– Prête ? lança-t-il à destination du médecin légiste.
Elle renifla une fois puis lui fit signe de la tête. Il tira avec force sur la poignée. Le cadavre de Caramany réapparut. Eve le scruta avec attention. Elle cherchait à détecter si une partie du couteau dissimulé ne dépassait pas de sous le corps. Une certaine tension la secoua de légers spasmes que les deux policiers mirent sur le compte de la découverte du meurtrier de sa mère. Sarras regardait toujours la jeune femme, plus intéressé par ses formes que par le corps sans vie qui lui était présenté.
– Alors ? interrogea Le Taillan, pour détourner le gardien de la paix de ses fantasmes.
Le policier baissa la tête.
– C'est bien lui ! dit-il simplement.
Lui aussi paraissait perturbé. La vue de son ancien collègue semblait lui rappeler qu'il exerçait un métier dangereux.
– C'est bizarre ! murmura le commissaire stagiaire. J'ai assisté personnellement à l'autopsie et je ne me souviens pas avoir vu votre collègue pratiquer une ouverture au niveau de la gorge ! dit-il à l'attention d'Eve.
La jeune femme semblait embarrassée. Pourtant elle répondit du tac au tac.
– Cela n'a rien d'étonnant. Les causes de la mort étant plus que faciles à déterminer, le médecin légiste qui vous a accompagné a peut-être oublié un prélèvement obligatoire. Il sera revenu un peu plus tard pour l'effectuer..., proposa-t-elle avec aplomb.
Les deux hommes parurent gober l'excuse inventée en un temps record par la jeune femme. Pour ne pas avoir à en dire plus, Eve sortit un mouchoir en papier de sa poche et le porta à ses yeux. Lorsqu'elle releva la tête, son regard rencontra celui de Sarras. L'enquêteur au crâne rasé semblait lui porter un vif intérêt. Elle fit comme si elle ne le remarquait pas.
– Monsieur le commissaire, dit-elle de sa voix la plus douce, avez-vous fini ?
– Eh bien, je crois qu'il n'y a aucune ambiguïté ! Il ne me reste plus qu'à faire signer mon procès-verbal à monsieur Sarras, répondit-il en repoussant le tiroir dans le mur.
Sous prétexte de se recueillir devant le corps de sa mère, Eve demanda à rester seule. Les deux hommes adoptèrent une expression grave comme l'auraient fait deux croque-morts et se retirèrent de la pièce, non sans avoir présenté leurs condoléances à la jeune femme. Une fois seule, elle retira le couteau encore caché sous le corps de Caramany et le glissa dans son sac. En fouillant dans les placards de la salle, elle trouva le matériel nécessaire pour recoudre l'entaille qu'elle venait de réaliser sur le cou du policier. Les traces de son passage ainsi effacées, il ne lui restait plus qu'à quitter discrètement l'Institut médico-légal. Son père serait probablement surpris de ses découvertes. Mais en dissimulant autant de nouveaux indices à son fiancé, elle prenait le risque de détériorer leur relation. Si son père n'avait pas été aussi catégorique, elle aurait couru rejoindre son bien-aimé pour l'en informer. Pourtant, elle décida de respecter les consignes du commissaire Saint Hilaire. La soirée était déjà bien avancée, elle ne pouvait plus rien faire pour le moment. Elle décida qu'il était temps de rentrer. Plutôt que d'aller chez elle, elle préféra retourner chez Michel Wuenheim. Maintenant, elle allait devoir affronter ses propres cauchemars. S'endormir seule l'effrayait. Une présence à ses côtés ne serait pas de trop.
Chapitre Treize
Saint Hilaire avait radicalement changé de look. Dans la garde-robe de Troplong, il avait opté pour une grande veste kaki. Grâce à une capuche bordée de fourrure, il réussissait à dissimuler son visage aux caméras qui surveillaient les couloirs du métro. Il avait préféré laisser l'arme du capitaine Poncey dans la soupière du mage pour éviter tout incident, en cas de contrôle d'identité fortuit dans la rue. Comme à son habitude, son pas était rapide et décidé. Pour la première fois, la chance venait de lui sourire. Le destin, qui ne l'avait pas épargné depuis son retour à Paris, semblait s'éclaircir enfin, tout comme les conditions climatiques.
Les ressources du cerveau humain l'avaient toujours étonné. Sans en être conscient, son esprit avait analysé chaque détail de la salle d'attente de son ami, enregistrant toutes les photographies des journaux mis à disposition des clients sur la table basse. Un long travail de comparaison s'était alors mis en place dans les méninges du policier. Chaque image avait été décortiquée puis analysée. Le résultat ne s'était pas fait attendre. Sur la couverture d'un magazine people, le portrait de Monica Scalzo s'affichait gracieusement. L'annonceur était une agence de location de mannequins pour des soirées privées. L'encadré du journal confirmait au commissaire que tous ces événements étaient bien liés entre eux. Dans quel but avait-on engagé Monica Scalzo ? Pourquoi lui avait-on demandé de le séduire dans le train Florence-Paris ? Voilà les questions auxquelles Saint Hilaire comptait bien obtenir des réponses.
