RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 7

by Stephenie Meyer


  Ses mains énormes agrippèrent mes bras, qui disparurent entre ses doigts.

  — Aïe ! Laisse-moi, Jake !

  Il me secoua.

  — As-tu perdu la tête, Bella ? Tu n’es quand même pas bête à ce point ! Dis-moi que tu n’es pas sérieuse !

  De nouveau, il me secoua. Ses battoirs aussi serrés que des garrots tremblaient, déclenchant les vibrations de mes os.

  — Jake ! Arrête !

  Tout à coup, la pénombre fut pleine de monde.

  — Lâche-la immédiatement ! lança la voix d’Edward, froide comme la glace, tranchante comme une lame.

  Un grondement sourd résonna derrière Jacob, puis un deuxième, un troisième.

  — Jake, ça suffit ! souffla Seth Clearwater. Tu es en train de perdre les pédales.

  Mon meilleur ami paraissait pétrifié dans son expression horrifiée.

  — Tu vas lui faire mal, insista Seth. Lâche-la !

  — Maintenant ! grogna Edward.

  Les mains de Jacob allèrent battre contre ses cuisses, et le brusque afflux sanguin dans mes veines fut presque douloureux. Avant que j’aie le temps d’enregistrer autre chose, des doigts froids remplacèrent les brûlants, et je fus transportée dans l’air en un clin d’œil. Clignant des paupières, je me rendis compte que j’étais à un mètre de l’endroit où je m’étais tenue. Edward, tendu, me servait de rempart. Deux énormes loups le séparaient de Jacob. Ils ne me semblèrent pas nourrir d’intentions agressives. On aurait plutôt dit qu’ils essayaient d’empêcher une bagarre.

  Seth, ce grand garçon dégingandé de quinze ans, avait placé ses longs bras autour du corps frissonnant de Jacob et l’entraînait. Si jamais ce dernier se transformait alors que son compagnon était aussi près de lui…

  — Allez, Jake, partons.

  — Je vais te tuer, lança Jacob, la voix si étranglée par la rage qu’elle était aussi basse qu’un murmure.

  Ses prunelles incendiées par la fureur toisaient Edward.

  — Je vais te tuer en personne, répéta-t-il. Maintenant.

  Il était secoué par des convulsions. Le plus gros des animaux, le noir, émit un feulement sec.

  — Écarte-toi, Seth ! siffla Edward.

  L’adolescent tenta encore une fois d’entraîner Jacob. Celui-ci était tellement hébété par la rage que Seth parvint à lui faire parcourir quelques pas.

  — Calme-toi, Jake. Viens.

  Sam, le gros loup, se joignit à lui. Posant sa tête énorme sur la poitrine de Jacob, il le poussa. Tous les trois, qui tirant, qui tremblant, qui poussant, disparurent dans l’obscurité, sous le regard attentif du deuxième animal. Je ne sus déterminer sa couleur, à cause de la faible lumière, brun chocolat, peut-être. Quil ?

  — Je suis navrée, murmurai-je à l’intention de mon ami.

  — Tout va bien, maintenant, me rassura Edward.

  Le loup le regarda. Ses prunelles n’étaient pas amicales. Mon amoureux le gratifia d’un hochement de tête, et la bête se tourna pour rejoindre ses compagnons.

  — Bon, décréta Edward, retournons là-bas.

  — Mais Jake…

  — Sam s’en occupe. Il est parti.

  — Je suis désolée, Edward. J’ai été idiote…

  — Tu n’as rien à te reprocher.

  — Je parle trop ! Pourquoi ai-je… je n’aurais pas dû… Mais je pensais à quoi ?

  — Ne t’inquiète pas. Il faut que nous rejoignions les invités avant qu’on ne remarque notre absence.

  Je secouai la tête pour tâcher de reprendre mes esprits. Qu’on remarque notre absence ? Quelqu’un avait-il donc pu louper ce qui venait de se produire ? Quoique… en y réfléchissant, je me rendis compte que le conflit qui m’avait semblé tragique s’était déroulé dans un silence relatif, vite, à l’ombre des feuillages.

  — Deux secondes, demandai-je à Edward.

  J’étais en proie au chagrin et à l’affolement, mais ça n’avait pas d’importance. Pour l’instant, seule comptait mon apparence extérieure. J’étais consciente qu’il me fallait tenir mon rôle.

  — Ma robe ?

  — Tu es parfaite. Aucun cheveu ne dépasse.

  Je pris deux profondes inspirations.

  — Dans ce cas, allons-y.

