Opération bague au doigt

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Opération bague au doigt Page 21

by Lynda Curnyn


  Je commence à croire qu’en gagnant la bataille, j’ai perdu mon petit ami.

  J’ai aussi perdu un de mes meilleurs amis. Car Justin s’est mis soudain à s’activer, lui aussi, comme un fou. Il a accepté un travail de production absolument dingue qui l’accapare une bonne partie de la journée… et aussi une bonne partie de la nuit car il s’est mis à traîner avec toute l’équipe après le boulot. Quand il rentre, je suis déjà couchée depuis longtemps.

  Je me sens presque aussi seule qu’après la mort de mon père. Mais à cette époque, j’avais au moins le soutien de ma famille. Maintenant, je ne peux même plus aller à Brooklyn, car si je me pointe là-bas sans Kirk, ma mère se dira qu’elle avait raison, que Kirk ne me prend pas suffisamment au sérieux.

  Et si elle avait raison ? Je commence à me poser des questions.

  Mercredi soir, j’appelle Kirk dans l’espoir de l’obliger à faire des projets pour le week-end avant qu’il ne s’enlise davantage dans ses dossiers.

  — Ecoute, Angie, nous allons passer tout le week-end de la semaine prochaine ensemble, chez mes parents. Et puis il faut absolument que je termine ce projet pour Norwood avant, pour que je puisse y aller l’esprit libre et passer un bon moment.

  Un bon moment ? Rien qu’en pensant que je serai le point de mire de toute la famille Stevens, je me demande sérieusement si ça va être aussi folichon qu’il le dit !

  Comme je n’ai aucune envie de passer le week-end seule, je compose le numéro de Grace. Il faut dire que, depuis sa rupture avec Drew, elle m’évite consciencieusement. J’imagine que c’est parce qu’elle n’a pas envie d’en parler, et que je ne peux m’empêcher d’amener le sujet sur le tapis chaque fois que je l’ai au bout du fil! C’est plus fort que moi, je ne comprends toujours pas comment elle a pu rayer Drew de sa vie aussi brutalement.

  Elle décroche à la deuxième sonnerie. On dirait qu’elle a couru… et que l’effort l’a épuisée.

  — Ça va ? lui dis-je pour toute entrée en matière.

  — Oui, juste un peu… fatiguée.

  — Qu’est-ce que tu as fait de beau, ces temps-ci ?

  Je suis toujours curieuse de savoir à quoi l’autre moitié de moi-même — célibataire de surcroît — passe son temps, maintenant que j’ai rejoint la cohorte des « Gens condamnés à vivre en couple… ». Tiens, pourquoi ce mot « condamnés » ?

  — Oh, tu sais, des tas de choses. Avec Claudia, j’ai dû faire cette semaine tous les endroits chauds de Manhattan.

  — Claudia?

  — Ma patronne. Tu te souviens d’elle ?

  Difficile de l’oublier. Nous nous sommes rencontrées à un cocktail que Grace avait organisé dans son appartement peu de temps après son entrée chez Roxanne Dubrow. Claudia venait de divorcer après avoir été plaquée par son dragueur de mari. Je me rappelle que le souvenir de cette trahison était encore très vivace chez elle car elle n’a pas arrêté de faire des commentaires sur toutes les femmes célibataires présentes, mais aucune sur les hommes. Je me suis d’ailleurs demandé ce qu’elle avait bien pu dire sur moi, mais Grace m’a assuré que je n’étais absolument pas dans le collimateur de Claudia.

  En un sens, être ignorée par la vice-directrice du marketing de l’un des plus puissants groupes de cosmétique dans le monde m’a semblé encore plus dur à avaler que d’être descendue en flammes !

  — Tu sors avec elle ? Je croyais que tu ne l’aimais pas…

  — Elle est beaucoup mieux qu’à votre première rencontre. Un peu moins… amère. Et puis nous sommes célibataires toutes les deux. Tu sais que nous autres célibataires devons nous tenir les coudes !

