– Dis-moi ! amorça Sarras, un peu gêné. Et si Caramany n'était pas innocent ?
– Pourquoi dis-tu cela ? répondit le major presque contrarié.
– Parce que tout le monde a un jardin secret, des histoires de jeunesse peu reluisantes. Enfin tu sais bien, quoi ! Tous les jours, nous en sommes témoins dans notre travail. Le lieutenant peut être gentil vu de l'extérieur et avoir une libido complètement perturbée !
– Ecoute-moi bien, dit Léognan sur un ton catégorique, je me refuse à croire que Caramany puisse être un dangereux criminel sexuel. D'une part, il me semble tout à fait bien dans sa peau et, d'autre part, il a un physique qui lui permettrait sans aucune violence d'emballer n'importe quelle top model de la capitale !
– Je sais tout ça, Victor. Mais ils ont trouvé des preuves ! argumenta Sarras.
– Enfin, de quoi me parles-tu ? Lâche le morceau, qu'on en finisse !
– Eh bien, voilà ! Lorsque j'étais dans le bureau du rez-de-chaussée en train de terminer la procédure concernant l'amoureux du fer à repasser, le commissaire adjoint Le Taillan est venu me voir. Il cherchait le registre de garde à vue pour le contrôler.
– Et alors ? demanda Léognan soudainement très intéressé.
– Eh bien, la victime est déjà passée par chez nous, dévoila Yvan Sarras. Elle se nomme Mélanie Bouzy.
– Ce nom ne me dit rien du tout ! avoua le major de police.
– C'était il y a dix mois, j'ai fait des recherches car le commissaire stagiaire m'a demandé une copie de la procédure. Elle était chez nous pour prostitution. Elle s'était fait pincer alors qu'elle taillait une pipe dans une voiture. Regarde par toi-même, lança Yvan Sarras en déposant sur le bureau de son collègue une liasse de papiers.
Les gros doigts du major saisirent la copie de la procédure. Il commença à l'éplucher.
– Une plainte d'une pute, ça ne tient jamais la route ! La parole d'un policier pèsera toujours plus dans la balance, rétorqua Léognan refusant de lire en détail les procès-verbaux.
– Je l'espère ! ajouta son adjoint. Le problème est que le lieutenant a déclaré ne pas connaître cette personne, alors que la garde à vue est signée de sa main. La découverte de cette procédure contredit donc ses déclarations !
Les deux hommes restèrent perplexes. La nuit était tombée. Dans le commissariat déserté, restés seuls dans leur bureau, ils mêlaient leurs certitudes et leurs craintes pour trouver une explication logique et cohérente au comportement de leur officier. La pluie ne cessait de frapper aux carreaux des fenêtres et brouillait les lumières de la ville. L'horloge biologique du major Léognan, raccordée à un mécanisme intimement lié à son estomac, lui rappela l'heure du dîner.
– Bon ! Je crois qu'il faut attendre le retour du commissaire Saint Hilaire. Il est tard, on devrait rentrer chacun chez soi, suggéra-t-il.
– Ne crois-tu pas que nous devrions rechercher cette Mélanie Bouzy ? insista Sarras qui ne voulait pas lâcher le morceau.
– Tu veux interférer dans une enquête des bœuf-carottes ? s'enquit le major, plus prompt aux bons sentiments qu'à des actions téméraires.
– Pourquoi pas ? répliqua sérieusement son collègue en lançant un regard perçant. On se met à enquêter sur cette gonzesse. On trouve où elle se planque et...
– ... et on l'interroge au fond d'une cave pour obtenir toute la vérité, rien que la vérité, enchaîna le préretraité, très peu pour moi ! Merci ! Et je te déconseille de te lancer sur ses traces. Si quelqu'un l'apprend, tu peux dire adieu à ta carte de poulet ! Merci pour la visite, la sortie c'est par ici ! dit-il en désignant la porte.
