Opération bague au doigt

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Opération bague au doigt Page 23

by Lynda Curnyn


  Mamma mia !

  — Allez, viens !

  Pendant que je la traîne dehors, elle fait des petits signes joyeux à José.

  — Salut, Javier ! crie-t-elle à tue-tête.

  Je la pousse en vitesse derrière la porte et je lui fais monter tant bien que mal les marches. La voilà qui se penche en avant pour essayer d’articuler une phrase qui tient debout (elle)!

  — Je comprends pas, Ange, avant t’étais drôlement marrante. Pourquoi t’es devenue comme ça ? Tu te rappelles, on s’amusait bien, moi et Eddie, toi et… Vincent… Ah, c’était vraiment le bon temps !

  Et elle pousse un soupir à fendre l’âme.

  — Il est fini, le bon temps !

  Et bon débarras. Quand j’y pense… Ce que j’ai pu angoisser à cause de Vincent ! Est-ce qu’il m’aime? Est-ce qu’on va finir nos vieux jours ensemble ? Ça n’avait aucun intérêt…

  Oui, cette époque est révolue, Dieu merci.

  Michelle réussit comme par enchantement à retrouver un certain équilibre en atteignant le haut des marches, mais je n’ai pas trop confiance. Des fois qu’elle aille déambuler là où on ne l’attend pas… Je lui attrape la main et je la conduis jusqu’au bar où Grace et Claudia sont toujours fidèles au poste en train de siroter des cocktails.

  — Ah, tu as fini par la trouver !

  Grace suit des yeux Michelle, qui s’adosse péniblement au comptoir, en tirant sur ses cheveux trop laqués. Et elle ferme les yeux.

  — Oui, et c’est une bonne chose! commente Claudia, qui porte une nouvelle fois son verre à ses lèvres.

  — Je vais la ramener à la maison.

  — Jusqu’à Brooklyn ?

  — Non, chez moi.

  Je me sens subitement épuisée à la seule pensée d’avoir à surveiller Michelle toute la nuit, à m’assurer qu’elle ne va pas s’étouffer en vomissant. Car je suis sûre que j’y aurai droit à la minute même où je la mettrai au lit ! Génial !

  Grace me décoche un regard qui signifie clairement : « Je te l’avais bien dit ! »

  — O.K. ! Dommage que tu ne puisses pas rester, on s’amusait pourtant bien. Ça fait tellement longtemps que nous n’avions pas eu l’occasion de sortir entre filles.

  Je suis heureuse que Grace fasse cette constatation. Ça me remonte un peu le moral au moment où je lui dis au revoir. J’ai même droit à une accolade de Claudia, qui m’embrasse « dans le vide ». De là à dire si c’est par pure solidarité entre filles qui se sont éclatées toute la nuit, ou à cause de tous les Cosmo qu’elle a descendus, c’est trop me demander…

  Une fois dehors, l’air frais de la nuit me retape. Je me dis que je ne ferai plus jamais ça, plus jamais ! Je regarde toute cette foule qui se bat bec et ongles pour pouvoir entrer.

  J’ai une bonne raison de ne plus aller en boîte. Et je pousse un énorme soupir de soulagement en pensant à Kirk, qui dort paisiblement chez lui comme j’aurais dû le faire, à ses côtés.

  Mais j’ai autre chose à faire dans l’immédiat.

  Je traîne sur le trottoir une Michelle aux yeux bouffis de sommeil, et je lève la main pour héler un taxi.

  Quelques instants plus tard, une fois confortablement installée sur la banquette arrière d’une voiture, je donne rapidement mon adresse au chauffeur.

  — Non, non ! Pas question ! proteste Michelle. Je dois rentrer chez moi.

  — Ça suffit. Tu vas dessoûler chez moi, c’est compris ?

  Je jette un coup d’œil en direction du chauffeur qui commence à s’impatienter. Il nous regarde d’un sale œil derrière la vitre, ou plutôt la cloison en plastique qui nous sépare.

  — Non ! pleurniche Michelle. Frankie va me tuer.

  Je soupire.

  — Bon, d’accord. Mais tu crois que tu arriveras à rentrer toute seule ?

  — Sans problème !

  Sur ce, elle s’enfonce un peu plus dans son siège en me faisant un petit signe.

  — Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, tout se passera bien ! renchérit le chauffeur.

  Il jette un regard gourmand sur toute cette chair qui s’échappe de la robe de ma copine, avachie sur sa banquette.

  Bon, j’ai compris. Je me dis que je ne peux décemment pas laisser Michelle à la merci de ce mec. Il a les yeux tellement exorbités qu’à côté de lui, José, le petit copain de Michelle, pourrait passer pour un boy-scout !

  Quelque chose me dit que nous allons prendre toutes les deux le chemin de Brooklyn.

  12

  Aux grands maux, les grands remèdes !

