LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 15

by Jean M. Auel


  Après quelques coups ultimes, il se reposa sur le coussin moelleux de son corps aux courbes généreuses. C’était l’un des moments préférés d’Ayla, sentir son poids sur elle. Il n’était pas lourd, c’était comme une pression agréable et chaude.

  Soudain, une langue lui râpa la joue, et un museau froid se promena sur sa peau.

  — Arrête, Loup ! s’écria-t-elle en repoussant le jeune animal. Va-t’en, allez, va-t’en !

  — Fiche le camp, Loup ! gronda Jondalar à son tour, en écartant le museau humide.

  Mais le charme était rompu. Jondalar se souleva et roula sur le côté, agacé mais incapable de se fâcher pour de bon. Il se sentait tellement bien !

  Il s’accouda pour observer le louveteau qui s’était reculé de quelques pas et les surveillait, assis, haletant, la langue pendante. Jondalar aurait juré que le loup leur souriait.

  — Tu lui as déjà appris à rester en place. Pourrais-tu aussi l’habituer à partir sur commande ? ironisa Jondalar.

  — J’essaierai.

  — Quel souci d’avoir un loup dans les pattes !

  — Oui, ça demande de l’énergie, surtout qu’il est jeune. C’est pareil pour les chevaux, mais ça vaut la peine. J’aime bien leur présence. Ils sont mes meilleurs amis.

  Les chevaux donnent quelque chose en échange, eux, ne put s’empêcher de penser Jondalar. Whinney et Rapide les portaient, ainsi que leurs bagages. Grâce à eux, le Voyage serait moins long. Alors que Loup, à part débusquer une proie de temps à autre, n’apportait pas une grande contribution à la communauté. Pourtant, Jondalar décida de taire ses pensées.

  Une fois le soleil caché, le rose et le pourpre pâlirent comme assommés sous les coups de boutoir des nuages noirs agressifs, et la vallée se refroidit rapidement. Ayla se releva et plongea une dernière fois dans l’eau, bientôt imitée par Jondalar. Lorsqu’elle était plus jeune, Iza, la guérisseuse du Clan, lui avait enseigné les rites de purification de la femme, bien qu’elle doutât que sa fille adoptive si étrange, et – elle-même l’admettait – si laide, pût en avoir besoin un jour. Néanmoins, elle estimait de son devoir de lui apprendre les ablutions indispensables après chaque rapport sexuel. D’après elle, la purification par l’eau était particulièrement importante pour le totem de la femme, et quelle que fût la température de l’eau, c’était un rituel qu’Ayla ne manquait jamais d’accomplir.

  Séchés et habillés, ils rentrèrent sous la tente les couvertures de fourrure et ranimèrent le feu. Ayla débarrassa le dessus du four des pierres et des cendres, et sorti leur repas avec ses pinces en bois. Ensuite, pendant que Jondalar rangeait ses affaires, elle s’occupa des préparatifs pour le lendemain matin : repas composé des restes de la veille, qu’ils mangeraient froids, accompagnés d’une infusion chaude. Elle mit ensuite des pierres à chauffer pour faire bouillir de l’eau pour les infusions.

  Les derniers rayons du soleil couchant coloraient encore le ciel quand les chevaux revinrent. D’habitude, ils paissaient une partie de la nuit, car voyageant tout le jour, ils avaient besoin d’emmagasiner une grande quantité d’herbe pour assurer leur subsistance. Mais l’herbe de la vallée était si verte et si riche que leur appétit avait été vite satisfait, et ils préféraient rester près du feu à la nuit tombée.

  En attendant que les pierres finissent de chauffer, Ayla contemplait la vallée dans les dernières lueurs du crépuscule, en récapitulant les connaissances acquises depuis le matin. La vallée était riche et lui rappelait son enfance parmi le Clan, mais elle n’aimait pas l’endroit. Quelque chose d’indéfinissable la mettait mal à l’aise et l’arrivée de la nuit accentuait cette impression déplaisante. En outre, elle éprouvait une sorte de lourdeur et un mal de tête qu’elle attribuait aux légers inconforts qui précédaient souvent l’arrivée de ses périodes lunaires. Elle aurait bien fait une courte promenade – marcher la soulageait souvent – mais la nuit était déjà trop noire.

