Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 273

by Gustave Flaubert


  Bouvard, à cause de l'odeur sans doute, demanda la permission d'ouvrir la fenêtre.

  — Les papiers s'envoleraient ! s'écria Pécuchet qui redoutait, en plus, les courants d'air.

  Cependant, il haletait dans cette petite chambre chauffée depuis le matin par les ardoises de la toiture.

  Bouvard lui dit : — À votre place, j'ôterais ma flanelle !

  — Comment ! et Pécuchet baissa la tête, s'effrayant à l'hypothèse de ne plus avoir son gilet de santé.

  — Faites-moi la conduite reprit Bouvard l'air extérieur vous rafraîchira.

  Enfin Pécuchet repassa ses bottes, en grommelant : Vous m'ensorcelez ma parole d'honneur ! — et malgré la distance, il l'accompagna jusque chez lui au coin de la rue de Béthune, en face le pont de la Tournelle.

  La chambre de Bouvard, bien cirée, avec des rideaux de percale et des meubles en acajou, jouissait d'un balcon ayant vue sur la rivière. Les deux ornements principaux étaient un porte-liqueurs au milieu de la commode, et le long de la glace des daguerréotypes représentant des amis ; une peinture à l'huile occupait l'alcôve.

  — Mon oncle ! dit Bouvard, et le flambeau qu'il tenait éclaira un monsieur.

  Des favoris rouges élargissaient son visage surmonté d'un toupet frisant par la pointe. Sa haute cravate avec le triple col de la chemise, du gilet de velours, et de l'habit noir l'engonçaient. On avait figuré des diamants sur le jabot. Ses yeux étaient bridés aux pommettes, et il souriait d'un petit air narquois.

  Pécuchet ne put s'empêcher de dire : — On le prendrait plutôt pour votre père !

  — C'est mon parrain répliqua Bouvard, négligemment, ajoutant qu'il s'appelait de ses noms de baptême François, Denys, Bartholomée. Ceux de Pécuchet étaient Juste, Romain, Cyrille ; — et ils avaient le même âge : quarante-sept ans ! Cette coïncidence leur fit plaisir ; mais les surprit, chacun ayant cru l'autre beaucoup moins jeune. Ensuite, ils admirèrent la Providence dont les combinaisons parfois sont merveilleuses. — Car, enfin, si nous n'étions pas sortis tantôt pour nous promener, nous aurions pu mourir avant de nous connaître ! et s'étant donné l'adresse de leurs patrons, ils se souhaitèrent une bonne nuit.

  — N'allez pas voir les dames ! cria Bouvard dans l'escalier.

  Pécuchet descendit les marches sans répondre à la gaudriole.

  Le lendemain, dans la cour de MM. Descambos frères, — tissus d'Alsace rue

  Hautefeuille 92, une voix appela : — Bouvard ! Monsieur Bouvard !

  Celui-ci passa la tête par les carreaux et reconnut Pécuchet qui articula plus fort.

  — Je ne suis pas malade ! Je l'ai retirée !

  — Quoi donc !

  — Elle ! dit Pécuchet, en désignant sa poitrine.

  Tous les propos de la journée, avec la température de l'appartement et les labeurs de la digestion l'avaient empêché de dormir, si bien que n'y tenant plus, il avait rejeté loin de lui sa flanelle. — Le matin, il s'était rappelé son action heureusement sans conséquence, et il venait en instruire Bouvard qui, par là, fut placé dans son estime à une prodigieuse hauteur.

  Il était le fils d'un petit marchand, et n'avait pas connu sa mère, morte très jeune. On l'avait, à quinze ans, retiré de pension pour le mettre chez un huissier. Les gendarmes y survinrent ; et le patron fut envoyé aux galères, histoire farouche qui lui causait encore de l'épouvante. Ensuite, il avait essayé de plusieurs états, maître d'études, élève en pharmacie, comptable sur un des paquebots de la haute Seine. Enfin un chef de division séduit par son écriture, l'avait engagé comme expéditionnaire ; mais la conscience d'une instruction défectueuse, avec les besoins d'esprit qu'elle lui donnait, irritaient son humeur ; et il vivait complètement seul sans parents, sans maîtresse. Sa distraction était, le dimanche, d'inspecter les travaux publics.

