LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 4

by Jean M. Auel


  Plus loin, un raifort dont les petites feuilles blanches étaient groupées au somment d’une tige aux feuilles alternes et étroites qui surgissait d’un bouquet de longues feuilles plus larges, d’un vert foncé brillant. Sa racine, allongée et charnue, à l’arôme âcre, possédait un goût violemment épicé. En petite quantité, il relevait agréablement les plats, mais ses propriétés médicinales intéressaient davantage Ayla. C’était un stimulant pour l’estomac, il aidait à uriner et soulageait les articulations douloureuses. Elle hésita à en récolter, et décida finalement de ne pas s’attarder.

  Mais en voyant une sauge des prés, elle n’hésita pas à sortir son bâton à fouir. Sa racine était l’un des ingrédients de la tisane matinale qu’elle buvait pendant la période lunaire où elle saignait. Le reste du temps, elle se composait une infusion avec d’autres plantes, notamment les fils d’or qui s’enroulent autour des végétaux et les étouffent. Il y avait fort longtemps, Iza lui avait parlé des herbes magiques qui fortifieraient son totem et l’aideraient à vaincre celui des hommes, évitant ainsi qu’un bébé grandisse en elle. Iza lui avait bien recommandé de n’en parler à personne, surtout pas à un homme.

  Ayla doutait que les bébés fussent le fruit des esprits, et pensait plutôt que l’homme jouait un rôle prépondérant. Quoi qu’il en fût, les plantes secrètes étaient efficaces. Depuis qu’elle buvait sa tisane spéciale, aucune vie nouvelle n’avait germé en elle, qu’un homme fût dans les parages, ou non. Ayla n’aurait pas été mécontente de mettre un enfant au monde, pourvu qu’ils fussent installés quelque part. Mais Jondalar lui avait bien fait comprendre qu’il eût été risqué pour elle de tomber enceinte au cours du Voyage.

  Elle arracha la racine de la sauge des prés, et pendant qu’elle la nettoyait, elle aperçut les feuilles en forme de cœur et les longs calices jaunes et tubuleux d’une serpentaire, efficace contre les fausses couches. Avec un pincement au cœur, elle repensa au jour où Iza en avait cueilli pour elle. Elle se releva et s’apprêtait à ranger les racines fraîches dans un panier spécial, attaché au sommet du chargement, lorsqu’elle vit Whinney picoter de l’avoine sauvage. Elle aussi en aimait les graines, une fois cuites, et poursuivant machinalement son inventaire médicinal, elle nota que les fleurs et les chaumes facilitaient la digestion.

  Le cheval avait déposé du crottin, dont l’odeur avait attiré les mouches. En certaines saisons, les insectes devenaient insupportables, et Ayla décida de ramasser des plantes qui les éloignaient, dès qu’elle en verrait. Qui sait quelles régions ils traverseraient ?

  Dans sa lecture spontanée de la végétation locale, Ayla identifia une variété d’armoise, au goût amer et à la forte odeur camphrée, qui avait poussé en grosse touffe. Elle savait que son odeur ne chassait pas les insectes, mais elle possédait d’autres vertus. Il y avait aussi des géraniums sauvages aux feuilles dentelées et aux fleurs à cinq pétales d’un rose rouge qui donnaient des fruits en forme de bec de grue. Les feuilles, séchées et réduites en poudre, arrêtaient les saignements et cicatrisaient les plaies. En infusion, elles soulageaient les maux de bouche et l’urticaire. Les racines possédaient des vertus bienfaisantes pour les diarrhées et autres problèmes intestinaux. Le goût, bien qu’amer et piquant, était assez doux pour les enfantes ou les vieillards.

  En cherchant des yeux Jondalar, Ayla vit que Loup mâchait toujours son chausson. Poussée par une intuition soudaine, elle examina de nouveau les dernières plantes qu’elle avait remarquées. Pourquoi avaient-elles retenu son attention ? Quelque chose l’avait frappée, sans doute. Elle comprit d’un coup. Elle reprit vivement son bâton à fouir et commença de déblayer la terre autour de l’armoise au goût amer et à la forte odeur camphrée, puis autour du géranium, astringent et piquant, mais inoffensif.

