Les refuges de pierre

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Les refuges de pierre Page 5

by Jean M. Auel


  — Elle m’a raconté qu’elle et toi aviez failli contracter une double union avec Joconan, mais elle exagérait peut-être, ou ne se souvenait plus très bien. Comment se fait-il que tu n’aies jamais mentionné son nom ?

  Ayla lança à son compagnon un regard interrogateur : elle ignorait qu’il n’avait pas tout à fait cru les propos de la S’Armuna.

  — Son souvenir était trop douloureux, répondit Marthona. Bodoa était comme une sœur. J’aurais été heureuse de cette double union mais notre Zelandoni s’est prononcée contre, en arguant qu’on avait promis à l’oncle de Bodoa qu’elle retournerait là-bas après sa formation. Tu dis qu’elle est maintenant Celle Qui Sert ? Alors, il valait peut-être mieux qu’elle parte, finalement, mais elle était furieuse, à l’époque. Je l’ai suppliée d’attendre le changement de saison pour tenter de traverser le glacier mais elle n’a pas voulu m’écouter. Je suis heureuse d’apprendre qu’elle a survécu, et contente de savoir qu’elle m’envoie ses amitiés. Tu penses qu’elle était sincère ?

  — J’en suis sûr, mère. Elle n’était pas obligée de rentrer, en fait. Son oncle avait déjà quitté ce monde, sa mère aussi. Elle est devenue S’Armuna, mais sa colère l’a conduite à faire mauvais usage de son état. Elle a aidé une créature cruelle à devenir Femme Qui Ordonne, sans savoir à quel degré de vilenie cette Attaroa s’abaisserait. S’Armuna rachète ses fautes, maintenant. Je crois qu’elle a accompli sa tâche en aidant sa Caverne à surmonter les années difficiles, mais elle devra peut-être en assumer la responsabilité en attendant que quelqu’un d’autre en soit capable, comme tu l’as fait, mère. Bodoa est une femme remarquable, elle a même découvert un moyen de transformer la boue en pierre.

  — La boue en pierre ? Jondalar, tu parles comme un conteur ! Comment puis-je te croire si tu racontes de telles sornettes ?

  — Crois-moi, je dis la vérité. Je ne suis pas devenu un conteur qui va de Caverne en Caverne, enjolivant histoires et légendes pour les rendre plus captivantes... J’ai fait un long Voyage, j’ai vu beaucoup de choses.

  Jondalar glissa un regard à Ayla avant de poursuivre :

  — Si tu ne l’avais vu de tes yeux, aurais-tu cru qu’un humain peut monter sur un cheval ou gagner l’amitié d’un loup ? J’ai d’autres choses à te dire que tu trouveras difficiles à croire, et certaines choses à te montrer qui te feront douter de tes propres yeux.

  — Très bien, tu m’as convaincue. Je ne mettrai plus tes propos en doute... même si j’ai du mal à les croire.

  Sur ce, Marthona sourit, avec un charme espiègle qu’Ayla ne lui connaissait pas. Un instant, elle parut plus jeune d’une dizaine d’années, et Ayla comprit de qui Jondalar tenait son sourire.

  Marthona prit sa coupe de vin, la vida lentement puis encouragea le jeune couple à finir de manger. Quand ils eurent terminé, elle débarrassa les bols et les bâtonnets, donna à Jondalar une peau souple et humide pour qu’il essuie leurs couteaux à manger avant de les ranger, puis leur resservit à boire.

  — Tu es resté longtemps parti, dit-elle à son fils. (Ayla eut le sentiment qu’elle choisissait ses mots avec soin.) Je comprends que tu dois avoir beaucoup d’histoires à raconter sur ton Voyage. Toi aussi, Ayla. Il vous faudra du temps pour les raconter toutes, et j’espère que vous comptez rester... un moment. (Elle lança à Jondalar un regard appuyé.) Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le voudras, mais ce lieu te semblera peut-être trop petit pour nous tous... après un certain temps. Tu souhaiteras peut-être t’installer dans un endroit à toi... pas trop loin... plus tard...