  Moi aussi, je suis célibataire ! Je suis sur le point de protester, mais je me ravise. Ce n’est pas le moment de saper l’engagement que nous venons de prendre, Kirk et moi. Encore que… Peut-on véritablement parler d’engagement — d’une sécurité bien douillette et un peu floue — alors que mon futur mari a complètement disparu de ma vie ?

  — Nous sommes allées chez Lola. Oui, sur la 19e Rue. Je suis à peu près sûre que nous y sommes déjà allées toutes les deux.

  En effet… J’essaie de n’être pas fâchée que Grace ait fait tout ce chemin sans même prendre la peine de m’appeler. Pourquoi m’appellerait-elle, maintenant qu’elle copine avec Claudia ? Je dois admettre que je suis jalouse, mais je n’ai pas le temps de bouder en entendant la suite.

  — Tu ne devineras jamais sur qui je suis tombée.

  — Drew ? dis-je, pleine d’espoir.

  — Non !

  Un vrai couperet… Décidément, elle n’aime pas qu’on aborde le sujet. Elle finit par éclater de rire.

  — Comment veux-tu que je le rencontre chez Lola ? Ce n’est pas son truc…

  — Mais alors, qui ?

  J’ignore la pique qu’elle vient de décocher sur Drew. Ce mec, j’ai toujours eu un faible pour lui.

  — Billy Caldwell.

  — Le Tombeur ?

  — Oui, et il est toujours aussi craquant…

  Ça alors ! Billy Caldwell — dit le Tombeur — est l’un des premiers petits amis de Grace à son arrivée à Manhattan. Les cheveux noir corbeau, les yeux bleus, un côté un peu voyou, c’est un de ces mecs auxquels les femmes ont du mal à résister. D’où le problème… car lui aussi a beaucoup de mal à résister. Il collectionne les conquêtes ! Comment voulez-vous faire autrement quand on a une gueule pareille ? Grace en a fait les frais deux mois à peine après le début de leur histoire d’amour, un épisode assez torride, je dois le dire. Et au lieu de le laisser tomber sur-le-champ comme elle aurait dû le faire, elle ne pouvait s’empêcher de tournicoter autour de lui chaque fois que le démon de la chair se faisait sentir. C'est-à-dire la plupart du temps après une énième rupture avec un de ses chevaliers servants. Des mecs géniaux, eux… comme Drew.

  — J’espère que tu n’as pas dormi avec lui.

  — Euh, dormir n’est pas le mot que j’emploierais…

  — Grace! Peux-tu me dire à quoi tu joues ? Tu sais très bien que tu te dégoûtes chaque fois que tu passes un peu de temps avec ce type.

  En fait, Grace obéit toujours à la même loi : « Je romps avec l’homme idéal, je couche avec Billy (ah, si seulement Billy était l’homme idéal !), et je romps avec Billy… »

  — Eh bien pour l’instant, ce n’est pas le cas !

  Evidemment. Elle est sûrement dans sa phase « hormones en folie ». Et ça finira comme toujours par une déception dévastatrice lorsque Billy disparaîtra sans crier gare après des semaines de sexe non stop ! Le genre de régime qui vous fait perdre la tête au point de confondre sexe et amour.

  — J’espère qu’il a mis un préservatif.

  — Mais bien sûr, voyons. A propos, comment ça va avec Kirk ?

  — Bien. Enfin, ces derniers temps, il a été complètement accaparé par son boulot. Il veut absolument terminer le gros projet sur lequel il travaille avant que nous allions au baptême.

  — Ah, c’est vrai, le grand week-end de présentation à la famille! C’est quand déjà? Le week-end de la fête du Travail ?

  — Euh, oui.

  Je suis morte de trouille rien que d’y penser. Mais j’essaie de le cacher. Grace est suffisamment fine mouche pour sentir ma gêne.

