Narr'Havas doutait de la fidélité de ses Numides. D'ailleurs les Barbares pouvaient les vaincre. Une faiblesse étrange l'avait pris ; à chaque moment, il buvait de larges coupes d'eau.
Mais un homme qu'il ne connaissait pas ouvrit sa tente, et déposa par terre une couronne de sel gemme, ornée de dessins hiératiques faits avec du soufre et des losanges de nacre ; on envoyait quelquefois au fiancé sa couronne de mariage : c'était une preuve d'amour, une sorte d'invitation.
Cependant la fille d'Hamilcar n'avait point de tendresse pour Narr'Havas.
Le souvenir de Mâtho la gênait d'une façon intolérable ; il lui semblait que la mort de cet homme débarrasserait sa pensée, comme pour se guérir de la blessure des vipères, on les écrase sur la plaie. Le roi des Numides était dans sa dépendance ; il attendait impatiemment les noces, et comme elles devaient suivre la victoire, Salammbô lui faisait ce présent afin d'exciter son courage. Alors ses angoisses disparurent, et il ne songea plus qu'au bonheur de posséder une femme si belle.
La même vision avait assailli Mâtho ; mais il la rejeta tout de suite, et son amour, qu'il refoulait, se répandit sur ses compagnons d'armes. Il les chérissait comme des portions de sa propre personne, de sa haine, — et il se sentait l'esprit plus haut, les bras plus forts ; tout ce qu'il fallait exécuter lui apparut nettement. Si parfois des soupirs lui échappaient, c'est qu'il pensait à Spendius.
Il rangea les Barbares sur six rangs égaux. Au milieu, il établit les Etrusques, tous attachés par une chaîne de bronze, les hommes de trait se tenaient par-derrière, et sur deux ailes il distribua des Naffur, montés sur des chameaux à poils ras, couverts de plumes d'autruche.
Le Suffète disposa les Carthaginois dans un ordre pareil. En dehors de l'infanterie, près des vélites, il plaça les Clinabares, au-delà les Numides ; quand le jour parut, ils étaient les uns et les autres ainsi alignés face à face. Tous, de loin, se contemplaient avec leurs grands yeux farouches. Il y eut d'abord une hésitation. Enfin les deux armées s'ébranlèrent.
Les Barbares s'avançaient lentement, pour ne point s'essouffler, en battant la terre avec leurs pieds ; le centre de l'armée punique formait une courbe convexe. Puis un choc terrible éclata, pareil au craquement de deux flottes qui s'abordent. Le premier rang des Barbares s'était vite entrouvert, et les gens de trait, cachés derrière les autres, lançaient leurs balles, leurs flèches, leurs javelots. Cependant, la courbe des Carthaginois peu à peu s'aplatissait, elle devint toute droite, puis s'infléchit ; alors les deux sections des vélites se rapprochèrent parallèlement, comme les branches d'un compas qui se referme. Les Barbares, acharnés contre la phalange, entraient dans sa crevasse ; ils se perdaient. Mâtho les arrêta, — et tandis que les ailes carthaginoises continuaient à s'avancer, il fit écouler en dehors les trois rangs intérieurs de sa ligne ; bientôt ils débordèrent ses flancs, et son armée apparut sur une triple longueur.
Mais les Barbares placés aux deux bouts se trouvaient les plus faibles, ceux de la gauche surtout, qui avaient épuisé leurs carquois, et la troupe des vélites, enfin arrivée contre eux, les entamait largement.
Mâtho les tira en arrière. Sa droite contenait des Campaniens armés de haches ; il la poussa sur la gauche carthaginoise ; le centre attaquait l'ennemi et ceux de l'autre extrémité, hors de péril, tenaient les vélites en respect.
Alors Hamilcar divisa ses cavaliers par escadrons, mit entre eux des hoplites, et il les lâcha sur les Mercenaires.
