Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 201

by Gustave Flaubert


  Il n’alla point à Troyes voir son ami, afin d’éviter les observations de sa mère. Puis, à la rentrée, il abandonna son logement et prit, sur le quai Napoléon, deux pièces, qu’il meubla. L’espoir d’une invitation chez les Dambreuse l’avait quitté ; sa grande passion pour Mme Arnoux commençait à s’éteindre.

  CHAPITRE 4

  Un matin du mois de décembre, en se rendant au cours de procédure, il crut remarquer dans la rue Saint-Jacques plus d’animation qu’à l’ordinaire. Les étudiants sortaient précipitamment des cafés, ou, par les fenêtres ouvertes, ils s’appelaient d’une maison à l’autre ; les boutiquiers, au milieu du trottoir, regardaient d’un air inquiet ; les volets se fermaient ; et, quand il arriva dans la rue Soufflot, il aperçut un grand rassemblement autour du Panthéon.

  Des jeunes gens, par bandes inégales de cinq à douze, se promenaient en se donnant le bras et abordaient les groupes plus considérables qui stationnaient çà et là ; au fond de la place, contre les grilles, des hommes en blouse péroraient, tandis que, le tricorne sur l’oreille et les mains derrière le dos, des sergents de ville erraient le long des murs, en faisant sonner les dalles sous leurs fortes bottes. Tous avaient un air mystérieux, ébahi ; on attendait quelque chose évidemment ; chacun retenait au bord des lèvres une interrogation.

  Frédéric se trouvait auprès d’un jeune homme blond, à figure avenante, et portant moustache et barbiche comme un raffiné du temps de Louis XIII. Il lui demanda la cause du désordre.

  — “Je n’en sais rien,” reprit l’autre, “ni eux non plus ! C’est leur mode à présent ! quelle bonne farce !”

  Et il éclata de rire.

  Les pétitions pour la Réforme, que l’on faisait signer dans la garde nationale, jointes au recensement Humann, d’autres événements encore, amenaient depuis six mois, dans Paris, d’inexplicables attroupements ; et même ils se renouvelaient si souvent, que les journaux n’en parlaient plus.

  — “Cela manque de galbe et de couleur”, continua le voisin de Frédéric. “Le cuyde, messire, que nous avons dégénéré ! A la bonne époque de Loys onzième, voire de Benjamin Constant, il y avait plus de mutinerie parmi les escholiers. le les treuve pacifiques comme moutons, bêtes comme cornichons, et idoines à estre épiciers, Pasque-Dieu ! Et voilà ce qu’on appelle la Jeunesse des écoles !”

  Il écarta les bras, largement, comme Frédéric Lemaître dans Robert Macaire.

  — “Jeunesse des écoles, je te bénis !”

  Ensuite, apostrophant un chiffonnier, qui remuait des écailles d’huîtres contre la borne d’un marchand de vin :

  — “En fais-tu partie, toi, de la Jeunesse des écoles ?”

  Le vieillard releva une face hideuse où l’on distinguait, au milieu d’une barbe grise, un nez rouge, et deux yeux avinés stupides.

  — “Non ! tu me parais plutôt un de ces hommes à figure patibulaire que l’on voit, dans divers groupes, semant l’or à pleines mains… Oh ! sème, mon patriarche, sème ! Corromps-moi avec les trésors d’Albion ! Are you English ? Je ne repousse pas les présents d’Artaxerxès Causons un peu de l’union douanière.”

  Frédéric sentit quelqu’un lui toucher à l’épaule ; il se retourna. C’était Martinon, prodigieusement pâle.

  — “Eh bien !” fit-il en poussant un gros soupir, encore une émeute ! "

  Il avait peur d’être compromis, se lamentait. Des hommes en blouse, surtout, l’inquiétaient, comme appartenant à des sociétés secrètes.

  — “Est-ce qu’il y a des sociétés secrètes,” dit le jeune homme à moustaches. “C’est une vieille blague du Gouvernement, pour épouvanter les bourgeois !”