  Jondalar était déjà à cheval, prêt à partir.

  — Pourquoi ramasser des plantes, Ayla ? s’impatienta-t-il. Il faut que l’on parte. Tu en as vraiment besoin maintenant ?

  — Oh, oui ! Mais je n’en ai pas pour longtemps, répondit Ayla en s’attaquant à la longue racine charnue du raifort au goût si épicé. Je crois avoir découvert un moyen d’éloigner Loup de nos affaires, expliqua-t-elle en désignant le jeune louveteau mâchouillant ce qui restait du chausson de cuir. Je vais fabriquer un baume « anti-Loup ».

  Ils quittèrent leur campement pour rejoindre, vers le sud-est, l’affluent qu’ils avaient suivi la veille. Le vent chargé de poussière était tombé pendant la nuit, et sous un ciel limpide, l’air enfin pur dévoilait un horizon dégagé. A perte de vue, du nord au sud, de l’est à l’ouest, tout n’était que prairies, une immensité ondoyante, une mer houleuse d’herbe toujours en mouvement. Les quelques arbres au bord des cours d’eau accentuaient encore l’impression d’immensité. Mais l’étendue des plaines herbeuses dépassait ce qu’ils imaginaient.

  D’énormes couches de glace de trois, cinq, jusqu’à huit mille mètres d’épaisseur, recouvraient les confins de la terre et débordaient sur les plaines septentrionales, écrasant la croûte rocheuse du continent d’un poids incommensurable. Au sud du glacier, des steppes froides et sèches, vastes comme un continent, allaient de l’océan, à l’ouest, jusqu’à la mer, à l’est. Les terres qui bordaient le glacier n’étaient qu’une immense et riche prairie. Les plantes herbacées envahissaient tout, des vallées jusqu’aux collines battues par les vents. Seuls les montagnes, rivières, lacs et mers, qui dégageaient assez d’humidité pour permettre aux arbres de pousser, faisaient intrusion dans les vertes prairies nordiques de l’Ere Glaciaire.

  Ayla et Jondalar sentirent que le sol s’inclinait au fur et à mesure qu’ils approchaient du grand fleuve, dont ils étaient pourtant encore assez éloignés. Bientôt, ils se retrouvèrent perdus dans de hautes herbes. Même en se haussant sur Whinney, Ayla n’apercevait que la tête et les épaules de Jondalar, noyé au milieu des herbes de deux mètres cinquante, et dont les tiges aux sommets duveteux ou couronnés de fleurs minuscules s’agitaient au gré du vent, formant une surface dorée aux reflets rougeâtres, sur un océan bleu-vert. Elle voyait apparaître et disparaître la monture marron et devinait Rapide plus qu’elle ne le reconnaissait.

  Ayla se félicitait d’être à cheval. La barrière verte s’ouvrait sur leur passage sans offrir de résistance, mais ils voyaient à peine plus loin que les herbes les plus proches et, derrière eux, le mur se reformait, effaçant toute trace de leur passage. Leur vue se limitait à leur espace immédiat, comme s’ils se déplaçaient avec lui. Seuls, l’astre incandescent traçant sa route dans l’azur immaculé, et la courbure des tiges indiquant le sens du vent, les guidaient dans leur marche et évitaient qu’ils ne fussent séparés l’un de l’autre.

