Les Cinq Cents Millions de la Begum

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Les Cinq Cents Millions de la Begum Page 3

by Jules Verne


  Mme Sarrasin fut un moment éblouie. Elle embrassa son fils et sa fille en pleurant de joie. Il lui semblait que l'univers allait être à eux maintenant, et que le malheur n'oserait jamais s'attaquer à des jeunes gens qui possédaient quelques centaines de millions. Cependant, les femmes ont plus tôt fait que les hommes de s'habituer à ces grands coups du sort. Mme Sarrasin relut la lettre de son mari, se dit que c'était à lui, en somme, qu'il appartenait de décider de sa destinée et de celle de ses enfants, et le calme rentra dans son coeur. Quant à Jeanne, elle était heureuse à la joie de sa mère et de son frère ; mais son imagination de treize ans ne rêvait pas de bonheur plus grand que celui de cette petite maison modeste où sa vie s'écoulait doucement entre les leçons de ses maîtres et les caresses de ses parents. Elle ne voyait pas trop en quoi quelques liasses de billets de banque pouvaient changer grand-chose à son existence, et cette perspective ne la troubla pas un instant.

  Mme Sarrasin, mariée très jeune à un homme absorbé tout entier par les occupations silencieuses du savant de race, respectait la passion de son mari, qu'elle aimait tendrement, sans toutefois le bien comprendre. Ne pouvant partager les bonheurs que l'étude donnait au docteur Sarrasin, elle s'était quelquefois sentie un peu seule à côté de ce travailleur acharné, et avait par suite concentré sur ses deux enfants toutes ses espérances. Elle avait toujours rêvé pour eux un avenir brillant, s'imaginant qu'il en serait plus heureux. Octave, elle n'en doutait pas, était appelé aux plus hautes destinées. Depuis qu'il avait pris rang à l'Ecole centrale, cette modeste et utile académie de jeunes ingénieurs s'était transformée dans son esprit en une pépinière d'hommes illustres. Sa seule inquiétude était que la modestie de leur fortune ne fût un obstacle, une difficulté tout au moins à la carrière glorieuse de son fils, et ne nuisît plus tard à l'établissement de sa fille. Maintenant, ce qu'elle avait compris de la lettre de son mari, c'est que ses craintes n'avaient plus de raison d'être. Aussi sa satisfaction fut- elle complète.

  La mère et le fils passèrent une grande partie de la nuit à causer et à faire des projets, tandis que Jeanne, très contente du présent, sans aucun souci de l'avenir, s'était endormie dans un fauteuil.

  Cependant, au moment d'aller prendre un peu de repos :

  (( Tu ne m'as pas parlé de Marcel, dit Mme Sarrasin à son fils. Ne lui as-tu pas donné connaissance de la lettre de ton père ? Qu'en a-t-il dit ?

  — Oh ! répondit Octave, tu connais Marcel ! C'est plus qu'un sage, c'est un stoïque ! Je crois qu'il a été effrayé pour nous de l'énormité de l'héritage ! Je dis pour nous ; mais son inquiétude ne remontait pas jusqu'à mon père, dont le bon sens, disait-il, et la raison scientifique le rassuraient. Mais dame ! pour ce qui te concerne, mère, et Jeanne aussi, et moi surtout, il ne m'a pas caché qu'il eût préféré un héritage modeste, vingt-cinq mille livres de rente...

  — Marcel n'avait peut-être pas tort, répondit Mme Sarrasin en regardant son fils. Cela peut devenir un grand danger, une subite fortune, pour certaines natures ! ))

  Jeanne venait de se réveiller. Elle avait entendu les dernières paroles de sa mère :

  (( Tu sais, mère, lui dit-elle, en se frottant les yeux et se dirigeant vers sa petite chambre, tu sais ce que tu m'as dit un jour, que Marcel avait toujours raison ! Moi, je crois tout ce que dit notre ami Marcel ! ))

  Et, ayant embrassé sa mère, Jeanne se retira.

