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RÉVÉLATION

Page 37

by Stephenie Meyer


  Cela ne me dérangeait en rien.

  Certains gestes – passer mes doigts dans ses cheveux, dessiner les contours de son torse – étaient les mêmes que ceux d’avant. D’autres étaient inédits. Lui l’était. De même, le baiser intense et dénué de peur qu’il me donna et auquel je répondis sans retenue fut une expérience différente. Nous perdîmes l’équilibre et roulâmes dans l’herbe.

  — Houps ! m’exclamai-je, cependant qu’il riait. Désolée, je n’avais pas l’intention de te plaquer au sol. Ça va ?

  — Un peu mieux que très bien, répondit-il en effleurant ma joue. Renesmée, ajouta-t-il ensuite, l’air perplexe.

  Comme s’il essayait de déterminer ce dont j’avais le plus envie en cet instant. Une question difficile, car j’étais la proie d’une foule de désirs simultanés.

  Je devinai qu’il n’aurait rien eu contre retarder notre retour à la villa, et j’eus du mal à penser à autre chose qu’à sa peau contre la mienne – il ne restait vraiment plus beaucoup de tissu sur ma robe. Cependant, ma mémoire de Renesmée, avant et après sa naissance, ressemblait de plus en plus à un rêve. Improbable. Les souvenirs que j’en avais étaient humains et entourés d’une aura d’irréalité. Tout ce que je n’avais pas vu avec mes nouveaux yeux ni touché avec mes nouvelles mains paraissait artificiel. À chaque minute qui s’écoulait, la petite inconnue s’éloignait de moi.

  — Renesmée, oui, décrétai-je.

  Sur ce, je me remis debout d’un bond, l’entraînant avec moi.

  22

  PROMESSE

  Renesmée reprit la place centrale parmi mes préoccupations, dans mon esprit surprenant, vaste mais par trop volatile. J’avais tant de questions à son sujet.

  — Parle-moi d’elle, insistai-je tout en courant.

  Nous tenir par la main ne ralentissait en rien notre allure.

  — Elle est unique, répondit-il, avec les mêmes intonations de dévotion presque religieuse que je lui avais entendues, un peu plus tôt.

  Je fus traversée par une bouffée de jalousie. Il la connaissait, pas moi. C’était injuste.

  — Jusqu’à quel point te ressemble-t-elle ? Et à moi ? Enfin, à celle que j’étais, du moins.

  — C’est à peu près moitié-moitié.

  — Son sang était chaud, me souvins-je.

  — Oui, et son cœur bat. Un peu plus rapidement que celui des humains. Sa température est aussi plus élevée. Elle dort.

  — Ah bon ?

  — Et plutôt bien, pour un bébé. Nous sommes les seuls parents au monde à ne pas avoir besoin de sommeil, et notre enfant fait déjà ses nuits !

  Il rit. J’aimais la façon dont il disait « notre enfant ». Ces mots la rendaient plus réelle.

  — Elle a la couleur exacte de tes yeux. Au moins une chose qui ne s’est pas perdue. Ils sont magnifiques.

  — Et le côté vampire ?

  — Sa peau semble aussi dure que la nôtre. Non que quiconque se risquerait à le vérifier.

  Je sursautai, choquée par cette réflexion.

  — Ne t’inquiète pas, enchaîna-t-il. Son régime alimentaire… eh bien, elle préfère le sang humain. Carlisle s’entête à vouloir la convaincre de goûter à des bouillies pour bébé, mais elle manque de patience. Ce n’est pas moi qui le lui reprocherais. Même pour de la nourriture humaine, ces trucs-là empestent.

  — Comment ça, « il s’entête à vouloir la convaincre ? » m’écriai-je, ahurie.

  À croire qu’ils conversaient avec elle !

  — Elle est d’une intelligence stupéfiante et progresse à une vitesse tout aussi hallucinante. Bien qu’elle ne parle pas encore, elle sait communiquer avec efficacité.

