LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 27

by Jean M. Auel


  Captivés, ils s’attardèrent devant ce spectacle insolite, mais décidèrent tout de même de partir avant que Loup ne se rue sur les paisibles oiseaux et les chasse de leur perchoir. Ils n’étaient pas très loin de là, et installaient déjà leur campement, quand ils virent des hérons au long cou s’élever par centaines dans les cieux, leurs grandes ailes battant l’air, silhouettes noires se détachant du fond de nuages rosis par le soleil couchant. Le loup déboula dans le campement, et Ayla supposa que c’était lui qui les avait effrayés. Il ne tentait pas de les attraper pourtant. Il s’amusait tellement à chasser les volées d’oiseaux des marais qu’Ayla se demanda s’il ne les levait pas pour le simple plaisir de les voir s’envoler.

  Le lendemain matin, Ayla se réveilla le corps moite. Il faisait déjà très chaud et elle n’avait pas envie de se lever. Elle aurait aimé passer une journée à se détendre. Non pas qu’elle fût fatiguée, mais elle était lasse du Voyage. Les chevaux aussi avaient besoin de repos, songea-t-elle. Elle comprenait la hâte de Jondalar, mais s’ils étaient à un jour près pour traverser le glacier dont il parlait sans cesse, alors, ils étaient déjà en retard. Pourtant, quand Jondalar se leva et commença à rassembler ses affaires, elle l’imita.

  Dans la matinée, la chaleur et l’humidité devinrent oppressantes, même en pleine prairie, et lorsque Jondalar proposa un arrêt pour se baigner, Ayla s’empressa d’approuver. Ils se rapprochèrent de la rivière et découvrirent avec plaisir une petite clairière ombragée au bord de l’eau. Le lit d’un cours d’eau saisonnier, encore détrempé et jonché de feuilles pourrissantes, avait laissé un petit coin d’herbe dégagé, une poche accueillante entourée de pins et de saules, qui menait à un fossé d’eau boueuse. Un peu plus loin, à un coude du fleuve, une plage de galets avançait dans un bassin d’eau calme tacheté d’ombre et de lumière par le soleil qui filtrait à travers les branches d’un saule pleureur.

  — Ah, c’est parfait ! s’exclama Ayla avec un large sourire.

  — Est-ce vraiment nécessaire ? demanda Jondalar en la voyant décrocher le travois. Nous ne resterons pas longtemps.

  — Les chevaux ont besoin de repos. Et peut-être ont-ils envie de se rouler dans l’eau, expliqua-t-elle en déchargeant les paniers après avoir ôté la couverture. J’aimerais aussi attendre que Loup nous rattrape, je ne l’ai pas vu de toute la matinée. Il a dû suivre une odeur alléchante.

  — Bon, très bien, concéda Jondalar.

  Et il commença à dénouer les sangles qui maintenaient les paniers sur le dos de Rapide, puis déposa ces derniers dans le canot et donna une tape sur la croupe de l’étalon pour lui signifier qu’il était libre.

  La jeune femme se déshabilla rapidement et entra dans l’eau pendant que Jondalar urinait. Il regarda vers elle et ne put détacher ses yeux au corps souple et bronzé. Ayla était debout dans le bassin miroitant, de l’eau jusqu’aux genoux, inondée de lumière par un rai qui perçait le feuillage d’un saule et ornait ses cheveux d’un halo doré.

  Jondalar, émerveillé par sa beauté, se sentit submergé par un amour débordant. Ayla se baissa pour s’éclabousser d’eau fraîche, accentuant la rondeur de son fessier et dévoilant l’intérieur velouté de ses cuisses. Cette vision troubla Jondalar et fit naître en lui un désir violent. Il baissa la tête et, apercevant le membre qu’il tenait toujours en main, il sourit et la baignade passa soudain au second plan.

  Elle le regarda entrer dans l’eau, vit son sourire, remarqua la lueur irrésistible dans ses yeux, et nota le changement qui s’opérait dans sa virilité. Elle sentit une vague de désir la soulever, et l’inonder d’un calme qui lui fit prendre conscience de la tension qui l’habitait l’instant d’avant. Elle comprit qu’ils ne reprendraient pas la route aujourd’hui, pas si elle pouvait l’empêcher. Ils avaient tous deux besoin de se détendre, et une agréable diversion se présentait.

