— On peut parler d’autre chose ? dis-je avec une toute petite voix.
— Et si on ne parlait pas du tout ? demande-t-il en m’embrassant et en m’allongeant sur le canapé.
Nous nous levons à l’aube pour que Jack puisse faire ses bagages. J’en profite pour prendre une douche avant que Mike et Dianne ne se lèvent. La veille, j’ai apporté un sac de chez moi, avec du linge de rechange et des affaires de toilette. J’ai pris aussi deux serviettes de bain. Alors que je suis en train de me sécher les cheveux, on frappe à la porte. Pensant que c’est Jack, je réponds doucement :
— Oui ?
Mais ce n’est pas lui, c’est Dianne qui a l’air très énervée.
— Est-ce que tu peux te dépêcher, s’il te plaît ? J’ai une réunion très tôt ce matin et ça fait déjà dix minutes que j’attends.
— Désolée, je fais le plus vite possible.
— Merci.
Je n’entends pas de pas dans le couloir, ce qui signifie qu’elle est toujours derrière la porte. Et qu’elle veut que je sorte immédiatement. J’avais prévu de m’habiller d’abord afin d’éviter de connaître la même mésaventure que l’autre jour, mais je ne veux pas être une gêne pour elle. J’attrape vite mes affaires, m’enroule dans l’une de mes serviettes, entoure mes cheveux de la deuxième et j’ouvre la porte. Effectivement, elle est là et elle tape du pied. D’un ton suave, je lui dis :
— Bonjour, Dianne.
— Bonjour, répond-elle sur un ton acide.
— Je te la laisse.
— Merci.
Je me dirige vers la chambre de Jack lorsqu’elle m’apostrophe :
— Je ne voudrais pas faire d’histoires, mais ça arrangerait tout le monde que tu n’utilises qu’une seule serviette. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, les garçons ont très peu de linge de toilette et ils vont rarement à la laverie.
Je m’apprête à répondre que ces deux serviettes m’appartiennent mais elle me claque littéralement la porte au nez.
Garce. C'est sûr.
Jack doit prendre la navette jusqu’à l’aéroport JFK. Je vais donc aller au bureau toute seule, je n’ai pas envie d’attendre Mike et Dianne.
— A demain soir, alors ? demande Jack. Je t’appelle à mon arrivée, nous aurons le temps de dîner avant le spectacle.
Ah, oui, le spectacle. Je dois lui dire.
— Il me tarde d’y être.
Après tout, je l’ai invité en premier et j’ai vraiment envie d’y aller avec lui. Le problème, c’est que j’ai embrassé Buckley. Mais c’était une expérience, enfin, je ne veux pas dire qu’il ne m’attire pas, ou que je me suis jouée de lui. Je ne veux surtout pas le blesser, je ne veux pas blesser Jack non plus. Et surtout, je ne veux pas souffrir.
Voilà ce à quoi je pense alors que je regarde Jack s’éloigner dans le bus qui le mène à l’aéroport. Je sais que j’ai une grave décision à prendre dans les prochaines vingt-quatre heures. Mais quelle que soit ma décision, un chouette mec va souffrir. Heureusement que j’ai mon rendez-vous hebdomadaire avec mon psy ce soir après le boulot. Je sais parfaitement qu’elle ne me dira pas ce que je dois faire, mais ça va me faire du bien de parler de tout ça avec quelqu’un.
— Bonjour, Tracey, dit Merry en passant la tête dans mon bureau. Tu as pensé à emporter un plat ?
— Un plat ? je demande, étonnée, en mâchant mon muffin allégé — donc sec et insipide.
— Oui, pour notre petite fête.
— Quelle petite fête ?
— A midi, le repas de tous les flocons ! As-tu oublié ?
— C'est aujourd’hui ? Je croyais que c’était demain.
