ELEANOR DÉBARQUE !

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ELEANOR DÉBARQUE ! Page 25

by Lee Nicols


  — Je suis très occupée, ici.

  — Je vois ça.

  Il sourit.

  — Vous me donnez cinq minutes ?

  Il acquiesce et s’installe dans mon fauteuil taché d’encre. Il paraît bien assis là — en plus, il cache la tache.

  Je me précipite dans la salle de bains en pensant à la maison de rêve de Merrick. La clé de sa vie intérieure. J’ai hâte de la voir. Je mets du mascara et du rouge à lèvres, relève mes cheveux, et échange mon sweat et mon caleçon contre un pull TSE et une minijupe en jean Marc Jacobs. J’émerge de la salle de bains rougissante et tout excitée.

  Nous prenons sa voiture. Ce trajet avec lui me rappelle la balade après notre dernier dîner. Nous prenons Cabrillo Boulevard, le long de l’océan, jusqu’à la Mesa, descendons une rue sur le côté, à travers un quartier insipide, jusqu’à l’océan. Sa maison est un adorable petit joyau, perchée en haut d’un rocher surplombant la plage.

  — Et vous préférez vivre dans votre bureau ? dis-je tandis qu’il se gare dans l’allée.

  — Le bureau est fini, lui.

  J’examine plus attentivement : la maison est à deux étages, d’un gris doux, entourée de lavande et de sauge mexicaine. Des bardeaux étranges couvrent le toit, qui me font penser aux sœurs Moody, ces architectes qui dessinaient des cottages de contes de fées à Santa Barbara dans les années 50 ou 60.

  — Qu’est-ce que ça veut dire ? Pas terminée ? Des murs, un toit, des fenêtres… Moi, ça me paraît terminé.

  — Vous verrez.

  — Si c’est parce qu’il n’y a pas de cuisine, ça ne compte pas. J’ai vu trois apparts à louer sans cuisine, et ça ne semblait étonner personne.

  — Il y a une cuisine.

  Nous remontons l’allée de pierre. Une chaude bouffée de vent nous apporte le parfum de l’océan, couvert par celui de la lavande et de la sauge mexicaine. Je m’arrête un moment, pour écouter le ressac, et Merrick attend.

  — J’entends les vagues.

  J’adore le bruit des vagues.

  — J’adore ce bruit, dit-il en me guidant à l’intérieur. C'est pourquoi j’ai acheté ici. Je peux tout juste me le permettre.

  Du plancher au plafond, les fenêtres dévorent la façade de la maison qui donne sur l’océan. Les murs sont crème, soulignés de tableaux de style moderne, spectaculaires mais sans agressivité. Des pastels à l’huile, me dit Merrick, d’un artiste local. Un sol de chaudes dalles de terra cotta dans la cuisine et les salles de bains, et une moquette beige clair dans le reste de la maison. La cuisine s’ouvre sur le salon. Des poutres apparentes aux plafonds. Parlez-moi de lignes pures — ma mère applaudirait le feng shui. L'énergie, de la lumière et de l’air, se déverse, pure et douce, dans la maison. Je peux la sentir sur mes bras.

  — Vous aimez ? demande-t-il, légèrement incertain.

  Le premier manque de confiance que je remarque chez lui. Je le trouve touchant.

  — Vous savez que oui. L'extérieur me rappelle… Vous connaissez les sœurs Moody ?

  Il sourit.

  — La réflexion parfaite.

  — Mais à l’intérieur…

  — Je sais. Tout le monde me dit que je n’aurais pas dû mettre de la moquette.

  — Ce n’est pas aussi élégant que des planchers de bois, mais ce n’est pas ce que j’allais dire. C'est confortable. Agréable à vivre.

  — C'est ce que j’ai pensé. La moquette est plus agréable à vivre. Avec des planchers de bois, vous récoltez de la poussière qui colle à vos pieds nus.

