Moi, l'amour et autres catastrophes

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Moi, l'amour et autres catastrophes Page 26

by Karen Templeton


  Eh oui, me dis-je, c’est ainsi que fonctionnent les femmes. Nous sommes des névrosées, terrorisées à l’idée de prendre la mauvaise décision. Prenez Terrie, effrayée à l’idée de poursuivre sa relation avec Davis, mais incapable d’y mettre fin, condamnée à se sentir nulle, quoi qu’il advienne.

  Et moi, pauvre petite. Foncer dans une relation avec Nick ? Oui, possibilité intéressante, mais peu réaliste. Renouer avec Greg? Qui, que cela m’arrange ou non, provoque toujours en moi une émotion indéfinissable? Hum… Pas sûr. Oublier les deux, choix probablement le plus sage ? Non. Cela ne m’emballe pas non plus.

  Nick a raison. Nous compliquons les choses.

  Vingt minutes plus tard, nous installons une Shelby un peu plus calme dans un taxi. Debout, les bras croisés, nous suivons des yeux la voiture qui se fond au milieu de centaines d’autres en direction du nord. Terrie me donne une tape dans le dos et tend sa main ouverte.

  — Je t’avais dit qu’elle n’était pas heureuse. Maintenant file-moi cinq balles, ma vieille.

  Ce soir-là, rentrant chez moi après le boulot, je continue de ressasser les événements de la journée. Je ne crois pas que Shelby ait raison en ce qui concerne nos libertés de célibataire, même si je comprends sa réaction. Devoir m’occuper de trois enfants âgés de moins de cinq ans me flanquerait une trouille bleue. Mais j’admets aussi que j’apprécierais de ne plus jamais m’interroger sur l’avenir d’une relation. Béatitude absolue que je croyais à portée de main à peine quelques semaines plus tôt.

  Parce qu’être célibataire sans enfant n’est pas synonyme de béatitude, même si Shelby est convaincue que je suis libre comme l’air. Vraiment, j’ai choisi d’observer mon cerveau se désintégrer au quotidien dans ce job inepte et de retourner vivre chez ma mère ? Moi aussi j’éprouve une certaine confusion et, comme Shelby, j’ai la sensation que ma vie se déroule entre parenthèses.

  Mon Dieu. Ecoutez-moi. Les choses pourraient être pires, non ? Bien pires. D’accord, physiquement comme émotionnellement, je suis larguée. Mais comme le dirait Terrie : « Ma vieille, ce n’est pas avec une attitude négative que tu vas t’en sortir. »

  Alors… suis-je autorisée à dire que je suis positive sur le fait de me sentir totalement larguée ?

  Je laisse tomber mes clés sur la table du couloir et ôte mes chaussures. Personne n’est là pour me souhaiter la bienvenue mais j’entends Nonna manier bruyamment ses casseroles dans la cuisine. Geoff doit s’y trouver aussi, attentif au déroulement des opérations. Je n’ai aucune idée de l’endroit où se trouve le coq, et je m’en fiche.

  Je fais halte dans ma chambre, le temps d’enfiler un short et un débardeur avant de me rendre, pieds nus, dans la cuisine. La température n’a pas baissé d’un degré, et les ventilateurs sont toujours allumés, dans le salon comme dans la cuisine. Ma grand-mère a revêtu un grand T-shirt blanc — qui m’appartient — sur un corsaire rose vif — qui m’appartient également. Ce qui explique qu’au lieu de s’arrêter six centimètres sous le genou, le T-shirt lui arrive six centimètres au-dessus de la cheville. Les chaussures orthopédiques noires ajoutent une note d’originalité à son look.

  De ses fourneaux — comment pourrait-elle se trouver ailleurs — elle m’adresse un sourire penaud.

  — Je porte ça pendant que les habits sont dans la machine. Ça ne t’embête pas ?

  Je fais non de la tête et tends la main pour décrocher la laisse du chien suspendue dans l’un des placards.

  — Les couleurs te vont bien.

  — Tu trouves ? Oh, tu n’es pas obligée de sortir le chien, ta mamma, elle l’a emmené avant de partir.

  Geoff lui adresse un regard chagriné, comme si on venait de le priver de l’accès à son forum préféré sur le Net.

  — Elle est partie ?

  Je me verse un verre de thé glacé et me penche pour gratter la tête du chien. Tout à la contemplation de la nourriture, il se soucie à peine de ma présence, semblant craindre que ma grand-mère ne disparaisse s’il la quitte des yeux.

  — Sì, elle est sortie. Avec cet homme.

  Hé, imaginez que…

  — Quel homme ?

  — Celui elle ne parle à personne.

  Raté. Une idée me traverse l’esprit.

  — Ça ne te dérange pas qu’elle sorte avec un autre homme que papa ?