  Elle écoutait les plaintes du vent qui sifflait dans les branches souples des saules dont la silhouette se découpait sur fond de nuages argentés. La pleine lune baignée d’un halo jouait à cache-cache dans le ciel strié de blanc laiteux. Ayla se dit qu’une infusion d’écorce de saule apaiserait sans doute son malaise et se leva vivement pour en arracher. Elle décida aussi de couper quelques brindilles flexibles.

  La nuit était devenue humide et froide avant que l’infusion ne fût prête. Jondalar la rejoignit et ils s’assirent près du feu, contents de savourer une boisson bien chaude. Loup avait tourné autour d’Ayla toute la soirée et il semblait heureux de se pelotonner à ses pieds près du feu, comme s’il avait assez exploré les environs pour la journée. Ayla prit les longues et fines brindilles de saule, et commença à les tresser.

  — Qu’est-ce que tu fais ? demanda Jondalar.

  — Une couverture pour protéger la tête du soleil, expliqua Ayla. Il fait trop chaud dans la journée... Tu en auras peut-être besoin, toi aussi.

  — Tu en fais une pour moi ? s’étonna-t-il en souriant. Comment as-tu deviné que j’y ai pensé toute la journée ?

  — Une femme du Clan doit apprendre à prévoir les besoins de son compagnon, répondit-elle, amusée. Tu es bien mon compagnon, n’est-ce pas ?

  — Absolument ! Tu es ma femme du Clan ! s’exclama-t-il en riant. Et nous l’annoncerons à tous les Zelandonii à la Cérémonie de l’Union dès la première Réunion. Mais dis-moi, comment peux-tu prévoir mes besoins ? Et pourquoi les femmes du Clan doivent-elles apprendre cela ?

  — Oh, ce n’est pas compliqué. Il suffit de se mettre à la place de l’autre. Il faisait chaud aujourd’hui, alors j’ai pensé à me fabriquer une couverture pour la tête... un chapeau de soleil... et je savais qu’il faisait chaud pour toi aussi, expliqua-t-elle en ramassant un autre brun de saule qu’elle ajouta à la chose vaguement conique en train de prendre forme. Les hommes du Clan n’aiment pas demander, surtout s’il s’agit de leur confort. Ils considèrent que ce n’est pas viril. La femme est donc obligée de deviner. L’homme protège la femme du danger, en échange, elle le protège à sa façon. Elle s’assure qu’il a de bons vêtements, qu’il mange bien. Elle ne veut pas qu’il lui arrive malheur, sinon, qui les protégerait, elle et ses enfants ?

  — Et c’est ce que tu fais ? Tu me protèges pour que je puisse te protéger ? Et tes enfants aussi ? demanda-t-il, l’œil pétillant de malice.

  — Euh... non, pas tout à fait, concéda-t-elle en baissant les yeux. Mais je crois que c’est comme ça qu’une femme du Clan montre à son compagnon qu’elle l’aime, qu’elle ait ou non des enfants.

  Elle s’absorba dans l’ouvrage qu’elle confectionnait de ses mains agiles, mais Jondalar savait qu’elle n’avait pas besoin d’yeux pour tresser. Elle aurait aussi bien travaillé dans le noir. Elle prit une longue brindille et le regarda en face.

  — J’ai vraiment envie d’avoir un autre enfant, avant que je ne sois trop vieille, déclara-t-elle.

  — Tu as tout le temps, assura-t-il en ajoutant une bûche dans le feu. Tu es encore jeune.

  — Non, je vieillis. J’ai déjà... (Elle ferma les yeux pour compter, les doigts pressés contre sa jambe, épelant les nombres qu’il lui avait appris.)... J’ai dix-huit ans.

  — Tant que ça ! Moi, j’ai déjà vu passer vingt-deux hivers. C’est moi qui suis vieux.

