LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 61

by Jean M. Auel


  Lorsque Jondalar eut terminé, il se rhabilla et affronta ses tortionnaires, bien décidé à ne plus se laisser attacher.

  — Je suis Jondalar des Zelandonii, déclara-t-il en s’adressant au vieil homme. J’entreprends le Voyage.

  — Tu voyages loin, Zelandonii. Trop loin... peut-être.

  — J’arrive de plus loin encore, répliqua Jondalar. J’ai passé l’hiver chez les Mamutoï, et je rentre chez moi.

  — Ah, j’avais bien deviné que tu avais parlé en mamutoï ! s’exclama le vieil homme, qui en profita pour répondre dans cette langue qu’il maîtrisait mieux. Ici, certains connaissent la langue des Chasseurs de Mammouths. Mais dis-moi, d’habitude les Mamutoï viennent du nord. Toi, tu viens du sud.

  — Puisque tu m’as entendu parler en mamutoï, pourquoi ne t’es-tu pas déplacé plus tôt ? Je suis sûr qu’il y a eu méprise. Pourquoi m’a-t-on attaché ?

  Le vieil homme hocha la tête d’un air malheureux.

  — Tu le découvriras bien assez tôt, Zelandonii, soupira-t-il.

  La femme qui commandait la petite troupe cracha un ordre et le vieil homme sortit en claudiquant, appuyé sur un bâton.

  — Eh, attends ! Ne pars pas ! Qui es-tu ? Qui sont ces femmes ? Et celle qui leur a ordonné de m’amener ici, qui est-elle ? demanda Jondalar.

  Le vieil homme s’arrêta et lui jeta un dernier regard.

  — Ici, on m’appelle Ardemun. Ce peuple est le S’Armunaï. Quant à la femme dont tu parles... c’est... c’est Attaroa.

  Il avait prononcé ce mot avec une intensité que Jondalar ne releva pas.

  — S’Armunaï ? Attends, où ai-je déjà entendu ce nom-là ?... Ah, oui, je m’en souviens. C’est Laduni, le chef des Losadunaï...

  — Laduni est devenu chef ? s’étonna Ardemun.

  — Oui. Il m’a parlé des S’Armunaï quand nous voyagions vers l’est, mais mon frère n’a pas voulu s’arrêter.

  — Il a bien fait. Dommage que tu sois ici, maintenant.

  — Pourquoi ?

  La femme qui commandait aux gardes les interrompit encore d’un cri bref.

  — Autrefois, j’étais un Losadunaï, mais j’ai eu le malheur d’entreprendre le Voyage, acheva Ardemun avant de sortir en clopinant.

  La femme jeta quelques mots à la figure de Jondalar qui devina qu’elle voulait l’emmener quelque part, mais feignit l’incompréhension.

  Elle répéta ses paroles avec colère, et le piqua de la pointe de sa sagaie.

  Une fine traînée de sang coula sur le bras de Jondalar. L’œil étincelant de rage, il toucha la plaie et regarda ses doigts rougis de sang.

  — Ce n’était pas la... commença-t-il.

  Elle lui coupa rageusement la parole. Les autres encerclèrent Jondalar et le poussèrent à suivre la femme au-dehors. Le froid le glaça. Ils longèrent l’enclos. Sans voir ce qui se passait de l’autre côté, il sentait qu’on l’observait par les fentes de la palissade. Tout cela lui semblait complètement saugrenu. On poussait parfois des animaux dans ce genre d’enclos, c’était un moyen de les capturer. Mais pourquoi y enfermer des humains ? Et combien étaient-ils là-dedans ?

  Sûrement assez peu, se dit-il, ce n’est pas très grand. Il imagina tout le travail qu’avait coûté la clôture. Les arbres étaient rares dans ces collines. Ils devaient provenir de la vallée. Il avait fallu les abattre, les élaguer de toutes leurs branches, transporter les troncs jusqu’en haut, creuser des trous assez profonds pour les faire tenir debout, fabriquer des cordes pour les attacher ensemble. Pourquoi tant d’efforts pour construire un enclos qui n’avait aucun sens ?