  — Ne te tracasse pas trop, je suis sûre qu’ils vont t’adorer. La question est de savoir si ce sera réciproque.

  Gagné ! Maintenant, j’ai encore plus le trac qu’avant.

  — Ecoute, tu as besoin de t’aérer un peu l’esprit, de penser à autre chose qu’à cette réunion de famille. Tu as quelque chose de prévu vendredi ? Il y a un nouveau club de salsa qui ouvre ses portes à Soho, un genre de grand salon très chic, un rien prétentieux, avec un DJ qui passe en boucle des airs latinos. Et tu sais ce que ça veut dire…

  De toute évidence, je suis complètement hors circuit. Car je n’en ai pas la moindre idée.

  — Non. Quoi ?

  — Des beaux bruns sublissimes… Il va y en avoir des tas ! Tu veux venir ?

  — D’
accord.

  Je n’ai pas mis deux secondes à me décider ! Ce n’est pas que je recherche quoi que ce soit, je veux juste être avec Grace. Son rire, sa façon désordonnée de croquer la vie me manquent. Apparemment, elle a repris ses esprits, elle a retrouvé son moi, son bon vieil ego de célibataire. Je ne trouverai là-bas que ce que je voudrai y trouver…

  — Bien. Je vais appeler pour faire ajouter nos noms sur la liste. Voyons, il y aura donc toi, moi, Claudia…

  Claudia ! J’étouffe un grognement. Je peux à la rigueur prendre Grace en main, elle et sa nouvelle vie tumultueuse. Mais Claudia et Grace ensemble, c’est au-dessus de mes forces… Deux magnifiques spécimens de femelles célibataires en chaleur. Et je n’ai pas besoin de ça ! Vous vous rendez compte, me retrouver avec deux femmes à l’appétit féroce dans une pièce remplie de mecs chauffés à blanc. Moi, j’ai plutôt besoin de protection, enfin quelque chose comme ça.

  — Je peux emmener quelqu’un ?

  — Qui ça ?

  — Michelle.

  J’ai dit ça presque automatiquement, sans réfléchir. Je n’ai pas fait la fête avec Michelle depuis l’époque où nous sortions avec les cousins Salerno. Ça remonte au lycée… En plus, je ne suis pas certaine de pouvoir traîner la reine des femmes mariées de Brooklyn à une soirée spéciale Manhattan. Seulement voilà, je suis désespérée. Si Grace vient avec Claudia, j’ai besoin d’un soutien.

  C'est au tour de Grace de grogner.

  — Oh, non, Ange, je t’en supplie. Pas elle! C’est une petite… une fille très bizarre.

  Grace a eu le malheur de sortir avec Michelle et moi alors que Michelle était en train de se remettre de sa rupture avec Eddie. Grace était revenue à Brooklyn pour le week-end avec un nouveau petit ami, l’archétype du mec de Long Island. Que Michelle s’est empressée d’essayer de lui piquer. Mais tout ça remonte si loin…

  Je prends la défense de ma collègue.

  — Elle a beaucoup changé. Elle est plus… stable depuis qu’elle s’est mariée. Et puis, ces derniers temps, j’ai fait quelques virées avec elle.

  Je me remémore cette fameuse nuit où nous avons bu, fumé et comploté pour nous dégoter un mec dans un bar du coin. Sans parler de notre petite expédition pour me dénicher une bague…

  — Bon, d’accord. Mais je t’aurai prévenue !

  A ma grande surprise, Michelle a sauté de joie. Pourtant, je dois bien l’avouer, j’ai lancé l’invitation du bout des lèvres. J’ai encore en tête l’avertissement de Grace.

  — Ça nous rappellera le bon vieux temps ! dit-elle en faisant allusion à notre brève amitié de lycée.

