ELEANOR DÉBARQUE !

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ELEANOR DÉBARQUE ! Page 10

by Lee Nicols


  — Tu as déjà précisé ce détail.

  — Elle, tu n’aimerais pas travailler ici. Tu dois trouver ta voie, pas celle de Louis, la mienne ou celle de qui que ce soit d’autre…

  Elle me parle gentiment, avec sympathie.

  — ... Et j’avais promis à ce type que je le réembaucherais si je pouvais.

  J’efface du doigt un rond sur le bar.

  — Ce n’est pas grave. Je ne m’attendais pas à ce que tu m’embauches moi. Je serais atroce comme barmaid.

  — Viens manger des plats chinois avec nous, dit-elle d’un ton ferme.

  — C'est un endroit génial, renchérit Brad, tentant de se faire pardonner son faux pas. Robert Zemeckis est un habitué.

  La gêne de Brad prouve qu’il est conscient d’avoir commis un impair. La joie m’inonde. Il n’est pas parfait ! D’ailleurs, s’il était toujours parfait, il serait insupportable, donc il ne serait pas parfait. Alors le fait qu’il ait commis une gaffe le rend encore meilleur et encore plus parfait. Et non seulement il est parfait, mais leur relation est parfaite. Et ça me fait mal que Maya ne veuille pas m’embaucher. Je sais que c’est idiot, mais ça fait mal.

  — Désolée, je passais juste déposer l’orchidée, dis-je, soudain pressée de me retrouver seule. J’ai des rendez-vous, des gens à surveiller.

  Je bouscule presque Monty en sortant. Il m’adresse un salut courtois — il a de l’allure comme jamais dans son costume de lin beige et sa cravate de soie beige — et je me rappelle soudain ce que j’ai oublié de dire à Maya et M. Perfection.

  — Oh, et devinez comment il s’appelle, dis-je en me retournant vers eux.

  — Louis, dit Maya.

  Je ris.

  — Non, cela ferait trop roman russe. Il s’appelle Spenser.

  — Qu’y a-t-il d’extraordinaire à s’appeler Spenser ? demande Brad.

  — C'est une série de romans dont le héros est un détective privé. La série comporte des centaines de titres.

  — Robert Parker, dit Monty, s’emparant de son tabouret attitré.

  — Vous voyez. Monty les connaît. Robert Parker.

  — Jamais lu, dit Brad.

  — Il y a eu une série télé avec Robert Urich et ce grand black, Hawk ?

  — Je croyais que tu avais dit Robert Parker, dit Brad.

  — Ça, c’est l’auteur, dis-je, exaspérée.

  — Ça se passe à Las Vegas ou quelque chose comme ça ? demande Maya.

  — Non, ça, c’est Dan Tanna.

  Je secoue la tête, dégoûtée.

  — Laissez tomber.

  J’ouvre la porte d’un coup de hanche et…

  … telle une vague de délinquance sur le point de déferler, une fille superclasse sortit du tripot, ses jambes interminables aussi attirantes qu’une paire de Manolo Blahnik en solde. Il était encore tôt dans la soirée de mercredi, mais elle était habillée comme un vendredi soir, en tailleur noir, tel un oiseau de nuit, sexy comme un murmure de Marilyn Monroe. Bien sûr, elle souffrait. Qui n’aurait pas souffert, frappé dans le dos par le poignard de jade de la femme à l’orchidée qui tenait le tripot ? La femme à l’orchidée, maquée avec un canon qui obéissait à son doigt mignon et à son œil de biche, alors que la fille superclasse n’avait personne dans sa vie, à part un mystérieux mexicain à la voix hypnotique, et Baby Dennis, dit la Menace, toujours collé à ses basques. Mais un sourire errait sur ses lèvres couleur rubis tandis qu’elle se dirigeait vers son gourbi…

  Je vais être détective privé ! Mon premier véritable emploi.

