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HÉSITATION Page 30

by Stephenie Meyer


  — Alors, j’irai à leur rencontre. S’ils trouvent ce qu’ils cherchent, ils partiront peut-être sans blesser personne.

  — Bella ! protesta Alice.

  — Un instant ! lança Jacob. Qui débarque ?

  — Des représentants de notre espèce, répondit-elle. Beaucoup.

  — En quel honneur ?

  — Bella. Nous n’en savons pas plus.

  — Et ils vous dépassent en nombre ?

  — Nous avons quelques avantages sur eux, espèce de clébard ! se hérissa Jasper. Ce sera un combat égal.

  — Non, rétorqua Jake, tandis qu’un demi-sourire étrange et féroce se dessinait sur ses traits. Il ne sera pas égal.

  — Génial ! s’exclama Alice.

  Figée d’horreur, je vis son visage passer du désespoir à l’exultation. Jacob et elle se sourirent, ravis.

  — Au regard de la situation, c’est mieux que rien, décréta-t-elle. En dépit des inconvénients.

  — Il faudra nous mettre d’accord sur la stratégie, lâcha Jacob. Ce ne sera pas facile pour nous, même si c’est plus notre boulot que le vôtre.

  — Je n’irais pas aussi loin, mais toute aide est la bienvenue. Nous n’allons pas faire les fines bouches.

  Alice était sur la pointe des pieds. Jacob se penchait vers elle. Tous deux étaient excités, bien qu’ils plissent le nez, à cause de l’odeur de chacun.

  — Minute, minute, minute ! m’écriai-je. De quoi parlez-vous ?

  Ils me regardèrent avec impatience.

  — Tu ne croyais quand même pas que nous allions rester en dehors de cela ? rigola Jacob.

  — Oh que si ! Je vous l’ordonne.

  — Ton extralucide pense autrement.

  — Alice ! Interdis-leur ! Ils vont se faire tuer !

  Les trois Indiens s’esclaffèrent bruyamment.

  — Bella, m’expliqua Alice d’une voix douce et rassurante, si nous ne nous allions pas, nous serons tous massacrés. Ensemble…

  — Ce sera du gâteau, termina Jacob à sa place, déclenchant de nouveaux rires chez Quil.

  — Combien sont-ils ? demande ce dernier, avide.

  — Non ! hurlai-je.

  — Ça varie, répondit Alice sans me prêter attention. Vingt et un aujourd’hui, mais leur nombre diminue.

  — Pourquoi ? s’enquit Jacob avec curiosité.

  — C’est une longue histoire, et ici n’est pas le meilleur endroit pour en discuter.

  — Plus tard cette nuit ?

  — Oui, intervint Jasper. Nous avons déjà planifié une réunion… préparatoire. Si vous devez lutter à nos côtés, vous aurez besoin d’instructions.

  Cette dernière phrase arracha une grimace aux Indiens.

  — Non, gémis-je.

  — Ça risque d’être bizarre, commenta Jasper. Je n’avais jamais songé que nous bosserions ensemble un jour. Une première, en quelque sorte.

  — Oui, acquiesça Jacob, pressé désormais. Il faut que nous avertissions Sam. À quelle heure ?

  — Vous vous couchez quand ?

  Les Quileute levèrent les yeux au ciel.

  — Quelle heure ? répéta Jacob.

  — Trois heures du matin ?

  — Où ?

  — À une quinzaine de kilomètres de la station des gardes-chasses de Hoh Forest. Arrivez par l’ouest. À partir de là, suivez notre odeur.

  — On y sera.

  Jacob et ses amis se détournèrent, prêts à partir.

  — Attends, Jake ! criai-je. Je t’en supplie, ne fais pas ça !

  Il s’arrêta, me sourit, tandis que Quil et Embry filaient impatiemment vers la porte.

  — Ne sois pas bête, Bella. Tu viens de m’offrir un cadeau beaucoup plus précieux que celui que je t’ai donné.

