RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 31

by Stephenie Meyer


  Je ne regardai pas Alice terminer le boulot que j’avais commencé et fonçai vers la table d’opération, où Bella s’était mise à bleuir, ses yeux grands ouverts ne voyant rien.

  — Tu sais faire les massages cardiaques ? aboya Edward.

  — Oui !

  J’inspectai brièvement ses traits, afin de m’assurer qu’il ne risquait pas de réagir comme Rosalie. Ils n’affichaient rien, sinon une détermination féroce.

  — Débrouille-toi pour qu’elle respire ! Il faut que je sorte le bébé d’ici avant qu’elle…

  Un autre craquement assourdissant retentit à l’intérieur de Bella, si fort que lui et moi nous pétrifiâmes dans l’attente d’un hurlement. Rien ne vint, cependant. Ses jambes, qui avaient été tétanisées par la souffrance, s’écartèrent de manière artificielle.

  — Colonne vertébrale, s’étrangla Edward, horrifié.

  — Sors ce truc de là ! grondai-je en lui tendant le scalpel. Elle ne sentira plus rien, maintenant !

  Puis je me penchai sur Bella. Sa bouche ne saignant plus, j’y pressai la mienne et soufflai dedans. Son corps tendu se dilata, et plus rien n’obstrua sa gorge. Ses lèvres avaient le goût du sang. J’entendis les battements inégaux de son cœur. Tiens bon, pensai-je en insufflant une deuxième goulée d’air dans ses poumons. Tu as promis. Tiens bon !

  Me parvint le son doux et humide du scalpel qui entaillait son ventre. Du sang dégoutta sur le sol. Le bruit qui suivit, inattendu et terrifiant, me fit bondir. Il ressemblait à du métal déchiré et me ramena à la bagarre qui s’était déroulée dans la clairière, des mois plus tôt – c’était le feulement qu’émettaient les corps des vampires nouveau-nés mis en pièces. Jetant un coup d’œil, je vis qu’Edward avait enfoncé son visage dans le renflement de l’estomac – les dents d’un vampire étaient le moyen le plus sûr d’entamer la peau d’un vampire. Frissonnant, je continuai mon bouche-à-bouche.

  Bella toussa, et ses yeux roulèrent dans ses orbites, aveugles.

  — Ne me quitte pas maintenant, Bella ! hurlai-je. Tu m’entends ? Je t’interdis de me quitter ! Tiens bon !

  Ses prunelles réagirent, cherchant Edward ou moi, mais ne voyant rien. Je fixai mon regard dessus. Soudain, sous mes mains, son corps s’apaisa, bien que son pouls continuât d’être désordonné, son souffle heurté. Je compris que cette immobilité signifiait que c’en était fini. La chose devait avoir été délivrée.

  J’avais raison.

  — Renesmée, chuchota Edward.

  Ainsi, Bella s’était trompée. Il ne s’agissait pas d’un garçon. Mais bon, ce n’était pas nouveau. Quelles erreurs avait-elle évitées, jusqu’à présent ? Je ne me détournai pas de ses yeux injectés de sang, sentis cependant ses mains se soulever légèrement.

  — Laissez-moi…, croassa-t-elle dans un chuchotement laborieux. Donnez-la-moi.

  J’aurais dû me douter qu’il lui céderait, comme toujours, aussi sottes soient ses requêtes. Pourtant, je ne crus pas qu’il s’exécuterait, sur ce coup-là. Voilà pourquoi je ne songeai pas à l’en empêcher.

  Quelque chose de tiède effleura mon bras. Rien que cela aurait dû attirer mon attention. Rien n’était jamais chaud, en comparaison de moi.

  Mais je ne pouvais m’arracher au visage de Bella. Elle cligna des paupières, son regard se focalisa, retrouvant enfin ses facultés de vision. Elle poussa un étrange et faible gémissement.

  — Renes… mée. Tu es si… belle.

