Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 241

by Gustave Flaubert


  Elle était presque toujours sur une petite causeuse, près de la jardinière garnissant l’embrasure de la fenêtre. Assis au bord d’un gros pouf à roulettes, il lui adressait les compliments les plus justes possible ; et elle le regardait la tête un peu de côté, la bouche souriante.

  Il lui lisait des pages de poésie, en y mettant toute son âme, afin de l’émouvoir, et pour se faire admirer. Elle l’arrêtait par une remarque dénigrante ou une observation pratique ; et leur causerie retombait sans cesse dans l’éternelle question de l’Amour ! Ils se demandaient ce qui l’occasionnait, si les femmes le sentaient mieux que les hommes, quelles étaient là-dessus leurs différences. Frédéric tâchait d’émettre son opinion, en évitant à la fois la grossièreté et la fadeur. Cela devenait une espèce de lutte, agréable par moments, fastidieuse en d’autres.

  Il n’éprouvait pas à ses côtés ce ravissement de tout son être qui l’emportait vers Mme Arnoux, ni le désordre gai où l’avait mis d’abord Rosanette. Mais il la convoitait comme une chose anormale et difficile, parce qu’elle était noble, parce qu’elle était riche, parce qu’elle était dévote, — se figurant qu’elle avait des délicatesses de sentiment, rares comme ses dentelles, avec des amulettes sur la peau et des pudeurs dans la dépravation.

  Il se servit du vieil amour. Il lui conta, comme inspiré par elle, tout ce que Mme Arnoux autrefois lui avait fait ressentir, ses langueurs, ses appréhensions, ses rêves.

  Elle recevait cela comme une personne accoutumée à ces choses, sans le repousser formellement ne cédait rien ; et il n’arrivait pas plus à la séduire que Martinon à se marier. Pour en finir avec l’amoureux de sa nièce, elle l’accusa de viser à l’argent, et pria même son mari d’en faire l’épreuve. M. Dambreuse déclara donc au jeune homme que Cécile, étant l’orpheline de parents pauvres, n’avait aucune “espérance” ni dot.

  Martinon, ne croyant pas que cela fût vrai, ou trop avancé pour se dédire, ou par un de ces entêtements d’idiot qui sont des actes de génie, répondit que son patrimoine, quinze mille livres de rente, leur suffirait. Ce désintéressement imprévu toucha le banquier. Il lui promit un cautionnement de receveur, en s’engageant à obtenir la place ; et, au mois de mai 1850, Martinon épousa Mlle Cécile. Il n’y eut pas de bal. Les jeunes gens partirent le soir même pour l’Italie. Frédéric, le lendemain, vint faire une visite à Mme Dambreuse. Elle lui parut plus pâle que d’habitude. Elle le contredit avec aigreur sur deux ou trois sujets sans importance. Du reste, tous les hommes étaient des égoïstes.

  Il y en avait pourtant de dévoués, quand ce ne serait que lui.

  — “Ah bah ! comme les autres !”

  Ses paupières étaient rouges — , elle pleurait. Puis, en s’efforçant de sourire :

  “Excusez-moi ! J’ai tort ! C’est une idée triste qui m’est venue”

  Il n’y comprenait rien.

  — “N’importe ! elle est moins forte que je ne croyais”, pensa-t-il.

  Elle sonna pour avoir un verre d’eau, en but une gorgée, le renvoya, puis se plaignit de ce qu’on la servait horriblement. Afin de l’amuser, il s’offrit comme domestique, se prétendant capable de donner des assiettes, d’épousseter les meubles, d’annoncer le monde, d’être enfin un valet de chambre ou plutôt un chasseur, bien que la mode en fût passée. Il aurait voulu se tenir derrière sa voiture avec un chapeau de plumes de coq.

  — “Et comme je vous suivrais à pied majestueusement, en portant sur le bras un petit chien !”

  — “Vous êtes gai”, dit Mme Dambreuse.

  N’était-ce pas une folie, reprit-il, de considérer tout sérieusement ? Il y avait bien assez de misères sans s’en forger. Rien ne méritait la peine d’une douleur. Mme Dambreuse leva les sourcils, d’une manière de vague approbation.

  Cette parité de sentiments poussa Frédéric à plus de hardiesse. Ses mécomptes d’autrefois lui faisaient, maintenant, une clairvoyance. Il poursuivit :

  — “Nos grands-pères vivaient mieux. Pourquoi ne pas obéir à l’impulsion qui nous pousse ?” L’amour, après tout, n’était pas en soi une chose si importante.

  — “Mais c’est immoral, ce que vous dites là !” Elle s’était remise sur la causeuse. Il s’assit au bord, contre ses pieds.

