Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 320

by Gustave Flaubert


  Djalioh était là, debout, immobile et muet, sans qu’on remarquât ni la pâleur de sa face, ni l’amertume de son sourire, car on le croyait indifférent et froid comme le monstre de pierre qui grimaçait sur sa tête, et pourtant la tempête régnait en son âme et la colère couvait dans son coeur comme les volcans d’Islande sous leurs têtes blanchies par les neiges. Ce n’était point une frénésie brutale et expansive, mais l’action se passait intimement, sans cris, sans sanglots, sans blasphèmes, sans efforts. Il était muet et son regard ne parlait pas plus que ses lèvres, son oeil était de plomb et sa figure était stupide.

  De jeunes et jolies femmes vivent longtemps avec un teint frais, une peau douce, blanche, satinée, - puis elles languissent, leurs yeux s’éteignent, s’affaiblissent, se closent enfin - et puis cette femme gracieuse et légère qui courait les salons avec des fleurs dans les cheveux, dont les mains étaient si blanches, exhalaient une odeur de musc et de rose, eh bien un beau jour, un de vos amis s’il est médecin vous apprend que deux pouces plus bas que l’endroit où elle était décolletée elle avait un cancer et qu’elle est morte, la fraîcheur de sa peau était celle du cadavre, c’est là l’histoire de toutes les passions intimes, de tous ces sourires glacés.

  Le rire de la malédiction est horrible, c’est un supplice de plus que de comprimer la douleur.

  Ne croyez donc plus alors ni aux sourires, ni à la joie, à la gaieté. À quoi faut-il donc croire ?...

  Croyez à la tombe.

  Son asile est inviolable et son sommeil est profond.

  Quel gouffre s’élargit sous nous à ce mot : éternité. Pensons un instant à ce que veulent dire ces mots, vie, mort, désespoir, joie, bonheur, demandez-vous un jour que vous pleurerez sur quelque tête chère, et que vous gémirez la nuit sur un grabat d’insomnie, demandez-vous pourquoi nous vivons, pourquoi nous mourrons, et dans quel but, à quel souffle de malheur, à quel vent du désespoir, grains de sable que nous sommes, nous roulons ainsi dans l’ouragan ? Quelle est cette hydre qui s’abreuve de nos pleurs et se complaît à nos sanglots ? pourquoi tout cela... et alors le vertige vous prend et l’on se sent entraîné vers un gouffre incommensurable au fond duquel on entend vibrer un gigantesque rire de damné.

  Il est des choses dans la vie et des idées dans l’âme qui vous attirent fatalement vers les régions sataniques comme si votre tête était de fer et qu’un aimant de malheur vous y entraînât. Ô une tête de mort ! ses yeux caves et fixes, la teinte jaune de sa surface, sa mâchoire ébréchée, sera-ce donc là la réalité, et le Vrai serait-il le Néant ?

  C’est dans cet abîme sans fond du doute le plus cuisant, de la plus amère douleur que se perdait Djalioh. En voyant cet air de fêtes, ces visages riants, en contemplant Adèle, son amour, sa vie, le charme de ses traits, la suavité de ses regards - il se demanda pourquoi tout cela lui était refusé, semblable à un condamné qu’on fait mourir de faim devant des vivres et que quelques barreaux de fer séparent de l’existence.

  Il ignorait aussi pourquoi ce sentiment-là était distinct des autres. Car autrefois si quelqu’un dans la chaude Amérique venait lui demander une place à l’ombre de ses palmiers, un fruit de ses jardins, il l’offrait, pourquoi donc, se demandait-il, l’amour que j’ai pour elle est-il si exclusif et si entier ?

  C’est que l’amour est un monde, l’unité est indivisible.

  Et puis il baissa la tête sur sa poitrine et pleura longtemps en silence comme un enfant.

  Une fois seulement il laissa échapper un cri rauque et perçant comme celui d’un hibou mais il alla se confondre avec la voix douce et mélodieuse de l’orgue qui chantait un Te Deum.

  Les sons étaient purs et nourris, ils s’élevèrent en vibrant dans la nef et se mêlèrent avec l’encens...

  Il s’aperçut ensuite qu’il y avait une grande rumeur dans la foule, que les chaises remuaient et qu’on sortait, un rayon de soleil pénétrait à travers les vitraux de l’église, il fit reluire le peigne en or de la fiancée et brilla pour quelques instants sur les barres dorées du cimetière, seule distance qui séparât la mairie de l’église.

  L’herbe des cimetières est verte, haute, épaisse et bien nourrie. Les conviés eurent les pieds mouillés, leurs bas blancs et leurs escarpins reluisants furent salis. Ils jurèrent après les morts.

  Le maire se trouvait à son poste, debout au haut d’une table carrée couverte d’un tapis vert.