  On l’amena près d’un ruisseau entièrement gelé, où Attaroa et plusieurs femmes surveillaient de jeunes hommes qui transportaient d’énormes os de mammouth. Les hommes semblaient à moitié morts de faim, et Jondalar se demandait où ils trouvaient l’énergie pour porter de si lourdes charges.

  Attaroa le toisa, puis l’ignora. Jondalar attendit, déconcerté par le comportement de ce peuple étrange. Transi, il se mit bientôt à gesticuler et à se battre les flancs pour essayer de se réchauffer. Devant tant d’absurdité, la colère s’empara de lui. Il n’en supporterait pas davantage. Il tourna les talons et revint au campement. Là-bas, il serait au moins à l’abri du vent. Sa décision inattendue prit les gardes par surprise. Elles tentèrent de s’interposer, mais il les écarta du bras et continua sa route, poursuivi par des cris qu’il ignora.

  Il regagna sa cellule et chercha comment se réchauffer. Il fit le tour de l’abri circulaire, arracha la peau tendue sur la charpente et l’enroula autour de lui. Au même moment, plusieurs femmes surgirent en brandissant leurs armes, conduites par celle qui lui avait infligé une coupure au bras. Visiblement furieuse, elle lui porta un coup de sagaie qu’il évita. Il réussit à attraper l’arme mais la bagarre qui s’ébauchait fut stoppée net par un éclat de rire sinistre.

  — Zelandonii ! ricana Attaroa, ajoutant d’autres mots qu’il ne comprit pas.

  — Elle veut que tu sortes, traduisit Ardemun que Jondalar n’avait pas entendu approcher. Je crois qu’elle te trouve trop audacieux et trop intelligent. Elle veut que tu sortes pour que ses gardes puissent t’encercler.

  — Et si je refuse ?

  — Alors elle te fera tuer où tu es, immédiatement.

  Ces derniers mots avaient été prononcés en Zelandonii sans une trace d’accent ! Jondalar chercha qui avait parlé. C’était la chamane !

  — Si tu sors, Attaroa te laissera encore vivre un peu. Tu l’intéresses. Mais elle finira par te tuer quand même.

  — Pourquoi ? Que lui ai-je fait ?

  — Tu représentes une menace.

  — Moi, une menace ? Mais je ne l’ai jamais menacée !

  — Tu menaces son pouvoir. Elle veut que tu serves d’exemple.

  L’intervention d’Attaroa mit un terme aux explications, et bien que Jondalar ne comprît pas ce qu’elle disait, il lui sembla que les paroles, lourdes de colère contenue, étaient dirigées contre la chamane. La vieille femme lui répondit d’un ton mesuré mais sans crainte puis elle se tourna vers Jondalar.

  — Elle voulait savoir ce que je te disais, expliqua-t-elle. Alors je le lui, ai dit.

  — Dis-lui aussi que je vais sortir.

  Lorsque la chamane eut traduit les mots de Jondalar, Attaroa partit d’un grand rire méprisant, ajouta quelques mots, et s’en alla d’un pas nonchalant.

  — Qu’a-t-elle dit ? demanda Jondalar.

  — Elle a dit qu’elle l’aurait parié, que les hommes étaient prêts à tout pour prolonger leur misérable existence.

  — Peut-être pas à tout, justement, répliqua Jondalar en faisant quelques pas vers la sortie avant de se raviser. Quel est ton nom ? demanda-t-il alors à la chamane.

  — On m’appelle S’Armuna.

  — Je m’en doutais. Mais où as-tu appris à parler si bien ma langue ?

  — J’ai vécu parmi ton peuple. Mais c’est une longue histoire, soupira-t-elle, coupant court à la curiosité de Jondalar.

  Il s’était attendu à ce qu’elle lui demandât son nom en retour, mais S’Armuna lui tourna le dos.

  — Je suis Jondalar de la Neuvième Caverne des Zelandonii, annonça-t-il malgré tout.

