Cinq Semaines En Ballon

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Cinq Semaines En Ballon Page 6

by Jules Verne


  " Pour operer l'ascension, je porte le gaz a une temperature superieure a la temperature ambiante au moyen de mon chalumeau; par cet exces de chaleur, il obtient une tension plus forte, et gonfle davantage le ballon, qui monte d'autant plus que je dilate l'hydrogene.

  " La descente se fait naturellement en moderant la chaleur du chalumeau, et en laissant la temperature se refroidir. L'ascension sera donc generalement beaucoup plus rapide que la descente. Mais c'est la une heureuse circonstance; je n'ai jamais d'interet a descendre rapidement, et c'est au contraire par une marche ascensionnelle tres prompte que j'evite les obstacles. Les dangers sont en bas et non en haut.

  " D'ailleurs, comme je vous l'ai dit, j'ai une certaine quantite de lest qui me permettra de m'elever plus vite encore, si cela devient necessaire. Ma soupape, situee au pole superieur du ballon, n'est plus qu'une soupape de surete. Le ballon garde toujours sa meme charge d'hydrogene; les varia-tions de temperature que je produis dans ce milieu de gaz clos pourvoient seules a tous ses mouvements de montee et de descente.

  " Maintenant, Messieurs, comme detail pratique, j'ajouterai ceci.

  " La combustion de l'hydrogene et de l'oxygene a la pointe du chalumeau produit uniquement de la vapeur d'eau. J'ai donc muni la partie inferieure de la caisse cylindrique en fer d'un tube de degagement avec soupape fonctionnant a moins de deux atmospheres de pression; par consequent, des qu'elle a atteint cette tension, la vapeur s'echappe d'elle meme.

  " Voici maintenant des chiffres tres exacts.

  " Vingt-cinq gallons d'eau decomposee en ses elements constitutifs donnent deux cents livres d'oxygene et vingt-cinq livres d'hydrogene. Cela represente, a la tension atmospherique, dix-huit cent quatre-vingt-dix pieds cubes [Soixante-dix metres cubes d'oxygene] du premier, et trois mille sept cent quatre-vingts pieds cubes [Cent quarante metres cubes d'hydrogene] du second, en tout cinq mille six cent soixante-dix pieds cubes du melange [Deux cent dix metres cubes].

  " Or le robinet de mon chalumeau, ouvert en plein, depense vingt-sept pieds cubes [Un metre cube] a l'heure avec une flamme au moins six fois plus forte que celle des grandes lanternes d'eclairage. En moyenne donc, et pour me maintenir a une hauteur peu considerable, je ne brulerai pas plus de neuf pieds cubes a l'heure [Un tiers de metre cube]; mes vingt-cinq gallons d'eau me representent donc six cent trente heures de navigation aerienne, ou un peu plus de vingt-six jours.

  " Or, comme je puis descendre a volonte, et renouveler ma provision d'eau sur la route, mon voyage peut avoir une duree indefinie.

  " Voila mon secret, Messieurs, il est simple, et, comme les choses simples, il ne peut manquer de reussir. La dilatation et la contraction du gaz de l'aerostat, tel est mon moyen, qui n'exige ni ailes embarrassantes, ni moteur mecanique. Un calorifere pour produire mes changements de temperature, un chalumeau pour le chauffer, cela n'est ni incommode, ni lourd. Je crois donc avoir reuni toutes les conditions serieuses de succes. "

  Le docteur Fergusson termina ainsi son discours, et fut applaudi de bon ceur. Il n'y avait pas une objection a lui faire; tout etait prevu et resolu.

  " Cependant, dit le commandant, cela peut etre dangereux.

  —Qu'importe, repondit simplement le docteur, si cela est praticable?

  CHAPITRE XI

  Arrivee a Zanzibar,—Le consul anglais.—Mauvaises dispositions des habitants.—L'ele Koumbeni.—Les faiseurs de pluie—Gonflement du ballon.—Depart du 18 avril.—Dernier adieu.—Le Victoria.