  — Elle… ne… parle… pas… encore.

  Il ralentit, histoire de me laisser le temps de digérer la nouvelle.

  — Et comment s’y prend-elle, pour communiquer ? repris-je.

  — Je pense que ce sera plus facile à comprendre si tu le vois par toi-même. C’est assez dur à décrire.

  Il avait raison. Être témoin des choses par moi-même serait la seule façon de rendre réelle Renesmée. D’ailleurs, je n’étais pas certaine d’être capable d’absorber d’autres détails aussi surprenants. Aussi, je changeai de sujet.

  — Pourquoi Jacob est-il encore ici ? Comment parvient-il à supporter la situation ? En quoi s’y sent-il obligé ? Pourquoi souffrir davantage ?

  — Jacob ne souffre nullement, marmonna Edward sur un drôle de ton. Et il ne me déplairait pas de changer ça.

  — Voyons, Edward ! m’exclamai-je en le tirant en arrière.

  Il fut obligé de s’arrêter net, ce qui me satisfit grandement – ma force physique était donc bien réelle.

  — Comment oses-tu dire des horreurs pareilles ? Jacob a renoncé à tout ce qu’il avait pour nous protéger. Je l’ai contraint à passer par des choses tellement difficiles !

  Le souvenir de ma honte et de mon sentiment de culpabilité déclencha mes frissons. Il me paraissait étrange que j’aie pu avoir autant besoin de lui, à l’époque. L’impression de manque lorsqu’il n’était pas là avait presque disparu, maintenant. Une faiblesse humaine, sans doute.

  — Tu comprendras pourquoi je m’exprime ainsi, marmonna Edward. Je lui ai promis de le laisser s’expliquer, alors je ne t’en raconte pas plus pour l’instant. De toute façon, je doute que tu réagiras mieux pour autant. Mais bon, je me trompe si souvent sur ce que tu penses, hein ?

  — S’expliquer sur quoi ?

  Il secoua la tête.

  — J’ai juré. Bien que je ne sois plus certain d’avoir encore une dette à son égard.

  Il grinça des dents.

  — Je ne pige rien, Edward ! protestai-je, à la fois frustrée et indignée.

  Il me caressa la joue, sourit quand je me détendis, mon désir l’emportant brièvement sur mon agacement.

  — C’est plus difficile que ce que tu laisses croire, murmura-t-il. Je n’ai pas oublié.

  — Je n’apprécie pas d’être déboussolée.

  — Je sais. Alors, rentrons à la maison. Comme ça, tu te rendras compte de la situation par toi-même.

  Après avoir balayé mon corps du regard, il déboutonna sa chemise et me la tendit.

  — C’est à ce point ? demandai-je en me glissant dans le vêtement.

  Il s’esclaffa. Maintenant qu’il était torse nu, j’avais plus de mal à me concentrer.

  — On fait la course ! décrétai-je. Et pas question de piper les dés, cette fois !

  Il me lâcha.

  — À vos marques…

  Retrouver le chemin de la villa fut plus simple que rentrer chez Charlie du temps où j’avais été humaine. Nous avions laissé une odeur claire et nette qu’il était facile de suivre, même à toute vitesse. Edward me devança jusqu’à la rivière où, saisissant ma chance, je bondis en y mettant toutes mes forces.

  — Ha ! exultai-je en atterrissant la première dans l’herbe.

  Alors que je guettais son arrivée, j’entendis un bruit différent auquel je ne m’attendais pas. Un son bas et bien trop proche. Les battements d’un cœur.

  Edward fut à mon côté immédiatement, et ses mains s’abattirent sur mes bras.

  — Retiens ta respiration, m’ordonna-t-il d’une voix pressante.

