Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 31

by Jean M. Auel


  Dans la vallée de la jeune femme, la berge rocailleuse était parsemée de pyrites – les pierres à feu. Elle avait découvert par hasard qu’en frappant un nodule avec un silex, on obtenait une étincelle ardente qui durait assez longtemps pour allumer un feu, et elle avait su tirer parti de cette découverte. C’était un jour où son feu s’était éteint. Elle savait comment le rallumer, par le procédé laborieux qu’employaient la plupart des gens : on faisait tourner une baguette sur une sole de bois, jusqu’au moment où la friction produisait assez de chaleur pour obtenir une braise. Ayla savait donc comment appliquer ce principe, le jour où, par erreur, elle prit un morceau de pyrite de fer, au lieu du silex qui lui servait de marteau, et produisit cette première étincelle.

  Jondalar avait appris la technique de la jeune femme. En travaillant le silex, il avait souvent fait naître de petites étincelles, mais il les avait considérées comme l’esprit vivant de la pierre. Il ne lui était pas venu à l’esprit de tenter de faire du feu à l’aide de ces étincelles. Mais il n’était pas seul, alors, dans une vallée où il devait constamment assurer sa survie : il se trouvait généralement parmi des gens qui, presque toujours, avaient un feu allumé. Les étincelles qui jaillissaient du seul silex ne duraient jamais assez longtemps, de toute façon, pour faire naître une flamme. En ce qui concernait Ayla, c’était l’alliance fortuite du silex et de la pyrite qui avait fait jaillir une étincelle assez puissante pour allumer un feu. Jondalar saisit immédiatement la valeur de cette découverte et l’avantage qu’on pouvait tirer de la possibilité de faire du feu si vite et si facilement.

  Pendant leur repas, ils rirent des bouffonneries de Rapide qui entraînait sa mère dans une partie de « cours après moi » et du spectacle des deux chevaux qui se roulaient sur le dos, les jambes en l’air, sur une petite plage abritée du vent et chauffée par le soleil. Prudemment, ni l’un ni l’autre ne fit allusion aux préoccupations qui les tourmentaient tous le deux. Le rire les détendit, la solitude de l’endroit et son intimité leur rappelèrent les jours passés en tête-à-tête dans la vallée.

  — Latie prendrait plaisir à voir ces deux bêtes s’amuser ainsi, je crois, dit Jondalar.

  — Oui. Elle aime vraiment les chevaux, n’est-ce pas ?

  — Elle t’aime aussi, Ayla. Elle est devenue une véritable admiratrice. Après une hésitation, il poursuivit :

  — Ils sont nombreux, ici, ceux qui ont de l’affection et de l’admiration pour toi. Tu n’as pas vraiment envie de retourner à ta vallée pour y vivre seule, dis-moi ?

  Ayla baissa les yeux sur la coupe qu’elle tenait entre ses mains. Elle fit tourner au fond un reste d’infusion avec les feuilles détrempées, but une petite gorgée.

  — C’est un soulagement de nous retrouver seuls. Je n’avais pas compris à quel point j’aurais plaisir à m’éloigner un peu de tous ces gens et j’ai laissé dans la caverne de ma vallée certaines choses que j’aimerais avoir ici. Mais tu as raison. Maintenant que j’ai rencontré les Autres, je ne tiens pas à vivre constamment seule. J’aime bien Latie et Deegie, Talut et Nezzie, tout le monde... sauf Frébec.

  Jondalar exhala un soupir de soulagement. Le premier obstacle, le plus important, avait été franchi sans difficulté.

  — Frébec est seul de son espèce. Tu ne peux pas permettre à une seule personne de te gâcher tout le reste. Talut... et Tulie ne nous auraient pas invités à demeurer avec eux s’ils n’avaient pas d’amitié pour toi, s’ils n’avaient pas la certitude que tu as beaucoup à offrir.

  — Toi aussi, Jondalar, tu as beaucoup à offrir. Désires-tu rester ici et devenir mamutoï ?

