Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 5

by Jean M. Auel


  — Wymez, du Foyer du Renard du Camp du Lion, Maître Tailleur de pierre des Mamutoï, annonça pompeusement Ranec, voici nos visiteurs, Jondalar des Zelandonii, qui est de ton espèce, semble-t-il...

  Jondalar crut entendre dans sa voix une nuance d’humour ou de sarcasme ? Il ne savait trop.

  — ... et sa belle compagne, Ayla, une femme de Nulle Part mais qui possède beaucoup de charme... et de mystère.

  Son sourire, où la blancheur des dents contrastait avec la peau sombre, attira le regard d’Ayla. Une lueur avertie brilla dans les yeux noirs.

  — Salut, dit Wymez, aussi simple et direct que Ranec avait été cérémonieux. Tu travailles la pierre ?

  — Oui. Je suis tailleur de silex.

  — J’ai rapporté de la pierre excellente. Elle vient tout droit de son gisement, elle n’a pas eu le temps de sécher.

  — J’ai dans mon sac un percuteur et un bon perçoir, déclara Jondalar, dont l’intérêt s’était aussitôt éveillé. Te sers-tu d’un perçoir ? La conversation prit rapidement un tour tout professionnel. Ranec posa sur Ayla un regard affligé.

  — Ça devait arriver, j’aurais pu te le dire. Sais-tu quel est le pire, quand on vit au foyer d’un maître-façonneur d’outils ? Ce n’est pas toujours de trouver des éclats de silex dans ses fourrures, c’est surtout d’entendre constamment parler de silex. Et, depuis le moment où Danug a manifesté son intérêt... la pierre, la pierre, la pierre... je n’ai plus entendu que ça.

  Le ton affectueux de Ranec démentait ses récriminations. Chacun, visiblement, les avait déjà entendues : personne n’y prêtait attention, excepté Danug.

  — J’ignorais que cela t’ennuyait à ce point, dit le jeune homme.

  — Mais non, fit Wymez. Tu ne vois donc pas, Ranec essaie d’impressionner une jolie fille.

  — A la vérité, Danug, je te suis reconnaissant. Jusqu’à ton intervention, je crois qu’il cherchait à faire de moi un tailleur de pierre, dit Ranec, afin d’apaiser l’inquiétude de Danug.

  — J’ai cessé tout effort quand j’ai compris que ton seul intérêt pour mes outils visait à t’en servir pour sculpter l’ivoire, et ce n’était pas bien longtemps après notre arrivée ici, expliqua Wymez.

  Il sourit, ajouta :

  — Et, si tu trouves pénible de découvrir des éclats de silex dans ton lit, tu devrais essayer la poussière d’ivoire dans ce que tu manges.

  Les deux hommes si dissemblables plaisantaient, ils se taquinaient en paroles, mais amicalement, comprit Ayla avec soulagement. Elle remarqua aussi qu’au-delà de leurs différences physiques, ils avaient le même sourire et se mouvaient de la même manière.

  On entendit soudain des cris qui provenaient de l’intérieur de l’habitation.

  — Ne t’en mêle pas, vieille femme ! Cette histoire est entre Fralie et moi !

  C’était une voix masculine, celle de l’homme du sixième foyer, voisin du dernier. Ayla se rappelait l’avoir rencontré.

  — Je me demande pourquoi elle t’a choisi, Frébec ! Je n’aurais jamais dû permettre cette Union ! hurla en réponse une voix de femme. Brusquement, une femme d’un certain âge émergea de l’entrée de la caverne. Elle traînait derrière elle une autre femme plus jeune, en pleurs. Deux petits garçons effarés les suivaient, l’un qui pouvait avoir sept ans, l’autre, tout petit, le derrière nu, qui suçait son pouce.

  — C’est ta faute. Elle t’écoute trop souvent. Pourquoi ne cesses-tu pas de te mêler de nos affaires ?

  Tout le monde se détourna. On avait déjà entendu à maintes reprises cette même discussion. Mais Ayla ouvrait de grands yeux. Aucune femme du Clan n’aurait osé discuter ainsi avec un homme.

