by Jean M. Auel
— Tu as dû voir des fraises, aussi, je pense, commenta ironiquement Nezzie, qui avait vu les mains tachées de rouge de sa fille.
Latie rougit : elle avait voulu les garder toutes pour elle, se rappelait-elle.
— Il n’y en avait pas assez pour que nous puissions en rapporter, dit Ayla.
— Ça n’aurait rien changé. Je connais Latie et les fraises. Elle en dépouillerait un champ entier sans en offrir à personne, si elle en avait l’occasion.
La jeune femme constata l’embarras de Latie et fit dévier la conversation.
— J’ai cueilli du pas-d’âne contre la toux, pour le Camp qui a des malades, et aussi une plante à fleurs rouges dont je ne connais pas le nom : la racine est très bonne pour soigner les toux rauques et pour faire remonter les glaires de la poitrine, dit-elle.
— Je ne savais pas que tu avais cueilli des fleurs dans ce but, remarqua Latie. Comment sais-tu qu’il y a cette maladie dans le Camp ?
— Je n’en sais rien mais, en voyant ces plantes, j’ai pensé que je ferais bien d’en prendre. Nous-mêmes avons bien souffert de cette maladie. Dans combien de temps serons-nous là-bas, Talut ?
— Difficile à dire, répondit le chef. Nous voyageons plus vite que d’ordinaire. Nous devrions atteindre le Camp sungaea dans un jour ou deux, je pense. La carte que m’a faite Ludeg est très bonne, mais j’espère que nous n’arriverons pas trop tard. Leur maladie est plus grave que je ne le pensais.
— Comment le sais-tu ? questionna Ayla, les sourcils froncés.
— J’ai trouvé des signes laissés par quelqu’un.
— Des signes ?
— Viens avec moi. Je vais te montrer.
Talut posa sa coupe et se leva. Il conduisit la jeune femme jusqu’à un tas d’ossements, près de la rivière. On trouvait des os, particulièrement de gros os, comme des crânes, dans toute la plaine, mais, en approchant, Ayla vit clairement qu’il ne s’agissait pas là d’un amoncellement qui s’était constitué naturellement. On avait empilé les ossements dans un but précis. Un crâne de mammouth aux défenses brisées avait été placé, renversé, au sommet du tas.
Talut le désigna d’un geste.
— C’est un signe de mauvaises nouvelles, dit-il. Très mauvaises. Vois-tu cette mâchoire inférieure et les deux vertèbres qui s’y appuient ? La pointe de la mâchoire désigne la direction à prendre, et le Camp se trouve à deux jours d’ici.
— Ils doivent avoir besoin d’aide, Talut ! Est-ce dans ce but qu’ils ont placé ici ce signe ?
Talut montra à la jeune femme un morceau d’écorce de bouleau noircie par le feu, retenue par l’extrémité brisée de la défense gauche.
— Tu vois ça ?
— Oui. L’écorce est brûlée, comme si elle avait été dans un incendie.
— Ça veut dire « maladie », « maladie mortelle ». Quelqu’un est mort. Les gens ont peur de cette sorte de maladie, et cet endroit est un lieu où l’on s’arrête souvent. Ce signe n’a pas été placé ici pour demander de l’aide mais pour avertir les voyageurs de se tenir à l’écart.
— Oh, Talut ! Il faut que j’y aille. Pour vous autres, ce n’est pas nécessaire, mais moi, je dois y aller. Je peux partir tout de suite, sur Whinney.
— Et que leur diras-tu, en arrivant là-bas ? demanda Talut. Non, Ayla. Ils ne te permettront pas de leur venir en aide. Personne ne te connaît. Ce ne sont même pas des Mamutoï, ce sont des Sungaea. Nous en avons parlé. Nous savions que tu voudrais te rendre chez eux. Nous avons pris cette route et nous t’accompagnerons. Grâce aux chevaux, je pense, nous pourrons faire le chemin en un seul jour au lieu de deux.