  J’avais prévu de rentrer directement me faire un shampooing et un après-shampooing en prévision du grand jour, demain, mais le centre commercial me détourne de ma voie.

  La librairie Barnes and Noble possède un rayon concernant les détectives privés étonnamment bien fourni. Trois titres. L'un arbore en couverture une femme détective brandissant un revolver. Sexy, dans le genre femme brandissant un revolver. Peut-être que Elle-la-détective aurait besoin d’un revolver. Mais j’ai d’abord besoin d’une carte de crédit, pour pouvoir acheter le livre. De mes doigts revolver, je descends le caissier d’un merci-mais-non-merci, et me dirige vers Nordstrom.

  Tout en parcourant le rayon chaussures, je me demande où on se procure des armes. Chez les prêteurs sur gages ? Il doit exister des magasins d’armes, évidemment, mais — ooooh ! Adorables chaussures à talons de chez BCBG. Cent quarante-cinq dollars seulement. J’ai un boulot, je mérite une nouvelle paire de chaussures. Je demande à la vendeuse de me les apporter. En attendant son retour, je remarque une paire de mules violettes Charles David. La fille m’apporte les BCBG, et repart chercher les mules violettes en rechignant.

  Je me pavane avec les BCBG devant un miroir grand format. Elles sont mignonnes, mais… que vont porter les autres filles ? Y aura-t-il d’autres filles ?

  — Celles-ci vous vont bien, dit la vendeuse en posant les Charles David sur un siège.

  — Vous croyez que je pourrais courir avec ?

  Et si je dois poursuivre un voleur ?

  — Hmm… dit-elle avant de s’éloigner aider une autre cliente.

  J’essaie les Charles David. Puis les BCBG. Puis les C.D., puis de nouveau les BCBG. Difficile de choisir. Les BCBG sont munies d’une bride, peut-être utile pour arrêter les voleurs. Je jette un œil autour de moi et vérifie que personne ne me regarde. Voie dégagée. J’esquisse un petit saut et me mets à courir. Juste quelques foulées, pour voir.

  Malheureusement, je cours en direction de la porte.

  — Arrêtez-la ! crie la vendeuse. Elle a les chaussures du magasin aux pieds !

  Ma crainte de me faire plaquer au sol par les vendeuses du rayon parfumerie dépasse ma crainte d’affronter la situation. J’effectue un dérapage et stoppe afin de m’expliquer. Mais mon talon droit casse net. A l’instar d’une star des pistes cendrées ratant la haie, je me foule la cheville et m’étale sur le sol dallé.

  Je lève la tête pour voir si seule ma fierté est blessée, et non ma cheville, et me trouve nez à nez avec une paire de boots Bally.

  — Je peux vous aider, madame ? demandent froidement les boots.

  — Je voulais simplement…

  — Elle m’a demandé si elle pouvait courir avec, interrompt la vendeuse. Je n’ai pas pensé qu’elle essaierait de les voler. Désolée, Todd.

  Je me relève tant bien que mal et fais face à Todd.

  Mais… je le connais ! Il était avec moi en cours de chimie au lycée. Nous sommes brièvement sortis ensemble. Super. La situation peut-elle devenir encore plus embarrassante ?

  — Todd ? C'est Elle. Elle Medina ? Du lycée ?

  — Elle ? Que fais-tu ici à voler des chaussures ? Je croyais que tu vivais à Washington D.C. ou quelque chose comme ça.

  — Je ne volais pas. Sincèrement. J’étais simplement en train de… courir.

  La vendeuse ricane.

  — C'est bon, Célia, dit Todd. Je m’en occupe.

  Il désigne mon sac et mes chaussures, abandonnés sur la banquette cernée de boîtes.

  — C'est à toi ?

  J’acquiesce, et il les ramasse.

  — Mon bureau est par là.

  Je boitille à sa suite.

  — Je suis heureuse de te voir, dis-je comme si nous déjeunions ensemble. Alors comme ça, tu travailles chez Nordy ?