  — Ils se sont montrés bons pour nous, bien plus que ne les y obligeait la simple hospitalité. Je pourrais rester, certainement durant tout l’hiver, plus longtemps même, et je serais heureux de leur donner tout ce qui est en mon pouvoir. Mais ils n’ont pas besoin de moi comme tailleur de pierre. Wymez est bien meilleur que moi, et Danug ne tardera pas à l’égaler. Je leur ai déjà montré le lance-sagaies. Ils ont pu voir comment il était fait. Avec un peu d’entraînement, ils sauront s’en servir. Il leur suffit de le vouloir. Et je suis Jondalar des Zelandonii...

  Il s’interrompit. Ses yeux prirent une expression plus vague, comme s’il voyait quelque chose de très lointain. Il se tourna ensuite dans la direction d’où ils étaient venus. Son front se plissa sous l’effort qu’il faisait pour trouver une explication.

  — Je dois retourner là-bas... un jour... ne serait-ce que pour apprendre à ma mère la mort de mon frère... et pour donner aux Zelandonii une chance de retrouver son esprit afin de le guider vers l’autre monde. Sachant cela, je ne pourrais pas devenir Jondalar des Mamutoï. Je ne peux oublier mes obligations.

  Ayla le dévisageait attentivement. Elle savait qu’il ne voulait pas rester. Ce n’était pas à cause de ses obligations, bien qu’il pût en être conscient. Il avait envie de rentrer chez lui.

  — Et toi ? reprit Jondalar, s’efforçant de conserver un ton et une expression neutres. Veux-tu rester et devenir Ayla des Mamutoï ?

  Elle ferma les paupières, afin de chercher le moyen de s’exprimer. Elle avait l’impression qu’elle ne connaissait pas assez de mots, ou pas les mots qui convenaient, ou encore que les mots n’étaient pas suffisants.

  — Du jour où Broud m’a maudite, Jondalar, je n’ai plus eu de peuple. Je me suis sentie toute vide. J’aime bien les Mamutoï. Je les respecte. Je me sens à l’aise avec eux. Le Camp du Lion est... comme le Clan de Brun... Pour la plupart, ce sont de braves gens. Je ne sais pas quel était mon peuple, avant le Clan. Sans doute ne le saurai-je jamais. Mais parfois, la nuit, je pense... je souhaite que mes parents aient été des Mamutoï.

  Elle regardait l’homme bien en face, ses cheveux blonds et lisses qui tranchaient sur la fourrure sombre de son capuchon, son beau visage qu’elle trouvait « joli », bien qu’il lui eût dit qu’on n’employait pas ce mot en parlant d’un homme, son corps vigoureux, sensible, ses grandes mains expressives, ses yeux bleus qui paraissaient si sincères et si troublés.

  — Mais, avant les Mamutoï, tu es venu. Tu as tué le vide, tu m’as emplie d’amour. Je veux vivre avec toi, Jondalar.

  Dans les yeux du jeune homme, l’anxiété s’évanouit, fut remplacée par l’expression chaleureuse, détendue à laquelle elle s’était accoutumée dans sa vallée, puis par le désir magnétique, irrésistible qui amenait chez elle une réaction spontanée. Sans l’avoir sciemment désiré, elle se retrouva contre lui, sentit la bouche de Jondalar trouver la sienne, ses bras l’entourer.

  — Ayla, mon Ayla, je t’aime tant ! s’écria-t-il dans un sanglot dur, étranglé où se mêlaient l’angoisse et le soulagement.

  Ils étaient tous deux assis sur le sol. Il la tenait serrée contre sa poitrine, mais avec tendresse, comme s’il ne voulait plus jamais la lâcher, tout en redoutant de la voir se briser. Il desserra son étreinte, juste assez pour lui relever le visage et faire pleuvoir des baisers sur son front, ses yeux, le bout de son nez. En atteignant sa bouche, il sentit le désir monter en lui. Il faisait froid, ils n’avaient pas d’abri où trouver un peu de chaleur, mais il avait envie de l’avoir toute à lui.