La publicité indiquait un numéro de téléphone disponible sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le policier avait sollicité un dernier service du mage en lui demandant d'appeler ce numéro. Ne sachant pas qui serait au bout du fil, Saint Hilaire ne désirait prendre aucun risque pour préserver son anonymat. Troplong, toujours partant pour jouer la comédie et participer aux enquêtes de son ami policier, se fit passer pour un riche homme d'affaires allemand, désireux d'être accompagné pour sortir au restaurant. Il fit part de ses exigences d'après la description que lui avait faite Saint Hilaire de Monica Scalzo. L'interlocutrice à la voix suave lui avait demandé de patienter quelques instants, le temps qu'elle ait confirmation que la jeune femme correspondant aux critères demandés soit disponible. Au bout de quatre ou cinq minutes, la charmante voix donna une réponse positive. Elle demanda où le mannequin devait le rejoindre et réclama un paiement immédiat par carte bleue. Les yeux de Troplong sortirent de leurs orbites en entendant le tarif pratiqué. Saint Hilaire lui demanda par signes d'utiliser sa propre carte de crédit. Méfiant à l'égard des gens qui étaient derrière toute cette affaire, le commissaire préférait ne pas être démasqué par les numéros de sa carte de paiement. A contrecœur, le mage énonça la série de chiffres qui se trouvaient sur sa carte. Une fois le transfert d'argent effectué, la femme au bout du combiné reçut pour instructions d'envoyer son employée au restaurant de l'Hôtel Palazio, rue de Rivoli, pour 22H00, et de demander la table réservée au nom de monsieur Troplong.
Lorsqu'il sortit de la bouche de métro à la station des Tuileries, Saint Hilaire fut surpris par le flot de voitures qui circulaient encore rue de Rivoli. Derrière lui, l'accès au jardin était déjà fermé. Pressé par le temps, il préféra risquer de traverser les quatre voies en sens unique plutôt que de marcher sur deux cent mètres pour emprunter un passage piéton. Deux véhicules le klaxonnèrent vigoureusement avant qu'il n'atteigne le trottoir opposé. Une fois sous les arcades de pierres qui protégeaient les badauds ébahis devant les vitrines des bijouteries, Pierre Saint Hilaire ralentit son pas pour observer la situation. Il n'était plus qu'à quelques mètres de l'Hôtel Palazio et ne voulait surtout pas se faire prendre à son propre jeu. Il désirait par-dessus tout créer un effet de surprise et profiter de cet avantage. Mais son plan ne pouvait fonctionner que si la personne envoyée par l'agence de mannequins était bien Monica Scalzo. Cette société avait peut-être à disposition des dizaines de jeunes femmes prêtes à se vendre pour distraire les riches hommes d'affaires esseulés qui peuplaient la capitale. Saint Hilaire décida d'attendre derrière une colonne d'où il pouvait sans problème espionner le voiturier de l'hôtel. Une femme qui devait plaire et assurer un service de qualité ne pouvait arriver autrement qu'en voiture.
A 21H55, un luxueux taxi noir vint s'arrêter devant le palace. Dans sa tenue rouge, l'employé de l'établissement ouvrit la portière arrière de la berline et s'inclina légèrement. Une jeune femme élégante en descendit gracieusement et adressa un sourire ravageur, en guise de pourboire, au voiturier qui sembla s'en contenter. Saint Hilaire ne reconnut pas immédiatement celle qui l'avait tant charmé dans le compartiment du train. Le chignon avait disparu
pour laisser place à une crinière blonde. Sa robe de soirée et le collier de perles qu'elle portait avec grâce avaient fait disparaître la simplicité naturelle qui avait tant subjugué Saint Hilaire à leur première rencontre. Elle paraissait plus grande que dans ses souvenirs. Monica Scalzo était perchée sur de hauts talons aiguilles qui ne la gênaient aucunement pour marcher. Il resta à contempler son déhanché jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans l'établissement. Saint Hilaire préféra attendre cinq minutes supplémentaires. Il voulait qu'elle se languisse, qu'elle s'impatiente. Le choc ne serait que plus rude. Enfin, il se décida à entrer.
