Je n’ai rien contre les types très bien, petits, bruns, mignons, intelligents et extravertis, mais tout ça me paraît un peu rapide. Et jamais — je souligne, jamais — je ne sortirai avec un garçon qui porte le prénom de mon père. Œdipe peut aller se rhabiller ! Je me vois mal murmurer son nom avec langueur ou le crier dans l’ivresse de l’extase !
— Heu… en fait, je sors déjà avec quelqu’un.
Un gros mensonge.
Ou alors une grosse prémonition, qui sait ?
Allez, un dernier café. J’aime bien ma pause café, c’est comme si j’allais à la cafète reluquer les beaux mecs de la boîte. Sauf que quatre-vingt seize pour cent du personnel de Cupidon & Co sont des femmes, dont dix-huit pour cent sont enceintes. Il y a même des cours de yoga et d’haptonomie dans une salle du troisième étage pendant la pause déjeuner. Feraient mieux d’organiser des cours de drague pour les célibataires, histoire de leur donner à elles aussi l’espoir de faire partie un jour des fameux dix-huit pour cent.
Bref, de cette déplorable répartition des sexes parmi le personnel de Cupidon, résulte un pourcentage dramatiquement bas de chances d’y rencontrer l’Amour Vrai (je ne parle pas de celui que dirige Helen d’une main de maître). Le seul que je connaisse serait Andrew, mais je ne l’ai pas revu depuis notre désastreuse rencontre au cinéma. J’avais espéré le croiser vendredi soir à l’Orgasme, en vain. Il devait être occupé à folâtrer avec Miss Perfection.
Ce soir-là, non seulement j’ai manqué Andrew, mais j’ai dû passer la soirée à éviter Eric, le type en Armani. Nat ayant finalement décidé qu’il ne l’intéressait pas, elle m’a obligée à l’ignorer, ce qui l’a rendu encore plus fou d’elle. Il nous a fait offrir une bonne dizaine de cocktails divers, que Nat refusait, et que je buvais aussi sec. On n’allait pas laisser se perdre toutes ces bonnes choses !
Une fois de plus, la Théorie de la Garce s’est révélée payante. Axiome n° 2 de la Femme moderne : « Pour rendre un homme fou de vous, fuyez-le ». Attention, une froideur excessive peut mener à un véritable harcèlement. Voyez Jonathan, par exemple. Nous ne sommes sortis ensemble qu’une seule fois, et il m’a déjà laissé trois messages.
Samedi : « Bonjour, mon amour. (Son amour ? un peu rapide, non ?) C'est Jon. Appelle-moi. Appelle-moi. » Dimanche : « Salut, chérie. (Chérie ? comment ça, chérie ?) C'est moi. C'est moi. J’appelais juste pour savoir si ton week-end s’était bien passé. Rappelle-moi. Rappelle-moi. » Mardi : « Bonsoir, trésor ! (Je veux bien être un trésor, mais pas le sien !) On se fait une toile ce week-end ? Rappelle-moi dès que tu peux. Rappelle-moi dès que tu peux. »
Je lui téléphonerais bien pour lui dire qu’il ne m’intéresse pas, mais la seule perspective de l’entendre deux fois me décourage. Avec un peu de chance, il va finir par se fatiguer.
Une chance qu’il ne soit pas venu vendredi à l’Orgasme. Après les deux Lemon Drops, les trois Sex on the Beach et le Love Machine offerts par Eric, j’aurais été capable de lui dire qu’il n’était qu’un crétin baveux en BMW. Ou de coucher avec lui. Je parle de Jonathan, bien sûr, pas d’Eric. Quoique, dans l’état d’ébriété prononcée où j’étais, je ne peux pas affirmer à cent pour cent que j’aurais fait la différence.
