoir mon numéro de téléphone. Kirk, qui m’attendait sur le perron de mon immeuble (eh oui, il faisait ça, à l’époque), a trouvé l’histoire plutôt marrante.
Mais il en faut plus pour arrêter Michelle.
— C’est parce qu’il n’a pas encore rencontré de mec qu’il considère comme une vraie menace. Finie la rigolade, il est temps de sortir l’artillerie lourde. Tu dois lui donner la preuve qu’un autre homme a flashé sur toi.
Michelle s’absorbe quelques instants dans une intense réflexion, puis son visage s’illumine.
— J’ai trouvé! Des fleurs… Il faut que tu reçoives des fleurs de quelqu’un d’autre.
— Et tu peux me dire de qui, peut-être ?
Je fais mentalement la liste des hommes que je connais, mais je ne trouve pas de candidat valable. Le seul homme qui m’ait jamais offert des fleurs, c’est Randy. Il avait un côté très romantique. Mais il est marié depuis cinq ans, et je ne pense pas qu’il ait très envie de me payer quoi que ce soit aujourd’hui, à part un coup à boire chaque fois qu’on tombe par hasard l’un sur l’autre.
— Tu n’y es pas… C’est là où mon plan est ingénieux. Tu n’as pas besoin d’un autre type. Les fleurs, tu vas te les envoyer toi-même.
— Moi ? Et je dois aussi signer la carte de mon nom ?
Tout ça me paraît un peu ridicule. Sans parler des frais…
— Mais non, bien sûr que non.
Elle secoue la tête, comme si des deux, c’était moi la plus folle. Tout à coup, ses yeux bruns s’animent… Mon faux prince charmant viendrait-il d’entrer dans le bar ? Je tourne la tête pour voir s’il n’y a pas un de ces don Juan en train de faire le pied de grue à la porte, un bouquet à la main. J’ai juste le temps de faire volte-face pour l’entendre lâcher un nom.
— Jerry Landry.
Alors là, j’en reste sans voix. Figurez-vous que Jerry est notre patron et — d’après lui — l’étalon de la boîte ! Sa principale distraction (il en fait même un point d’honneur), c’est de draguer toutes les femmes disponibles — et même certaines qui ne le sont pas, tout dépend de la longueur de la jupe — qui travaillent à Lee & Laurie. Le bruit court qu’il aurait déjà couché avec, au bas mot, cinquante pour cent des nouvelles stagiaires… Mais j’ai toujours pensé que c’était lui qui répandait ces rumeurs. Même si nous rions de toutes de ses blagues idiotes en battant des cils devant ses tentatives de séduction un peu déplacées (c’est quand même lui qui contrôle nos appels et nos temps de pause !), tout ça n’est qu’un jeu ! Je doute fort qu’une femme ayant toute sa raison puisse le trouver séduisant.