L'immense hall de l'hôtel regorgeait de personnel s'affairant à des tâches aussi diverses qu'inutiles. Un escalier monumental de marbre rose conduisait à la réception des chambres. En bas, une jolie hôtesse accueillit le commissaire par un « welcome » typique de ces établissements à clientèle anglosaxonne. Il se fit conduire devant un comptoir en chêne massif. Il annonça sa réservation au nom de Troplong et aussitôt un homme en queue-de-pie le devança jusqu'à la salle de restaurant. Quatre peintures bibliques décoraient les hauts plafonds et une multitude de dorures recouvraient les murs. Des tables rondes plus ou moins grandes étaient disposées dans la pièce. Des plantes et des éléments de décoration permettaient à chacune de préserver une certaine confidentialité. Tout en s'effaçant devant Saint Hilaire, le maître de rang tendit le bras en avant pour désigner la table réservée. En le découvrant, la jeune femme transperça le policier du regard. Celui-ci retrouvait dans ses yeux surpris et furieux tout l'éclat qu'il en avait gardé en mémoire. Le sourire crispé, le commissaire s'assit face à sa charmante « escort-girl » sans lui demander la permission. Monica Scalzo paraissait embarrassée par cette rencontre impromptue. Saint Hilaire attaqua d'emblée :
– Si j'avais su qu'on désirait me payer une pute pour distraire mon voyage, j'en aurais peut-être mieux profité ! dit-il en oubliant les formules de politesse d'usage. Vous pourriez peut-être me dire qui je dois remercier d'une telle attention ?
– Ne soyez pas grossier, s'il vous plaît ! répliqua-t-elle en colère.
– Qu'auriez-vous fait si j'avais accepté vos avances ? dit Saint Hilaire pour démontrer ses propos.
– Cela ne vous regarde pas ! C'est personnel et beaucoup plus compliqué que cela paraît.
– J'ai tout mon temps ! sourit le policier. Je suis venu exprès pour entendre vos explications.
Monica Scalzo, visiblement nerveuse, se leva promptement.
– Je n'ai rien à vous dire ! Laissez-moi tranquille !
Saint Hilaire lui attrapa le poignet droit et exhiba sa carte de police. La femme parut surprise. Ce n'était plus à un homme perdu qu'elle avait affaire mais à un commissaire de police bien décidé à élucider le mystère.
– Vous allez bien sagement vous asseoir ou je téléphone à mon confrère des mœurs pour qu'il se penche sur votre petite agence de location ! menaça-t-il.
La jeune femme ne se fit pas prier. Elle se rassit, gardant intacte toute son agressivité.
– Tout flic que vous êtes, vous allez arrêter de me traiter de prostituée !
La colère rougissait les joues de la belle blonde.
– Je ne couche jamais avec les clients ! s'insurgea-t-elle.
– Quelle était votre mission me concernant ?
– Pour vous, c'était spécial, avoua-t-elle, c'est un détective privé qui m'a embauchée.
Saint Hilaire parut surpris de la réponse. Elle poursuivit :
– Il arrive quelquefois qu'ils aient recours à nos services pour obtenir des renseignements.
– Mais je ne vous ai rien dit d'important ce soir-là ! répondit-il sans comprendre.
– Et pourtant j'ai amplement rempli ma mission, lâcha-t-elle.
Le maître de rang arriva sur ces entrefaites pour leur proposer les suggestions du jour. Le couple ainsi formé écouta sagement l'énoncé des plats. Monica Scalzo opta pour une sole et Saint Hilaire pour une pièce de bœuf. Avec l'accord de la jeune femme, le policier pencha en faveur d'un bourgogne rouge pour agrémenter le repas. La tension semblait redescendue d'un cran. Le décor et les saveurs n'étaient pas propices à l'affrontement. Le commissaire comprit rapidement que la jeune femme était prête à parler.
– Je ne comprends toujours pas ce que vous avez appris de moi durant le voyage, dit-il, pour revenir au sujet qui le préoccupait.
La jeune femme se pencha sur la table, approchant un peu plus son visage de celui de son interlocuteur.
– Je devais savoir si vous étiez toujours amoureux de votre femme...
Saint Hilaire fut saisi par cette révélation. Qui pouvait tirer profit d'une telle information ? Comment ce renseignement avait-il été exploité au cours des événements récents ? Et par qui ? Les questions se pressaient au sortir de sa bouche.
– Je n'en sais rien ! Je n'en sais rien ! C'est le détective qui m'a embauchée qui est le seul capable de vous donner toutes les réponses, essaya-t-elle de le convaincre. Je ne connaissais même pas votre profession ! Pensez-vous que si je l'avais sue, j'aurais accepté la mission ?
Le commissaire ne savait quoi penser. Les pièces du puzzle étaient trop nombreuses. Bien souvent, à force d'enquêter, les indices parvenaient petit à petit à s'emboîter pour délivrer la solution de l'énigme. Mais cette fois-ci, aucun lien ne surgissait entre les différents éléments déjà recueillis. Un serveur, portant un torchon blanc impeccable sur le bras, vint déverser quelques centilitres de vin dans le verre de Saint Hilaire. Le policier trempa ses lèvres dans le nectar. Il fit un signe positif de la tête invitant le sommelier à remplir leurs verres. L'homme disparut, sitôt sa mission accomplie.
