COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE

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COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE Page 11

by KLASKY


  On dirait un slogan de l’armée. Existe-t-il une armée des sorcières ? Si oui, espérons que l’uniforme est plus seyant que celui que je porte en ce moment !

  La deuxième paire de collants m’a l’air en bon état… jusqu’à ce que mes doigts s’accrochent au bout du pied droit. Je sens trois petites croûtes de vernis à ongles, chacune pour empêcher une maille de filer. En essayant de contourner le vernis avec mes orteils, je ne réussis qu’à déchirer la jambe dans toute sa longueur !

  Neko repart à l’attaque.

  — Où ça ?

  L'homme-chat n’est pas idiot. Avant d’accepter cette nouvelle responsabilité, il joue la prudence. Difficile de l’en blâmer.

  — En haut de Dupont Circle. Il y a une laverie automatique à P Street. Vous pouvez prendre un taxi à l’aller et au retour, c’est moi qui vous l’offre.

  La troisième fois est la bonne. Je réussis à enfiler mes pieds dans la dernière paire de collants. Je tire d’un coup sec au niveau de la taille pour essayer de faire remonter le tout. J’ai comme l’impression que je vais devoir passer à la taille supérieure, le L fatidique ! Je pousse un énorme soupir… J’attrape ma charlotte et je l’enfonce sur mes cheveux rebelles avant d’ouvrir la porte de ma chambre.

  Neko cherche à négocier.

  — Vous offrez aussi le café ? J’en ai besoin en attendant que vos vêtements soient prêts.

  Je sors mon panier de linge sale dans le couloir avant de fermer la porte de ma chambre à clé derrière moi. En me retournant, j’ai le temps de voir Neko apparemment très déçu que mon Imbécile de Poisson soit hors de portée.

  — D’accord. Un café double, un café au lait ou un cappuccino, prenez ce que vous voulez.

  Je fouille dans mon sac et j’en sors un billet de cinq dollars tout chiffonné.

  — Tenez ! Et vous trouverez un peu de monnaie pour la machine à laver dans le bol en céramique.

  Je fais un geste vers la table de travail de la cuisine. Au moment d’ouvrir la porte d’entrée, une pensée me traverse l’esprit.

  — Il vous est déjà arrivé de faire la lessive, n’est-ce pas ?

  — Je verrai ça avec l’Assemblée des sorcières.

  — Neko!

  — Elles sont bien capables de faire des mojitos, non ?

  Que voulez-vous répondre à ça ?

  La cloche de l’église presbytérienne voisine commence à sonner l’heure. Je me précipite vers l’entrée de la bibliothèque. Tout en grimpant les trois marches de pierre, je fouille dans mon sac. Mon rouge à lèvres doit bien se trouver quelque part là-dedans… Il est trop tard pour une séance complète de maquillage, mais Mamie me dit toujours qu’avec du rouge à lèvres, une femme a toujours l’air prête !

  Mamie. Nous ne nous sommes pas parlé depuis que j’ai quitté le Four Seasons. Elle a laissé quatre messages sur mon répondeur, chez moi et au bureau : « La grand-mère de Jane Madison à l’appareil. » Mais je ne l’ai toujours pas rappelée. Je ne suis pas encore certaine de ce que je vais lui dire, ni de ce que je vais faire concernant Clara. J’ai déjà assez de choses qui me tombent dessus en ce moment, dans cette vie de dingue ! Je suis suffisamment paumée comme ça, je n’ai pas besoin d’un problème de plus à résoudre.

  Je finis par mettre la main sur mon tube de Cover Girl. Je jette un œil sur le bas du tube : Pick-Me-Up Pink. Est-ce une proposition ou un prétexte pour que quelqu’un vienne illuminer cette journée qui a très mal commencé?

  — Bonjour, Jane !

  Je lève la tête. Je me retrouve face à face avec Harold Weems, notre homme à tout faire : gardien, agent chargé de l’entretien, de la sécurité… et de l’accueil, apparemment. En général, Harold est bien trop timide pour me dire bonjour. Mais ce matin, il me tient la porte. Je suis d’autant plus surprise qu’il me détaille de la tête aux pieds, comme s’il découvrait ma tenue alors que nous avons adopté tous les deux le style colonial depuis une semaine !

  Il arbore des bas et un haut-de-chausses émeraude, avec une veste brodée et une redingote près du corps. Pour compléter l’ensemble, il porte un tricorne. Enfin, il est censé le faire, mais en général, il le porte sous son bras. Lorsque je m’approche de lui, il hoche la tête d’un air approbateur.

  — Cette jupe a vraiment une jolie nuance de brun.

  Je baisse les yeux sur mon costume, incrédule. Dès que je relève la tête, Harold vire au rouge pivoine. Surprise, je réponds :

  — Euh, merci.

