ELEANOR DÉBARQUE !

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ELEANOR DÉBARQUE ! Page 12

by Lee Nicols


  J’avale un coup de porto, et une pleine bouchée de truffes chocolat-framboise. De drôles de bruits gargouillent dans le voisinage des toilettes. C'est un signe. Je suis en train de jeter l’argent dans les toilettes, de tirer la chasse d’eau sur ma vie, d’être aspirée par la bouche d’évacuation. Plus d’argent. Virée de mon boulot. Expulsée du trolley. Ai noyé un mec roux à faire peur sous les préservatifs. Désirs coupables envers Ga-Ga Sublime l’arnaqueur. Suis la plupart du temps pathétique, ridicule et légèrement ivre.

  Mais le temps est venu. Le temps de grandir. J’ouvre ce qui me tient lieu de frigo, à la recherche de quelque nourriture nutritive, nourriture d’adulte. Il n’y en a aucune. J’achetais des aliments bien plus sains pour Louis que je ne le fais pour moi. En échange de quoi, bien sûr, je dépensais une petite fortune chaque fois que je mettais les pieds dans une épicerie fine. Mais si je le faisais pour lui, je peux bien le faire pour moi… en moins cher. J’aurais dû déclarer bien collectif le butin de Super 9 — il n’y avait pas d’autre détective pour m’arrêter.

  Au moins j’ai toujours ma voiture. Elle évoque peut-être Halloween, mais j’aime ma voiture orange à faire peur. Je me glisse derrière le volant et mets le contact. Le moteur ronronne.

  Le premier arrêt est pour Super Ralph’s, le supermarché de Santa Barbara aux allures d’hacienda. Je vais me fournir en aliments nourrissants, allégés, vendus au prix de gros.

  Mais à l’intérieur, les tentations m’assaillent. L'huile de truffe m’appelle en allée 3. Les asperges confites me tendent un piège allée 12. Je suis sur le point d’envoyer mes bonnes intentions au diable, quand j’aperçois un sac de riz de vingt kilos en bas d’une étagère. Prix ? Onze dollars quatre-vingt-quinze. Un désir intense d’économie me submerge. Douze billets pour vingt kilos de riz. Mon placard ne sera plus jamais vide. La satiété sera à jamais à une tasse d’eau de distance, et je suis certaine de perdre du poids.

  Je parviens à soulever le sac. Economique, mais peu gracieux. Je le traîne à une caisse. En attendant mon tour, j’étudie les magazines sur les présentoirs. Dans mes bras, le riz commence à peser. Il y a vraiment la place pour un nouveau magazine du même type que 0. L devrait peut-être comporter une rubrique proposant des menus frugaux. Premier mois ? Le riz.

  J’aurais vraiment dû prendre un chariot. Je ne sens plus mes bras et mes épaules sont à l’agonie. Je finis par hisser le sac sur le tapis roulant, me sentant infiniment supérieure à la femme devant moi qui achète une pizza surgelée, deux paquets de Cheddar et une laitue iceberg.

  Je paie mes douze dollars et charge mon sac sur l’épaule. Fabriqué dans le même plastique cassant que celui qui enveloppe la nourriture pour bétail, il pique mon cou, et quelques grains perlent à travers une légère déchirure quand je le soulève. Attention de ne pas renverser plein de riz sur ma belle voiture.

  Je titube vers la sortie, espérant trouver un chariot. Pas de chariot. Ça ne fait rien — je suis garée juste devant.

  Dès que je suis sur le parking, le sac se tortille pour m’échapper, comme s’il refusait de partir de chez lui. Je l’agrippe frénétiquement mais la gravité joue contre moi, et je le sens qui me glisse des mains tandis que je traîne des pieds.

  Je me cramponne de nouveau, et pendant un moment de rêve, je crois que je vais y arriver.

