Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 100

by Jean M. Auel


  — Tu vois bien que je suis avec Mamut, fit-elle.

  — Oh, nous avions terminé, dit Mamut. Si tu veux parler avec Jondalar...

  Gênée, Ayla hésita.

  — Nous n’avons plus rien à nous dire, finit-elle par déclarer en fuyant le regard de Jondalar.

  Jondalar blêmit. Ainsi, elle l’avait évité ! Et maintenant elle refusait de lui parler.

  — Je... euh... je, excusez-moi de vous avoir dérangés, bredouilla-t-il, confus.

  Il serait rentré sous terre s’il avait pu. Il s’éloigna vivement.

  Mamut observait Ayla. Manifestement troublée, elle suivait des yeux Jondalar. Mamut la raccompagna au Camp du Lion. Songeur, il s’abstint toutefois de tout commentaire.

  A l’approche du Camp, ils eurent la surprise de voir Nezzie et Tulie venir à leur rencontre. La mort de Rydag avait secoué Nezzie. La veille, elle avait remis à Ayla les remèdes qui lui restaient, et elles avaient pleuré ensemble. Nezzie ne voulait pas garder ces tristes souvenirs, mais elle n’osait pas les jeter. Ayla avait compris que, Rydag mort, Nezzie n’avait plus besoin de son aide.

  — Ah, Ayla ! s’exclama Tulie. Nous te cherchions.

  Elle se réjouissait comme quelqu’un qui prépare une surprise, ce qui était inattendu de la part de la Femme Qui Ordonne. En échangeant des regards complices, les deux femmes déplièrent un objet devant les yeux ébahis d’Ayla.

  — Toute Promise a besoin d’une tunique neuve, déclara Tulie. D’habitude c’est la mère de l’homme qui la fabrique, mais j’avais envie d’aider Nezzie.

  C’était une tunique de cuir jaune d’or aux ornements d’une rare beauté. Certaines parties étaient brodées de perles d’ivoire dessinant de merveilleux motifs, rehaussés de petites perles d’ambre.

  — Oh, comme c’est beau ! s’extasia Ayla. Et quel travail ! Rien que la fabrication des perles a dû vous prendre des jours et des jours de patience. Quand l’avez-vous faite ?

  — Nous l’avons commencée dès que tu as annoncé ta Promesse d’Union, dit Nezzie. Viens dans la tente, et essaye-la !

  Ayla regarda Mamut qui souriait. Il était dans le secret, lui aussi. Les trois femmes pénétrèrent sous la tente et se dirigèrent vers le foyer de Tulie. Ayla se déshabilla mais ne savait comment porter la tunique. Tulie l’aida à l’enfiler. La tunique s’ouvrait devant, et se fermait avec des garnitures en laine de mammouth rouge.

  — Tu peux la porter fermée comme ceci, expliqua Nezzie. Mais le jour de la cérémonie, tu devras l’ouvrir comme ça, fit-elle en détachant le haut. Quand elle s’unit, une femme doit exhiber fièrement ses seins.

  Les deux femmes se reculèrent pour admirer la Promise. Quelle poitrine magnifique ! pensa Nezzie. Une poitrine faite pour allaiter. Dommage qu’Ayla n’ait pas de mère, elle serait fière de sa fille.

  — Pouvons-nous entrer ? demanda Deegie en passant sa tête par l’ouverture de la tente.

  Les femmes du Camp entrèrent à sa suite admirer Ayla dans sa tenue de cérémonie. Ayla comprit qu’elles étaient toutes dans le secret.

  — Ferme la tunique, maintenant, conseilla Nezzie, et sors la montrer aux hommes. Il ne faut pas la porter ouverte en public avant la cérémonie.

  Ayla obtempéra et déclencha des murmures émerveillés chez les hommes du Camp du Lion. Des Mamutoï d’autres Camps étaient venus se joindre aux admirateurs. Vincavec, dans la confidence, avait tenu à être présent. Lorsqu’il la vit, il se jura de s’unir à elle, même s’il devait la partager avec une dizaine de Mamutoï.