  — S’il nous faut un an de voyage, j’aurai dix-neuf ans quand nous arriverons chez toi. Dans le Clan, ce serait déjà presque trop tard pour avoir un enfant.

  — Nombreuses sont les femmes Zelandonii qui enfantent à cet âge, affirma-t-il. Peut-être pas leur premier enfant, mais le deuxième ou le troisième. Tu es en bonne santé, tu es forte, non, tu n’es pas trop vieille pour avoir des enfants. Pourtant, tu as parfois un regard d’ancêtre, comme si tu avais vécu plusieurs vies en dix-huit ans.

  Elle posa son ouvrage et le dévisagea, frappée par cette réflexion surprenante venant de lui. Elle lui faisait presque peur. Elle était si belle à la lueur des flammes, et il l’aimait tant, qu�
��il deviendrait fou s’il lui arrivait malheur. Bouleversé, il détourna les yeux et s’efforça de plaisanter.

  — Et moi, que devrais-je dire ? Je suis prêt à parier que je serai le plus vieux à la Cérémonie de l’Union ! s’exclama-t-il en riant. Un homme qui s’unit pour la première fois à vingt-trois ans, c’est rare. La plupart des hommes de mon âge ont plusieurs enfants dans leur foyer.

  Ayla déchiffra dans son regard un mélange d’amour éperdu et de peur.

  — Ayla, je veux que tu aies un enfant, mais pas pendant le Voyage. Pas avant que nous soyons rentrés sains et saufs. Plus tard.

  — Oui. Plus tard.

  Elle travailla en silence, songeant au fils qu’elle avait laissé auprès d’Uba, et à Rydag, qu’elle avait considéré comme son fils à bien des égards. Elle les avait perdus tous deux. Même Bébé qui avait été un fils pour elle, aussi étrange que cela pût paraître, même Bébé l’avait quittée. Elle ne le reverrait plus jamais non plus. Soudain, inquiète de le perdre, elle regarda Loup. Pourquoi mon totem m’enlève-t-il tous mes fils ? se demanda-t-elle. La malchance doit peser sur moi.

  — Jondalar, y a-t-il des préférences chez ton peuple ? Les femmes du Clan veulent toujours des garçons.

  — Non, je ne crois pas. Je pense que les hommes veulent qu’une femme apporte des fils dans leur foyer, mais il me semble que les femmes préfèrent avoir d’abord des filles.

  — Et toi, que voudras-tu ?

  Il la considéra avec attention. Quelque chose paraissait la contrarier.

  — Ayla, ça m’est égal. Ce que tu voudras, ou plutôt, ce que la Mère décidera de te donner.

  A son tour, Ayla étudiait Jondalar. Elle voulait être certaine de sa sincérité.

  — Dans ce cas, je crois que je préférerais une fille. Je ne veux plus perdre d’enfant.

  Jondalar n’était pas sûr de la comprendre et ne savait pas quoi répondre.

  — Mais je ne veux pas que tu perdes d’enfant, Ayla ! s’exclama-t-il. Ayla reprit son ouvrage, et tous deux gardèrent le silence.

  — Et si tu avais raison ? demanda soudain Jondalar. Si les enfants n’étaient pas délivrés par Doni ? S’ils étaient le fruit des Plaisirs partagés ? Mais... alors, tu pourrais avoir un bébé dans ton ventre, là, tout de suite, et tu n’en saurais rien !

  — Non, Jondalar. Je ne crois pas. Je sens que ma période lunaire approche et tu sais bien que ça signifie qu’aucun bébé n’est en route. Elle n’aimait pas aborder des sujets aussi intimes avec un homme, mais Jondalar n’avait pas le dégoût d’elle à ces moments-là, à l’inverse de ceux du Clan. Une femme du Clan devait absolument éviter de regarder les hommes quand elle était impure. Mais la promiscuité du Voyage empêchait Ayla de vivre à part, et d’éviter Jondalar, quand bien même elle l’aurait voulu. Ayla comprit qu’il avait besoin d’être rassuré et elle hésita à lui parler de la médecine d’Iza qu’elle prenait pour combattre les grossesses. Pas plus qu’Iza, Ayla ne savait mentir. Mais à moins d’être questionnée directement, elle pouvait se taire. Et si elle n’en parlait pas la première, les chances qu’on lui demande si elle connaissait un moyen de ne pas être enceinte étaient minimes. Personne n’imaginait qu’une magie aussi puissante existât.