  III UN FAIT DIVERS

  En arrivant à la quatrième séance du Congrès d'Hygiène, le docteur Sarrasin put constater que tous ses collègues I'accueillaient avec les marques d'un respect extraordinaire. Jusque-là, c'était à peine si le très noble Lord Glandover, chevalier de la Jarretière, qui avait la présidence nominale de l'assemblée, avait daigné s'apercevoir de l'existence individuelle du médecin français.

  Ce lord était un personnage auguste, dont le rôle se bornait à déclarer la séance ouverte ou levée et à donner mécaniquement la parole aux orateurs inscrits sur une liste qu'on plaçait devant lui. Il gardait habituellement sa main droite dans l'ouverture de sa redingote boutonnée — non pas qu'il eût fait une chute de cheval —, mais uniquement parce que cette attitude incommode a été donnée par les sculpteurs anglais au bronze de plusieurs hommes d'Etat.

  Une face blafarde et glabre, plaquée de taches rouges, une perruque de chiendent prétentieusement relevée en toupet sur un front qui sonnait le creux, complétaient la figure la plus comiquement gourmée et la plus follement raide qu'on pût voir. Lord Glandover se mouvait tout d'une pièce, comme s'il avait été de bois ou de carton-pâte. Ses yeux mêmes semblaient ne rouler sous leurs arcades orbitaires que par saccades intermittentes, à la façon des yeux de poupée ou de mannequin.

  Lors des premières présentations, le président du Congrès d'Hygiène avait adressé au docteur Sarrasin un salut protecteur et condescendant qui aurait pu se traduire ainsi :

  (( Bonjour, monsieur l'homme de peu !... C'est vous qui, pour gagner votre petite vie, faites ces petits travaux sur de petites machinettes ?... Il faut que j'aie vraiment la vue bonne pour apercevoir une créature aussi éloignée de moi dans l'échelle des êtres !... Mettez-vous à l'ombre de Ma Seigneurie, je vous le permets. ))

  Cette fois Lord Glandover lui adressa le plus gracieux des sourires et poussa la courtoisie jusqu'à lui montrer un siège vide à sa droite. D'autre part, tous les membres du Congrès s'étaient levés.

  Assez surpris de ces marques d'une attention exceptionnellement flatteuse, et se disant qu'après réflexion le compte-globules avait sans doute paru à ses confrères une découverte plus considérable qu'à première vue, le docteur Sarrasin s'assit à la place qui lui était offerte.

  Mais toutes ses illusions d'inventeur s'envolèrent, lorsque Lord Glandover se pencha à son oreille avec une contorsion des vertèbres cervicales telle qu'il pouvait en résulter un torticolis violent pour Sa Seigneurie :

  (( J'apprends, dit-il, que vous êtes un homme de propriété considérable ? On me dit que vous " valez " vingt et un millions sterling ? ))

  Lord Glandover paraissait désolé d'avoir pu traiter avec légèreté l'équivalent en chair et en os d'une valeur monnayée aussi ronde. Toute son attitude disait :

  (( Pourquoi ne nous avoir pas prévenus ?... Franchement ce n'est pas bien ! Exposer les gens à des méprises semblables ! ))

  Le docteur Sarrasin, qui ne croyait pas, en conscience, (( valoir )) un sou de plus qu'aux séances précédentes, se demandait comment la nouvelle avait déjà pu se répandre lorsque le docteur Ovidius, de Berlin, son voisin de droite lui dit avec un sourire faux et plat :

  (( Vous voilà aussi fort que les Rothschild !... Le Daily Telegraph donne la nouvelle !... Tous mes compliments ! ))

  Et il lui passa un numéro du journal, daté du matin même. On y lisait le (( fait divers )) suivant, dont la rédaction révélait suffisamment l'auteur :