  M’enlaçant, Edward me ramena vers la lumière. Quand nous passâmes sous les ampoules clignotantes, il m’entraîna tendrement sur la piste de danse, et nous nous mêlâmes aux autres couples, comme si nous n’avions jamais cessé de virevolter. Je scrutai nos invités – personne n’avait l’air choqué ou effrayé. Seuls les visages les plus pâles trahissaient quelques signes de tension, et encore, c’était à peine perceptible. Jasper et Emmett se tenaient au bord de la piste, proches l’un de l’autre, et je devinai qu’ils n’avaient pas été très loin, pendant la confrontation.

  — Es-tu…

  — Je vais bien. Je n’en reviens pas d’avoir provoqué ça. Je déraille, ou quoi ?

  — Ce n’est pas toi qui dérailles.

  J’avais été tellement contente que Jacob soit venu. Je savais le sacrifice que cela lui avait demandé. Et j’avais tout gâché, j’avais réduit son cadeau en catastrophe. Je méritais d’être exilée. Toutefois, mon imbécillité ne commettrait pas de dégâts supplémentaires ce soir-là. J’allais oublier l’incident, le fourrer dans un tiroir que je fermerais à clé pour m’en soucier plus tard. J’aurais tout le temps de me flageller et, de toute façon, j’étais incapable d’arranger les choses maintenant.

  — C’est fini, décrétai-je. N’y repensons plus.

  Je m’attendais à des protestations, mais mon cavalier garda le silence.

  — Edward ?

  Fermant les yeux, il appuya son front contre le mien.

  — Jacob a raison, murmura-t-il. Je pense à quoi, bon Dieu ?!

  — Il a tort, objectai-je en m’efforçant de préserver une attitude sereine pour le bénéfice des gens qui nous environnaient. Jacob a trop de préjugés pour saisir les choses avec clarté.

  Edward marmonna quelque chose qui ressemblait à : « J’aurais dû le laisser me tuer rien que pour avoir envisagé… »

  — Ça suffit ! le réprimandai-je en prenant son visage entre mes mains jusqu’à ce qu’il rouvre les paupières. Toi et moi. C’est la seule chose qui compte. La seule chose à laquelle tu es autorisé à penser à partir de maintenant. Compris ?

  — Oui, soupira-t-il.

  — Oublie que Jacob est venu. (J’en étais capable. Oh que oui !) Pour moi. Jure-moi d’oublier.

  — Je te le jure, lâcha-t-il au bout d’un moment.

  — Merci, Edward. Je n’ai pas peur.

  — Moi, si.

  — Inutile. À propos, je t’aime.

  Il me retourna un pauvre sourire, en réponse au mien, factice mais large.

  — C’est la raison de notre présence ici, murmura-t-il.

  — Tu monopolises la mariée, intervint Emmett en surgissant derrière son frère. Permets-moi de danser avec ma petite sœur. Je tiens peut-être ma dernière chance de la faire rougir.

  Il s’esclaffa bruyamment, aussi insensible que jamais à toute atmosphère empreinte de gravité.

  Comme je n’avais pas accordé de danse à bien des cavaliers, je trouvai là l’occasion de me ressaisir pour de bon. Quand Edward revint à moi, plus tard, je découvris que le tiroir de Jacob était fermé, et bien fermé. Je parvins même à exhumer ma joie première et la certitude que tout était en place, ce soir-là, dans mon existence. Souriante, je me laissai aller contre son torse, et il raffermit la prise de ses bras autour de ma taille.

  — Je pourrais m’habituer à ça, annonçai-je.

  — Ne me dis pas que tu as surmonté ta répugnance à danser ?

  — Ce n’est pas si mal, à la réflexion. Avec toi. Mais je pensais plutôt à ça (et je me collai à lui davantage), au fait de ne jamais avoir à te laisser partir.

  — Jamais, me promit-il en se penchant pour m’embrasser.

  Ce fut un baiser intense, lent mais prenant peu à peu de
l’ampleur… et j’avais complètement oublié où je me trouvais, lorsque Alice m’appela.

  — Bella ? C’est l’heure !

  Une bouffée d’irritation me traversa. Edward ignora sa sœur. Ses lèvres contre les miennes étaient dures, plus avides qu’auparavant. Mon cœur s’affola, mes paumes se couvrirent de sueur.

  — Vous voulez donc rater votre avion ? gronda Alice, tout à côté de moi, maintenant. Je suis persuadée que votre lune de miel sera charmante, quand vous attendrez le vol suivant, à l’aéroport.

  Edward détourna la tête, juste le temps de demander à sa sœur de s’en aller, avant de replonger vers ma bouche.

  — Bella, insista Alice, tu tiens absolument à prendre l’avion dans cette tenue ?

  Je ne lui prêtai pas attention car, en cet instant, plus rien ne comptait hormis mon amoureux. Alice passa aux menaces.

  — Je jure que je lui révèle où tu l’emmènes si tu ne m’aides pas, Edward.

  Il se figea avant de relever la tête et de toiser sa sœur préférée.

  — Comment un être aussi petit arrive-t-il à se montrer aussi agaçant ?