  — La Neuvième Caverne ? répéta S’Armuna, les yeux agrandis d’étonnement.

  — Oui...

  Il allait décliner toute sa filiation mais l’expression énigmatique de la chamane l’en dissuada. S’Armuna se recomposa vivement un visage impassible et Jondalar se demanda s’il n’avait pas rêvé.

  — Elle attend, annonça S’Armuna en quittant la bâtisse.

  Dehors, Attaroa était assise sur un trône recouvert de fourrure, dressé sur un monticule de terre à l’entrée de la grande maison semi-souterraine, en face de l’enclos. Jondalar sentit de nouveau des yeux l’épier à travers les fentes de la palissade.

  En s’approchant, il découvrit que la fourrure du trône d’Attaroa était une peau de loup, que le capuchon de sa pelisse rejetée en arrière était au
ssi garni de peau de loup, et qu’elle portait autour du cou un collier composé de canines de loup et de renard polaire. Jondalar identifia aussi une dent d’ours des cavernes. Attaroa tenait un bâton sculpté semblable au Bâton Qui Parle qu’utilisait Talut pour orchestrer les discussions et garantir l’impartialité des délibérations. Celui qui tenait le bâton avait la parole, et si quelqu’un voulait intervenir, il devait d’abord demander le Bâton Qui Parle.

  Le bâton d’Attaroa lui parut familier pour une autre raison qu’il n’arrivait pas à définir. Était-ce la sculpture ? Elle représentait la forme stylisée d’une femme assise, avec des cercles concentriques figurant le ventre et les seins, une drôle de tête triangulaire dont le menton formait la pointe inférieure, et un visage aux traits énigmatiques. Cela ne ressemblait pas aux sculptures mamutoï, mais Jondalar avait le sentiment de l’avoir déjà vue quelque part.

  Attaroa était entourée de plusieurs femmes, dont certaines qu’il n’avait encore jamais vues, et que quelques enfants accompagnaient. Attaroa jaugea longuement Jondalar, puis lui parla en le regardant dans les yeux. A côté, Ardemun traduisait à grand-peine. Jondalar allait lui proposer de parler en mamutoï, mais S’Armuna le devança en s’adressant à voix basse à Attaroa.

  — Je vais traduire, annonça-t-elle ensuite.

  Attaroa fit un commentaire méprisant qui déclencha l’hilarité générale, mais que S’Armuna s’abstint de traduire.

  — Elle s’adressait à moi, dit-elle pour seule explication, le visage impassible.

  Attaroa reprit la parole, toisant toujours Jondalar.

  — Je parle maintenant pour Attaroa, prévint S’Armuna. Pourquoi es-tu venu ?

  — Mais je ne suis pas venu, on m’a transporté ici pieds et poings liés, protesta Jondalar pendant que S’Armuna traduisait presque simultanément. J’entreprends le Voyage, et je ne comprends pas pourquoi on m’a ligoté. Personne n’a daigné me l’expliquer.

  — D’où viens-tu ? demanda Attaroa par la bouche de S’Armuna qui avait négligé de traduire le commentaire de Jondalar.

  — J’arrive de chez les Mamutoï où j’ai passé l’hiver.

  — Tu mens ! Tu venais du sud.

  — J’ai fait un long détour. Je voulais rendre visite à des parents près de la Grande Rivière Mère, à la pointe sud de ces montagnes.

  — Tu mens encore ! Les Zelandonii vivent loin à l’ouest, et tu prétends avoir des parents à l’est ?

  — Ce n’est pas un mensonge. Je voyageais avec mon frère, et contrairement aux S’Armunaï, les Sharamudoï nous ont bien accueillis. Mon frère s’est uni avec une femme de chez eux et, par lui, je leur suis maintenant apparenté.

  — Ça suffit, dit la femme.

  Il s’emporta. Pour une fois qu’il avait l’occasion de s’exprimer !