Ces masses en forme de cône présentaient un front de chevaux, et leurs parois plus larges se hérissaient toutes remplies de lances. Il était impossible aux Barbares de résister ; seuls, les fantassins grecs avaient des armures d'airain ; tous les autres, des coutelas au bout d'une perche, des faux prises dans les métairies, des glaives fabriqués avec la jante d'une roue ; les lames trop molles se tordaient en frappant, et pendant qu'ils étaient à les redresser sous leurs talons, les Carthaginois, de droite et de gauche, les massacraient commodément.
Mais les Etrusques, rivés à leur chaîne, ne bougeaient pas ; ceux qui étaient morts, ne pouvant tomber, faisaient obstacle avec leurs cadavres ; et cette grosse ligne de bronze tour à tour s'écartait et se resserrait, souple comme un serpent, inébranlable comme un mur. Les Barbares venaient se reformer derrière elle, haletaient une minute, — puis ils repartaient, avec les tronçons de leurs armes à la main.
Beaucoup déjà n'en avaient plus, et ils sautaient sur les Carthaginois qu'ils mordaient au visage, comme des chiens. Les Gaulois, par orgueil, se dépouillèrent de leurs sayons ; ils montraient de loin leurs grands corps tout blancs ; pour épouvanter l'ennemi, ils élargissaient leurs blessures. Au milieu des syntagmes puniques on n'entendait plus la voix du crieur annonçant les ordres ; les étendards au-dessus de la poussière répétaient leurs signaux, et chacun allait, emporté dans l'oscillation de la grande masse qui l'entourait.
Hamilcar commanda aux Numides d'avancer. Mais les Naffur se précipitèrent à leur rencontre.
Habillés de vastes robes noires, avec une houppe de cheveux au sommet du crâne et un bouclier en cuir de rhinocéros, ils manoeuvraient un fer sans manche retenu par une corde ; et leurs chameaux, tout hérissés de plumes, poussaient de longs gloussements rauques. Les lames tombaient à des places précises, puis remontaient d'un coup sec, avec un membre après elles. Les bêtes furieuses galopaient à travers les syntagmes. Quelques-unes, dont les jambes étaient rompues, allaient en sautillant, comme des autruches blessées.
L'infanterie punique tout entière revint sur les Barbares ; elle les coupa. Leurs manipules tournoyaient, espacées les unes des autres. Les armes des Carthaginois plus brillantes les encerclaient comme des couronnes d'or ; un fourmillement s'agitait au milieu, et le soleil, frappant dessus, mettait aux pointes des glaives des lueurs blanches qui voltigeaient. Cependant, des files de Clinabares restaient étendues sur la plaine ; des Mercenaires arrachaient leurs armures, s'en revêtaient, puis ils retournaient au combat. Les Carthaginois, trompés, plusieurs fois s'engagèrent au milieu d'eux. Une hébétude les immobilisait, ou bien ils refluaient, et de triomphantes clameurs s'élevant au loin avaient l'air de les pousser comme des épaves dans une tempête. Hamilcar se désespérait ; tout allait périr sous le génie de Mâtho et l'invincible courage des Mercenaires !
Mais un large bruit de tambourins éclata dans l'horizon. C'était une foule, des vieillards, des malades, des enfants de quinze ans et même des femmes qui, ne résistant plus à leur angoisse, étaient partis de Carthage, et, pour se mettre sous la protection d'une chose formidable, ils avaient pris, chez Hamilcar, le seul éléphant que possédait maintenant la République, celui dont la trompe était coupée.
Alors il sembla aux Carthaginois que la Patrie, abandonnant ses murailles, venait leur commander de mourir pour elle. Un redoublement de fureur les saisit, et les Numides entraînèrent tous les autres.
Les Barbares, au milieu de la plaine, s'étaient adossés contre un monticule. Ils n'avaient aucune chance de vaincre, pas même de survivre ; mais c'étaient les meilleurs, les plus intrépides et les plus forts.