  Quand on en vint à prononcer le Oui fatal, M. Paul sourit, Adèle pâlit, et Mme de Lansac sortit son flacon de sels.

  Adèle alors réfléchit. La pauvre fille n’en revenait pas d’étonnement, elle qui quelque temps auparavant, était si folle, si pensive, qui courait dans les prairies, qui lisait les romans, les vers, les contes, qui galopait sur sa jument grise à travers les allées de la forêt, qui aimait tant à entendre le bruissement des feuilles, le murmure des ruisseaux - elle se trouvait tout à coup une dame.

  C’est-à-dire quelque chose qui a un grand châle, - et qui va seule dans les rues.

  Tous ces vagues pressentiments, ces commotions intimes du coeur, ce besoin de poésie et de sensations qui la faisaient rêver sur l’avenir, sur elle-même, tout cela allait se trouver expliqué, pensait-elle. Comme si elle allait se réveiller d’un songe.

  Hélas, tous ces pauvres enfants du coeur et de l’imagination allaient se trouver étouffés au berceau entre les soins du ménage et les caresses qu’il faudra prodiguer à un être hargneux qui a des rhumatismes et des cors aux pieds et qu’on appelle : - un mari.

  Quand la foule s’écarta pour laisser passer le cortège, Adèle se sentit la main piquée comme par une griffe de fer. C’était Djalioh qui en passant l’avait égratignée avec ses ongles. Son gant déchiré devint rouge de sang. Elle s’entoura de son mouchoir de batiste. En se retournant pour monter en calèche elle vit encore Djalioh appuyé sur le marchepied - un frisson la saisit et elle s’élança dans la voiture.

  Il était pâle [comme] la robe de la mariée. Ses grosses lèvres crevassées par la fièvre et couvertes de boutons se remuaient vivement comme quelqu’un qui parle vite, - ses paupières clignotaient et sa prunelle roulait lentement dans son orbite, comme les idiots -

  V

  Le soir il y eut un bal au château et des lampions à toutes les fenêtres.

  Il y avait [de] nombreux cortèges d’équipages, de chevaux et de valets.

  De temps en temps on voyait une lumière apparaître à travers les ormes. Elle s’approchait de plus en plus en suivant mille détours, dans les tortueuses allées, enfin elle s’arrêtait devant le perron, avec une calèche tirée par des chevaux ruisselants de sueur. Alors la portière s’ouvrait et une femme descendait, - elle était jeune ou vieille, laide ou belle, en rose ou en blanc, comme vous voudrez, et puis après avoir rétabli l’économie de sa coiffure par quelques coups de main donnés à la hâte, dans le vestibule à la lueur des quinquets et au milieu des arbres verts et des fleurs et du gazon qui tapissaient les murs, elle abandonnait son manteau et son boa aux laquais, elle entrait. On ouvre les portes à deux battants, on l’annonce, il se fait un grand bruit de chaises et de pieds. On se lève, on fait un salut et puis il s’ensuit ces mille et une causeries, ces petits riens, ces charmantes futilités qui bourdonnent dans les salons et qui voltigent de côtés et d’autres comme des brouillards légers dans une serre chaude.

  La danse commença à dix heures.

  Et au dedans on entendait le glissement des souliers sur le parquet, le frôlement des robes, le bruit de la musique, les sons de la danse.

  Et au dehors, le bruissement des feuilles, les voitures qui roulaient au loin sur la terre mouillée, les cygnes qui battaient de l’aile sur l’étang, les aboiements de quelque chien du village après les sons qui partaient du château et puis quelques causeries naïves et railleuses de paysans dont les têtes apparaissaient à travers les vitres du salon.

  Dans un coin était un groupe de jeunes gens, les amis de Paul, ses anciens compagnons de plaisir, en gants jaunes ou azurés, avec des lorgnons, des
fracs en queue de morue, des têtes moyen âge et des barbes comme Rembrandt et toute l’école Flamande n’en vit et n’en rêva jamais.

  — Dis-moi donc de grâce, disait l’un d’eux, membre du Jockey-Club, quelle est cette mine renfrognée et plissée comme une vieille, celle qui est là derrière la causeuse où est ta femme ?

  — Ça ? - C’est Djalioh.

  — Qui est-ce Djalioh ?

  — Oh ceci, c’est toute une histoire.

  — Conte-nous-la, dit un des jeunes gens qui avait des cheveux aplatis sur les deux oreilles et la vue basse, puisque nous n’avons rien pour nous amuser.

  — Au moins du punch, repartit vivement un monsieur, grand, maigre, pâle et aux pommettes saillantes.

  — Quant à moi je n’en prendrai pas et pour cause, c’est trop fort. Des cigares, dit le membre du Jockey-Club.

  — Fi des cigares, y penses-tu Ernest, devant des femmes.