  — Non ! hurlai-je une fois encore, mon cri couvert par une guitare électrique.

  Sans relever, il s’empressa de rejoindre ses frères. Impuissante, je le regardai disparaître.

  18

  Instructions

  — Sûrement la soirée la plus longue de l’histoire, me plaignis-je sur le chemin du retour.

  — C’est fini, maintenant, acquiesça Edward en me caressant le bras.

  Pour m’apaiser. J’étais la seule à avoir besoin de l’être, à présent. Edward allait bien, comme tous les Cullen. Ils m’avaient rassurée. Alice en me tapotant la tête et en regardant Jasper avec insistance, si bien qu’une bouffée de calme m’avait submergée ; Esmé en m’embrassant sur le front et en me promettant que tout se passerait bien ; Emmett en riant bruyamment et en me demandant pourquoi je devrais être la seule à avoir le droit de flanquer des gnons aux loups-garous. La proposition de Jacob les avait détendus, et ils étaient presque euphoriques, après ces longues semaines de stress. La confiance ayant remplacé le doute, la soirée s’était achevée sur une note réellement festive.

  Sauf pour moi.

  Il était déjà assez pénible — horrible, intolérable — que les Cullen se battent pour me défendre, que je les autorise à se mettre en danger pour moi ; or, voilà que Jacob se sentait obligé de s’y mettre lui aussi. Lui et ses sots de frères, dont la majorité étaient plus jeunes que moi, enfants surdimensionnés et trop musclés, qui attendaient la bagarre avec impatience, comme s’il s’était agi d’un pique-nique sur la plage. Je n’acceptais pas qu’ils courent pareils risques. C’en était trop pour mes pauvres nerfs. J’avais envie de hurler.

  — Je viens avec toi, cette nuit, chuchotai-je, histoire de contrôler mes pulsions.

  — Tu es épuisée, Bella.

  — Parce que tu crois que je vais être capable de dormir ?

  — C’est une première. Je ne suis pas sûr que nous réussirons tous à… coopérer. Je ne tiens pas à ce que tu te retrouves au milieu de tout cela.

  Argument qui me rendit d’autant plus anxieuse.

  — Si tu refuses, je demande à Jacob.

  Il ferma les paupières face à ce coup bas. Tant pis ! Pas question d’être mise à l’écart. Il ne répondit pas, nous étions chez Charlie, la lumière du porche était allumée.

  — Je te vois là-haut, maugréa-t-il.

  J’entrai sans bruit. Mon père s’était assoupi sur le canapé trop étroit pour lui ; il ronflait si fort que j’aurais pu démarrer une scie électrique sans le réveiller. Je le secouai vigoureusement.

  — Papa ! Charlie !

  Il grommela, n’ouvrit pas les yeux.

  — Je suis là. Monte te coucher. Tu vas t’abîmer le dos, ici. Allez, debout !

  Il me fallut quelques autres secousses, il n’émergea pas vraiment, mais je parvins à le remettre sur ses pieds et à l’aider à gagner son lit, sur lequel il s’affala tout habillé et se remit à ronfler immédiatement. Pas de danger qu’il me cherche avant un bon moment.

  Edward m’attendit dans ma chambre pendant que je me débarbouillais et enfilais un jean et une chemise en coton. Quand je revins, il me regarda, sinistre, suspendre dans l’armoire l’ensemble offert par Alice.

  — Viens ici, dis-je en l’attirant vers mon lit.

  Je le poussai dessus avant de me blottir contre lui. Il avait peut-être raison, j’étais assez fatiguée pour sombrer dans le sommeil. Pour autant, il ne s’esquiverait pas sans moi. M’enroulant dans ma couette, il me serra contre lui.

  — Détends-toi, s’il te plaît, Bella.

  — Oui, oui.

  — Ça va marcher, j’ai un bon pressentiment.