  Il a du mal à reprendre son calme. Son visage d’ordinaire si pâle est presque cramoisi. Les quelques mèches de cheveux qui lui restent sont plaquées sur son cuir chevelu, et l’espace d’un instant, je crains qu’il ne soit victime d’une attaque sur les marches de la bibliothèque.

  Il s’exclame :

  — J’avais vraiment envie de vous dire que vous êtes très élégante aujourd’hui, mais je sais que je ne suis pas censé le faire. Vous voyez ce que je veux dire, avec ces lois sur le harcèlement et tout ça…

  Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, juste pour m’assurer qu’il n’a pas été poussé à me tenir ces propos par quelqu’un d’autre. Serait-il en train de me faire une blague ? Je me demande s’il ne m’aurait pas vue foncer à toute allure depuis la maison, affolée à l’idée d’être en retard… Mais non. A présent, il sourit d’un air timide.

  — Merci, Harold.

  J’empoigne mon rouge à lèvres pour l’appliquer une fois entrée.

  — Vous portez de nouvelles lunettes, il me semble ?

  Je cale ma vieille monture en écaille de tortue sur l’arête de mon nez.

  — Non, ce sont mes lunettes habituelles.

  — Vous vous êtes peut-être fait couper les cheveux ?

  Ça commence à devenir inquiétant.

  — Non, je n’ai rien changé du tout. D’ailleurs, je vais être en retard, comme toujours. Excusez-moi, mais il faut vraiment que je vous laisse.

  — Bien sûr.

  Harold fait un pas en arrière lorsque je passe devant lui, mais je l’entends reprendre son souffle. On le dirait presque excité de me voir.

  En rejoignant mon bureau, j’allume au passage la machine à café. Une fois arrivée, je mets en marche mon ordinateur et j’attends que le processus de démarrage soit terminé. Sur ma chaise, je trouve un message pris en mon absence en bonne et due forme : « La grand-mère de Jane Madison a téléphoné ce matin à 8 h 57. » Je suis censée la rappeler. Le message a été pris par HW. Je jette un coup d’œil à Harold, et je vois qu’il me regarde fixement de l’autre bout de l’entrée. Puis il se met à secouer la tête comme s’il venait juste de se réveiller après avoir fait un étrange rêve et agite les doigts dans ma direction avec un sourire idiot.

  Je ne serais pas autrement surprise de l’entendre me réciter des vers en hommage à ma beauté, qu’il aurait piqués dans une quelconque Forêt d’Arden où je jouerais le rôle de Rosalind. Ou alors, c’est que j’ai lu Comme il vous plaira – encore une pièce de Shakespeare ! – une fois de trop ! Au comble de la perplexité, je lui fais un petit signe à mon tour. J’attends qu’il descende les marches jusqu’à son atelier de maintenance avant de rejoindre mon bureau.

  Sept questions concernant les bouquins, une douzaine de cappuccino et trois explications sur mon costume plus tard, je n’ai toujours pas rappelé Mamie. Je sais bien que j’ai besoin de lui parler. Et de me confronter à Clara.

  Clara. Je n’arrive pas à l’appeler « ma mère », et je suis incapable de penser à elle comme ma mère. Pour moi, ma mère est une femme très belle à la chevelure rousse et à la peau de porcelaine. Elle flotte dans les nuages, et chaque fois qu’elle a peur de me perdre, d’être arrachée à moi dans le terrible accident de voiture qui lui a coûté la vie, elle soupire doucement.

  Ma « mère » n’est pas une femme égoïste qui m’a ignorée pendant vingt-cinq ans, et qui revient pour me gâcher la vie juste au moment où je parvenais enfin à tout maîtriser.

  Oui, parfaitement. Totalement sous co
ntrôle. Toutes les filles qui acceptent d’être coachées pour approfondir leurs dons en matière de sorcellerie ont la maîtrise de leur vie.

  C'est ce soir pendant le dîner que je prendrai mon premier cours. Je farfouille dans mes tiroirs à la recherche d’une boîte d’Advil. J’avale deux comprimés en espérant que la migraine due à la gueule de bois disparaîtra.

  Plus j’essaie d’éviter de penser à Mamie et Clara et plus je me fais du souci à propos de David, Neko, et de la collection de livres sur la sorcellerie stockée dans ma cave. J’ai déjà du mal à croire que j’aie pu laisser Neko me faire faire un nouveau tour de magie à mon insu, mais penser que j’ai accepté de dîner avec David me stupéfie encore plus. Il a sans doute raison de m’interdire de mélanger l’alcool et l’art de la magie.

  Un ami ne laisse pas ses amis faire des tours de magie avec un verre dans le nez.

  C’était quoi, déjà, la formule que Neko m’a fait lire?