Le soleil frôlait la limite de la terre quand les voyageurs du Camp du Lion approchèrent d’un grand campement situé sur une large terrasse naturelle, à une dizaine de mètres au-dessus d’une large et rapide rivière. Ils s’arrêtèrent en voyant qu’on les avait remarqués : quelques personnes les dévisagèrent avec stupeur, avant de courir vers l’une des habitations. Un homme et une femme en émergèrent. Leurs visages étaient couverts d’une pommade à l’ocre rouge, leurs cheveux blanchis de cendres.
Il est trop tard, se dit Talut. En compagnie de Tulie, il se remit en marche vers le Camp sungaea, suivi de Nezzie et d’Ayla qui menait Whinney, avec Mamut sur son dos. Visiblement, leur arrivée avait interrompu une cérémonie importante. Ils étaient encore à quelques mètres de l’entrée du camp lorsque l’homme au visage teint en rouge leva le bras, la main tournée vers les arrivants. Il leur faisait manifestement signe de s’arrêter. Il s’adressa à Talut dans un langage inconnu d’Ayla mais qui avait pourtant quelque chose de familier. Elle avait l’impression qu’elle aurait dû le comprendre : peut-être avait-il une ressemblance avec la langue des Mamutoï. Talut répondit dans son propre langage. L’homme, alors, reprit la parole.
— Pourquoi le Camp du Lion des Mamutoï se présente-t-il chez nous en un tel temps ? demanda-t-il, en mamutoï, cette fois. Il y a dans ce Camp la maladie et une grande tristesse. N’as-tu pas vu les signes ?
— Si, dit Talut, nous les avons vus. Nous avons parmi nous une femme qui est fille du Foyer du Mammouth, une Femme Qui Guérit de grande expérience. Ludeg, le courrier, qui est passé par ici il y a quelques jours nous a parlé de vos épreuves. Nous nous apprêtions à partir pour notre Réunion d’Été, mais Ayla, notre Femme Qui Guérit, a tenu à passer d’abord par ici pour vous offrir ses talents. L’un de nous était parent de l’un d’entre vous. Nous sommes venus.
L’homme se tourna vers la femme qui se tenait près de lui. Elle était visiblement la proie d’un profond chagrin et elle dut faire effort pour se reprendre quelque peu.
— Il est trop tard, dit-elle. Ils sont morts.
Sa voix se perdit dans un gémissement, et elle reprit, dans un cri d’angoisse :
— Ils sont morts. Mes enfants, mes petits, ma vie. Ils sont morts. Deux autres personnes, lui prenant chacune un bras, l’entraînèrent.
— Ma sœur vient de connaître une triste épreuve, reprit l’homme.
Elle a perdu en même temps une fille et un fils. La fille était presque une femme, le garçon avait quelques années de moins... Nous sommes tous plongés dans la tristesse.
Talut secoua la tête en un geste de sympathie.
— C’est une bien grande épreuve, en vérité. Nous partageons votre chagrin et vous offrons toutes les consolations possibles. Si vos coutumes s’y prêtent, nous aimerions rester pour joindre nos larmes aux vôtres quand ils seront rendus au sein de la Mère.
— Nous apprécions ta bonté et nous ne l’oublierons jamais, mais il en est parmi nous qui sont encore malades. Il pourrait être dangereux pour vous de rester. Il est peut-être même dangereux pour vous d’être venus jusqu’ici.
— Talut, demande-leur si je peux voir ceux qui sont encore malades. Peut-être pourrai-je les aider, dit doucement Ayla.
— Oui, Talut. Demande si Ayla peut examiner les malades, appuya Mamut. Elle pourra nous dire si nous pouvons rester ici sans danger.
L’homme au visage couvert de rouge dévisagea longuement le vieil homme assis sur le cheval. La vue des chevaux l’avait stupéfait mais il ne voulait pas paraître trop impressionné, et il était si assommé de chagrin qu’il avait oublié sa curiosité, le temps de servir de porte-parole à sa sœur et à son Camp. Mais, à la voix de Mamut, il reprit soudain pleine conscience de l’étrange spectacle : un homme assis sur le dos d’un cheval.
