COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE

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COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE Page 34

by KLASKY


  J’ai du mal à soutenir son regard. Je sens que son envie de rire me vise plus qu’autre chose.

  Je commence à dire :

  — Je suis désolée…

  Mais il ne me laisse pas continuer. Il m’embrasse… un vrai baiser. Du genre à vous couper le souffle et à vous demander où vous êtes…

  — Pourquoi désolée ? C'est bien le but de ce week-end, non ? Te construire un monde à toi pour échapper au stress du boulot…

  C'est à ce moment précis que je comprends que je l’aime. Ce n’est pas une simple passade, et je n’ai pas rêvé qu’il remplacerait Scott sur mon agenda personnel. Ni imaginé qu’il m’emporterait dans un tourbillon, loin du monde universitaire, et qu’il admirerait mes travaux de bibliothécaire comme s’ils avaient une importance pour le monde entier.

  L'amour...

  Qui laisse rapidement la place à un sentiment de culpabilité au creux de l’estomac. Je ne peux m’empêcher de penser à la pauvre Melissa qui se débat dans l’enfer de ses Premiers Rendez-Vous. Si elle se démène à ce point, c’est pour ça. Pour trouver l’amour. Elle espère connaître ce que j’ai eu la chance de découvrir presque par hasard. Toutes ses stratégies, ses réserves de mecs, tous ces premiers rendez-vous, ces malheureux rendez-vous sans espoir sont censés la mener à cette sensation de bien-être et d’euphorie que vous éprouvez en respirant certains parfums. Ce qu’on appelle l’amour.

  Je l’ai trouvé, elle non. Une petite voix me chuchote que j’avais un avantage sur elle : la formule magique du grimoire. Mais une fille se doit d’utiliser tous les atouts dont elle dispose, non ?

  Jason se détache de moi.

  — Bon, si tu me montrais mes quartiers ? Après, il faudra redescendre avant que ta cousine n’aille imaginer que je t’ai enlevée!

  Je frappe deux fois à la porte de la Chambre des Garçons, juste pour m’assurer qu’il n’y a personne. Lorsque je montre à Jason où il est censé dormir, il a l’air choqué.

  — Je croyais que…

  Il s’interrompt, mais la façon dont son regard s’attarde sur mon pull m’en dit long sur ce qu’il croyait…

  Je vire au rouge pivoine et je balbutie :

  — Moi aussi. Je veux dire, je l’espérais, enfin… Je voulais…

  J’avale une grande goulée d’air et je m’oblige à chasser lentement l’air de mes poumons.

  — Je vais voir ce que je peux faire. Cette maison a des dépendances. Elles sont déjà attribuées, mais peut-être que…

  Il se penche vers moi et chasse une mèche folle de ma joue.

  — D’accord. Vas-y.

  Le temps de rejoindre la cuisine, mon cœur bat la chamade. Mais ça n’a rien à voir avec les marches raides de l’escalier.

  Jason est le Petit Ami parfait. Tandis que les troupes reviennent de leurs excursions du matin, Jason fait connaissance avec toute ma famille, un par un. Il se laisse embarquer dans un jeu de touch football étonnamment brutal, sur la pelouse devant la maison, réussissant à capturer un des jumeaux de Simon et à le tenir la tête en bas pendant qu’un équipier marque l’essai gagnant. Jason aide aussi les autres à ramasser du bois pour le feu de joie de ce soir (il met la main sur une minuscule pomme de pin qu’il me glisse dans la main comme un gage d’amour). Puis il s’assied près de Mamie dans la véranda, s’extasiant sur son nouvel écheveau de laine et son châle en tricot, et lui pose des questions intelligentes sur son dernier projet.

  Il entame même une conversation animée avec Clara sur nos pères fondateurs : ont-ils été capables de se libérer de leur endoctrinement chrétien pour expérimenter un vrai renouveau spirituel sur les nouvelles terres rocailleuses de l’Amérique coloniale ? Je pense qu’il marque un nombre incroyable de points lorsqu’il proclame que le Plymouth Rock est le symbole de l’ancrage religieux du Nouveau Monde, et que le rocher qui se trouve sous les pieds des pèlerins trouve un écho dans le cristal du collier de Clara.

  Je note en passant qu’il s’agit de calcédoine. La pierre de la maternité.

  Je lance un regard appuyé à Clara. L'a-t-elle remarqué ? Toujours est-il qu’elle l’ignore.

  Pour le grand barbecue de fruits de mer de la soirée, ma contribution est un croustillant de pommes géant. Des cousins ont rapporté des tonnes de pommes fraîchement cueillies cet après-midi dans un verger. Je me suis surprise à les éplucher et à les couper en morceaux le sourire aux lèvres, tapant sur les doigts de Jason dès qu’il tentait d’en voler une tranche. Lorsque le minuteur de la cuisine se met à sonner, je quitte la véranda pour retirer du four le plat bouillant aux senteurs de cannelle.