  — “Ne voyez-pas que je mens ! Car, pour plaire aux femmes, il faut étaler une insouciance de bouffon ou des fureurs de tragédie ! Elles se moquent de nous quand on leur dit qu’on les aime, simplement ! Moi, je trouve ces hyperboles où elles s’amusent une profanation de l’amour vrai ; si bien qu’on ne sait plus comment l’exprimer, surtout devant celles… qui ont… beaucoup d’esprit.”

  Elle le considérait les cils entre-clos. Il baissait la voix, en se penchant vers son visage.

  — “Oui ! vous me faites peur ! Je vous offense, peut-être ?… Pardon !… Je ne voulais pas dire tout cela ! Ce n’est pas ma faute ! Vous êtes si belle”

  Mme Dambreuse ferma les yeux, et il fut surpris par la facilité de sa victoire. Les grands arbres du jardin qui frissonnaient mollement s’arrêtèrent. Des nuages immobiles rayaient le ciel de longues bandes rouges, et il y eut comme une suspension universelle des choses. Alors, des soirs semblables, avec des silences pareils, revinrent dans son esprit, confusément. Où était-ce ?…

  Il se mit à genoux, prit sa main, et lui jura un amour éternel. Puis, comme il partait, elle le rappela d’un signe et lui dit tout bas :

  — “Revenez dîner ! Nous serons seuls !”

  Il semblait à Frédéric, en descendant l’escalier, qu’il était devenu un autre homme, que la température embaumante des serres chaudes l’entourait, qu’il entrait définitivement dans le monde supérieur des adultères patriciens et des hautes intrigues. Pour y tenir la première place, il suffisait d’une femme comme celle-là. Avide, sans doute, de pouvoir et d’action, et mariée à un homme médiocre qu’elle avait prodigieusement servi, elle désirait quelqu’un de fort pour le conduire ? Rien d’impossible maintenant ! Il se sentait capable de faire deux cents lieues à cheval, de travailler pendant plusieurs nuits de suite, sans fatigue son cœur débordait d’orgueil.

  Sur le trottoir, devant lui, un homme couvert d’un vieux paletot marchait la tête basse, et avec un tel air d’accablement, que Frédéric se retourna, pour le voir. L’autre releva sa figure. C’était Deslauriers. Il hésitait. Frédéric lui sauta au cou.

  — “Ah ! mon pauvre vieux ! Comment ! c’est toi !”

  Et il l’entraîna vers sa maison, en lui faisant beaucoup de questions à la fois.

  L’ex-commissaire de Ledru-Rollin conta, d’abord, les tourments qu’il avait eus. Comme il prêchait la fraternité aux conservateurs et le respect des lois aux socialistes, les uns lui avaient tiré des coups de fusil, les autres apporté une corde pour le pendre. Après juin, on l’avait destitué brutalement. Il s’était jeté dans un complot, celui des armes saisies à Troyes. On l’avait relâché, faute de preuves. Puis le comité d’action l’avait envoyé à Londres, où il s’était flanqué des gifles avec ses frères, au milieu d’un banquet. De retour à Paris…

  — “Pourquoi n’es-tu pas venu chez moi ?”

  — “Tu étais toujours absent ! Ton suisse avait des allures mystérieuses, je ne savais que penser ; et puis je ne voulais pas reparaître en vaincu.”

  Il avait frappé aux portes de la Démocratie, s’offrant à la servir de sa plume, de sa parole, de ses démarches ; partout on l’avait repoussé ; on se méfiait de lui — , et il avait vendu sa montre, sa bibliothèque, son linge.

  — “Mieux vaudrait crever sur les pontons de Belle-Isle, avec Sénécal !”

  Frédéric, qui arrangeait alors sa cravate, n’eut pas l’air très ému par cette nouvelle.

  — “Ah ! il est déporté, ce bon Sénécal ?” Deslauriers répliqua, en parcourant les murailles d’un air envieux :

  — “Tout le monde n’a pas ta chance !”

  — “Excuse-moi”, dit Frédéric, sans remarquer l’allusion, “mais je dîne en ville. On va le faire à manger
; commande ce que tu voudras ! Prends même mon lit.” Devant une cordialité si complète, l’amertume de Deslauriers disparut.

  — “Ton lit ? Mais… ça te gênerait !”

  — “Eh non ! J’en ai d’autres !”

  — “Ah ! très bien”, reprit l’avocat, en riant. “Où dînes-tu donc ?”

  — “Chez Mme Dambreuse.”

  — “Est-ce que… par hasard… ce serait… ?”

  — “Tu es trop curieux”, dit Frédéric avec un sourire, qui confirmait cette supposition.

  Puis, ayant regardé la pendule, il se rassit.

  — “C’est comme ça ! et il ne faut pas désespérer, vieux défenseur du peuple !”

  — “Miséricorde ! que d’autres s’en mêlent !”