  — Je déteste ça. En plus, on ne peut pas se rouler sur le plancher comme on se roule sur la moquette.

  — La moquette est incontestablement supérieure pour se rouler par terre.

  Je suis certaine que je rougis.

  — Je ne vois pas comment vous pouvez prétendre que ce n’est pas fini. Fenêtres et portes. Deux toilettes. Eau chaude et froide.

  — Laissez-moi vous montrer.

  Il m’entraîne dans la salle de bains principale. La baignoire à pieds est grosso modo de la taille de mon ex-wagon de trolley. La fenêtre descend jusque sous le rebord de la baignoire, ainsi on peut plonger dans un bain et dans la vue en même temps. Les murs sont couleur sable. Je suppose que ça ne se fait pas de demander à rester seule une heure afin de prendre un bain. Encore qu’il pourrait me rejoindre. Ça m’irait aussi.

  — Vous voyez ? dit-il en désignant le cadre d’une fenêtre avec un mélange de triomphe et de frustration. Là. L'erreur de couleur.

  C'est blanc. Exactement du même blanc que les deux autres embrasures de fenêtres.

  — Les autres aussi ?

  — Non, celles-là sont de la bonne couleur.

  Je louche sur les fenêtres.

  — Elles sont exactement pareilles.

  Il jure que non, radotant une histoire de nuancier et de mélanges dans les peintures.

  — Même s’il existe une infime différence de nuance, dis-je, il est impossible que quiconque s’en aperçoive jamais.

  — Moi si.

  — Ce n’est que ça ? je demande, médusée. C'est la raison pour laquelle vous n’emménagez pas ?

  — Non, il y a pire.

  Il me mène dans la cuisine.

  — Vous avez vu les poignées ?

  Elles sont en nickel non poli et très belles.

  — Ce sont des antiquités ?

  — Oui. Mais vous ne voyez pas ?

  — Quoi, elles sont tordues d’un millimètre ?

  — Non, la troisième fois, ils les ont posées correctement. Mais regardez, ils ont raté la gradation des couleurs. Celle-là, au milieu, est plus sombre que ces deux-là. Elle aurait dû se trouver à la fin. Maintenant il faut qu’ils recommencent toutes les poignées, en commençant par ici.

  Des bulles de délice se lèvent en moi. L'océan, la maison, la présence de Merrick : je ris.

  — Merrick, vous êtes névrosé !

  Je le dis comme si c’était la chose la plus merveilleuse du monde, et peut-être que ça l’est.

  — Vous croyez ?

  — Vous êtes un obsessionnel compulsif, souffrant de troubles à la limite du ridicule.

  J’ouvre une porte-fenêtre et pénètre dans le patio en pierre de Jérusalem, entouré de palmiers. Une oasis surplombant l’océan.

  — En fait, c’est un miracle que vous puissiez vivre ici. Je crois que les vagues se brisent selon un rythme irrégulier.

  Il se tient près de moi tandis que nous observons les vagues. Il paraît satisfait de lui-même. Je ne peux pas dire pourquoi. Parce qu’il m’a avoué à quel point il a besoin de tout contrôler ? Parce qu’il a découvert que je ne partage pas son obsession ? Est-ce que je viens de réussir un examen ou bien de le rater ?

  Mais je ne crois pas qu’il soit le genre à soumettre les gens à des quizz. Plutôt le genre à tenter de transmettre un message. Je lui lance un coup d’œil de côté. Il est en train de me regarder. Il doit exister une réplique parfaite à dire tout de suite. Des mots qui montreraient que je le comprends et feraient passer mon message personnel… Au lieu de ça, je désigne trois caisses blanches perchées du côté de la falaise.

  — Qu’est-ce que c’est ?

  — Des abeilles.

  — Neil a obtenu son miel de la mer, hein ?

  — Pour un temps limité.

  — Vous savez bien que maintenant, vous ne vous en débarrasserez jamais.