  Tout en chevauchant, Ayla entendait le murmure du vent et les moustiques susurrer à ses oreilles. Au milieu des herbes denses, l’air était chaud et étouffant. Bien qu’Ayla vît les tiges s’agiter, elle ne sentait aucun courant d’air. Un bourdonnement de mouches et une odeur de crottin lui apprirent que Rapide venait de se soulager. Son fumet lui était aussi familier que celui de sa jument... ou même que sa propre odeur, et Ayla aurait deviné que le jeune étalon était passé par là même si elle n’avait pas su qu’il la précédait de quelques pas. L’air était chargé des arômes d’un humus riche et d’une végétation bourgeonnante. Elle ne classait pas les odeurs en bonnes ou en mauvaises, l’odorat était pour elle comme la vue ou l’ouïe, un sens qui l’aidait à percevoir et à analyser le monde extérieur.

  Au bout d’un certain temps, la monotonie du paysage, haies après haies de tiges vertes, la cadence régulière du cheval, et la chaleur du soleil, presque à la verticale, engourdirent la conscience d’Ayla. Les longues tiges minces se brouillèrent en une tache verte qu’elle ne voyait même plus. Mais peu à peu, elle découvrit une autre végétation : il n’y avait pas que de l’herbe dans cette prairie, et comme d’habitude elle le nota inconsciemment. C’était sa manière d’aborder le monde.

  Là, se dit Ayla, un animal a dû laisser cette t
race en se roulant dans l’herbe... tiens, des pattes-d’oie, comme Nezzie appelait l’ansérine qui poussait près de la caverne du Clan. Je devrais en cueillir, songea-telle sans lever le petit doigt. Cette plante, avec ses fleurs jaunes et ses feuilles enroulées autour de sa tige, c’est un chou sauvage. Ce serait bon aussi, pour ce soir, songea-t-elle sans s’arrêter. Et ces fleurs mauves, avec leurs petites feuilles et leurs gousses innombrables, ce sont des gesses. Sont-elles déjà mûres ? Non, sans doute pas. Là-bas, cette large fleur blanche arrondie, piquée de rose au milieu, c’est une carotte sauvage. On dirait que Rapide en a piétiné les feuilles. Je devrais prendre mon bâton à fouir. Tiens, en voilà d’autres ! Oh, cela peut attendre, il fait si chaud, j’en trouverai toujours plus loin. On dirait qu’elles pullulent par ici. Elle tenta d’écraser des mouches qui volaient autour de ses cheveux trempés de sueur. Au fait, je n’ai pas vu Loup depuis longtemps, où peut-il être ?

  Elle chercha le louveteau et l’aperçut derrière la jument, reniflant le sol. Il s’arrêta, leva la tête pour humer une nouvelle odeur, et disparut dans l’écran de verdure, sur la gauche d’Ayla. Une libellule bleue, aux ailes mouchetées, dérangée par l’intrusion de Loup, voltigeait au-dessus de l’endroit où l’animal avait disparu comme pour en marquer l’emplacement. Bientôt, un cri rauque et un bruissement d’ailes annonça l’envol d’une grande outarde qu’Ayla aperçut soudain. Elle saisit la fronde ceignant son front. C’était une solution pratique : les cheveux d’Ayla étaient maintenus et son arme était à portée de main.

  Mais l’énorme outarde – avec ses dix kilos, c’était l’oiseau le plus lourd des steppes – volait vite pour son poids et était déjà hors d’atteinte avant qu’Ayla ait sorti une pierre de sa bourse. En regardant s’éloigner l’oiseau moucheté, ailes blanches, ailerons noirs, elle regretta de ne pas avoir deviné ce que Loup avait débusqué. L’outarde aurait composé un repas délicieux pour eux trois, et fourni des restes copieux.

  — Dommage qu’on n’ait pas été assez rapide, regretta Jondalar. Ayla remarqua qu’il rangeait une sagaie légère et son propulseur dans leur étui.

  — Si seulement j’avais appris à me servir du Bâton Qui Revient de Brecie, soupira Ayla en ajustant sa fronde autour de sa tête, c’est tellement plus rapide ! Lorsque nous nous sommes arrêtés près du marécage où les oiseaux nichaient, en allant chasser le mammouth, elle tirait si vite que je n’en croyais pas mes yeux. Et elle pouvait toucher plus d’un oiseau à la fois.