— On a changé la date parce que les créatifs avaient réservé la salle de conférences au dixième, et comme le traiteur que nous avions contacté voulait prendre plus cher en raison du changement de date, nous avons décidé de faire un pot commun, chacun apporte un plat et on partage. Je t’ai envoyé un e-mail.
— Je ne l’ai pas reçu.
— Donc, tu n’as rien apporté ? demande-t-elle en jetant un regard inquisiteur dans mon bureau.
— Inutile de chercher, lui dis-je, énervée, je ne cache pas un pot-au-feu sous mon bureau.
— Oh, il ne fallait pas apporter un pot-au-feu !
— Ah, non ? Et quoi ?
— Moi, par exemple, j’ai apporté une oie et une bûche de Noël.
Si j’avais le temps et l’envie de discuter avec elle, je serais curieuse de savoir où elle a pu trouver une oie en plein Manhattan et à quoi ressemble sa bûche de Noël. Mais je n’ai qu’une envie, qu’elle sorte de mon bureau.
— Je ne peux pas venir à ton pot. Désolée.
— Mais… c’est obligatoire !
— Non, ce n’est pas vrai, Merry.
— Si, Tracey.
— Zut, alors, tu veux dire qu’on a aussi oublié de m’envoyer le règlement des flocons par e-mail !
— Tu n’as pas besoin d’être aussi agressive, Tracey.
Oh, que si ! Parce que j’ai des raisons d’être énervée, j’ai deux billets pour demain soir et j’ai invité deux mecs. Alors sa petite fête, elle peut se la mettre où je pense ! Je regarde Merry fixement, m’attendant à ce qu’elle tourne les talons. Mais elle ne bouge pas. Je lui envoie un message par télépathie : « Va-t-en ! Si tu recules calmement et que tu sors d’ici, il ne te sera fait aucun mal ! »
Elle ne bouge pas.
— Tu dois absolument venir à ce déjeuner, Tracey. C'est...
— Si tu prononces le mot obligatoire encore une fois, dis-je en m’avançant vers elle le doigt levé, je vais…
Je vais quoi, au fait ? J’adorerais écraser mon muffin allégé sur son gros visage tout rond, mais je sais que j’en suis incapable. Je n’ai jamais été violente, je ne vais pas commencer aujourd’hui. D’abord, parce que ça ne se fait pas de se battre au boulot, ensuite, parce que ça reviendrait inévitablement aux oreilles de Jack et que je pense qu’il n’apprécierait pas du tout la plaisanterie.
— Hé, boss ! Que se passe-t-il ?
Mike est dans l’encadrement de la porte derrière Merry. Lui, avec son « boss », il commence aussi à me taper sur le système. Je serre mon muffin dans ma main.
— Tout va bien ?
— Mike, peux-tu dire à Merry que son déjeuner de flocons n’a aucun caractère obligatoire ?
— C'est obligatoire, répète Merry.
— Autant que l’était le flocon ? dis-je ironiquement.
— Oui.
— Et comment expliques-tu que je sois la seule à m’être fait piéger dans tout le département ?
— Moi aussi, dit Mike.
Je comprends que Merry a piégé tous les nouveaux qui n’étaient pas au courant.
— Je croyais que c’était obligatoire, dit Mike.
— Ça l’est, dit Merry qui ajoute à mi-voix, en quelque sorte.
Mike et moi échangeons un regard.
— Je n’irai pas à ton pot aujourd’hui, un point c’est tout, dis-je fermement à Merry.
— Alors tu ne sauras jamais qui était ton flocon, dit-elle en croisant ses gros bras sur sa large poitrine d’un air satisfait.
— C'est sans doute mieux comme ça, parce que si je mets la main sur cet abruti, je crois que je pourrais lui casser la figure tellement il m'a rendue malade en m’offrant des cadeaux aussi déplacés et hors de prix, alors que moi j’ai respecté les limites qui étaient imposées et…
C'est alors que je vois l’expression de Mike.
