HÉSITATION

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HÉSITATION Page 22

by Stephenie Meyer


  — Rien, si ce n’est un destin funeste.

  — Fais-moi confiance.

  — Je te fais confiance.

  Il n’avait pas cessé, durant cet échange, de scruter mon visage.

  — Puis-je te demander quelque chose ? lançai-je.

  — Tout ce que tu voudras.

  Je tergiversai, me mordis la lèvre, puis posai une question complètement différente de celle que j’avais eue à l’esprit.

  — Quel est le cadeau que j’achète à Alice pour célébrer son diplôme ?

  — Des billets de concert. Pour elle, toi et moi.

  — Oui, c’est vrai ! m’exclamai-je, si soulagée que je faillis sourire. Celui de Tacoma. J’ai lu une pub dans le journal la semaine dernière, et j’ai pensé que ça te plairait, car tu as dit que le CD était bien.

  — C’est une très bonne idée. Merci.

  — J’espère qu’il reste des places.

  — C’est l’intention qui compte. Je suis bien placé pour le savoir.

  Je soupirai.

  — Toi, tu as quelque chose d’autre à me demander, reprit-il.

  — Trop fort ! maugréai-je.

  — J’ai pas mal de pratique quand il s’agit de déchiffrer tes expressions. Vas-y.

  Fermant les paupières, je m’appuyai contre lui, enfouis ma figure dans son torse.

  — Tu n’as pas envie que je me transforme en vampire.

  — Non, acquiesça-t-il doucement avant de se taire, guettant la suite. Mais c’est là une assertion, pas une question, m’encouragea-t-il au bout d’un instant.

  — Je… je m’inquiète des raisons qui t’amènent à condamner mon désir d’immortalité.

  — Pardon ? s’exclama-t-il, réellement surpris.

  — Accepterais-tu de m’expliquer pourquoi ? De m’avouer toute la vérité, sans m’épargner ?

  Il réfléchit, se lança.

  — Tu pourrais avoir une vie tellement meilleure, Bella. Je sais que tu me crois doté d’une âme. Je n’en suis pas entièrement convaincu. Alors, mettre la tienne en péril… T’autoriser à devenir comme moi de façon à ne jamais te perdre est l’acte le plus égoïste qui soit. Je le désire par-dessus tout, pour moi. Pour toi en revanche, je veux plus. Accepter que… cela me paraît criminel. Le pire crime que j’aurai commis dans mon existence, dussé-je vivre éternellement. Si j’avais un moyen, n’importe lequel, de redevenir humain pour toi, j’en payerais le prix, aussi élevé fût-il.

  Je ne bronchai pas. Il se trouvait égoïste. Un sourire étira lentement mes lèvres, et je me redressai.

  — Alors… ce n’est pas parce que tu crains de… moins m’aimer quand j’aurai changé ? Quand je ne serai plus aussi souple, quand j’aurai perdu mon arôme ? Tu tiens véritablement à moi, quelle que soit la forme que je prenne ?

  — Tu avais peur que je ne t’aime plus ? s’étonna-t-il avant d’éclater de rire. Toi qui es si intuitive, il t’arrive de te montrer franchement obtuse, Bella !

  Aussi bête que cela parût, j’étais rassurée. Dès l’instant où il me désirait, le reste ne comptait pas… presque. Soudain, le mot « égoïste » me semblait magnifique.

  — Tu n’imagines pas à quel point les choses seront plus faciles pour moi quand je ne serai plus obligé de me concentrer à chaque minute pour ne pas te tuer, reprit-il avec des intonations pétillantes de gaieté. Certes, des détails me manqueront. Celui-là, par exemple.

  Les yeux rivés sur les miens, il caressa ma joue, et je me sentis rougir. Il rit.

  — Le bruit de ton cœur aussi, ajouta-t-il, plus sérieux. C’est le plus beau son qui soit. Mon oreille s’y est tellement habituée, désormais, que je le reconnaîtrais entre mille. Pourtant, rien de cela n’importe. Seule toi importe. Tu seras toujours ma Bella. Dotée d’une longévité un peu plus sûre.

  Soupirant de bonheur, je fermai les paupières, mon visage entre ses mains.

  — Et maintenant, demanda-t-il, accepteras-tu de répondre à ma question ? De m’avouer toute la vérité sans m’épargner ?

  — Bien sûr, acceptai-je aussitôt en rouvrant les yeux. Laquelle ?

  — Tu n’as pas envie de devenir ma femme.

  Mon pouls s’arrêta, puis repartit à toute vitesse, tandis que ma nuque se couvrait d’une sueur froide et que mes doigts se glaçaient. Il attendit, observant ma réaction.

  — C’est une assertion, finis-je par marmonner, pas une question.

  Il baissa les yeux, ses cils dessinant de longues ombres sur ses pommettes, et lâcha mes joues pour s’emparer de ma main gelée.