  Les plus vieux souvenirs de Bouvard le reportaient sur les bords de la Loire dans une cour de ferme. Un homme qui était son oncle, l'avait emmené à Paris pour lui apprendre le commerce. À sa majorité, on lui versa quelques mille francs. Alors il avait pris femme et ouvert une boutique de confiseur. Six mois plus tard, son épouse disparaissait, en emportant la caisse. Les amis, la bonne chère, et surtout la paresse avaient promptement achevé sa ruine. Mais il eut l'inspiration d'utiliser sa belle main ; et depuis douze ans, il se tenait dans la même place, MM. Descambos frères, tissus, rue Hautefeuille 92. Quant à son oncle, qui autrefois lui avait expédié comme souvenir le fameux portrait, Bouvard ignorait même sa résidence et n'en attendait plus rien. Quinze cents livres de revenu et ses gages de copiste lui permettaient d'aller, tous les soirs, faire un somme dans un estaminet.

  Ainsi leur rencontre avait eu l'importance d'une aventure. Ils s'étaient, tout de suite, accrochés par des fibres secrètes. D'ailleurs, comment expliquer les sympathies ? Pourquoi telle particularité, telle imperfection indifférente ou odieuse dans celui-ci enchante-t-elle dans celui-là ? Ce qu'on appelle le coup de foudre est vrai pour toutes les passions. Avant la fin de la semaine, ils se tutoyèrent.

  Souvent, ils venaient se chercher à leur comptoir. Dès que l'un paraissait, l'autre fermait son pupitre et ils s'en allaient ensemble dans les rues. Bouvard marchait à grandes enjambées, tandis que Pécuchet multipliant les pas, avec sa redingote qui lui battait les talons semblait glisser sur des roulettes. De même leurs goûts particuliers s'harmonisaient. Bouvard fumait la pipe, aimait le fromage, prenait régulièrement sa demi-tasse. Pécuchet prisait, ne mangeait au dessert que des confitures et trempait un morceau de sucre dans le café. L'un était confiant, étourdi, généreux. L'autre discret, méditatif, économe.

  Pour lui être agréable, Bouvard voulut faire faire à Pécuchet la connaissance de Barberou. C'était un ancien commis-voyageur, actuellement boursier, très bon enfant, patriote, ami des dames, et qui affectait le langage faubourien. Pécuchet le trouva déplaisant et il conduisit Bouvard chez Dumouchel. Cet auteur — (car il avait publié une petite mnémotechnie) donnait des leçons de littérature dans un pensionnat de jeunes personnes, avait des opinions orthodoxes et la tenue sérieuse. Il ennuya Bouvard.

  Aucun des deux n'avait caché à l'autre son opinion. Chacun en reconnut la justesse. Leurs habitudes changèrent ; et quittant leur pension bourgeoise, ils finirent par dîner ensemble tous les jours.

  Ils faisaient des réflexions sur les pièces de théâtre dont on parlait, sur le gouvernement, la cherté des vivres, les fraudes du commerce. De temps à autre l'histoire du Collier ou le procès de Fualdès revenait dans leurs discours ; — et puis, ils cherchaient les causes de la Révolution.

  Ils flânaient le long des boutiques de bric-à-brac. Ils visitèrent le Conservatoire des Arts et Métiers, Saint-Denis, les Gobelins, les Invalides, et toutes les collections publiques. Quand on demandait leur passeport, ils faisaient mine de l'avoir perdu, se donnant pour deux étrangers, deux Anglais.