  Jondalar avait bien remarqué où le regard d’Ayla s’était posé, et son changement d’attitude ne lui avait pas échappé, pas plus que sa pose engageante, bien qu’elle eût à peine bougé. L’eût-il voulu qu’il n’aurait pu cacher son désir, tant la manifestation en était évidente.

  — L’eau est merveilleuse, déclara Ayla. Tu as eu une bonne idée, il commençait à faire trop chaud.

  — Oui, j’ai un brusque accès de chaleur, fit-il avec un sourire ironique en s’avançant à sa rencontre. Je ne sais pas comment tu t’y prends, mais tu me fais perdre tout contrôle.

  — Alors, pourquoi te contrôler ? Moi, je n’essaie même pas. Tu n’as qu’à me regarder comme tu le fais, et je suis prête.

  Le sourire qu’il aimait tant éclaira le visage d’Ayla.

  — Oh, femme ! soupira-t-il en la prenant dans ses bras.

  Elle leva la tête pour lui offrir ses lèvres. Il les baisa doucement, les effleurant à peine, et glissa ses mains le long de ses reins chauffés par le soleil. Elle aimait ses caresses et y répondit avec une surprenante perspicacité.

  Il se pencha pour embrasser les globes doux et fermes et l’attira vers lui. Elle sentit son membre dur et chaud se presser contre son ventre, mais le geste de Jondalar l’avait déséquilibrée. Elle essaya de se retenir, mais une pierre se déroba sous ses pieds et en s’agrippant à lui, elle l’entraîna dans sa chute. Ils tombèrent à l’eau dans une gerbe d’éclaboussures, et s’assirent en éclatant de rire.

  — Tu ne t’es pas fait mal ? s’inquiéta Jondalar.

  — Non, rassure-toi, mais l’eau est froide et j’essayais d’y entrer petit à petit. Maintenant que je suis mouillée, je vais nager un peu. C’est pour ça qu’on s’est arrêtés, non ?

  — Oui, mais on peut aussi faire autre chose.

  L’eau avait atteint les aisselles d’Ayla, ses seins épanouis flottaient à la surface, et les mamelons dressés rappelaient à Jondalar les proues de deux bateaux jumeaux. Il se pencha pour en chatouiller un à petits coups de langue.

  Un frisson la parcourut et son corps tout entier se cambra. Jondalar soupesa le sein lourd, puis, d’une main, l’attira plus fort contre lui. Ayla était si palpitante de désir qu’un simple frottement sur son mamelon érigé propageait dans tout son corps des vagues de jouissance. Jondalar suça son sein, ses lèvres effleurèrent la peau satinée, remontèrent le long du cou, s’attardèrent sur son oreille où il souffla doucement, et trouvèrent enfin les lèvres d’Ayla. Elle les entrouvrit pour que la langue indiscrète de son amant s’y glissât.

  — Viens, dit-il en s’écartant, la main tendue. Allons nager.

  Il l’entraîna dans le bassin, et lorsqu’elle eut de l’eau jusqu’à la taille, il l’enlaça à nouveau et l’embrassa. Ayla sentit la main de Jondalar se glisser entre ses cuisses et ouvrir ses lèvres. L’eau froide rafraîchit son intimité, mais une brûlure voluptueuse irradia son ventre quand il lui caressa le petit bouton durci, siège de ses Plaisirs.

  Elle se laissa envahir par cette lame de jouissance, mais décida soudain que tout allait trop vite. Elle était sur le point de succomber. Elle s’arracha à étreinte, recula d’un pas et l’éclaboussa en riant.

  — Nageons un peu, si tu veux, proposa-t-elle, et elle fit aussitôt quelques brasses.