  Nous revoilà copines comme avant, me dis-je, le vendredi soir en attendant Grace et Claudia devant le Spectrum Lounge de Mercer Street. Michelle porte une robe noire assez clinquante, et le tissu élastique (on dirait un peu du Lycra) moule ses formes. De toute évidence, elle ne s’est pas remise de l’ère du disco. Ça m’a fait un choc, car au boulot, elle s’habille à peu près normalement.

  Je suppose qu’elle n’a pas dû sortir souvent, ces derniers temps. Et ses cheveux ! Aqua Net serait-elle toujours la marque de laque officielle de la Reine de beauté de Brooklyn ? J’ai peur qu’elle n’arrive pas à passer la porte avec cette coiffure… Ni même à franchir le cordon rouge de sécurité, quand je vois le grand costaud tout de noir vêtu faire le tri des gens qu’il autorisera ou non à pousser la porte de verre fumé.

  Remarquez, c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité… Mes cheveux ne sont pas mieux. Malgré mes vingt minutes épuisantes de brushing pour les avoir raides comme l’exige la tendance, la chaleur pesante menace de ruiner tous mes efforts. Heureusement que ma tenue rattrape le reste… Un haut Calvin Klein avec une jupe droite noire et des sandales à lanières. Le look pin-up de Marilyn !

  C'est alors que j’ai une vision. Celle de Grace émergeant de son taxi, Claudia sur les talons. Ses cheveux blonds coupés court sont savamment ébouriffés, le look je viens-de-sortir-du-lit (ce qui n’est pas impossible maintenant que Billy le Tombeur est revenu dans les parages). Elle a des jambes de six kilomètres de long sous une robe gris argenté qui fait briller ses yeux. Dieu qu’elle est belle ! Surtout accompagnée de Claudia drapée dans un tissu noir de la tête aux pieds. Avec ses longs cheveux raides et ses yeux sombres très maquillés, Claudia a un air gothique hyperbranché. Seules fausses notes à ce look de bohémienne : ses traits racés d’aristocrate et les diamants qui scintillent à ses oreilles et autour de son cou.

  Grace se penche vers moi pour me serrer dans ses bras.

  — Salut, Ange !

  Puis elle avise Michelle et l’embrasse à son tour.

  — Bonjour, Michelle. Ça fait un moment qu’on ne s’était pas vues.

  Peu importe l’opinion que Grace a de Michelle, vous ne la verrez jamais être désagréable avec une fille qui vient comme elle de Brooklyn.

  J’essaie de suivre le mouvement et je me penche vers Claudia, qui m’arrête dans mon élan en m’agitant la main sous le nez.

  — Coucou, Angela. Tu es jolie comme un cœur.

  Jolie comme un cœur ? Tout à coup, j’ai l’impression d’avoir douze ans, surtout quand je me retrouve serrée avec Michelle contre Grace et Claudia. Grace éblouit le portier en lui décochant son sourire de star et lui donne nos noms pour qu’il vérifie si nous sommes bien sur la liste des invités. Je pense qu’il nous aurait laissées entrer de toute façon, si j’en crois le sourire qu’il rend à Grace en nous laissant passer.

  Ça me rappelle le bon vieux temps. En entrant dans la pièce aux lumières tamisées, Grace attire tous les regards. Je me souviens combien il était difficile pendant des années de vivre dans son sillage. Où qu’elle se trouve, Grace accaparait l’attention. Tous les hommes tombaient sous le charme… J’avais souvent la sensation de n’être qu’un faux pli dans le tapis à force de les voir buter sur moi pour aller la rejoindre !

  Finalement, en la regardant évoluer vers le bar, je me dis que rien n’a changé. Je suis condamnée à la suivre, à voir tous ces regards s’attarder sur elle puis glisser rapidement sur les autres. Nous tombons une à une dans l’ombre de son sillage…

  Je me dis que j’ai de la chance d’avoir Kirk.

  Grace se dirige vers le bar en tortillant du popotin et se tourne vers Claudia.