  Puis elle haleta de souffrance. Le temps que je relève la tête, il était trop tard. Edward avait retiré la chose sanguinolente et tiède de ses bras frêles. Je balayai du regard le corps de Bella. Il était rougi par le sang – celui qui avait cascadé de sa bouche, celui dont était enduite la créature, celui qui s’écoulait d’une minuscule morsure, juste au-dessus de son sein gauche.

  — Non, Renesmée, murmura l’heureux père, comme s’il apprenait les bonnes manières au petit monstre.

  Je ne me tournai ni vers l’un, ni vers l’autre. Je n’avais d’yeux que pour Bella, dont les prunelles s’étaient de nouveau révulsées. Dans un ultime soubresaut, son cœur cessa de battre. Je posai aussitôt mes mains sur sa poitrine et j’appuyai dessus en comptant pour conserver une régularité à mes gestes. Un. Deux. Trois. Quatre. M’interrompant un instant, j’insufflai une autre goulée d’air dans ses poumons.

  Je n’y voyais plus. Ma vision était floue, humide. En revanche, j’étais hyperconscient des autres bruits qui résonnaient dans la pièce. Le glouglou réticent de son cœur sous mes mains exigeantes, les battements du mien, et un troisième, furtif, trop rapide, trop léger pour que je l’identifie.

  Bouche-à-bouche.

  — Qu’est-ce que tu attends ? haletai-je en recommençant à comprimer son torse.

  Un. Deux. Trois. Quatre.

  — Prends le bébé, m’ordonna Edward.

  — Balance-le par la fenêtre !

  Un. Deux. Trois. Quatre.

  — Donne-la-moi, pépia une voix, depuis le seuil.

  Edward et moi grondâmes comme un seul homme.

  Un. Deux. Trois. Quatre.

  — Je me contrôle, jura Rosalie. Passe-moi le bébé, Edward. Je m’en occuperai jusqu’à ce que Bella…

  Bouche-à-bouche. L’échange eut lieu, et les martèlements de papillon s’éloignèrent.

  — Écarte-toi, Jacob.

  Sans cesser d’appuyer, je relevai la tête. Edward tenait une seringue argentée, comme si elle était d’acier.

  — Qu’est-ce que c’est ?

  Sa main de pierre bouscula la mienne, me cassant l’auriculaire avec un léger craquement. Dans sa lancée, il enfonça l’aiguille en plein dans le cœur de Bella.

  — Mon venin, répondit-il en poussant à fond.

  Je perçus le soubresaut du cœur, comme s’il l’avait soumis à un électrochoc.

  — Continue ! lâcha-t-il d’une voix glacée, morte.

  Farouche, instinctif, il ressemblait à un robot. Ignorant la douleur de mon doigt en train de guérir, je recommençai à comprimer la poitrine de Bella. Elle s’était durcie, comme si le sang s’était congelé, avait épaissi et ralenti. Tout en le faisant circuler dans les artères, j’observai les gestes d’Edward.

  On aurait dit qu’il l’embrassait, posant ses lèvres sur sa gorge et ses poignets, dans le creux de son bras. Le déchirement soyeux de la peau me parvenait, encore et encore, cependant qu’il forçait le venin dans son corps en un maximum d’endroits possible. Sa langue pâle essuyait les morsures ensanglantées. Avant que j’aie pu céder au dégoût ou à la colère, je compris qu’il refermait les blessures, de façon à maintenir le poison en elle.

  Bouche-à-bouche. Elle ne réagissait plus, mis à part pour les mouvements sans vie de sa poitrine. Je m’acharnai néanmoins, appuyant, comptant, cependant qu’Edward s’activait comme un fou pour tâcher de la ressusciter. Malheureusement, il n’y avait plus rien. Plus que lui et moi. Nous escrimant sur un cadavre.

  C’était tout ce qu’il restait de la fille que lui et moi avions aimée. Un corps brisé, déchiré, sanglant. Il était impossible de ressusciter Bella.