Et l’identité de mon mystérieux flocon ne fait plus aucun doute.
Une journée mal commencée risque de finir encore plus mal. Une fois Merry partie, Mike se confond en excuses pour m’avoir couverte de cadeaux aussi extravagants. J’apprends que c’était l’idée de Dianne qui était triste pour moi parce que cette année, aucun petit copain ne m’offrirait des cadeaux de Noël. C'est elle aussi qui a eu l’idée d’utiliser toutes ces choses que Mike reçoit de la part de magazines ou de chaînes de télévision. E
n fait, tout, à l’exception du bon d’achat de chez Sephora qu’il a acheté avec Dianne, lui a été offert par ses clients, même les billets de demain soir, qui ont été envoyés par une chaîne de télé.
— Désolé, boss, répète-t-il une centaine de fois.
Mais je garde un goût amer dans la bouche et le muffin n’a rien à voir avec cela. Je commençais à oublier l’épisode de ma chute malencontreuse dans le couloir, mais ces révélations jettent un froid entre nous. Je ne veux pas dire que j’aurais préféré qu’il paye tous ces présents, non, ce qui me choque, c’est qu’il ait eu à ce point pitié de moi. Lui et Dianne. Je me sens humiliée alors que je devrais me sentir reconnaissante. Mais la liste est longue des choses que j’aurais dû faire ou ne pas faire. Comme par exemple inviter Buckley alors que j’avais déjà invité Jack. Je dois en décommander un, mais lequel ? Je peux appeler Jack ce soir à son hôtel et le lui dire. Ou Buckley chez lui. Lequel choisir ? Je crois que j’ai déjà ma petite idée mais je ne veux pas prendre de risque. Je dois demander conseil. Malheureusement, celle sur qui je comptais pour m’éclairer me fait appeler en fin de journée. Le Dr Trixie Schwartzenbaum a glissé sur une plaque de verglas et s’est fracturé le poignet, toutes ses consultations sont annulées jusqu’à nouvel ordre. Comme je suis incapable de trancher, comme toutes mes copines me font la tête depuis l’histoire de Steeve Le Sexuel, comme je sais déjà que Kate me conseillera Buckley sans aucune discussion possible, il ne me reste plus qu’une seule personne vers laquelle me tourner.
Mon Dieu, aidez-moi !
La machine où tourne mon linge vient de se mettre sur le programme « essorage ». Malheureusement, je vais devoir attendre, Sally-la-chaussette squatte trois sèche-linge. Raphaël arrive à point pour me changer les idées. Il porte un gros sac de linge sur son épaule et un panier en osier dans la main droite. Dans le panier, reposant sur une serviette d’un blanc immaculé, il y a un shaker et deux verres.
— Pas de vodka pour moi, dis-je en lui montrant la bouteille de bière que je viens d’ouvrir. Je ne veux pas boire ce soir, j’ai une très grande décision à prendre, je dois avoir les idées claires.
J’attends qu’il m’interroge sur cette grande décision, mais il a la tête penchée vers son panier. Il se tourne vers moi et dit :
— Ce n’est pas de la vodka, Tracey, c’est du brandy Alexander en l’honneur du garçon que j’ai rencontré la nuit dernière au Boys Club. Devine son nom ?
— Euh, Joe ?
— Mais non, Alexander, bien sûr, répond-il, passant outre mon ton sarcastique.
— Et Carl ?
— Il est retourné chez son ex, dit-il sur un ton détaché. Tu verrais Alexander, il est superbe, blond comme Carl, grand, mais pas aussi dodu.
— Ah, oui, à propos, tu devrais essayer le Spécial Steeve le Sexuel.
— Miam, quel goût ça a ?
— Ce n’est pas un cocktail, c’est une horrible expérience et c’est un miracle que je n’ai pas viré de bord après avoir vécu cela.