  — Un Bacardi O Cosmo ?

  — La même chose pour moi !

  — Pour moi aussi, lance Michelle.

  Elle n’a pas envie de rester à l’écart.

  Le barman nous sert nos cocktails. Il a à peine fini que Michelle joue des coudes pour se retrouver en première ligne.

  — Tenez, c’est pour vous ! dit-elle en tendant une poignée de pièces au barman.

  Dépenser l’argent de Frankie ne lui pose pas de problème ! Mais je lui suis reconnaissante de sa générosité. C'est que, avec tout ce que j’ai dépensé, mon bas de laine est pratiquement vide.

  Au moment où Michelle trinque avec Grace pour porter un toast en l’honneur du dieu Sexe (une idée de Claudia), je surprends dans son regard un sentiment de malaise. Michelle doit se sentir encore plus gênée que moi. Peut-être a-t-elle senti que Grace ne la portait pas réellement dans son cœur. A moins qu’elle ne se sente un peu empruntée parce qu’elle n’est plus habituée à fréquenter les bars. En tout cas, la voilà qui descend d’une seule traite la moitié de son verre !

  Mais je n’ai pas le temps de m’abîmer dans mes pensées. Soudain, je vois surgir devant moi le plus beau spécimen de Latino que j’aie jamais vu ! Les épaules carrées, une épaisse chevelure noire, des yeux bruns magnifiques.

  — Vous dansez ?

  Je regarde autour de moi. Est-ce bien à moi qu’il parle ? Je surprends le regard de Grace, qui lève son verre à ma santé en murmurant : « Vas-y ! »

  Je me retourne vers l’homme. Ses yeux continuent à me sourire… Je pose mon verre sur le comptoir et je dis à Michelle :

  — Tiens, prends mon sac !

  Mon geste a été si brutal que j’ai failli l
ui donner un coup dans la poitrine.

  Je me retrouve au milieu de la piste de danse, les hanches collées à celles d’un homme que je connais à peine mais qui me dévore des yeux comme s’il ne demandait pas mieux que de faire plus ample connaissance. Si vous voyez ce que je veux dire…

  Je me dis que c’est une simple danse, en toute innocence. Mais s’il y a une seule danse qui mérite le qualificatif d’« innocente », ce n’est sûrement pas la salsa ! Et je le sais très bien. Que voulez-vous faire avec un homme qui presse d’une main ferme votre postérieur tout en bougeant son corps en rythme ? Autant dire qu’il n’y a pas un souffle d’air qui passe entre nous, car lorsque je commence à danser, je cherche toujours mes marques, pour bien saisir le tempo.

  Question rythme, plus de problème. Nous n’avons plus qu’un seul but : profiter du moment, nous amuser comme des petits fous, comme s’il n’y avait que nous sur la piste. C'est vrai que j’adore la salsa… Pourquoi m’être privée de ce plaisir depuis si longtemps ? Il faut que j’arrive à convaincre Kirk de prendre quelques cours. Mais non, que je suis bête! Il a horreur de danser.

  Le rythme devient plus frénétique, et je n’ai plus le temps de penser à Kirk. Je relève le défi. Je réussis même à faire quelques piqués tout à fait réussis. C’est fou ce que tout ça me paraît simple à présent. C’est grâce à mes exercices quotidiens du matin ; je sens que mes bras et mes jambes ont gagné en force et en souplesse. Nous nous mettons à tourner en riant comme des fous, et nos corps se frôlent encore et encore sous la lumière des spots. Je m’amuse tellement que je n’ai même pas vu Grace nous rejoindre sur la piste au bras d’un mec aussi craquant que le mien. Arrivée à ma hauteur, elle s’approche de mon oreille et murmure :

  — Fais quand même gaffe avec ces Latinos ! Au bout de trois danses, ils t’imaginent déjà dans leur lit.

 

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