  « Fais jaillir l’étincelle d’Amour

  Dans le cœur de l’Homme, à son insu. »

  Dans le cœur de l’Homme, à son insu? Je jette un nouveau coup d’œil vers l’entrée, là où Harold m’a accueillie si bizarrement ce matin. Lui qui ne m’a jamais dit deux mots depuis que je travaille ici…

  Non.

  C’est impossible.

  Je ne peux pas avoir jeté un sort sur ce pauvre Harold Weems, un être sans défense, pour qu’il m’aime!

  Mon cœur se serre dans ma poitrine, et j’ai du mal à respirer. Il faut absolument que je sorte de mon bureau, et que je quitte cette bibliothèque. Maintenant.

  L'horloge de mon ordi m’indique qu’il n’est même pas 10 h 30. Impossible de rentrer chez moi. Je ne peux pas non plus prendre une pause.

  Je fais ce qu’il me reste de mieux à faire. Après avoir récupéré mon sac dans le tiroir fermé à clé, je fais de grands gestes pour attirer l’attention d’Evelyn. Lorsqu’elle hoche la tête depuis l’autre côté du couloir, je fonce aux toilettes tout au fond de la bibliothèque, en me retenant pour ne pas courir. Je m’enferme dans l’un des box en claquant la porte derrière moi et je compose le numéro de Melissa sur mon téléphone portable.

  Elle répond après la quatrième sonnerie, et sa voix est aussi pâteuse que ses gâteaux au moka. Je suppose qu’il y a du monde à la boutique, ce matin, et si jamais elle est dans le même état, ou presque, que le mien après notre soirée de mojitothérapie… J’en viens donc directement au fait.

  — La formule magique a fonctionné.

  — Quoi?

  J’ai beau savoir que les autres boxes sont vides, je lui souffle à voix basse :

  — La formule magique. Celle que j’ai lue hier soir. Ça a marché.

  — De quoi parles-tu ?

  Je lui parle d’Harold, de ses questions bizarres. Lorsqu’elle prétend que je me fais des idées, je repense à mon premier client « café » de la journée, M. Zimmer. Cet octogénaire revêche fréquente la bibliothèque depuis des décennies. Jamais il n’a commandé de café, il n’était même pas d’accord quand nous avons lancé notre « bar expresso » dans l’entrée. Mais ce matin, il m’a demandé un café et, en plus, il m’a laissé un pourboire de deux dollars !

  Le temps que je finisse de raconter tous les détails, ma voix a viré à la gamme supersonique, une sorte de couinement façon Mickey Mouse. Je porte à ma bouche ma main libre et je m’attaque d’une dent féroce aux petites peaux d’un ongle déjà en piètre état.

  J’entends tinter la caisse enregistreuse en bruit de fond. Melissa accuse réception de mon histoire.

  — O.K. Et que comptes-tu faire?

  — Tordre le cou de ce mec dès que je rentrerai chez moi.

  — Le cou de qui ? Neko ou David ?

  Dès qu’elle prononce le nom de David, je songe à cet étrange moment que nous avons passé, l’instant où j’ai vu en lui un ami, un ami que je serais prête à embrasser. Un ami qui m’emmène dîner ce soir.

  Je m’empresse de préciser :

  — Je parle de Neko.

  — A toi de voir… Quant à ton prétendu problème, je pense que tu n’as aucune raison de t’inquiéter. Laisse les hommes se délecter de ton sourire. Laisse-les se pendre à tes basques, ça changera un peu. Tu le mérites, après tout ce que tu as subi l’an dernier.

  — C'est quand même étrange. Je n'ai jamais été la reine des boums, tu le sais…

  — Tu as toujours été jolie, Jane. Mais il t’arrive d’oublier d’utiliser tous tes atouts. Bon, il faut que je te laisse, j’ai une fournée de petits gâteaux à sortir dans deux minutes, et j’ai trois fidèles clients qui viennent d’entrer.

  Je la laisse vaquer à ses occupations. Je meurs pourtant d’envie de lui soutirer d’autres infos sur ce qu’elle appelle mes atouts. Je sors de mon box et je prends le temps de me regarder dans la glace des toilettes. Ma jupe est d’une jolie couleur châtaigne. Oui, et alors ? Avec ce costume, je ressemble à Old Mother Hubbard, le personnage de la comptine. Mais au moins, je n’ai pas de pauvre chien qui m’attend à la maison. Juste un homme-chat, que je vais écorcher vif à la première occasion qui se présentera. Un sortilège d’amour! Mais où avait-il la tête?

  Je soupire en fouillant dans mon sac. Je pourrais peut-être faire quelque chose pour réparer les dégâts d’une nuit de sommeil trop courte, et de cocktails à la menthe trop nombreux.

