Opération bague au doigt

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Opération bague au doigt Page 18

by Lynda Curnyn


  Rudy attrape un bloc-notes et un stylo derrière le comptoir.

  — Je vais vous noter tous les renseignements sur la taille de la pierre, sa pureté et son poids. Vous allez regarder autour de vous, comparer les prix, voir si vous trouvez moins cher. Tous mes diamants sont vendus avec certificat. Je vous le dis, vous ne trouverez pas mieux !

  Je me sens plus à mon aise en prenant le papier. J’avais peut-être simplement besoin de réfléchir un peu. C’est vrai, je ne comprends rien aux chiffres qu’il vient de griffonner, mais c’est pour Kirk. Il veut toujours savoir à quoi il s’engage avant de sortir son argent.

  Moi, c’est tout le contraire… J’ai assez d’infos comme ça. C’est cette bague que je veux !

  Bon, il va falloir que je me décide à l’enlever. Voilà, ça y est… et ce n’est pas de gaieté de cœur !

  Nous passons au rayon bracelets. Je me contente de regarder pendant que Michelle commence à les essayer et que Rudy nous raconte d’un air joyeux qu’il vient d’en offrir un à Vicky pour fêter la naissance de leur premier petit-fils. On sent un amour inconditionnel dans sa voix tandis qu’il nous fait part de son désir d’être de nouveau grand-père et de partager ce bonheur avec sa femme.

  Est-ce l’effet bénéfique de sa voix, ou la confiance que Michelle a en Rudy pour suggérer à Frankie d’acheter le bracelet, toujours est-il que je me sens tout à coup beaucoup mieux. Forte. Satisfaite. Je ne me suis jamais sentie comme ça depuis le début de notre petit complot.

  — Alors? Je te l’avais bien dit que Rudy était génial! me dit Michelle une fois que nous nous retrouvons dans la rue.

  Je souris. Une vague de bien-être me submerge. Oui, tout me paraît génial maintenant…

  Je commence à croire que tous mes vœux seront exaucés.

  10

  Un nez est un nez…

  En rentrant du boulot ce soir-là, je ne souhaitais qu’une chose, retrouver Kirk. Me blottir dans ses bras, la tête encore pleine de rêves à la suite de notre petite expédition dans le quartier des diamantaires.

  Pour me sentir aussi comblée qu’une femme devrait l’être lorsqu’elle envisage de vivre avec un homme.

  Hélas, mon vœu n’a pas été exaucé. Apparemment, Kirk avait d’autres choses en tête. Comme ce maudit logiciel qu’il n’en finit pas de mettre au point. Ce soir-là, il m’a juré qu’il avait un contretemps. Idem le lendemain… Et toute la semaine. Je n’ai eu droit qu’à de rapides coups de fil pour me souhaiter bonne nuit.

  Bien que je ne sois pas superstitieuse, n’en déplaise à Justin, j’ai tendance à croire aux signes. Un exemple ? Quand les plants de tomates de mon père n’ont rien donné, eh bien, c’est cet été-là que mon père est mort. Sonny a prétendu que c’était à cause du nouvel engrais que la récolte avait été fichue, mais je suis sûre que ça n’a rien à voir. Un autre exemple : j’ai foiré une audition pour une pub télé sur un médicament antidouleur juste après que Justin a posé par mégarde mes Nike sur la table de la cuisine ! Bon, je vous l’accorde, je suis un peu superstitieuse, mais à qui la faute ?

  J’ai été élevée par une mère qui croyait en toute bonne foi qu’une paire de chaussures posée sur une table portait malheur…

  Je suppose que cette croyance est fondée sur quelque chose. Car tout bien réfléchi, poser une paire de chaussures sur la table n’est pas tellement recommandé, surtout si vous venez de passer la moitié de la journée à errer avec dans la ville de New York. On imagine très bien un parasite de la pire espèce atterrir dans l’assiette de bœuf au soja que vous venez de prendre au chinois du coin. Vous pouvez tomber raide mort avant même d’avoir eu le temps de déballer votre gâteau surprise (vous savez, ces gâteaux creux avec une prédiction à l’intérieur) !