  Il était trop tard, je le savais. Elle était morte, je le savais. Je le savais, car l’attraction avait disparu. Je ne ressentais plus aucune raison de me trouver près de Bella. Elle n’était plus ici. Cette dépouille ne me faisait plus aucun effet. Le besoin inepte d’être à son côté s’était évaporé. Déplacé. C’était peut-être un terme plus juste. J’avais l’impression que l’attraction venait d’une direction différente, maintenant. Du rez-de-chaussée, de dehors. J’étais envahi par le désir de m’éloigner d’ici et de ne plus jamais, au grand jamais, y revenir.

  — Va-t’en, alors ! aboya Edward.

  Une fois encore, il écarta mes mains pour prendre ma place, me brisant trois doigts ce coup-ci. Je me redressai, engourdi, insoucieux de la douleur lancinante. Lui comprima le cœur mort plus fort que je ne l’avais fait.

  — Elle n’est pas morte, grogna-t-il. Elle va s’en tirer.
r />   Je ne fus pas sûr qu’il s’adressait encore à moi.

  Tournant les talons, le laissant avec la défunte, j’avançai à pas lents vers la porte. Très lents. Je n’arrivais pas à me mouvoir plus vite.

  Ainsi, c’était ça. Un océan de souffrance. La rive opposée, tellement lointaine, de l’autre côté des eaux bouillonnantes, que je ne pouvais l’imaginer et encore moins la voir. À présent que j’avais perdu mon but, je me sentais de nouveau vide. Sauver Bella était mon combat depuis si longtemps. Or, elle était morte. Elle s’était sacrifiée, avait volontiers accepté d’être massacrée par ce jeune monstre, et j’avais perdu la partie. C’était fini. Je descendis l’escalier en frissonnant à cause des bruits qui résonnaient derrière moi – ceux d’un cœur mort qu’on forçait à battre.

  J’avais envie de verser de la Javel dans ma tête pour qu’elle me brûle la cervelle. Qu’elle brûle les images des derniers instants de Bella. J’étais prêt à devenir légume si j’étais débarrassé de ça – les hurlements, le sang, les craquements intolérables provoqués par la créature qui la déchirait de l’intérieur…

  J’avais envie de me sauver, de dévaler les marches dix à dix, de franchir la porte en courant, mais mes pieds étaient lourds comme du plomb, et ma carcasse plus fatiguée que jamais. Je descendis l’escalier comme un vieillard estropié. En bas, je rassemblai mes forces pour quitter la villa blanche.

  Installée sur la partie propre du canapé blanc, Rosalie me tournait le dos, roucoulant, fredonnant à l’intention de la chose qu’elle tenait, enveloppée dans une couverture. Elle m’entendit sûrement m’arrêter, mais m’ignora, trop absorbée par ce moment de maternité volée. Elle serait peut-être heureuse, désormais. Elle avait ce qu’elle avait désiré, et Bella ne risquait pas de venir le lui reprendre. Était-ce ce que cette blonde venimeuse avait souhaité depuis le début ?

  Elle avait un objet sombre dans la main, et des bruits féroces de succion voletaient dans l’air, émis par la petite meurtrière.

  L’odeur du sang. Du sang humain. Rosalie la nourrissait. Naturellement, la créature voulait du sang. Ce genre de monstre capable de mutiler sa propre mère de manière aussi horrible ne pouvait désirer autre chose. Tant qu’à faire, elle aurait tout aussi bien pu sucer celui de Bella. D’ailleurs c’était peut-être ce que contenait le biberon.

  Les sons que produisait la tétée du petit exécuteur me rendirent soudain mes forces. Ma haine et ma chaleur aussi. Une brûlure rouge qui submergea mon cerveau, incandescente mais pas destructrice. Les images qui se dessinèrent dans mon esprit étaient du carburant qui alimentait mon enfer et refusait de se laisser anéantir. Des trémulations me secouèrent de la tête aux pieds, et je ne fis rien pour les museler.