  Un homme, qui n’était pas du Camp du Lion, bien qu’on le considérât comme un de ses membres, assistait aussi à la scène. Jondalar avait suivi Mamut et Ayla, incapable d’accepter la rebuffade qu’il avait essuyée. Danug l’avait prévenu de ce qui se préparait et il avait attendu dehors avec, tout le monde. Lorsqu’Ayla était sortie, sa beauté l’avait bouleversé, mais son visage s’était peu à peu crispé dans une expression douloureuse. Il avait perdu Ayla ! Elle montrait à tous qu’elle s’unirait à Ranec le lendemain. Hébété, il décida de ne pas assister à son Union avec le sculpteur à la peau noire. Il était temps pour lui de s’en aller.

  Ayla avait remis ses habits de tous les jours et était repartie avec Mamut. Jondalar se précipita sous la tente, et fut soulagé de la trouver déserte. Il rangea les affaires qu’il comptait emporter, et les enroula dans sa fourrure de couchage. Il décida d’attendre le matin, de dire au revoir à tout le monde et de partir aussitôt après le repas. D’ici là, il ne préviendrait personne.

  Jondalar passa la journée à rendre visite à ceux avec qui il avait sympathisé à la Réunion d’Été, mais sans dévoiler ses intentions. Le soir, il s’attarda auprès des membres du Camp du Lion qu’il considérait comme sa famille. Il savait qu’il ne les reverrait jamais, et les adieux s’annonçaient difficiles. Il voulait parler une dernière fois avec Ayla, mais l’occasion ne se présentait pas. Enfin, il la vit se diriger en compagnie de Latie vers l’auvent qui abritait les chevaux, et leur emboîta le pas.

  Leur conversation resta superficielle, mais la tension qu’elle devinait chez Jondalar intimidait Ayla. Lorsqu’elle le quitta, il resta bouchonner l’étalon. La première fois qu’il avait vu Ayla, elle aidait Whinney à mettre bas, et cette vision l’avait profondément troublé. Jondalar se rendit compte qu’il aurait du mal à quitter le jeune étalon pour lequel il éprouvait des sentiments qu’il n’aurait jamais cru possibles.

  Finalement, il retourna sous la tente et se glissa dans son lit. Mais le sommeil le fuyait. Il repensa à Ayla, aux jours heureux passés dans sa vallée, à leur amour naissant lentement. Non, il l’avait tout de suite aimée ! Il avait simplement mis du temps à le reconnaître, et c’était pourquoi il l’avait perdue. Il regretterait toute sa vie d’avoir rejeté son amour. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Il n’était pas près de se le pardonner. Jamais il n’oublierait Ayla.

  La nuit fut longue et pénible, et aux premières lueurs de l’aube, il n’y tint plus. Il ne pouvait se résoudre aux adieux, et décida de partir sans dire au revoir à Ayla ni aux autres. Il ramassa ses affaires en silence et se glissa dehors.

  — Tu as choisi de partir à l’aube, murmura Mamut. Je m’en doutais. Jondalar se retourna, surpris.

  — Je... euh... je dois partir. Je... je ne peux plus rester davantage. Il est temps que... euh... que je... bégaya-t-il.

  — Je sais, Jondalar. Et je te souhaite un bon voyage. Un long chemin t’attend. C’est à toi de décider ce qui est le mieux pour toi, mais souviens-toi de ceci : comment choisir quand il n’y a pas de choix ?

  Sur ce, le vieil homme rentra sous la tente.

  Jondalar resta un instant interdit, puis il se dirigea vers l’auvent des chevaux. Qu’avait donc voulu dire Mamut ? Pourquoi Ceux Qui Servent la Mère tenaient-ils toujours des propos obscurs ?

  Lorsqu’il vit Rapide, Jondalar fut pris d’une envie subite de partir avec lui, d’emporter au moins l’étalon. Mais Rapide appartenait à Ayla. Il caressa les deux chevaux, flatta l’encolure de Rapide, aperçut Loup et lui frotta tendrement le cou. Puis il se mit vivement en marche.

  Lorsqu’Ayla se réveilla, le soleil inondait déjà la tente d’une lumière dorée. La journée s’annonçait belle. Elle se souvint alors que c’était le jour de la Cérémonie de l’Union et se renfrogna. Elle s’assit et examina la tente d’un regard circulaire. Quelque chose n’allait pas. A son réveil, elle jetait toujours un œil vers Jondalar. Il n’était pas là. Tiens, se dit-elle, il s’est levé de bonne heure ce matin ! Un sombre pressentiment lui noua la gorge.