  — Je m’inquiète des raisons qui t’amènent à condamner mon envie de mariage, susurra-t-il en jouant avec mes doigts.

  — Ce n’est pas une question non plus, objectai-je en avalant ma salive.

  — Bella, je t’en prie.

  — La vérité ?

  — Oui. Je suis capable de l’encaisser.

  — Tu vas te moquer de moi.

  — Moi ? se récria-t-il, sincèrement choqué. Jamais de la vie !

  — Oh que si, grommelai-je en rougissant de dépit. Très bien, je suis sûre que tu vas croire que je plaisante, mais franchement ! C’est tellement… tellement… embarrassant !

  Une fois de plus, je dissimulai mon visage dans son torse.

  — Je ne te suis pas, là, souffla-t-il après une petite pause.

  Je relevai la tête et le toisai, rendue agressive par ma gêne.

  — Je ne suis pas ce genre de fille, Edward. Je ne suis pas de celles qui se marient au sortir du lycée, de ces rustaudes de province que leurs petits copains ont mises en cloque. Pense à la rumeur, si je t’épousais. Nous ne sommes plus au XIXe siècle, les gens ne s’unissent plus à dix-huit ans ! En tout cas pas les gens intelligents, responsables et mûrs ! Je refuse d’être une rustaude. Ça ne me correspond pas…

  Je m’interrompis, à court de véhémence et de mots. Impossible de deviner la réaction d’Edward sur ses traits impassibles.

  — Et c’est tout ? demanda-t-il au bout d’un moment.

  — Ça ne te suffit pas ?

  — La vraie raison n’est pas que tu es… plus attirée par l’immortalité que par moi ?

  Soudain, je partis d’un fou rire.

  — Voyons, Edward ! hoquetai-je entre deux éclats hystériques. Moi… qui… avais toujours… pensé que… tu étais… bien plus intelligent… que moi !

  Il m’attira dans ses bras, partageant mon hilarité.

  — L’éternité sans toi ne m’intéresse pas, réussis-je à préciser peu après.

  — Ouf !

  — N’empêche, ça ne change rien.

  — Certes. J’admets ton point de vue, Bella, crois-moi. J’aimerais cependant que tu envisages les choses du mien.

  Je me calmai aussitôt, m’efforçai de cacher ma réprobation.

  — Vois-tu, moi, j’ai toujours été ce genre de garçon. Dans mon monde, j’étais déjà un homme. Je ne cherchais pas l’amour, ayant trop envie de devenir soldat. Je ne songeais à rien d’autre qu’à la gloire idéalisée de la guerre telle qu’on la vendait aux futures recrues, à l’époque. Pourtant, si j’avais rencontré…

  Il se tut, pencha la tête de côté.

  — J’allais dire « si j’avais rencontré quelqu’un », reprit-il, mais ce serait inexact. Si je t’avais rencontrée, toi, je n’ai aucun doute sur la manière dont j’aurais réagi. Dès lors que j’aurais compris que tu étais celle qui m’était destinée, j’aurais mis un genou à terre et me serais efforcé d’obtenir ta main. Je t’aurais voulue pour l’éternité, même si ce mot n’avait alors pour moi pas la même signification qu’aujourd’hui.

  Il m’adressa son sourire en coin, tandis que je le fixais avec des yeux écarquillés.

  — Respire, Bella, me rappela-t-il, amusé.

  J’obéis.

  — Alors, vois-tu maintenant les choses comme moi, ne serait-ce qu’un tout petit peu ?

  L’espace d’une seconde, j’y parvins, en effet. Je me vis dans une robe longue et un corsage en dentelle
à col haut, mes cheveux en chignon. Je vis Edward époustouflant en costume léger, un bouquet de fleurs des champs à la main, assis à mon côté sur la balancelle d’une véranda. Je me secouai. Ce n’était là qu’une réminiscence de La Maison aux pignons verts, de Lucy Montgomery.

  — Le problème, répondis-je d’une voix tremblante en éludant sa dernière question, c’est que, pour moi, mariage et éternité ne sont pas deux notions mutuellement exclusives ou inclusives. Et comme nous vivons pour l’instant dans mon monde, nous ferions sans doute mieux de nous adapter à ses mœurs, si tu me suis.

  — D’un autre côté, contra-t-il, tu abandonneras bientôt derrière toi la notion de temps. Alors, pourquoi les coutumes passagères d’une culture donnée devraient-elles tant jouer sur notre décision ?

  — Parce qu’il est d’usage de s’adapter aux us du pays dans lequel on est ?

  — Je ne t’oblige pas à trancher aujourd’hui, Bella, s’esclaffa-t-il. Mais j’estime qu’il est toujours bon de regarder les choses selon chaque partie en cause, pas toi ?