  Fermé par un épais massif de roseaux, le bassin n’était pas bien large. Une fois qu’elle l’eût traversé, elle se retourna et sourit à Jondalar. Attirée par son magnétisme, le désir qu’elle devinait en lui, son amour ardent, elle repartit vers la plage. Il nagea à sa rencontre, puis la suivit jusqu’au rivage.

  — Voilà, le bain est terminé, annonça-t-il en se relevant dès qu’il eut pied.

  Il prit la main d’Ayla et la mena jusqu’à la plage de galets. Là, il l’embrassa avec une telle fougue qu’elle se sentit fondre dans ses bras, et se serra encore plus contre lui.

  — Passons aux choses sérieuses, dit-il.

  — Les choses sérieuses ? s’étonna-t-elle d’une voix tremblante, l’œil dilaté, la gorge serrée, esquissant avec peine un sourire mutin. Jondalar se laissa glisser sur la couverture et lui tendit la main.
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  — Viens, je vais te montrer, proposa-t-il.

  Elle s’assit à côté de lui. Il l’allongea sur le sol en l’embrassant, et sans plus de cérémonie, il lui écarta les jambes et fit courir sa langue sur les lèvres de son intimité, encore toutes fraîches de la baignade. Surprise, elle frissonna, emportée par des ondes de chaleur voluptueuses parcourant son ventre. Jondalar entreprit alors de sucer le siège de ses Plaisirs.

  Il avait envie de la goûter, de la boire, et il la savait prête. Son excitation grandissait avec celle d’Ayla, et une douleur lancinante monta de ses reins pendant que son membre se tendait, prêt à éclater. Sa langue la fouillait, l’agaçait, la pénétrait, la goûtait et la savourait. Il ne pouvait plus s’arrêter tant il aimait lui donner les Plaisirs.

  La vague voluptueuse grandissait en elle, son ventre la brûlait, et elle gémit, puis cria, comme au bord d’un gouffre, quand la jouissance atteignit presque son paroxysme.

  S’il ne s’était pas retenu, il aurait pu jouir même sans la pénétrer, mais il aimait tant être dans son ventre !

  Elle l’attira en se cambrant pour lui ouvrir le passage et le violent orage qui couvait en elle éclata soudain dans un éclair éblouissant. Jondalar sentit la chaude humidité, et enfonça d’un grand coup sa virilité dans la fente accueillante. Son membre était si tendu, qu’il ne savait pas s’il pouvait encore attendre.

  Elle cria son nom, cambra les reins pour qu’il entre au plus profond d’elle. Grognant et râlant, il se retira, savourant l’exquis frottement le long de son membre, puis le replongea, envoyant dans ses reins des ondes de plaisir foudroyantes. Soudain, il ne put plus différer davantage, et pénétra au plus profond d’elle. Ils crièrent à l’unisson, emportés ensemble dans les Plaisirs.

  Après quelques derniers coups de reins, il se laissa tomber, et tous deux, haletants, récupérèrent de cette violence des sens qui venait de les emporter. Après quelques instants, il releva la tête, et Ayla se hissa pour baiser sa bouche, encore pleine de sa propre odeur, et qui lui rappelait les ineffables sensations qu’il savait provoquer en elle.

  — Je voulais tellement faire durer les Plaisirs, mais tu m’avais trop excitée.

  — Mais ça ne veut pas dire que c’est terminé, tu sais, promit-il. Un sourire éclaira le visage d’Ayla. Jondalar s’allongea sur le flanc, puis se redressa bien vite.

  — Dis donc, c’est drôlement inconfortable ! s’exclama-t-il. Pourquoi ne pas me l’avoir dit ?

  — Mais, je n’avais pas remarqué, tout simplement. Maintenant que tu en parles, c’est vrai qu’il y a un caillou qui me fait mal à la hanche... et un autre me rentre dans l’épaule. On devrait chercher un meilleur endroit... pour que tu puisses t’allonger, ironisa-t-elle avec un sourire moqueur, l’œil pétillant de malice. Mais d’abord, j’ai envie de nager pour de bon. On peut peut-être trouver un chenal plus profond.

