LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 76

by Jean M. Auel


  — S’Amodun des S’Armunaï souhaite la bienvenue à la Fille du Foyer du Mammouth, déclara le vieillard en tendant les deux mains. Il n’était pas le seul à accorder une grande importance au Foyer du Mammouth dans la filiation d’Ayla. Pour la plupart des S’Armunaï, cela signifiait qu’elle était l’égale de S’Armuna, Celle Qui Sert la Mère. Le Foyer du Mammouth, j’aurais dû m’en douter, songea S’Armuna.

  Mais où est donc son tatouage ? Ceux qu’on accepte au sein du Foyer du Mammouth n’étaient-ils pas tous marqués d’un tatouage ?

  — Moi enchantée connaître toi, Très Respecté S’Amodun, déclara Ayla en s’armunaï, ce qui fit sourire le vieil homme.

  — Tu as vite appris notre langue, remarqua-t-il. Mais tu viens de dire deux fois la même chose. Mon nom est Amodun. S’Amodun signifie « Très Respecté Amodun », ou « Très Honorable ». C’est un titre décerné par la seule volonté du Camp et je me demande ce que j’ai fait pour le mériter.

  Ayla le savait bien, elle.

  — Merci, S’Amodun, dit-elle en baissant les yeux.

  De près, il lui rappelait encore davantage Creb, avec ses yeux sombres et profonds, son nez proéminent, ses arcades sourcilières marquées et ses traits puissants. Elle devait se faire violence pour le regarder en face – on exigeait d’une femme du Clan qu’elle gardât les yeux baissés en présence d’un homme.

  — J’aimerais te poser une question, dit-elle en mamutoï, dont elle maîtrisait mieux la langue.

  — J’y répondrai volontiers, si je le puis, fit-il.

  — Ceux de ce Camp souhaitent qu’Epadoa paie pour tout le mal qu’elle a commis, commença-t-elle en jetant un coup d’œil aux deux garçons qui encadraient le vieillard. Ces deux là, surtout, ont beaucoup souffert part sa faute. Demain, je verrai comment je peux les soulager mais quel châtiment Epadoa mérite-t-elle pour avoir exécuté les ordres de son chef ?

  Involontairement, tous les regards se reportèrent sur le corps d’Attaroa, toujours étendu où le loup l’avait laissé, et convergèrent ensuite sur Epadoa. Droite et stoïque, la femme se tenait prête à accepter son châtiment. Au fond d’elle-même, elle avait toujours su qu’elle devrait payer un jour.

  Jondalar observa Ayla avec une sorte d’admiration teintée de respect. Il considérait que la jeune femme avait fait le juste choix. Quelle qu’eût pu être sa décision, et la conviction avec laquelle elle l’eût exprimée, les paroles d’une étrangère auraient été moins bien acceptées que le jugement de S’Amodun.

  — Epadoa devra payer pour ses actes, commença le vieillard, à la satisfaction générale et particulièrement de Cavoa et de sa mère. Mais dans ce monde et non dans l’autre. Tu avais raison de dire qu’il était temps de rompre le charme, Ayla. Il y a eu trop de violence et de mal dans ce Camp depuis trop longtemps. Les hommes ont beaucoup souffert ces dernières années, mais ce sont eux qui avaient commencé à maltraiter les femmes. Cela doit cesser.

  — Alors quel sera le châtiment d’Epadoa ? demanda la mère affligée. Quelle sera sa punition ?

  — Il n’y aura pas punition, Esadoa, mais restitution. Elle devra rendre ce qu’elle a pris, et même davantage. Elle commencera avec Doban. Quoi que la Fille du Foyer du Mammouth puisse faire pour lui, il est peu probable que Doban se rétablisse entièrement. Il souffrira toute sa vie des mauvais traitements qu’il a subis. Odevan aussi souffrira, mais il a une mère, des parents. Doban n’a pas cette chance, personne ne prendra soin de lui, personne ne s’inquiétera de lui trouver un homme capable de lui enseigner son art. J’aimerais confier cette responsabilité à Epadoa. Elle devra veiller sur lui comme si elle était sa mère. Elle ne l’aimera peut-être jamais, et il est possible qu’il la haïsse, mais quoi qu’il lui arrive, elle en sera tenue pour responsable.