Les gens de Carthage se mirent à envoyer, par-dessus les Numides, des broches, des lardoires, des marteaux ; ceux dont les consuls avaient eu peur mouraient sous des bâtons lancés par des femmes ; la populace punique exterminait les Mercenaires.
Ils s'étaient réfugiés sur le haut de la colline. Leur cercle, à chaque brèche nouvelle, se refermait ; deux fois il descendit, une secousse le repoussait aussitôt ; et les Carthaginois, pêle-mêle, étendaient les bras ; ils allongeaient leurs piques entre les jambes de leurs compagnons et fouillaient, au hasard, devant eux. Ils glissaient dans le sang ; la pente du terrain trop rapide faisait rouler en bas les cadavres. L'éléphant qui tâchait de gravir le monticule en avait jusqu'au ventre ; et sa trompe écourtée, large du bout, de temps à autre se levait, comme une énorme sangsue.
Puis tous s'arrêtèrent. Les Carthaginois, en grinçant des dents, contemplaient le haut de la colline où les Barbares se tenaient debout.
Enfin, ils s'élancèrent brusquement, et la mêlée recommença. Souvent les Mercenaires les laissaient approcher en leur criant qu'ils voulaient se rendre ; puis avec un ricanement effroyable, d'un coup, ils se tuaient, et à mesure que les morts tombaient, les autres pour se défendre montaient dessus. C'était comme une pyramide, qui peu à peu grandissait.
Bientôt ils ne furent que cinquante, puis que vingt, que trois et que deux seulement, un Samnite armé d'une hache, et Mâtho qui avait encore son épée.
Le Samnite, courbé sur ses jarrets, poussait alternativement sa hache de droite et de gauche, en avertissant Mâtho des coups qu'on lui portait. " Maître, par-ci ! par-là ! baisse-toi ! "
Mâtho avait perdu ses épaulières, son casque, sa cuirasse : il était complètement nu, — plus livide que les morts, les cheveux tout droits, avec deux plaques d'écume au coin des lèvres, — et son épée tournoyait si rapidement, qu'elle faisait une auréole autour de lui. Une pierre la brisa près de la garde ; le Samnite était tué et le flot des Carthaginois se resserrait, ils le touchaient. Alors il leva vers le ciel ses deux mains vides, puis il ferma les yeux, — et ouvrant les bras, comme un homme du haut d'un promontoire qui se jette à la mer, il se lança dans les piques.
Elles s'écartèrent devant lui. Plusieurs fois il courut contre les Carthaginois. Mais toujours ils reculaient, en détournant leurs armes.
Son pied heurta un glaive. Mâtho voulut le saisir. Il se sentit lié par les poings et les genoux, et il tomba.
C'était Narr'Havas qui le suivait depuis quelque temps, pas à pas, avec un de ces larges filets à prendre les bêtes farouches, et profitant du moment qu'il se baissait, il l'en avait enveloppé.
Puis on l'attacha sur l'éléphant, les quatre membres en croix ; et tous ceux qui n'étaient pas blessés, l'escortant, se précipitèrent à grand tumulte vers Carthage.
La nouvelle de la victoire y était parvenue, chose inexplicable, dès la troisième heure de la nuit ; la clepsydre de Khamon avait versé la cinquième comme ils arrivaient à Malqua ; alors Mâtho ouvrit les yeux. Il y avait tant de lumières sur les maisons que la ville paraissait toute en flammes.
Une immense clameur venait à lui, vaguement, et, couché sur le dos, il regardait les étoiles.
Puis une porte se referma, et des ténèbres l'enveloppèrent.
Le lendemain, à la même heure, le dernier des hommes restés dans le défilé de la Hache expirait.
Le jour que leurs compagnons étaient partis, les Zuaèces qui s'en retournaient avaient fait ébouler les roches, et ils les avaient nourris quelque temps.