  Nonna interrompt sa mission — qui, si j’en juge la masse de nourriture disposée sur la table, consiste à nourrir tout l’Upper West Side — et me lance un regard bizarre.

  — Comme ton papa est dans la tombe depuis dix-huit ans, non. Viens, assieds-toi. Mange quand c’est chaud.

  Elle me désigne un rôti de porc, des manicotti, des spaghettis marinara, une foccacia, une salade… et Dieu sait quoi pour le dessert.

  — Nonna… Qui va manger tout ça ?

  Elle hausse les épaules.

  — Je sais jamais ce que tu auras envie, non ? Alors je pare à tout.

  Je m’assieds et me sers d’un peu de tout.

  — Dis-moi… c’est ainsi que tu cuisinais pour mon grand-père ?

  — Oh sì. A l’époque, c’était le travail des femmes, tu sais ?

  — Cela représente un boulot d’enfer.

  Elle sourit.

  — Quoi ? dis-je.

  — Une femme qui fait plaisir à son mari dans la cuisine sait qu’il lui fera plaisir dans la chambre.

  Et elle ne rougit même pas.

  — Alors, reprend-elle en piochant dans son propre dîner, tu as décidé pour Gregory ?

  Je secoue la tête.

  — Grazie a Dio. Je préfère ce Nick.

  — Qu’est-ce qui te fait croire que…

  Elle me coupe la parole.

  — Cara. Tu crois c’est un secret, la chaleur entre vous deux ?

  Moi je rougis. Nonna rit.

  — C'est juste…

  Oh et puis zut.

  — … sexuel.

  — Et c’est pas bien ?

  Je lui décoche mon plus beau regard de femme du monde.

  — Ça ne marcherait pas, Nonna.

  Elle riposte par le même genre de regard, qui ravale le mien au rang d’amateur.

  — Et tu crois que ça marcherait avec ce Greg ?

  — Je l’ai cru un jour en tout cas.

  Elle marmonne quelque chose en italien. Je ne relève pas.

  — Tu étais heureuse avec Poppa ?

  Elle me vrille du regard.

  — C'est quoi cette question ?

  — Tu étais heureuse ? As-tu jamais regretté de l’avoir épousé ?

  — C'était mariage arrangé. Je n’avais pas de choix. Je hausse les sourcils.

  — Je croyais que tu l’avais rencontré en Italie pendant la guerre ?

  — C'était un arrangement rapide.

  Elle sourit.

  — Oh !

  Elle rit.

  — Ça veut pas dire que je n’étais pas contente. Mes parents, ils ont bien choisi, ce beau soldat qui rentrait aux States deux jours après. Et Carlo était un homme bien. Bon travailleur, bon au lit…

  Elle pousse un lourd soupir, secoue la tête. Puis revient sur terre.

  — Mais sì, peut-être j’ai un regret.

  — Qui est ?

  — Que je couche avec un homme seulement. Les femmes aujourd’hui, elles peuvent — como si dice ? — faire leur marché, non ? Je me plains pas, capisci ? Ton grand-père, il comprenait ce qui rend une femme heureuse. Quoi faire pour qu’elle l’accueille dans ses bras, soir après soir. Mais ça aurait été bien de savoir comme était le sexe avec un autre homme. Mais maintenant, trop tard,

  Ses épaules se haussent, retombent.

  — Qui voudrait de moi ?

  Je ris, la conversation devrait en rester là. Mais une autre pensée me titille.

  — Comment Nedra et toi avez-vous réussi à vous entendre si bien toutes ces années ? Vous êtes si différentes.

  Nonna se lève pour mettre davantage de sauce sur ses manicotti.

  — C'est parce que no
us sommes différentes que nous pouvons vivre ensemble.

  Elle me sourit largement par-dessus son épaule.

  — Pour commencer, pas de dispute pour savoir qui fait la cuisine, non ?

  — Ça, c’est vrai.

  La cuisine n’a jamais été le point fort de ma mère.

  Nonna regagne la table.

  — J’admire ta mère. Même si j’ai peur pour le salut de son âme.

  Il faut connaître ma grand-mère pour comprendre la profondeur de l’amour que recouvrent ces mots. Catholique de la vieille école, Nonna s’inquiète de l’âme juive de ma mère. Assez pour, trente ans plus tard, continuer d’espérer que Nedra voie un jour la lumière. Il est évidemment plus probable qu’on canonise un jour un membre de la mafia.

  — Tu l’admires ?

  Ses sourcils jumeaux se haussent.

  — Ne sois pas surprise, cara. Il y a beaucoup de bien chez ta mère. D’abord, je ne vois jamais mon Leo si heureux que quand il est avec Nedra. Et elle est une femme qui sait qui elle est, qui suit son cœur…

  Hum. Encore cette phrase.

  — ... C'est admirable, non ?