  Au fond de mon sac, je trouve une pince banane que je n’ai pas utilisée depuis des mois. Je la frotte un peu pour enlever quelques grains de poussière et je coiffe mes cheveux en chignon torsadé. Je dois m’y reprendre à trois fois pour positionner la pince correctement, mais lorsque je mets la charlotte sur ma tête, je suis surprise de voir la différence. Avant, j’avais le look d’une fille de cuisine surmenée, et maintenant, je ressemble vaguement, disons de loin, de très très loin, à une laitière fraîchement débarquée de sa campagne.

  Encouragée par ma transformation, je continue de fouiller dans mon sac et je tombe sur un vieil eye-liner. La teinte bleu-vert donne de la profondeur à mon regard. J’en mets un peu plus au coin extérieur de l’œil pour donner le change et passer pour une bibliothécaire bien réveillée. Je complète la transformation avec une touche de rouge à lèvres Pick-Me-Up Pink. Voilà, c’est tout ce que je peux faire ici, dans les toilettes.

  Je respire un bon coup et je retourne à mon bureau.

  Devinez qui je trouve ? Mon Petit Ami Virtuel assis sur une chaise. Oui, mon Petit Ami Virtuel est là au moment où j’arrive, toute séduction dehors grâce à mes pouvoirs magiques. Mon cœur bat si fort dans ma poitrine que j’ai du mal à respirer.

  Dès que je m’approche, il se lève et me tend la main. Une poignée de main amicale et strictement professionnelle. Mais qui, me semble-t-il, dure quand même un peu plus longtemps que le strict nécessaire. Enfin, je l’espère.

  — Evelyn m’a dit que vous reveniez tout de suite…

  Je réponds d’une voix joviale :

  — Elle avait raison.

  Mais je lutte contre l’envie de me mordre la langue. Quel esprit de repartie!

  Mais Jason me décoche un nouveau sourire, toujours aussi à l’aise et sûr de lui.

  — Vous savez quoi ?

  Il poursuit avant que je puisse dire un mot.

  — Je commence à prendre goût à ces costumes. Au début, je trouvais ça nul, mais plus je les vois, et plus je suis convaincu que c’est une bonne idée.

  Son regard s’attarde sur la dentelle en haut de mon corsage.

  Mon corsage! Mon Petit Ami Virtuel est en train de mater mon corsage.

  Tout compte fait, je vais peut-être attendre un peu avant de tuer Neko. Je vais plutôt lui acheter un bon steak de saumon pour le récompenser de ce tour de force.

  Jason s’éclaircit la gorge, me rappelant à mes devoirs. Ne pas oublier que je suis avant tout bibliothécaire, bien avant de devenir sorcière.

  — Je cherche des renseignements, et je sais qu’ils doivent être faciles à trouver, mais apparemment, je n’ai pas de
chance. Je voudrais savoir combien de kilomètres en moyenne Chesterton pouvait parcourir à cheval en une journée, et combien de temps il a pu mettre pour retourner en Caroline du Nord lorsqu’il a entendu dire que George Junior avait le typhus.

  — Pas de problème. Avez-vous consulté l’étude de Graumman sur les transports à l’époque coloniale?

  — Graumman?

  Je souris et je conduis mon Petit Ami Virtuel vers les rayonnages bourrés de livres.

  La journée passe à une vitesse folle. Après avoir aidé Jason, je réponds aux obscures questions de trois autres clients. Des recherches intéressantes qui m’occupent une bonne partie de l’après-midi. Je retourne deux fois à mon bureau et je constate que Harold rôde autour, un peu trop près… Je reçois un nouveau coup de fil de Mamie, mais je suis vraiment trop occupée pour lui répondre, et je laisse le répondeur s’en charger.

  Je n’ai même pas le temps de faire une pause-déjeuner, et lorsque je prends enfin l’allée qui mène au cottage, en fin de journée, j’ai mal aux pieds. En revanche, tout va bien côté cœur. Je plane… Jason me trouve jolie dans ce costume, et même l’attention bizarre que me porte Harold me donne la curieuse sensation de sortir de l’ordinaire.

  Lorsque j’arrive chez moi, la porte d’entrée n’est pas fermée à clé. J’aperçois mon linge empilé sur l’un des canapés : les culottes ont été glissées discrètement sous les jeans, quelques hauts en tricot, deux ou trois pulls et un pyjama. Mes serviettes de toilette sont souples et encore tièdes. Je pose la main sur la pile et j’en extrais quelques échantillons que je scrute à bout de bras pour m’assurer que rien n’a rétréci au lavage. Apparemment, rien n’a été réduit à la taille Barbie.

  Parfait. Neko a brillamment passé le test lessive. L'opération n'a pas tourné au désastre, ce que je redoutais, je m’en rends compte maintenant.

  Je l’entends qui m’appelle depuis la cuisine.

  — Jane ? C’est vous ? Nous vous attendions pour partir.

  — Nous…?

 

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