LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 64

by Jean M. Auel


  Les hommes passaient leur temps à jouer ou à faire des paris sur l’avenir. De petits bouts de bois, des cailloux, ou des morceaux d’os provenant de la viande qu’on leur avait servie, tenaient lieu de jetons. Un fémur de cheval, soigneusement rongé et brisé afin d’en extraire la moelle, avait été mis de côté pour cet usage.

  Le premier jour de son emprisonnement, Jondalar examina en détail la palissade et en testa la solidité. Il découvrit plusieurs endroits où il était possible d’entamer le bois pour se frayer une issue, et d’autres qu’il était facile d’escalader. Mais à travers les fentes il apercevait Epadoa et ses femmes monter bonne garde, et la terrible puanteur qui se dégageait de l’homme à la plaie ouverte le dissuada d’employer une méthode aussi directe. Il examina ensuite le toit de l’auvent, pensant aux améliorations qui le rendraient plus efficace contre les intempéries... à condition d’avoir les outils et les matériaux nécessaires.

  L’une des extrémités de l’Enclos, derrière un amas de pierres – seule particularité de l’espace dénudé, avec l’auvent –, servait au dépôt de leurs excréments. Ce fut le deuxième jour que Jondalar commença à être conscient de l’odeur nauséabonde qui imprégnait tout l’Enclos. C’était encore pire près de l’auvent où la chair en putréfaction répandait sa puanteur, mais la nuit, il n’avait pas le choix. Il devait se blottir contre les autres afin de trouver un peu de chaleur. Il partagea sa cape de fortune avec ceux qui étaient encore plus démunis.

  Les jours suivants, l’odeur cessa de l’incommoder et la faim le tenailla moins, mais il résistait difficilement au froid. Il était parfois pris de vertige et il aurait volontiers mangé de l’écorce de bouleau pour calmer ses maux de tête.

  Les conditions commencèrent à changer quand le blessé mourut. Ardemun demanda à parler à Epadoa ou à Attaroa pour qu’on évacuât le corps. Plusieurs hommes furent désignés pour l’enterrer, puis on leur annonça que tous les hommes valides devraient assister aux funérailles. La perspective de sortir enfin de l’Enclos réjouit Jondalar et il eut presque honte de son excitation, vu les circonstances.

  Dehors, les ombres de fin d’après-midi envahissaient le sol, rehaussant les détails de la vallée qui s’étendait à ses pieds, et la beauté du paysage bouleversa Jondalar. Une vive douleur au bras le tira de sa contemplation émerveillée. Il jeta un regard courroucé à Epadoa et à ses trois gardes qui l’entouraient en le menaçant de leur sagaie, et il lui fallut une bonne dose de sang-froid pour ne pas les envoyer promener.

  — Elle veut que tu mettes tes mains derrière ton dos pour qu’on te les attache, expliqua Ardemun. Tu ne peux pas sortir sans être ligoté. Jondalar s’exécuta de mauvaise grâce. Tout en suivant Ardemun, il pensait à sa situation précaire. Il ne savait pas où il était, ni depuis combien de temps, mais la perspective de passer un seul jour supplémentaire confiné dans cet Enclos, sans rien d’autre à voir que l’éternelle palissade, était plus qu’il ne pouvait supporter. Il fallait qu’il s’échappe d’une manière ou d’une autre, et vite. Il pouvait tenir quelques jours sans manger, mais il ne savait pas s’il résisterait très longtemps. En outre, s’il restait une chance qu’Ayla fût en vie, blessée peut-être, mais encore en vie, il devait la trouver rapidement. Il ignorait encore comment s’y prendre, mais il était décidé à ne pas s’éterniser dans ce Camp.