  Vous me permettrez donc d’être un peu contrariée si, au moment même où Kirk me déclare solennellement que je fais partie de sa vie, il disparaît comme par enchantement de la mienne !

  Il m’appelle le vendredi.

  — Tu crois que tu peux partir ce week-end ? Le PDG de Norwood vient de me dire qu’il y a un autre informaticien sur le coup qui va lui faire une proposition. Maintenant que je suis en concurrence, je dois tout mettre en œuvre pour que mon logiciel soit le meilleur.

  Moi qui bouillais d’impatience en rêvant d’un gros câlin (agrémenté d’un peu de s-e-x-e) ! Au temps pour moi.

  J’appelle Grace pour pleurer dans son giron. Vous savez ce qu’elle me répond ?

  — Ce sont des choses qu’il faut savoir accepter si tu veux passer ta vie avec Kirk.

  — Accepter quoi ? De ne plus jamais le revoir ? Nous avions l’habitude de nous retrouver trois ou quatre fois par semaine, et le voilà qui se met à travailler comme un dingue pour ce nouveau client. Je t’assure, je n’y comprends rien.

  — Il est ambitieux. Si ma mémoire est bonne, c’est d’ailleurs une des choses que tu aimes en lui…

  C'est sympa de me rappeler toutes les raisons que j’ai d’être heureuse. D’ailleurs je suis heureuse. Enfin, je crois.

  — Au fait, c’était aussi ça qui te plaisait chez Drew, non?

  Je viens de remettre sur la table le sujet tabou : la mise sur la touche de son compagnon de rêve…

  Comme elle le fait toujours en pareil cas, Grace change de sujet.

  — Ecoute, au lieu de rester assise comme tu le fais en attendant Kirk, tu devrais t’occuper un peu de toi. Tu sais très bien que tu n’as pas vraiment envie de signer ce contrat avec la chaîne de télé, alors pourquoi ne pas en profiter pour recommencer à passer des auditions ? Rappelle cet agent que Josh t’a présenté l’an dernier ! Elle pourrait peut-être te donner un coup de main.

  Elle a raison, comme d’habitude. Mais je ne suis pas prête à suivre ses conseils pour autant. D’abord, il faudrait que je téléphone à Josh pour avoir le numéro de cette… Viveca Withers qui n’a même pas pris la peine de me tendre sa carte de visite à l’époque. Or, je n’ai pas eu l’occasion de reparler à Josh depuis qu’il m’a annoncé que je n’étais pas invitée à la réception à deux cents dollars par tête qu’Emily Fairbanks a certainement prévue… Je ne suis pas tellement chaude pour l’appeler.

  Mais voilà que par le plus grand des hasards (ou par chance ?), c’est lui qui me téléphone la semaine suivante.

  — Salut, Ange ! Ça va ?

  Il a réussi à me joindre chez moi. Il est vrai que j’y suis pratiquement tout le temps depuis que Kirk me fait faux bond. Il semble très à l’aise… Il n’a pas l’air de se rappeler qu’il a sacrifié notre amitié à la demande de sa future femme et prend aussitôt le contrôle de la conversation.

  — Désolé de ne pas t’avoir rappelée plus tôt, mais j’étais débordé… Les préparatifs du mariage, tu vois ce que je veux dire ? Tu ne peux pas savoir le nombre de décisions qu’il faut prendre. Le choix des nappes, celui des hors-d’œuvre…

  Moi non plus, mon vieux, je ne t’ai pas rappelé !

  Si ça continue, il va me parler de la liste des invités. Ce serait le comble. Bien entendu, je m’abstiens de tout commentaire. Pas la peine de lui montrer à quel point j’ai été peinée qu’il ne m’invite pas. Il serait trop content.