  Dans les galeries du Muséum, ils passèrent avec ébahissement devant les quadrupèdes empaillés, avec plaisir devant les papillons, avec indifférence devant les métaux ; les fossiles les firent rêver, la conchyliologie les ennuya. Ils examinèrent les serres chaudes par les vitres, et frémirent en songeant que tous ces feuillages distillaient des poisons. Ce qu'ils admirèrent du cèdre, c'est qu'on l'eût rapporté dans un chapeau.

  Ils s'efforcèrent au Louvre de s'enthousiasmer pour Raphaël. À la grande bibliothèque ils auraient voulu connaître le nombre exact des volumes.

  Une fois, ils entrèrent au cours d'arabe du Collège de France ; et le professeur fut étonné de voir ces deux inconnus qui tâchaient de prendre des notes. Grâce à Barberou, ils pénétrèrent dans les coulisses d'un petit théâtre. Dumouchel leur procura des billets pour une séance de l'Académie. Ils s'informaient des découvertes, lisaient les prospectus et par cette curiosité leur intelligence se développa. Au fond d'un horizon plus lointain chaque jour, ils apercevaient des choses à la fois confuses et merveilleuses.

  En admirant un vieux meuble, ils regrettaient de n'avoir pas vécu à l'époque où il serva
it, bien qu'ils ignorassent absolument cette époque-là. D'après de certains noms, ils imaginaient des pays d'autant plus beaux qu'ils n'en pouvaient rien préciser. Les ouvrages dont les titres étaient pour eux inintelligibles leur semblaient contenir un mystère.

  Et ayant plus d'idées, ils eurent plus de souffrances. Quand une malle-poste les croisait dans les rues, ils sentaient le besoin de partir avec elle. Le quai aux Fleurs les faisait soupirer pour la campagne.

  Un dimanche ils se mirent en marche dès le matin ; et passant par Meudon, Bellevue, Suresnes, Auteuil, tout le long du jour ils vagabondèrent entre les vignes, arrachèrent des coquelicots au bord des champs, dormirent sur l'herbe, burent du lait, mangèrent sous les acacias des guinguettes, et rentrèrent fort tard, poudreux, exténués, ravis. Ils renouvelèrent souvent ces promenades. Les lendemains étaient si tristes qu'ils finirent par s'en priver.

  La monotonie du bureau leur devenait odieuse. Continuellement le grattoir et la sandaraque, le même encrier, les mêmes plumes et les mêmes compagnons ! Les jugeant stupides, ils leur parlaient de moins en moins ; cela leur valut des taquineries. Ils arrivaient tous les jours après l'heure, et reçurent des semonces.

  Autrefois, ils se trouvaient presque heureux. Mais leur métier les humiliait depuis qu'ils s'estimaient davantage ; — et ils se renforçaient dans ce dégoût, s'exaltaient mutuellement, se gâtaient. Pécuchet contracta la brusquerie de Bouvard, Bouvard prit quelque chose de la morosité de Pécuchet.

  — J'ai envie de me faire saltimbanque sur les places publiques ! disait l'un.

  — Autant être chiffonnier s'écriait l'autre.

  Quelle situation abominable ! Et nul moyen d'en sortir ! Pas même d'espérance !

  Un après-midi (c'était le 20 janvier 1839) Bouvard étant à son comptoir reçut une lettre, apportée par le facteur.

  Ses bras se levèrent, sa tête peu à peu se renversait, et il tomba évanoui sur le carreau.

  Les commis se précipitèrent ; on lui ôta sa cravate ; on envoya chercher un médecin.

  Il rouvrit les yeux — puis aux questions qu'on lui faisait : — Ah !… c'est que… c'est que… un peu d'air me soulagera. Non ! laissez-moi ! permettez ! et malgré sa corpulence, il courut tout d'une haleine jusqu'au ministère de la marine, se passant la main sur le front, croyant devenir fou, tâchant de se calmer.

  Il fit demander Pécuchet.

  Pécuchet parut.

  — Mon oncle est mort ! j'hérite !

  — Pas possible !

  Bouvard montra les lignes suivantes :

  ÉTUDE DE Me TARDIVEL, NOTAIRE. Savigny-en-Septaine 14 janvier 39.