  Non. Le sac glisse et s’écrase sur le sol comme un melon trop mur. Le trou s’élargit, et le riz jaillit comme de l’eau d’un puits. Bordel de merde ! Je me débats avec le plastique rêche, tentant de tourner le trou vers le haut pour stopper le flot, mais un mouvement un peu sec agrandit l’ouverture.

  — Merde !

  Encerclée par un flot de riz de soixante centimètres de rayon, je suis tentée de fuir. Mais zut, je suis adulte, maintenant, et je n’abandonne pas les sacs de riz dans les parkings. En plus j’ai faim. Je m’agrippe au sac comme si ma vie en dépendait et le soulève. Il s’écrase à terre, laissant échapper un nouveau ruisseau de riz.

  — Enfoiré !

  Je frappe le sac, m’attirant les regards désapprobateurs de plusieurs passants.

  — Voilà pour toi, sale sac.

  — Attendez, laissez-moi vous aider, dit une voix d’homme. Avant que quelqu’un ne vous dénonce comme bourreau de sac de riz.

  Louis Merrick. Merrick de la catastrophe du Café Condom. Une troisième impression, c’est la meilleure façon de faire une seconde bonne impression. Enfin. Encore heureux que je ne sois pas à quatre pattes à ramasser les grains un par un.

  — Merrick, dis-je.

  Il soulève le sac sans effort et marche vers ma voiture. Dans ses bras, le fardeau ressemble à un enfant blessé qu’il viendrait de sauver d’un bâtiment en feu. Il n’est pas superbe à rendre Ga-Ga, mais il sait manœuvrer un sac de grains récalcitrant. Mon ravissement dépasse ce que provoque habituellement le sauvetage d’un sac de riz.

  J’ouvre le coffre, et il y dépose soigneusement son fardeau malmené.

  — Sain et sauf, dit-il.

  J’envisage de m’écrier « Mon héros ! », mais à la place je lui demande ce qu’il fait ici. J’ai l’air d’une ingrate.

  — Euh…

  Il désigne l’hacienda de Super Ralph’s.

  — … mes courses ? J’habite un peu plus loin.

  — Oh, c’est vrai, c’est vrai.

  Je le regarde. Ses cheveux font toujours peur, il a l’air un peu négligé et fatigué, et il m’attire vraiment.

  — Merci. Vraiment.

  — Ça fait beaucoup de riz.

  — J’aime le riz. Beaucoup.

  Puis je crache la vérité.

  — En plus ce n’est pas cher. J’ai perdu mon… Je n’ai pas trouvé de travail.

  Il prend un air poliment embarrassé avant de déclarer qu’il est heureux de m’avoir rencontrée.

  — Je voulais m’excuser, dis-je. Pour l’autre jour, avec les, euh…

  — Les préservatifs en folie, rit-il. Je me sens un peu responsable.

  J’écarte ses excuses d’un geste.

  — Vous n’y êtes pour rien. Je suis la réincarnation de Calamity Jane. Mais merci quand même.

  — Evidemment, je me suis demandé pour quelle raison vous promeniez assez de préservatifs pour fournir un régiment de marins à l’escale.

  — Je ne comptais ni fournir un régiment, ni personne. Vous vous souvenez des blagues téléphoniques ? Le gosse me harcèle aussi chez moi. Il me lance des écureuils morts, par exemple. Alors j’ai pris les préservatifs pour les remplir d’eau et bombarder ce délinquant juvénile en puissance.

  Ses yeux s’écarquillent, remplis de ce qui peut passer au choix pour de la stupéfaction, de l’amusement ou de l’horreur.

  — Quoi ?

  Je ne lui ai même pas raconté que j’avais bombardé M. Petrie.

  Il secoue la tête.

  — Bon… Merrick…

  Il est temps de m’éclipser avec mon riz.

  — … ce fut un plaisir de…

  — Pourquoi m’appelez-vous Merrick ?

  — J’aime bien Merrick. C'est un nom solide.

  Il ne me croit pas, mais je refuse de m’expliquer.