  Je m’exécutai tout en m’efforçant de contenir ma panique. Pétrifiée, je n’osais bouger que mes yeux, qui se portèrent instinctivement sur la source du bruit. Jacob se tenait à l’orée de la forêt, bras croisés sur son torse, mâchoire serrée. Derrière lui, invisibles, je perçus deux autres cœurs, de taille imposante, ainsi que le léger froissement des fougères sous de grosses pattes qui faisaient les cent pas.

  — Prudence, Jacob ! lança Edward (et un grognement venant des bois répondit à son inquiétude). Ceci n’est sans doute pas la meilleure manière de…

  — Parce que tu estimes qu’il vaudrait mieux essayer avec le bébé d’abord ? l’interrompit l’Indien. Il est plus raisonnable de jauger des réactions de Bella sur moi. Je guéri
s vite.

  Ainsi, il s’agissait d’une épreuve ? Une façon de vérifier que je ne tuais pas Jacob avant de m’en prendre à Renesmée ? J’en eus la nausée. (Rien à voir avec mon estomac, c’était mental.) Cette idée saugrenue était-elle celle d’Edward ? Je lui jetai un coup d’œil anxieux. Il parut réfléchir un instant avant de hausser les épaules, comme libéré de son angoisse.

  — C’est ton cou, après tout, lâcha-t-il, avec une trace d’hostilité dans la voix.

  Cette fois, le grondement en provenance des arbres eut des accents furibonds. Leah, à coup sûr.

  Je ne comprenais plus Edward. Après les épreuves par lesquelles nous étions passés, n’aurait-il pas dû éprouver une sorte de reconnaissance envers mon meilleur ami ? J’avais cru, sottement peut-être, qu’eux deux étaient devenus amis. Je m’étais trompée, apparemment. Quant à Jacob, quelle mouche le piquait ? Pourquoi s’offrait-il en pâture afin de protéger Renesmée ? Cela n’avait aucun sens. Même si nos liens privilégiés avaient survécu à ma transformation.

  Ce qui me sembla plausible, lorsque je croisai son regard. Il ressemblait toujours à mon meilleur ami. Sauf que ce n’était pas lui qui avait changé. Comment m’envisageait-il, désormais ?

  Soudain, il m’offrit son vieux sourire, celui qui était empreint d’une gentillesse absolue, et je fus rassurée. Tout était comme avant, à l’époque où nous avions traîné ensemble dans son garage. Deux amis tuant le temps. Aux relations faciles et normales. Derechef, je remarquai que le besoin incompréhensible de sa présence s’était entièrement évaporé. Il n’était que mon ami, comme cela aurait dû être.

  N’empêche, ce qu’il s’apprêtait à faire continuait à être insensé. Se moquait-il tant de la vie qu’il était prêt à risquer sa peau afin de me protéger, de m’empêcher de commettre un acte irréfléchi que j’aurais l’éternité pour regretter ? Cela dépassait de loin la seule tolérance envers ce que j’étais devenue ; cela dépassait aussi le miracle de notre amitié préservée. Jacob avait beau être l’une des meilleures personnes de ma connaissance, ce sacrifice me semblait un peu trop outré pour que je l’accepte.

  Son sourire s’élargit, puis il frémit.

  — Je dois avouer que tu es un vrai monstre, Bella.

  Je lui retournai son sourire, entrant sans mal dans notre jeu familier de répliques provocatrices. Voilà qui était à la portée de ma compréhension.

  — Gare à ce que tu dis, clébard ! gronda Edward.

  Le vent souffla dans mon dos, et j’en profitai pour aspirer une goulée d’air, de façon à pouvoir parler.

  — Non, il a raison, Edward. Tu as vu mes yeux ? C’est quelque chose, hein ?

  — Superangoissant. Mais pas aussi terrible que je le craignais.

  — Ça, c’est du compliment ! Merci !

  — Tu sais très bien ce que je veux dire, souffla-t-il. Tu te ressembles toujours… en quelque sorte. C’est peut-être moins dû à ton apparence qu’à… eh bien, tu es Bella. Je ne pensais pas que ce serait ainsi.