  — Tu en es sûre ? demanda Jondalar.

  — Oui. Je ne suis pas enceinte, aucun bébé ne pousse dans mon ventre, assura-t-elle, au grand soulagement de Jondalar.

  Ayla terminait le tressage des chapeaux quand elle sentit quelques gouttes de pluie. Elle se hâta de finir son ouvrage, et ils rentrèrent toutes leurs affaires à l’intérieur de la tente, sauf le parflèche suspendu au trépied. Loup les suivit, heureux de se blottir aux pieds d’Ayla. Elle n’attacha pas le rabat inférieur de la tente pour qu’il puisse sortir, mais ils fermèrent celui du trou d’aération quand la pluie s’intensifia. Ils se couchèrent, tendrement enlacés, mais se retournèrent ensuite chacun de leur côté sans trouver le sommeil.

  Le corps douloureux, Ayla se sentait nerveuse, mais elle s’efforçait de bouger le moins possible pour ne pas déranger Jondalar. Elle se concentra sur le crépitement de la pluie, mais le rythme régulier des gouttelettes sur la paroi de la tente ne la berça pas comme d’habitude. Elle finit par souhaiter qu’il fît jour pour pouvoir sortir.

  Rassuré que Doni n’eût pas béni Ayla, Jondalar recommençait cependant à se poser des questions. Incapable de dormir, il se demandait si son esprit, ou la substance que Doni prélevait, étaient assez puissants ? Si la Mère lui avait pardonné ses incartades de jeunesse et permettrait qu’une femme enfante grâce à lui ?

  Mais peut-être était-ce à cause d’Ayla. Elle prétendait vouloir un enfant. Mais ils étaient tout le temps ensemble et elle n’était pas enceinte. Alors peut-être ne pouvait-elle plus avoir d’enfant, tout simplement ? Serenio, non plus, n’en avait jamais eu d’autres... à moins qu’elle n’en attendît un après qu’il l’eut quitté... Étendu sur sa couche, les yeux grands ouverts, il écoutait tomber la pluie en se demandant combien des femmes qu’il avait connues avaient mis un enfant au monde, et combien d’enfants aux yeux bleus...

  Ayla grimpait, grimpait un mur de pierres, abrupt comme le sentier qui menait à la caverne de sa vallée, mais l’escalade était plus longue, et elle était pressée. Elle se retourna pour regarder la petite rivière qui décrivait une courbe, mais ce n’était pas une rivière. C’était une chute d’eau qui cascadait au-dessus de rochers en saillie, recouverts d’un tapis de mousse.

  Elle leva les yeux. Creb était là ! Il lui faisait signe de se dépêcher. Il se retourna et, lourdement appuyé sur son bâton, escalada la dure rampe qui longeait la cascade et mena Ayla vers une petite grotte cachée par un buisson de noisetiers. Au-dessus de la grotte, en haut de la falaise, un gros rocher aplati en équilibre sur le rebord du précipice semblait sur le point de basculer.

  Sans savoir comment, elle se retrouva dans la grotte, dans un passage étroit. Elle vit une lumière ! Une torche à la flamme vacillante, puis une autre, et enfin elle entendit l’épouvantable grondement d’un tremblement de terre. Un loup hurla. Elle se sentit emportée par un tourbillon, prise de vertige, et c’est alors que Creb se glissa dans son esprit. « Enfuis-toi ! ordonna-t-il. Dépêche-toi, sors d’ici ! »

  Elle se releva en sursaut, rejeta la fourrure qui la couvrait et se précipita vers l’ouverture de la tente.

  — Ayla ! s’écria Jondalar en la retenant. Que se passe-t-il ?