  « Monsieur,

  « Je vous prie de vous rendre en mon étude, pour y prendre connaissance du testament de votre père naturel M. François, Denys, Bartholomée Bouvard, ex-négociant dans la ville de Nantes, décédé en cette commune le 10 du présent mois. Ce testament contient en votre faveur une disposition très importante.

  « Agréez, Monsieur, l'assurance de mes respects.

  « TARDIVEL, notaire. »

  Pécuchet fut obligé de s'asseoir sur une borne dans la cour. Puis, il rendit le papier en disant lentement :

  — Pourvu… que ce ne soit pas… quelque farce ?

  — Tu crois que c'est une farce ! reprit Bouvard d'une voix étranglée, pareille à un râle de moribond.

  Mais le timbre de la poste, le nom de l'étude en caractères d'imprimerie, la signature du notaire, tout prouvait l'authenticité de la nouvelle ; — et ils se regardèrent avec un tremblement du coin de la bouche et une larme qui roulait dans leurs yeux fixes.

  L'espace leur manquait. Ils allèrent jusqu'à l'Arc de Triomphe, revinrent par le bord de l'eau, dépassèrent Notre-Dame. Bouvard était très rouge. Il donna à Pécuchet des coups de poing dans le dos, et pendant cinq minutes déraisonna complètement.

  Ils ricanaient malgré eux. Cet héritage, bien sûr, devait se monter… ? — Ah ! ce serait trop beau ! n'en parlons plus. Ils en reparlaient.

  Rien n'empêchait de demander tout de suite des explications. Bouvard écrivit au notaire pour en avoir.

  Le notaire envoya la copie du testament, lequel se terminait ainsi : En conséquence je donne à François, Denys, Bartholomée Bouvard mon fils naturel reconnu, la portion de mes biens disponible par la loi.

  Le bonhomme avait eu ce fils dans sa jeunesse, mais il l'avait tenu à l'écart soigneusement, le faisant passer pour un neveu ; et le neveu l'avait toujours appelé mon oncle, bien que sachant à quoi s'en tenir. Vers la quarantaine, M. Bouvard s'était marié, puis était devenu veuf. Ses deux fils légitimes ayant tourné contrairement à ses vues, un remords l'avait pris sur l'abandon où il laissait depuis tant d'années son autre enfant. Il l'eût même fait venir chez lui, sans l'influence de sa cuisinière. Elle le quitta grâce aux manoeuvres de la famille — et dans son isolement près de mourir, il voulut réparer ses torts en léguant au fruit de ses premières amours tout ce qu'il pouvait de sa fortune. Elle s'élevait à la moitié d'un million, ce qui faisait pour le copiste deux cent cinquante mille francs. L'aîné des frères, M. Étienne, avait annoncé qu'il respecterait le testament.

  Bouvard tomba dans une sorte d'hébétude. Il répétait à voix basse, en souriant du sourire paisible des ivrognes :

  — Quinze mille livres de rente ! et Pécuchet, dont la tête pourtant était plus forte, n'en revenait pas.

  Ils furent secoués brusquement par une lettre de Tardivel. L'autre fils, M. Alexandre, déclarait son intention de régler tout devant la justice, et même d'attaquer le legs s'il le pouvait, exigeant au préalable scellés, inventaire, nomination d'un séquestre, etc. ! Bouvard en eut une maladie bilieuse. À peine convalescent, il s'embarqua pour Savigny — d'où il revint, sans conclusion d'aucune sorte et déplorant ses frais de voyage.

  Puis ce furent des insomnies, des alternatives de colère et d'espoir, d'exaltation et d'abattement. Enfin, au bout de six mois, le sieur Alexandre s'apaisant, Bouvard entra en possession de l'héritage.

  Son premier cri avait été : — Nous nous retirerons à la campagne ! et ce mot qui liait son ami à son bonheur, Pécuchet l'avait trouvé tout simple. Car l'union de ces deux hommes était absolue et profonde.