  — Oui, mère, répondit Jondalar avec un sourire éclatant. Ne crains rien, je ne repartirai pas. Je suis chez moi. J’ai... nous avons l’intention de rester, à moins que quelqu’un y voie une objection. Est-ce cela que tu veux entendre ? Ayla et moi ne sommes pas encore unis mais nous le serons bientôt. J’en ai déjà parlé à Zelandoni, elle est passée juste avant que tu ne reviennes avec le vin. J’ai préféré attendre d’être ici pour que ce soit elle qui noue la lanière autour de nos poignets aux Matrimoniales de cet été. Je suis las de voyager, conclut-il.

  Marthona sourit de bonheur.

  — Ce serait merveilleux de voir un enfant naître dans ton foyer, peut-être même de ton esprit, Jondalar.

  Se tournant vers Ayla, il déclara :

  — Je le pense aussi.

  Marthona espérait avoir correctement interprété ce que son fils sous-entendait mais ne posa pas de question. C’était à lui de faire l’annonce. Elle aurait préféré qu’il ne se perde pas en subtilités pour une question aussi importante que l’éventualité d’une naissance.

  — Tu seras sans doute heureuse d’apprendre que Thonolan a laissé un fils de son esprit, sinon de son foyer, dans au moins une Caverne, peut-être plus. Une Losadunaï nommée Filonia, qui l’avait trouvé plaisant, s’est aperçue peu après notre arrivée qu’elle était enceinte. Elle a maintenant un compagnon et deux enfants. Laduna m’a raconté que, lorsque le bruit s’est répandu qu’elle était grosse, tous les Losadunaï en âge de s’unir ont trouvé une raison de lui rendre visite. Elle a fait son choix, mais son premier enfant, une fille, elle l’a appelée Thonolia. J’ai vu la fillette. Elle ressemble beaucoup à Folara quand elle était petite... Dommage qu’ils habitent si loin, et de l’autre côté d’un glacier. La distance est longue, encore que, sur le chemin du retour, elle m’ait paru courte après mon interminable Voyage.

  Il s’interrompit, pensif, puis reprit :

  — Je n’ai jamais trop aimé voyager. Je ne serais pas allé aussi loin si je n’avais eu Thonolan pour compagnon...

  Il remarqua tout à coup l’expression de sa mère et se rendant compte qu’il parlait de son frère, cessa de sourire.

  — Thonolan est né au foyer de Willamar, dit-elle, et aussi de son esprit, j’en suis sûre. Il ne tenait jamais en place, même quand il était bébé. Il voyage encore ?

  Ayla nota à nouveau le caractère indirect des questions que Marthona posait ou, parfois, sous-entendait. Elle se souvint que Jondalar avait toujours été un peu déconcerté par la curiosité sans détour des Mamutoï, et eut une soudaine révélation. Ceux qui se donnaient le nom de Chasseurs de Mammouths, ceux qui l’avaient adoptée et dont elle avait appris les usages, étaient différents du peuple de Jondalar. Bien que, pour le Clan, tous ceux qui ressemblaient à Ayla fussent les Autres, les Zelandonii différaient des Mamutoï, et dans d’autres domaines que la langue. Elle aurait à assimiler les usages des Zelandonii si elle voulait trouver sa place chez eux.

  Jondalar prit sa respiration et se rendit compte que le moment était venu de parler à sa mère de Thonolan.

  — Je suis désolé, mère. Thonolan voyage maintenant dans le Monde d’Après, murmura-t-il en lui prenant les mains.

  Les yeux clairs de Marthona montrèrent la profondeur du chagrin qu’elle éprouvait d’avoir perdu son plus jeune fils, et ses épaules parurent s’affaisser sous un lourd fardeau. Elle avait déjà subi la perte d’êtres chers, mais jamais celle d’un enfant. C’était plus dur encore, lui semblait-il, de perdre quelqu’un qui aurait dû avoir toute la vie devant lui. Elle ferma les yeux, tenta de maîtriser son émotion puis redressa les épaules et regarda le fils qui était revenu auprès d’elle.