Je me souviens avoir repéré un blondinet à croquer — mèches blond platine, lunettes noires et pull de moniteur de ski avec une grosse rayure claire au niveau de la poitrine, encore assez sexy bien que très daté 1996. Il était au bar avec deux autres types et j’ai testé sur lui mes superpouvoirs télépathiques (« Regarde-moi, je le veux ! Tombe fou amoureux de moi ! »).
Après tout, j’avais une chance sur deux, ça valait le coup d’essayer.
Vers 2 heures du mat’, Nat et moi avons décidé de partir. Son Austin était garée chez moi, puisque j’habite à deux pas. A mi-parcours, j’ai remarqué qu’un type nous suivait.
— D’accord, Eric est mignon, disait-elle, mais on n’est vraiment pas du même monde. Si au moins son père était…
— Nat, ne te retourne pas, mais on nous suit.
Je l’ai vue pâlir sous sa couche de fond de teint. J’ai suggéré :
— On n’a qu’à faire semblant de refaire nos lacets et le laisser nous doubler.
— On n’a pas de lacets, a répondu Nat.
J’ai regardé mes cuissardes en regrettant mes bonnes vieilles Doc Marteens. Puis on s’est mises à courir devant nous sans élaborer plus de stratégie. Je me suis retournée. Bon sang ! il était toujours là. Sur une inspiration, j’ai pris la main de Nat pour l’entraîner vers l’entrée d’un immeuble. Je me suis approchée de l’Interphone et j’ai composé un code au hasard.
Le un-deux-trois-quatre-cinq. On ne sait jamais, il y avait peut-être quelqu’un qui habitait à mon ancien code d’accès sur Hotmail ?
— Il arrive, a glapi Nat en me serrant frénétiquement le bras.
Personne ne répondait. Je me suis concentrée. « Répondez, quelqu’un ! Je le veux. » Mais décidément, mon influx télépathique était à plat.
Pendant ce temps le type est passé devant les portes vitrées, nous a regardées, puis il a continué son chemin.
— Il est parti, a déclaré Nat.
On est sorties pour regarder dans la rue déserte. Déserte pendant trois secondes environ. Car on a vu resurgir le type, le jean sur les genoux, tenant entre ses mains sa… comment dire ? Sa virilité triomphante.
— Horreur ! a gémi Nat en refermant la porte.
Je suis retournée à l’Interphone et cette fois-ci j’ai essayé le code d’accès à distance de mon répondeur. Cinq-quatre-trois-deux-un. D’accord, ça manque d’imagination. Mais c’est efficace. J’ai entendu résonner dans l’Interphone le « Allôôô ? » un peu groggy et très contrarié du monsieur qui habite dans mon répondeur. Je n’ai pas répondu. Le pervers venait de terminer son affaire, laissant une tache blanche très décorative sur la porte vitrée de l’immeuble.
On a attendu quelques minutes, puis on est rentrées chez moi en courant.
— Vous n’auriez jamais dû vous promener seules dans la rue à une heure pareille ! nous a sermonnées Marc. Vous l’avez bien regardé, au moins ?
Nat a poussé un cri d’horreur.
— Mais c’était dégoûtant !
— Je parle de son visage. Pour l’identifier.
— Pas pensé. Et je n’ai qu’une idée, c’est de l’oublier.
— On devrait peut-être s’acheter une arme ?
— Tu te crois au Texas ? a rigolé Marc.
— Au moins un gaz lacrymogène. Un truc qui fait peur aux mecs.
— J’ai plus efficace, a dit Sam. Tu regardes le type droit dans les yeux et tu lui que tu te sens mûre pour une relation profonde et que tu aimerais bien te marier. En général ça les terrorise.
Elle a jeté un petit regard en coin vers Marc, que ce dernier a semblé ignorer.
— Vous vous souvenez au moins comment il était habillé ?
— Un jean et une veste en jean, répond Nat. Vous vous rendez compte, associer un jean et une veste en jean ? Quelle faute de goût !
Cette fois-ci, nous l’avons ignorée tous les trois. Puis elle a enfin eu une bonne idée. Et si on prenait des cours d’autodéfense, elle et moi ?