  Certains témoignèrent leur assentiment. Tout le monde n’approuvait pas, mais tous admettaient que quelqu’un dût prendre soin de Doban. Tout le monde avait été témoin de son malheur, mais il était détesté lorsqu’il vivait avec Attaroa, et personne ne souhaitait s’occuper de lui. La plupart craignaient qu’en affichant leur désaccord, il leur soit demandé de lui ouvrir leur foyer.

  Ayla sourit en connaisseuse. La solution lui semblait parfaite. Même s’il devait y avoir de la haine et un manque de confiance au début, les deux exclus apprendraient peut-être à s’apprécier. Ayla avait deviné que S’Amodun ferait preuve de sagesse. La restitution était plus efficace qu’un châtiment, ce qui lui donna une idée.

  — J’aimerais faire une autre suggestion, déclara-t-elle. Ce Camp manque de réserves pour l’hiver, et je crains qu’au printemps on y souffre de la faim. Les hommes sont faibles, et ils n’ont pas chassé depuis des années. Beaucoup ont perdu leur adresse. Epadoa et les femmes qu’elle a formées sont les plus aptes de ce Camp pour l’instant. Je crois qu’il serait sage qu’elles continuent à chasser, à condition qu’elles partagent leur gibier avec tout le monde.

  Cette proposition souleva de nombreuses approbations. La perspective d’affronter la famine n’était guère réjouissante.

  — Dès que les hommes auront récupéré, et souhaiteront chasser, Epadoa devra les aider et chasser avec eux. Il n’y a qu’un moyen d’éviter la disette lorsque viendra le printemps : les hommes et les femmes doivent collaborer. Tous les Camps ont besoin de la contribution de chacun pour prospérer. Celles qui ne chassent pas, les vieillards et les malades devraient conjuguer leurs forces pour la cueillette.

  — Mais c’est l’hiver ! s’exclama une jeune Louve. Il n’y a plus rien à cueillir.

  — La nourriture est rare en hiver, c’est vrai. Et ce qui pousse exige une cueillette longue et délicate. Mais on peut trouver de quoi manger, assura Ayla.

  — Elle dit vrai, intervint Jondalar. Je l’ai vue à l’œuvre, et j’ai mangé de la nourriture qu’Ayla avait dénichée, même en hiver. Vous en avez d’ailleurs mangé ce soir même. Elle a ramassé les pignons qu’on trouve dans les pommes de pin.

  — Et les lichens que mangent les rennes sont comestibles, renchérit une vieille femme. Il suffit de savoir les cuire.

  — Il y a aussi le blé, et le millet. D’autres herbes portent encore leurs graines, dit Esadoa, et on peut les collecter.

  — Oui, mais il faut faire attention à l’ivraie, conseilla Ayla. Elle favorise parfois la croissance de parasites qui risquent d’être dangereux, et même mortels. Si un épi sent mauvais et qu’il est mal formé, c’est qu’il peut être plein d’ergot, et il ne faut pas le cueillir. Il y a des baies comestibles et des fruits sur certains buissons qu’on rencontre tout l’hiver. J’ai même trouvé un arbre qui avait encore quelques pommes. Et l’écorce intérieure de la plupart des troncs est comestible.

  — Il nous faudrait des couteaux pour la découper, dit Esadoa. Ceux que nous possédons sont émoussés.

  — Je vous en fabriquerai, promit Jondalar.

  — Tu m’apprendras à tailler des lames de silex, Zelandon ? demanda vivement Doban.

  — Oui, promit Jondalar, heureux qu’il lui posât la question. Je te montrerai comment fabriquer des couteaux, et aussi d’autres outils.

  — Moi aussi, j’aimerais en apprendre davantage, avoua Ebulan. Nous aurons besoin d’armes pour chasser.