  — Quel est votre nom de famille ? demande-t-il.

  — Medina.

  — C'est comme ça que je dois vous appeler ?

  — Non, cela ferait bizarre.

  Ses yeux pétillent.

  — Accepteriez-vous de dîner avec moi, Elle ?

  Je ne sais pas trop s’il se moque ou quoi.

  — Quand ? je demande d’un air suspicieux. Je suis assez prise dans les semaines à venir.

  — Demain soir ?

  — D'accord.

  Il sourit.

  — Je passe vous prendre à 19 heures ? Vous habitez où ?

  — Non !

  Surtout, qu’il ne voie pas où j’habite.

  — Pas à 19 heures ? Ou…

  — Pourquoi ne pas nous retrouver au restaurant ?

  — Parce que vous seriez en retard. Pourquoi pas chez
Shika à 18 h 30 ? Italien, ça vous dit ? Je pensais à Bucatini’s, mais ils sont plus pâtes que riz.

  18

  Je ne sais pas pourquoi Merrick a prétendu que je serais en retard si nous nous retrouvions au restaurant. En fait, je commence à me préparer à 14 h 30 et arrive chez Shika avec vingt minutes d’avance.

  — Salut, me dit Maya.

  — J’ai perdu mon boulot, dis-je en me glissant sur un fauteuil.

  Je lui raconte ma triste histoire. Elle me manifeste la sympathie de mise, mais ne se montre pas tendre envers Ga-Ga, même si je lui explique qu’il ne peut pas être jugé selon les critères normaux.

  — Alors pourquoi es-tu habillée si chic ? demande-t-elle.

  — J’ai rendez-vous.

  — Avec le nouveau Louis ?

  J’acquiesce, bien que l’évocation de son prénom fasse baisser mon enthousiasme d’un cran.

  — Tu es superbe.

  — N’est-ce pas ? Et devine qui n’a rien avalé depuis ce matin !

  — Elle ! Sauter un repas ne te fera pas paraître plus mince.

  En fait si. Mais ce n’est pas la question.

  — Il ne s’agit pas de ma ligne mais d’une stratégie économique. Ce soir, je vais commander plus que je ne peux manger, comme ça je demanderai des doggie bags et j’aurai mes repas assurés pour plusieurs jours. Mais j’ai pensé qu’il fallait aussi que je sois en appétit pour profiter du repas.

  — Tu as lu ces bêtises dans Cosmo ?

  — Non, c’est de moi, dis-je avec fierté.

  — Diviser l’addition en deux ne t’a même pas effleuré l’esprit.

  — Si je voulais faire des divisions, je prendrais des cours de trigonométrie.

  — D’algèbre.

  — De toute façon, ce n’est pas comme si ce rendez-vous ne me coûtait rien. Si tu réfléchis, ma robe vaut cinq cents dollars, mon maquillage, deux cents de plus. Coiffeur cent cinquante. Je ne compte pas les accessoires, produits capillaires, régimes, produits de beauté et tout le reste. Il m’a fallu trois heures pour atteindre ce niveau de perfection, sans compter les mois, les années passés à m’entraîner. Lui, il va débarquer avec sur le dos le premier truc trouvé ce matin en boule au fond de son placard, ses cheveux étranges, après avoir investi dans ce rendez-vous au maximum dix minutes d’appréhension et de fantasmes sexuels déviants. Moi je lui ai consacré onze heures, à lui seul, et trois semaines aux hommes en général. J’ai lu quatre articles sur la cellulite et deux sur les obsédés sexuels. Je suis baignée, épilée, parfumée, teintée, bouclée, gommée, peinte et d’une élégance à couper le souffle. Je devrais adresser des factures à l’heure à ce foutu architecte.

  Maya applaudit. Une seconde paire de mains, apparue durant ma diatribe, se joint à elle. Deviner à qui appartiennent ces mains ne rapporte aucun point.