Un volet claqua dans le bureau du lieutenant Caramany. Le vent redoublait de force dans un sifflement digne d'une tempête. Le major Léognan se leva difficilement de son siège, et se dirigea lentement vers le bureau de son supérieur.
– Restons-en là, si tu veux bien ! Nous devons aider Caramany mais en respectant les règles du jeu.
Il pénétra dans la pièce vide éclairée par la seule lumière du couloir. Il faillit perdre l'équilibre en marchant sur une pile de dossiers laissés au sol.
– C'est tout notre intérêt ! Demain nous ferons ce que dira Saint Hilaire, ajouta-t-il en élevant la voix pour être entendu de son adjoint.
Sarras le suivait.
– Comme tu veux ! C'est toi le chef. Mais je ne voudrais pas qu'on pense que les policiers du quartier Saint-Georges ont abandonné l'un des leurs !
– Tu n'abandonnes personne, Yvan ! dit Victor Léognan en tirant sur la poignée de la fenêtre.
Le vent s'engouffra dans la pièce. Sarras, à l'extrémité du bureau, vit s'envoler des papiers de toute part, tout en ressentant l'humidité envahir l'espace. Il recula d'un pas. Léognan se débattait avec les éléments comme un capitaine de vaisseau face à l'ouragan. Le volet, porté par une bourrasque, claqua une nouvelle fois. Le major eut tout juste le temps de mettre son bras gauche en protection pour éviter le KO. Alors que son poids aurait dû l'empêcher de se pencher plus en avant pour attraper le volet rendu fou par l'orage, avec la dextérité d'un éléphant de mer montant sur une plaque de glace, le policier réussit à s'appuyer sur la rambarde rouillée et détrempée et à immobiliser le pan de bois furieux. La pluie était glacée sur le corps de Léognan. Sarras, spectateur abrité et circonspect, regardait son supérieur retenir le volet sous ce torrent d'eau. Par politesse, il proposa son aide.
– Tu veux un coup de main ?
Léognan restait silencieux et semblait ne pas se presser malgré les intempéries. Son second ne pouvait pas comprendre cette douche prolongée. Pour un homme de bureau qui rechignait la plupart du temps à quitter son fauteuil, il faisait preuve d'une grande témérité. Quand la masse imposante de son dos se releva enfin, il se retourna dans la semi-pénombre du bureau sans prendre le soin de refermer la fenêtre. La pluie continuait de l'asperger sans que cela paraisse le gêner. Ses cheveux ruisselaient. L'eau coulait de son menton jusque dans le creux de sa chemise détrempée, sa moustache dégoulinait. C'était sans importance à côté de ce qu'il venait de découvrir et montrait à son adjoint. Le visage de Sarras se figea. Le poing serré, Victor Léognan tenait le cordage servant à immobiliser le volet contre le mur. A l'extrémité, pendait un couteau de cuisine ensanglanté.
– Ce n'est pas moi qui vais avoir besoin d'un coup de main ! lâcha enfin le major.
Chapitre Quatre
Caramany ne laissait rien transparaître de l'inquiétude qui le rongeait. Sous les traits figés de son visage, seul le mouvement saccadé de ses pupilles trahissait un intense remue-méninges. Assis au fond de son siège en cuir marron, il était le témoin forcé et impuissant de la perquisition que perpétrait l'Inspection générale des services à son domicile. Que pouvait-il dire de plus pour sa défense ? Il ne se souvenait pas d'avoir auditionné de prostituée portant le nom de Mélanie Bouzy. Lorsque le commissaire stagiaire Le Taillan était entré dans le bureau pour lui glisser sous les yeux une procédure judiciaire portant sa propre signature et diligentée à l'encontre de cette inconnue, il était tombé des nues. Le lieutenant de police traitait tellement de procédures à la fois. Il lui était impossible de se souvenir de tous les mis en cause ayant fréquenté sa chaise d'interrogatoire. Ce qui le frappait le plus, c'était son incapacité à se rappeler la morphologie de cette femme, malgré une très bonne mémoire visuelle qui, généralement, ne lui faisait jamais défaut. Lorsque le commissaire Wuenheim lui avait présenté la photographie de la plaignante, les traits de ce visage auraient dû déclencher en lui quelques souvenirs. Il était physionomiste et n'imaginait pas pouvoir oublier quelqu'un rencontré dans le cadre de son travail. Pourtant les preuves étaient là. Accablantes et indiscutables. Nier cette évidence ne pourrait que jouer en sa défaveur.