— Comment se fait-il que cet homme soit monté sur le dos d’un cheval ? se décida-t-il à demander brutalement. Pourquoi le cheval le supporte-t-il ? Et cet autre, là-bas ?
— C’est une longue histoire, répondit Talut, L’homme est notre Mamut, et les chevaux obéissent à notre Femme Qui Guérit. Quand nous en aurons le temps, nous serons heureux de tout vous raconter, mais, avant tout, Ayla voudrait examiner vos malades. Peut-être sera-t-elle en mesure de les secourir. Elle nous dira si les mauvais esprits s’attardent encore parmi vous, et si elle peut les maîtriser, les rendre inoffensifs, ce qui nous per
mettrait de rester.
— Tu dis qu’elle est habile. Je dois te croire. Si elle peut commander à l’esprit du cheval, elle doit posséder une puissante magie. Laisse-moi aller parler aux autres.
— Il y a un autre animal dont tu dois connaître la présence, dit Talut, qui se tourna vers la jeune femme :
— Appelle-le, Ayla.
Elle siffla. Sans laisser à Rydag le temps de le lâcher, Loup s’était déjà libéré de force. L’homme sungaea et quelques autres spectateurs, abasourdis, virent le jeune loup arriver vers eux à toute vitesse, mais ils furent encore plus surpris quand l’animal s’arrêta aux pieds d’Ayla et leva vers elle un regard qui la questionnait. A son signal, il s’allongea sur le sol, mais son regard attentif, fixé sur les étrangers, mettait ceux-ci mal à l’aise.
Tulie n’avait cessé d’observer avec soin les réactions des Sungaea et elle eut tôt fait de constater que les animaux apprivoisés avaient fait sur eux grande impression. Ils avaient grandi le prestige de ceux qui les accompagnaient et du Camp du Lion dans son ensemble. Par le simple fait d’être assis sur un cheval, Mamut avait gagné en ascendant. On le considérait d’un œil circonspect, et ses paroles avaient porté avec une grande autorité, mais la réaction envers Ayla était plus significative encore : on la regardait avec une sorte de respect craintif, presque révérencieux.
Celle Qui Ordonne se rendit compte qu’elle-même s’était accoutumée à la présence des chevaux mais elle se rappelait encore son appréhension, la première fois qu’elle avait vu Ayla avec eux. Il ne lui était pas difficile de se mettre à la place de ces gens. Elle était présente quand Ayla avait mené au Camp du Lion le minuscule louveteau et elle l’avait vu grandir, mais, en le regardant avec des yeux étrangers, elle comprenait que personne ne pourrait le considérer comme un jeune animal joueur. Son apparence était celle d’un loup en pleine force, et le cheval était une jument adulte. Si Ayla était capable de plier à sa volonté des chevaux fougueux, de maîtriser l’esprit de loups indépendants, quelles autres forces ne pouvait-elle dominer ? Surtout quand on l’annonçait comme la fille du Foyer du Mammouth et comme une Femme Qui Guérit.
Tulie se demandait comment ils seraient reçus à la Réunion d’Été mais elle ne fut pas surprise le moins du monde quand Ayla fut invitée à examiner les membres du Camp qui étaient malades. Les Mamutoï s’installèrent pour attendre. Ayla, à son retour, rejoignit Mamut, Talut et Tulie.
— Je crois qu’ils sont atteints de ce que Nezzie appelle le mal du printemps : fièvre, oppression de la poitrine, respiration difficile. Mais le mal les a saisis tard dans la saison et avec une grande violence, expliqua-t-elle. Deux personnes âgées étaient mortes plus tôt, mais c’est toujours très triste quand des enfants meurent. Je ne comprends pas bien leur cas. Les jeunes ont généralement assez de force pour résister à cette sorte de maladie. Tous les autres, semble-t-il, ont franchi la période la plus dangereuse. Certains toussent encore beaucoup, et je vais pouvoir les soulager un peu, mais plus personne, apparemment, n’est gravement malade. J’aimerais préparer un breuvage pour venir en aide à la mère. Elle est très atteinte. Sans en être tout à fait sûre, je ne pense pas que nous courons un danger en attendant la sépulture. Mais, à mon avis, nous ne devrions pas séjourner dans leurs habitations.