  Une fois encore, il sourit. Sans amertume ni rancœur.

  — Et puis, ajouta-t-il en rigolant, je crois que je ne tarderai pas à m’habituer aux yeux.

  — Ah bon ?

  J’étais déroutée. Il était merveilleux que nous soyons restés amis, mais ce n’était pas comme si nous étions destinés à passer beaucoup de temps ensemble. Une expression étrange se dessina sur son visage, effaçant sa bonne humeur. Une sorte de… culpabilité, presque. Puis il se tourna vers Edward.

  — Merci. Je n’étais pas certain que tu saurais garder le secret, promesse ou non. Comme tu lui cèdes toujours, d’habitude…

  — J’espère peut-être qu’elle sera tellement furieuse qu’elle t’arrachera la tête, répliqua Edward.

  Jacob renifla avec dédain.

  — Qu’y a-t-il ? demandai-je. Quels secrets me cachez-vous, tous les deux ?

  — Je t’expliquerai plus tard, répondit Jacob, mal à l’aise, comme s’il n’y tenait pas vraiment. (D’ailleurs, il changea de sujet.) Avant tout, voyons un peu ce dont tu es capable !

  Avec un regard de défi, il commença à avancer lentement vers moi. Derrière lui, un gémissement de protestation résonna, puis la grande silhouette grise de Leah surgit de sous les arbres, suivie par celle, encore plus imposante, couleur sable, de Seth.

  — Du calme, les gars ! leur lança Jacob. Restez en dehors de ça.

  Je fus heureuse qu’ils lui désobéissent et continuent de se rapprocher, quoique à pas plus mesurés. Le vent étant tombé, je sus que j’allais devoir affronter l’odeur de Jacob. Il fut bientôt si proche que je sentis la chaleur que dégageait son corps vibrer dans l’air qui nous séparait. Ma gorge me brûla aussitôt.

  — Allez, Bella, fais de ton pire.

  Leah feula. Je ne pouvais m’y résoudre. Il était mal de profiter de l’avantage physique que j’avais sur Jacob, même s’il se mettait lui-même dans cette situation impossible. Je comprenais son raisonnement, cependant. Comment s’assurer autrement que je ne représentais aucun danger pour Renesmée ?

  — Je m’impatiente, Bella, se moqua-t-il. Vas-y, hume-moi.

  — Retiens-moi, ordonnai-je à Edward, en reculant vers lui.

  Ses doigts se refermèrent sur mes bras. Je bloquai mes muscles, dans l’espoir de me pétrifier. Je me promis d’être aussi forte que je l’avais été durant la chasse. Au pire, je m’interdirais de respirer et je me sauverais. Nerveuse, j’inhalai un petit coup par le nez, m’attendant à tout.

  Cela fut douloureux, sans plus, car j’avais déjà la gorge en feu. Par ailleurs, l’arôme de Jacob était à peine plus humain que celui du puma. Son sang contenait des éléments animaux qui me déplurent immédiatement. La chamade bruyante et mouillée de son cœur avait beau m’attirer, ses fragrances me firent plisser le nez. En vérité, elles m’aidaient à supporter le bruit du sang chaud qui courait dans ses veines. Je me permis une deuxième tentative et me détendis.

  — Pff ! Je comprends mieux les autres, à présent. Qu’est-ce que tu pues, Jacob !

  Edward éclata de rire et me serra contre lui, par la taille. Comme en écho, Seth partit d’un aboiement amusé et vint à nous, tandis que sa sœur se retirait à la lisière des arbres. C’est alors que je pris conscience de la présence d’un public, car Emmett s’esclaffa également, son hilarité quelque peu étouffée par les vitres.

  — Venant de toi, c’est fort de café, rétorqua Jacob en se pinçant le nez d’un geste théâtral.