  — Tu étais avec lui ?

  — Oui, répondit-il, sentant de nouveau sa peine. Un lion des cavernes... Thonolan l’a suivi dans un défilé... J’ai essayé de l’en dissuader mais il ne m’a pas écouté.

  Jondalar luttait pour rester maître de lui, et Ayla se rappela la nuit où elle avait tenu contre elle et bercé comme un enfant cet inconnu accablé de douleur. Elle ne connaissait même pas sa langue, mais les mots ne sont pas nécessaires pour comprendre le chagrin. Tendant la main, elle lui toucha le bras afin de lui faire savoir qu’elle était là pour le soutenir, sans s’immiscer dans ce moment entre mère et fils. Marthona remarqua que le geste d’Ayla paraissait aider Jondalar. Il prit de nouveau une longue inspiration.

  — J’ai quelque chose pour toi, mère, ann
onça-t-il. Il se leva, alla chercher son sac de voyageur, en tira un premier paquet puis, après réflexion, un second.

  — Thonolan avait trouvé une femme et il était tombé amoureux. C’était une Sharamudoï, un peuple qui vit près de l’embouchure de la Grande Rivière Mère, là où elle est si large que l’on comprend pourquoi elle tire son nom de la Grande Mère. Les Sharamudoï sont en fait deux peuples. La moitié shamudoï vit sur terre et chasse le chamois dans les montagnes ; les Ramudoï vivent sur l’eau et pèchent l’esturgeon géant dans la rivière. En hiver, les Ramudoï rejoignent les Shamudoï, chaque famille d’un groupe étant liée à une famille de l’autre, comme dans une union. On dirait deux peuples différents mais leurs liens étroits en font les deux moitiés d’un même peuple.

  Jondalar éprouvait des difficultés à expliquer cette culture unique et complexe.

  — Thonolan aimait tellement cette femme qu’il était prêt à vivre avec les siens. Il est devenu shamudoï en s’unissant à Jetamio.

  — Quel beau nom ! dit Marthona.

  — Elle était belle. Tu l’aurais aimée.

  — Était ?

  — Elle est morte en tentant de donner vie à un enfant qui aurait été le fils du foyer de Thonolan. Il n’a pas supporté de la perdre. Je crois qu’il a voulu la suivre dans le Monde d’Après.

  — Lui qui était toujours si heureux si insouciant...

  — Je sais, mais la mort de Jetamio l’a transformé. Il n’était plus insouciant mais d’une folle imprudence. Comme il ne voulait plus rester chez les Sharamudoï, j’ai tenté de le convaincre de rentrer avec moi, mais il a insisté pour aller vers l’est. Je ne pouvais le laisser partir seul. Les Ramudoï nous ont donné une de leurs pirogues – ils fabriquent des bateaux extraordinaires – et nous avons descendu le courant, mais nous avons tout perdu dans le delta de la Grande Rivière Mère, là où elle se jette dans la mer de Beran. J’ai été blessé, Thonolan a failli être englouti par des sables mouvants ; un camp de Mamutoï nous a secourus.

  — C’est là que tu as rencontré Ayla ?

  Jondalar jeta un coup d’œil à la jeune femme, revint à sa mère.

  — Non, répondit-il... Après que nous avons quitté le Camp du Saule, Thonolan a déclaré qu’il voulait remonter vers le nord avec les Mamutoï pour chasser le mammouth pendant leur Réunion d’Été, mais je ne sais pas s’il en avait vraiment envie. C’était uniquement pour continuer à voyager.

  Jondalar ferma les yeux, soupira, reprit le fil de son histoire :

  — Nous traquions un cerf, ce jour-là, et nous ne savions pas qu’une lionne le chassait aussi. Elle a bondi au moment même où nous lancions nos sagaies. Nos sagaies sont arrivées les premières mais la lionne a emporté le cerf. Thonolan a décidé de le récupérer : il était à lui, disait-il, pas à elle. Je lui ai conseillé de ne pas se battre avec une lionne et de lui abandonner l’animal, mais il a insisté pour la suivre jusqu’à sa tanière. Nous avons attendu un moment et, quand la lionne est partie, Thonolan est entré dans le défilé pour prélever sa part de viande. Or la lionne avait un compagnon qui n’entendait pas nous laisser le cerf. Le lion a tué Thonolan et m’a blessé grièvement.