  — Voilà Crozie et Frébec qui recommencent. N’y fais pas attention, dit Tronie.

  C’était la femme du cinquième foyer, celui du Renne, se rappela Ayla. Il venait tout de suite après le Foyer du Mammouth, où elle séjournait avec Jondalar. La femme tenait un tout petit garçon au sein.

  Ayla avait déjà rencontré la jeune mère et se sentait attirée par elle. Tornec, son compagnon, souleva dans ses bras l’enfant de trois ans qui s’accrochait à sa mère : il n’avait pas encore accepté le nouveau venu qui l’avait privé du sein maternel. Le jeune couple était aimable, très uni. Ayla était heureuse de les avoir pour voisins, plutôt que ceux qui se chamaillaient. Manuv, qui vivait avec eux, était venu bavarder avec la visiteuse pendant le repas : il avait été l’homme du foyer, et il était le fils d’un cousin de Mamut. Il venait souvent au quatrième foyer, avait-il ajouté, ce qui avait réjoui la jeune femme : elle avait toujours eu une affection particulière pour les personnes âgées.

  Elle était moins à l’aise avec ses voisins de l’autre côté, au troisième foyer. C’était là que vivait Ranec. Il l’avait désigné comme le Foyer du Renard. Il ne lui déplaisait pas, mais Jondalar se comportait envers lui de manière vraiment étrange. D’ailleurs, ce foyer était plus petit que les autres, habité par deux hommes seulement, et Ayla se sentait plus proche de Nezzie et Talut, au deuxième foyer, et de Rydag. Elle aimait aussi les autres enfants du Foyer du Lion, Latie et Rugie, la plus jeune fille de Nezzie, qui avait à peu près l’âge de Rydag. Elle avait maintenant fait la connaissance de Danug, et il lui plaisait également.

  Talut s’approchait en compagnie de la grande et forte femme. Barzec et les enfants étaient avec eux : elle et lui devaient être unis, supposa Ayla.

  — Ayla, je voudrais te présenter ma sœur, Tulie, du Foyer de l’Aurochs, la Femme qui Ordonne du Camp du Lion, dit Talut.

  — Salut, dit la femme, les mains tendues dans le geste traditionnel. Au nom de Mut, je te souhaite la bienvenue.

  Sœur du chef, elle était son égale et avait profondément conscience de ses responsabilités.

  — Je te salue, Tulie, répondit Ayla, en s’efforçant de ne pas dévisager ouvertement l’autre femme.

  La première fois que Jondalar avait été capable de se tenir debout, elle avait éprouvé un choc en découvrant qu’il était plus grand qu’elle. Mais voir une femme plus grande encore était surprenant. Toujours, Ayla avait dominé de sa haute taille les autres membres du Clan. Mais la sœur du chef n’était pas seulement grande, elle était musclée, bâtie en force. Le seul qui la dépassait était son frère. Elle se tenait avec toute l’assurance que peuvent seules conférer une haute taille et une imposante carrure. On voyait tout de suite en elle la femme, la mère et le chef pleinement satisfaits de la vie.

  Tulie s’étonnait du curieux accent de la visiteuse, mais un autre problème l’occupait davantage. Avec la franchise caractéristique de son peuple, elle n’hésita pas à l’aborder.

  — Je ne savais pas que le Foyer du Mammouth serait occupé quand j’ai invité Branag à revenir chez nous. Deegie et lui seront unis l’été prochain. Il ne séjournera que quelques jours ici, et Deegie, je le sais, avait espéré pouvoir passer ce temps avec lui en tête-à-tête, loin de ses frères et de sa sœur. Tu es une invitée, et elle ne voulait rien te demander, mais elle aimerait s’installer avec Branag au Foyer du Mammouth, si tu veux bien y consentir.

  — Foyer grand. Beaucoup lits. Je consens, répondit Ayla, un peu mal à l’aise qu’on lui demandât cette autorisation : elle n’était pas chez elle.