  Je serrai les dents. Lui irradiait le soulagement. J’étais la seule à me préoccuper de Jacob et de ses amis. Plus qu’eux-mêmes, d’ailleurs. Et de loin. Edward devina que j’allais craquer.

  — Écoute-moi, murmura-t-il. La tâche va être facile. Les nouveau-nés seront complètement désarçonnés, ils ne sauront même pas que les loups-garous existent. Je les ai vus agir en groupe au travers des souvenirs de Jasper. Je suis persuadé à cent pour cent que les techniques de chasse des bêtes fonctionneront. Nos adversaires seront divisés, perdus, il n’en restera même pas assez pour nous autres. Si ça se tr
ouve, d’aucuns seront réduits à jouer les spectateurs.

  — Une vraie promenade de santé, marmonnai-je d’une voix plate.

  — Chut ! Tu verras. Inutile de t’inquiéter maintenant.

  Il se mit à fredonner ma berceuse qui, cependant, ne m’apporta nul apaisement. Des gens — d’accord, des vampires et des loups-garous — que j’aimais allaient être blessés. À cause de moi. Encore une fois. J’aurais préféré que ma malchance choisisse ses cibles plus soigneusement. J’avais envie de hurler au ciel vide : « C’est moi que tu veux ? Alors, par ici ! Je suis là ! » Je m’efforçai de trouver un moyen d’obliger le destin à se focaliser sur moi. Cela ne serait pas simple, j’allais devoir prendre mon mal en patience…

  Je ne m’endormis pas. À ma grande surprise, les minutes s’écoulèrent rapidement, et j’étais alerte quand Edward se redressa.

  — Tu es sûre de vouloir venir au lieu de te reposer ?

  Je lui jetai un coup d’œil peu amène. En soupirant, il me prit dans ses bras et sauta par la fenêtre.

  Il partit à toutes jambes dans les bois obscurs, moi perchée sur son dos, et je sentis son exaltation. Il courait comme s’il le faisait rien que pour nous deux, pour le plaisir, pour la sensation du vent dans ses cheveux. En une occurrence moins pénible, j’en aurais été heureuse.

  Lorsque nous débouchâmes sur la grande prairie, le clan était déjà là, discutant à bâtons rompus en toute décontraction. Le rire tonitruant d’Emmett se répercutait dans la nuit. Edward me posa à terre, et nous les rejoignîmes, main dans la main. La lune étant cachée derrière les nuages, il me fallut une minute pour reconnaître le terrain de base-ball des Cullen. C’était là, qu’un an auparavant, lors de la première soirée détendue que j’avais passée en leur compagnie, un match avait été interrompu par James et son clan. Il était étrange de retrouver ces lieux, comme si le rassemblement était incomplet, en l’absence de James, de Laurent et de Victoria. Sauf que James et Laurent ne reviendraient jamais. Le schéma ne se répéterait pas. Tous les schémas étaient cassés, peut-être. Oui, à la réflexion, quelqu’un avait brisé le nôtre. Était-il possible que les Volturi soient le grain de sable qui avait grippé la machine ? J’en doutais.

  Victoria m’était toujours apparue comme une force de la nature, pareille à un cyclone qui partait de la côte et filait tout droit à l’intérieur du pays, inévitable, implacable mais prévisible. Quoique… j’avais tort sans doute de la réduire à cela. Elle était peut-être capable de s’adapter.

  — Tu sais ce que je pense ? demandai-je à Edward.

  — Non, s’esclaffa-t-il. Que penses-tu ?

  — Pour moi, tout est relié.

  — Qu’est-ce qui est relié ?

  — Les trois événements désagréables qui se sont produits depuis ton retour. Victoria revenue dans les parages, les nouveau-nés à Seattle et l’intrus dans ma chambre. Je suis d’accord avec Jasper, les Volturi respectent leurs propres règles. D’ailleurs, si c’était eux les coupables, ils s’y prendraient mieux. (Et je serais morte à l’heure qu’il est, songeai-je.) Tu te souviens, l’an dernier, quand tu as pourchassé Victoria ?

