Mon fiancé, sa mère et moi

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Mon fiancé, sa mère et moi Page 18

by Brenda Janowitz


  — Tu m’avais dit la même chose à propos de la requête en information, tu m’avais promis que nous irions faire des courses lorsque cette étape serait terminée. Je te signale que la date de ton mariage approche à grands pas. Il est déjà trop tard pour commander une robe sur mesure. Je regrette, mais au train où vont les choses, non seulement nous risquons de ne pas avoir le temps de faire les retouches nécessaires, mais je ne sais même pas si nous trouverons un modèle qui te convienne.

  — Ne t’inquiète pas, dis-je en me remettant au travail, on trouvera, on trouve toujours.

  — Trouver la robe de mariée, ce n’est pas aussi simple que de courir chez Saks et dégoter une petite robe noire pour une soirée. Tu te souviens combien de temps il a fallu pour obtenir un rendez-vous avec Monique ?

  Pourquoi faut-il toujours qu’elle remette ça sur le tapis ? Ça me rend folle qu’elle répète sans cesse que je fais passer mon job avant ma vie personnelle, simplement parce que j’ai accepté d’être l’avocate de Monique. Elle sait pertinemment à quel point je travaille dur pour faire mes preuves. Pourquoi ressent-elle le besoin d’y voir autre chose et de faire des sous-entendus ?

  Pour gagner du temps, je lui promets de me rendre à notre rendez-vous de demain soir, cela semble la calmer, pour l’instant. Dès que j’ai raccroché, je retourne à mon écran d’ordinateur. Devant mes yeux fatigués, les mots se brouillent. J’essaie de fixer mon attention sur la série de questions notifiées par Jack. Je veux prendre quelques notes mais, là encore, on dirait que les lettres dansent sur le papier. Quand j’aurai rédigé les réponses aux questions qu’il me pose, je lui enverrai mon propre questionnaire. Ça lui apprendra. De toute façon, dans l’état actuel des choses, je suis partie pour bosser toute la nuit, alors un peu plus un peu moins, quelle différence ? Je manque déjà tellement de sommeil qu’une ou deux heures de travail en plus ne changeront rien.

  Lorsque je travaillais avec lui, Jack m’a appris comment répondre à un questionnaire juridique. Premièrement, il faut comprendre ce que la partie adverse vous demande et apporter les preuves nécessaires pour remporter votre procès. C’est l’aspect facile – je dois simplement déterminer pourquoi le mari de Monique est devenu un pauvre type pareil. Oui, pourquoi une simple affaire commerciale s’est-elle transformée en procès litigieux? Et, plus important, pourquoi ce comportement a-t-il déteint sur mon fiancé au point qu’il est lui-même devenu un pauvre type ?

  Evidemment, cette dernière question ne figurera pas sur mon propre questionnaire. Je ferais mieux de m’en tenir aux questions posées au lieu de me déconcentrer.

  Question 1 : Exposer les motifs de la demande de dissolution de ce partenariat commercial.

  Ne lui ai-je pas déjà répondu sur ce point ? La réponse figure dans la demande initiale de Monique. Je clique sur mon écran pour chercher le document en question mais les mots se brouillent de nouveau. Je dois être plus fatiguée que je ne le croyais, car mes yeux se ferment malgré moi. Si je pouvais seulement me reposer quelques instants, je me sentirais beaucoup mieux après. Un petit somme. Voilà ce dont j’ai besoin. Vingt minutes de sieste pour me redonner un bon coup de fouet! Ensuite, je me remettrai au travail.

  Je m’allonge dans mon fauteuil ergonomique, je ferme les yeux lentement, je respire profondément et calmement.

  Oui, c’est ça, juste un petit somme.

  J’ai seulement besoin de dormir un peu.

  Quand je rentre chez moi, l’horloge du four à micro-ondes indique 2 h 45 du matin. Trop fatiguée pour aller jusqu’au dressing pour me déshabiller, je me débarrasse de mon sac et de mon manteau dans l’entrée. A mesure que j’avance dans l’appartement, je réalise qu’un immense écran de soie rouge est tendu en plein milieu de mon salon. Je sais bien que je n’ai pas beaucoup été chez moi ces temps derniers, mais cela ne ressemble pas à Jack de prendre des initiatives en matière de décoration sans m’en parler. Et en plus, ça bloque le passage pour aller jusqu’à ma chambre. J’essaie de le déplacer mais il est fixé solidement et il ne bouge pas d’un centimètre. Je prends mon élan et je me jette dessus, je pousse de toutes mes forces sans succès, l’écran résiste. Je tire, je cogne, l’objet ne frémit même pas.

  J’appelle Jack au secours pour qu’il vienne m’aider. La soie rouge de l’écran est très fine et je sais qu’il peut m’entendre depuis la chambre, mais il ne me répond pas.