– Qu'avez-vous dit exactement au détective après notre rencontre ? poursuivit le commissaire.
Monica prit une voix douce pour répondre.
– J'ai dit que vous n'aviez pas encore tourné la page.
Visiblement embarrassée par cette réponse, elle saisit son verre et but une gorgée de vin.
– Je n'ai pas pu juger si c'était l'amour ou les remords qui vous empêchaient de coucher avec une autre femme. Mais j'ai assuré au détective que vous n'étiez pas encore prêt pour une nouvelle aventure amoureuse, conclut-elle.
Ce fut au tour de Saint Hilaire de paraître gêné. Etre aussi facilement mis à nu par une femme le gênait. D'ordinaire secret, il se retrouvait dans une situation où une inconnue en savait plus sur lui que n'importe lequel de ses amis.
Le repas fut servi. Les deux convives attaquèrent leurs assiettes respectives, profitant de ce moment pour garder le silence. Chacun observait l'autre à tour de rôle. La compagnie était charmante, le décor était parfait. Tout était rassemblé en ce lieu magique pour démarrer une nouvelle idylle.
– C'est votre véritable nom, Monica Scalzo ? demanda-t-il, curieux.
Elle termina sa bouchée puis essuya ses lèvres avec sa serviette.
– Bien sûr que non, répondit-elle. C'est une règle que nous avons établie avec ma sœur : ne jamais donner notre véritable identité !
Saint Hilaire parut intrigué.
– Votre sœur fait également cela ?
– Oui, nous sommes deux sœurs jumelles, expliqua-t-elle. La seule chose qui nous différencie, c'est notre couleur de cheveux. Ses cheveux sont bruns et les miens, blonds. Lorsqu'un client téléphone, les critères sont toujours identiques : grande, fine, avec de la poitrine, sourit-elle. Deux seuls éléments varient : la couleur des cheveux et celle des yeux. Le problème des yeux est rapidement réglé avec des lentilles de contact et pour les cheveux, nous nous répartissons le travail selon la demande.
– En fait, vous gérez une entreprise familiale ! synthétisa le policier.
– C'est exactement cela, confirma la jeune femme en riant. Mais nous ne faisons qu'accompagner nos clients dans des dîners ou des réceptions. Notre business est trop important pour que nous nous risquions à tout gâcher en couchant avec eux, assura la belle blonde. Et puis, ce n'est pas du tout notre genre, enchaîna-t-elle
en le fixant droit dans les yeux.
– Et si j'avais accepté vos avances ? se risqua à demander Saint Hilaire.
Elle baissa son regard, comme gênée par la question.
– Pourquoi avoir quitté le train à Milan ? insista-t-il.
– Ecoutez !
Elle tenait nerveusement sa fourchette entre ses doigts.
– Cela ne sert à rien de revenir sur ce qui a été fait. J'étais embarrassée. Vous étiez tellement touchant. Votre détresse m'a sincèrement rendue mal à l'aise. Lorsque vous vous êtes blotti contre moi, j'ai eu honte de vous tromper.
La femme qui se cachait sous le nom de Monica Scalzo paraissait véritablement perturbée par cette expérience.
– Vous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte, mais j'ai pleuré. J'aurais aimé vous dire ce qu'il en était, vous avouer ma mission. Vous savez, la plupart du temps, les gens que j'accompagne sont ceux qui ont demandé le service. Vous, c'était différent ! La commande ne venait pas de vous. Et pourtant, j'aurais tant voulu que tout ceci soit vrai.
– Pour moi, cela l'était ! affirma Pierre Saint Hilaire. Enfin... Le temps que je découvre la supercherie. Mais vous ne répondez pas à mes questions ! insista-t-il.
– Je me suis enfuie parce que je ne pouvais pas faire tout le voyage avec vous, avoua-t-elle.
Elle ne lui laissa pas le temps d'enchaîner.
– C'est comme cela ! J'ai été prise à mon propre piège. Je devais tenter de vous séduire et c'est tout le contraire qui est arrivé.
Elle n'osa pas le regarder.
– Rassurez-vous, dit Saint Hilaire à voix basse, je crois qu'il y a eu match nul...
Le repas se termina rapidement. Malgré l'ambiance agréable, ni l'un ni l'autre ne désiraient conclure leur dîner par un dessert. En gentleman, le commissaire paya l'addition avec la carte de crédit du mage Troplong. Saint Hilaire avait en effet convaincu le voyant de lui prêter sa carte pour continuer à préserver son anonymat. Le policier saurait lui rembourser un jour ou l'autre la dette de son escapade.
CHASSES À L'HOMME Page 13