  (( UN HERITAGE MONSTRE.— La fameuse succession vacante de la Bégum Gokool vient enfin de trouver son légitime héritier par les soins habiles de Messrs. Billows, Green et Sharp, solicitors, 93, Southampton row, London. L'heureux propriétaire des vingt et un millions sterling, actuellement déposés à la Banque d'Angleterre, est un médecin français, le docteur Sarrasin, dont nous avons, il y a trois jours, analysé ici même le beau mémoire au Congrès de Brighton. A force de peines et à travers des péripéties qui formeraient à elles seules un véritable roman, Mr. Sharp est arrivé à établir, sans contestation possible, que le docteur Sarrasin est le seul descendant vivant de Jean-Jacques Langévol, baronnet, époux en secondes noces de la Bégum Gokool. Ce soldat de fortune était, paraît-il, originaire de la petite ville française de Bar-le-Duc. Il ne reste plus à accomplir, pour l'envoi en possession, que de simples formalités. La requête est déjà logée en Cour de Chancellerie. C'est un curieux enchaînement de circonstances qui a accumulé sur la tête d'un savant français, avec un titre britannique, les trésors entassés par une longue suite de rajahs indiens. La fortune aurait pu se montrer moins intelligente, et il faut s
e féliciter qu'un capital aussi considérable tombe en des mains qui sauront en faire bon usage. ))

  Par un sentiment assez singulier, le docteur Sarrasin fut contrarié de voir la nouvelle rendue publique. Ce n'était pas seulement à cause des importunité que son expérience des choses humaines lui faisait déjà prévoir, mais il était humilié de l'importance qu'on paraissait attribuer à cet événement. Il lui semblait être rapetissé personnellement de tout l'énorme chiffre de son capital. Ses travaux, son mérite personnel — il en avait le sentiment profond —, se trouvaient déjà noyés dans cet océan d'or et d'argent, même aux yeux de ses confrères. Ils ne voyaient plus en lui le chercheur infatigable, l'intelligence supérieure et déliée, l'inventeur ingénieux, ils voyaient le demi-milliard. Eût-il été un goitreux des Alpes, un Hottentot abruti, un des spécimens les plus dégradés de l'humanité au lieu d'en être un des représentants supérieurs, son poids eût été le même. Lord Glandover avait dit le mot, il (( valait )) désormais vingt et un millions sterling, ni plus, ni moins.

  Cette idée l'écoeura, et le Congrès, qui regardait, avec une curiosité toute scientifique, comment était fait un (( demi milliardaire )), constata non sans surprise que la physionomie du sujet se voilait d'une sorte de tristesse.

  Ce ne fut pourtant qu'une faiblesse passagère. La grandeur du but auquel il avait résolu de consacrer cette fortune inespérée se représenta tout à coup à la pensée du docteur et le rasséréna. Il attendit la fin de la lecture que faisait le docteur Stevenson de Glasgow sur l'Education des jeunes idiots, et demanda la parole pour une communication.

  Lord Glandover la lui accorda à l'instant et par préférence même au docteur Ovidius. Il la lui aurait accordée, quand tout le Congrès s'y serait opposé, quand tous les savants de l'Europe auraient protesté à la fois contre ce tour de faveur ! Voilà ce que disait éloquemment l'intonation toute spéciale de la voix du président.

  (( Messieurs, dit le docteur Sarrasin, je comptais attendre quelques jours encore avant de vous faire part de la fortune singulière qui m'arrive et des conséquences heureuses que ce hasard peut avoir pour la science. Mais, le fait étant devenu public, il y aurait peut-être de l'affectation à ne pas le placer tout de suite sur son vrai terrain... Oui, messieurs, il est vrai qu'une somme considérable, une somme de plusieurs centaines de millions, actuellement déposée à la Banque d'Angleterre, se trouve me revenir légitimement. Ai-je besoin de vous dire que je ne me considère, en ces conjonctures, que comme le fidéicommissaire de la science ?... ( Sensation profonde.) Ce n'est pas à moi que ce capital appartient de droit, c'est à l'Humanité, c'est au Progrès !... (Mouvements divers. Exclamations. Applaudissements unanimes. Tout le Congrès se lève, électrisé par cette déclaration.) Ne m'applaudissez pas, messieurs. Je ne connais pas un seul homme de science, vraiment digne de ce beau nom, qui ne fît à ma place ce que je veux faire. Qui sait si quelques-uns ne penseront pas que, comme dans beaucoup d'actions humaines, il n'y a pas en celle-ci plus d'amour- propre que de dévouement ?... (Non ! Non !) Peu importe au surplus ! Ne voyons que les résultats. Je le déclare donc, définitivement et sans réserve : le demi-milliard que le hasard met dans mes mains n'est pas à moi, il est à la science ! Voulez-vous être le parlement qui répartira ce budget ?... Je n'ai pas en mes propres lumières une confiance suffisante pour prétendre en disposer en maître absolu. Je vous fais juges, et vous-mêmes vous déciderez du meilleur emploi à donner à ce trésor !... )) (Hurrahs. Agitation profonde. Délire général.)