  — Oui, elle était habile. Mais elle s’était sans doute exercée aussi longtemps que toi avec ta fronde. On n’acquiert pas une telle adresse en une saison.

  — Si encore l’herbe n’était pas aussi haute, j’aurais vu ce que Loup débusquait et ma fronde aurait été prête à temps. Je croyais qu’il courait après un campagnol.

  — Tâchons d’ouvrir l’œil, recommanda Jondalar, Loup va sûrement effrayer d’autres proies.

  — J’ai regardé, pourtant ! s’exclama Ayla, mais je n’ai rien vu. (Elle leva les yeux pour s’assurer de la position du soleil et se dressa sur Whinney, tentant de découvrir ce que les herbes cachaient.) Tu as raison, de la viande fraîche ne nous ferait pas de mal. J’ai vu toutes sortes de plantes bonnes à manger. J’allais m’arrêter pour en récolter, mais il y en avait tant que j’ai décidé d’en cueillir plus tard. Au moins elles seront fraîches, au lieu de se faner sous ce soleil brûlant. Il nous reste bien les grillades de bison du Camp des Fougères, mais elles ne nous feront qu’un seul repas. Et puis, inutile d’entamer les réserves de viande séchée en cette saison où la viande fraîche abonde. Quand nous arrêtons-nous ?

  — Nous ne devons pas être loin de la rivière, l’air se rafraîchit, et l’herbe haute pousse près de l’eau, d’habitude. Quand nous serons arrivés près des berges, nous pourrons commencer à chercher un endroit pour camper, en descendant le courant, répondit Jondalar qui se remit en route.

  Le mur d’herbes hautes s’étendait jusqu’au bord de la rivière, et des arbres avaient commencé d’apparaître en approchant des rives humides. Ils s’arrêtèrent pour laisser boire les chevaux, et descendirent de leur monture afin d’étancher leur propre soif, en utilisant un petit panier étroitement tressé qui leur servait à la fois de louche et de godet. Bientôt, Loup surgit de l’herbe à son tour, se mit à laper bruyamment, puis se laissa tomber avec un grand plouf et regarda Ayla, haletant, la langue pendante.

  — Loup a chaud, lui aussi, remarqua-t-elle en souriant. Il a dû explorer les environs. Je me demande ce qu’il a découvert. Dans ces herbes hautes, il voit davantage de choses que nous.

  — Oui, et je préférerais qu’on en sorte avant d’installer notre campement. Je me sens comme enfermé là-dedans. J’aime bien voir ce qui se passe autour de moi, déclara Jondalar en rejoignant son cheval.

  Il saisit Rapide par les poils durs de sa crinière, d’un bond puissant il passa une jambe par-dessus le cheval, et, s’aidant des bras, il se mit avec aisance à califourchon sur le dos du vigoureux étalon. Puis il le guida sur le sol ferme, à l’écart de la rive boueuse, vers l’aval.

  Les grandes steppes étaient loin de se réduire à une gigantesque étendue monotone d’épis ondulant gracieusement au rythme du vent. L’herbe géante poussait dans les endroits très humides, riches aussi de plantes les plus diverses. Dominée par des herbes de plus d’un mètre, pouvant atteindre jusqu’à trois mètres cinquante – bluestems bulbeux, stipes, touffes de fétuques – la prairie colorée comprenait aussi une variété de plantes florifères aux larges feuilles : asters, pas-d’âne, aunée jaune à corolle multiple, grands entonnoirs blancs du datura, carottes sauvages, raifort, moutarde, oignons nains, iris, lis et boutons d’or, groseilliers, fraisiers et framboisiers.

  Dans les régions semi-arides où les pluies sont rares, les plantes basses, de moins de cinquante centimètres, fructifiaient. La partie souterraine était plus importante, et elle développait de vigoureux rejetons en période de sécheresse. Elles partageaient le sol avec d’autres plantes telles que l’armoise ou la sauge.