  Son expression ne se modifia pas quand Edward me pressa contre lui et me chuchota à l’oreille qu’il m’aimait. Il continua de sourire, ce qui m’emplit d’espérance : entre nous, les choses allaient peut-être s’arranger, redevenir ce qu’elles n’étaient plus depuis trop longtemps. Nous arriverions à être de vrais amis, puisque je le dégoûtais assez pour qu’il ne m’aime plus comme avant. Tel était le détail nécessaire, finalement.

  — Bon, j’ai réussi le test, non ? Et si vous m’avouiez ce fameux secret, maintenant ?

  — Aucune urgence, répliqua Jacob en cédant derechef à la nervosité.

  Une fois encore, je perçus le rire d’Emmett. Teinté d’impatience. J’aurais bien insisté, si ce n’est que je captais à présent d’autres bruits. Sept respirations, dont l’une plus rapide et heurtée, un cœur léger, vif, qui voletait comme des ailes d’oiseau. Cela retint toute mon attention. Ma fille était juste de l’autre côté de la paroi vitrée. Je ne la voyais pas, cependant, car le soleil incendiait les fenêtres, aveuglant. Je ne percevais que mon très étrange reflet – si blanc, si immobile – en comparaison de celui de Jacob. Ou d’Edward, lequel était parfait.

  — Renesmée, soufflai-je.

  Ma tension interne me donnait des allures de statue. Renesmée n’allait pas avoir une odeur animale. Serais-je capable de me contenir ?

  — Allons la retrouver, dit Edward. Tu vas y arriver, je le sais.

  — M’aideras-tu ?

  — Cela va de soi.

  — Emmett et J
asper aussi, au cas où ?

  — Nous veillerons tous sur toi, Bella. Ne t’inquiète pas, nous serons prêts. Aucun de nous ne mettrait la vie de Renesmée en péril. Tu seras surprise de constater à quel point elle nous a déjà embobinés et nous mène par le bout du nez. Tout ira bien.

  Mon désir de la rencontrer, de comprendre pourquoi il en parlait avec une telle vénération brisa mon immobilité. J’avançai d’un pas. Soudain, Jacob me barra le chemin, l’air soucieux.

  — Es-tu sûr de toi, buveur de sang ? lança-t-il à Edward d’une voix presque suppliante que je ne lui avais jamais entendue quand il s’adressait à mon mari. Ça ne me plaît pas. Nous devrions peut-être attendre…

  — Tu l’as mise à l’épreuve, Jacob.

  Ainsi, c’était lui l’initiateur du test.

  — Mais…

  — Mais rien du tout, s’emporta brusquement Edward. Bella a besoin de voir notre fille. Ôte-toi de là !

  Jacob me jeta un coup d’œil affolé, puis tourna les talons et décampa vers la maison, nous y précédant. Edward grogna. Cet antagonisme me dépassait, mais je n’étais pas en état d’y réfléchir, juste de penser à l’image floue de mon enfant que m’offraient mes souvenirs, de lutter pour tenter de lui rendre sa netteté.

  — Allons-y, lâcha Edward, qui avait recouvré son calme.

  J’acquiesçai.

  Ils attendaient, souriants, alignés en une rangée à la fois accueillante et défensive. Rosalie se tenait en retrait des autres, près de la porte d’entrée. Jacob la rejoignit et se posta devant elle, plus près que d’habitude. Il n’émanait cependant aucune aisance de cette proximité, et tous deux paraissaient l’accepter avec bien des efforts sur eux-mêmes.

  Dans les bras de Rosalie, une toute petite créature se penchait en avant et tentait de regarder au-delà de Jacob. Je n’eus aussitôt d’yeux que pour elle, qui m’absorba plus que tout ce que j’avais découvert depuis que je m’étais relevée de ma transformation.

  — Vous êtes certains que j’ai été inconsciente seulement deux jours ? marmonnai-je incrédule.

 

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