  Martinon l’engagea à parier plus bas, dans la crainte de la police.

  — “Vous croyez encore à la police, vous ? Au fait, que savez-vous, monsieur, si je ne suis pas moi-même un mouchard ?”

  Et il le regarda d’une telle manière, que Martinon, fort ému, ne comprit point d’abord la plaisanterie. La foule les poussait, et ils avaient été forcés, tous les trois, de se mettre sur le petit escalier conduisant, par un couloir, dans le nouvel amphithéâtre.

  Bientôt la multitude se fendit d’elle-même ; plusieurs têtes se découvrirent ; on saluait l’illustre professeur Samuel Rondelot, qui, enveloppé de sa grosse redingote, levant en l’air ses lunettes d’argent et soufflant de son asthme, s’avançait à pas tranquilles, pour faire son cours. Cet homme était une des gloires judiciaires du XIXe siècle, le rival des Zacharioe, des Rudorff. Sa dignité nouvelle de pair de France n’avait modifié en rien ses allures. On le savait pauvre, et un grand respect l’entourait.

  Cependant, du fond de la place, quelques-uns crièrent :

  — “A bas Guizot !”

  — “A bas Pritchard !”

  — “A bas les vendus !”

  — “A bas Louis-Philippe !”

  La foule oscilla, et, se pressant contre la porte de la cour qui était fermée, elle empêchait le professeur d’aller plus loin. Il s’arrêta devant l’escalier. On l’aperçut bientôt sur la dernière des trois marches. Il parla ; un bourdonnement couvrit sa voix. Bien qu’on l’aimât tout à l’heure, on le haïssait maintenant, car il représentait l’Autorité. Chaque fois qu’il essayait de se faire entendre, les cris recommençaient. Il fit un grand geste pour engager les étudiants à le suivre. Une vocifération universelle lui répondit. Il haussa les épaules dédaigneusement et s’enfonça dans le couloir. Martinon avait profité de sa place pour disparaître en même temps.

  — “Quel lâche !” dit Frédéric.

  — “Il est prudent !” reprit l’autre.

  La foule éclata en applaudissements. Cette retraite du professeur devenait une victoire pour elle. A toutes les fenêtres, des curieux regardaient. Quelques-uns entonnaient la Marseillaise ; d’autres proposaient d’aller chez Béranger.

  — “Chez Laffite !”

  — “Chez Chateaubriand !”

  — “Chez Voltaire !” hurla le jeune homme à moustaches blondes.

  Les sergents de ville tâchaient de circuler, en disant le plus doucement qu’ils pouvaient :

  — “Partez, messieurs, partez, retirez-vous !”

  Quelqu’un cria :

  — “A bas les assommeurs !”

  C’était une injure usuelle depuis les troubles du mois de septembre. Tous la répétèrent. On huait, on sifflait les gardiens de l’ordre public ; ils commençaient à pâlir ; un d’eux n’y résista plus, et, avisant un petit jeune homme qui s’approchait de trop près, en lui riant au nez, il le repoussa si rudement, qu’il le fit tomber cinq pas plus loin, sur le dos, devant la boutique du marchand de vin. Tous s’écartèrent ; mais presque aussitôt il roula lui-même, terrassé par une sorte d’Hercule dont la chevelure, telle qu’un paquet d’étoupes, débordait sous une casquette en toile cirée.

  Arrêté depuis quelques minutes au coin de la rue Saint-Jacques, il avait lâché bien vite un large carton qu’il portait pour bondir vers le sergent de ville et, le tenant renversé sous lui, il labourait sa face à grands coups de poing. Les autres sergents accoururent. Le terrible garçon était si fort, qu’il en fallut quatre, au moins, pour le dompter. Deux le secouaient par le collet, deux autres le tiraient par les bras, un cinquième lui donnait, avec le genou, des bourrades dans les reins, et tous l’appelaient brigand, assassin, émeutier. La poitrine nue et les vêtements en lambeaux, il protestait de son innocence ; il n’avait pu, de sang-froid, voir battre un enfant.