  Il n’a pas l’air de vouloir bavarder avant d’avoir réintégré son bureau.

  — Techniquement parlant, dit-il, nous ne pouvons pas t’accuser de vol, puisque tu n’as pas quitté le magasin, malgré ton intention.

  Il parle d’un ton sérieux et officiel. Qu’est-il arrivé au mec de dix-sept ans un peu loufoque qui disait vouloir devenir mafioso quand il serait adulte ?

  — Todd, mes intentions étaient totalement innocentes. Je n’essayais pas de voler les chaussures. Je voulais juste…

  Je ne sais pas ce que je voulais. Pourquoi ce genre de trucs n’arrive-t-il qu’à moi ? Le désastre du planning familial, le désastre du Café Condom, et mainte
nant ça ? Je commence à croire que ma mère a raison, et que par ces signaux, l’univers veut m’informer que je marche à côté de mes chaussures.

  — A court d’excuses, hein ? dit Todd.

  — Je n’ai pas besoin d’excuse. Je…

  — Aucune importance, je ne vais pas porter plainte…

  Il me lance un sourire en coin.

  — Drôle de façon de se retrouver, n’est-ce pas ?

  Il flirte avec moi ! Peut-être est-ce la solution à mon problème de mec. Quand on y pense : a) On se connaît déjà. b) Il m’a vue au (presque) pire de moi-même et il me drague quand même, et c) Il travaille chez Nordstrom, et peut sans aucun doute m’obtenir d’énormes réductions !

  Je tortille une mèche derrière mon oreille droite.

  Il sourit.

  — Je croyais que tu vivais à Washington D.C., mariée à un avocat ?

  C'est dans des moments comme celui-là que je regrette de ne pas connaître une blague saignante sur les avocats.

  — En fait, je viens juste de revenir en ville. Je travaille comme… je fais des enquêtes. Pour une agence de détectives.

  — Comme Kinsey Milhone ? E pour Elle.

  Il s’intéresse réellement à moi.

  — Comment as-tu trouvé ce boulot ?

  — Disons que je suis tombée dessus. Comme avec les chaussures.

  Je balance les mains, comme pour courir sur place.

  — Au cas où j’aurais à pourchasser des perpètes.

  Perpète, pour condamnés à perpétuité, résonne bizarrement, comme une éructation. J’interromps le balancement de mes bras.

  — Tu as des cas intéressants ?

  — Rien de nouveau sous le soleil, Todd, dis-je. Divorces, vérifications d’antécédents et espionnage industriel. Et toi ? Tu travailles ici depuis longtemps ?

  Tandis qu’il retrace l’historique de sa carrière professionnelle, confirmant ainsi tout ce que j’ai entendu dire des hommes, j’ai tout le temps de réunir tranquillement mes affaires, ôter les BCBG et remettre mes propres chaussures.

  — Sympa de t’avoir rencontré, Todd.

  Je fixe la pendule au-dessus de son bureau.

  — Déjà ? Il faut que j’y aille.

  Je me dirige vers la sortie.

  — Attends, dit-il.

  Je m’arrête, la main sur la poignée de la porte. Dois-je lui donner mon numéro de téléphone ? Je crois que je devrais. Je sais que ce n’est pas un serial killer — enfin, je connais ses parents. Et une remise sur les chaussures est toujours intéressante… Je me retourne et l’encourage d’un sourire.

  Il me rend mon sourire et désigne les mules endommagées qui gisent à terre.

  — Il faut que tu les payes.

  15

  Suis restée éveillée tard à regarder une rediffusion de Drôles de dames — avec les dames d’origine. L'épisode où Cheryl Ladd tue un méchant, puis reste pétrifiée au point que Sabrina doit lui ôter l’arme des mains. De quoi nous faire réfléchir, nous autres, les représentants de la loi. Aussi ne me suis-je pas endormie facilement. Heureusement que je ne dois pas me présenter chez Super 9 avant 10 heures.