  Comme la seule raison de son coup de fil doit être de me reparler de lui, je décide de changer de sujet. Et de lui faire part, à mon tour, de mes projets.

  — Tu sais que j’ai l’intention de recommencer à passer des auditions. Je vais même sûrement prendre un agent. Tu as toujours le téléphone de Viveca ?

  — Je croyais que Viveca avait décidé de ne pas travailler avec toi…

  — Pas du tout. Elle m’a simplement conseillé d’élargir mon expérience avant, de travailler un peu pour la télé afin d’enrichir mon CV. C'est ce que je fais depuis six mois, et…

  — Tu parles de cette émission pour les gosses ? Ange, je ne crois pas qu’elle parlait de ça…

  — Quoi ! C'est bien une expérience devant les caméras, non ? En plus, je te signale que l’émission intéresse une grande chaîne nationale.

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p; Et pan dans les gencives ! Non mais…

  — C'est sérieux ?

  Il a l’air très surpris.

  — Absolument ! Ils vont sans doute me proposer un contrat intéressant, seulement j’ai envie de garder les coudées franches.

  — Honnêtement, Ange, ce contrat est la meilleure solution pour toi. Tu sais comment ça se passe, dans ce milieu, sans compter que tu ne rajeunis pas non plus…

  — Bon, tu me le donnes ou pas, ce numéro ?

  — D’accord.

  A son ton, je vois bien qu’il trouve ma démarche inutile. C'est sympa pour un partenaire! Pardon, j’oubliais qu’il a lâché le métier… et les amis par la même occasion. Ça me rend triste. C’est Josh qui m’a aidée à surmonter la mort de mon père, qui m’a encouragée à continuer de travailler, à me concentrer sur mes rôles pour oublier mon chagrin. Et il avait raison. Deux mois après l’enterrement de mon père, j’ai été l’une des finalistes de l’Obie Award pour mon interprétation de veuve éplorée dans Nightfall, la pièce qui marchait le mieux à cette époque parmi toutes celles proposées dans les petits cafés-théâtres de la périphérie. Je crois que je n’ai jamais aussi bien joué depuis.

  En griffonnant à la hâte le numéro de téléphone que Josh se décide à me donner quelques instants plus tard, je sens que mon enthousiasme commence à vaciller. Peut-être a-t-il raison… Je ne suis plus aussi sûre d’être prête à courtiser un agent aussi demandé que Viveca Withers.

  Après mon entretien avec Josh, j’ai le moral dans les chaussettes. Mais dès que je prends contact avec l’Actors’ Forum, l’agence de Viveca Withers, je suis regonflée à bloc !

  Je me sens même stupide d’avoir passé la journée à éviter le téléphone et à stresser en réfléchissant à ce que je devais dire. Quand je me suis décidée à appeler, le lundi à 16 h 45 (en souhaitant presque qu’elle soit déjà partie), j’ai eu une agréable surprise. Non seulement elle était là, mais elle avait envie de me parler ! Lorsque j’ai dit qui j’étais à la secrétaire qui a pris l’appel — Angela DiFranco, coanimatrice de Réveil tonique —, elle m’a mise aussitôt en attente pour voir « si Mlle Withers est disponible ».

  Elle l’était. Et elle a pris la communication sans me faire poireauter deux heures. Elle m’a parlé comme si j’étais une véritable star du box-office, et non l’animatrice un peu désenchantée d’un programme câblé pour enfants.

  — Venez donc me voir à mon bureau. Que diriez-vous pour demain, 11 heures ?

  — C'est parfait.

  Je suis excitée comme une puce. Ça y est, j’ai un rendez-vous avec un agent ! Et pas n’importe lequel… Viveca Withers de l’Actors’ Forum, s’il vous plaît !