  — Elles en sont folles au contraire, j’ai dix maîtresses qui fument comme des dragons, dont deux ont culotté à elles seules toutes mes pipes.

  — Moi j’en ai une qui boit du kirsch à ravir.

  — Buvons, dit un des amis qui n’aimait ni les cigares, ni le punch, ni la danse, ni la musique.

  — Non, que Paul nous conte son histoire.

  — Mes chers amis, elle n’est pas longue, la voilà tout entière. C’est que j’ai parié avec M. Petterwell, un de mes amis qui est planteur au Brésil, un ballot de Virginie contre Mirsa, une de ses esclaves, que les singes... Oui, qu’on peut élever un singe, c’est-à-dire qu’il m’a défié de faire passer un singe pour un homme.

  — Eh bien Djalioh est un singe ?

  — Imbécile, pour ça non.

  — Mais enfin...

  — C’est qu’il faut vous expliquer que dans mon voyage au Brésil je me suis singulièrement amusé. Petterwell avait une esclave noire nouvellement débarquée du vieux canal de Bahama, diable m’emporte si je me rappelle son nom. - Enfin, cette femme-là n’avait pas de mari. Le ridicule ne devait tomber sur personne. - Elle était bien jolie. Je l’achetai à Petterwell, jamais la sotte ne voulait de moi, elle me trouvait probablement plus laid qu’un sauvage.

  Tous se mirent à rire, Paul rougit.

  — Enfin un beau jour, comme je m’ennuyais, j’achetai à un nègre le plus bel orang-outang qu’on eût jamais vu. - Depuis longtemps l’Académie des sciences s’occupait de la solution d’un problème : savoir s’il pouvait y avoir un métis de singe et d’homme.

  Moi j’avais à me venger d’une petite sotte de négresse et voilà qu’un jour après mon retour de la chasse, je trouve mon singe, que j’avais enfermé dans ma chambre avec l’esclave, évadé et parti, l’esclave en pleurs et toute ensanglantée des griffes de Bell. Quelques semaines [après] elle sentit des douleurs de ventre et des maux de coeur. Bien, enfin cinq mois après, elle vomit pendant plusieurs jours consécutifs. J’étais pour le coup presque sûr de mon affaire. Une fois elle eut une attaque de nerfs si violente qu’on la saigna des quatre membres car j’aurais été au désespoir de la voir mourir. - Bref au bout de sept mois un beau jour elle accoucha sur le fumier, elle en mourut quelques heures après mais le poupon se portait à ravir. J’étais ma foi bien content, la question était résolue.

  J’ai envoyé de suite le procès-verbal à l’Institut et le ministre à sa requête m’envoya la croix d’honneur.

  — Tant pis, mon cher Paul, c’est bien canaille maintenant.

  — Raison d’écolier. Ça plaît aux femmes, elles regardent ça en souriant pendant qu’on leur parle. Enfin j’élevai l’enfant, je l’aimai comme un père.

  — Ah ah, fit un monsieur qui avait des dents blanches et qui riait toujours, pourquoi ne l’avez-vous pas amené en France dans vos autres voyages ?

  — J’ai préféré le faire rester dans sa patrie jusqu’à mon départ définitif, d’autant plus que l’âge fixé par le pari était seize ans car il fut conclu la première année de mon arrivée à Janeiro. Bref, j’ai gagné Mirsa, j’ai eu la croix à vingt ans, et de plus j’ai fait un enfant par des moyens inusités.

  — Infernal, dantesque, dit un ami pâle.

  — Risible, cocasse, dit un autre qui avait de grosses joues et un teint rouge.

  — Bravo, dit le cavalier.

  — À faire crever de rire, dit en se tordant de plaisir sur une causeuse élastique un homme sautant et frétillant comme une carpe, petit, court, au front plat, aux yeux petits, le nez épaté, les lèvres minces, rond comme une pomme et bourgeonné comme un cantaloup.

  Le coup était fameux et partait d’un maître, jamais un homme ordinaire n’aurait fait cela.

  — Eh bien que fait-il Djalioh ? aime-t-il les cigares ? dit le fumeur en en présentant plein les deux mains et en les laissant tomber avec intention sur les genoux d’une dame.

  — Du tout mon cher, il les a en horreur.

  — Chasse-t-il ?

  — Encore moins, les coups de fusil lui font peur.

  — Sûrement il travaille, il lit, il écrit tout le jour.

  — Il faudrait pour cela qu’il sache lire et écrire.

  — Aime-t-il les chevaux ? demanda le convalescent.

  — Du tout.

  — C’est donc un animal inerte et sans intelligence. Aime-t-il le sexe ?

  — Un jour je l’ai mené chez les filles et il s’est enfui emportant une rose et un miroir.

  — Décidément c’est un idiot, fit tout le monde.