  A travers la paroi, un éclair illumina la tente, dessinant un halo autour des coutures du trou d’aération, embrasant le passage qu’ils avaient laissé ouvert pour Loup. Presque aussitôt, un violent claquement retentit. Ayla poussa un cri d’angoisse et, dehors, Loup hurla.

  — Ce n’est rien, Ayla, murmura Jondalar en la serrant dans ses bras. C’est l’orage.

  — Partons ! Il nous a dit de nous dépêcher. Partons vite ! supplia-t-elle, essayant maladroitement d’enfiler ses vêtements.

  — Qui ça ? Mais, Ayla, nous ne pouvons pas partir, il fait nuit et il pleut.

  — C’était Creb. Je l’ai vu, j’ai encore rêvé de lui. Il me disait de faire vite. Allez, viens, Jondalar !

  — Ayla, calme-toi. Ce n’était qu’un rêve. Écoute l’orage, on dirait une cascade. Tu ne vas tout de même pas sortir sous ce déluge ! Attendons qu’il fasse jour.

  — Non, Jondalar, il faut que je parte. Creb me l’a conseillé, et je ne supporte plus de rester ici. Je t’en supplie, Jondalar, dépêche-toi ! insista-t-elle, indifférente aux larmes qui ruisselaient sur ses joues, entassant fébrilement le matériel dans les paniers.

  Il décida d’obtempérer. Il devenait évident qu’elle n’attendrait pas le matin, et il n’était plus question qu’il se rendorme. Il ramassa ses affaires pendant qu’Ayla ouvrait le pan de la tente. Dehors, la pluie redoublait. On aurait dit que quelqu’un versait de pleines outres d’eau. Ayla sortit et siffla longuement. Loup la suivit en hurlant. Elle attendit et siffla encore une fois, puis entreprit d’arracher les piquets de tente.

  E
nfin, elle entendit une cavalcade et poussa un soupir de soulagement. Les larmes s’effaçaient sous l’eau qui inondait son visage. Elle se précipita à la rencontre de Whinney, son amie venue à la rescousse, et enlaça l’encolure de la jument trempée et frissonnante de peur. Elle piaffait nerveusement, fouettant l’air de sa queue, tout en agitant ses oreilles dressées, à la recherche de l’origine du danger. La peur de la jument chassa celle d’Ayla. Whinney avait besoin d’elle. Elle la rassura avec des paroles douces et des caresses apaisantes, et Rapide encore plus effrayé que sa mère vint se frotter à elles.

  Ayla tenta de le calmer, mais il recula en caracolant. Elle laissa les deux chevaux et courut sous la tente pour prendre les harnais et les paniers de charge. Jondalar avait déjà roulé les fourrures et les avait entassées sur ses sacs en entendant le bruit des sabots, et il avait préparé les harnais et le licol de Rapide.

  — Les chevaux sont paniqués, déclara Ayla en surgissant dans la tente. Rapide risque de s’enfuir. Whinney essaye de l’apaiser, mais elle a aussi peur et il la rend encore plus nerveuse.

  Jondalar ramassa le licol et sortit. Les paquets d’eau que le vent rabattit sur lui faillirent le renverser. La pluie tombait si fort qu’il se croyait sous une cascade. C’était encore pire que ce qu’il avait imaginé. La tente n’aurait pas résisté longtemps, et le tapis de sol aurait été vite inondé, et leurs fourrures avec. Il se félicitait qu’Ayla eût insisté pour qu’ils plient bagages. Un nouvel éclair zébra le ciel, et il vit Ayla se débattre avec les paniers qu’elle tentait d’attacher sur le dos de Whinney. L’étalon bai était toujours là.

  — Rapide ! Allons, viens, Rapide ! appela Jondalar.

  Un fort roulement de tonnerre déchira l’air, si violent que le ciel sembla se fracasser en mille morceaux. L’étalon hennit et se cabra, puis se mit à caracoler sans but en tournant en rond. L’œil affolé, les naseaux dilatés, les oreilles dressées, cherchant d’où venait le danger.

 

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