  2 h 30 du matin. Je me retrouve avec trente-cinq dollars de moins en poche sur le palier du charmant quatre pièces de Michelle à Marine Park, le doigt sur la sonnette de la porte d’entrée. Apparemment, Michelle ne s’est pas contentée de perdre, ou de dépenser, l’argent qu’elle avait fourré dans son minuscule sac du soir. Elle a aussi perdu ses clés.

  Soudain, le salon s’illumine et la porte s’ouvre sur un Frankie Delgrosso en T-shirt et pantalon de jogging gris qui ont connu des heures plus glorieuses… Il a les cheveux beaucoup plus clairsemés et la panse un peu plus ronde que dans mes souvenirs. Son visage, en revanche, est toujours aussi beau.

  Beau peut-être, mais en rogne ! Il tonne :

  — Qu’est-ce que tu foutais à cette heure-là ? Ne me dis pas que tu as encore perdu tes clés !

  Michelle, qui dormait presque debout, est maintenant bien réveillée. Elle évite son regard comme une gamine de dix ans qu’on vient de prendre, en flagrant délit, les doigts dans le pot de confiture. Et justement, son Frankie de mari voudrait bien savoir où elle a mis les mains ce soir.

  Je tente une explication.

  — Elle a peut-être un peu forcé sur la boisson.

  Il me regarde comme s’il venait de s’apercevoir de ma présence.

  — Salut, Angie. Ça va ? Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vus, hein ?

  En effet. Très longtemps, sans doute depuis le mariage.

  Je me penche en avant pour accuser réception du baiser mouillé qu’il me colle sur la joue.

  — Et toi, Frankie, ça va ?

  — Je suis désolé pour tout ça. J’espère qu’elle n’a pas gâché l’enterrement de ta vie de jeune fille.

  Ce disant, il ne quitte pas Michelle des yeux. Elle s’est assise pour être plus à l’aise.

  « Mais qu’est-ce qu’il raconte ? » Je crois que j’ai compris ce que Michelle a trouvé comme prétexte pour justifier son équipée nocturne à New York. Quelle idiote ! Pourquoi se croit-elle obligée de mentir ?

  En la regardant, je me dis que Michelle n’a probablement pas dit un mot de vrai à Frankie depuis le « oui » du mariage ! Et encore, je me demande si ce mot a vraiment un sens pour elle, après son petit rendez-vous galant de ce soir dans les toilettes de la boîte.

  Le visage de Frankie a changé d’expression. Il est tout sourire avec moi.

  — Au fait, toutes mes félicitations ! Alors la petite Angie DiFranco se décide enfin à se ranger…

  Il se met à rire comme si cette idée l’amusait.

  — … nous pensions que tu ne te marierais jamais.

  Puisqu’il faut rire, rions ! Je me force à glousser en prenant bien soin de cacher ma main gauche derrière mon dos. C’est que je n’ai pas de bague au doigt !

  — Eh oui, mais tu sais ce que c’est, ça finit toujours par arriver un jour, pas vrai ?

  — Si.

  Je le sens résigné. Il se tourne de nouveau vers Michelle, qui s’est mise en boule pour dormir là, sur l’escalier de brique. Frankie se penche et, la soulevant comme une plume, il la charge sur son épaule. Puis, conscient jusqu’au bout de son rôle d’hôte, il m’invite à entrer.

  — Oh, non ! Je m’en vais…, je dors chez ma mère.

  Il contemple la rue plongée dans l’obscurité.

  — Tu es sûre ? Il est tard, je peux t’appeler une voiture.

  — Non, je t’assure. C’est à trois pas d'ici.

  Difficile de lui avouer qu’après notre équipée p
our Marine Park, je suis complètement fauchée.

  Frankie claque la porte derrière moi, m’abandonnant à mon destin. « A trois pas d'ici » ? La bonne blague! Il va falloir que je me tape des kilomètres dans Brooklyn, en pleine nuit, un vendredi à 2 h 30 du matin ! Et il n’y a pas un chat dans les rues.

  Après tout, c’est mon ancien quartier… Cette pensée me revigore un peu. Je passe devant les maisons en brique qui me sont si familières, prenant même le temps de m’arrêter devant l’une d’elles que je connais tout particulièrement. Celle de Vincent.

  Cette maison est toujours la sienne. C’est drôle, non ? Après son mariage, il a emménagé à l’étage supérieur avec sa femme. L’idée de passer le restant de ses jours à deux pas de ses parents ne lui a pas posé de problèmes. Ça tient à son éducation. Je lève la tête vers la fenêtre du troisième étage, et je vois une sorte de halo bleu tremblotant. C’est un écran de télé, et je suis certaine que c’est la chambre de Vincent. Il n’a pas changé, c’est toujours un oiseau de nuit comme je l’étais moi-même à l’époque où nous sortions ensemble… Je me demande si sa femme est une couche-tard, elle aussi, ou si elle se contente de dormir à ses côtés du sommeil du juste.