  — Je suis en avance, lui dis-je.

  — Vous êtes d’une élégance à couper le souffle. Et d’ici on remarque à peine la cellulite.

  Je ris, parce que je sais qu’il plaisante, mais je ne rirai pas s’il me surprend nue un jour. Craignant que les tabourets de bar n’aient le même effet que les fauteuils polochons, je me lève et m’avance à sa rencontre.

  Mon Dieu ! Et maintenant ? Que suis-je censée faire ? Lui serrer la main ? Je n’ai pas eu de véritable rendez-vous depuis l’été après le lycée. Avec les types que j’ai connus à la fac, avant de vivre avec Louis, c’était complètement différent — nous ne sortions pas ensemble, nous traînions ensemble.

  Merrick fait la moitié du chemin et m’embrasse sur la joue. C'est très agréable. Je me laisserais bien aller, mais je me retiens.

  — Vous voulez d’abord boire un verre ? Ou êtes-vous prête à aller dîner ?

  — Je suis prête, dis-je très vite.

  Aucune envie que Maya ne surveille mon rendez-vous. De plus, officiellement, je meurs de faim.

  Nous descendons State Street jusque chez Bucatini’s. C'est un café italien en partie à l’extérieur, dont les tables recouvertes de nappes blanches bordent le patio de briques, à l’ombre d’un auvent. Quand j’étais au lycée, l’endroit abritait un restaurant de grillades graisseux, mais il n’en reste nulle trace. Une hôtesse allume les bougies tandis que Merrick et moi nous asseyons, et tout d’un coup la timidité m’étreint. C'est un vrai rendez-vous. Ce n’est pas une rencontre matinale autour d’un café. C'est le genre de rendez-vous romantique où nous risquons de nous retrouver nus et en sueur, et j’éprouve une vague de culpabilité envers Louis. Comme si je le trompais.

  Il ne s’est même pas donné la peine de rompre nos fiançailles avant d’épouser une autre femme, et c’est moi qui me sens coupable. Que Louis aille au diable. Peut-être n’étais-je pas la future épouse parfaite, peut-être étais-je trop dépensière et peut-être errais-je en roue libre sans but précis, mais j’étais fidèle, honnête et je l’aimais du mieux que je pouvais.

  — Elle ? dit Merrick.

  — Désolée. J’étais ailleurs.

  Il attend tranquillement.

  — C'était un restaurant de grillades ici auparavant, quand j’étais au lycée.

  Il ne répond rien.

  Je l’observe par-dessus mon menu. Il porte de nouveau une chemise de lin — cette fois d’un bleu pâle qui fait ressortir ses yeux gris. Malgré ses cheveux rouges, il est beau. Il a des traits affirmés. En venant de chez Shika, j’ai remarqué qu’il sentait le savon à la lavande et la crème à raser. Je lui ai touché le bras, puis touché encore.

  Mais je ne sais pas quoi dire. Mes aptitudes au badinage ne sont pas simplement rouillées, elles se sont totalement désintégrées. Et je m’inquiète de ce qu’il va penser quand je vais commander deux repas. Le serveur approche avec une bouteille de chianti, Dieu merci. Tandis qu’il verse le vin, j’ai un prétexte pour rester silencieuse. Merrick goûte, et nous approuvons.

  J’avale une énorme gorgée de vin et l’interroge sur sa journée. Je porte déjà des dessous sexy. Si je lui donne du temps « dans sa caverne, » il comprendra que je ne plaisante pas.

  Il me dit que sa journée s’est bien passée. Il est amusant, léger, et semble heureux d’entretenir la conversation. Il m’interroge à son tour, et malgré ma résolution, je lui fais un résumé des événements Super 9.

  — Elle, vous vous êtes fait virer ? Vous ne pouviez pas vous expliquer ? Je ne comprends pas comment vous vous êtes fait virer.