  A 10 heures tapantes, je pénètre dans les locaux de la sécurité de Super 9. Dans le labyrinthe de la zone « réservée au personnel » arpentant le béton craquelé à la recherche du bureau, je me sens hors de mon élément. Les boîtes géantes d’Ariel toutes températures, de porc fumé et d’essuie-tout Brawny, me donnent la sensation d’être Alice égarée dans le terrier du lapin.

  Philip n’arrange pas les choses. J’ai l’impression de revivre mon premier jour d’école. C'est un homme d’âge mûr, renfrogné, avec un visage de crapaud et, de toute évidence, une moumoute. Je lui dis que je suis Elle Medina, de l’agence de détectives Ross.

  — Oui ? Et alors ? répond-il.

  Je me trémousse, mal à l’aise.

  — Alors, euh, M. Spenser m’a dit de me présenter à vous ce matin.

  — Ouais ? Vous n’êtes d’aucune utilité ici. Descendez. Si vous voyez qui que ce soit fourrer quoi que ce soit dans son chemisier — il fait une pause et me lance un regard lubrique — ou dans son pantalon, vous me le dites.

  Rougissante, mortifiée, je pousse les portes tournantes qui mènent dans les rayons. Spenser m’a dit de me présenter, je me présente. Je sais bien que je dois me rendre dans les rayons repérer les voleurs. Je me suis contentée de faire ce qu’on m’a demandé. Je me cache derrière un présentoir de Chocos BN, prête à fondre en larmes. Prête également à enfourner un paquet entier de BN dans ma bouche.

  Je me reprends. La Nouvelle Elle a peut-être un boulot vraiment idiot, mais elle l’effectuera mieux que n’importe quel employé de la sécurité de cette boîte.

  Je me saisis d’un chariot et erre sans but. Pas très discret. Alors je farfouille dans le bac des C.D. à un dollar quatre-vingt-dix-neuf, jusqu’à ce qu’un vendeur me propose son aide. Embarrassée, je m’empare au hasard de Thom Jonez : Combien trouves-tu ma DSL ? et prétends avoir trouvé ce que je cherchais.

  Je lâche Thom dans un présentoir de chaussettes tube, imagine que Louis n’a pas épousé cette garce de l’Iowa, et examine les sous-vêtements masculins comme si je cherchais des slips kangourou pour mon fidèle et loyal mari. J’étudie soigneusement les emballages afin de déterminer si les mannequins sont homosexuels. Ils le sont.

  J’explore les alentours du regard, mais on dirait que personne ne vole. Je décide que mon mari fictif porte des caleçons, et non des slips kangourou, et me torture l’esprit devant les combinaisons de couleurs des lots par trois. J’aimerais un violet, un framboise et un vert, mais le framboise et le vert se trouvent avec le bleu marine, et le violet avec le noir et le blanc…

  Après les sous-vêtements, j’attaque le rayon jouets. Mon regard entraîné ne détecte aucun délinquant. Pas même un punk. Je souffre d’un fantasme récurrent dans lequel je prends Dennis la Menace en flagrant délit de chapardage, et l’envoie croupir quelques années dans un bagne pour durs à cuir en guise de scolarisation.

  Ensuite :

  Je passe en revue les vélos. Les porte-bagages ne semblent plus se faire autant. Plusieurs modèles sont munis de paniers très mignons. L'un a un Klaxon qui klaxonne beaucoup plus fort que ce que je pensais. Pas de voleurs.

  J’étudie l’achat d’un barbecue, en vue de garden-parties. Mon mari fictif ferait les grillades. Pas de voleurs. (Réalise qu’il serait difficile de chaparder un GrillMaster 2000, mais une petite frappe rusée pourrait sortir avec un Hibachi).