  Lorsque je me retourne vers la table de travail, j’aperçois Mamie debout dans l’encadrement de la porte.

  — Il m’a l’air tout à fait charmant, ma chérie.

  Je laisse la joie qui bouillonne en moi transparaître dans mon sourire.

  — Il l'est, Mamie. C'est vrai.

  — Je suis surprise que tu ne m’en aies pas parlé plus tôt.

  Je la sens blessée, et je sais très bien pourquoi : elle se demande si je n’ai pas honte d’elle. Elle s’est toujours inquiétée pour moi parce que j’étais différente de mes amis, et que j’ai grandi sans avoir comme les autres une mère et un père.

  Je pose le plat brûlant sur une grille pour le laisser refroidir, et je me tourne de nouveau vers Mamie.

  — Mamie, ce n'est pas du tout ce que tu crois. C'est que, tout est arrivé si vite. Il y a eu tellement de changements, ces deux derniers mois…

  — Des changements ?

  Elle s’assied sur l’une des chaises de la cuisine, et soudain, j’ai une impression de déjà-vu. J’ai déjà eu cette conversation avec ma grand-mère. Nous avons parlé de Jason, de mon boulot à la bibliothèque, de la mystérieuse collection de livres dans ma cave.

  Mais non. Nous n’avons jamais eu ce genre de discussion. En revanche, nous n’avons pas cessé de dialoguer tout au long de mes années de lycée ô combien douloureuses. Dieu sait si nous avons parlé de long en large des tribulations de mon premier rendez-vous, de mon premier baiser, de ma première décision cruciale, à savoir quel garçon inviter au prochain bal.

  Il faut que je lui parle. Que je lui raconte tout de Neko, David et du peu que j’ai appris sur la sorcellerie. Mais avant que je puisse articuler le moindre mot, Leah fait irruption dans la cuisine.

  — Ah bon ! Tu as sorti la tourte du four !

  Contrariée par son arrivée, je lui lance sans réfléchir :

  — Ce n’est pas une tourte, c’est un croustillant.

  — Peu importe, c’est du pareil au même ! Les gosses réclament leur dessert. Si tu avais des enfants, Jane, tu saurais qu’on ne peut pas les faire attendre quand ils sont excités comme ça. Franchement, il y a des fois où je me demande comment vous faites pour vous en sortir, vous les célibataires !

  J’ai déjà sur les lèvres une réplique cinglante, plus chaude que le croustillant dans son plat ! Mais avant que je puisse cracher mon venin, Mamie se lève de sa chaise.

  — Bien. Faisons en sorte que nos petits monstres aient leur nouvelle ration de sucre ! Ça leur évitera de courir dans tous les sens autour du feu de joie.

  Je la remercie d’un sourire, et je me mets à rassembler les bols et les cuillers.

  Mon plat remporte un franc succès. Tous se dirigent ensuite vers la clairière, tout au bout de la propriété, pour le grand événement de la soirée.

  Le feu de joie est tout ce dont je me souviens de mon enfance. Les flammes s’élèvent sur fond de ciel noir, faisant jaillir des gerbes d’étincelles qui créent des dessins aux multiples formes. J’ai le dos gelé, mais mon visage est brûlant. Quelqu’un ouvre des sacs géants de marshmallows (j’échange avec Jason un sourire attendri), et des barres chocolatées Hershey apparaissent comme par magie près des boîtes de graham crackers. Les gamins ramassent de longues branches pour faire cuire les marshmallows. Un des jumeaux de Simon découvre un bout de bois à quatre branches, une rareté très convoitée.

  J’apprends qu
e Jason préfère ses marshmallows grillés comme du charbon, ou presque. Qu’il adore rajouter du chocolat sur ses s’mores. Qu’il est capable de lécher quelques miettes de graham cracker égarées au coin de ma bouche, dans le noir, là où s’arrête la lumière du feu. Je découvre aussi qu’il sait me protéger des pires histoires de fantômes du Connecticut en me tenant là, au creux de ses bras.

  Tandis que les enfants s’endorment et que les parents commencent à parler d’aller se coucher, Simon vient s’asseoir près de moi.

  — Ça fait si longtemps qu’on ne s’était pas vus, Jane.

  Il fait un signe de tête vers Jason comme pour l’inclure dans ses souvenirs.

  Je soupire.

  — Oui. Trop longtemps.

  Simon tend le poing, et je tends automatiquement la main. Un truc en laiton glisse de ses doigts dans les miens. Il me chuchote :

  — C'est le bleu.

  Le Blue Cottage. Celui que Mamie a réservé à Simon et Carol pour leur permettre de faire une pause loin des enfants. C'est celui qui est situé tout au bout de la propriété, loin des yeux indiscrets.