  L’avocat détestait les ouvriers, pour en avoir souffert dans sa province, un pays de houille. Chaque puits d’extraction avait nommé un gouvernement provisoire lui intimant des ordres.

  — " D’ailleurs, leur conduite a été charmante partout à Lyon, à Lille, au Havre, à Paris ! Car, à l’exemple des fabricants qui voudraient exclure les produits de l’étranger, ces messieurs réclament pour qu’on bannisse les travailleurs anglais, allemands, belges et savoyards ! Quant à leur intelligence, à quoi a servi, sous la Restauration, leur fameux compagnonnage ? En 1830, ils sont entrés dans la garde nationale, sans même avoir le bon sens de la dominer ! Est-ce que, dès le lendemain de 48, les corps de métiers n’ont pas reparu avec des étendards à eux ! Ils demandaient même des représentants du peuple à eux, lesquels n’auraient parlé que pour eux ! Tout comme les députés de la betterave ne s’inquiètent que de la betterave Ah ! j’en ai assez de ces cocos-là, se prosternant tour à tour devant l’échafaud de Robespierre, les bottes de l’Empereur, le parapluie de Louis-Philippe, racaille éternellement dévouée à qui lui jette du pain dans la gueule ! On crie toujours contre la vénalité de Talleyrand et de Mirabeau ; mais le commissionnaire d’en bas vendrait la patrie pour cinquante centimes, si on lui promettait de tarifer sa course à trois francs ! Ah ! quelle faute ! Nous aurions dû mettre le feu aux quatre coins de l’Europe !

  Frédéric lui répondit :

  — “L’étincelle manquait ! Vous étiez simplement de petits bourgeois, et les meilleurs d’entre vous, des cuistres ! Quant aux ouvriers, ils peuvent se plaindre ; car, si l’on excepte un million soustrait à la liste civile, et que vous leur avez octroyé avec la plus basse flagornerie, vous n’avez rien fait pour eux que des phrases ! Le livret demeure aux mains du patron, et le salarié (même devant la justice) reste l’inférieur de son maître, puisque sa parole n’est pas crue. Enfin, la République me paraît vieille. Qui sait ? Le Progrès, peut-être, n’est réalisable que par une aristocratie ou par un homme ? L’initiative vient toujours d’en haut ! Le peuple est mineur, quoi qu’on prétende !”

  — “C’est peut-être vrai”, dit Deslauriers.

  Selon Frédéric, la grande masse des citoyens n’aspirait qu’au repos (il avait profité à l’hôtel Dambreuse), et toutes les chances étaient pour les conservateurs. Ce parti-là, cependant, manquait d’hommes neufs.

  — “Si tu te présentais, je suis sûr…”

  Il n’acheva pas. Deslauriers comprit, se passa les deux mains sur le front ; puis, tout à coup :

  — “Mais toi ? Rien ne t’empêche ? Pourquoi ne serais-tu pas député ?”

  Par suite d’une double élection, il y avait, dans l’Aube, une candidature vacante. M. Dambreuse, réélu à la Législative, appartenait à un autre arrondissement.

  — “Veux-tu que je m’en occupe ?”

  Il connaissait beaucoup de cabaretiers, d’instituteurs, de médecins, de clercs d’étude et leurs patrons.

  — “D’ailleurs, on fait accroire aux paysans tout ce qu’on veut !”

  Frédéric sentait se rallumer son ambition. Deslauriers ajouta :

  — “Tu devrais bien me trouver une place à Paris.”

  — “Oh ! ce ne sera pas difficile, par M. Dambreuse.”

  — “Puisque nous parlions de houilles”, reprit l’avocat, “que devient sa grande société ? C’est une occupation de ce genre qu’il me faudrait ! — et je leur serais utile, tout en gardant mon indépendance.”

  Frédéric promit de le conduire chez le banquier avant trois jours.

  Son repas en tête-à-tête avec Mme Dambreuse fut une chose exquise. Elle souriait en face de lui, de l’autre côté de la table, par-dessus des fleurs dans une corbeille, à la lumière de la lampe suspendue ; et, comme la fenêtre était ouverte, on apercevait des étoiles. Ils causèrent fort peu, se méfiant d’eux-mêmes, sans doute ; mais, dès que les domestiques tournaient le dos, ils s’envoyaient un baiser, du bout des lèvres. Il dit son idée de candidature. Elle l’approuva, s’engageant même à y faire travailler M. Dambreuse.

  Le soir, quelques amis se présentèrent pour la féliciter et pour la plaindre ; elle devait être si chagrine de n’avoir plus sa nièce ! C’était fort bien, d’ailleurs, aux jeunes mariés de s’être mis en voyage ; plus tard, les embarras, les enfants surviennent ! Mais l’Italie ne répondait pas à l’idée qu’on s’en faisait. Après cela. ils étaient dans l’âge des illusions ! et puis la lune de miel embellissait tout ! Les deux derniers qui restèrent furent M. de Grémonville et Frédéric. Le diplomate ne voulait pas s’en aller. Enfin, à minuit, il se leva. Mme Dambreuse fit signe à Frédéric de partir avec lui, et le remercia de cette obéissance par une pression de main, plus suave que tout le reste.