  — Donc, ta condition…

  — Tient toujours. J’ai entendu tes réticences, mais si tu tiens à ce que je me charge en personne de ta transformation…

  — Tra-la-la-la ! fredonnai-je.

  Mon imitation de la Marche nuptiale résonna comme une marche funèbre.

  Le temps continua de s’écouler trop vite.

  Cette même nuit fut dénuée de rêve, puis surgit le matin, avec la remise des diplômes qui me fixait droit dans les yeux. J’avais des tonnes de révisions avant mes examens finaux, consciente toutefois que je n’en absorberais pas la moitié au cours des jours qui me restaient.

  Lorsque je descendis prendre mon petit déjeuner, Charlie était déjà parti. Il avait laissé le journal sur la table, ce qui me permit de me rappeler que j’avais également quelques courses à faire. Pourvu que la réclame pour le concert soit encore publiée, car j’avais besoin de leur numéro de téléphone pour réserver les billets. Cela ne ressemblait plus vraiment à un cadeau, puisque la surprise avait été éventée. Mais avoir tenté de surprendre Alice n’était pas une preuve d’intelligence non plus.

  Je comptais me rendre directement à la page des encarts publicitaires quand un gros titre retint mon attention. Une bouffée de peur m’envahit, alors que je me penchais pour lire l’article de la une.

  Je dus relire trois fois la dernière phrase avant de me rendre compte que c’était parce que mes mains tremblaient tant.

  — Bella ?

  J’étais si concentrée que la voix d’Edward, bien que douce et pas franchement inattendue, me fit bondir et crier. Appuyé contre le chambranle de la porte d’entrée, il prit un air perplexe. La seconde suivante, il était à mon côté, serrait ma main.

  — Je t’ai effrayée ? Désolé. J’ai frappé…

  — Non, non, m’empressai-je de le rassurer. Tu as vu ça ? ajoutai-je en lui montrant le journal.

  Un pli soucieux barra son front.

  — Je n’ai pas encore regardé les nouvelles, mais je me doutais que cela empirerait. Nous allons devoir intervenir. Et vite.

  Cette phrase ne me ravit pas. Je détestais que les Cullen prennent des risques. Ce qui se passait à Seattle, quel qu’en soit le responsable, commençait à me flanquer sérieusement la frousse. La perspective que les Volturi débarquent était cependant tout aussi terrifiante.

  — Qu’en dit Alice ?

  — Rien, et c’est tout le problème. Nous avons failli aller là-bas une bonne demi-douzaine de fois, mais elle ne détecte rien et perd confiance en elle. Elle a l’impression que beaucoup d’événements lui échappent, ces derniers temps, que quelque chose déraille, que ses visions faiblissent.

  — C’est possible ?

  — Va savoir. Le phénomène n’a jamais été étudié. Je n’y crois guère, pourtant. Les dons ont plutôt tendance à s’intensifier avec les années. Il suffit de penser à Aro et Jane.

  — Qu’est-ce qui ne va pas, alors ?

  — À mon avis, c’est comme une prophétie qui se réalise dès qu’on en parle. Nous attendons qu’Alice voie quelque chose pour nous rendre à Seattle, et elle ne voit rien parce que nous n’irons pas tant qu’elle n’aura pas déterminé ce qui s’y passe. Du coup, elle n’arrive pas à nous envisager sur place. Mieux vaudrait peut-être que nous tentions d’opérer à l’aveugle.

  — Non ! protestai-je, glacée d’effroi.

  — As-tu très envie d’aller en cours aujourd’hui ? Il ne reste que deux jours avant les derniers examens, nous n’apprendrons rien de nouveau.

  — Je survivrai sans le lycée, me semble-t-il. Qu’as-tu en tête ?

  — J’aimerais discuter avec Jasper.

  Lui encore. Bizarrement, dans la famille, Jasper était toujours un peu à l’écart, jamais au centre de l’action. Pour moi, il ne restait que par amour pour Alice. J’avais le sentiment qu’il était prêt à la suivre partout, même si le mode de vie qu’elle avait adopté ne lui correspondait pas. Cet engagement partiel envers leur existence expliquait sûrement pourquoi il avait plus de mal qu’eux à s’y conformer.

  Quoi qu’il en fût, c’était la première fois que je constatais qu’Edward pût dépendre de son frère. Il avait évoqué son expertise en matière de vampires nouveau-nés, je me demandais ce qu’elle recouvrait exactement. Je ne connaissais pas bien l’histoire de Jasper, savais juste qu’il avait écumé le sud avant qu’Alice ne le trouvât. Edward avait toujours éludé mes questions à son sujet et, de mon côté, j’avais été trop intimidée par le grand vampire blond aux allures de star taciturne et sévère pour l’interroger en direct.