  Il dénoua la lanière qui coulissait autour du capuchon d’Ayla, lui découvrit le cou, la nuque. En même temps, ses mains passaient sous la pelisse, sous la tunique, pour trouver la peau chaude, les rondeurs des seins dont les mamelons s’érigeaient durement. Un gémissement s’échappa des lèvres de la jeune femme, tandis qu’il les caressait. Il dénoua la coulisse de ses jambières, passa les doigts à l’intérieur, rencontra le plus secret de son intimité. Elle se pressa plus étroitement contre lui.

  A son tour, elle chercha sous la pelisse et la tunique pour défaire le nœud de ses jambières, prit entre ses doigts le membre en érection, le caressa longuement. Il poussa un long soupir de plaisir quand elle se pencha sur lui pour compléter et préciser ses caresses.

  Elle l’entendit gémir, étouffer un cri, avant de reprendre son souffle et de la repousser doucement.


  — Attends, Ayla. Je te veux, dit-il.

  — Il faudrait que j’ôte mes jambières et mes bottes, objecta-t-elle.

  — Non, il fait trop froid. Retourne-toi. Tu te rappelles ?

  — Comme Whinney et son étalon, murmura Ayla.

  Elle se mit à genoux, se pencha en avant. L’espace d’un instant, elle se souvint, non pas de Whinney et de son ardent étalon, mais de Broud, qui l’avait jetée à terre, violentée. Mais Jondalar était infiniment plus doux. Elle baissa elle-même ses jambières, s’offrit à lui tout entière. L’invite était presque irrésistible, mais il retint le flot de son désir. Il l’emprisonna alors de son corps pour lui communiquer sa chaleur et se mit à la caresser jusqu’au centre même de son plaisir. Lorsqu’il la sentit prête, quand il l’entendit crier, il n’attendit pas davantage. Il la prit longuement, savamment, jusqu’à une magnifique délivrance.

  Alors, sans la quitter, sans ouvrir ses bras, il l’entraîna avec lui, et ils se retrouvèrent couchés sur le côté. Finalement, un peu reposés, ils se séparèrent, et Jondalar se redressa sur son séant. Le vent forcissait. Il regarda les nuages avec appréhension.

  — Il faut que je me lave, déclara Ayla, en se redressant à son tour. Ces jambières sont neuves : c’est Deegie qui me les a données.

  — En rentrant, tu pourras les laisser dehors, et elles gèleront. Ensuite, tu les brosseras.

  — Il y a encore de l’eau dans la petite rivière...

  — Mais elle est glacée, Ayla !

  — Je sais. Je n’en aurai pas pour longtemps.

  Avec précaution, elle s’avança sur la glace, s’accroupit près de l’eau, se rinça avec la main. Au moment où elle revenait sur la berge, Jondalar passa derrière elle pour la sécher avec la fourrure de sa pelisse.

  — Je ne veux pas que ça gèle, fit-il, en souriant largement. En même temps, il la caressait.

  — Je compte sur toi pour tenir tout au chaud, riposta-t-elle en lui rendant son sourire.

  Elle renoua la lanière de ses jambières, rajusta sa pelisse.

  Ce Jondalar-là était celui qu’elle aimait. L’homme capable de la faire vibrer, de l’envahir d’une douce chaleur, d’un seul regard, d’un simple contact de ses mains, l’homme qui connaissait son corps mieux qu’elle-même et pouvait éveiller en elle des émotions ignorées jusque-là, celui qui lui avait fait oublier la souffrance éprouvée quand Broud l’avait déflorée, qui lui avait appris ce qu’étaient les Plaisirs, ce qu’ils devaient être. Le Jondalar qu’elle aimait était enjoué, tendre, aimant. Il avait été ainsi dans la vallée, il l’était encore ici, quand ils se retrouvaient seuls. Pourquoi se montrait-il si différent au Camp du Lion ?