Voilà pourquoi j’ai passé l’après-midi d’hier sur le Net pour me renseigner sur les cours d’arts martiaux à Boston. Et voilà pourquoi je suis encore sur mon manuscrit de la semaine, Pour l’Amour d’un Cow-boy, au lieu de sortir déjeuner. A part mes deux pauses café, je n’ai pas levé les yeux de ces fichues épreuves et je commence à voir des virgules même les yeux fermés, un peu comme on voit des briques tomber du plafond à force de jouer à Tetris.
Je mords dans mon sandwich et je reprends ma lecture.
Il émit un sourd grognement de volupté en refermant les mains sur les seins aux pointes arrogantes de sa compagne. Jamais il n’avait désiré une femme comme il désirait Julie. Il la prit par les hanches pour l’obliger à enrouler ses longues jambes au galbe soyeux autour de l
ui et s’enfonça plus profondément dans sa moiteur brûlante. Elle était délicieusement étroite, et plus que prête à le recevoir… Rapidement, ses coups de reins se firent plus rapides, plus profonds, plus impatients. En l’entendant gémir sous ses assauts, il comprit que rien ne serait plus comme avant. Que lui importait l’avis de son clan ? Désormais, Julie était sienne. Jamais il ne la laisserait partir.
Je poursuis ma lecture à mi-voix entre mes dents collées par le beurre de cacahuètes tandis que Julie lacère de ses ongles le dos de son amant (la veinarde).
Tandis que d’une main il caressait les rondeurs de ses seins, de l’autre il l’attira à lui pour prendre ses lèvres en un baiser passionné. Il allait et venait en elle avec fougue, impatient de la faire basculer dans le plaisir et de la rejoindre dans l’extase. Bientôt, il sentit monter en lui la vague de jouissance qui allait les emporter tous deux…
La sonnerie du téléphone interrompt ma lecture. Flûte ! j’ai oublié de sauvegarder. Aussi, comment se concentrer sur les capotes… je veux dire sur les capitales, quand la température monte comme ça ? De toute façon, Julie a d’autres soucis que les capotes pour l’instant. Espérons pour elle qu’elle prend la pilule.
— Jackie à l’appareil.
— Salut, chérie, c’est moi.
« Moi », c’est Jonathan. Et « Chérie », c’est ma pomme. Où a-t-il dégotté mon numéro au travail ? Je prends ma voix de secrétaire d’édition débordée de travail.
— Bonjour, Jonathan. Comment vas-tu ?
— Bien, bien. Et toi ? Beaucoup de travail ?
— Tu sais ce que c’est. Désolée de ne pas t’avoir rappelé, je n’ai pas eu une minute à moi.
— C'est comme moi. Avec cette marche des femmes en colère, j’ai été débordé d’urgences.
— Quelle marche ?
— Oh ! un truc de gonzesses qui ont peur de se faire agresser la nuit ! Encore une connerie féministe.
C'est officiel, je le hais.
— A propos, je cherche un bon cours d’autodéfense.
— Tu veux devenir karatéka ?
— Non, je veux pouvoir me défendre si je suis agressée la nuit.
Si avec ça il ne comprend pas, je mange mes cuissardes à minuit au sommet de l’Empire State Building.
— Un bon coup de genou dans les testicules et je te promets qu’on te fichera la paix.
Ça c’est une idée. Je peux m’entraîner sur toi, trésor chéri ?
— Dis donc, reprend-il, je t’appelais pour te proposer de sortir ce soir. On pourrait aller manger un morceau et se faire une toile ?
— Je crois que ça ne va pas être possible, Jonathan. J’ai un travail fou, je ne sais pas à quelle heure je vais sortir ce soir.
— Pas de problème, je t’attendrai. Et on n’est pas obligés d’aller au ciné, on peut faire autre chose.