  — Tu as été blessé par un lion ?

  — Sans Ayla, je serais mort. Elle m’a sauvé la vie. Elle m’a tiré des griffes de ce lion et elle a soigné mes blessures. Elle est guérisseuse.

  Marthona regarda la jeune femme puis son fils avec étonnement.

  — Elle t’a tiré des griffes du lion ?

  — Whinney m’a aidée, et je n’aurais rien pu faire si Jondalar avait été attaqué par un autre lion que celui-là, expliqua Ayla.

  Jondalar devina la perplexité de sa mère et craignit que ces explications ne rendent l’histoire encore moins plausible.

  — Tu as vu comme Loup et les chevaux l’écoutent...

  — Tu ne veux pas me faire croire que...

  — Dis-lui, Ayla.

  — C’était un lion que j’avais recueilli quand il était tout petit, commença la jeune femme. Il avait été piétiné par des cerfs et sa mère l’avait laissé pour mort. Il l’était presque. Moi, je les chassais, les cerfs, j’essayais d’en faire tomber un dans ma trappe. J’ai réussi. En retournant à ma vallée, j’ai trouvé le lionceau, et je l’ai ramené aussi. Whinney n’était pas très contente, l’odeur de lion l’effrayait, mais je suis parvenue à ramener le cerf et le petit lion à ma grotte. Je l’ai soigné, il a guéri, et comme il était encore trop jeune pour se débrouiller seul, j’ai dû lui servir de mère. Whinney a appris elle aussi à s’occuper de lui... (Un souvenir la fit sourire.) C’était si drôle de les voir ensemble quand il était petit...

  Marthona regarda Ayla et eut une révélation.

  — C’est ainsi que tu fais ? Pour le loup ? Pour les chevaux ? Ce fut au tour d’Ayla d’être étonnée : personne n’avait encore fait le lien aussi rapidement.

  — Bien sûr ! s’exclama-t-elle, ravie que Marthona comprenne. C’est ce que j’essaie d’expliquer à tout le monde. Si tu prends un animal très jeune, si tu le nourris, si tu l’élèves comme ton propre enfant, il s’attache à toi, et toi à lui. Le lion qui a tué Thonolan et blessé Jondalar était celui que j’avais recueilli. Il était comme un fils pour moi.

  — Mais il était devenu adulte ? Il vivait avec une lionne ? Comment as-tu réussi à lui arracher Jondalar ? questionna Marthona, encore incrédule.

  — Nous avions l’habitude de chasser ensemble, le lion et moi. Quand il était petit, je partageais avec lui le gibier que j’avais tué, et plus tard, devenu grand, il me donnait une part de sa chasse. Il faisait toujours ce que je lui demandais. J’étais sa mère. Les lions écoutent leur mère.

  — Je ne comprends pas non plus, avoua Jondalar, voyant l’expression de Marthona. C’était le plus gros lion que j’aie jamais rencontré, mais Ayla l’a arrêté net alors qu’il allait me bondir dessus une seconde fois. Je l’ai vue souvent monter sur son dos. Tous les Mamutoï présents à la Réunion d’Été ont vu Ayla sur ce lion. Je l’ai vue de mes yeux, et j’ai encore du mal à le croire.

  — Je regrette seulement de ne pas avoir pu sauver Thonolan, dit Ayla. J’ai entendu un homme crier, mais, le temps que j’arrive sur les lieux, Thonolan était déjà mort.

  Ces mots replongèrent Marthona dans son affliction, et ils demeurèrent silencieux, enfermés tous les trois dans leurs propres sentiments.

  — Je suis heureuse qu’il ait trouvé quelqu’un à aimer, murmura-t-elle au bout d’un moment. Jondalar prit le premier paquet qu’il avait tiré de son sac.