  Elle se leva, s’habilla, sortit se laver et chercha une brindille pour se nettoyer les dents. Près du feu, Nezzie la regardait d’un drôle d’air, renforçant le pressentiment d’Ayla. Elle lorgna vers l’auvent. Whinney et Rapide semblaient tranquilles, et Loup était couché près d’eux. Elle retourna sous la tente et l’inspecta. La plupart de ses occupants étaient déjà dehors. Elle remarqua alors que la place de Jondalar était vide. Sa fourrure de couchage et s
es affaires avaient disparu. Jondalar était parti !

  En proie à une panique soudaine, Ayla se rua dehors.

  — Nezzie ! Jondalar est parti ! Il n’est plus dans le Camp du Loup, il est parti pour de bon. Il m’a abandonnée !

  — Il fallait s’y attendre, tu ne crois pas ?

  — Mais il ne m’a même pas dit au revoir ! Je croyais qu’il resterait jusqu’à la Cérémonie.

  — C’est justement ce qu’il a voulu éviter, déclara Nezzie. Il n’a jamais accepté que tu t’unisses à un autre.

  — Mais... mais... il ne voulait pas de moi. Que pouvais-je faire ?

  — Tout dépend de ce dont tu as envie.

  — Je voulais aller avec lui ! Comment a-t-il pu m’abandonner ? Il disait qu’il m’emmènerait. C’est ce que nous avions décidé. Qu’advient-il de nos projets, Nezzie ? demanda-t-elle en éclatant en sanglots.

  Nezzie la prit dans ses bras et essaya de la réconforter.

  — Les projets changent, Ayla, la vie change, tout change. Et Ranec dans tout ça ?

  — Ce n’est pas moi qu’il lui faut, Nezzie. Il devrait s’unir à Tricie. Elle l’aime.

  — Et toi ? Lui aussi t’aime.

  — J’ai essayé de l’aimer, Nezzie. J’ai vraiment essayé, mais c’est Jondalar que j’aime. Et il m’a quittée, fit-elle entre deux sanglots. Il ne m’aime pas.

  — En es-tu si sûre ?

  — Il m’a quittée sans même me dire au revoir. Oh, Nezzie, pourquoi est-il parti sans moi ? gémit Ayla. Qu’ai-je fait de mal ?

  — Tu penses avoir mal agi ? Troublée, Ayla réfléchit.

  — Il voulait me parler, hier, et j’ai refusé.

  — Pourquoi ?

  — Parce que... parce qu’il ne voulait plus de moi. Tout l’hiver, j’avais envie d’être avec lui et il me fuyait. Il ne m’adressait même plus la parole.

  — Donc, il voulait te parler et tu as refusé ? Ce sont des choses qui arrivent, constata Nezzie.

  — Mais je veux lui parler, Nezzie. Je veux être avec lui, même s’il ne m’aime pas. Mais c’est trop tard, il est parti. Il est parti tranquillement, sans me dire au revoir. Non, c’est impossible ! Il n’a pas pu faire cela !... Il ne peut pas être... loin...

  Nezzie la considérait d’un air amusé.

  — Tu crois qu’il est déjà loin, Nezzie ? Je marche vite, tu sais. Je pourrais le rejoindre. Tu crois que je devrais essayer de le rattraper et lui parler ? Oh, Nezzie ! Je l’aime !

  — Alors, cours-lui après, mon enfant. Si tu l’aimes, va, rejoins-le. Avoue-lui tes sentiments. Donne-lui au moins la chance de s’expliquer.

  — Oui, tu as raison ! fit Ayla en séchant ses pleurs. Oui, c’est ce que je vais faire. Tout de suite !

  Et elle s’élança sur le sentier. Elle traversa la rivière en effleurant à peine les pierres du gué, arriva dans le pré et s’arrêta. Elle ne savait pas quelle direction Jondalar avait prise. Elle devrait le suivre à la trace, et cela risquait de prendre trop de temps.