  J’appuie immédiatement sur la touche mémoire de Kirk. Je sais qu’il a horreur d’être interrompu dans son travail, mais j’estime que la nouvelle vaut quand même un coup de fil !

  — Coucou, c’est moi !

  — Mmm…

  Apparemment, il a l’esprit ailleurs. J’entends en bruit de fond ses doigts courir sur les touches de son ordi.

  — J’ai une grande nouvelle…

  Tap, tap, tap… Il continue de travailler.

  — Je viens d’avoir Viveca Withers au téléphone, celle qui dirige l’Actors’ Forum…

  — Qui ça ?

  Tap, tap, tap…

  — Viveca Withers. Tu sais, c’était l’agent de Suzanne Somers du temps où elle jouait dans Vivre à trois. Et aussi de Robert Blake…

  Pas terribles comme références. Je sais. Suzanne Somers fait des pubs longue durée et Robert Blake est surtout connu à présent pour avoir assassiné son ex-femme.

  — Euh, il me semble qu’elle a aussi travaillé pour Sarah Michelle Gellar.

  Je me creuse la cervelle pour trouver d’autres noms d’acteurs avec lesquels elle a signé, toujours d’après Josh. Je crois qu’il a mentionné la star de Buffy, mais je n’en mettrais pas ma main au feu…

  — Mmm, se contente de répéter Kirk.

  C’est fou ce qu’il est impressionné ! Je ne pensais pas que ça l’intéresserait autant…

  Tap, tap, tap…

  — Bien. Donc, comme je te le disais, je la vois demain à 11 heures.

  Tap, tap…

  — C'est super, Angie. Tu devrais peut-être prendre un agent, avec ce contrat en vue… Tu auras besoin de quelqu’un pour le négocier.

  — Je suppose…

  Tap, tap, tap…

  — Ecoute, chérie, je peux te rappeler plus tard ? Je suis en train de mettre la touche finale à mon logiciel.

  — Mais bien sûr. Je serai là.

  Où veux-tu que je sois !

  — Entendu.

  Clic.

  « Moi aussi, je t’aime ! » Je me sens un rien déprimée. Je fonce voir Justin dans sa chambre. Il est penché sur sa guitare, les yeux rivés sur le mur d’en face. Il doit travailler sur une nouvelle création… Encore faut-il qu’il réussisse à trouver un producteur pour monter sur les planches.

  — J’ai un truc à te dire. Devine !

  Justin lève la tête.

  — J’ai décroché un entretien avec un agent pour demain. Viveca Withers. Tu sais, de l’Actors’ Forum.

  — Mais c’est génial. C'était bien l’agent de Sarah Jessica Parker?

  Mais bien sûr ! Je savais que c’était une Sarah très connue…

  — Je crois, oui.

  — Serait-ce la fin de ta participation à Réveil tonique ?

  Je hoche la tête à m’en faire sauter une vertèbre !

  — Et si on arrosait ça ?

  Bien que je me sente un peu coupable d’arracher Justin à sa guitare — ça fait un bail que je ne le voyais pas faire un travail de création —, ça n’a pas l’air de le gêner.

  — Ne t’inquiète pas pour moi. De toute façon, je n’arrivais pas à grand-chose, me dit-il d’un air joyeux.

  Il saute dans ses chaussures et se passe la main dans les cheveux qui sont plus hirsutes que jamais. Ça n’a pas d’importance. Au contraire, ce serait plutôt un bon point pour lui !

  — Alors où veux-tu aller ? Au Three of Cups ?

  C’est notre bar favori, dans le coin.

  — Non. Tu veux savoir ce qui me ferait le plus plaisir ?

  — Je t’écoute.

  — Aller au cinéma !