  — Le jour où Thonolan et Jetamio se sont unis, il m’a dit que tu savais qu’il ne reviendrait pas, et il m’a fait promettre de retourner ici un jour. Et de te rapporter quelque chose de beau, comme Willamar le fait toujours. Quand Ayla et moi sommes repassés chez les Sharamudoï, sur le chemin du retour, Roshario m’a donné ceci pour toi. C’est elle qui a élevé Jetamio après la mort de sa mère. Elle a dit que Jetamio y était très attachée, dit-il en tendant le paquet à sa mère.

  Marthona rompit la corde nouée autour de la peau de chamois et crut d’abord que cette peau, si souple, si belle, était le cadeau, mais quand elle l’ouvrit, elle eut le souffle coupé en découvrant un collier superbe. Il était fait de dents de chamois, de canine de jeunes animaux, d’un blanc parfait, percées a la racine, disposées par ordre de taille, symétriquement, et séparées par des morceaux d’arête centrale de petit esturgeon, avec au milieu un pendentif de nacre en forme de bateau.

  — Il représente le peuple que Thonolan avait choisi de rejoindre : les Sharamudoï, leurs deux côtés. Le chamois de la terre pour les Shamudoï, l’esturgeon de la rivière pour les Ramudoï, et le bateau pour les deux. Roshario tenait à ce que tu possèdes quelque chose qui avait appartenu à la femme choisie par Thonolan.

  Des larmes que Marthona ne pouvait retenir roulèrent sur ses joues tandis qu’elle contemplait le magnifique cadeau.

  — Jondalar, qu’est-ce qui lui faisait croire que je savais qu’il ne
reviendrait pas ?

  — Quand nous sommes partis, tu lui as dit « Bon Voyage », pas « Jusqu’à ton retour ». Une nouvelle crue inonda les yeux de Marthona et déborda.

  — Il avait raison. Je ne pensais pas qu’il reviendrait. J’avais beau me raconter le contraire, j’étais sûre que je ne le reverrais jamais. Et quand j’ai appris que tu partais avec lui, j’ai cru que j’avais perdu deux fils. Je suis triste que Thonolan ne soit pas revenu avec toi, mais en même temps si heureuse que toi au moins tu sois rentré...

  Ayla ne put elle non plus contenir ses larmes en voyant la mère et le fils s’étreindre. Elle comprenait maintenant pourquoi Jondalar ne pouvait rester avec les Sharamudoï alors que Tholie et Markeno le pressaient de le faire. Elle savait ce que c’était que de perdre un fils. Elle avait deviné qu’elle ne reverrait jamais le sien, mais si elle avait su comment il allait, ce qui lui était arrivé, quel genre de vie il menait, elle aurait été contente.

  Le rideau de cuir de l’entrée se releva.

  — Devinez qui est là ! s’écria Folara en se précipitant à l’intérieur. Elle était suivie, plus calmement, par Willamar.

  3

  Marthona se leva en toute hâte pour accueillir l’homme qui venait d’entrer et le serra contre elle avec chaleur.

  — Je vois que ton géant de fils est revenu ! s’exclama-t-il. Je n’aurais jamais cru qu’il deviendrait un tel voyageur. J’ai entendu tellement de choses au sujet de ce qu’il a rapporté que je pense qu’il aurait dû faire du troc au lieu de tailler le silex.

  Willamar se débarrassa de son sac et donna l’accolade à Jondalar.

  — Tu n’as pas rapetissé, à ce que je vois, dit-il avec un grand sourire, parcourant du regard les six pieds six pouces de l’homme aux cheveux blonds.

  Jondalar lui rendit son sourire. C’était toujours ainsi que Willamar le saluait : par une plaisanterie sur sa taille. Mesurant lui-même plus de six pieds, Willamar – qui avait été l’homme de leur foyer tout autant que Dalanar – ne faisait pas précisément figure de nabot, mais Jondalar était aussi grand que l’homme à qui Marthona était unie lorsqu’il était né, avant qu’ils ne rompent le lien.

 

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