  Mais comme il ne voulait point vivre aux crochets de Bouvard, il ne partirait pas avant sa retraite. Encore deux ans ; n'importe ! Il demeura inflexible et la chose fut décidée.

  Pour savoir où s'établir, ils passèrent en revue toutes les provinces. Le Nord était fertile mais trop froid, le Midi enchanteur par son climat, mais incommode vu les moustiques, et le Centre franchement n'avait rien de curieux. La Bretagne leur aurait convenu sans l'esprit cagot des habitants. Quant aux régions de l'Est, à cause du patois germanique, il n'y fallait pas songer. Mais il y avait d'autres pays. Qu'était-ce par exemple que le Forez, le Bugey, le Roumois ? Les cartes de géographie n'en disaient rien. Du reste, que leur maison fût dans tel endroit ou dans tel autre, l'important c'est qu'ils en auraient une.

  Déjà, ils se voyaient en manches de chemise, au bord d'une plate-bande émondant des rosiers, et bêchant, binant, maniant de la terre, dépotant des tulipes. Ils se réveilleraient au chant de l'alouette, pour suivre les charrues, iraient avec un panier cueillir des pommes, regarderaient faire le beurre, battre le grain, tondre les moutons, soigner les ruches, et se délecteraient au mugissement des vaches et à la senteur des foins coupés. Plus d'écritures ! plus de chefs ! plus même de terme à payer ! — Car ils posséderaient un domicile à eux ! et ils mangeraient les poules de leur basse-cour, les légumes de leur jardin, et dîneraient en gardant leurs sabots ! — Nous ferons tout ce qui nous plaira ! nous laisserons pousser notre barbe !

  Ils s'achetèrent des instruments horticoles, puis un tas de choses qui pourraient peut-être servir telles qu'une boîte à outils (il en faut toujours dans une maison), ensuite des balances, une chaîne d'arpenteur, une baignoire en cas qu'ils ne fussent malades, un thermomètre, et même un baromètre système Gay-Lussac pour des expériences de physique, si la fantaisie leur en prenait. Il
ne serait pas mal, non plus (car on ne peut pas toujours travailler dehors), d'avoir quelques bons ouvrages de littérature ; — et ils en cherchèrent, — fort embarrassés parfois de savoir si tel livre était vraiment un livre de bibliothèque. Bouvard tranchait la question.

  — Eh ! nous n'aurons pas besoin de bibliothèque.

  — D'ailleurs, j'ai la mienne disait Pécuchet.

  D'avance, ils s'organisaient. Bouvard emporterait ses meubles, Pécuchet sa grande table noire ; on tirerait parti des rideaux et avec un peu de batterie de cuisine ce serait bien suffisant. Ils s'étaient juré de taire tout cela ; mais leur figure rayonnait. Aussi leurs collègues les trouvaient drôles. Bouvard, qui écrivait étalé sur son pupitre et les coudes en dehors pour mieux arrondir sa bâtarde, poussait son espèce de sifflement tout en clignant d'un air malin ses lourdes paupières. Pécuchet huché sur un grand tabouret de paille soignait toujours les jambages de sa longue écriture — mais en gonflant les narines pinçait les lèvres, comme s'il avait peur de lâcher son secret.

  Après dix-huit mois de recherches, ils n'avaient rien trouvé. Ils firent des voyages dans tous les environs de Paris, et depuis Amiens jusqu'à Évreux, et de Fontainebleau jusqu'au Havre. Ils voulaient une campagne qui fût bien la campagne, sans tenir précisément à un site pittoresque, mais un horizon borné les attristait. Ils fuyaient le voisinage des habitations et redoutaient pourtant la solitude. Quelquefois, ils se décidaient, puis craignant de se repentir plus tard, ils changeaient d'avis, l'endroit leur ayant paru malsain, ou exposé au vent de mer, ou trop près d'une manufacture ou d'un abord difficile.

 

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