  Après avoir marché un moment, traversé un ruisseau en se mouillant les pieds, ils parvinrent sur les lieux des funérailles. La cérémonie fut purement formelle et vite expédiée, au point que Jondalar se demandait pourquoi Attaroa s’embarrassait de l’enterrement d’un homme dont elle s’était si peu souciée de son vivant. Jondalar n’avait pas connu le défunt, il ignorait jusqu’à son nom, il ne connaissait que les souffrances – inutiles – qu’il avait endurées. A présent, il était parti, il voyageait dans l’autre monde, enfin libéré d’Attaroa. Sans doute cela valait-il mieux que de croupir à l’intérieur d’un enclos.

  Pour courte que fut la cérémonie, les pieds de Jondalar étaient gelés à force de rester immobile dans des bottes trempées. Sur le chemin du retour il fit davantage attention en traversant le petit cours d’eau et chercha une pierre ou un passage sec. Mais en regardant où il mettait les pieds, il fit une découverte qui lui fit oublier ses précautions. Il vit deux pierres côte à côte au bord du ruisseau, qu’on aurait dit disposées exprès. L’une était un petit nodule de silex, l’autre une pierre de forme arrondie à la mesure exacte de sa main – la forme idéale pour un percuteur.

  — Ardemun, murmura-t-il à l’homme qui le suivait. Tu vois ces deux pierres ? demanda-t-il en Zelandonii en les désignant de son pied. Peux-tu les ramasser peur moi ? C’est très important.

  — C’est du silex ?

  — Oui, et je suis un tailleur de silex.

  Ardemun parut trébucher et tomba lourdement. L’invalide éprouvait quelques difficultés à se relever, et une femme armée d’une sagaie s’approcha. Elle lança un ordre à l’un des hommes qui vint aussitôt tendre la main à Ardemun. Epadoa vint voir ce qui retardait la marche du groupe. Ardemun se releva juste avant son arrivée, et se remit en route d’un air penaud sous les injures de la guerrière.

  De retour dans leur prison, Jondalar et Ardemun se dirigèrent vers le fond de l’Enclos, pour uriner derrière le tas de pierres. Quand ils revinrent sous l’auvent, Ardemun avertit les hommes que les chasseresses étaient rentrées chargées de viande de cheval, et il ajouta qu’un événement s’était produit pendant que le deuxième groupe revenait au Camp. Il n’en savait pas plus mais la chose avait provoqué un grand émoi parmi les femmes.

  Ce soir-là, on apporta de nouveau à manger et à boire aux hommes, mais aucune femme ne resta pour découper la viande. Sans un mot, elles déposèrent de gros morceaux de viande à moitié tranchés disposés sur des souches. Cette conduite inhabituelle alimenta la discussion pendant le repas.

  — Il se passe des choses étranges, commença Ebulan, qui passa au mamutoï pour que Jondalar pût comprendre. Les femmes ont reçu l’ordre de ne pas nous adresser la parole.

  — C’est ridicule, déclara Olamun. Si on apprenait quelque chose, que ferait-on de plus ?

  — Tu as raison, Olamun, dit S’Amodun. C’est ridicule, mais je suis de l’avis d’Ebulan. Je crois qu’on a interdit aux femmes de nous parler.

  — C’est le moment, dit Jondalar. Si les gardes d’Epadoa sont occupées à discuter, elles ne remarqueront rien.

  — Elles ne remarqueront pas quoi ? demanda Olamun.

  — Ardemun a réussi à ramasser un morceau de silex...

  — Ah, c’était donc ça ! s’exclama Ebulan. Je me demandais ce qui avait bien pu te faire trébucher.

  — A quoi bon un morceau de silex ? demanda Olamun. Encore faudrait-il des outils. J’ai vu comment travaillait le tailleur de silex avant qu’il meure.

  — C’est juste, mais il a aussi ramassé une pierre pour servir de percuteur, et il y a des os dans l’Enclos. Ça suffira pour fabriquer quelques couteaux et quelques pointes. C’est un bon morceau de silex.

  — Tu es tailleur de silex ? demanda Olamun.

  — Oui, mais je vais avoir besoin d’aide. Il faudra du bruit pour couvrir les chocs de la pierre.

  — A supposer qu’il fabrique des couteaux, à quoi cela sous servira-t-il ? remarqua Olamun. Les femmes ont des sagaies.