  Un vent constamment favorable avait hate la marche du Resolute vers le lieu de sa destination. La navigation du canal de Mozambique fut particulierement paisible. La traversee maritime faisait bien augurer de la traversee aerienne Chacun aspirait au moment de l'arrivee, et voulait mettre la derniere main aux preparatifs du docteur Fergusson.

  Enfin le batiment vint en vue de la ville de Zanzibar, situee sur l'ele du meme nom, et le 15 avril, a onze heures du matin, l laissa tomber l'ancre dans le port

  L'ele de Zanzibar appartient a l'imam de Mascate, allie de la France et de l'Angleterre, et c'est a coup sur sa plus belle colonie. Le port recoit un grand nombre de navires des contrees avoisinantes.

  L'ele n'est separee de la cote africaine que par un canal dont la plus grande largeur n'excede pas trente milles [Douze lieues et demie].

  Elle fait un grand commerce de gomme, d'ivoire, et surtout d'ebene, car Zanzibar est le grand marche d'esclaves. La vient se concentrer tout ce butin conquis dans les batailles que les chefs de l'interieur se livrent incessamment. Ce trafic s'etend aussi sur toute la cote orientale, et jusque sous les latitudes du Nil, et M G. Lejean y a vu faire ouvertement la traite sous pavillon francais. Des l'arrivee du Resolute, le consul anglais de Zanzibar vint a bord se mettre a la disposition du docteur, des projets duquel, depuis un mois, les journaux d'Europe l'avaient tenu au courant. Mais jusque-la il faisait partie de la nombreuse phalange des incredules.

  " Je doutais, dit-il en tendant la main a Samuel Fergusson, mais maintenant je ne doute plus. "

  Il offrit sa propre maison au docteur, a Dick Kennedy, et naturellement au brave Joe.

  Par ses soins, le docteur prit connaissance de diverses lettres qu'il avait recues du capitaine Speke. Le capitaine et ses compagnons avaient eu a souffrir terriblement de la faim et du mauvais temps avant d'atteindre le pays d'Ugogo; ils ne s'avancaient qu'avec une extreme difficulte et ne pensaient plus pouvoir donner promptement de leurs nouvelles.

  " Voila des perils et des privations que nous saurons eviter, " dit le docteur.

  Les bagages des trois voyageurs furent transportes a la maison du consul. On se disposait a debarquer le ballon sur la plage de Zanzibar; il y avait pres du mat des signaux un emplacement favorable, aupres d'uneenorme construction qui l'eut abrite des vents d'est. Cette grosse tour, semblable a un tonneau dresse sur sa base, et pres duquel la tonne d'Heidelberg n'eut ete qu'un simple baril, servait de fort, et sur sa plate-forme veillaient des Beloutchis armes de lances, sorte de garnisaires faineants et braillards.

  Mais, lors du debarquement de l'aerostat, le consul fut averti que la population de l'ele s'y opposerait par la force. Rien de plus aveugle que les passions fanatisees. La nouvelle de l'arrivee d'un chretien qui devait s'enlever dans les airs fut recue avec irritation; les negres, plus emus que les Arabes, virent dans ce projet des intentions hostiles a leur religion; ils se. figuraient qu'on en voulait au soleil et a la lune. Or, ces deux astres sont un objet de veneration pour les peuplades africaines. On resolut donc de s'opposer a cette expedition sacrilege.

  Le consul, instruit de ces dispositions, en confera avec le docteur Fergusson et le commandant Pennet. Celui-ci ne voulait pas reculer devant des menaces; mais son ami lui fit entendre raison a ce sujet.

  " Nous finirons certainement par l'emporter lui dit-il; les garnisaires memes de l'iman nous preteraient main-forte; au besoin; mais, mon cher commandant, un accident est vite arrive; il suffirait d'un mauvais coup pour causer au ballon un accident irreparable, et le voyage serait compromis sans remise; il faut donc agir avec de grandes precautions.