  J’examine les parures de couette. Choisis ma préférée. Choisis celle que j’aime le moins. Change d’avis. Reviens au choix d’origine. Pas de voleurs.

  Décide de m’embusquer là où se trouve l’argent. Choisis une bague de diamants au rayon bijouterie. En raison de l’absence de bague à mon annulaire, mon mari fictif est ravalé au rang de fiancé fictif. Peut-être n’aurais-je pas dû lancer ma bague de fiançailles à la tête de Louis quand il s’est mis à hurler, couvert de crème brûlée plus ou moins chaude. Le rayon bijouterie semble un bon endroit pour une vague de délinquance, mais pas de voleurs en vue.

  Envisage de retourner aux sous-vêtements, contempler de nouveau des homosexuels aux corps parfaits. Mais je suis trop épuisée. Je regarde ma montre.

  10 h 54.

  Je suis là depuis quarante minutes. Plus que sept heures.

  Super.

  Du deuxième au troisième jour. Mes pieds sont douloureux. Ma tête est douloureuse. J’évite Maya.

  Je préfère ne pas en parler. Quatrième jour. J’erre au rayon surgelés, faisant mes courses pour le dîner, quand j’en vois enfin un. Un voleur. Je suis si excitée que j’en laisse presque tomber ma quiche.

  Elle se trouve au rayon prêt-à-porter féminin. Quatre jours passés dans l’enfer de Super 9 m’ont dotée d’une connaissance intime de chaque article de ce département, et même d’ici, je peux dire qu’elle fourre dans son sac de gym les plus moches des modèles.

  J’observe so
n comportement criminel d’un œil froid et professionnel. C'est une petite femme à l’air effacé, d’environ un mètre cinquante-cinq, avec des cheveux blond cendré tirés sans conviction en une queue-de-cheval rachitique. Ses yeux mornes sont cerclés de cernes profonds. Elle semble avoir près de la cinquantaine, et avoir bien plus besoin d’un chemisier bleu électrique que des fringues ternes de Super 9.

  Mais je dois faire mon boulot. Je m’approche subrepticement.

  — Excusez-moi, dis-je. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que…

  Je n’ai même pas le temps de formuler l’accusation qu’elle s’effondre.

  — Je suis désolée, murmure-t-elle d’une voix désespérée. Je suis tellement désolée. Je ne voulais pas…

  — Je dois fouiller votre sac, madame.

  Elle me le tend docilement. A l’intérieur se trouvent trois chemisiers en polyester ornés de dentelles et de nœuds ; un T-shirt couleur puce du rayon Petite Mademoiselle ; deux jupes beiges en synthétique du rayon Petite Sans-Chic ; un tube de dentifrice Rembrandt extra-blanchissant ; une brosse à dents électrique Sonicare ; et un méli-mélo de fil dentaire, principalement à la menthe.

  Terrifiée, pleine de remords, elle me sourit. Ses dents sont horribles. Ces produits dentaires lui sont atrocement nécessaires.

  — Le vol à l’étalage est un délit, lui dis-je d’un ton impersonnel. Comme la loi l’y autorise, Super 9 porte plainte contre les coupables.

  Elle se recroqueville, et je la secoue presque pour lui expliquer qu’elle n’a rien à craindre puisque je l’ai arrêtée à l’intérieur du magasin. Il est évident que cette femme n’appartient pas à une industrie internationale du crime comptant en milliards de dollars. C'est une femme qui a des dents abominables et une petite fille qu’elle habille couleur puce.

  Mais je ne la secoue pas. Je lui parle durement, jusqu’à la réduire au bord des larmes. Elle frémit devant la souveraineté de la loi et promet qu’elle ne recommencera jamais, jamais, jamais. Elle ressemble à un chaton mouillé — minuscule, tremblante, pathétique.

  Je me laisse finalement fléchir, et lui dis qu’elle peut partir.

  — Mais auparavant, dis-je, je peux peut-être vous donner un petit conseil.

 

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