  — Oui. La seule fois où j’ai gagné après une discussion avec Neil, c’est seulement parce qu’il était tombé dans les pommes.

  — C'est lui qui a construit votre maison ?

  — Presque en entier.

  Je le regarde attentivement.

  — Je commence à comprendre. Les choses commencent à prendre sens — maintenant que j’ai vu votre maison, je veux dire.

  Il pose sur moi ses doux yeux gris. Ils sont assortis à la couleur de l’océan sous la lumière du soleil.

  — J’ai peur de demander.

  — Le club de dispute de
Neil, dis-je.

  — Vous voulez dire, le groupe de discussion ?

  — C'est ça. Bon alors, il a créé le groupe de dispu…

  — De discussion…

  — A cause de sa colère pathologique, non ?

  — Oui, ça et sa femme.

  — Maintenant je sais d’où vient cette colère…

  Je souris.

  — … Des clients comme vous…

  — C'est sûr. Je suis exaspérant.

  Suggère-t-il que c’est moi qui suis exaspérante ? Probablement. Mais ça ne fait rien. Nous nous installons dans un silence paisible, à regarder les surfeurs et les gens qui promènent leur chien sur la plage. Bientôt, ce sera moi avec Miu. Cette pensée me rend heureuse.

  — J’ai appris pourquoi vous vous êtes fait virer. Monty m’a raconté…

  Monty lui a raconté. Il n’y a donc rien de sacré dans ce bar ?

  — Je voulais vous dire que c’est vraiment bien de votre part. Vous devriez être fière.

  — D’avoir été virée ?

  Il ne répond pas mais je sais ce qu’il veut dire.

  — Merci, dis-je.

  — Et maintenant, vous pouvez vous lancer dans un réel boulot.

  Il doit voir apparaître quelque chose sur mon visage, parce qu’il ajoute tout de suite :

  — Je veux dire, au lieu d’un job au-delà du réel, comme le dernier.

  — Facile à dire, pour vous. Vous réussissez tout. Regardez cette maison, votre carrière. Des réunions à New York.

  Je tripote les épingles qui retiennent mes cheveux en contemplant la mer.

  — Je suis nulle en tout. Les employeurs sérieux ne veulent pas m’embaucher.

  — Si vous pouviez faire ce que vous voulez, que feriez-vous ?

  Je suis surprise d’entendre la même question que celle que j’ai posée à Nyla. Ça semblait bien sur le moment, mais maintenant, cela me semble stupide.

  — Je ne sais pas. J’étais vraiment bonne dans ce boulot de voyante.

  — Elle.

  On dirait qu’il a pris des leçons avec Maya.

  — Non, sérieusement. J’étais bonne. Maya dit que je devrais retourner à l’école, devenir psychothérapeute. Mais je ne veux pas traiter de problèmes réels. Je veux m’occuper des trucs idiots, vous savez — les petites choses, les difficultés amoureuses sur lesquelles on a juste besoin d’un autre regard. Les choses qu’on a honte de dire à son psy parce qu’on croit qu’on est censée s’adonner à un sérieux travail freudien. Je suis douée pour ça.

  — Vous êtes douée pour un tas de choses.

  Je renifle.

  — C'est sûr. Mon fiancé a épousé une autre femme. J’ai six mille dollars de dettes et pas de revenus actuels ou à venir. Je me suis fait virer de deux emplois en trois mois. Je…

  — Votre fiancé a quoi ?

  — On ne vous a pas raconté ça ?

  Je le regarde.

  — Je croyais que tout le monde vous racontait tout ce qui me concernait.

  Il secoue la tête.

  — Il a épousé une autre femme ?

  — Après six ans… dis-je d’un ton amer.

  Tout se précipite dans ma bouche.