  —Mais que faire? Si nous debarquons sur la cote d'Afrique, nous rencontrerons les memes difficultes! Que faire?

  —Rien n'est plus simple, repondit. le consul. Voyez ces eles situees au dela du port; debarquez votre aerostat dans l'une d'elles, entourez-vous d'une ceinture de matelots, et vous n'aurez aucun risque a courir:

  —Parfait, dit le docteur, et nous serons a notre aise pour achever nos preparatifs.

  Le commandant se rendit a ce conseil. Le Resolute s'approcha de l'ele de Koumbeni. Pendant la matinee du 16 avril, le ballon fut mis en surete au milieu d'une clairiere, entre les grands bois dont le sol est herisse.

  On dressa deux mats hauts de quatre-vingts pieds et places a une pareille distance l'un de l'autre; un jeu de poulies fixees a leur extremite permit d'enlever l'aerostat au moyen d'un cable transversal; il etait alors entierement degonfle. Le ballon interieur se trouvait rattache au sommet du ballon exterieur de maniere a etre souleve comme lui.

  C'est a l'appendice in
ferieur de chaque ballon que furent fixes les deux tuyaux d'introduction de l'hydrogene.

  La journee du 17 se passa a disposer l'appareil destine a produire le gaz; il se composait de trente tonneaux, dans lesquels la decomposition de l'eau se faisait au moyen de ferraille et d'acide sulfurique mis en presence dans une grande quantite d'eau. L'hydrogene se rendait dans une vaste tonne centrale apres avoir ete lave a son passage, et de la il passait dans chaque aerostat par les tuyaux d'introduction. De cette facon, chacun d'eux se remplissait d'une quantite de gaz parfaitement determinee.

  Il fallut employer, pour cette operation, dix-huit cent soixante-six gallons [Trois mille deux cent cinquante litres] d'acide sulfurique, seize mille cinquante livres de fer [Plus de huit tonnes de fer] et neuf cent soixante-six gallons d'eau [Pres de quarante et un mille deux cent cinquante litres].

  Cette operation commenca dans la nuit suivante, vers trois heures du matin; elle dura pres de huit heures. Le lendemain, l'aerostat, recouvert de son filet, se balancait gracieusement au-dessus de-la nacelle, retenu par un grand nombre de sacs de terre. L'appareil de dilatation fut monte avec un grand soin, et les tuyaux sortant de l'aerostat furent adaptes a la boete cylindrique.

  Les ancres, les cordes, les instruments, les couvertures de voyage, la tente, les vivres, les armes, durent prendre dans la nacelle la place qui leur etait assignee; la provision d'eau fut faite a Zanzibar. Les deux centslivres de lest furent reparties dans cinquante sacs places au fond de la nacelle, mais cependant a portee de la main.

  Ces preparatifs se terminaient vers cinq heures du soir; des sentinelles veillaient sans cesse autour de l'ele, et les embarcations du Resolute sillonnaient le canal.

  Les negres continuaient a manifester leur colere par des cris, des grimaces et des contorsions. Les sorciers parcouraient les groupes irrites, en soufflant sur toute cette irritation; quelques fanatiques essayerent de ga-gner l'ele a la nage, mais on les eloigna facilement.

  Alors les sortileges et les incantations commencerent; les faiseurs de pluie, qui pretendent commander aux nuages, appelerent les ouragans et les " averses de pierres [Nom que les Negres donnent a la grele] " a leur secours; pour cela, ils cueillirent des feuilles de tous les arbres differents du pays; ils les firent bouillir a petit feu, pendant que l'on tuait un mouton en lui enfoncant une longue aiguille dans le ceur. Mais, en depit de leurs ceremonies, le ciel demeura pur, et ils en furent pour leur mouton et leurs grimaces.