  Ils entrèrent dans l’eau, et nagèrent loin du bassin, puis ils remontèrent le courant et traversèrent le massif de roseaux. De l’autre côté, l’eau leur parut soudain plus froide. Ils n’avaient plus pied et se retrouvèrent dans un chenal qui serpentait à travers les roseaux.

  Ayla rattrapa, puis dépassa Jondalar, mais il força l’allure et la rejoignit. C’était tous deux d’excellents nageurs, et ils se lancèrent bientôt dans une course amicale en remontant les méandres du chenal bordé de grands roseaux. Ils se suivaient de si près que le moindre obstacle rencontré par l’un propulsait l’autre en tête. Ayla se trouvait devant Jondalar quand ils atteignirent une fourche dont chaque branche faisait un angle si aigu que lorsque Jondalar leva la tête, Ayla avait déjà disparu.

  — Ayla ! Ayla ! Où es-tu ? cria-t-il.

  Pas de réponse. Il l’appela encore sans résultat, et opta pour l’un des deux chenaux. Celui-ci faisait une boucle sur lui-même, et Jondalar ne voyait que des roseaux partout où il se tournait.

  — Ayla ! s’écria-t-il, inquiet. Au nom de la Mère, où as-tu disparu ?

  Il entendit soudain un sifflement. C’était celui qu’Ayla utilisait pour appeler Loup. Il éprouva un vif soulagement, mais l’appel semblait provenir de bien plus loin qu’il n’aurait dû. Il siffla à son tour, entendit la réponse de la jeune femme, et se mit à nager fiévreusement d’où il venait. Il arriva à la fourche, et prit l’autre branche du chenal.

  Celle-ci faisait aussi une boucle et débouchait sur un autre chenal. Un fort courant l’emporta en aval. Il vit alors Ayla qui luttait pour remonter le courant, et il nagea à sa rencontre. Lorsqu’il fut à sa hauteur, il fit demi-tour et accompagna Ayla dans son effort. Ils atteignirent enfin la fourche où ils se reposèrent en barbotant.

  — Ayla ! A quel jeu joues-tu ? Pourquoi ne pas avoir attendu que je puisse te suivre ? reprocha-t-il.

  Elle lui sourit, comprenant que sa colère était le fruit d’une réelle inquiétude.

  — Je voulais te battre ! Comment aurais-je su que le courant était si fort ? J’ai été entraînée avant de pouvoir réagir. Pourquoi le courant est-il si fort ?

  Soulagé de la voir saine et sauve, Jondalar oublia sa colère.

  — Oui, c’est bizarre, admit-il. Peut-être sommes-nous près du fleuve, ou bien l’eau est-elle particulièrement profonde.

  — Rentrons. L’eau est froide, j’ai envie de me chauffer au soleil. Portés par le courant, ils retournèrent facilement vers la plage de galets. Ayla fit la planche, regardant défiler les roseaux, admirant la voûte de l’azur. Le soleil était presque au zénith.

  — Tu te souviens où nous avons traversé les roseaux ? demanda Jondalar, Tout se ressemble par ici.

  — Oui, il y avait trois grands pins au bord de l’eau, juste derrière des saules pleureurs, et celui du milieu était plus haut que les deux autres.

  — Regarde, il y a beaucoup de pins par ici. Rejoignons la rive, on les a peut-être déjà dépassés.

  — Non, je ne crois pas, déclara Ayla. L’un des deux plus petits penchait bizarrement, et je ne l’ai pas encore vu. Attends... Oui, le voilà !... Tu le vois ? demanda-t-elle en nageant vers la barrière de roseaux.

  — Oui, tu as raison. C’est là que nous avons traversé. On voit encore la trace dans les roseaux.

  Ils rampèrent dans l’eau affleurante, franchirent les roseaux et se retrouvèrent dans le petit bassin qui leur parut plutôt tiède. Ils atteignirent la plage de galets avec le sentiment agréable d’arriver chez eux.

  — Je vais allumer du feu et préparer une infusion, annonça Ayla en s’essuyant avec les mains.

  Elle essora ses cheveux et alla au campement en ramassant du petit bois en route.

  — Veux-tu tes affaires ? lui cria Jondalar.