  — Je n’ai pas choisi la robe de voyage idéale pour la voir gâcher, riposta-t-elle sans se démonter et en m’attrapant par la main. Suis-moi, Bella.

  Je résistai, histoire d’embrasser une dernière fois Edward, et elle m’arracha littéralement à lui, impatiente. Il y eut quelques rires dans l’assemblée. Renonçant à lutter, je me laissai entraîner à l’intérieur de la villa.

  — Désolée, Alice, m’excusai-je, car elle paraissait énervée.

  — Ce n’est pas ta faute, soupira-t-elle. Tu es incapable de te contrôler.

  Son expression de martyre me fit rire, et elle fronça les sourcils.

  — Merci, Alice. C’était le plus beau mariage de tous les temps. Tout était parfait. Tu es la plus intelligente, la plus talentueuse, la meilleure sœur du monde.

  Ces compliments, sincères, l’apaisèrent, et elle sourit.

  — Je suis heureuse que ça t’ait plu.

  Renée et Esmé patientaient à l’étage. Toutes les trois s’empressèrent de m’aider à revêtir l’ensemble bleu nuit qu’avait acheté Alice pour l’occasion. Je fus soulagée quand quelqu’un retira les épingles qui retenaient mes cheveux, et que ces derniers retombèrent dans mon dos, encore ondulés à cause des nattes. Ma mère pleura sans interruption durant toute l’opération.

  — Je te téléphone sitôt que je sais où nous allons, lui dis-je en la serrant dans mes bras.

  Le secret de notre destination la rendait sûrement folle. Ma mère détestait les mystères, à moins qu’elle ne fût de la partie.

  — Il faudra que vous nous rendiez visite, à Phil et moi, très, très prochainement. C’est à toi de venir dans le Sud et au soleil, pour une fois.

  — Il n’a pas plu, aujourd’hui, lui rappelai-je en évitant de répondre favorablement à sa requête.

  — Un vrai miracle.

  — Tout est prêt, annonça Alice. Les valises sont dans la voiture, Jasper est en train de la sortir du garage.

  Elle me poussa vers l’escalier, Renée derrière nous, m’enlaçant encore.

  — Je t’aime, maman, chuchotai-je. Je suis heureuse que Phil soit dans ta vie. Prenez soin l’un de l’autre.

  — Je t’aime aussi, Bella chérie.

  — Au revoir, maman. Je t’aime.

  Edward m’attendait au pied des marches. Je pris la main qu’il me tendait, tout en scrutant la foule rassemblée dans le hall afin de nous accompagner vers la sortie.

  — Papa ? lançai-je.

  — Par ici, murmura Edward en m’entraînant au milieu des invités, qui s’écartèrent devant nous.

  Nous dénichâmes Charlie appuyé gauchement contre le mur, derrière tous les autres, l’air de se cacher. Ses yeux cerclés de rouge expliquaient pourquoi.

  — Oh, papa !

  Je le pris dans mes bras, en pleurs – décidément, j’étais une véritable fontaine, ce soir. Il me tapota le dos.

  — Allons, allons, ne va pas manquer ton avion.

  Il était difficile de formuler son amour, en présence de Charlie. Nous nous ressemblions tant, à constamment revenir à des sujets triviaux afin d’éviter toute démonstration affective embarrassante. Ce n’était cependant pas le moment d’être gêné.

  — Je t’aime et je t’aimerai toujours, papa. Ne l’oublie pas.

  — Moi aussi, Bella. Depuis toujours et pour toujours.

  J’embrassai sa joue, et lui la mienne.

  — Appelle-moi, me dit-il.

  — Bientôt.

  Une promesse dont je savais qu’elle était la seule que je pouvais faire. Juste un coup de fil. Mes parents n’auraient plus le droit de me revoir. Je serais trop différente, et beaucoup trop dangereuse, surtout.

  — Allez, sauve-toi, bougonna-t-il. Ne te mets pas en retard.

  Les invités formèrent une allée, et Edward m’attira à lui alors que nous filions.

  — Prête ? s’enquit-il.

  — Oui.

  Ce qui était la stricte vérité. Tout le monde applaudit quand il m’embrassa sur le perron. Puis il me précipita vers la voiture sous une pluie de riz. La plupart des projectiles s’égaillèrent, mais certains nous atteignirent avec une redoutable précision, sans doute lancés par Emmett, et je reçus pas mal de grains qui ricochaient sur le dos d’Edward.

  Le véhicule avait lui aussi été décoré de fleurs qui couraient en banderoles le long de la carrosserie et de grandes bandes de tulle accrochées au pare-chocs arrière, auxquelles étaient nouées une dizaine de chaussures – toutes neuves et griffées, d’après ce que j’en pus voir.