  A ce moment, une jeune femme sortit de la caverne. Un jeune homme la suivait. Ayla la regarda à deux fois. L’arrivante avait à peu près son âge et elle était un peu plus grande. Sa chevelure était châtain foncé et elle avait un visage aimable que bien des gens auraient trouvé joli. De toute évidence, le garçon qui l’accompagnait la trouvait très séduisante. Mais ce n’était pas son aspect physique qui captivait l’attention d’Ayla elle ouvrait de grands yeux émerveillés sur la tenue de la jeune fille.

  Celle-ci portait des jambières et une tunique d’un ton presque assorti à la couleur de ses cheveux. Une longue tunique de cuir, abondamment ornée, ouverte devant, avec une ceinture pour en retenir les pans. Le cuir était d’un rouge sombre, presque brun. Pour le Clan, le rouge était une
couleur sacrée. Ayla ne possédait qu’un seul objet de cette teinte : le petit sac d’Iza. Il contenait les racines destinées à la confection du breuvage réservé aux grandes cérémonies. Elle l’avait conservé, soigneusement rangé dans son sac de guérisseuse où elle gardait les herbes sèches utilisées pour les rites magiques de guérison. Une tunique entièrement faite de cuir rouge ? Elle n’en croyait pas ses yeux.

  Avant même les présentations en règle, elle s’écria :

  — Elle est si belle !

  — Elle te plaît ? C’est pour notre Union. La mère de Branag me l’a offerte, et je n’ai pas pu m’empêcher de la mettre pour la montrer à tout le monde.

  — Jamais vu rien pareil ! insista Ayla. La jeune fille était ravie.

  — Tu es celle qu’on appelle Ayla, n’est-ce pas ? Moi, c’est Deegie, et voici Branag. Il doit repartir dans quelques jours, ajouta-t-elle d’un air déçu, mais, après l’été prochain, nous vivrons ensemble. Nous allons nous installer avec mon frère, Tarneg. Il vit maintenant avec sa femme dans la famille de sa femme, mais il veut créer un nouveau Camp et il insistait beaucoup pour que je me trouve un compagnon, afin que je sois avec lui à la tête de ce camp.

  Ayla vit Tulie sourire à sa fille et lui faire signe. Elle se rappela alors la demande qu’on lui avait faite.

  — Beaucoup place dans foyer. Beaucoup lits vides, Deegie. Tu restes au Foyer du Mammouth, avec Branag ? Il est visiteur aussi... Si Mamut veut. Est foyer de Mamut.

  — Sa première femme était la mère de ma grand-mère. J’ai souvent dormi chez lui. Mamut ne refusera pas. N’est-ce pas ? ajouta Deegie, en voyant paraître le vieil homme.

  — Mais oui, Deegie, tu peux rester ici avec Branag. Mais, rappelle-toi, tu ne dormiras peut-être pas beaucoup, ajouta le vieillard.

  Deegie eut un sourire de joyeuse attente. Mamut continua :

  — Nous avons des visiteurs. Danug est de retour après toute une année d’absence. Ton Union approche, et Wymez a remporté un plein succès dans sa mission d’échanges. Nous avons de bonnes raisons, je crois, de nous assembler ce soir au Foyer du Mammouth pour nous raconter les histoires.

  Tout le monde prit un air heureux. On avait attendu cette annonce, mais l’impatience n’en était pas moins vive. Une réunion au Foyer du Mammouth, ils le savaient tous, cela signifiait des récits d’aventures vécues, de légendes, peut-être aussi d’autres distractions. Ils étaient désireux d’avoir des nouvelles des autres camps, d’écouter une fois de plus des histoires connues. Et ils seraient heureux de voir les réactions des étrangers à la vie et aux aventures des membres de leur propre Camp mais aussi d’entendre les récits de leurs expériences.