  — Je montrerai à qui le désire. Je vous enseignerai les rudiments de la technique, promit Jondalar, mais il vous faudra plusieurs années pour acquérir le coup de main. L’année prochaine, si vous allez à la Réunion d’Été des S’Armunaï, vous rencontrerez peut-être quelqu’un pour poursuivre mon enseignement.

  Le sourire de Doban se changea en grimace. Il venait de comprendre que le géant ne resterait pas.

  — Mais je vous aiderai de mon mieux, reprit Jondalar. Nous avons dû fabriquer beaucoup d’armes de chasse pour entreprendre ce Voyage.

  — Et pour le... le bâton qui envoie les sagaies... celui qu’elle a utilisé pour te libérer ?

  La question venait d’Epadoa, et tous les regards se tournèrent vers elle. Celle qui commandait aux Louves n’avait pas encore ouvert la b
ouche, mais ce qu’elle venait de dire rappela à tout le monde le long jet précis de la sagaie qui avait tranché les liens de Jondalar lorsqu’il était suspendu au poteau. Le jet avait paru si miraculeux que personne ne pensait qu’une telle adresse pût s’acquérir.

  — Ah, le propulseur ? Oui, je montrerai comment s’en servir à ceux qui le veulent.

  — Même aux femmes ? demanda Epadoa.

  — Oui, même aux femmes. Lorsque vous saurez vous servir de bonnes armes, vous n’aurez plus besoin de descendre jusqu’à la Grande Rivière Mère pour précipiter les chevaux du haut de la falaise. Vous avez la chance de posséder le meilleur terrain de chasse que j’aie jamais vu. Ici même, près de la rivière.

  — Tu dis vrai, admit Ebulan. Je me souviens encore des chasses au mammouth. Quand j’étais jeune, on postait une sentinelle qui allumait des feux pour signaler l’arrivée du gibier.

  — Ah, je m’en doutais, fit Jondalar.

  — Le charme est en train de se rompre, constata Ayla avec un sourire satisfait en caressant Loup. Je n’entends plus l’esprit d’Attaroa. Epadoa, quand j’ai commencé à chasser, je traquais les prédateurs à quatre pattes, notamment les loups. Leurs peaux sont chaudes et font de bonnes capuches. J’admets qu’un loup menaçant doive être tué, mais tu apprendrais davantage en les observant qu’en les capturant pour manger leur chair.

  Les Louves se jetèrent des regards inquiets avec des airs coupables. Comment avait-elle deviné ? La viande de loup était interdite chez les S’Armunaï, surtout pour les femmes.

  Celle qui commandait aux Louves dévisagea la jeune étrangère d’un air perplexe. Maintenant qu’Attaroa était morte, et qu’elle savait qu’on ne la tuerait pas pour ses mauvaises actions, Epadoa se détendait. Elle était soulagée que tout fût terminé. Fascinée par la Femme Qui Ordonne, elle avait, pour lui plaire, commis des actes dont elle n’était pas fière. Sur le moment non plus, elle n’exécutait pas tous les ordres de gaieté de cœur, même si elle refusait de se l’avouer. Lorsqu’elle avait aperçu le géant pendant la chasse aux chevaux, elle avait espéré qu’en l’offrant à Attaroa, elle obtiendrait en échange la vie sauve pour un des hommes de l’Enclos.

  Elle n’avait jamais eu l’intention de faire du mal à Doban, mais elle avait craint qu’Attaroa le tue, comme elle avait tué son propre enfant, si elle refusait de l’estropier selon ses ordres. Pourquoi la Fille du Foyer du Mammouth avait-elle choisi S’Amodun plutôt qu’Esadoa pour décider de son châtiment ? Ce choix lui avait sauvé la vie. La vie dans ce Camp ne serait, certes, pas facile. On la haïssait, mais elle aurait au moins une chance de s’amender. Oui, elle s’occuperait de Doban, même s’il la détestait. Elle lui devait bien cela.