  Edward me protégea des cascades de riz pendant que je montais à bord, puis il s’installa à mes côtés, et nous démarrâmes en trombe. J’agitai la main par la fenêtre tout en lançant des « je vous aime » en direction du porche, où nos familles s’étaient rassemblées.

  La dernière image à se graver dans ma mémoire fut celle de mes parents. Phil enlaçait tendrement Renée, qui avait passé un bras autour de sa taille mais qui, de l’autre main, tenait celle de Charlie. Tant d’amours si différents, harmonieux en cet instant. Cela me donna de l’espoir.

  Edward serra mes doigts.

  — Je t’aime, me dit-il.

  J’appuyai ma tête contre son épaule.

  — C’est la raison de notre présence ici, répondis-je, citant ses propres paroles.

  Il déposa un baiser sur mes cheveux.

  Alors que nous débouchions sur l’autoroute et qu’il enfonçait la pédale de l’accélérateur, un bruit submergea le ronronnement du moteur, en provenance de la forêt que nous abandonnions derrière nous. Je l’entendis, Edward aussi par conséquent. Mais il ne commenta pas, cependant que le son s’estompait à mesure que nous nous éloignions, et je l’imitai.

  Le hurlement perçant à vous briser le cœur devint de plus en plus faible, jusqu’à disparaître.

  5

  L’ÎLE D’ESMÉ

  — Houston ? demandai-je en sourcillant, quand nous arrivâmes à l’embarquement, à Seattle.

  — Juste une étape en chemin, me rassura-t-il avec un grand sourire.

  Lorsqu’il me réveilla et qu’il m’entraîna à travers les terminaux, j’eus l’impression que je venais à peine de m’endormir. Dans les vapes, j’étais obligée de lutter pour garder les paupières ouvertes. Il me fallut quelques minutes pour comprendre ce qui se passait, devant le comptoir international pour notre prochain vol.

  — Rio de Janeiro ? m’enquis-je, soudain un peu plus enthousiaste.

  — Encore une étape.

  Le trajet jusqu’en Amérique du Sud fut long mais confortable, grâce aux larges sièges de première classe et aux bras d’Edward enroulés autour de moi. Je dormis comme une masse et me réveillai parfaitement alerte, ce qui chez moi était plutôt rare, au moment où l’avion entama sa descente vers l’aéroport, au crépuscule.

  Contrairement à ce à quoi je m’attendais, nous n
e prîmes pas un troisième vol, mais un taxi qui nous emmena à travers les rues sombres, bondées et pleines de vie de Rio. N’ayant rien compris aux paroles qu’Edward avait lancées en portugais au chauffeur, je présumai que nous nous rendions dans un hôtel quelconque, histoire de prendre un peu de repos avant la suite de notre voyage. L’idée provoqua quelque chose qui ressemblait à du trac et me noua le ventre. Peu à peu, la cohue s’éclaircit, et nous finîmes par arriver aux extrêmes limites de la ville, près de la mer.

  Notre destination se révéla être le port.

  Edward me précéda dans une marina où était ancrée une longue file de yachts blancs qui se reflétaient sur les eaux noires. Le bateau devant lequel il s’arrêta était plus modeste que les autres, plus racé, visiblement conçu pour la vitesse et non pour l’espace. Il restait néanmoins luxueux, et fort gracieux. Edward sauta à bord, en dépit des lourds bagages dont il était chargé. Il en laissa tomber un sur le pont afin de m’aider à le rejoindre.

  Silencieuse, je l’observai préparer l’embarcation pour le départ, m’étonnant de son habileté et de son habitude des choses, car il n’avait jamais mentionné un quelconque intérêt pour le nautisme. En même temps, il excellait dans tout ce qu’il entreprenait.

  Tandis que nous nous éloignions vers le large, je repassai mentalement ce que j’avais appris en cours de géographie. Pour autant que je me souvienne, il n’y avait pas grand-chose à l’est du Brésil, sinon… l’Afrique. Cela n’empêcha pas Edward de foncer droit devant, cependant que les lumières de Rio s’estompaient, puis disparaissaient derrière nous. Il arborait son fameux sourire radieux, celui qui naissait toujours dès qu’il avait l’occasion de goû ter à l’ivresse de la vitesse. Le bateau fendait les vagues, m’aspergeant d’embruns. La curiosité que j’avais réussi à contenir jusqu’à présent finit par l’emporter.

  — Nous allons très loin, comme ça ?

  Il n’était pas du genre à oublier que j’étais humaine, mais je me demandai s’il avait prévu que nous vivrions à bord de cette petite embarcation pour un temps donné.

  — Encore une demi-heure, répondit-il.

  Remarquant mes mains agrippées autour du banc, il rigola. Oh puis zut ! songeai-je. Il était un vampire. Si ça se trouve, nous nous dirigions vers l’Atlantide.

 

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