  Jondalar savait, lui aussi, ce que signifiait une telle assemblée et il en était d’avance préoccupé. Ayla allait-elle raconter dans les détails sa propre histoire ? Le Camp du Lion demeurerait-il ensuite aussi accueillant ? L’idée lui vint de la prendre à part pour la mettre en garde, mais il réussirait seulement, il le savait, à faire naître sa colère, à la bouleverser. Par bien des aspects, elle ressemblait aux Mamutoï. Elle exprimait ses sentiments avec franchise et sincérité. D’ailleurs, toutes les mises en garde n’y feraient rien : elle ne savait pas mentir. Peut-être, au mieux, s’abstiendrait-elle de prendre la parole.

  3

  Ayla passa une partie de l’après-midi à bouchonner Whinney avec un morceau de cuir souple et une cardère sèche, pour se détendre tout autant que la jument.

  Jondalar s’activait auprès d’elle sur Rapide : armé lui aussi d’une cardère, il calmait les démangeaisons du poulain tout en lissant l’épaisse toison d’hiver, bien que le jeune animal eût visiblement préféré jouer plutôt que de se tenir tranquille. La couche moelleuse, sous le poil extérieur, annonçait l’arrivée imminente du froid, ce qui amena Jondalar à se demander où ils passeraient l’hiver. Il n’était pas encore bien sûr des sentiments d’Ayla à l’égard des Mamutoï, mais du moins les gens du Camp et les chevaux commençaient-ils à s’accoutumer les uns aux autres.

  Ayla, elle aussi, sentait que les tensions s’apaisaient mais elle s’inquiétait de l’endroit où les animaux passeraient la nuit. Ils avaient l’habitude de partager une caverne avec elle. Jondalar ne cessait de lui affirmer qu’ils ne souffriraient pas : les chevaux étaient habitués à être dehors. Elle décida finalement d’attacher Rapide près de l’entrée : Whinney ne s’aventurerait pas trop loin sans son poulain, et, si un danger se présentait, la jument avertirait la jeune femme.

  Au moment où la nuit tombait, le vent se fit plus froid. On sentait la neige dans l’air quand Ayla et Jondalar rentrèrent, mais, au centre de la caverne semi-souterraine, le Foyer du Mammouth était chaud et agréable. Les gens commençaient à s’y réunir. Beaucoup avaient pris le temps de se nourrir des restes froids du repas précédent, qui avaient été transportés à l’intérieur : une sorte de tubercule, petit, blanc, riche en féculent, des carottes sauvages, des mûres, des tranches de mammouth rôti. Ils saisissaient les légumes et les fruits avec les doigts ou à l’aide de deux baguettes manipulées comme des pinces, mais chacun, remarqua Ayla, sauf les enfants les plus jeunes, avait un couteau pour la viande. Elle s’étonna de voir quelqu’un se mettre une tranche de rôti entre les dents et en couper un morceau d’un coup de lame vers le haut – sans se trancher le nez.

  De petites outres brunes – les vessies et les estomacs parfaitement imperméables de différents animaux – passaient de main en main, et les gens y buvaient avec un plaisir évident. Talut offrit à Ayla de goûter à la boisson. L’odeur, plutôt désagréable, était celle d’un liquide fermenté. Le goût était légèrement sucré, mais le breuvage lui brûla la bouche. Elle refusa une seconde rasade. Elle n’aimait pas cette boisson. Jondalar, lui, semblait l’apprécier.

  Les gens, tout en parlant, en riant, trouvaient place sur les couchettes ou sur des fourrures et des nattes jetées sur le sol. Ayla avait tourné la tête pour écouter une conversation quand le bruit s’apaisa soudain. La jeune femme se retourna. Le vieux Mamut se tenait debout près du foyer dans lequel brûlait un petit feu. Quand toutes les conversations se furent tues, quand il eut drainé l’attention de toute l’assemblée, il prit une petite torche, l’approcha des flammes pour l’allumer. Dans le silence attentif qui tenait toutes les respirations en suspens, il apporta la flamme jusqu’à une petite lampe de pierre qui se trouvait dans une niche du mur, derrière lui. La mèche de lichen séché crépita dans la graisse de mammouth avant de s’enflammer et de révéler la petite statue en ivoire d’une femme aux formes généreuses, placée derrière la lampe.