  — Non, je préfère me sécher d’abord.

  Les chevaux paissaient dans la steppe avoisinante, mais elle ne vit nulle trace de Loup, ce qui l’inquiéta, bien qu’il se fût déjà absenté aussi longtemps.

  — Étale la couverture sur un coin d’herbe et repose-toi pendant que je prépare l’infusion, proposa Ayla.

  Ayla choisit soigneusement des herbes séchées dans sa réserve. Elle se décida pour de la luzerne à cause de ses vertus stimulantes et rafraîchissantes, et aussi des fleurs et des feuilles de bourrache aux propriétés toniques, et elle ajouta des giroflées pour leur goût suave, légèrement épicé. Elle se proposait de renforcer l’infusion de Jondalar avec des chatons d’aulne, à la belle couleur rouge vif, qu’elle avait cueillis au début du printemps. Lorsqu’elle les avait ramassés, elle était déchirée par des sentiments contradictoires : elle avait fait la Promesse à Ranec de s’unir à lui, mais c’était Jondalar qu’elle aimait. Le souvenir de ce moment pénible et de son heureux dénouement la mit en joie et elle jeta les chatons dans la coupe de son compagnon en souriant de ses anciens tourments.

  L’infusion prête, elle apporta les coupes à l’endroit où Jondalar s’était installé. La couverture était à moitié à l’ombre, mais elle s’abstint de toute réflexion. Il faisait assez chaud, et elle était déjà sèche. Elle lui tendit sa coupe et s’assit �
� côté de lui. Ils dégustèrent leur tisane en silence, tout en observant les chevaux qui se tenaient tête-bêche et balayaient les mouches de leur queue, chacun débarrassant l’autre des insectes énervants.

  Lorsqu’il eut fini de boire, Jondalar s’étendit sur le dos, mains croisées derrière la nuque. Ayla était heureuse de le voir plus détendu, et surtout moins pressé de lever le camp. Elle reposa sa coupe et s’allongea contre lui, la tête dans le creux de son épaule, un bras entourant la poitrine de l’homme. Elle ferma les yeux, s’imprégna de l’odeur de Jondalar et sentit la main de ce dernier caresser ses hanches dans un geste machinal.

  Elle baisa sa peau bronzée et souffla gentiment dans son cou. Il frissonna de plaisir. Elle l’embrassa encore, puis s’accouda pour déposer dans le creux de son épaule et le long de son cou une guirlande de baisers papillonnants. Chatouillé au-delà du supportable, il se força pourtant à réprimer les frémissements qui l’agitaient.

  Elle couvrit de baisers sa gorge, son visage, sa barbe de plusieurs jours, qui lui picota les lèvres. Elle mordilla sa bouche. Penchée au-dessus de lui, elle l’observa. Les yeux clos, il attendait. Lorsqu’il ouvrit enfin les yeux, Ayla le dévisageait avec ravissement, ses cheveux encore mouillés tombant en cascade de son épaule. Il eut envie de la serrer contre lui, mais se contenta de lui sourire.

  Elle glissa sa langue entre ses lèvres, si doucement qu’il la sentit à peine, mais la fraîcheur de son souffle aiguillonna ses sens. Au bord de l’exaspération, il ne se contenait plus, quand elle l’embrassa soudain à pleine bouche. Avec une infinie douceur, sa langue explora ses gencives, son palais, chatouillante, énervante, et elle bécota ensuite ses lèvres, les effleurant à peine. N’en pouvant plus, il tendit le cou, l’empoigna, l’attira à lui et l’embrassa avec une ardeur libératrice.

  Sa tête retomba sur le sol et il vit qu’elle l’observait, provocante, avec un sourire moqueur. Elle l’avait poussé dans ses derniers retranchements, tous deux le savaient. Elle avait l’air si contente d’elle, qu’il fut heureux, lui aussi. Elle était d’humeur joueuse, et il se demandait ce qu’elle allait encore inventer pour lui plaire. Voilà qui devenait intéressant, se dit-il. Il attendit, souriant, ses bouleversants yeux bleus plongés dans le regard d’Ayla.

 

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