Et il s’imagine que je ne le vois pas venir ?
— Ecoute, j’ai peur de ne pas être disponible ce soir.
— Pas de souci. On se verra demain.
Ce type est aussi tenace qu’un herpès. Il va falloir recourir aux méthodes chirurgicales.
— Je ne serai pas libre demain non plus, Jonathan. En fait, il y a déjà quelqu’un dans ma vie.
Je n’y crois pas. C'est moi qui viens de dire ça ? Oui, c’est moi. Je viens de jeter Jonathan Gradinger. En prenant Jeremy comme prétexte.
Jer le Salaud m’aura rendu au moins un service dans sa vie. Il y a un début à tout.
— Tu ne m’en avais pas parlé.
— Je sais, j’aurais dû. J’avais une liaison avec quelqu’un avant d’emménager ici, et ce n’est pas encore tout à fait terminé.
Le mieux, c’est que je ne mens même pas. Evidemment, il aurait fallu me torturer pour que j’avoue une chose pareille si j’avais été amoureuse de Jonathan, mais peu importe. Et je préfère parler vrai, comme dit Bev, plutôt que me réfugier derrière des arguments vaseux comme « j’ai besoin de faire le point », ou « je ne suis pas mûre pour entamer une nouvelle relation ».
J’entends un gros soupir au bout de la ligne.
— Comme tu voudras, je comprends. Appelle-moi si tu changes d’avis.
— Sûr.
Sûr que non. Même si je lui brise le cœur. Je sens une vague de compassion monter en moi. J’espère que je ne lui ai pas brisé le cœur ? Et s’il allait faire une bêtise à cause de moi ? S'il allait se jeter sous un bus, ou avaler toute une boîte de somnifères, ou…
— Puisque tu n’es pas disponible, tu aurais peut-être une copine à me présenter ?
Le salaud !
A la réflexion, je crois que je vais me charger personnellement de la lui faire avaler, cette boîte de somnifères. Après lui avoir envoyé mon genou dans les testicules. Tous des salauds !
Surtout ceux avec qui je sors.
Pour être honnête, le désastre de Boston était annoncé. Mais j’étais trop amoureuse — ou trop aveugle, ce qui revient au même — pour le voir venir. Voilà comment tout est arrivé…
Imaginez que vous avez une vingtaine d’années…
Votre fiancé vient de s’inscrire en maîtrise de philosophie à Boston. Il vous parle de cette ville avec un enthousiasme d’autant plus communicatif que vous vous ennuyez ferme dans votre maîtrise de lettres à l’Université de Penn. Boston est une ville merveilleuse — on y trouve des jobs sympa et des appartements agréables, et on peut y rencontrer des tas de gens passionnants. Bref, vous faites vos valises sans réfléchir plus longtemps. Non pas à cause des jobs, ni des appartements, mais surtout des gens. Lui, plus précisément.
Vous laissez tomber Goethe et Hemingway — de toute façon vous n’envisagiez pas une carrière de professeur. Comme l’amour de votre vie ne se sent pas encore mûr pour une relation stable, vous prenez un appartement toute seule, sans écouter votre mère qui vous suggère avec insistance qu’avant de traverser la moitié des USA pour suivre un homme, une fille sensée attend d’avoir la bague au doigt. De toute façon, votre mère ne comprend rien à rien et ce n’est pas elle qui va vous donner des conseils de vie conjugale, étant donné son parcours personnel dans ce domaine.
D’ailleurs, à vingt-trois ans, vous êtes bien trop jeune pour vous marier.
Alors vous cherchez un petit boulot sympa, et justement vous trouvez une place chez Cupidon & Co. Après deux semaines de formation accélérée au secrétariat d’édition, vous voilà engagée par Shauna-la-Fouine dans la collection Amour Vrai — non pas que la grammaire soit une passion dévorante — mais puisque tout ce qui vous intéresse vraiment dans la vie c’est Jeremy, vous êtes prête à quelques petites concessions.