  Mais qui était donc cette Ayla ? Était-elle venue pour libérer le Camp du joug d’Attaroa comme beaucoup semblaient le penser ? Et son compagnon ? Par quelle magie les sagaies l’épargnaient-elles ? Et où ceux de l’Enclos avaient-ils trouvé leurs couteaux ? L’homme y était-il pour quelque chose ? Montaient-ils sur des chevaux parce que c’était l’animal que les Louves préféraient chasser, alors que le reste des S’Armunaï, tout comme leurs parents les Mamutoï, chassaient plutôt le mammouth ? Le loup était-il un esprit de loup, venu venger les siens ? Epadoa se jura de ne plus jamais manger la chair de cette bête, et décida de cesser de se faire appeler Louve.

  Ayla retourna à l’endroit où gisait le corps d’Attaroa et croisa le regard de S’Armuna. Celle Qui Sert la Mère avait beaucoup écouté mais peu parlé, et Ayla se souvenait de son angoisse et de ses remords. Elle s’adressa à elle en termes mesurés et amicaux.

  — S’Armuna, dit-elle, l’esprit d’Attaroa laissera ce Camp en paix, mais les habitudes ne changeront pas toutes seules. Les hommes ont réussi à s’échapper de l’Enclos – tant mieux, ils y ont gagné une fierté méritée – mais ils n’oublieront pas facilement Attaroa ni les années qu’ils ont passées enfermés comme des bêtes. Toi seule peux les aider, mais ce sera une lourde tâche.

  La vieille femme acquiesça d’un air entendu, prête à saisir la chance de réhabiliter les pouvoirs de la Mère qu’elle avait dévoyés. Elle n’en espérait pas tant. La première chose à faire serait d’enterrer Attaroa et d’en finir avec ce passé honteux. Elle s’adressa alors à la foule.

  — Il reste encore à manger, annonça-t-elle. Je vous propose de terminer ce festin tous ensemble. Il est temps de détruire les barrières qui se sont dressées entre les hommes et les femmes de ce Camp. Il est temps de partager la nourriture, le feu, la chaleur amicale de la communauté. Il est temps de reformer un peuple uni où personne n’aura plus de droits qu’un autre. Chacun apportera son talent, ses dons, et si nous contribuons tous à l’effort commun, ce Camp prospérera.

  Des murmures d’approbation saluèrent son discours. Des couples longtemps séparés se retrouvaient ; les autres se regroupaient pour partager la nourriture et le feu, et savourer la convivialité renaissante.

  — Epadoa ! Il est temps d’emporter le corps d’Attaroa et de préparer ses funérailles, dit S’Armuna lorsque la Louve se fut approchée.

  — Où doit-on la porter ? demanda la chasseresse. S’Armuna s’accorda le temps de la réflexion.

  — Emporte-la dans l’Enclos et dépose-la sous l’auvent. Que les hommes profitent du confort de son foyer pour cette nuit. Il y a de nombreux malades, nous aurons besoin de cette habitation pendant quelque temps. Sais-tu où dormir ?

  — Oui. Quand je pouvais m’échapper, j’allais au foyer d’Unavoa.

  — Eh bien, considère que tu as déménagé, si cela vous convient à toutes deux.

  — Oui, cela nous plairait, acquiesça Epadoa.

  — Plus tard, nous envisagerons une solution pour Doban.

  — Oui, nous envisagerons une solution.

  Jondalar regarda avec fierté Ayla s’éloigner en compagnie d’Epadoa et de quelques chasseresses qui portaient le cadavre d’Attaroa. Il s’étonnait de la compétence dont sa compagne venait de faire preuve. Zelandoni, elle-même, n’aurait pu montrer plus de sagesse. Il avait déjà vu Ayla prendre en main une situation, mais c’était devant un blessé ou un malade. En analysant mieux la question, il s’aperçut que les S’Armunaï étaient des blessés, eux aussi. Pas étonnant qu’Ayla ait su prendre les bonnes décisions et parler avec tant de sagesse, après tout.

  Le lendemain matin, Jondalar partit avec les chevaux récupérer le matériel qu’ils avaient mis à l’abri avant de se lancer à la recherche de Whinney. Cela lui semblait si loin qu’il prit conscience du temps qui avait passé. L’hiver était bien entamé et le chemin était encore long jusqu’au glacier.