  — Mais sa manie de toujours batailler pour des causes perdues…

  Je secoue la tête.

  — … Pourquoi faut-il toujours qu’elle choisisse la difficulté ?

  Nonna penche la tête vers moi.

  — Et c’est mal de se battre pour ceux qui ne peuvent pas ? Avoir le courage d’être une des gouttes d’eau qui finiront par détruire le rocher ?

  D’accord, vu sous cet angle…

  — Non bien sûr ce n’est pas mal… mais où veux-tu en venir ?

  — Pour dire, cara, que plus de femmes devraient en avoir comme elle.

  J’éclate de rire. A l’autre bout de la table, Nonna fronce les sourcils.

  — Quoi ? dis-je.

  — Tu lui ressembles beaucoup, je pense.

  — Quoi?

  — Verissimo. C'est pour ça, vous deux vous vous disputez beaucoup.

  — Nonna, ne le prends pas mal, mais c’est idiot. Nous n’avons rien de commun. Nous nous disputons beaucoup parce que rien ne nous rapproche.

  — Non, non… vous vous disputez parce que toi et ta mère, vous êtes des femmes fortes. Des femmes têtues. Ta mère, elle est une têtue pour se battre pour les choses qu'elle croit, sì? Mais toi, tu es une têtue pour te battre contre qui tu es vraiment.

  — Qu’est-ce qui peut bien te faire dire ça ?

  — Toutes ces années je connais ta mère, même après ton papa meurt, elle est heureuse. Elle est contente. Elle s’assied pas dans un coin à attendre que la vie passe. Elle agit, elle cherche la vie. Elle se sent bien d’être elle. Mais toi ?

  Un soupir s’échappe de ses lèvres.

  — Tu t’occupes, sì, avec ton travail et tes amis, mais je ne vois pas le bonheur chez toi. Tu ne cherches pas la vie. Tu fuis la vie.

  Je dois être trop choquée pour être en colère.

  — Je fuis la vie? Alors que j'ai lutté pour surmonter tout ce qui m’est arrivé ces dernières semaines ? Moi non plus je ne suis pas restée assise dans un coin.

  Ses yeux sombres plongent à travers moi.

  — Seulement parce que la vie te force. Mais au lieu d’embrasser la vie, tu essaies de revenir dans le coin, dans les murs que tu connais, où tu es en sécurité.

  Elle fait la moue.

  — Je te mets en colère.

  — Non.

  Mais ma main est crispée sur mon assiette.

  — Ginger, cara…

  Nonna prend mon poing et le caresse avec douceur jusqu’à ce qu’il s’ouvre.

  — … Je t’ai observée beaucoup d’années. Je vois comment tu essaies de ne pas être comme ta mère, depuis que tu es petite fille. Mais tu essaies trop dur, tu vois ? C'est comme tu, hum, décides qui c'est tu devrais être, au lieu de trouver qui tu es vraiment.

  Elle lâche ma main et reprend son repas.

  — … Quand tu ramènes à la maison ce Greg, je pense, il est pas un homme pour toi. Il est bien, oui, mais pas assez pour toi. Et j’ai raison, sì? Pas venir au mariage… pah! Je ne sais pas ce qu’il veut maintenant, pourquoi il revient, mais c’est pas bien. Crois-moi.

  Elle tape sa main sur sa cuisse et se lève de table.

  — Tu veux des cannolli ?

  Ça alors. Du plus loin que je me souvienne, c’est le plus long discours que m’ait tenu ma grand-mère. En plus de ses problèmes auditifs, elle parle l’anglais avec effort et n’est pas portée sur les longs discours dans cette langue. Qu’elle se soit forcée à en dire autant exprime assez ses sentiments sur le sujet. Immobile, je tente de reprendre mon souffle.

  Après ce que j’ai subi ces derniers temps, entendre ma grand-mère prétendre que je ressemble à ma mère est la dernière chose dont j’aie besoin. Vous avez déjà entendu une absurdité pareille ? Oui, peut-être ai-je délibérément choisi un chemin opposé à celui de ma mère. Mais il existe une raison à cela. Et toutes les décisions que j’ai prises, concernant ma carrière, mon style de vie, ou même Greg, résultaient d’un désir réel de ma part. Mince, jamais je n’ai agi sur un coup de tête. Au contraire de Nedra qui agit d’abord et réfléchit ensuite.

  Et non, je ne compte pas l’épisode Nick, donc vous ne pouvez pas le compter non plus.

  Evidemment, Nonna n’a peut-être pas tort quand elle dit que je suis malheureuse. Encore que le terme soit trop fort. Mon malaise n’est pas causé par… Comment a-t-elle dit déjà? Mon refus de ressembler à ma mère? Qu’est-ce que cela signifie d’ailleurs ? Que je réprime des tendances communistes latentes ? Que je trouverais la paix et un sens à ma vie dans un piquet de grève, brandissant une pancarte et criant des obscénités à des hommes aux cheveux grisonnants habillés par Brooks Brothers ?