Il assistait donc au démontage méticuleux de son appartement par les fonctionnaires de l'I.G.S., aidés dans leur tâche par les policiers de l'Identité judiciaire. Ces derniers effectuaient des prélèvements sur les moquettes, au fond du bac
de la douche et dans tous les endroits susceptibles d'avoir retenus des traces biologiques de la plaignante. Un photographe prenait de nombreux clichés de chaque pièce.
Perché au neuvième et dernier étage de son immeuble, l'appartement de Caramany était constitué de quatre chambres de bonne, rassemblées par un couloir central. La pagaille qui régnait à l'intérieur n'était pas sans rappeler celle qui avait dévasté le bureau du policier. Les tiroirs étaient sortis de la commode ; les livres de la bibliothèque jonchaient le parquet usé. Seul un cactus, en forme de phallus, trônait encore fièrement sur le téléviseur. Une jeune femme, portant un gilet noir avec les initiales « I.J. » en lettres jaune fluorescent, vint s'accroupir devant le lieutenant. Ses cheveux noirs étaient négligemment enroulés en chignon. Elle sembla gênée par ce qu'elle devait annoncer. Caramany ne risquait pas de lui sourire.
– Excusez-moi, lieutenant.
Elle se racla la gorge :
– Vous savez pour la procédure... Le commissaire Wuenheim a demandé à ce que je fasse une détection de poudre sur vos mains.
Voilà qu'on le soupçonnait maintenant d'avoir utilisé une arme à feu ! Wuenheim ne laissait décidemment rien au hasard. Il étudiait toutes les pistes pour trouver celle qui le mènerait à la solution finale. Caramany qui n'avait aucune animosité envers la jeune enquêtrice, lui tendit ses deux mains, les paumes ouvertes comme s'il invoquait un dieu improbable en ces circonstances.
– Si vous trouvez la moindre trace de poudre à canon, je veux bien qu'on me coupe la tête sur-le-champ !, adressa-t-il à l'intention de la policière.
Elle lui fit son plus beau sourire, même si celui-ci n'était pas des plus jolis. A l'extérieur, la tempête redoublait. La pluie percutait le toit de plein fouet, et résonnait de toutes parts dans l'appartement abrité dans la charpente de l'édifice, au point que les enquêteurs devaient forcer leur voix pour se faire entendre.
Le commissaire divisionnaire Wuenheim apparut dans l'encadrement de la porte. Caramany l'agressa aussitôt.
– Alors, commissaire, avez-vous trouvé des cadavres dans mes placards ? Combien de petites culottes découvertes sous mon matelas ? ironisa-t-il.
– Riez, lieutenant ! Lorsque vous vous retrouverez devant un juge d'instruction qui vous notifiera votre placement en détention provisoire, nous verrons qui des deux plaisantera !
Poncey pénétra à son tour dans le salon et rajouta :
– Je me ferai un plaisir de t'escorter personnellement jusque dans ta cellule !
Caramany ferma ses poings, prêt à en découdre. La jeune policière amorça un mouvement de recul.
– Tant qu'à être inculpé de viol, je m'expose aussi à être condamné pour violence sur agent de la force publique ! menaça Caramany.