Je lui raconte la soirée en détail. Contrairement à Jack qui a bien ri, Raphaël est horrifié. Pour lui, toujours en quête du beau, cette exhibition est une insulte. Il est effondré, me présente ses excuses et propose de m’envoyer, à ses frais, un copain de Fabuleux B, (vraiment très beau celui-ci !), à mon domicile pour une démonstration privée. Je décline poliment sa proposition.
— Ecoute, j’ai un vrai problème et j’ai besoin de ton aide. Dis-moi ce que je dois faire.
— Le laser, répond-il sans hésiter tout en faisant tournoyer le shaker au-dessus de sa tête. Je suis content de pouvoir en parler avec toi.
— Quoi ?
— On n’est pas en train de parler de ta lèvre supérieure, Tracey ?
— Non, pas du tout !
Machinalement, ma main se dirige vers ma lèvre récemment épilée, pas assez récemment selon Raphaël. Que voulez-vous, j’ai des origines méditerranéennes, moi !
Penser à prendre rendez-vous pour une épilation. A Brookside, ce sera moins cher qu’à Manhattan.
— Excuse-moi, Tracey, mais de quoi parles-tu alors ? demande Raphaël tout en admirant son reflet dans le shaker puis en se servant un verre.
Je lui prends celui-ci des mains et je le pose sur une des machines devant nous.
— Cela concerne Jack et Buckley.
— Délicieux, dit-il en fermant les yeux et en reposant son verre dont il a bu une gorgée. Pas aussi délicieux qu’Alexander lui-même, mais bien quand même.
— Raphaël, s’il te plaît !
— Oui, oui, je t’écoute, vas-y.
Je lui raconte tout, le flocon, les cadeaux, les billets, le baiser et la double invitation. Et pendant que je parle, je vois de mieux en mieux avec lequel des deux j’ai le plus envie de sortir. Ça tombe bien parce que Raphaël ne m’est d’aucune utilité. Pendant que je lui parle, il boit, sort son linge et le trie, à gauche, la couleur, à droite, le blanc. Je saisis à temps une paire de bas en velours rouge perdus au milieu du linge blanc. Raphaël a la tête plongée dans son sac, je lui demande s’il a une idée du degré d’alcool contenu dans son cocktail, il n’en sait rien mais me propose d’essayer. Ce n’est pas le moment de boire, j’ai besoin d’avoir toute ma tête pour ce que j’ai à faire.
Il décroche à la troisième sonnerie.
— Tracey ! Je pensais à toi justement.
— Tu fais quoi ?
— Des abdos.
J’ai aussitôt la vision troublante de son ventre musclé. Non ! Je fais barrage, ce n’est pas le moment de penser à ça, alors que je m’apprête à lui dire que j’annule la soirée de demain soir. Du reste, je me demande bien pourquoi il pensait à moi alors qu’il était en train de faire sa gym. Est-ce parce qu’il trouve que j’en aurais besoin ?
— J’ai quelque chose à te dire.
— Oh, ça a l’air sérieux.
— Oui, en quelque sorte. Ecoute, j’en suis malade mais…
— Tu es en train de me dire que tu veux annuler demain soir ?
— Mais, euh, qu’est-ce qui te fait penser cela ?
— Je reconnais le ton que tu emploies, on me l’a déjà fait.
— Je suis désolée.
Et à ma grande stupeur, je me mets à pleurer.
— Ne pleure pas, je comprends.
— Vraiment ?
— Je crois que ni toi ni moi ne sommes vraiment prêts pour quelque chose de sérieux en ce moment.
— Tu es quelqu’un de bien, tu sais, dis-je avec le plus de sincérité possible.
— Je sais. J’espère que tu seras heureuse avec le spécialiste des capitales des Etats, dit Buckley.
Alors, tout en repoussant une petite pensée mélancolique pour tout ce qui ne sera jamais entre lui et moi, je le quitte en lui promettant, que oui, je serai heureuse avec Jack.