  — Six ans, et nous étions en plein préparatifs de mariage. Il part en voyage d’affaires, et en une semaine, il revient marié à une autre femme. Et alors je… Je veux dire, était-il prêt pour le mariage ? Complètement. Nous avons vécu ensemble six ans. Mais un saut dans l’Iowa — l’Iowa ! — et il trouve quelqu’un qu’il préfère à moi. Je ne connaissais que des collègues de sa boîte, et mes parents ne m’ont aidée en rien. C'est comme si j’étais seule au monde, sauf Maya, alors je suis venue ici, et je n’arrivais pas à trouver un boulot, ni un appartement… ni…

  Soudain je veux me mettre à nu devant Merrick. Je veux qu’il voie qui je suis, qui je suis vraiment. Je veux me délester de toutes mes histoires et bêtises, et tout lui dire.

  C'est ce que je fais. En détail.

  Je fonds en larmes au milieu de mon récit, mais je continue de parler. Il continue de m’écouter. Je termine en sanglotant :

  — … je suis nulle. Vraiment nulle. Je rate tout, et chaque fois que je crois que ça va marcher, je me casse la figure.

  Je pleure sur son épaule. Le soleil se couche. Les mouettes rasent les vagues. L'odeur des algues est suspendue dans l’air salé.

  Mes larmes sèchent et je m’écarte de lui, embarrassée.

  Il prend ma main et la presse dans la sienne.

  — Il ne le sait même pas, n’est-ce pas ?

  Je le regarde sans comprendre.

  — Que vous avez quitté Washington pour venir ici, vivre dans une caravane…

  — Un trolley, je renifle.

  Il n’entend pas.

  — … parce que c’est tout ce que vous pouviez vous offrir. Vous avez tenté ce truc de détective, mais ça n’a pas marché. Vous avez essayé le truc de voyance, et ça a marché, sauf que vous avez refusé d’escroquer les gens, alors on vous a renvoyée. Vous pensez que vous êtes une ratée pathétique, mais votre fiancé vous a fait un sale coup, et vous vous êtes redressée. La boîte de voyance vous a durement frappée, les poursuites en justice, vos propriétaires, les cartes de crédit et tout ce que vous voulez, vous ont bien amochée. Vous êtes une sacrée dure — vous chancelez, mais vous vous redressez encore et encore.

  Il prend mon visage entre ses mains.

  — Vous devriez être fière, Elle. Peu importent vos échecs. Ce sont juste des choses qui arrivent. Ce qui importe c’est vous — et vous êtes quelqu’un dont on peut être fier.

  Le silence tombe. Le monde ne consiste plus qu’en lui et moi — le monde est vide et plein, et déborde, et la vie bouillonne en moi tout d’un coup, et je ne suis pas certaine de me souvenir de comment on respire. Bien. Apparemment, je suis amoureuse. Depuis combien de temps ?

  — Merrick… Je crois que je suis en train de tomber amoureuse de vous.

  Les mots s’échappent de ma bouche comme la marée, douce mais implacable. Je les entends comme si quelqu’un d’autre les prononçait, mais je ne les regrette même pas.

  — Louis ?

  Une voix de femme nous parvient de l’intérieur de la maison.

  — Tu es là ?

  Elle s’avance sur la terrasse. Menue, soignée, maîtresse d’elle-même et jolie. Tout ce que je ne suis pas. Soudain, c’est vrai : j’ai oublié comment respirer. Je suffoque. Ce n’est pas possible. Il doit y avoir une explication.

  — Votre sœur ? je demande dans un souffle.

  — Non, c’est ma…

  — La nouvelle femme de sa vie, dit la femme en posant une main possessive sur le bras de Merrick.

  — Elle, dit Merrick avec précaution. Je vous présente Betsy.

  33

  Je verrouille la porte de l’appartement derrière moi et trébuche jusqu’au téléphone. Il faut que j’appelle Maya. Ou le Dr Kevorkian, le chantre de l’euthanasie. Il faut que j’appelle quelqu’un.

  Je décroche et une voix masculine dit :

  — Ya?

  — Quoi ? Allô ? Le téléphone a sonné ? Allô ?