  — Ignorez-vous que ceux du Voyage ont des droits de passage ? Tous les peuples accueillent les Voyageurs avec bienveillance. Ils échangent leurs histoires, partagent leurs biens. Partout, sauf ici ! On m’a frappé, on n’a pas soigné mes blessures, on ne m’a offert ni eau ni nourriture. On m’a volé ma pelisse, et on ne me l’a pas rendue quand il a fallu que je sorte dans le froid glacial.

  Plus il parlait, plus il fulminait.

  — On m’a traîné dehors pour me laisser geler ! Jamais tout au long du Voyage on ne m’a traité de cette façon ! Même les animaux des plaines partagent leur pâturage et leur eau. Quelle sorte de peuple êtes-vous donc ?

  — Pourquoi as-tu essayé de voler notre viande ? l’interrompit Attaroa.

  Elle enrageait, mais essayait de garder son sang-froid. Elle savait parfaitement qu’il avait raison, mais elle ne supportait pas qu’on l’accuse d’être inférieure aux autres, surtout devant son peuple.

  — Je n’essayais pas de voler ta viande, protesta Jondalar avec véhémence.

  La traduction de S’Armuna était si fluide et si rapide et son besoin de s’exprimer si violent, que Jondalar en oubliait l’interprète. Il avait l’impression de parler directement à Attaroa.

  — Tu mens ! On t’a vu courir au milieu de la bande de chevaux avec une sagaie.

  — Non, je ne mens pas ! J’essayais de secourir Ayla. Elle était sur le dos d’un de ces chevaux, et je voulais l’empêcher de tomber dans le ravin.

  — Ayla ?

  — Oui, tu ne l’as pas vue ? C’est la femme avec qui je voyage.

  — Ainsi, tu voyages avec une femme qui monte sur le dos des chevaux ! s’esclaffa Attaroa, Si tu n’es pas un conteur errant tu as manqué ta vocation. Tout ce que tu dis est mensonge ! martela-t-elle. Tu es un menteur et un voleur.

  — Je ne suis ni un menteur ni un voleur ! J’ai dit la vérité. Je n’ai rien volé ! affirma Jondalar avec force.

  Pourtant, il ne pouvait pas la blâmer. A moins d’avoir vu Ayla, qui croirait qu’ils voyageaient à dos de cheval ? Il commençait à désespérer de convaincre Attaroa de sa sincérité. Comment lui faire comprendre qu’il n’avait pas prémédité de déranger leur chasse ? S’il avait pu apprécier tout ce que sa situation avait de critique, il aurait été encore plus désespéré.

  Attaroa étudiait le beau géant blond à la puissante musculature, drapé dans la peau de bête qu’il avait arrachée de sa cage. Elle nota que sa barbe était un ton plus foncé que ses cheveux, et ses yeux, d’un bleu d’une incroyable intensité, envoûtants. Il l’attirait irrésistiblement, mais la violence de son trouble réveilla des souvenirs enfouis depuis longtemps, et provoqua en elle une réaction incohérente. Elle ne se laisserait séduire par aucun homme. Il était hors de question que quiconque, et surtout pas un homme, pût la dominer.

  Elle lui avait enlevé sa pelisse et l’avait laissé dans le froid pour la même raison qu’elle l’avait privé de nourriture et d’eau. Tant qu’ils avaient la force de résister, mieux valait attacher les hommes. Mais le Zelandonii, drapé dans les peaux qui ne lui appartenaient pas, ne montrait aucune peur. Regardez-le ! Quelle arrogance !

  Fier et sûr de lui, il avait osé la critiquer en public, devant les hommes enfermés dans l’Enclos. Il refusait de l’implorer, de s’humilier, de chercher à lui plaire, comme tous les autres. Elle se jura de l’y forcer. Elle était fermement décidée à le faire plier. Elle leur montrerait comment maîtriser ce genre de mâle ! Ensuite... il mourrait !

  Avant de le briser, je vais m’amuser avec lui, se dit-elle. Il est fort, et s’il lui prend l’envie de résister, il sera difficile à soumettre. Pour l’instant, il se méfie, je dois d’abord lui faire baisser sa garde. Il faut l’affaiblir. S’Armuna connaît certainement un moyen. Attaroa fit signe à la chamane et lui murmura quelques mots à l’oreille. Elle regarda ensuite Jondalar en souriant. Et ce sourire contenait tant de perfidie que Jondalar frémit.