  Ayla la reconnut sans l’avoir jamais vue. C’est ce que Jondalar appelle une donii, pensa-t-elle. Selon lui, elle renferme l’esprit de la Grande Terre Mère. Ou peut-être seulement une partie. Elle paraît trop petite pour contenir l’esprit tout entier. Mais, après tout, quelle taille peut avoir un esprit ?

  Sa mémoire la reporta à une autre cérémonie : le jour où on lui avait remis la pierre noire qu’elle conservait dans le sac à amulette suspendu a son cou. Le petit bloc de bioxyde de manganèse contenait un peu de l’esprit de chaque membre du Clan. La pierre lui avait été donnée quand elle était devenue guérisseuse. En échange, elle avait renoncé à une part de son propre esprit. De cette façon, si elle sauvait la vie de quelqu’un, le malade guéri n’avait aucune obligation envers elle, il n’était pas obligé de la payer en retour. C’était fait d’avance.

  Quelque chose la tourmentait encore : quand elle était tombée sous le coup de la Malédiction Suprême, les esprits n’avaient pas été rendus à leurs possesseurs. Creb les avait repris à Iza après la mort de la vieille guérisseuse, afin de ne pas les laisser partir avec elle vers le monde des esprits, mais personne n’avait fait de même pour Ayla. Si elle détenait une part de l’esprit de chaque membre du Clan, Broud les avait-il placés, eux aussi, sous la Malédiction Suprême ?

  Suis-je morte ? se demandait-elle. Elle s’était déjà bien souvent posé cette question. Mais elle ne pouvait y donner de
réponse. Le pouvoir de la Malédiction Suprême, elle l’avait appris, résidait dans la croyance qu’on lui accordait. Quand les êtres aimés ne reconnaissaient plus votre existence, quand vous n’aviez plus nulle part où aller, vous pouviez tout aussi bien être mort. Mais pourquoi n’était-elle pas morte ? Quelle raison l’avait poussée à ne pas renoncer ? Plus important encore, qu’adviendrait-il du Clan quand elle finirait par mourir pour de bon ? Sa mort pourrait-elle nuire à ceux qu’elle aimait ? Au Clan tout entier, peut-être ? Le petit sac de cuir pesait tout le poids de sa responsabilité, comme si le destin du Clan entier était suspendu autour de son cou.

  Elle fut arrachée à sa rêverie par un son rythmé. A l’aide d’un segment de bois de renne en forme de marteau, Mamut frappait sur un crâne de mammouth, peint de lignes géométriques et de symboles. Ayla crut percevoir une qualité qui dépassait le simple rythme. Elle observa, écouta plus attentivement. La cavité du crâne enrichissait le son de vibrations sonores, mais il y avait là plus que la simple résonance d’un instrument. Quand le vieux chaman frappait sur différentes zones du crâne-tambour, la hauteur, la tonalité se modifiaient en variations complexes et subtiles : on avait l’impression que Mamut faisait parler le crâne du vieux mammouth.

  Du plus profond de sa poitrine, le vieillard entonna une mélopée, en modulations mineures étroitement liées. Tambour et voix tissaient un motif sonore compliqué. Çà et là, dans la salle, d’autres voix s’élevèrent, se fondirent dans le mode déjà instauré tout en lui apportant des variantes. Le rythme du tambour fut repris, de l’autre côté du foyer, par un rythme semblable. Ayla regarda dans cette direction : Deegie frappait sur un autre crâne. Tornec se mit à tambouriner, avec un marteau en bois de renne, sur un autre os de mammouth, une omoplate couverte de lignes également espacées et de chevrons peints en rouge. La musique magnifiquement obsédante emplissait toute la caverne. Tout le corps d’Ayla palpitait au même rythme, et elle remarqua que d’autres personnes se balançaient en mesure. Brutalement, tout se tut.

 

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