  Je ne crois pas.

  Un cannoli tout frais atterrit devant moi. Je marmonne un merci et entreprends de le dévorer, goûtant la crème fouettée qui se glisse entre ma langue et mon palais. Sentant la main de Nonna dans mes cheveux, je lève les yeux.

  — Ta mère, elle t’aime beaucoup. Et elle s’inquiète pour toi beaucoup. Sì, elle s’inquiète, ne fais pas la tête. Tu regardes dans ses yeux, tu verras.

  Après le dîner, je menace ma grand-mère de représailles corporelles si elle ne me laisse pas nettoyer la cuisine. Elle et le chien se réfugient dans sa chambre pour regarder la télé. Je remplis une douzaine de boîtes de plastique que je range dans le frigo, lave la vaisselle, puis gagne ma chambre, pour lire par exemple.

  Nedra a déplacé le classeur dans la chambre vide voisine, aussi ai-je récupéré de l’espace. Je l’ai rempli de nouvelles étagères et des livres épargnés par l’incendie, mais l’ensemble ne me satisfait pas. Ce n’est pas comme à la maison.

  Où que se trouve ma maison.

  Sans pouvoir expliquer pourquoi, j’extrais de sous ma lingerie neuve la boîte Tiffany qui renferme la bague. Geoff fait son entrée au moment où je m’installe sur le lit. Il pose sa truffe sur la couverture et gémit. Je le hisse à côté de moi et lui exhibe la bague. Il semble assez intéressé. Jusqu’à ce qu’il découvre qu’elle n’est pas comestible. Alors il s’étend en haletant contre mon genou.

  — Je suppose que je pourrais la vendre, dis-je au chien.

  Je l’ai fait estimer au moment de l’assurer. Je n’en tirerais pas beaucoup, j’imagine, mais assez pour me sortir d’ici.

  Mais je ne sais pas pourquoi, cela me gêne.

  Geoff grogne.

  — Je sais. Je devrais la rendre à Greg, tu ne crois pas?

  Mais cela ne semble pas la bonne solution non plus.

  J’entends plusieurs serrures se déverrouiller. Quelques minutes plus tard, ma mère, vêtue d’un caftan noir et rouge qu’elle portait, je crois, pour ma remise de diplôme au lycée, s’arrête sur le pas de la porte.

  — Tu rentres de bonne heure, dis-je.

  Elle sourit.

  — Ce n’était qu’un dîner. Et non, tu ne me tireras pas les vers du nez.

 
Zut.

  — Dis-moi une seule chose : est-ce que je le connais?

  — Je ne répondrais pas à cette question.

  — Oh allez, Nedra…

  — Ginger ? Ce sont mes affaires, pas les tiennes.

  Je ne peux pas prétendre le contraire.

  A ma propre surprise, je tapote l’espace à côté de moi sur le lit. Et, fait encore plus surprenant, Nedra répond à mon invitation. Geoff, lui, s’en fiche.

  Le sommier grince sous son poids quand elle s’assied. J’intercepte un effluve de parfum de luxe. Est-ce lui qui le lui a offert ? Je ne me souviens pas que Nedra ait jamais porté du parfum auparavant.

  Elle désigne du menton la bague dans l’écrin que je tiens toujours dans ma main.

  — Tu n’envisages pas de porter de nouveau ce truc affreux, j’espère ?

  Je ne peux m’empêcher de rire.

  — La porter a augmenté le diamètre de mon biceps gauche de plus de deux centimètres…

  En contemplant la bague, mon rire s’éteint. Elle est vraiment jolie, dans le genre prétentieux.

  — … Non. Mais je dois décider de ce que je vais en faire.

  Nedra croise les bras.

  — Un refuge pour femmes battues de ma connaissance aurait l’usage d’un don.

  — Ta fille aussi. Mais…

  Je referme la boîte d’un coup sec et la pose sur la table de nuit.

  — … cette bague ne m’appartient pas, je ne peux pas la vendre.

  — En toute logique, si.

  — Eh bien, madame savoir-vivre, je ne me sens pas le droit de le faire. En fait, j’envisage de la rendre à Greg. A propos de restituer les choses à qui de droit… Que devient Sa Majesté Emplumée dans l’autre chambre ? Tu as eu des nouvelles des Ortiz, récemment ?

  Nedra s’affaire à lisser sa robe sur ses genoux.

  Oh, non.

  — Je les ai appelés, mais le numéro que Manny Ortiz m’a donné est hors service. Que suis-je censée faire ? Je n’ai aucune idée d’où il se trouve. Je… je ne crois pas qu’ils reviendront.

 

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