  Rosalie était si hypnotisée par le bébé qu’elle ne me prêtait aucune attention. Elle ne serait pas assez rapide pour me retenir.

  Sam avait eu raison. La chose était une aberration, et contre-nature sa seule existence. Il s’agissait d’un démon dénué d’âme. D’un être qui n’avait pas le droit d’exister.

  Qu’il fallait annihiler.

  Apparemment, l’attraction n’était pas venue de la porte. Je le sentais, à présent, m’encourageant, me poussant en avant, m’incitant à en finir, à débarrasser le monde de cette abomination.

  Rosalie tenterait de me tuer, une fois le monstre éliminé. Je me défendrais. Je n’étais pas certain de pouvoir la liquider avant que les autres ne viennent à la rescousse. Quelle importance, de toute façon ?

  Je me fichais aussi que les loups me vengent ou exigent que justice soit faite auprès des Cullen. Rien de tout cela ne comptait. Seule m’importait ma propre justice. Ma vengeance. La chose responsable de la mort de Bella ne vivrait pas une minute de plus.

  Si Bella avait survécu, elle m’aurait détesté pour cela. Elle aurait voulu me tuer de ses propres mains.

  Mais je m’en fichais également. Elle-même se moquait de ce qu’elle m’avait infligé – cet abattage en règle digne d’un animal. Pourquoi aurais-je dû prendre en compte ses sentiments ?

  Et puis, il y avait Edward. Il devait être trop occupé pour le moment, trop enfoncé dans son déni dément à essayer de réanimer un cadavre, pour être à l’affût de mes plans, de mes pensées.

  Ainsi, je n’aurais pas l’occasion de tenir la promesse que je lui avais faite, sauf si – et je n’aurais pas parié là-dessus – je gagnais mon combat contre Rosalie, Jasper et Alice. Trois contre un. Quoi qu’il en soit, je ne pensais pas avoir en moi ce qu’il fallait pour tuer Edward.

  C’était la compassion qui me manquait. Pourquoi l’autoriser à se détourner de ce dont il était coupable ? N’aurait-il pas été plus juste – plus satisfaisant – de l’obli ger à vivre avec rien, plus rien du tout ? Je faillis sourire, malgré toute la haine qui me submergeait. Plus de Bella. Plus de rejeton de vampire. Et un maximum de membres de sa famille liquidés. Certes, il serait sûrement capable de ressusciter ces derniers, puisque je n’aurais pas le temps de les immoler. Bella en revanche… elle, ne revivrait pas.

  Et la créature ? J’en doutais. Elle était en partie humaine, elle devait donc avoir hérité un peu de sa vulnérabilité. Je le devinais aux minuscules battements de son cœur.

  Car le sien battait. Pas celui de sa mère.

  En une seconde seulement, je pris toutes ces décisions, sans hésiter.

  Mes tremblements s’accentuèrent. Je m’accroupis, prêt à bondir sur la vampirette blonde afin de réduire en pièces et à coups de dents la chose meurtrière qu’elle berçait. Rosalie émit de nouveaux roucoulements, posa le biberon métallique et souleva le monstre pour lui caresser le visage de son nez.

  Parfait. Elle m’offrait littéralement ma proie. Je me penchai en avant, sentant la chaleur me transformer cependant que l’attraction vers le petit assassin augmentait. Jamais elle n’avait été aussi puissante, au point qu’elle m’évoqua un ordre lancé par un Alpha. Comme si elle risquait de m’écraser si je ne lui obéissais pas.

  Mais cette fois, je souhaitais lui obéir.

  L’assassin miniature me regarda par-dessus l’épaule de Rosalie. Ses prunelles étaient plus concentrées que celles de n’importe quel autre nouveau-né. Des yeux marron chaleureux, couleur chocolat au lait, comme ceux de Bella.

  Mes frissons s’arrêtèrent net. La chaleur m’envahit, encore plus forte, mais elle avait changé de qualité – elle ne brûlait plus.