  Le Camp avait besoin de leur soutien, et il savait qu’Ayla ne partirait pas avant d’avoir terminé sa tâche. Il avait aussi promis d’aider les S’Armunaï et il était impatient d’enseigner la technique du silex à Doban et aux autres, et d’apprendre à ceux qui le désiraient le principe du propulseur, mais il sentait une sourde angoisse monter. Ils devaient absolument parvenir au glacier avant que la fonte du printemps ne rendît sa traversée périlleuse. Et pour cela, il ne fallait plus tarder.

  S’Armuna et Ayla joignirent leurs efforts et leurs compétences afin de soigner les garçons et les hommes. Elles arrivèrent trop tard pour l’un d’eux. L’homme mourut la première nuit des suites d’une gangrène si avancée que ses deux jambes étaient déjà condamnées. Tous les autres, ou presque, avaient besoin de soins pour diverses maladies ou blessures, et tous souffraient de malnutrition. La puanteur de l’Enclos imprégnait toujours les corps et les hommes étaient d’une saleté insupportable.

  S’Armuna décida de repousser la Cérémonie du Feu. Le temps lui manquait, et le moment n’était pas propice aux cérémonies, mais elle regrettait le pouvoir bienfaisant de ce rituel. A la place, ils utilisèrent la pièce intérieure du four pour chauffer l’eau nécessaire aux bains et à la désinfection des plaies, mais le meilleur des remèdes était le repos, une nourriture saine et abondante, et la chaleur. Après les premiers soins, on fit déménager les malade
s les moins touchés et qui avaient encore soit une mère, soit une compagne, ou un parent chez qui habiter.

  Ayla était scandalisée par l’état des plus jeunes. S’Armuna elle-même était choquée. Elle n’avait pas voulu voir la dureté de leur condition. Ce soir-là, après le repas pris de nouveau en commun, Ayla et S’Armuna exposèrent les problèmes qu’elles avaient rencontrés, dressèrent un tableau général des besoins de première nécessité et répondirent aux questions. Mais la journée avait été longue et Ayla, fatiguée, se levait pour aller se reposer lorsqu’on lui posa une dernière question à propos de l’un des jeunes gens. Une femme ajouta un commentaire sur la Femme Qui Ordonne, l’accablant de tous les torts en se déchargeant de toute responsabilité. Ayla alors s’emporta et donna libre cours à la colère qu’elle avait accumulée pendant cette journée éprouvante.

  — Attaroa était autoritaire et implacable, mais aussi forte fût-elle, elle n’aurait pu lutter seule contre deux, cinq ou dix adversaires. Si vous aviez réellement voulu l’en empêcher, elle n’aurait jamais osé aller si loin. Vous êtes tous, hommes et femmes, responsables des souffrances de ces enfants. Et voilà ce que j’ai à vous dire : tous ces jeunes, ou même ces hommes, qui ont souffert si longtemps de... de cette abomination, dénonça-t-elle en essayant de se contenir, tous doivent être pris en charge par le Camp tout entier. Vous serez responsables d’eux pour le restant de leurs jours. Ils ont souffert, et par leurs souffrances, ils sont devenus les élus de Muna. Quiconque leur refusera son aide devra en répondre devant Elle.

  Sur ce, elle tourna les talons et s’en fut, suivie par Jondalar. Mais ses menaces portèrent plus qu’elle ne l’avait imaginé. Beaucoup pensaient qu’elle n’était pas une Voyageuse ordinaire, et certains voyaient en elle une incarnation de la Grande Mère Elle-même ; une munaï vivante ayant pris forme humaine, venue chercher Attaroa et libérer les hommes. Sinon, comment expliquer que les chevaux accourent à son signal ? Ou qu’un loup, énorme pour sa race, la suive partout et s’asseye à sa demande ? N’était-ce pas la Grande Terre Mère qui avait créé les incarnations des esprits des animaux ?

 

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