  — Eh bien, on pourra déjà couper les liens de ceux qui ont les mains attachées, répondit Ebulan. Je suis sûr qu’on trouvera facilement un jeu très bruyant. Dommage qu’il fasse presque nuit.

  — J’ai assez de lumière et je n’ai pas besoin de beaucoup de temps pour fabriquer les pointes et les outils. Demain, je travaillerai sous l’auvent où les gardes ne me verront pas. J’aurai besoin d’os et aussi de ces souches. Il me faut également une planche, mais je l’arracherai à l’auvent. Si quelqu’un avait un tendon, cela m’aiderait, mais de fines lanières de cuir feront l’affaire. Ah oui, Ardemun, tâche de me trouver des plumes quand tu seras dehors, elles me seront très utiles.<
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  Ardemun acquiesça d’un air entendu.

  — Tu as l’intention de fabriquer quelque chose qui vole ? demanda-t-il ensuite. Une sagaie de jet, peut-être ?

  — Oui, quelque chose qui vole, approuva Jondalar. Ce ne sera pas facile à façonner, et ce sera long. Mais je pense pouvoir fabriquer une arme qui vous surprendra.

  28

  Le lendemain matin, avant de commencer à travailler le bloc de silex, Jondalar entretint S’Amodun d’une idée qu’il avait eue avant de s’endormir. Le souvenir de Darvo apprenant la taille des silex dès son plus jeune âge lui était revenu et il avait pensé que les deux jeunes invalides pourraient apprendre une technique – tailler le silex, par exemple – qui leur permettrait de mener une vie utile et indépendante.

  — Avec quelqu’un comme Attaroa, crois-tu vraiment qu’on leur laissera cette chance ? demanda S’Amodun.

  — Elle accorde davantage de liberté à Ardemun qu’à personne d’autre. Elle peut en arriver à considérer que les deux garçons ne constituent plus une menace et les laisser sortir de l’Enclos plus souvent. Même Attaroa est sensible à une certaine logique, elle comprendra vite l’intérêt d’avoir de bons tailleurs de silex dans son Camp. J’ai pu me rendre compte combien les armes de ses chasseresses étaient de piètre qualité. Et qui sait ? Elle ne gardera peut-être plus sa place très longtemps.

  Le vieillard considéra le géant blond avec intérêt.

  — Saurais-tu quelque chose que j’ignore ? interrogea-t-il. En tout cas, j’encouragerai les garçons à venir te regarder travailler. Jondalar avait travaillé hors de l’auvent la nuit précédente, afin que les éclats de silex qui jaillissaient inévitablement au cours de la taille ne fussent pas accumulés autour de l’abri. Il s’était installé derrière un tas de pierres, près des lieux d’aisance, la partie de l’Enclos que les gardes surveillaient le moins, à cause de l’odeur.

  Les lames qu’il avait rapidement détachées de la gangue de pierre étaient environ quatre fois plus longues que larges, avec un bout arrondi. Ces ébauches d’outils au tranchant comme celui d’un rasoir découpaient le cuir aussi aisément que de la graisse gelée, au point qu’il fallait parfois en émousser le fil pour éviter de se blesser en les utilisant.

  Dès son réveil, Jondalar avait choisi un endroit sous l’auvent, éclairé par une fissure du plafond. Il avait ensuite découpé un morceau de cuir dans sa cape de fortune et l’avait disposé sur le sol pour recueillir les débris de silex. Entouré des deux jeunes infirmes et de plusieurs autres, il leur montra comment utiliser une pierre arrondie, ou un os, pour fabriquer des outils en silex, lesquels à leur tour serviraient à confectionner des objets en cuir, en bois ou en os. Ils prenaient soin de ne pas attirer l’attention, se levant de temps en temps pour vaquer à leurs occupations habituelles, et revenant se blottir les uns contre les autres pour se réchauffer, et cachaient ainsi Jondalar à la vue des gardes. Mais tous observaient le travail du tailleur de silex avec fascination.