  Jondalar ne menaçait pas seulement le pouvoir d’Attaroa. C’était le monde fragile que son esprit malade avait eu tant de mal à créer qui risquait de s’écrouler. L’homme avait ébranlé ses propres certitudes, déjà chancelantes ces derniers temps.

  — Suis-moi, ordonna S’Armuna. Jondalar obtempéra.

  — Où allons-nous ? demanda-t-il, alors que deux femmes armées de sagaies lui emboîtaient le pas.

  — Attaroa veut que je soigne ta blessure.

  Elle conduisit Jondalar à une habitation semi-souterraine à l’autre bout du Camp, semblable à celle devant laquelle trônait Attaroa, mais de taille plus petite avec un dôme plus prononcé. Une entrée étroite et basse ouvrait sur un couloir menant à une autre porte. Jondalar se baissa et avança courbé, puis descendit trois marches. Seul un enfant aurait pénétré aisément dans cet abri mais, une fois à l’intérieur, Jondalar put se redresser et sa tête était loin d’atteindre le plafond. Les deux femmes qui les avaient accompagnés restèrent dehors.

  Une fois ses yeux habitués à la pénombre, Jondalar remarqua contre le mur du fond une plate-forme où une couche était installée. Une fourrure blanche la recouvrait... les animaux à poils blancs étaient rares et son peuple, comme la plupart de ceux qu’il avait rencontrés au cours
de son long Voyage, les tenait pour sacrés. Des herbes séchées pendaient du plafond, et remplissaient des paniers et des jattes qui encombraient les étagères accrochées aux murs. N’importe quel zelandoni ou mamut se serait senti chez lui, avec une seule réserve. Chez presque tous les peuples, la caverne de Ceux Qui Servent la Mère était un lieu de cérémonie, ou adjacent à celui-ci. C’était aussi l’habitation la plus grande du Camp, celle où on recevait les visiteurs et les hôtes. Celle de S’Armuna était petite et presque secrète. Jondalar devina que la chamane vivait seule et recevait rarement.

  Il la regarda ranimer le feu, ajouter des excréments séchés, quelques morceaux de bois, et verser de l’eau dans une sorte de poche noircie, faite d’un estomac de bête et attachée à un éperon en os. Elle prit ensuite une poignée d’herbes séchées dans un des paniers, la jeta dans l’outre, et quand l’eau commença à suinter, elle la plaça au-dessus des flammes. Tant qu’elle contenait du liquide, même bouillant, l’outre ne pouvait prendre feu.

  Jondalar ignorait quelle recette elle préparait, mais l’odeur lui parut familière. Il se sentait chez lui. Et soudain, il comprit pourquoi. C’était exactement l’odeur qui émanait du feu d’une zelandoni. Elle utilisait la même décoction pour soigner les plaies et les blessures.

  — Tu parles bien notre langue, remarqua Jondalar. As-tu vécu longtemps chez les Zelandonii ?

  S’Armuna le regarda et parut réfléchir.

  — Plusieurs années, répondit-elle enfin.

  — Alors tu connais l’hospitalité des Zelandonii. Je ne comprends pas ton peuple. Qu’ai-je fait pour mériter un tel traitement ? Toi qui as vécu chez les Zelandonii, pourquoi n’expliques-tu pas aux tiens les droits de passage, et le respect de la courtoisie ? C’est plus que de la simple courtoisie, d’ailleurs, c’est un devoir.

  Pour toute réponse, S’Armuna lui lança un regard narquois. Jondalar se rendait compte qu’il s’y prenait mal, mais ses récentes mésaventures l’avaient tellement abasourdi qu’il éprouvait le besoin infantile d’expliquer comment les choses devraient être, comme si cela suffisait à les arranger. Il décida d’adopter une autre méthode.

 

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