  — Tu commences à te montrer bien habile avec les mots, femme. Je vais bientôt avoir du mal à te tenir tête dans mon propre langage !

  Il lui passa les bras autour de la taille, la regarda longuement. Ses yeux étaient pleins d’amour et de fierté.

  — Tu apprends vite les langues, Ayla. Je n’en crois pas mes oreilles. Comment fais-tu ?

  — Il le faut bien. Ce monde nouveau est le mien, maintenant. Je n’ai pas de peuple. Je suis morte pour le Clan. Je ne peux plus revenir en arrière.

  — Tu pourrais avoir un peuple. Tu pourrais devenir Ayla des Mamutoï, si tu le veux. Le veux-tu ?

  — Je veux être avec toi.

  — Tu pourras quand même être avec moi. Ce n’est pas parce que quelqu’un t’adoptera que tu ne pourras pas partir... un jour... Nous pourrions rester ici... un certain temps. Et s’il m’arrivait quelque chose – cela se peut, tu sais –, il ne serait peut-être pas mauvais pour toi d’appartenir à un peuple. A des gens qui veulent te garder parmi eux.

  — Ça ne t’ennuierait pas ?

  — M’ennuyer ? Non. Je n’y verrais pas d’inconvénient, si c’est ce que tu désires.

  Ayla crut déceler dans sa voix une ombre d’hésitation. Pourtant, il paraissait sincère.

  — Jondalar, je suis Ayla tout court. Je n’ai pas de peuple. Si j’étais adoptée, j’aurais quelqu’un. Je serais Ayla des Mamutoï.

  Elle s’écarta de lui.

  — J’ai besoin d’y réfléchir.

  Elle lui tourna le dos, se dirigea vers son sac. Si je dois bientôt partir avec Jondalar, se disait-elle, je ne devrais pas accepter. Ce ne serait pas honnête. Mais il a dit qu’il serait disposé à rester ici. Un certain temps. Peut-être, après avoir vécu avec les Mamutoï, changera-t-il d’avis. Peut-être aura-t-il envie de s’établir ici. Elle se demanda si elle essayait de se trouver un bon prétexte.

  Elle fouilla à l’intérieur de sa pelisse pour toucher son amulette, adressa une pensée à son totem. Lion des Cavernes, je voudrais trouver un moyen de savoir ce qui est bien. J’aime Jondalar, mais je désire aussi appartenir à un peuple bien à moi. Talut et Nezzie veulent m’adopter, ils veulent faire de moi une fille du Foyer... du Lion. Et du Camp du Lion ! O, Grand Lion des Cavernes, m’as-tu donc guidée sans relâche, sans que j’y prenne garde ?

  Elle fit volte-face. Jondalar était resté là où elle l’avait laissé. Il la contemplait en silence.

  — J’ai pris ma décision ! Je serai Ayla du Camp du Lion des Mamutoï !

  Elle surprit sur son visage un fugitif froncement de sourcils, mais il lui sourit.

  — C’est bien, Ayla. J’en suis heureux pour toi.

  — Oh, Jondalar, ai-je bien fait ? Tout se passera-t-il bien ?

  — Personne ne peut répondre à cette question. Qui peut savoir ? Il s’avança vers elle, tout en guettant le ciel qui se couvrait.

  — J’espère que tout ira bien... pour nous deux. Ils s’accrochèrent un instant l’un à l’autre.

  — Nous devrions rentrer, je crois.

  Ayla tendait la main vers son sac pour en ranger le contenu quand quelque chose attira son regard. Elle mit un genou en terre, ramassa un caillou couleur d’or sombre. Elle l’essuya, l’examina de plus près. Entièrement pris dans la pierre lisse qui se réchauffait dans sa main, se trouvait un insecte ailé, parfaitement intact.

  — Regarde, Jondalar ! As-tu déjà vu quelque chose de semblable ? Il lui prit l’objet, le tourna et le retourna, avant de relever sur la jeune femme des yeux où passait une lueur de crainte respectueuse.