16
Le vol du samedi matin au départ de LaGuardia pour Buffalo est surbooké. Un instant, je suis tentée de laisser mon siège. Vision fugace d’un Noël à Manhattan avec Jack. Mais très fugace. Car je sais que Jack ne sera pas à New York pour les fêtes de fin d’année. Il va à Aspen où sa famille loue le même chalet depuis qu’il a dix ans. Et donc, si je ne vais pas à Brookside, savez-vous ce qui va se passer ? Je risque de passer les fêtes toute seule, un cauchemar pour tout être civilisé ! A part Will McCraw, bien sûr, qui n’a besoin de personne.
Je me renfonce sur mon siège et ne me porte pas volontaire pour débarquer. Apparemment, personne n’est intéressé par les bonus proposés par l’hôtesse. Dans ces cas-là, quand il n’y a pas de volontaire, on procède à un tirage au sort. Autant vous dire qu’en cette période de l’année, ce genre de chose est toujours mal vécue. Nous finissons enfin par décoller, le pilote nous souhaite la bienvenue pour ce « saut de puce jusqu’à Buffalo », comme il dit avec désinvolture. En fait de voyage tranquille, nous sommes ballottés en tous sens. Il neige, il y a beaucoup de turbulences et je me paie une crise de panique comme je n’en ai jamais eue auparavant. J’étouffe, je trem
ble, j’ai du mal à respirer, je me sens à deux doigts de la mort. Le type à côté de moi lit tranquillement le New York Times qui annonce que les touristes sont devenus les nouvelles cibles des terroristes. A ma gauche, une vieille dame récite son chapelet. Les yeux fermés, elle murmure des prières adressées à Jésus, l’air tellement concentré que je suis sûre que si nous nous écrasons, elle le rencontrera en personne.
J’essaie de me changer les idées en me plongeant dans le dernier Caleb Carr que Buckley m’a donné et que je n’ai jamais eu l’occasion de lire, mais finalement je ferme les yeux et je repense à la nuit dernière. Ça me change les idées et me fait un bien fou. Je revois Jack courant à ma rencontre le long de la Sixième Avenue. Je l’attendais devant le Radio City Music Hall et en voyant son visage rayonnant, j’ai su que j’avais fait le bon choix. Je me fiche royalement de tout ce que les uns et les autres ont pu me dire sur le sujet, ce que je sais, c’est que je l’aime beaucoup, qu’il m’aime beaucoup et que nous sommes bien ensemble. Et que la nuit dernière était fantastique. Tellement géniale que si mon avion s’écrasait, je quitterais cette vie le cœur joyeux, oui, enfin, façon de parler… Mais mon avion ne s’écrase pas, ma crise de panique s’estompe et finalement, je me retrouve dans le hall de l’aéroport en train de serrer ma sœur Mary Beth dans mes bras.
— C'est adorable de ta part d’être venue me chercher.
— Je t’en prie, j’en ai profité pour faire toutes mes courses de Noël chez Toy’s R Us. Il y avait un monde fou, mais ça ne m’a pris qu’une heure. Je suis contente que ce soit fait.
— Où sont les garçons ?
— A la maison avec Vinnie.
Je sais qu’elle peut lire sur mon visage ce que je pense de son mari volage qui a réintégré le domicile conjugal après l’avoir copieusement trompée, car elle se justifie.
— Ecoute, Tracey, ça va beaucoup mieux avec lui, il a changé tu sais.
— Je l’espère, Mary Beth, pour toi comme pour les enfants.
— Il a vraiment changé.
Je me demande laquelle de nous deux elle cherche à convaincre. Pendant que nous attendons que mes bagages arrivent, elle me donne des détails sur la thérapie de couple que Vinnie et elle ont engagée. Elle me dit à quel point ses fils sont heureux du retour de leur père à la maison. J’essaie de partager sa joie, mais je connais le lascar, et je suis moins optimiste qu’elle.
Ex in the City Page 20