Alors vous appelez votre vieille copine Nat, laquelle vous présente à Sam, laquelle vous propose de signer un bail avec elle. Vous signez. Pendant ce temps, votre fiancé est toujours à la recherche d’un job et d’un appartement.
Et un horrible jour, alors que vous êtes occupée à ranger vos livres sur une étagère en carton de chez Bricopascher — vous en êtes au XIXe siècle, vous classez vos bouquins par ordre chronologique, pas alphabétique — vous entendez la sonnette de l’appartement. Vous allez ouvrir, c’est l’homme de votre vie qui passe vous voir. Il a même pensé à prendre de quoi dîner chez le traiteur thaï, le cher amour ! Nouilles thaïes et rouleaux aux œufs. Il a aussi acheté un billet d’avion pour la Thaïlande. Un seul. Pour lui.
Tout en vous regardant mettre le couvert, il vous explique qu’il ressent le besoin de faire un break et que sa maîtrise de philo attendra le semestre prochain. Il vous enveloppe de son beau regard bleu et vous dit que vous allez très bien vous en sortir sans lui, qu’il ne part que pour quelques mois. Vous sentez les larmes vous monter aux yeux, vous lui demandez ce que vous avez fait pour qu’il vous fasse ça. Il répond que ça n’a rien à voir avec vous.
Là, vous commencez à le voir venir.
Mais vous ne baissez pas les bras. Vous avez une super idée : vous allez l’accompagner ! Vous prendrez un emprunt pour le billet, vous trouverez une autre coloca
taire pour Sam, vous vous arrangerez pour rembourser la formation chez Cupidon, vous apprendrez à manger avec des baguettes, vous… Mais vous voyez son visage se refermer. Il est déjà ailleurs. En Thaïlande…
C'est un trip qu’il doit faire seul, comme il vous l’explique. Vous recommencez à pleurer, il s’approche de vous et vous prend dans ses bras pour vous consoler. Vous sentez ses mains sous votre T-shirt et sans savoir comment vous vous retrouvez au lit avec lui.
Pendant que les nouilles thaïes crament dans la cuisine.
C'est comme ça que vous vous retrouvez quelques jours plus tard à courir les boutiques pour lui trouver un sac à dos qui ne lui fasse pas mal aux vertèbres, un oreiller de voyage confortable et la dernière édition du Guide du Routard — si possible en solde, vous n’êtes pas là pour gaspiller son argent. Pendant ce temps il se repose. Il a besoin de reprendre des forces avant son voyage, le pauvre chéri.
Le jour de son départ, il vous regarde droit dans les yeux en vous disant : « Il faut qu’on parle de quelque chose ». Vous avez envie qu’il se taise, qu’il se taise, bon sang, qu’il se taise ! mais vous l’entendez continuer de parler. Et que vous dit-il ? Simplement que vous pouvez voir d’autres gens en son absence.
Comme vous êtes sotte mais pas à ce point, vous traduisez aussitôt : il a l’intention de s’envoyer en l’air pendant ses vacances. Vous lui demandez si vous vous séparez, il dit que non, que vous faites juste une pause tous les deux, et vous vous demandez comment il réagirait si vous disiez non. Mais vous ne dites pas non, vous ne dites rien du tout. Et vous lui dites au revoir en l’assurant qu’il peut voir d’autres gens s’il en a envie.
Comment font les héroïnes de chez Cupidon pour trouver l’homme de leur vie ? Comment s’y prennent-elles pour rencontrer des types beaux, intelligents, tendres, attentionnés et virils ? Et fous amoureux d’elles, bien sûr ?
A force de corriger mes manuscrits, je finirai bien par trouver le truc. En tout cas, ce n’est pas Jeremy. Il est trop occupé à sauter sur la Thaïlande et la Hollande réunies. Ce n’est pas non plus Jonathan. Il embrasse vraiment trop mal.
City Girl Page 10