  Jondalar ramassa une lame et l’examina d’un œil critique. Il avait plusieurs outils en tête, et il se demandait lequel se prêtait le mieux à la forme de ce morceau de silex. L’une des arêtes était droite, l’autre quelque peu ondulée. Il commença par émousser l’arête irrégulière en la raclant avec sa masse de pierre, mais ne toucha pas à l’autre. Ensuite, avec l’extrémité effilée d’un morceau de fémur, il écailla soigneusement l’angle arrondi jusqu’à le rendre pointu. Avec un tendon, de la glu ou de la poix, et divers objets auxquels l’attacher, il aurait pu fabriquer un manche, mais tel quel, il avait obtenu un couteau convenable.

  Pendant qu’on se passait le couteau de main en main et qu’on testait son tranchant sur le poil d’un bras ou sur du cuir, Jondalar prit une deuxième lame de silex. Au milieu, les deux arêtes se resserraient. Avec le bout noueux d’un morceau de fémur, il en pressa précautionneusement et à petits coups le bord le plus tranchant pour l’émousser légèrement, mais surtout le renforcer, confectionnant ainsi un racloir qui servirait à façonner des pièces de bois ou d’os. Il leur montra à quoi servait l’outil et le fit circuler.

  Il prit la lame suivante, et en émoussa les deux arêtes pour qu’on pût saisir facilement l’outil. Puis, de deux coups bien appliqués sur l’extrémité arrondie, il détacha deux éclats, obtenant une pointe aiguë comme un ciseau. Pour la gouverne des spectateurs, il se livra à une petite démonstration : il creusa un sillon dans la longueur d’un os et repassa plusieurs fois dedans pour l’approfondir, enlevant par là même de petits copeaux. Il leur expliqua alors comment tailler une hampe, un manche ou une pointe, qu’on polissait ensuite.

  La démonstration de Jondalar fut comme une révélation. Personne parmi les garçons, ni les hommes les plus jeunes, n’avait jamais vu de tailleur de silex à l’œuvre, et les plus vieux n’en avaient pas connu d’aussi expérimenté. La veille, dans les dernières lueurs du jour, Jondalar avait réussi à cliver une trentaine de lames dans le nodule. Le lendemain, presque tout le monde avait essayé un ou plusieurs des nouveaux outils qu’il avait fabriqués à partir de ces lames.

  Il tenta ensuite de leur décrire l’arme de chasse qu’il voulait fabriquer. Certains comprirent immédiatement, même s’ils le questionnaient invariablement sur la précision et la vitesse qu’il prétendait obtenir d’une sagaie lancée à l’aide d’un propulseur. D’autres ne semblaient pas saisir le concept.

  Dès qu’ils eurent entre leurs mains des outils, les hommes se sentirent enfin utiles. De plus, toute activité qui s’opposait à Attaroa et aux conditions misérables qu’elle leur imposait balayait le désespoir qui s’était abattu sur le Camp des Hommes et permettait aux captifs d’entrevoir la possibilité d’influer sur leur destin.

  — Epadoa sentit un changement dans l’attitude des prisonniers, et elle se douta qu’ils fomentaient quelque chose. Ils allaient d’un pas plus léger, souriaient trop souvent, mais elle eut beau les surveiller, elle ne découvrit rien de suspect. Les hommes avaient pris soin de cacher les couteaux, les racloirs, les ciseaux que Jondalar avait fabriqués, ainsi que les objets qu’ils avaient confectionnés avec, mais aussi les débris résultant de leur travail. Le moindre éclat de silex, le plus petit copeau de bois ou d’os avait été enterré sous l’auvent et recouvert d’une planche ou d’une pièce de cuir.

  Mais ce fut surtout pour les deux estropiés que la vie changea. Jondalar ne leur avait pas seulement montré comment faire les outils, il leur en avait fabriqué de spéciaux et leur expliquait comment s’en servir. Ils cessèrent de se dissimuler dans l’ombre sous l’auvent et commencèrent à fréquenter d’autres garçons plus âgés. Tous deux idolâtraient Jondalar, surtout Doban, assez grand pour profiter davantage de son enseignement, même s’il s’efforçait de cacher son admiration.