  Je perçois alors un bruit de voix. Le son est faible, on parle à voix basse dans la chambre. Des rires. Et soudain, plus rien.

  — Jack? Tu es là?

  Pas de réponse.

  Encore des rires dans la chambre. Je cogne l’écran, je le pousse de toutes mes forces pour le faire céder, mais rien ne bouge. Je respire profondément et d’une voix le plus calme possible, j’appelle :

  — Jack, que se passe-t-il ? Aide-moi, je suis coincée!

  Mais Jack ne vient pas. Au contraire, il y a encore plus de bruits dans la chambre et soudain une voix s’élève :

  — Oh, Jack !

  Impossible de l’identifier.

  Saisie d’une soudaine inspiration, je me précipite dans la cuisine, j’ouvre un tiroir, je prends des ciseaux et je retourne en courant dans le salon. Une fois revenue devant le gigantesque écran de soie, j’envisage une seconde de le découper soigneusement et de pratiquer une ouverture suffisante pour me laisser passer, mais finalement je me jette dessus et je le taillade à grands coups rageurs. Quelques coups suffisent pour qu’il cède et s’ouvre, comme les pétales d’une rose au printemps. Je me précipite alors vers la chambre. Une fois dans le couloir, j’entends de nouveau les voix. J’essaie d’aller le plus vite possible, mais on dirait que mes pieds pèsent des tonnes. Plus j’essaie de courir, moins j’avance. Autour de moi, tout devient flou et sombre, je cligne les yeux pour distinguer quelque chose. Devant moi, le couloir s’étire à l’infini.

  — Jack ! répète la voix inconnue.

  Je me concentre pour l’identifier. Je parviens, au prix d’efforts épuisants, à la porte de la chambre, je tends la main pour saisir la poignée… quand je réalise que la voix est celle de Miranda Foxley.

  — Jack! dis-je paniquée, car plus je tends le bras, plus la poignée de la porte s’éloigne, Jack!

  Tout devient noir, je ne vois même plus la porte. Je flotte, emportée dans un tourbillon qui m’éloigne à toute vitesse de l’appartement… Soudain ma tête se redresse.

  Je me réveille en un clin d’œil et je comprends que j’ai dormi. Ce n’était qu’un rêve ou, plutôt, un cauchemar. Mais le plus important, c’est que ce n’était pas la réalité.

  Mon sommeil agité a duré quarante-cinq minutes. Je me redresse dans mon fauteuil en grimaçant car j’ai un torticolis. Je dois me remettre au travail, si je ne veux pas rentrer chez moi à l’aube. Il me faut répondre au plus vite à l’interrogatoire que Jack m’a envoyé. Je constate avec amertume que je n’aurai pas le temps de rédiger mon propre questionnaire. C’est alors que mon regard tombe sur l’écran de mon ordinateur. Bizarre, on dirait que j’ai commencé à rédiger la liste des questions, je ne me souviens pourtant de rien. Pourtant, je ne peux le nier, c’est écrit sous mes yeux :

  Cour fédérale des Etats-Unis, District sud de New York

  Au sujet de :

  La dissolution de la société commerciale

  Monique Couture Inc.

  Index n° 54930285-NY

  Etat de New York

  Comté de New York

  Questionnaire :

  1/ Exposer les raisons pour lesquelles tu es incapable de tenir tête à ton père.

  2/ Exposer les raisons pour lesquelles tu es incapable de tenir tête à ta famille dans son ensemble (au cas où ces raisons seraient différentes de celles données en réponse 1).

  3/ Expliquer la nature de tes relations avec Miranda Foxley.

  4/ Dire pour quelles raisons tu aimes Brooke Miller.

  5/ Tu aimes toujours Brooke Miller, n’est-ce pas ?

  20

  — Ce genre de choses n’est vrai
ment pas du ressort d’une future mariée, dis-je suavement à travers la vitre blindée.

  — Je ne voulais pas appeler mon avocat habituel et, de toute façon, vous me devez quelque chose, dit Jay, mon vidéaste-espion, de l’autre côté de la vitre.

  Super. Maintenant, j’ai une dette envers un truand! Selon Wikipedia, un « homme de main » est une personne qui joue un rôle subalterne au sein de la grande famille de la mafia. Pour devenir homme de main, il faut d’abord prouver sa fidélité à la famille.

  (Musique dramatique au moment de poser la question qui tue : « Mais que faut-il faire exactement pour prouver sa fidélité ? »)

  — Mais je croyais que vous n’étiez pas un paparazzi ? dis-je dans le combiné que je tiens le plus loin possible de mon oreille pour éviter de rapporter un mauvais souvenir du centre de détention de Manhattan.

  Jay hausse les épaules.

  — Que cherchiez-vous exactement dans les poubelles de Monique de Vouvray et de Jean-Luc Renault ?