  — “Je m’appelle Dussardier ! chez MM. Valinçart frères, dentelles et nouveautés, rue de Cléry. Où est mon carton ? Je veux mon carton” Il répétait : “Dussardier !… rue de Cléry. Mon carton !”

  Il s’apaisa pourtant, et, d’un air stoïque, se laissa conduire vers le poste de la rue Descartes. Un flot de monde le suivit. Frédéric et le jeune homme à moustaches marchaient immédiatement par derrière, pleins d’admiration pour le commis et révoltés contre la violence du Pouvoir.

  A mesure que l’on avançait, la foule devenai
t moins grosse.

  Les sergents de ville, de temps à autre, se retournaient d’un air féroce ; et les tapageurs n’ayant plus rien à faire, les curieux rien à voir, tous s’en allaient peu à peu. Des passants, que l’on croisait, considéraient Dussardier et se livraient tout haut à des commentaires outrageants. Une vieille femme, sur sa porte, s’écria même qu’il avait volé un pain ; cette injustice augmenta l’irritation des deux amis. Enfin on arriva devant le corps de garde. Il ne restait qu’une vingtaine de personnes. La vue des soldats suffit pour les disperser.

  Frédéric et son camarade réclamèrent, hardiment, celui qu’on venait de mettre en prison. Le factionnaire les menaça, s’ils insistaient, de les y fourrer eux-mêmes. Ils demandèrent le chef du poste, et déclinèrent leur nom avec leur qualité d’élèves en droit, affirmant que le prisonnier était leur condisciple.

  On les fit entrer dans une pièce toute nue, où quatre bancs s’allongeaient contre les murs de plâtre, enfumés. Au fond, un guichet s’ouvrit. Alors parut le robuste visage de Dussardier, qui, dans le désordre de sa chevelure, avec ses petits yeux francs et son nez carré du bout, rappelait confusément la physionomie d’un bon chien.

  — “Tu ne nous reconnais pas ?” dit Hussonnet. C’était le nom du jeune homme à moustaches.

  — “Mais…”, balbutia Dussardier.

  — “Ne fais donc plus l’imbécile”, reprit l’autre ; “on sait que tu es, comme nous, élève en droit.”

  Malgré leurs clignements de paupières, Dussardier ne devinait rien. Il parut se recueillir, puis tout à coup :

  — “A-t-on trouvé mon carton ?”

  Frédéric leva les yeux, découragé. Hussonnet répliqua.

  — “Ah ! ton carton, où tu mets tes notes de cours ? Oui, oui ! rassure-toi !”

  Ils redoublaient leur pantomime. Dussardier comprit enfin qu’ils venaient pour le servir ; et il se tut, craignant de les compromettre. D’ailleurs, il éprouvait une sorte de honte en se voyant haussé au rang social d’étudiant et le pareil de ces jeunes hommes qui avaient des mains si blanches.

  — “Veux-tu faire dire quelque chose à quelqu’un ?” demanda Frédéric.

  — “Non, merci, à personne.”

  — “Mais ta famille ?”

  Il baissa la tête sans répondre : le pauvre garçon était bâtard. Les deux amis restaient étonnés de son silence.

  — “As-tu de quoi fumer ?” reprit Frédéric.

  Il se palpa, puis retira du fond de sa poche les débris d’une pipe, — une belle pipe en écume de mer, avec un tuyau en bois noir, un couvercle d’argent et un bout d’ambre.

  Depuis trois ans, il travaillait à en faire un chef-d’œuvre. Il avait eu soin d’en tenir le fourneau constamment serré dans une gaine de chamois, de la fumer le plus lentement possible, sans jamais la poser sur du marbre, et, chaque soir, de la suspendre au chevet de son lit. A présent, il en secouait les morceaux dans sa main dont les ongles saignaient ; et, le menton sur la poitrine, les prunelles fixes, béant, il contemplait ces ruines de sa joie avec un regard d’une ineffable tristesse.