  Le Congrès est debout. Quelques membres, dans leur exaltation, sont montés sur la table. Le professeur Turnbull, de Glasgow, paraît menacé d'apoplexie. Le docteur Cicogna, de Naples, a perdu la respiration. Lord Glandover seul conserve le calme digne et serein qui convient à son rang. Il est parfaitement convaincu, d'ailleurs, que le docteur Sarrasin plaisante agréablement, et n'a pas la moindre intention de réaliser un programme si extravagant.

  (( S'il m'est permis, toutefois, reprit l'orateur, quand il eut obtenu un peu de silence, s'il m'est permis de suggérer un plan qu'il serait aisé de développer et de perfectionner, je propose le suivant. ))

  Ici le Congrès, revenu enfin au sang-froid, écoute avec une attention religieuse.

  (( Messieurs, parmi les causes de maladie, de misère et de mort qui nous entourent, il faut en compter une à laquelle je crois rationnel d'attacher une grande importance : ce sont les conditions hygiéniques déplorables dans lesquelles la plupart des hommes sont placés. Ils s'entassent dans des villes, dans des demeures souvent privées d'air et de lumière, ces deux agents indispensables de la vie. Ces agglomérations humaines deviennent parfois de véritables foyers d'infection. Ceux qui n'y trouvent pas la mort sont au moins atteints dans leur santé ; leur force productive diminue, et la société perd ainsi de grandes sommes de travail qui pourraient être appliquées aux plus précieux usages. Pourquoi, messieurs, n'essaierions-nous pas du plus puissant des moyens de persuasion... de l'exemple ? Pourquoi ne réunirions-nous pas toutes les forces de notre imagination pour tracer le plan d'une cité modèle sur des données rigoureusement scientifiques ?... (Oui ! oui ! c'est vrai !) Pourquoi ne consacrerions- nous pas ensuite le capital dont nous disposons à édifier cette ville et à la présenter au monde comme un enseignement pratique... )) (Oui ! oui ! — Tonnerre d'applaudissements.)

  Les membres du Congrès, pris d'un transport de folie contagieuse, se serrent mutuellement les mains, ils se jettent sur le docteur Sarrasin, l'enlèvent, le portent en triomphe autour de la salle.

  (( Messieurs, reprit le docteur, lorsqu'il eut pu réintégrer sa place, cette cité que chacun de nous voit déjà par les yeux de l'imagination, qui peut être dans quelques mois une réalité, cette ville de la santé et du bien-être, nous inviterions tous les peuples à venir la visiter, nous en répandrions dans toutes les langues le plan et la description, nous y appellerions les familles honnêtes que la pauvreté et le manque de travail auraient chassées des pays encombrés. Celles aussi — vous ne vous étonnerez pas que j'y songe —, à qui la conquête étrangère a fait une cruelle nécessité de l'exil, trouveraient chez nous l'emploi de leur activité, l'application de leur intelligence, et nous apporteraient ces richesses morales, plus précieuses mille fois que les mines d'or et de diamant. Nous aurions là de vastes collèges où la jeunesse élevée d'après des principes sages, propres à développer et à équilibrer toutes les facultés morales, physiques et intellectuelles, nous préparerait des générations fortes pour l'avenir ! ))

  Il faut renoncer à décrire le tumulte enthousiaste qui suivit cette communication. Les applaudissements, les hurrahs, les (( hip ! hip ! )) se succédèrent pendant plus d'un quart d'heure.