  — Simon, je ne peux pas accepter.

  — Bien sûr que si. Je dormirai sur le canapé de la Ferme. Il faut bien que quelqu’un veille à ce que les garçons ne sortent pas en douce trop tard. Et Carol sera très bien dans la Chambres des Filles.

  Jason exerce une légère pression sur ma main. Je me penche pour embrasser Simon sur la joue.

  — Merci.

  — Vous avez l’air heureux, tous les deux.

  Il refait un petit signe de tête à Jason.

  Nous attendons quelques minutes, juste pour sauver les apparences. Quelqu’un réclame une nouvelle histoire de fantôme, après quoi un vif débat s’engage pour savoir s’il est temps de sortir une bouteille de schnaps ou pas. J’attends que les gens se mettent à chanter pour sauter sur mes pieds. Je prends l’air innocent, comme si j’allais chercher une nouvelle brochette de marshmallow, et je me fonds dans l’obscurité. Jason me suit de près.

  Mes pieds connaissent bien le chemin jusqu’au Blue Cottage. Je l’ai suivi si souvent lorsque j’étais enfant… Je serre très fort la clé de Simon dans ma main, comme s’il s’agissait d’un talisman. Pendant que je fais tourner la clé dans la serrure, je sens le souffle de Jason dans mon cou. Et lorsque je cherche à tâtons l’interrupteur électrique, ses doigts se referment sur les miens, m’empêchant de plonger le cottage dans la lumière.

  Le clair de lune suffit. Il éclaire le lit grand format, illuminant le dessus-de-lit à motif « anneau de mariage » qui a toujours été dans la famille, aussi loin que remontent mes souvenirs.

  J’ai à peine le temps de poser la clé sur la table de chevet que Jason est déjà en train de m’embrasser. Rien à voir avec les doux baisers pleins de promesses qu’il m’a volés dans l’escalier. Cette fois, ce sont des baisers insistants, pressants. Je sens des ondes de plaisir me parcourir le ventre, et je m’arc-boute contre Jason avec une impatience dont je n’avais même plus le souvenir.

  Et notre côté animal prend le dessus. Comme les fées des bois qui nous entourent, tels Titania et Oberon fous d’amour au milieu de la forêt. Jason tire sur mon pull et ôte mon jean. Je lui rends la pareille, et je l’attire tout contre moi.

  Dans cette maison, l’air est glacial. Une nuit d’automne. Nous plongeons en même temps sous la couette que nous remontons sur nos épaules en pouffant comme des enfants un peu fous. L'espace d'un instant, je me demande ce que Jason peut voir. Je crains qu’il ne se sente trahi par mes cuisses trop enrobées, et qu’en refermant les mains sur ma taille, il prenne conscience que je ne suis pas une ballerine. Jamais je ne serai une Reine de la Glace russe, au corps de déesse.

  C'est alors que ses mains bougent avec une urgence nouvelle. Même moi, qui connais l’abstinence sexuelle totale depuis plus d’un an, je ne peux plus ignorer son désir.

  Soudain je m’exclame :

  — Zut !

  — Quoi?

  C'est à peine s’il a bougé.

  — Les préservatifs ! Je les ai laissés chez moi !

  Je suis furieuse contre moi. Furieuse et gênée, déçue, désespérée.

  — Peut-être que Simon et Carol…

  Mais Jason me fait taire d’un nouveau baiser. Renonçant à l’idée ridicule que mon cousin, celui qui a fait un mariage heureux, puisse avoir apporté des capotes, Jason s’assied dans le lit. Il cherche son jean par terre, dans l’obscurité, puis fouille dans sa poche et en sort un jeu de clés qu’il pose sur la table de chevet. Il s’empare de son portefeuille et l’ouvre.

  Il en sort un sachet.

  Un sachet qu’il ouvre en quelques secondes. Et dont il fait un très bon usage là, au milieu des bois du Connecticut.

  26

  C'est le soleil du petit matin qui me réveille. Les rayons filtrent à l’oblique à travers le store. Pendant quelques secondes, je ne sais plus où je suis, je me crois de retour chez moi. Je remonte ma couette à la hauteur du menton et je m’aperçois que ce n’est pas une couette.

  C'est un couvre-lit.

  Et je suis allongée nue dessous.

  En plus, je ne suis pas seule.

  Je roule sur le côté et je me retrouve face à Jason Templeton.

  — Bonjour!

  — Bonjour.

  Les mots ont du mal à sortir car mon cœur se met à s’emballer, et je regrette aussitôt d’avoir parlé. A quoi ai-je la tête ? Je ne me suis même pas encore brossé les dents ! J’ai fini par attirer Jason jusque dans ce lit, je ne vais pas le faire fuir avec une haleine du matin chargée de relents de fruits de mer et de s'mores !