La faible sonnerie du téléphone du commissaire retentit dans la pièce. Il fit un geste de la main en direction de Poncey pour ne pas répondre aux provocations de leur gardé à vue.
– Commissaire Wuenheim, j'écoute, dit-il en reprenant une voix sereine propre à son statut de directeur de service.
– C'est fini pour moi ! dit la fonctionnaire de l'Identité judiciaire. Je vous remercie lieutenant, ajouta-t-elle respectueusement.
Caramany lui décerna enfin un sourire forcé. Son regard restait cependant fixé sur le commissaire.
– Bonjour, monsieur Saint Hilaire ! Veuillez excuser mes méthodes, dit-il sournoisement, mais j'ai appris que vous vous trouviez en Italie. Je comptais vous aviser de cette affaire dès votre retour.
Une lueur d'espoir traversa le visage de Caramany. Enfin, une personne s'interposait entre lui et Wuenheim. Saint Hilaire pouvait être sa bouée de sauvetage. Ils se connaissaient maintenant très bien et avaient chacun appris à respecter le travail de l'autre. Le lieutenant était persuadé que son chef saurait faire la lumière dans cet imbroglio d'éléments qui jouaient pour l'instant en sa défaveur. Il s'immobilisa pour faire grincer le moins possible son fauteuil en cuir, et tendit l'oreille.
– C'est exact, et je m'en expliquerai s'il le faut. Mais je devais agir vite ! C'est une affaire très grave, vous savez ?
Wuenheim ne semblait pas à l'aise. Si ses paroles étaient fermes et menaçantes, son visage reflétait un manque d'assurance, une gêne d'avoir à rendre des comptes. Pierre Caramany pensa que Saint Hilaire devait être en train de passer une « soufflante » à son collègue commissaire. Mais le bruit de la pluie sur les tuiles l'empêchait d'entendre la voix de son patron, tandis que le capitaine Poncey, curieux de nature, se rapprochait furtivement de son chef pour décrypter la conversation.
– Nous sommes dans une affaire criminelle. Malgré tout le respect que je peux avoir pour votre personne, je ne peux accéder à votre demande, répondit le directeur de l'I.G.S., intraitable.
La bagarre ne serait pas facile. Wuenheim ne voulait rien lâcher. Caramany gardait pourtant espoir.
– Vous devriez attendre les premiers résultats de mon enquête avant de ruer dans les brancards. Je me trouve actuellement dans l'appartement de Caramany, et tout semble le désigner comme l'auteur du viol, accusa déjà le commissaire divisionnaire.
Le lieutenant se redressa sur ses deux jambes. Poncey fit un pas en avant. Il plaqua la main droite sur le torse de l'accusé pour l'empêcher d'aller plus loin. Wuenheim l'avait déjà jugé coupable. Il n'enquêtait pas à charge et à décharge. Les dés étaient pipés. Caramany aurait voulu enjamber la table basse de son salon pour se saisir du téléphone portable. Il en fut dissuadé par l'entrée d'un second policier accompagné du commissaire stagiaire Le Taillan. Le commissaire divisionnaire voulut en finir au plus vite.
– Commissaire Saint Hilaire, je suis à votre disposition mais pour l'instant vous devez me laisser poursuivre mon enquête.
Puis il mit fin à cette vaine discussion :
– Bon voyage, commissaire !
Les personnes présentes dans la pièce entendirent alors la voix du commissaire Saint Hilaire hurler dans l'appareil téléphonique :
– Wuenheim !
Ce dernier hésita à raccrocher.
– Allô ! Allô ?
La communication avait été coupée. Il sourit, pas malheureux de s'être débarrassé d'une telle corvée.
***
Au fond d'un bar aux vitres fumées, assis l'un en face de l'autre sur des banquettes rouges, les deux collègues de bureau, Victor Léognan et Yvan Sarras, attaquaient leur troisième verre de whisky. Le major, bien que perturbé par sa découverte, engouffrait d'énormes tartines de rillettes entre deux gorgées d'alcool écossais. Il s'était changé pour revêtir un pull à col roulé noir. La bouche pleine, il mâchait bruyamment son pain. Incapable de manger, les coudes sur la table, Sarras serrait son verre de whisky à hauteur des yeux, en restant silencieux.