  Les negres se livrerent alors a de furieuses orgies, s'enivrant du " tembo," liqueur ardente tiree du cocotier, ou d'une biere extremement capiteuse appelee " togwa. " Leurs chants, sans melodie appreciable, mais dont le rythme est tres juste, se poursuivirent fort avant dans la nuit.

  Vers six heures du soir un dernier dener reunit les voyageurs a la table du commandant et de ses officiers. Kennedy, que personne n'interrogeait plus, murmurait tout bas des paroles insaisissables; il ne quittait pas des yeux le docteur Fergusson.

  Ce repas d'ailleurs fut triste. L'approche du moment supreme inspirait a tous de penibles reflexions. Que reservait la destinee a ces hardis voyageurs? Se retrouveraient-ils jamais au milieu de leurs amis, assis au foyer domestique? Si les moyens de transport venaient a manquer, que devenir au sein de peuplades feroces, dans ces contrees inexplorees, au milieu de deserts immenses?

  Ces idees, eparses jusque-la, et auxquelles on s'attachait peu, assiegeaient alors les imaginations surexcitees; Le docteur Fergusson, toujours froid, toujours impassible, causa de choses et d'autres; mais en vain chercha-t-il a dissiper cette tristesse communicative; il ne put y parvenir.

  Comme on craignait quelques demonstrations contre la personne du docteur et de ses compagnons, ils coucherent tous les trois a bord du Resolute. A six heures du matin, ils quittaient leur cabine et se rendaient a l'ele de Koumbeni.

  Le ballon se balancait legerement au souffle du vent de l'est. Les sacs de terre qui le retenaient avaient ete remplaces par vingt matelots. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient a ce depart solennel.

  En ce moment, Kennedy alla droit au docteur, lui prit la main et dit:

  " Il est bien decide, Samuel, que tu pars? Cela est tres decide, mon cher Dick.

  —J'ai bien fait tout ce qui dependait de moi pour empecher ce voyage?

  —'Tout.

  —-Alors j'ai la conscience tranquille a cet egard, et je t'accompagne.

  —J'en etais sur, " repondit le docteur, en laissant voir sur ses traits une rapide emotion.

  L'instant des derniers adieux arrivait. Le commandant et ses officiers embrasserent avec effusion leurs intrepides amis, sans en excepter le digne Joe, fier et joyeux. Chacun des assistants voulut prendre sa part des poignees de main du docteur Fergusson.

  A neuf heures, les trois compagnons de route prirent place dans la nacelle: le docteur alluma son chalumeau et poussa la flamme de maniere a produire une chaleur rapide. Le ballon, qui se maintenait a terre en parfait equilibre, commenca a se soulever au bout de quelques minutes. Les matelots durent filer un peu des cordes qui le retenaient. La nacelle s'eleva d'une vingtaine de pieds.

  " Mes amis, s'ecria le docteur debout entre ses deux compagnons et otant son chapeau, donnons a notre navire aerien un nom qui lui porte bonheur! qu'il soit baptise le Victoria! "

  Un hourra formidable retentit:

  "Vive la reine! Vive l'Angleterre!"

  En ce moment, la force ascensionnelle de l'aerostat s'accroissait prodigieusement. Fergusson, Kennedy et Joe lancerent un dernier adieu a leur amis.

  " Lachez tout! s'ecria le docteur. "

  Et le Victoria s'eleva rapidement dans les airs, tandis que les quatre caronades du Resolute tonnaient en son honneur.

  CHAPITRE XII

  Traversee du detroit.—Le Mrima.—Propos de Dick et proposition de Joe.—Recette pour le cafe.—L'Uzaramo.—L'infortune Maizan.—Le mont Duthumi.—Les cartes du docteur—Nuit sur un nopal.

  L'air etait pur, le vent modere; le Victoria monta presque perpendiculairement a une hauteur de 1,500 pieds, qui fut indiquee par une depression de 2 pouces moins 2 lignes [Environ cinq centimetres. La depression est a peu pres d'un centimetre par cent metres d'elevation] dans la colonne barometrique.