  — Oui. Elle m’a semée.

  — D’après Alice, tu es allé au Texas. C’est elle qui t’y a mené ?

  — Oui.

  — L’idée des jeunes vampires lui est sûrement venue là-bas. Sauf qu’elle ne sait pas trop ce qu’elle fait, et que ses créations échappent à son contrôle.

  — Seul Aro a une notion exacte de la façon dont fonctionne l’esprit d’Alice, objecta-t-il.

  — Certes, cela n’empêche pas Tanya, Irina et le reste du clan de Denali d’être vaguement au courant. Laurent a vécu là-bas suffisamment longtemps. Il était encore assez complice avec Victoria pour accepter de lui rendre service. Pourquoi ne lui aurait-il pas confié ce qu’il avait appris ?

  — Ce n’est pas Victoria qui est entrée chez toi, insista Edward.

  — Elle peut très bien s’être fait de nouveaux amis. Réfléchis un instant. Si c’est vraiment elle qui est derrière ce qui se passe à Seattle, elle a des tas de nouveaux amis, pour le moins. Elle les a même créés.

  — Oui, finit-il par admettre au bout de quelques minutes, des rides au front. Ça se tient. Bien que je continue de croire que les Volturi… ta théorie a du bon, cependant. Elle correspond bien à la personnalité de Victoria. Depuis le début, elle a montré un redoutable instinct de préservation. Si ça se trouve, c’est un don, chez elle. En tout cas, ce complot, pour peu qu’elle reste cachée derrière son armée, ne la mettra pas en danger vis-à-vis de nous. Voire des Volturi. Elle espère peut-être que nous gagnerons, même si nous y laissons des plumes. L’essentiel serait alors qu’il n’y ait aucun survivant parmi ses combattants. S’il y en avait, je te parie qu’elle les éliminerait en personne… Quoique… elle a au moins un ami mature, car aucun vampire de fraîche date n’aurait épargné ton père…

  Il fronça les sourcils durant un long moment puis me sourit, soudain, s’arrachant à sa rêverie.

  — C’est très possible. Nous devons néanmoins nous préparer jusqu’à ce que nous soyons sûrs de ce qui nous attend. Tu es très perspicace, aujourd’hui. Impressionnant.

  — Cet endroit auquel je réagis, peut-être… j’ai l’impression qu’elle est tout près, qu’elle m’observe.

  — Elle ne touchera pas à un cheveu de ta tête, Bella, se rebiffa-t-il.

  En dépit de cette assurance, il balaya des yeux les bois sombres, une étrange lueur d’espoir dans ses prunelles.

  — Que ne donnerais-je pas pour qu’elle soit effectivement ici, murmura-t-il. Elle, mais aussi tous ceux qui ont tenté de te faire du mal. J’aurais enfin l’occasion de régler cela. De mes propres mains, une fois pour toutes.

  La férocité de son ton me fit frémir, et je resserrai mes doigts autour des siens.

  Nous avions presque atteint le reste de la famille. Je notai alors qu’Alice ne paraissait pas aussi optimiste que les autres. Elle se tenait un peu à l’écart, observant Jasper qui s’étirait comme s’il s’échauffait.

  — Alice a un souci ? demandai-je à Edward.

  — Les loups arrivent, et elle ne voit plus rien de ce qui va se passer. Cette cécité la met mal à l’aise.

  En dépit de la distance, sa sœur l’avait entendu, et elle lui tira la langue. Il s’esclaffa.

  — Salut, Edward ! lança Emmett. Salut, Bella. Il est d’accord pour que tu t’entraînes toi aussi ?

  — Je t’en prie, ne va pas lui donner des idées, protesta Edward.

  — Quand nos invités seront-ils là ? s’enquit Carlisle.