  — C’est de l’ambre. Ma mère possédait une pierre comme celle-ci. Elle y attachait une grande valeur. Celle-ci est peut-être plus belle encore.

  Il remarqua le regard fixe d’Ayla. Elle semblait abasourdie. Il ne croyait pas avoir dit quelque chose d’aussi surprenant.

  — Qu’y a-t-il, Ayla ?

  — C’est un signe. Un signe de mon totem, Jondalar. L’Esprit du Grand Lion des Cavernes me dit que j’ai pris la bonne décision. Il veut que je devienne Ayla des Mamutoï !

  La force du vent s’intensifia sur le chemin du retour de Jondalar et d’Ayla. Il était tout juste midi, mais la lumière du soleil était obscurcie par les nuages de poussière de lœss qui s’élevaient en masse de la terre gelée. Bientôt, ils distinguèrent à peine leur chemin. Des éclairs crépitaient autour d’eux, dans l’air sec et glacial. Le tonnerre grondait, avec de rares éclats retentissants. Rapide se cabra de frayeur quand un éclair, suivi d’un coup de tonnerre, éclata tout près. Whinney hennit d’inquiétude. Le couple sauta de cheval pour calmer le poulain et poursuivit la route à pied en tenant les deux bêtes.

  Lorsqu’ils arrivèrent au Camp, les vents soufflaient en ouragan. La poussière obscurcissait le ciel, leur brûlait la peau. Au moment où ils approchaient de l’habitation semi-souterraine, une silhouette émergea de la pénombre mouvante : elle s’accrochait à quelque chose qui se débattait et s’agitait comme une créature vivante.

  — Vous voilà enfin. Je commençais à m’inquiéter, clama Talut, pour dominer le hurlement du vent, le grondement du tonnerre.

  — Que fais-tu là ? Pouvons-nous t’aider ? demanda Jondalar.

  — En voyant approcher la tempête, nous avons fait un abri pour les chevaux d’Ayla. Je ne pensais pas que ce serait une tempête sèche. Le ven
t a tout emporté. Je crois que vous feriez bien de faire entrer les bêtes ; elles pourront rester dans le foyer d’accès.

  — Ça arrive souvent ? demanda Jondalar.

  Il se saisit d’un bout de la grande peau qui aurait dû servir de brise-vent.

  — Non. Certaines années, nous ne voyons pas une seule tempête sèche. Elle va s’apaiser dès que nous aurons une bonne chute de neige, répondit Talut. Après ça, nous n’aurons affaire qu’aux blizzards acheva-t-il dans un grand rire.

  Il baissa la tête pour entrer sous la voûte, retint la lourde peau de mammouth afin de permettre à Ayla et Jondalar de faire entrer les chevaux.

  Ceux-ci hésitaient devant cet endroit inconnu, plein d’odeurs qui ne leur étaient pas familières, mais ils aimaient encore moins le vacarme de la tempête et ils faisaient confiance à Ayla. Dès qu’ils eurent échappé au vent, leur soulagement fut immédiat, et ils se calmèrent rapidement. Ayla, un peu surprise, était néanmoins reconnaissante à Talut de sa sollicitude pour eux. En franchissant la seconde voûte, elle prit conscience du froid qui l’avait saisie à l’extérieur. Le cuisant assaut de la poussière l’en avait distraite, mais la température glaciale et la violence du vent l’avaient gelée jusqu’aux os.

  A l’extérieur, le vent faisait toujours rage. Il agitait bruyamment les protections placées au-dessus des trous à fumée, gonflait les lourdes tentures. De brusques courants d’air soulevaient la poussière, avivaient soudainement les flammes du foyer où l’on faisait la cuisine. Rassemblés par petits groupes aux alentours du premier foyer, les membres du Camp achevaient le repas du soir, buvaient une infusion, bavardaient. Ils attendaient que Talut donne le signal du début de la soirée.

 

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