  Avant que je ne trouve le moyen de sortir du lit en douce et de retrouver une haleine de jeune fille en piquant le dentifrice de Simon et en me frottant les dents avec le doigt, avant que je me résigne à montrer mon postérieur nu à Jason en fonçant vers la salle de bains, Jason m’empêche de prendre la moindre décision !

  Il m’attire à lui d’une poigne solide, et ses doigts agrippent mes cheveux. Ses lèvres se posent sur les miennes comme s’il était parfaitement naturel que deux personnes s’embrassent sans s’être assurées d’avoir une haleine fraîchement mentholée…

  Après tout, c’est sans doute vrai.

  Et je ne regrette pas la leçon ! Tandis que ses doigts entament un massage de mon cuir chevelu, je ne regrette rien. Puis ses mains descendent, se faisant plus douces au contact de mon dos nu. Je me love contre lui en savourant le plaisir de sentir nos corps se réveiller, se mêler et se trouver l’un l’autre sous le couvre-lit.

  Scott n’a jamais été très partant pour faire l’amour le matin. Il n’était pas du genre à aimer se prélasser entre les draps, il avait trop de choses importantes à faire, trop de gens hyperintéressants à voir. Un jour, je lui ai proposé un « week-end pyjama », pendant lequel nous resterions chez nous pour faire l’amour et manger des tas de trucs qui font grossir, et il m’a regardée comme si j’étais devenue folle avant d’éclater de rire de ma prétendue blague!

  Alors que Jason…

  Jason et Scott, c’est le jour et la nuit.

  Lorsqu’il réapparaît pour reprendre son souffle, Jason s’exclame :

  — J’ai pensé que venir à ta réunion de famille pouvait être une expérience insolite.

  — Je savais que tu t’intégrerais immédiatement.

  Le double sens de mon innocente phrase nous fait rire tous les deux.

  — Sérieusement, j’ignore ce qui m’a pris de t’inviter. Je sais quelle épreuve ça peut être de rencontrer autant de gens d’un seul coup.

  — On peut dire que Leah m’a accueilli les bras ouverts!

  Nous voilà repartis à rire. Si seulement cette langue de vipère pouvait nous voir en ce moment…

  Jason se cale le dos contre son oreiller et m’allonge sur lui, la tête posée sur son torse. Un torse étonnamment musclé, disons le mot : parfait. C'est quand même un professeur de fac ! Je ne m’attendais pas à ce que, sous ses chemises à manches longues
et son impeccable pantalon kaki, se cache un corps pareil.

  J’entends son cœur battre contre mon oreille. Je fais courir mes doigts sur la courbe de ses côtes en soupirant.

  — Décidément, tout est trop parfait.

  Je n’avais aucune intention de dire ces mots à haute voix. Mais c’est pourtant la pure vérité. Je m’abandonne au repos là, dans ce cottage, au petit matin, à l’instar de ces grains de poussière qui scintillent à la lumière du soleil. Pendant que Jason se met à dessiner des formes sur mon dos du bout des doigts, je ferme les yeux.

  — Dis-moi quelque chose pour me prouver que je ne rêve pas.

  — Quoi?

  Sa voix est aussi paresseuse que ses mains.

  — Dis-moi quelque chose de mal sur toi. Un secret, n’importe quoi. Un truc qui me fasse comprendre que je ne suis pas en train de vivre un conte de fées.

  — Quelque chose de mal ? Tu veux dire, en dehors du fait que je suis marié?

  Je me fige instantanément.

  Il blague, bien sûr. Il me taquine. C'est d'ailleurs moi qui lui ai demandé de le faire, pas vrai ?

  — Marié?

  Curieusement, ma question me pousse à m’asseoir et à me draper dans le couvre-lit comme une héroïne de série télé soucieuse de la censure.

  — Tu sais bien… avec Ekaterina. Le mariage, le oui fatidique et tout le tremblement…

  J’entends parfaitement tous les mots que Jason vient de prononcer, mais c’est comme si je ne les comprenais pas. Ça ne colle pas avec mon Petit Ami, l’homme avec lequel je viens de faire l’amour.

  — Ekaterina ?

  Je ne sais même plus faire de phrases, je suis incapable de lier sujets et compléments, substantifs et verbes. Alors que mon ventre se noue, que mes doigts et mes orteils deviennent brûlants avant de redevenir froids comme la glace, je tente vainement de me rappeler comment parler, et poser des questions sur ce que je n’ai pas envie de savoir et qui me terrifie tout à coup.

  Avant que je puisse émettre la moindre phrase cohérente, Jason continue sur sa lancée :

  — Tu l’as rencontrée, rappelle-toi ! Au Five Guys et au Gala des Moissons.

 

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