  Tout en l’interrogeant le plus calmement possible, je remercie le ciel d’avoir eu la bonne idée de conseiller à Monique de détruire tous les documents dont elle voulait se débarrasser avant de les jeter à la poubelle, au cas où les paparazzis fouilleraient dedans. Sinon, la situation aurait été, à de nombreux égards, encore plus angoissante qu’elle ne l’est déjà, ce qui n’est pas peu dire.

  — C’était du domaine public! s’exclame-t-il dans le téléphone.

  — Justement pas. Et c’est pour ça que vous avez été arrêté. Monique et Jean-Luc sont propriétaires du terrain sur lequel leur maison est construite. Leur domaine inclut l’allée dans laquelle on vous a trouvé en train de rôder. C’est une violation de propriété privée.

  — Je ne rôdais pas, et de toute façon, tout ce que j’ai trouvé dans leur poubelle, c’est de la dentelle chantilly et de la soie.

  — Oh, vous auriez dû les garder, cela vaut beaucoup d’argent, vous savez ? dis-je ironiquement.

  — Bon, pouvez-vous me sortir de là? demande-t-il en jetant des coups d’œil furtifs à droite et à gauche.

  — Je dois d’abord vous poser quelques questions.

  Inutile de lui préciser que je peux le faire sortir en moins de deux minutes. Lorsque je suis arrivée au centre de détention, j’ai rencontré le procureur qui a inculpé Jay. J’ai beaucoup de chance car il s’agit d’une ancienne amie de l’école de droit qui m’a assuré qu’elle se chargeait personnellement, et en toute discrétion, de cette affaire, au nom de notre amitié. Cela me convient très bien puisque la seule chose que je désire, c’est d’emmener Jay loin d’ici. Le prendre officiellement pour client créerait un conflit d’intérêts avec une autre cliente, beaucoup plus importante et infiniment plus respectueuse des lois, je veux parler de Monique. Je remercie ma bonne étoile d’être tombée sur un procureur que je connaissais. Je devrais peut-être l’inviter à mon mariage? Jusqu’à présent, j’ai scrupuleusement respecté les ordres de Jack. J’ai évité de me faire de nouvelles amies ces derniers temps afin de ne pas dépasser la modeste limite des six cents invités fixée par ses parents…

  — Que voulez-vous savoir ? marmonne Jay derrière sa vitre en me regardant dans les yeux, comme si mon silence prolongé avait éveillé sa curiosité.

  Gênée, je détourne le regard.

  — Deux ou trois petites choses. Qu’avez-vous trouvé sur Miranda Foxley?

  — C’est une fille marrante, dit-il en s’adossant à sa chaise, ce qui a pour effet d’étirer à l’extrême le cordon du téléphone.

  — Et cela signifie quoi ? dis-je en m’efforçant de ne pas paraître jalouse.

  — Elle se livre volontiers à une petite activité connue sous le nom de « cinq à sept ».

  Cinq à sept ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Un nouveau jeu pour ados ? Une boisson à la mode ? Une drogue ? Alors que j’ai du mal à distinguer les différentes variétés de céréales Special K, il faudrait que je me préoccupe, dans l’intérêt de mes futurs enfants, des nouvelles drogues venant d’apparaître sur le marché ?

  — Elle se drogue? dis-je à mi-voix en me rapprochant de la vitre blindée.

  J’espère que les gardes chargés de surveiller les conversations des détenus et de leurs visiteurs ne s’apercevront pas que nous discutons calmement de drogue à leur nez et à leur barbe.

  — Personnellement, je ne l’ai pas vue se droguer, dit-il mais qui sait ce qui se passe durant les cinq à sept…

  — Comment ? Je ne comprends pas !

  Jay rigole et se rapproche de la vitre.

  — « Monter au septième ciel… », chantonne-t-il.

  — Il est plutôt rare d’avoir envie de chanter quand on est l’hôte du centre de détention de Manhattan, dis-je avec un coup d’œil aux autres avocats, alignés le long de la vitre en face de leurs clients.

  — « Je vais retrouver ma chérie, la serrer contre moi… », continue-t-il tout près de la vitre.

  Cela devient très gênant. Ce type me fait des avances ! Il me drague pour que je le sorte de là. Il faut que je prévienne les gardiens pour qu’ils alertent mon fiancé. Mais comment vais-je lui expliquer ce que je fais ici? Voyons, j’étais en train d’organiser notre mariage, mon chéri, et soudain j’ai eu l’idée de demander à un vidéaste de t’espionner, j’ai donc engagé un ami d’ami d’ami d’ami de mon père, qui, au passage, est probablement un homme de main de la mafia. Un homme de main qui croit que j’ai une dette envers lui. Il est maintenant en prison et, inexplicablement, il me chante la sérénade derrière une vitre blindée.