– Nous risquons de graves ennuis à dissimuler cette preuve, marmonna Léognan. Je peux dire adieu à mes galons de major si quelqu'un vient à apprendre ce que nous avons fait !
– Je n'arrive pas à y croire... Caramany, un criminel !
Le subalterne fixait le contenu de son verre tout en réfléchissant. La salle de bar était déserte. Seul le patron, derrière son comptoir, lavait encore quelques verres. Amy Winehouse laissait planer une douce mélodie rétro dans le bar, au travers de quatre enceintes fixées aux poutres du plafond.
– Dans ma carrière, des tordus, j'en ai vus plus d'un ! lança le presque retraité. Mais celui-là, il va rentrer directement à la première place du classement.
– Je te signale qu'il y a moins d'une heure, c'est toi qui le défendais bec et ongles, rétorqua le gardien de la paix.
Son collègue but cul sec sa boisson sans même en apprécier le contenu. Il fit un signe au patron du café.
– C'est faux ! J'étudiais seulement toutes les possibilités. Il était quand même légitime de commencer par le croire innocent.
Léognan s'arrêta un bref instant. Le vieux Berbère qui tenait l'établissement depuis vingt-six ans, obéissait au doigt et à l'œil. Il resservit ses deux convives et se retira. L'homme de méti
er respectait les usages : debout au comptoir, le policier désirait parler, voire obtenir des renseignements ; assis au fond du bistrot, le policier voulait être discret et tranquille. Sarras se rapprocha de son partenaire en penchant son torse sur la table.
– En tout cas, nous savons maintenant que la pute ne doit plus être de ce monde, chuchota-t-il.
Le major acquiesça, tout en avalant une nouvelle tartine de rillettes. Sarras enchaîna :
– Nous devons maintenant connaître les raisons qui l'ont conduit à un tel acte !
– Ce n'est plus de notre ressort, Yvan ! intima le supérieur. Demain, nous attendrons l'arrivée de Saint Hilaire et nous ferons semblant de tomber sur le couteau pendu au fil à linge du volet.
– Tu l'as bien rattaché ? interrogea Sarras.
– Bien entendu ! Par contre, ils ne sont pas près de trouver des empreintes. Parce qu'en effaçant les miennes, j'ai aussi enlevé celles du meurtrier.
– Il reste toujours le sang.
– Sauf que la cour intérieure est une grande machine à laver depuis plus de cinq heures ! Il n'en restera sûrement aucune trace demain matin.
La porte d'entrée claqua. Une bourrasque de vent les atteignit. La pluie continuait à déferler sur Pigalle. Une femme pénétra dans le bar. Démunie de parapluie, elle était entièrement trempée. Son léger pardessus rose ne lui avait été d'aucune utilité sous les torrents d'eau qui dévalaient des toits parisiens.
– Tiens, le travelo du bas de la rue des Martyrs ! nota Sarras.
Le patron fit un signe de la tête au nouveau venu pour le dissuader de se diriger vers les deux hommes. Il comprit, sans poser de questions, l'intérêt de rester éloigné des policiers, et d'une manière féminine, se haussa alors sur un tabouret de comptoir et alluma une cigarette.
Le gardien de la paix baissa encore un peu plus la voix :
– Il avait sûrement une bonne raison de la zigouiller ! reprit Sarras, qui ne voulait pas en démordre.
– C'est sûr ! Caramany n'a pas la tête du sérial killer qui prend du plaisir à égorger ses victimes, confirma le major. Il devait avoir un motif légitime pour en venir à s'en débarrasser.
CHASSES À L'HOMME Page 4