  Je suis complètement dégrisée. Dans son rôle d’adulte sévère, il ressemble tellement à Louis — mon Louis — que lorsque le serveur revient prendre nos commandes, je suis prête.

  — Je vais prendre les crevettes Renato. Et le melon au jambon de Parme pour commencer.

  Je me défie de commander également les penne, mais je n’en ai pas le cran. Au lieu de ça, je dis :

  — Nous aurions encore besoin d’un peu de pain. Et je prendrai un bol de soupe.

  Merrick passe commande avant de demander :

  — Comment vous êtes-vous fait virer ?

  — C'est très facile, dis-je avec désinvolture. L'incapacité à remplir ses tâches professionnelles suffit généralement.

  — C'est ce qui s’est passé ? Vous vous êtes montrée incapable ?

  Je ressens soudain une certaine fierté. Tout le monde n’est pas capable de générer des poursuites contre une grosse entreprise lors des deux premières semaines de son premier vrai boulot. Je lui raconte toute cette sordide histoire, y compris comment je me suis fait accuser de vol chez Nordstrom, et la plainte contre Spenser.

  Il reste ébahi.

  — Vous ne vous sentez pas coupable envers le détective privé ?

  Bien sûr que si.

  — Son assurance couvrira les frais, dis-je avec optimisme.

  — Son assurance ! Il n’aurait pas besoin de son assurance si vous aviez fait votre travail, Elle. La raison même de votre présence — la raison pour laquelle il vous payait à feuilleter des magazines dans les cabines d’essayage — c’était d’empêcher les vols. Avez-vous jama
is pensé que…

  Je finis ma soupe et un troisième verre de vin avant que Merrick ne décompresse enfin. Je me sens nulle.

  — C'est une jolie chemise, dis-je pour changer de sujet.

  — Quoi ?

  — Votre chemise. Elle est assortie à vos yeux.

  — Et vous n’avez jamais travaillé auparavant ?

  Ça a bien marché.

  — Pas exactement. Enfin oui. Mais pas exactement.

  — Vous avez des compétences ?

  — Bien sûr que j’ai des compétences, je réponds, trop fort. Ce ne sont pas des compétences professionnelles, c’est tout. Est-ce que j’aimerais savoir taper ? Savoir me servir de feuilles de calcul ? Oui, surtout au moment de payer le loyer. Mais les gens perdent leur vie à travailler — j’ai perdu assez de temps. J’ai perdu six ans…

  J’arrête de siffler du vin.

  — … vous me faites penser à lui.

  — A qui ?

  — A mon fiancé. Mon ex-fiancé…

  Je me verse un autre verre.

  — Lui aussi me faisait toujours la morale.

  — C'est pour ça que vous l’avez quitté ?

  — Non, c’est pour ça qu’il m’a quittée.

  Il desserre gentiment mes mains crispées autour de la bouteille et se verse un autre verre.

  — Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire la morale.

  — Ce n’est pas grave.

  Maintenant qu’il s’excuse, j’ai envie de pleurer.

  — Maya me fait la morale aussi. Mais elle est plus petite que moi, alors je peux lui régler son compte.

  — Vous me réglerez mon compte plus tard.

  Et il me demande depuis combien de temps Maya et moi sommes amies.

  Nous buvons et parlons, et le reste des plats arrive. Je picore une crevette. La corbeille à pain est vide. Dingue. J’ai encore faim, mais si je m’arrête maintenant, j’aurai un repas complet à rapporter chez moi.

  — Ce n’est pas bon ? demande Merrick, m’observant picorer comme un oiseau.

  — C'est délicieux. Simplement je… me repose.

  — Vous vous reposez.

  Je prends une nouvelle gorgée de vin.

  — Je peux goûter votre plat ?

  Il pousse son assiette vers moi, et je pique de ma fourchette une bouchée consistante de linguini et une grosse olive. Délicieux. Je pique et tourne avec ma fourchette, et il demande s’il peut goûter mon plat.

 

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