  Entre ces deux extrêmes, on trouvait les pâturages moyens, dans des régions trop froides pour les plantes basses, ou trop sèches pour les herbes hautes. Ces prairies tempérées étaient également très colorées, les plantes florifères s’y mêlaient à l’avoine sauvage, l’orge, et, sur les pentes des collines, aux bluestems. L’herbe aux tiges charnues poussait sur les sols humides, alors que l’herbe aux tiges plus frêles se localisait dans les régions plus froides, aux sols arides et pierreux. Les carex aussi foisonnaient – plante vivace aux nombreux rejets et aux épillets doubles – ainsi que les linaigrettes à feuilles larges, principalement dans la toundra et dans les sols humides. Les marais abondaient, peuplés de hauts roseaux, de prêles et de joncs.

  Près de l’eau, la température fraîchissait, et plus l’après-midi avançait, plus Ayla était en proie à deux envies contradictoires. Elle avait hâte d’en terminer avec le mur d’herbes géantes, mais en pensant au repas du soir, elle mourait d’envie de s’arrêter pour cueillir les légumes qu’elle voyait en chemin. Elle chevauchait maintenant au rythme lancinant de : je m’arrête, non, je continue. Je m’arrête, non, je continue...

  Bientôt, le rythme prit le dessus sur le sens des mots, comme une pulsation silencieuse et bruyante à la fois. Ayla fut prise d’appréhension. Cette impression de coups sourds, à peine audibles, la troublait. Et les herbes géantes qui l’entouraient et l’empêchaient de voir au-delà de quelques pas ajoutaient à son malaise. Elle était habituée aux paysages dégagés, aux vastes horizons, où la vue dépassait en tout cas l’écran de verdure immédiat. Plus ils avançaient, plus la sensation s’amplifiait, comme si le battement se rapprochait, ou comme s’ils touchaient à la source du bruit silencieux.

  Ayla remarqua que le sol était fraîchement foule en divers endroits, et elle plissa le nez pour humer une forte odeur musquée qu’elle essaya de définir. Loup fit alors entendre un long grognement sourd.

  — Jondalar ! s’écria Ay
la.

  Il s’était arrêté, et, le bras levé, lui faisait signe de l’imiter. Il y avait bien quelque chose devant eux. Soudain, un cri strident déchira l’atmosphère.

  3

  — Ici, Loup ! ordonna Ayla à l’animal que la curiosité poussait à continuer.

  Elle se laissa glisser du dos de Whinney et marcha vers Jondalar qui avait mis pied à terre, lui aussi, et progressait prudemment à travers l’herbe épaisse en direction des cris perçants et des martèlements formidables. Elle le rejoignit au moment où il s’arrêtait, et ils écartèrent les dernières tiges hautes pour mieux voir. Ayla s’agenouilla pour retenir Loup, et resta fascinée par le spectacle.

  Un troupeau de mammouths laineux, agités, piétinait la clairière qu’ils avaient déblayée en se nourrissant. Un mammouth adulte absorbait plus de deux cent cinquante kilos de nourriture par jour, et un troupeau entier pouvait raser une surface considérable de végétation en peu de temps. Il y avait là des bêtes de tous âges et de toutes tailles, dont certaines n’avaient pas plus de quelques semaines. C’était un troupeau de femelles, principalement de même lignée : mères, filles, sœurs, tantes, et leur progéniture. Une large famille, conduite par une vieille femelle prudente et sage, de loin la plus imposante du troupeau.

  A première vue, elles semblaient toutes être d’un même brun roux, mais en y regardant de plus près, on remarquait des variantes. La toison des unes tirait sur le roux, celle des autres sur le brun, ou sur le jaune, ou le doré, et de loin, certaines femelles paraissaient presque noires. La double épaisseur de laine qui les couvrait, depuis leur grosse trompe et leurs oreilles singulièrement petites, jusqu’à leur queue courtaude terminée par une touffe de poils sombres, et leurs pattes trapues aux ongles larges, accentuait les différences de ton.

 

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