  Est-il heureux ? Je pense que oui. Il a la vie qu’il souhaitait : il est marié, il a une maison pleine d’enfants… et une très bonne situation, si l’on en juge par la camionnette de la Brooklyn Union Gas garée devant la maison.

  Moi, j’ai toujours rêvé d’une autre vie.

  J'entends une petite voix me souffler : « Et tu l'as eue ? »

  — Bien sûr !

  J’ai presque crié… et l’écho de ma voix me revient dans le calme de la nuit. Je sursaute. N’oublions pas que je suis dans une rue complètement déserte. Il n’y a pas âme qui vive.

  Alors, me direz-vous, qui donc essaies-tu de convaincre ?

  En me voyant apparaître sur le perron de sa porte, ma mère n’en revient pas.

  — Bonjour, m’man.

  J’ai l’air naturel, comme si je trouvais normal de débarquer sans prévenir, en pleine nuit.

  — Angela ! Qu’y a-t-il ? Mon Dieu, tu vas bien ?

  Elle m’enveloppe le visage de ses mains et me regarde dans les yeux, morte d’angoisse.

  — Mais oui, ça va très bien !

  J’échappe à son étreinte et je pénètre dans l’entrée. Je regarde mon reflet dans le miroir : les yeux injectés de sang, les joues pâles, les lèvres blêmes (plus aucune trace de rouge à lèvres). Pas étonnant que maman soit inquiète. J’ai une tête à faire peur ! En me voyant, Dracula prendrait ses jambes à son cou.

  Ma mère m’embrasse à m’étouffer, comme si je venais de sortir indemne d’un accident de voiture. A dire vrai, j’ai l’impression d’avoir eu un accident de voiture! Mon corps est tout endolori et je tombe d’épuisement. J’ai peut-être un peu trop forcé sur la salsa… Sans parler de tout l’alcool que j’ai absorbé et qui commence à me donner mal à la tête. On dirait qu’on me donne des coups de marteau sur les tempes.

  Maman recule d’un pas et m’étudie comme si elle s’attendait à trouver sur mon corps des brûlures du troisième degré.

  — Il y a eu le feu ? Tu sens la fumée !

  — Non, pas du tout.

  Je me sens prise en faute. C’est vrai que je pue la cigarette.

  Bien entendu, elle en tire la conclusion qui s’impose.

  — Angela, ne me dis pas que tu as recommencé à fumer. Pense à ton père, qu’il repose en paix, le pauvre. Que dirait-il ?

  — M’man, comment veux-tu qu’il dise quelque chose! Il serait peut-être temps de te mettre dans la tête qu’il n’est plus là.

  Je regrette aussitôt mes paroles en lisant la tristesse dans ses yeux.

  — Je veux te l’entendre dire, ma fille. Qu’il repose en paix!

  Toujours cette vieille superstition… D’après elle, si on ne prononce pas cette phrase chaque fois qu’on prononce le nom d’un défunt, on risque de perdre son âme à jamais.

  Je marmonne : « Qu’il repose en paix ! » en me haïssant de croire à moitié à toutes ces superstitions insensées.

  — Maintenant, tu vas me dire ce que tu fabriques ici à…

  Elle jette un coup d’œil sur la pendule qui trône sur le dessus de cheminée du salon.

  — … à 3 heures du matin !

  — Je suis sortie avec Grace et Michelle. Et…

  — Michelle ? Et où était Frankie ?

  — Chez lui. C’était une sortie entre filles. Nous sommes juste allées danser…

  — Tu es sortie à Brooklyn ?

  Je commence à en avoir ras le bol de toutes ces questions ! On dirait un interrogatoire.

  — Mais non, nous sommes allées en ville. Comme Michelle avait un peu trop bu, j’ai préféré la raccompagner jusque chez elle.

  — C’est vrai ? Ça ne lui ressemble pas. J'espère que ce n'est pas toi qui l’as influencée. Tu sais que sa mère n’aimait pas trop la voir traîner avec Grace et toi. C’est que vous faisiez une drôle d’équipe quand vous étiez plus jeunes !

  — Grace et moi ?

  Subitement, j’ai envie de lui dire dans quel état elle était ce soir, sa Michelle ! Elle la prend pour une sainte ou quoi ?

  Heureusement, ma mère change de sujet. Ça m’évite d’avoir à dire des horreurs sur ma collègue et ternir définitivement sa réputation.

  — Tu veux manger quelque chose ? Viens dans la cuisine, je vais te faire un peu de pastina.