  Non, non, chéri, ce n’est pas si inhabituel que cela pour une future mariée !

  Alors que Jay continue de chantonner quelque chose ayant un rapport avec le fait de se frotter l’un contre l’autre, mon portable se met à vibrer. Les téléphones portables étant interdits dans un centre de détention, j’ai suivi le conseil de Jack – je l’ai glissé dans une poche intérieure et j’ai coupé la sonnerie. Je me lève au prétexte de me rendre aux toilettes et, arrivée là-bas, je décroche.

  — Où es-tu ? demande ma mère. Tu as l’air affolée, pourquoi y a-t-il un écho quand je te parle ?

  — Ce serait trop long à t’expliquer, dis-je à voix basse. Le vidéaste que j’avais engagé pour mon mariage a été arrêté et je suis en train de le sortir d’affaire.

  — Tu trouves le temps de sortir ton vidéaste d’affaire, mais tu ne trouves pas le temps de choisir ta robe de mariée avec moi ?

  Je ne sais que répondre.

  Quelques minutes plus tard, je suis de retour derrière la vitre. De son côté, Jay m’attend en échangeant des blagues avec ses copains de détention.

  — Je suis là, lui dis-je, excusez-moi pour mon absence.

  — Je vous en prie, nous étions justement en train de parler de la meilleure façon d’employer un cinq à sept.

  — Parce que vous croyez que c’est une bonne idée de parler de drogue avec vos codétenus alors que vous êtes en tôle ? dis-je à mi-voix dans le téléphone.

  — Hé, bébé, je ne suis pas en tôle, je suis dans un centre de détention.

  — Peu importe, l’important c’est que…

  — Un cinq à sept signifie faire l’amour en plein milieu de l’après-midi. Ça n’a rien à voir avec la drogue. A moins que cela ne soit votre truc?

  — Pas du tout, dis-je en jetant des regards furtifs de tous les côtés afin de m’assurer que les gardes n’écoutent pas notre conversation.

  Je m’efforce de prendre l’air de l’avocate sérieuse et respectueuse de la loi.

  — Votre copine Miranda aime peut-être ça, dit Jay en se rapprochant de la vitre. Tous les après-midi, aux alentours de 15 heures, une voiture l’attend devant Gilson, Hecht et Trattner. Elle saute dedans et se rend jusqu’à l’Upper East Side dans un meublé miteux sur la 91e, entre la Ire Avenue et York.

  — Pour quoi faire? dis-je fascinée par cette histoire sordide dans les bas-fonds de la ville.

  — Jouer aux échecs.

  Inte
rloquée, je le dévisage la bouche ouverte.

  — Que croyez-vous qu’elle fait ? demande-t-il enfin.

  — Je n’en sais rien !

  S’il croit que je suis le genre de femme à savoir ce que font les gens dans des meublés miteux de l’Upper East Side en plein milieu de l’après-midi, il faut que je revoie entièrement ma garde-robe ! Et sans doute mon maquillage aussi.

  — Beaucoup d’hommes qui travaillent dans la City louent des petits studios. Comme ça, ils peuvent quitter leur job quelques heures pour y retrouver leurs petites amies.

  — Vraiment?

  Jay hoche la tête en silence.

  — Des hommes mariés ?

  — Il est temps de grandir, Brooke, marmonne Jay dans le téléphone.

  — Qui va-t-elle retrouver ?

  — Je ne le sais pas encore.

  — Merci, mon Dieu, mon père travaille toujours à Long Island.

  — Votre père, c’est le meilleur, dit Jay avec un grand sourire, j’adore ses côtelettes d’agneau.

  — Je préfère l’aloyau mais je reconnais que les côtelettes ne sont pas mal.

  J’imagine la tête des gardiens s’ils écoutent notre conversation.

  — Tiens, à propos, je ne vous ai pas demandé où vous comptiez passer votre lune de miel ?

  — Ce n’est pas encore décidé, mais nous avons pensé à Hawaii, pourquoi?

  — Si vous choisissez Mexico, dit-il en jetant un coup d’œil autour de lui pour s’assurer que personne ne l’écoute, je ferai en sorte que vous ne le regrettiez pas.

  — Euh, comment ? Non, ça va. Non merci, dis-je pour ne pas paraître trop brutale.

  — Vous ne voudriez pas avoir un petit film de votre lune de miel ? J’ai deux ou trois choses à faire là-bas. Comme ça, je ferai d’une pierre deux coups.

  Comment ce type parle-t-il de ma lune de miel ! Ne sait-il pas que c’est le moment le plus sacré du mariage ? Pour la plupart des couples, cela représente une plus grande expérience mystique que la cérémonie elle-même. Et il voudrait ternir ce moment magique avec je ne sais quelle mission pour la mafia ? Inconcevable !

 

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