  Et le groupe se sépara pour aller grimacer et faire des courbettes devant les dames qui de leur côté, bâillaient et minaudaient en l’absence des danseurs. L’heure avançait rapidement au son de la musique qui bondissait sur le tapis entre la danse et les femmes. Minuit sonna pendant qu’on galopait.

  Djalioh était assis depuis le commencement du bal sur un fauteuil à côté des musiciens. De temps en temps il quittait sa place et changeait de côté. - Si quelqu’un de la fête, gai et insouciant, heureux du bruit, content des vins, enivré enfin de toute cette chaîne de femmes aux seins nus, aux lèvres souriantes, aux doux regards, l’apercevait, - aussitôt il devenait pâle et triste.

  Voilà pourquoi sa présence gênait et qu’il paraissait là comme un fantôme ou un démon. - Une fois les danseurs fatigués s’assirent.

  Tout alors devint plus calme, on passa de l’orgeat et le bruit seul des verres sur les plateaux interrompait le bourdonnement de toutes les voix qui parlaient.

  Le piano était ouvert, un violon était dessus, un archet à côté.

  Djalioh saisit l’instrument, il le tourna plusieurs fois entre ses mains comme un enfant qui manie un jouet. Il toucha à l’archet et le plia si fort qu’il faillit le briser plusieurs fois.

  Enfin il approcha le violon de son menton. Tout le monde se mit à rire, tant la musique était fausse, bizarre, incohérente. Il regarda tous ces hommes, toutes ces femmes, assis, courbés, pliés, étalés sur des banquettes, des chaises, des fauteuils, avec de grands yeux ébahis.

  Il ne comprenait pas tous ces rires et cette joie subite.

  Il continua :

  Les sons étaient d’abord lents, mols, l’archet effleurait les cordes et les parcourait depuis le chevalet jusqu’aux chevilles sans rendre presque aucun son, puis, peu à peu sa tête s’anima, s’abaissant graduellement sur le bois du violon, son front se plissa, ses yeux se fermèrent et l’archet sautillait sur les cordes comme une balle élastique à bonds précipités.

  La musique était saccadée, remplie de notes aiguës, de cris déchirants. On se sentait en l’entendant sous le poids d’une oppression terrible comme si toutes ces notes eussent été de plomb et qu’elles eussent pesé sur la poitrine.

  Et puis c’était des arpèges hardis, des octaves qui montaient - comme une flèche gothique - des notes qui couraient en masse et puis qui s’envolaient - des sauts précipités - des accords chargés.

  Et tous ces sons, tout ce bruit de cordes et de notes qui sifflent, sans mesure, sans chant, sans rythme - une mélodie nulle, - des pensées vagues et coure
uses qui se succédaient comme une ronde de démons, - ou des rêves qui passent et s’enfuient poussés par d’autres dans un tourbillon sans repos, dans une course sans relâche.

  Djalioh tenait avec force le manche de l’instrument et chaque fois qu’un de ses doigts se relevait de la touche, son ongle faisait vibrer la corde qui sifflait en mourant.

  Quelquefois il s’arrêtait, effrayé du bruit, - souriait bêtement et reprenait avec plus d’amour le cours de sa rêverie, - enfin fatigué il s’arrêta, écouta longtemps pour voir si tout cela allait revenir - mais rien, la dernière vibration de la dernière note était morte d’épuisement. Chacun se regarda, étonné d’avoir laissé durer si longtemps un si étrange vacarme. - La danse recommença. - Comme il était près de trois heures on dansa un cotillon. Les jeunes femmes seules restaient. Les vieilles étaient parties ainsi que les hommes mariés et poitrinaires.

  On ouvrit donc pour faciliter la valse la porte du salon, celles du billard et de la salle à manger, qui se succédaient immédiatement. Chacun prit sa valseuse, on entendit le son fêlé de l’archet qui frappait le pupitre et l’on se mit en train.

  Djalioh était debout, appuyé sur un battant de la porte. La valse passait devant lui tournoyante, bruyante, avec des rires et de la joie.

  Chaque fois il voyait Adèle tournoyer devant lui et puis disparaître - revenir - et disparaître - encore.

  Chaque fois il la voyait s’appuyer sur un bras qui soutenait sa taille, fatiguée qu’elle était de la danse et des plaisirs - et chaque fois il sentait en lui un démon qui frémissait et un instinct sauvage qui rugissait dans son âme, comme un lion dans sa cage.

  Chaque fois, à la même mesure répétée, - au même coup d’archet, à la même note, au bout d’un même temps, il voyait passer devant [lui] le bas d’une robe blanche à fleurs roses et deux souliers de satin qui s’entrebâillaient, et cela dura longtemps.

  Vingt minutes environ. La danse s’arrêta, oppressée elle essuya son front et puis elle repartit plus légère, plus sauteuse, plus folle et plus rose que jamais.

 

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