  Soudain, Nezzie entendit deux sifflements stridents. Elle sourit en voyant Loup filer devant elle ventre à terre, et Whinney dresser les oreilles et suivre le quadrupède. Rapide s’élança derrière eux. Amusée, Nezzie observa le loup dévaler la colline en bondissant.

  Lorsque Loup rejoignit Ayla, elle lui parla, étayant ses paroles de gestes du Clan.

  — Cherche Jondalar, Loup. Cherche !

  Le loup renifla le sol, l’air, et choisit une direction. Ayla remarqua alors des brins d’herbe foulés et des brindilles brisées. Elle enfourcha Whinney et partît au galop.

  Pendant qu’elle chevauchait, des questions l’assaillirent. Que lui dire ? Comment lui faire comprendre qu’elle attendait qu’il l’emmène ? Et s’il refusait de l’écouter ? S’il ne voulait pas d’elle ?

  La pluie avait nettoyé les arbres et les feuillages des cendres volcaniques, mais Jondalar marchait sans se préoccuper de la beauté des prairies et des bois, resplendissants sous le soleil d’été. Il avançait sans but, se contentant de suivre la rivière, mais chaque pas qui l’éloignait du Camp l’assombrissait davantage.

  « Pourquoi l’ai-je quittée ? Qu’est-ce qui me prend de voyager seul ? Peut-être devrais-je faire demi-tour et lui proposer de venir avec moi ? Mais elle refuse de te suivre, Jondalar. C’est une Mamutoï, elle est avec son peuple. Elle a préféré Ranec. Oui, elle a choisi Ranec, mais lui as-tu laissé le choix ? Qu’avait dit Mamut ? Il avait parlé de choix.

  Ah, oui, « Comment choisir quand il n’y a pas de choix ? ». Que voulait-il dire ?

  Jondalar s’était arrêté. Exaspéré, il se remit en marche quand soudain, il comprit. Je ne lui ai jamais laissé le choix. Ayla n’a pas choisi Ranec, pas au début. La nuit de l’adoption, oui, elle a eu le choix... et encore ! C’est le Clan qui l’a élevée, et on ne lui a jamais appris le sens du mot « choix ». Et je l’ai rejetée. Pourquoi ai-je refusé de lui laisser le choix avant de partir ? Parce qu’elle ne voulait pas t’écouter, Jondalar.

  Non, parce que tu avais peur qu’elle en choisisse un autre. Cesse donc de te mentir ! Elle a fini par se lasser et a refusé de t’écouter. Mais c’était parce que tu avais peur qu’elle en préfère un autre, Jondalar. Tu ne lui as jamais laissé le choix. Ah, tu peux être fier de toi !

  Pourquoi ne retournes-tu pas la laisser choisir entre Ranec et toi ? Ose donc faire ta proposition ! Elle se prépare pour une cérémonie importante. Qu’as-tu à lui proposer ?

  Tu pourrais rester. Tu pourrais même cohabiter avec Ranec. Le supporterais-tu ? Accepterais-tu de la partager avec Ranec ? Plutôt que de la perdre, accepterais-tu de rester parmi les Mamutoï et de partager Ayla ?

  Jondalar réfléchit longuement. Oui, se dit-il enfin, s’il ne pouvait pas faire autrement. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il voulait l’emmener chez son peuple et s’y installer avec elle. Les Mamutoï avaient accepté Ayla, pourquoi les Zelandonii n’en feraient-ils pas autant ? Certains d’entre eux l’accepteraient, mais les autres ?

  Ranec peut s’appuyer sur le Camp du Lion et sur de nombreuses filiations. Mais toi, tu ne peux même pas lui offrir ton peuple, ni tes filiations. Les Zelandonii risquent de la rejeter, et de te renier. Tu n’as que toi à lui offrir.

  Que deviendraient-ils si les Zelandonii les rejetaient ? Nous irions ailleurs. Nous pourrions revenir ici. Hum ! C’est un long voyage. Il serait peut-être plus judicieux de rester ici, et de s’y établir. Tarneg cherchait un tailleur de silex pour le Camp qu’il voulait fonder. Et Ranec dans tout cela ? Mieux encore, et Ayla ? Supposons qu’elle refuse ?

  Perdu dans ses pensées, Jondalar n’entendit pas le bruit des sabots et sursauta quand Loup bondit sur lui.

  — Loup ? Que fais-tu ici ?...