  Elle rougeoyait.

  Tout ce qui me constituait se délita pendant que je fixais le visage de porcelaine du bébé mi-vampire, mi-humain. Tous les fils qui me retenaient à la vie furent vivement tranchés. Tout ce qui participait de celui que j’étais – mon amour pour la morte à l’étage, mon amour pour mon père, ma loyauté envers ma nouvelle meute, mon amour pour mes autres frères, la haine de mes ennemis, de mon foyer, de mon nom, de moi-même – fut coupé en un instant comme des ficelles de ballons – clic, clic, clic –, qui s’envolèrent dans le ciel.

  Moi, je ne m’envolai pas. Je restai attaché là où je me trouvais.

  Pas par une ficelle, par un million de ficelles. Pas par des ficelles, par des câbles d’acier. Un million de câbles d’acier qui tous me liaient à une seule chose – au centre même du monde.

  Il m’apparut alors que l’univers tournait autour de ce point unique. Moi qui n’avais encore jamais pris conscience de la symétrie des choses, je la découvris clairement.

  La gravité terrestre ne me retenait plus à l’endroit où j’étais. À la place, c’était cette petite fille dans les bras de Rosalie.

  Renesmée.

  Du premier étage nous parvint un nouveau son. Le seul susceptible de me toucher en cet instant infini.

  Un battement frénétique et précipité…

  Un cœur en mutation.

  Livre 3

  Bella

  L’attachement personnel est un luxe que nous ne pouvons nous permettre qu’après avoir éliminé tous nos ennemis. Avant cela, tous ceux que nous aimons sont des otages qui sapent notre coura
ge et corrompent notre jugement.

  Orson Scott Card (né en 1951), Empire

  Prologue

  Cessant d’être un cauchemar, la ligne noire avança vers nous, cependant que les foulées de ceux qui la constituaient agitaient la brume glaciale.

  « Nous allons mourir », songeai-je, paniquée. J’étais au désespoir pour l’être précieux que je défendais. Toutefois, y penser maintenant détournait mon attention et je n’étais pas en mesure de me le permettre.

  Ils se rapprochèrent tels des fantômes, leurs capes noires doucement agitées par leurs mouvements. Leurs mains se recroquevillèrent en griffes couleur d’ossements. Ils se séparèrent, afin de nous cerner de toutes parts. Nous étions coincés. Nous allions mourir.

  Puis, comme sous l’éclair d’un flash, la scène se modifia brutalement. Rien n’avait changé, pourtant. Les Volturi continuaient à venir à nous, menaçants, prêts au massacre. En revanche, ma perception de ce qui se passait était tout autre. Soudain, j’avais hâte. Je voulais qu’ils attaquent. Ma panique se sublima en soif sanguinaire, alors que je me tapissais, un rictus aux lèvres, mes dents dévoilées, et qu’un grondement s’échappait de ma gorge.

  19

  BRÛLURE

  La douleur était déroutante.

  C’était exactement ça – j’étais déroutée. Je ne comprenais pas, j’étais incapable de saisir ce qui se passait.

  Mon corps essayant de rejeter la souffrance, je fus aspirée, encore et encore, par une obscurité qui effaça les secondes (les minutes peut-être) de torture, rendant encore plus difficile la perception de la réalité.

  Je tentai de séparer les deux univers.

  L’irréel était noir et ne faisait pas trop mal.

  Le réel était rouge, et j’avais alors l’impression d’être sciée en deux, renversée par un bus, tabassée par un boxeur, jetée dans de l’acide – tout cela simultanément. La réalité, c’était sentir mon corps se tordre dans tous les sens, alors que la douleur m’empêchait de bouger. La réalité, c’était savoir qu’il y avait quelque chose de plus important que cette litanie de supplices et de ne pas réus sir à me souvenir de quoi il s’agissait. La réalité était survenue si vite.

 

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