— J’étais prête à proposer de dresser les tentes, si nous décidions de rester, déclara Tulie. Le moment est trop difficile pour eux pour, au surplus, les encombrer d’étrangers. Et ce ne sont pas même des Mamutoï. Les Sungaea sont... différents.
Ayla fut réveillée, le lendemain matin, par un bruit de voix, pas bien loin de la tente. Elle se leva vivement, s’habilla, regarda au-dehors. Plusieurs personnes creusaient une tranchée longue et étroite. Tronie et Fralie, assises auprès d’un feu, donnaient le sein à leurs petits. Ayla leur sourit, alla les rejoindre. L’odeur d’une infusion de sauge montait d’une corbeille à cuire. Elle en remplit une coupe, s’assit après des deux femmes pour savourer le breuvage brûlant.
— Vont-ils les ensevelir aujourd’hui ? demanda Fralie.
— Oui, je pense. A mon avis, Talut n’a pas voulu leur poser directement la question, mais j’ai eu cette impression. Je ne comprends pas leur langage, même si j’en saisis un mot de temps en temps.
— Ils doivent être en train de creuser la tombe. Je me demande pourquoi ils la font si longue, dit Tronie.
— Je n’en sais rien mais je suis contente que nous partions bientôt. Nous avons eu raison de rester, je le sais bien, mais je n’aime pas les ensevelissements, déclara Fralie.
— Personne n’aime ça, dit Ayla. Si seulement nous étions arrivés quelques jours plus tôt.
— Même ainsi, tu ne peux pas savoir si tu aurais été capable de faire quelque chose pour ces deux enfants, remarqua Fralie.
— J’ai tellement pitié de la mère, commenta Tronie. Perdre un enfant est déjà cruel, mais deux à la fois... Je ne sais pas si je pourrais le supporter.
Elle serrait Hartal contre son sein, mais le petit se mit à gigoter pour se dégager.
— Oui, il est bien cruel de perdre un enfant, dit Ayla.
Il y avait dans sa voix un tel désespoir que Fralie leva vers elle un regard interrogateur.
Ayla posa sa coupe, se leva.
— J’ai vu qu’il poussait de l’armoise, tout près d’ici. La racine donne un remède très puissant. Je ne m’en sers pas souvent mais je veux préparer quelque chose qui calme et détende la mère, elle en a bien besoin.
Durant la journée, le Camp du Lion observa ou participa d’un peu loin aux différentes activités et cérémonies. Mais, vers le soir, l’atmosphère changea, se chargea d’une intensité qui gagna jusqu’aux visiteurs. Les émotions poussées à leur paroxysme arrachèrent aux Mamutoï des cris de tristesse et de douleur sincères quand les deux enfants, allongés sur des sortes de brancards, furent sortis d’une habitation et présentés à chaque assistant pour un dernier adieu. Les enfants avaient été revêtus de leurs plus beaux atours, élégamment décorés, comme s’ils étaient habillés en vue d’une importante cérémonie. Ayla ne put s’empêcher d’être impressionnée et intriguée. Des morceaux de fourrure et de cuir, à l’état naturel ou teints de couleurs variées, avaient été soigneusement assemblés en motifs géométriques compliqués, pour faire des tuniques et de longues jambières, rehaussées par des morceaux unis entièrement recouverts de milliers de petites perles d’ivoire. Une pensée fugitive se présenta à Ayla. Tout ce travail avait-il été effectué à l’aide seulement d’un poinçon aigu ? La mince tige d’ivoire percée d’un trou à une extrémité aurait pu rendre service.