  La Maréchale poussa un cri de joie en le revoyant. Elle l’attendait depuis cinq heures. Il donna pour excuse une démarche indispensable dans l’intérêt de Deslauriers. Sa figure avait un air de triomphe, une auréole, dont Rosanette fut éblouie.

  — “C’est peut-être à cause de ton habit noir qui te va bien ; mais je ne t’ai jamais trouvé si beau ! Comme tu es beau !”

  Dans un transport de sa tendresse, elle se jura intérieurement de ne plus appartenir à d’autres, quoiqu’il advînt, quand elle devrait crever de misère !

  Ses jolis yeux humides pétillaient d’une passion tellement puissante, que Frédéric l’attira sur ses genoux et il se dit : “Quelle canaille je fais” en s’applaudissant de sa perversité.

  CHAPITRE 4

  M. Dambreuse. quand Deslauriers se présenta chez lui, songeait à raviver sa grande affaire de houilles. Mais cette fusion de toutes les compagnies en une seule était mal vue ; on criait au monopole, comme s’il ne fallait pas, pour de telles exploitations, d’immenses capitaux !

  Deslauriers, qui venait de lire exprès l’ouvrage de Gobet et les articles de M. Chappe dans le Journal des Mines, connaissait la question parfaitement. Il démontra que la loi de 1810 établissait au profit du concessionnaire un droit impermutable. D’ailleurs, on pouvait donner à l’entreprise une couleur démocratique : empêcher les réunions houillères était un attentat contre le principe même d’association.

  M. Dambreuse lui confia des notes pour rédiger un mémoire. Quant à la manière dont il payerait son travail, il fit des promesses d’autant meilleures qu’elles n’étaient pas précises.

  Deslauriers s’en revint chez Frédéric et lui rapporta la conférence. De plus, il avait vu Mme Dambreuse au bas de l’escalier, comme il sortait.

  — “Je t’en fais mes compliments, saprelotte !”

  Puis ils causèrent de l’élection. Il y avait quelque chose à inventer.

  Trois jours après, Deslauriers reparut avec une feuille d’écriture destinée aux journaux et qui était une lettre familière, où M. Dambreuse approuvait la candidature de leur ami. Soutenue par un conservateur et prônée par un rouge, elle devait réussir. Comment le capitaliste signait-il une pareille élucubration ? L’avocat, sans le moindre embarras, de lui-même, avait été la montrer à Mme Dambreuse, qui, la trouvant fort bien, s’était chargée du reste.

  Cette démarche surprit Frédéric. Il l’approuva cependant ; puis, comme Deslauriers s’aboucherait avec M. Roque, il lui conta sa position vis-à-vis de
Louise.

  — “Dis-leur tout ce que tu voudras, que mes affaires sont troubles ; je les arrangerai ; elle est assez jeune pour attendre !”

  Deslauriers partit ; et Frédéric se considéra comme un homme très fort. Il éprouvait, d’ailleurs, un assouvissement, une satisfaction profonde. Sa joie de posséder une femme riche n’était gâtée par aucun contraste ; le sentiment s’harmoniait avec le milieu. Sa vie, maintenant, avait des douceurs partout.

  La plus exquise, peut-être, était de contempler Mme Dambreuse, entre plusieurs personnes, dans son salon. La convenance de ses manières le faisait rêver à d’autres attitudes ; pendant qu’elle causait d’un ton froid, il se rappelait ses mots d’amour balbutiés ; tous les respects pour sa vertu le délectaient comme un hommage retournant vers lui ; et il avait parfois des envies de s’écrier : “Mais je la connais mieux que vous ! Elle est à moi !”

  Leur liaison ne tarda pas à être une chose convenue, acceptée. Mme Dambreuse, durant tout l’hiver, traîna Frédéric dans le monde.

  Il arrivait presque toujours avant elle ; et il la voyait entrer, les bras nus, l’éventail à la main, des perles dans les cheveux. Elle s’arrêtait sur le seuil (le linteau de la porte l’entourait comme un cadre), et elle avait un léger mouvement d’indécision, en clignant les paupières, pour découvrir s’il était là. Elle le ramenait dans sa voiture ; la pluie fouettait les vasistas ; les passants, tels que des ombres, s’agitaient dans la boue ; et, serrés l’un contre l’autre, ils apercevaient tout cela, confusément, avec un dédain tranquille. Sous des prétextes différents, il restait encore une bonne heure dans sa chambre.

 

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