  — Dans une minute et demie, soupira mon amoureux après s’être brièvement concentré. Je vais être obligé de traduire. Ils n’ont pas assez confiance en nous pour garder leur forme humaine.

  — Ce n’est pas facile pour eux, acquiesça son père. C’est déjà beau qu’ils viennent.

  — Ils seront en loups ! m’exclamai-je.

  Edward hocha le menton, surpris par ma réaction. Je déglutis en me rappelant les deux occurrences où j’avais eu droit au spectacle de Jacob dans sa peau de bête. La première, dans la petite clairière avec Laurent ; la seconde, sur le chemin forestier, lorsque Paul s’en était pris à moi. Ces souvenirs étaient empreints de terreur. De nouveau, un drôle d’éclat illumina les iris d’Edward, comme s’il venait de prendre conscience de quelque chose, une chose pas forcément déplaisante. Il se détourna vivement, de façon à ne pas m’en montrer plus.

  — Préparez-vous, dit-il aux siens. Ils nous ont caché un truc.

  — Comment ça ? demanda Alice.

  — Chut !

  Le cercle informel des Cullen s’élargit soudain, se transformant en une ligne lâche dont Jasper et Emmett étaient le fer de lance. À la manière dont Edward penchait le torse, j’en conclus qu’il regrettait de ne pas être à leur côté. Je renforçai ma prise autour de sa main. J’eus beau scruter la forêt, je n’y aperçus rien.

  — Bon Dieu ! marmotta brusq
uement Edward. Je n’ai jamais vu pareil spectacle.

  Esmé et Rosalie échangèrent un coup d’œil effaré.

  — Qu’est-ce qu’il y a ? chuchotai-je. Je n’y vois rien !

  — La meute s’est agrandie.

  Ne lui avais-je pas annoncé la transformation de Quil ? Je poursuivis mon inspection de la lisière. Enfin, un éclat troua l’obscurité — leurs prunelles — à une hauteur anormale. J’avais oublié à quel point ils étaient immenses, hauts comme des chevaux, mais dotés de muscles épais, couverts de fourrure, armés de dents pareilles à des couteaux qu’il était impossible d’ignorer. Je ne distinguais que ces yeux et ne tardai à en compter plus de six paires. Je me raidis, recomptai. Dix, ils étaient dix…

  — Fascinant, souffla Edward, à peine audible.

  Carlisle avança d’un pas lent, mouvement prudent destiné à rassurer.

  — Soyez les bienvenus ! lança-t-il.

  — Merci, répondit Edward d’une drôle de voix atone.

  Je compris qu’il transmettait les paroles de Sam. Je tournai la tête en direction des prunelles luisantes qui se trouvaient au milieu de la meute, vers le plus grand des loups, dont la silhouette noire ne se détachait pas sur la pénombre.

  — Nous sommes prêts à écouter et à regarder, reprit Edward sur le même ton détaché, mais pas à participer. Notre self-control a ses limites.

  — Cela sera amplement suffisant, acquiesça Carlisle. Mon fils, Jasper, ajouta-t-il en désignant ce dernier, a de l’expérience dans ce domaine. Il va nous enseigner comment nos adversaires se battent, la meilleure façon de les vaincre. Vous devriez réussir à appliquer ces conseils à vos méthodes de chasse.

  — Diffèrent-ils de vous ? traduisit Edward pour Sam.

  Carlisle opina.

  — Tous sont très jeunes, âgés d’à peine quelques mois. Des enfants, en quelque sorte. Ils n’auront ni savoir-faire, ni stratégie, juste la force brute. Ils sont vingt, ce soir. Dix pour vous, dix pour nous. Cela ne devrait pas poser de difficultés. Leur nombre peut encore baisser. Les nouveau-nés se battent entre eux.

  Un grondement sourd parcourut la ligne ombreuse des bêtes, grommellement étouffé qui réussit cependant à trahir un certain enthousiasme.

 

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