Les Barbares s'attendaient toujours à voir paraître Mâtho, — et ils ne voulaient point quitter la montagne par découragement, par langueur, par cette obstination des malades qui se refusent à changer de place ; enfin, les provisions épuisées, les Zuaèces s'en allèrent. On savait qu'ils n'étaient plus que treize cents à peine, et l'on n'eut pas besoin, pour en finir, d'employer des soldats.
Les bêtes féroces, les lions surtout, depuis trois ans que la guerre durait, s'étaient multipliés. Narr'Havas avait fait une grande battue, puis courant sur eux, après avoir attaché des chèvres de distance en distance, il les avait poussés vers le défilé de la Hache ; — et tous maintenant y vivaient, quand arriva l'homme envoyé par les Anciens pour savoir ce qui restait des Barbares.
Sur l'étendue de la plaine, des lions et des cadavres étaient couchés, et les morts se confondaient avec des vêtements et des armures. A presque tous le visage ou bien un bras manquait ; quelques-uns paraissaient intacts encore ; d'autres étaient desséchés complètement et des crânes poudreux emplissaient des casques ; des pieds qui n'avaient plus de chair sortaient tout droit des cnémides, des squelettes gardaient leurs manteaux ; des ossements, nettoyés par le soleil, faisaient des taches luisantes au milieu du sable.
Les lions reposaient, la poitrine contre le sol et les deux pattes allongées, tout en clignant leurs paupières sous l'éclat du jour, exagéré par la réverbération des roches blanches. D'autres, assis sur leur croupe, regardaient fixement devant eux ; ou bien, à demi perdus dans leurs grosses crinières, ils dormaient roulés en boule, et tous avaient l'air repus, las, ennuyés. Ils étaient immobiles comme la montagne et comme les morts. La nuit descendait ; de larges bandes rouges rayaient le ciel à l'Occident.
Dans un de ces amas qui bosselaient irrégulièrement la plaine, quelque chose de plus vague qu'un spectre se leva. Alors un des lions se mit à marcher, découpant avec sa forme monstrueuse une ombre noire sur le fond du ciel pourpre ; — quand il fut tout près de l'homme, il le renversa, d'un seul coup de patte.
Puis étalé dessus à plat ventre, du bout de ses crocs, lentement, il étirait les entrailles.
Ensuite il ouvrit sa gueule toute grande, et durant quelques minutes il poussa un long rugissement, que les échos de la montagne répétèrent, et qui se perdit enfin dans la solitude.
Tout à coup, de petits graviers roulèrent d'en haut. On entendit un frôlement de pas rapides, — et du côté de la herse, du côté de la gorge, des museaux pointus, des oreilles droites parurent ; des prunelles fauves brillaient. C'étaient les chacals arrivant pour manger les restes.
Le Carthaginois, qui regardait penché au haut du précipice, s'en retourna.
Chapitre 15 MATHO
Carthage était en joie, — une joie profonde, universelle, démesurée, frénétique ; on avait bouché les trous des ruines, repeint les statues des Dieux, des branches de myrte parsemaient les rues, au coin des carrefours, l'encens fumait, et la multitude sur les terrasses faisait avec ses vêtements bigarrés comme des tas de fleurs qui s'épanouissaient dans l'air.
Le continuel glapissement des voix était dominé par le cri des porteurs d'eau arrosant les dalles ; des esclaves d'Hamilcar offraient, en son nom, de l'orge grillée et des morceaux de viande crue ; on s'abordait ; on s'embrassait en pleurant ; les villes tyriennes étaient prises, les Nomades dispersés, tous les Barbares anéantis. L'Acropole disparaissait sous des velariums de couleur ; les éperons des trirèmes, alignés en dehors du môle, resplendissaient comme une digue de diamants ; partout on sentait l'ordre rétabli, une existence nouvelle qui recommençait, un vaste bonheur épandu : c'était le jour du mariage de Salammbô avec le roi des Numides.