  Le docteur Sarrasin était à peine parvenu à se rasseoir que Lord Glandover, se penchant de nouveau vers lui, murmura à son oreille en clignant de l'oeil :

  (( Bonne spéculation !... Vous comptez sur le revenu de l'octroi, hein ?... Affaire sûre, pourvu qu'elle soit bien lancée et patronnée de noms choisis !... Tous les convalescents et les valétudinaires voudront habiter là !... J'espère que vous me retiendrez un bon lot de terrain, n'est-ce pas ? ))

  Le pauvre docteur, blessé de cette obstination à donner à ses actions un mobile cupide, allait cette fois répondre à Sa Seigneurie, lorsqu'il entendit le vice-président réclamer un vote de remerciement par acclamation pour l'auteur de la philanthropique proposition qui venait d'être soumise à l'assemblée.

  (( Ce serait, dit-il, l'éternel honneur du Congrès de Brighton qu'une idée si sublime y eût pris naissance, il ne fallait pas moins pour la concevoir que la plus haute intelligence unie au plus grand coeur et à la générosité la plus inouïe... Et pourtant, maintenant que l'idée était suggérée, on s'étonnait presque qu'elle n'eût pas déjà été mise en pratique ! Combien de milliards dépensés en folles guerres, combien de capitaux dissipés en spéculations ridicules auraient pu être consacrés à un tel essai ! ))

  L'orateur, en terminant, demandait, pour la cité nouvelle, comme un juste hommage à so
n fondateur, le nom de (( Sarrasina )).

  Sa motion était déjà acclamée, lorsqu'il fallut revenir sur le vote, à la requête du docteur Sarrasin lui-même.

  (( Non, dit-il, mon nom n'a rien à faire en ceci. Gardons nous aussi d'affubler la future ville d'aucune de ces appellations qui, sous prétexte de dériver du grec ou du latin, donnent à la chose ou à l'être qui les porte une allure pédante. Ce sera la Cité du bien-être, mais je demande que son nom soit celui de ma patrie, et que nous l'appelions France-Ville ! ))

  On ne pouvait refuser au docteur cette satisfaction qui lui était bien due.

  France-Ville était d'ores et déjà fondée en paroles ; elle allait, grâce au procès-verbal qui devait clore la séance, exister aussi sur le papier. On passa immédiatement à la discussion des articles généraux du projet.

  Mais il convient de laisser le Congrès à cette occupation pratique, si différente des soins ordinairement réservés à ces assemblées, pour suivre pas à pas, dans un de ses innombrables itinéraires, la fortune du fait divers publié par le Daily Telegraph.

  Dès le 29 octobre au soir, cet entrefilet, textuellement reproduit par les journaux anglais, commençait à rayonner sur tous les cantons du Royaume-Uni. Il apparaissait notamment dans la Gazette de Hull et figurait en haut de la seconde page dans un numéro de cette feuille modeste que le Mary Queen, trois-mâts-barque chargé de charbon, apporta le 1er novembre à Rotterdam.

  Immédiatement coupé par les ciseaux diligents du rédacteur en chef et secrétaire unique de l'Echo néerlandais et traduit dans la langue de Cuyp et de Potter, le fait divers arriva, le 2 novembre, sur les ailes de la vapeur, au Mémorial de Brême. Là, il revêtit, sans changer de corps, un vêtement neuf, et ne tarda pas à se voir imprimer en allemand. Pourquoi faut-il constater ici que le journaliste teuton, après avoir écrit en tête de la traduction : Eine ubergrosse Erbschaft, ne craignit pas de recourir à un subterfuge mesquin et d'abuser de la crédulité de ses lecteurs en ajoutant entre parenthèses : Correspondance spéciale de Brighton ?

 

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