  A cette elevation, un courant plus marque porta le ballon vers le sudouest. Quel magnifique spectacle se deroulait aux yeux des voyageurs! L'ele de Zanzibar s'offrait tout entiere a la vue et se detachait en couleur plus foncee, comme sur un vaste planisphere; les champs prenaient une apparence d'echantillons de diverses couleurs; de gros bouquets d'arbres indiquaient les bois et les taillis.

  Les habitants de l'ele apparaissaient comme des insectes. Les hourras et les cris s'eteignaient peu a peu dans l'atmosphere, et les coups de canon du navire vibraient seuls dans la concavite inferieure de l'aerostat.

  " Que tout cela est beau! "s'ecria Joe en rompant le silence pour la premiere fois.

  Il n'obtint pas de reponse. Le docteur s'occupait d'observer les variations barometriques et de prendre note des divers details de son ascension.

  Kennedy regardait et n'avait pas assez d'yeux pour tout voir.

  Les rayons du soleil venant en aide au chalumeau, la tension du gaz augmenta. Le Victoria atteignit une hauteur de 2,500 pieds.

  Le Resolute apparaissait sous l'aspect d'une simple barque, et la cote africaine apparaissait dans l'ouest par une immense bordure d'ecume.

  " Vous ne parlez pas? fit Joe.

  —Nous regardons, repondit le docteur en dirigeant sa lunette vers le continent.

  —Pour mon compte, il faut que je parle.

  —A ton aise! Joe, parle tant qu'il te plaira. "

  Et Joe fit a lui seul une terrible consommation d'onomatopees. Les oh! les ah! les hein! eclataient entre ses levres.

  Pendant la traversee de la mer, le docteur jugea convenable de se maintenir a cette elevation; il pouvait observer la cote sur une plus grande etendue; le thermometre et le barometre, suspendus dans l'interieur de la tente entr'ouverte, se trouvaient sans cesse a portee de sa vue; un second barometre, place exterieurement, de
vait servir pendant les quarts de nuit.

  Au bout de deux heures, le Victoria, pousse avec une vitesse d'un peu plus de huit milles, gagna sensiblement la cote. Le docteur resolut de se rapprocher de terre; il modera la flamme du chalumeau, et bientot le ballon descendit a 300 pieds du sol.

  Il se trouvait au-dessus du Mrima, nom que porte cette portion de la cote orientale de l'Afrique; d'epaisses bordures de mangliers en protegeaient les bords; la maree basse laissait apercevoir leurs epaisses racines rongees par la dent de l'Ocean Indien. Les dunes qui formaient autrefois la ligne cotiere s'arrondissaient a l'horizon; et le mont Nguru dressait son pic dans le nord-ouest.

  Le Victoria passa pres d'un village que, sur sa carte, le docteur reconnut etre le Kaole. Toute la population rassemblee poussait des hurlements de colere et de crainte; des fleches furent vainement dirigees contre ce monstre des airs, qui se balancait majestueusement au-dessus de toutes ces fureurs impuissantes.

  Le vent portait au sud, mais le docteur ne s'inquieta pas de cette direction; elle lui permettait au contraire de suivre la route tracee par les capitaines Burton et Speke.

  Kennedy etait enfin devenu aussi loquace que Joe; ils se renvoyaient mutuellement leurs phrases admiratives.

  " Fi des diligences! disait l'un.

  —Fi des steamers! disait l'autre.

  —Fi des chemins de fer! ripostait Kennedy, avec lesquels on traverse les pays sans les voir!

  —Parlez-moi d'un ballon, reprenait Joe; on ne se sent pas marcher, et la nature prend la peine de se derouler a vos yeux!

  —Quel spectacle! quelle admiration! quelle extase! un reve dans un hamac!

  —Si nous dejeunions? fit Joe, que le grand air mettait en appetit.

  —C'est une idee mon garcon.

  —Oh! la cuisine ne sera pas longue a faire! du biscuit et de la viande conservee.

 

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