  — “Si nous lui donnions des cigares, hein ?” dit tout bas Hussonnet, en faisant le geste d’en atteindre.

  Frédéric avait déjà posé, au bord du guichet, un porte-cigares rempli.

  — “Prends donc ! Adieu, bon courage !”

  Dussardier se jeta sur les deux mains qui s’avançaient. Il les serrait frénétiquement, la voix entrecoupée par des sanglots.

  — “Comment ?… à moi ! à moi !”

  Les deux amis se dérobèrent à sa reconnaissance, sortirent, et allèrent déjeuner ensemble au café Tabourey, devant le Luxembourg.

  Tout en séparant le beefsteak, Hussonnet apprit à son compagnon qu’il travaillait dans des journaux de modes et fabriquait des réclames pour l’Art industriel.

  — “Chez Jacques Arnoux”, dit Frédéric.

  — “Vous le connaissez ?”

  — “Oui ! non !… C’est-à-dire je l’ai vu, je l’ai rencontré.”

  Il demanda négligemment à Hussonnet s’il voyait quelquefois sa femme.

  — “De temps à autre”, reprit le bohème.

  Frédéric n’osa poursuivre ses questions ; cet homme venait de prendre une place démesurée dans sa vie ; il paya la note du déjeuner, sans qu’il y eût de la part de l’autre aucune protestation.

  La sympathie était mutuelle ; ils échangèrent leurs adresses, et Hussonnet l’invita cordialement à l’accompagner jusqu’à la rue de Fleurus.

  Ils é taient au milieu du jardin quand l’employé d’Arnoux, retenant son haleine, contourna son visage dans une grimace abominable et se mit à faire le coq. Alors tous les coqs qu’il y avait aux environs lui répondirent par des cocoricos prolongés.

  — “C’est un signal”, dit Hussonnet.

  Ils s’arrêtèrent près du théâtre Bobino, devant une maison où l’on pénétrait par une allée. Dans la lucarne d’un grenier, entre des capucines et des pois de senteur, une jeune femme se montra, nu-tête, en corset, et appuyant ses deux bras contre le bord de la gouttière.

  — “Bonjour, mon ange, bonjour, bibiche”, fit Hussonnet, en lui envoyant des baisers.

  Il ouvrit la barrière d’un coup de pied, et disparut.

  Frédéric l’attendit toute la semaine. Il n’osait aller chez lui, pour n’avoir point l’air impatient de se faire rendre à déjeuner ; mais il le chercha par tout le quartier latin. Il le rencontra un soir, et l’emmena dans sa chambre sur le quai Napoléon.

  La causerie fut longue ; ils s’épanchèrent. Hussonnet ambitionnait la gloire et les profits du théâtre. Il collaborait à des vaudevilles non reçus, “avait des masses de plans”, tournait le couplet ; il en chanta quelques-uns. Puis, remarquant dans l’étagère un volume de Hugo et un autre de Lamartine, il se répandit en sarcasmes sur l’école romantique. Ces poètes-là n’avaient ni bon sens ni correction, et n’étaient pas Français, surtout ! Il se vantait de savoir sa langue et épluchait les phrases les plus belles avec cette sévérité hargneuse, ce goût académique qui distinguent les personnes d’humeur folâtre quand elles abordent l’art sérieux.

  Frédéric fut blessé dans ses prédilections ; il avait envie de rompre. Pourquoi ne pas hasarder, tout de suite, le mot d’où son bonheur dépendait ? Il demanda au garçon de lettres s’il pouvait le présenter chez Arnoux.

  La chose était facile, et ils convinrent du jour suivant.

  Hussonnet manqua le rendez-vous ; il en manqua trois autres. Un samedi, vers quatre heures, il apparut. Mais, profitant de la voiture, il s’arrêta d’abord au Théâtre Français pour avoir un coupon de loge ; il se fit descendre chez un tailleur, chez une couturière ; il écrivait des billets chez les concierges. Enfin ils arrivèrent boulevard Montmartre. Frédéric traversa la boutique, monta l’escalier. Arnoux le reconnut dans la glace placée devant son bureau ; et, tout en continuant à écrire, lui tendit la main par-dessus l’épaule.