  — Il a sonné, dit la voix. Chienne.

  Tasch. Ce n’est pas du tout ce qu’il me fallait.

  — Maintenant, je sais où tu habites, dit-il. Je veux mon costume, chienne. Maintenant.

  — Il faut vraiment que vous fassiez quelque chose à propos de cette obsession avec le mot « chienne », Tasch. Si vous disiez « trouduc » à la place. Comme dans « Tu es un trouduc. »

  Je raccroche.

  Je ne me sens pas mieux. J’appelle Maya. Elle n’est pas chez elle. J’appelle Rusty et commande la plus grande des pizzas à l’ananas et à l’ail. Je la mange en entier moins une part, et ne me sens toujours pas mieux. Je passe le reste de la soirée à laver mes cheveux de façon obsessionnelle, à ranger mon appartement, et à essayer d’oublier ce qui s’est passé après que Merrick a dit :

  — Elle, je vous présente Betsy.

  Le matin suivan
t, je me réveille en partie revigorée. Que Merrick, Betsy, Oprah et le monde entier aillent se faire voir. Aujourd’hui, je récupère Miu Miu.

  Je vérifie le parking depuis la fenêtre de la cuisine. La voiture de Merrick n’est pas là. J’attrape la dernière part de pizza et je sors.

  Vingt minutes plus tard, je remplis les papiers dans le bureau du refuge. La bénévole sympa amène Miu en laisse. Quand Miu me voit, elle arque l’épaule gauche et bat l’air de sa patte droite.

  — Mon Dieu ! Vous avez vu ça ? Elle me dit bonjour ! Qui c’est, ma fifille ? Qui c’est, ma Miu Miu ?

  Je regarde la bénévole.

  — Vous avez vu ça ?

  Elle acquiesce.

  — Les boxers se comportent ainsi quand ils sont excités et qu’ils veulent jouer. C'est pourquoi on les appelle des boxers. Mais je n’ai jamais vu Pus… Miu Miu le faire auparavant. Vous lui plaisez.

  Les boxers font ça ? Ils boxent ? Je n’en avais aucune idée. C'est tellement mignon. Bien sûr que je lui plais. Je l’aime. Le moins qu’elle puisse faire, c’est que je lui plaise aussi. Je la serre contre moi et elle m’observe de ses grands yeux marron, tristes et pleins d’espoir, et…

  Je panique. Que suis-je en train de faire ? Elle a vraiment besoin d’aide. Elle a besoin d’une vraie maîtresse, d’une femme responsable. Pas de moi. Est-ce juste pour elle ? Je ne savais même pas que les boxers boxaient. Et si je ne sais pas bien m’occuper d’elle ? Et si elle était malheureuse avec moi ? Et si elle devenait encore plus malade ? Et si elle mourait ?

  Miu s’appuie contre moi, quémandant de façon évidente un support. Je sens ses côtes. Sa peau est comme un cuir chaud. Un filet de bave dégouline de ses bajoues.

  — Dans un rien de temps, elle fera des doughnuts, dit la bénévole.

  — Des doughnuts ? C'est ce truc avec la bave ? je demande. Ou avec le caca ?

  Elle rit.

  — Pour vous saluer, elle s’arrondira probablement en cercle, comme un doughnut. Ou un haricot. Certaines personnes appellent ça le haricot. C'est aussi un truc que font les boxers, juste pour que vous sachiez.

  Un haricot chauve et qui boxe. Elle est pathétique, bouleversante et désespérée. Et une fois que j’aurai signé mon nom et payé les frais, elle sera mienne pour toujours. Mon Dieu ! Cela fait peur. Mon visage se fige en un sourire pétrifié. C'est tellement permanent. Je ne sais pas si je peux le faire. M’occuper d’elle, l’aimer et tout, pour toujours. C'est un mariage. Un mariage avec quelque chose de bizarre et d’exigeant.

 

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