Elle remarqua aussi les bandeaux et les ceintures et, sur les épaules de la petite fille, une cape ornée de dessins extraordinaires : ils avaient été, semblait-il, réalisés à partir des fibres moelleuses laissées sur leur passage par les animaux à toison laineuse. Elle aurait aimé palper ces dessins, les examiner de plus près, mais une telle manifestation de curiosité eût été inconvenante. Ranec, près d’elle, remarqua ce travail exceptionnel, fit quelques commentaires sur la complexité des motifs en spirales. Ayla espérait bien en apprendre davantage, avant le départ, peut-être en échange d’une de ses pointes percées d’un trou.
Les deux enfants portaient aussi des bijoux faits de coquillages, de crocs d’animaux, d’os. Le garçon avait même une curieuse pierre de grosse taille qui avait été percée pour former un pendentif. Au contraire des adultes, dont les chevelures étaient en désordre et couvertes de cendres, les enfants étaient soigneusement coiffés : les cheveux du garçon étaient tressés en nattes, ceux de la fille ramassés en chignon de chaque côté de la tête.
Ayla ne parvenait pas à chasser l’impression qu’ils étaient simplement endormis, qu’ils allaient se réveiller d’un instant à l’autre. Ils paraissaient trop jeunes, trop sains, avec leurs visages aux joues rondes, vierges de toute ride, pour être partis, pour être passés dans le royaume des esprits. Secouée d’un frisson, elle porta involontairement les yeux ver
s Rydag. Elle croisa le regard de Nezzie, se détourna.
Finalement, on apporta les corps des enfants près de la longue et étroite tranchée. On les y descendit, en les plaçant tête contre tête. Une femme, vêtue d’une longue tunique, la tête couverte d’une coiffure particulière, se leva pour entamer une mélopée plaintive, aiguë, qui fit frissonner tous les assistants. A son cou pendaient des colliers et des pendentifs nombreux qui s’entrechoquaient et cliquetaient à chacun de ses mouvements, et, aux bras, des bracelets d’ivoire, larges d’un centimètre. Ils ressemblaient, se dit Ayla, à ceux que portaient certains Mamutoï.
Un battement de tambour, grave, retentissant, se fit entendre : c’était le son familier d’un tambour fait d’un crâne de mammouth. La femme qui chantait de sa voix aiguë commença de se balancer, de se tordre. Elle se dressait sur la pointe des orteils, levait un pied puis l’autre, se tournait dans différentes directions, tout en demeurant à la même place. Elle agitait les bras en cadence, avec une grande énergie, et ses bracelets se heurtaient avec bruit. Ayla avait rencontré cette femme. Elles n’avaient pas pu converser, mais Ayla se sentait attirée vers elle. Ce n’était pas, comme elle, lui avait expliqué Mamut, une guérisseuse, mais une femme capable d’entrer en communication avec le monde des esprits. Elle correspondait, pour les Sungaea, à Mamut... ou à Creb, se dit Ayla, non sans stupeur. Il lui était encore difficile d’imaginer une femme mog-ur.
L’homme et la femme au visage teinté de rouge dispersèrent sur les enfants de la poudre d’ocre, qui rappela à Ayla l’onguent à l’ocre rouge dont Creb avait peint le corps d’Iza. On plaça encore dans la tombe plusieurs autres objets : des segments de défenses de mammouth, qu’on avait redressés, des javelots, des couteaux et des poignards en silex, les figurines d’un mammouth, d’un bison, d’un cheval – moins habilement sculptées que celles de Ranec, pensa Ayla. Elle fut surprise de voir poser au côté de chaque enfant un long bâton d’ivoire, orné d’une sculpture en forme de roue, aux rayons de laquelle on avait attaché des plumes et d’autres ornements. Quand les Sungaea se joignirent à la mélopée plaintive de la chanteuse, Ayla se pencha vers Mamut pour lui demander à voix basse :