  Une fois assise à table devant un bol fumant de pastina, je me sens tout à coup très heureuse d’être à Brooklyn. Ça fait une éternité que je n'ai pas dégusté de pastina ! Je plonge ma cuiller dans le bol pour prendre une bouchée de ces nouilles au beurre avec une pensée émue pour ma mère. Quelle cuisinière ! C’est un plat très simple — des pâtes minuscules, du beurre, peut-être un peu de lait, et c’est tout.

  Mais c’est un pur délice !

  Mon euphorie est de courte durée… Après avoir nettoyé ses ustensiles de cuisine, ma mère s’assied à table en face de moi, le regard sévère.

  — Tu peux me dire où est Kirk ce soir ?

  — Chez lui. Il avait du travail à finir avant notre… notre départ.

  Pas la peine d’évoquer le nom des Stevens et tout ce que ça implique. Récemment, ma mère m’a déjà fait savoir par téléphone ce qu’elle pense de cette petite incursion chez les parents de Kirk. A commencer par le voyage en avion, qui la terrifie encore plus que moi, car elle n’a jamais mis le pied dans un avion.

  Dieu merci, elle passe à autre chose…

  — Vous n’étiez donc que trois : Michelle, Grace et toi.

  — Il y avait aussi la patronne de Grace, Claudia.

  — Je la connais ?

  Décidément, il faut toujours qu’elle se mêle de mes affaires, qu’elle s’assure que je n’ai pas de mauvaises fréquentations.

  — Non, mais… c’est quelqu’un de bien. Elle possède un appartement dans l’Upper East Side.

  C’est vraiment la seule qualité que j’arrive à lui trouver. Après tout, être propriétaire d’un bien immobilier à New York, de nos jours, ce n’est pas rien. Même si elle l’est devenue parce que son mari se sentait coupable de l’avoir plaquée pour une fille de vingt ans de moins qu’elle…

  — Et Gracie, comment va-t-elle ?

  — Bien.

  C’est le moins qu’on puisse dire après l’avoir vue comme moi s’agiter sur la piste de danse, au bord de la transe… comme si elle avait quelques démons à exorciser.

  — Est-elle toujours avec ce charmant garçon dont elle m'a parlé la dernière fois qu’elle est venue dîner ici ? C’était quoi, son nom, déjà ?

  — Drew. Euh, non, ils ont rompu.

  J’ai le sentiment que c’est lui, le démon que Grace cherche à exorciser. Et je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi, malgré cette histoire de sexe en chaussettes…

  — Quel dommage ! s’exclame ma mère.

  Tiens, on dirait que nous so
mmes sur la même longueur d’ondes, toutes les deux…

  — … mais elle trouvera quelqu’un d’autre. Celle-ci, elle se débrouille toujours pour en avoir un. C’est peut-être ça, son problème : notre Gracie n’a que l’embarras du choix !

  — Peut-être.

  Je commence à me poser des questions sur ma liaison avec Kirk. Et si je restais avec lui uniquement parce que j’ai l’impression de ne pas avoir d’autre choix ?

  Mais non, c’est ridicule ! Rappelle-toi tous ces hommes qui t’ont invitée à danser. Ce soir, j’avais vraiment la pêche, et ils le sentaient… Jamais je ne me suis sentie désirée par autant de mecs à la fois. Je me demande s’ils n’ont pas flairé que j’étais déjà à moitié fiancée. Eh bien dites-moi, quand j’aurais la bague au doigt, qu’est-ce que ce sera ! Je serai obligée de les virer à coups de canne.

  Curieusement, cette pensée ne m’apaise pas. Pourquoi les hommes font-ils toujours le contraire de ce qu’on attend ? Ils ont envie de vous quand ce n’est pas le moment, et ils ne veulent rien entendre dès que vous voulez leur mettre la main dessus pour le restant de vos jours. Quand je pense que je vais faire la connaissance des parents de Kirk le prochain week-end… Depuis que cette décision historique a été prise, mes doigts suffisent amplement à compter le nombre d’heures que nous avons passées ensemble ! J’ai déjà beaucoup de mal à croire que j’ai un petit ami, alors un futur mari, vous imaginez !

  Bon, les idées noires, ça va comme ça.

  Je repousse mon bol (vide) de pastina.

  — Merci, m'man. C’était superbon !

  Elle me sourit, les yeux tirés.

  — Je suis désolée de t’avoir réveillée, et de…

  — Moi ? Mais je ne dormais pas.

  Et elle fait un vague geste de la main, l’air de dire que les insomnies, elle a l’habitude. Et nous ne sommes sans doute pas loin de la vérité. Par moments, j’ai l’impression qu’elle n’a pas fermé les yeux depuis cette horrible nuit où mon père a fermé les siens pour toujours.

  — Les frasques de ta grand-mère m’ont obligée à rester debout toute la nuit. Si je te disais que la voiture d’Artie Matarrazzo était encore garée devant la maison une quinzaine de minutes avant ton arrivée !

 

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