  Élevé par une femme privée de raison comme Attaroa, Ardoban s’était toujours senti à la merci de circonstances échappant à son contrôle et avait beaucoup souffert de cette impuissance. Profondément ancrée en lui, la peur que quelque chose de terrible pût lui arriver ne l’avait jamais quitté, et après l’atroce souffrance et le traumatisme terrifiant qu’il avait subis il restait convaincu que la vie ne lui apporterait que des malheurs. Il souhaitait souvent mourir. Mais d’avoir vu quelqu’un ramasser deux pierres dans une rivière, et à l’aide de ces deux seuls cailloux, de sa dextérité et de son savoir-faire, lui avoir offert la possibilité de changer son destin, marqua durablement Doban. Il n’osait pas encore le demander – il se méfiait toujours de tout le monde – mais son plus cher désir était d’apprendre à fabriquer des outils.

  Jondalar, conscient de l’intérêt du jeune garçon, aurait aimé avoir plus de silex pour commencer à lui enseigner les rudiments du métier. Ce peuple va-t-il à un Rassemblement ou une Réunion d’Été où l’on peut échanger des idées, des informations et des marchandises ? s’interrogeait-il. Cette région devait certainement posséder des tailleurs de silex susceptibles d’enseigner leur savoir à Doban. Il avait besoin d’une activité où être boiteux
n’aurait pas d’importance.

  Jondalar tailla quelques échantillons de propulseur en bois pour montrer aux hommes à quoi ressemblaient ces engins et comment les façonner. Aussitôt, plusieurs d’entre eux s’attelèrent à la tâche. Il tailla aussi des pointes de sagaie en silex, et découpa de fines lanières de cuir dans leurs peaux les plus robustes pour fixer les pointes sur les hampes. De son côté, Ardemun découvrit l’aire d’un aigle royal et rapporta d’excellentes plumes. Il ne leur manquait plus que les hampes.

  Afin d’essayer d’en tailler une avec les maigres matériaux à sa disposition, Jondalar découpa une planche longue et assez mince. Il s’en servit pour enseigner aux jeunes comment fixer la pointe et attacher les plumes, il leur montra comment tenir le propulseur et leur expliqua les techniques de jet. Mais façonner une bonne hampe à partir d’une simple planche était un travail long et fastidieux, le bois était sec et cassant, sans souplesse.

  Il lui fallait de jeunes arbres bien droits, ou des branches assez longues qu’il pût redresser, encore qu’il aurait aussi besoin de les chauffer sur un feu. Son confinement lui pesait. Si seulement il pouvait aller chercher de quoi fabriquer ses hampes ! Comment persuader Attaroa de le laisser sortir ? Le soir avant de s’endormir, lorsqu’il fit part de ses sentiments à Ebulan, l’homme le regarda d’un air bizarre, hocha la tête et se retourna sur sa couche. Cette réaction étrange surprit Jondalar, mais il l’oublia vite et sombra dans le sommeil.

  De son côté, Attaroa pensait beaucoup à Jondalar. Elle se réjouissait de la distraction qu’il lui offrirait pendant le long hiver. Elle s’imaginait déjà qu’elle le dominait, qu’il se pliait à ses volontés, et qu’elle étalait sa puissance aux yeux de tous, prouvant sa supériorité sur le beau géant blond. Quand elle en aurait terminé avec lui, elle avait d’autres projets. Elle se demandait s’il était mûr pour sortir et travailler. Epadoa lui avait fait part des changements qu’elle avait flairés dans l’Enclos, et de ses soupçons concernant l’étranger, mais elle n’avait apporté aucune preuve tangible. Peut-être était-ce le moment de séparer le Zelandonii des autres hommes. Elle songea à le renvoyer dans la cage. Ce serait un bon moyen de rendre les hommes nerveux et inquiets.

 

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