  Cinq ou six personnes, debout, emplissaient l’appartement étroit, qu’éclairait une seule fenêtre donnant sur la cour ; un canapé en damas de laine brune occupant au fond l’intérieur d’une alcôve, entre deux portières d’étoffe semblable. Sur la cheminée couverte de paperasses, il y avait une Vénus en bronze ; deux candélabres, garnis de bougies roses, la flanquaient parallèlement. A droite, près d’un cartonnier, un homme dans un fauteuil lisait le journal, en gardant son chapeau sur sa tête ; les murailles disparaissaient sous des estampes et des tableaux, gravures précieuses ou esquisses de maîtres contemporains, ornées de dédicaces, qui témoignaient pour Jacques Arnoux de l’affection la plus sincère.

  — “Cela va toujours bien ?” fit-il en se tournant vers Frédéric.

  Et, sans attendre sa réponse, il demanda bas à Hussonnet :

  — “Comment l’appelez-vous, votre ami ?”

  Puis tout haut :

  — “Prenez donc un cigare, sur le cartonnier, dans la boîte.”

  L’Art industriel, posé au point central d
e Paris, était un lieu de rendez-vous commode, un terrain neutre où les rivalités se coudoyaient familièrement. On y voyait ce jour-là, Anténor Braive, le. portraitiste des rois ; Jules Burrieu, qui commençait à populariser par ses dessins les guerres d’Algérie ; le caricaturiste Sombaz, le sculpteur Vourdat, d’autres encore, et aucun ne répondait aux préjugés de l’étudiant. Leurs manières étaient simples, leurs propos libres. Le mystique Lovarias débita un conte obscène ; et l’inventeur du paysage oriental, le fameux Dittmer, portait une camisole de tricot sous son gilet, et prit l’omnibus pour s’en retourner.

  Il fut d’abord question d’une nommée Apollonie, un ancien modèle que Burrieu prétendait avoir reconnue sur le boulevard, dans une daumont. Hussonnet expliqua cette métamorphose par la série de ses entreteneurs.

  — “Comme ce gaillard-là connaît les filles de Paris !” dit Arnoux.

  — “Après vous, s’il en reste, sire”, répliqua le bohème, avec un salut militaire, pour imiter le grenadier offrant sa gourde à Napoléon.

  Puis on discuta quelques toiles, où la tête d’Apollonia avait servi. Les confrères absents furent critiqués. On s’étonnait du prix de leurs œuvres ; et tous se plaignaient de ne point gagner suffisamment, lorsque entra un homme de taille moyenne, l’habit fermé par un seul bouton, les yeux vifs, l’air un peu fou.

  — “Quel tas de bourgeois vous êtes !” dit-il. “Qu’est-ce que cela fait, miséricorde ! Les vieux qui confectionnaient des chefs-d’œuvre ne s’inquiétaient pas du million. Corrège, Murillo…”

  — “Ajoutez Pellerin”, dit Sombaz.

  Mais sans relever l’épigramme, il continua de discourir avec tant de véhémence, qu’Arnoux fut contraint de lui répéter deux fois :

  — “Ma femme a besoin de vous, jeudi. N’oubliez pas !”

  Cette parole ramena la pensée de Frédéric sur Mme Arnoux. Sans doute, on pénétrait chez elle par le cabinet près du divan ? Arnoux, pour prendre un mouchoir, venait de l’ouvrir ; Frédéric avait aperçu, dans le fond, un lavabo. Mais une sorte de grommellement sortit du coin de la cheminée ; c’était le personnage qui lisait son journal, dans le fauteuil. Il avait cinq pieds neuf pouces, les paupières un peu tombantes, la chevelure grise, l’air majestueux — et s’appelait Regimbart.

 

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