  Et c’est là que nous passons la soirée. Confortablement installés dans nos fauteuils de l’Union Square, nous dégustons le dernier film de Woody Allen… en descendant un gigantesque pot de pop-corn ! Après avoir refait le plein de provisions, nous nous aventurons dans une deuxième salle. Cette fois, c’est un film d’aventure et d’action qui commençait juste après la fin du premier. Un pur hasard. Du coup, Justin est partant pour une troisième séance. Il faut dire qu’il est aussi accro au ciné que moi ! Mais je jette un coup d’œil à ma montre, et je vois qu’on approche des 22 h 30. La voix de la raison me souffle à l’oreille qu’il est temps de rentrer !

  Je cligne les yeux au moment où les lumières se rallument.

  — Tu as vu l’heure qu’il est ? Il faut que je rentre, que je prépare tout et que je file au lit vite fait, si je ne veux pas jouer les épouvantails demain…

  Je me sens un peu dans les vapes. Il faut que je prépare mon entretien : rechercher des photos d’identité, réfléchir aux réponses que je pourrais apporter à toutes les questions de Viveca. Sans oublier le principal : un bon sommeil réparateur…

  C'est qu’à trente et un ans, le corps ne réagit pas comme à vingt-cinq ! A l’époque, je n’avais pas peur du regard insistant des agents et des directeurs de casting. Je me vois déjà les yeux gonflés avec des sacoches sous les yeux, et le visage bouffi (je sais, je n’aurais pas dû manger tout ce pop-corn, mais Dieu que c’était bon !).

  — Et je ne sais même pas quelle tenue je vais mettre !

  — Stop, on se calme ! Reste cool, et tout se passera bien.

  Je quitte la salle et je suis Justin dans l’air humide de la nuit.

  En marchant côte à c
ôte pour rejoindre East Side, nous passons devant les rangées d’habitations qui bordent la 10e Rue. Je commence à me sentir plus calme. C’est sans doute la présence apaisante de Justin. Il arpente toujours les rues comme s’il ne savait où aller, curieux de tout, attirant mon attention tantôt sur un panneau un peu bizarre, tantôt sur l’enseigne mystérieuse d’une boutique… Sans lui, je ne remarquerais rien. Moi, je fonce toujours comme un bolide, toujours pressée d’arriver, que ce soit au studio, au boulot ou chez Kirk…

  Ce soir, Justin est particulièrement en verve. Il y va de ses commentaires sur les façades d’immeubles qui se détachent du lot, en me faisant l’historique de l’architecture. Enfin, ce qu’il en sait. Le premier film que nous avons vu a dû l’inspirer. Ce n’est pas qu’il soit un grand fan de Woody Allen, pas autant que moi en tout cas, mais il respecte tous ceux qui parlent avec amour des coins de rue et des buildings de cette magnifique ville qu’est New York. Et Woody Allen est de ceux-là.

  J’ai toujours adoré écouter Justin verser dans le lyrisme en découvrant un délicieux ouvrage en brique ou un encadrement de porte richement ouvré. Mais ce soir, ses commentaires décousus me rendent un peu triste.

  — Justin, tu devrais faire un film sur New York !

  Je me souviens de ce film auquel il a renoncé malgré sa passion pour cette ville. Il parlait des bandes du Lower East Side et s’était un peu inspiré du Mean Streets de Scorsese — un de ses metteurs en scène favoris — avec une touche de romantisme en plus.

  — Oui, peut-être !

  Il a sur le visage cette expression rêveuse que j’ai dû lui voir un millier de fois. Cet immense espoir, cette certitude qu’un jour, toute cette magnificence qui l’entoure ressortira quelque part dans une de ses œuvres. Mais en dehors de ce film encensé par la critique — et qui dort désormais sur une étagère — et des différents projets de production sur lesquels il a travaillé comme assistant-réalisateur, les seules créations de Justin se résument à trois spots de télé plus une poignée de chansonnettes qu’il m’a fait écouter à l’appartement. Je me demande ce qui l’a empêché de réaliser ses rêves. Surtout ce soir où j’ai la sensation d’être tout près de voir mes propres projets aboutir enfin.

 

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