  En arrivant à la villa, nous découvrîmes Carlisle, Esmé et Jasper devant la télévision, concentrés sur les nouvelles. Le volume avait été poussé si bas que rien ne m’était intelligible. Assise sur la dernière marche de l’escalier, tête entre les mains, Alice paraissait découragée. Au moment où nous entrâmes, Emmett surgit par la porte de la cuisine, d’humeur joyeuse apparemment. Rien ne le perturbait jamais, ce garçon.

  — Salut, Edward ! nous lança-t-il. On sèche les cours, Bella ?

  — Moi aussi, lui signala son frère.

  — Certes, mais elle, c’est son premier bac, s’esclaffa le géant.

  Edward leva les yeux au ciel avant de tendre le journal à Carlisle.

  — Ils évoquent un tueur en série, lui dit-il, tu étais au courant ?

  — Deux spécialistes en ont débattu sur CNN toute la matinée, soupira le médecin.

  — Nous ne pouvons pas laisser cela se poursuivre.

  — Alors, allons-y tout de suite, suggéra Emmett avec entrain. Je m’ennuie à mourir.

  Un sifflement furibond — en provenance du premier étage — accueillit cette déclaration.

  — Quelle éternelle pessimiste ! marmonna Emmett.

  Apparaissant au sommet de l’escalier, Rosalie descendit les marches, les traits indéchiffrables.

  — Inutile de repousser l’inévitable, renchérit Edward de son côté.

  — Je suis inquiet, objecta Carlisle. Nous ne nous sommes encore jamais mêlés d’histoires pareilles. Cela ne nous concerne pas. Nous ne sommes pas les Volturi.

  — Je ne tiens pas à ce que les Volturi viennent ici, contra Edward.

  — Il y a aussi tous ces innocents qui meurent, murmura Esmé. Ce n’est pas bien.

  — Je sais, acquiesça son mari.

  — Tiens ! s’exclama Edward en se tournant vivement vers Jasper. Je n’y avais pas songé. Tu as raison. Ça ne peut être que ça. Et ça change tout.

  Si je ne fus pas la seule à être perdue, je fus la seule à ne pas prendre un air agacé.

  — Mieux vaut que tu leur expliques, conseilla Edward à Jasper. En revanche, je me pose des questions sur le sens de la démarche.

  Alice, que je n’avais pas vue se lever, fut soudain à mon côté.

  — Qu’est-ce qu’il raconte ? lança-t-elle à son amoureux. À quoi penses-tu ?

  Jasper sembla mal à l’aise d’être
tout à coup le centre d’intérêt. Il hésita, scrutant les visages des uns et des autres à tour de rôle avant de s’arrêter sur le mien.

  — Tu ne comprends pas, me dit-il de sa voix grave et très calme.

  C’était une affirmation. Il savait pertinemment ce que je ressentais, ce que sa famille ressentait.

  — C’est notre cas à tous, grommela Emmett.

  — Sois patient, rétorqua Jasper. Il faut que Bella saisisse, elle aussi. Elle est des nôtres, à présent.

  Ces paroles m’étonnèrent. Je ne l’avais guère fréquenté, surtout depuis mon dernier anniversaire, quand il avait tenté de me tuer, et je n’imaginais pas qu’il eût pensé à moi de cette façon.

  — Que sais-tu de moi, Bella ? s’enquit-il ensuite.

  Poussant un soupir exagéré, Emmett s’affala sur le canapé, mimant l’énervement.

  — Pas grand-chose, admis-je.

  Jasper fixa Edward qui releva la tête.

  — Non, lâcha-t-il, en réponse à la question silencieuse qui lui avait été posée. Et tu devines pourquoi je ne lui ai pas raconté. Mais tu as raison, il est temps qu’elle l’apprenne.

  Pensif, Jasper releva la manche de son pull ivoire. Curieuse et perplexe, je l’observai. Il approcha son poignet de la lampe posée près de lui, puis suivit du doigt la cicatrice en forme de croissant qui scarifiait sa peau. Je mis une minute à saisir pourquoi cette trace m’était familière.

  — Oh ! soufflai-je. Tu as la même marque que moi !

  À mon tour, je levai la main. Sur la couleur crème de ma peau, le stigmate argenté se détachait plus nettement que sur l’albâtre de la sienne. Il m’adressa un sourire sans joie.

  — J’ai beaucoup de balafres comme les tiennes, Bella.

  Il remonta encore sa manche, imperturbable. D’abord, j’eus du mal à comprendre la nature de la texture qui rayait son avant-bras en croisillons épais. Des demi-lunes dessinaient un schéma rappelant une plume qui, blanche sur fond blanc, n’était visible que sous l’éclat violent de la lampe, laquelle mettait en relief ses motifs dont les formes étaient soulignées par d’infimes creux. Je finis par saisir que le tableau était constitué de croissants pareils à celui de son poignet… à celui de ma main.

 

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