Sur la terrasse du temple de Khamon, de gigantesques orfèvreries chargeaient trois longues tables où allaient s'asseoir les Prêtres, les Anciens et les Riches, et il y en avait une quatrième plus haute, pour Hamilcar, pour Narr'Havas et pour elle ; car Salammbô par la restitution du voile ayant sauvé la Patrie, le peuple faisait de ses noces une réjouissance nationale, et en bas, sur la place, il attendait qu'elle parût.
Mais un autre désir, plus âcre, irritait son impatience : la mort de Mâtho était promise pour la cérémonie.
On avait proposé d'abord de l'écorcher vif, de lui couler du plomb dans les entrailles, de le faire mourir de faim ; on l'attacherait contre un arbre, et un singe, derrière lui, le frapperait sur la tête avec une pierre ; il avait offensé Tanit, les Cynocéphales de Tanit la vengeraient. D'autres étaient d'avis qu'on le promenât sur un dromadaire, après lui avoir passé en plusieurs endroits du corps des mèches de lin trempées d'huile ; — et ils se plaisaient à l'idée du grand animal vagabondant par les rues avec cet homme qui se tordrait sous les feux comme un candélabre agité par le vent.
Mais quels citoyens seraient chargés de son supplice et pourquoi en frustrer les autres ? On aurait voulu un genre de mort où la ville entière participât, et que toutes les mains, toutes les armes, toutes les choses carthaginoises, et jusqu'aux dalles des rues et aux flots du golfe pussent le déchirer, l'écraser, l'anéantir. Donc les Anciens décidèrent qu'il irait de sa prison à la place de Khamon, sans aucune escorte, les bras attachés dans le dos ; et il était défendu de le frapper au coeur, pour le faire vivre plus longtemps, de lui crever les yeux, afin qu'il pût voir jusqu'au bout sa torture, de rien lancer contre sa personne et de porter sur elle plus de trois doigts d'un seul coup.
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sp; Bien qu'il ne dût paraître qu'à la fin du jour, quelquefois on croyait l'apercevoir, et la foule se précipitait vers l'Acropole, les rues se vidaient, puis elle revenait avec un long murmure. Des gens, depuis la veille, se tenaient debout à la même place, et de loin ils s'interpellaient en se montrant leurs ongles, qu'ils avaient laissés croître pour les enfoncer mieux dans sa chair. D'autres se promenaient agités ; quelques-uns étaient pâles comme s'ils avaient attendu leur propre exécution.
Tout à coup, derrière les Mappales, de hauts éventails de plumes se levèrent au-dessus des têtes. C'était Salammbô qui sortait de son palais ; un soupir d'allégement s'exhala.
Mais le cortège fut longtemps à venir ; il marchait pas à pas.
D'abord défilèrent les prêtres des Patæques, puis ceux Eschmoûn, ceux de Melkartb et tous les autres collèges successivement, avec les mêmes insignes et dans le même ordre qu'ils avaient observé lors du sacrifice. Les pontifes de Moloch passèrent le front baissé, et la multitude, par une espèce de remords, s'écartait d'eux. Mais les prêtres de la Rabbetna s'avançaient d'un pas fier, avec des lyres à la main ; les prêtresses les suivaient dans des robes transparentes de couleur jaune ou noire, en poussant des cris d'oiseau, en se tordant comme des vipères ; ou bien au son des flûtes, elles tournaient pour imiter la danse des étoiles, et leurs vêtements légers envoyaient dans les rues des bouffées de senteurs molles. On applaudissait parmi ces femmes les Kedeschim aux paupières peintes, symbolisant l'hermaphrodisme de la Divinité, et parfumés et vêtus comme elles, ils leur ressemblaient malgré leurs seins plats et leurs hanches plus étroites. D'ailleurs le principe femelle, ce jour- là, dominait, confondait tout : une lasciveté mystique circulait dans l'air pesant ; déjà les flambeaux s'allumaient au fond des bois sacrés ; il devait y avoir pendant la nuit une grande prostitution ; trois vaisseaux avaient amené de la Sicile des courtisanes et il en était venu du désert.
Complete Works of Gustave Flaubert Page 143