  Médusé, il vit Ayla descendre de Whinney.

  Elle s’avança, timide, craignant qu’il ne lui tourne le dos. Comment lui expliquer ? Comment le forcer à l’écouter ? Et s’il refusait de l’entendre ? Elle se souvint alors de l’époque où elle ne savait pas encore parler, et de la posture qu’elle avait apprise avec le Clan pour demander la parole. Elle se laissa glisser au sol avec grâce, baissa la tête et attendit.

  Jondalar la regardait sans comprendre, puis la mémoire lui revint. C’était son signal. Lorsqu’elle désirait lui communiquer quelque chose d’important et qu’elle ne savait pas comment s’exprimer, elle utilisait la posture du Clan. Pourquoi adopter cette posture ? Que voulait-elle lui dire de si important ?

  — Lève-toi, fit-il. Ne fais pas cela.

  Il se souvint alors du geste approprié et lui tapota l’épaule. Lorsque Ayla releva la tête, il vit ses yeux gonflés de larmes. Il s’agenouilla pour les sécher.

  — Pourquoi pleures-tu, Ayla ? Que fais-tu ici ?

  — Jondalar, hier tu as essayé de me parler et j’ai refusé de t’écouter. Maintenant, ce que j’ai à te dire est difficile à expliquer. Je me suis assise à la manière des femmes du Clan pour que tu m’écoutes. Promets-moi de ne pas partir avant de m’avoir écoutée.

  L’espo
ir faisait battre le cœur de Jondalar au point qu’il n’arrivait pas à articuler un son. Il se contenta de hocher la tête et prit les mains d’Ayla.

  — Au début, tu voulais m’emmener mais je refusais de quitter ma vallée, commença-t-elle avant de s’interrompre pour reprendre son calme. Maintenant, je te suivrais n’importe où. Avant, tu disais m’aimer, mais j’ai l’impression que tu ne m’aimes plus. Pourtant, j’ai toujours envie de partir avec toi.

  — Ayla, relève-toi, je t’en prie, dit-il en l’aidant. Je croyais que tu préférais Ranec. L’aimes-tu ?

  — Non, je ne l’aime pas. C’est toi que j’aime, Jondalar. Je t’ai toujours aimé. Je ne comprends pas ce que j’ai fait pour que tu cesses de m’aimer.

  — Tu... tu m’aimes toujours ? Oh, Ayla ! Oh, mon Ayla ! s’exclama-t-il en la serrant dans ses bras de toutes ses forces.

  Il la contempla avec amour comme s’il la voyait pour la première fois. Ayla leva son visage vers lui, et ses lèvres qu’il prit dans un élan passionné.

  Dans les bras de Jondalar, Ayla était bouleversée de sentir son amour, son désir. Elle essaya de réfréner ses pleurs de crainte qu’il ne se méprenne encore, mais les larmes ruisselèrent sans qu’elle pût les contenir.

  — Ayla ! Mais tu pleures ?

  — Oui, c’est parce que je t’aime. Je ne peux pas m’en empêcher. Cela fait si longtemps, et je t’aime tant !

  Il baisa ses yeux, ses larmes, ses lèvres fraîches et fermes qui s’entrouvrirent pour accueillir sa langue.

  — Ayla, est-ce vraiment toi ? fit-il. J’ai cru t’avoir perdue par ma faute. Je t’aime, Ayla, je t’ai toujours aimée. Il faut me croire. Je n’ai jamais cessé de t’aimer, mais je comprends pourquoi tu as cru le contraire.

  — Je sais. Tu luttais contre ton amour, n’est-ce pas ? Les yeux clos, il approuva d’un air douloureux.

  — J’avais honte d’aimer une femme du Clan, et cette honte me dégoûtait. Je n’ai jamais été heureux avec personne comme avec toi. Je t’aime, et quand nous étions seuls tout allait pour le mieux. Mais quand nous nous sommes retrouvés parmi d’autres gens j’étais gêné chaque fois que tu te conduisais en femme du Clan. Et j’avais toujours peur... que tu dévoiles ton passé. J’avais honte qu’on apprenne que j’aimais une femme qui... que j’aimais un... un monstre, finit-il par avouer, bien que le mot lui coûtât.

 

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