Cinq Semaines En Ballon

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Cinq Semaines En Ballon Page 8

by Jules Verne


  Le docteur et ses compagnons se sentaient dans un etat anormal; un courant atmospherique d'une extreme velocite les entraenait au-dela des montagnes arides, sur le sommet desquelles de vastes plaques de neige etonnaient le regard; leur aspect convulsionne demontrait quelque travail neptunien des premiers jours du monde.

  Le soleil brillait au zenith, et ses rayons tombaient d'aplomb sur ces cimes desertes. Le docteur prit un dessin exact de ces montagnes, qui sont faites de quatre croupes distinctes, presque en ligne droite, et dont la plus septentrionale est la plus allongee.

  Bientot le Victoria descendit le versant oppose du Rubeho, en longeant une cote boisee et parsemee d'arbres d'un vert tres sombre; puis vinrent des cretes et des ravins, dans une sorte de desert qui precedait le pays d'Ugogo; plus bas s'etalaient des plaines jaunes, torrefiees, craquelees, jonchees ca et la de plantes salines et de buissons epineux.

  Quelques taillis, plus loin devenus forets, embellirent l'horizon. Le docteur s'approcha du sol, les ancres furent lancees, et l'une d'elles s'accrocha bientot dans les branches d'un vaste sycomore.

  Joe, se glissant rapidement dans l'arbre; assujettit l'ancre avec precaution; le docteur laissa son chalumeau en activite pour conserver a l'aerostat une certaine force ascensionnelle qui le maintint en l'air. Le vent s'etait presque subitement calme.

  Maintenant, dit Fergusson, prends deux fusils, ami Dick, l'un pour toi, l'autre pour Joe, et tachez, a vous deux, de rapporter quelques belles tranches d'antilope. Ce sera pour notre dener.

  —En chasse! " s'ecria Kennedy.

  Il escalada la nacelle et descendit. Joe s'etait laisse degringoler de branche en branche et l'attendait en se detirant les membres. Le docteur, allege du poids de ses deux compagnons, put eteindre entierement son chalumeau.

  " N'allez pas vous envoler, mon maetre! s'ecria Joe.

  —Sois tranquille, mon garcon, je suis solidement retenu. Je vais mettre mes notes en ordre. Bonne chasse et soyez prudents. D'ailleurs, de mon poste, j'observerai le pays, et, a la moindre chose suspecte, je tire un coup de carabine. Ce sera le signal de ralliement.

  —Convenu, " repondit le chasseur.

  CHAPITRE XIV

  La foret de gommiers.—L'antilope bleue.—Le signa de ralliement.—Un assaut inattendu.—Le Kanyenye.—Une nuit en plein air.—Le Mabunguru.—Jihoue la Mkoa.—Provision d'eau.—Arrivee a Kazeh.

  Le pays, aride, desseche, fait d'une terre argileuse qui se fendillait a la chaleur, paraissait desert; ca et la, quelques traces de caravanes, des ossements blanchis d'hommes et de betes, a demi ronges, et confondus dans la meme poussiere.

  Apres une demi-heure de marche, Dick et Joe s'enfoncaient dans une foret de gommiers, l'eil aux aguets et le doigt sur la detente du fusil On ne savait pas a qui on aurait affaire. Sans etre un rifleman, Joe maniait adroitement une arme a feu.

  " Cela fait du bien de marcher monsieur Dick, et cependant ce terrain la n'est pas trop commode," fit-il en heurtant les fragments de quartz dont il etait parseme.

  Kennedy fit signe a son compagnon de se taire et de s'arreter. Il fallait savoir se passer de chiens, et, quelle que fut l'agilite de Joe, il ne pouvait avoir le nez d'un braque ou d'un levrier.

  Dans le lit d'un torrent ou stagnaient encore quelques mares, se desalterait une troupe d'une dizaine d'antilopes. Ces gracieux animaux, flairant un danger, paraissaient inquiets; entre chaque lampee, leur jolie tete se redressait avec vivacite, humant de ses narines mobiles l'air au vent des chasseurs.

  Kennedy contourna quelques massifs, tandis que Joe demeurait immobile; il parvint a portee de fusil et fit feu La troupe disparut en un clin d'eil; seule, une antilope male, frappee au defaut de l'epaule, tombait foudroyee. Kennedy se precipita sur sa proie.

  C'etait un blawe-bock, un magnifique animal d'un bleu pale tirant sur le gris, avec le ventre et l'interieur des jambes d'une blancheur de neige.

  " Le beau coup de fusil! s'ecria le chasseur. C'est une espece tres rare d'antilope, et j'espere bien preparer sa peau de maniere a la conserver.

  —Par exemple! y pensez-vous, monsieur Dick!

  —Sans doute! Regarde donc ce splendide pelage.

  —Mais le docteur Fergusson n'admettra jamais une pareille surcharge.

  —Tu as raison, Joe! Il est pourtant facheux d'abandonner tout entier un si bel animal!

  —Tout entier! non pas, monsieur Dick; nous allons en tirer tous les avantages nutritifs qu'il possede, et, si vous le permettez, je vais m'en acquitter aussi bien que le syndic de l'honorable corporation des bouchers de Londres.

  —A ton aise, mon ami; tu sais pourtant qu'en ma qualite de chasseur, je ne suis pas plus embarrasse de depouiller une piece de gibier que de l'abattre.

  —J'en suis sur, monsieur Dick; alors ne vous genez pas pour etablir un fourneau sur trois pierres; vous aurez du bois mort en quantite, et je ne vous demande que quelques minutes pour utiliser vos charbons ardents.

  —Ce ne sera pas long, " repliqua Kennedy.

  Il proceda aussitot a la construction de son foyer, qui flambait quelques instants plus tard.

  Joe avait retire du corps de l'antilope une douzaine de cotelettes et les morceaux les plus tendres du filet, qui se transformerent bientot en grillades savoureuses.

  " Voila qui fera plaisir a l'ami Samuel, dit le chasseur.

  —Savez-vous a quoi je pense, monsieur Dick?

  —Mais a ce que tu fais, sans doute, a tes beefsteaks.

  —Pas le moins du monde. Je pense a la figure que nous ferions si nous ne retrouvions plus l'aerostat.

  —Bon! quelle idee! tu veux que le docteur nous abandonne?

  —Non; mais si son ancre venait a se detacher?

  —Impossible. D'ailleurs Samuel ne serait pas embarrasse de redescendre avec son ballon; il le maneuvre assez proprement.

  —Mais si le vent l'emportait, s'il ne pouvait revenir vers nous?

  —Voyons, Joe, treve a tes suppositions; elles n'ont rien de plaisant.

  —Ah! Monsieur, tout ce qui arrive en ce monde est naturel; or, tout peut arriver, donc il faut tout prevoir... "

  En ce moment un coup de fusil retentit dans l'air.

  " Hein! fit Joe.

  —Ma carabine! je reconnais sa detonation.

  —Un signal!

  —Un danger pour nous!

  —Pour lui peut-etre, repliqua Joe.

  —En route! "

  Les chasseurs avaient rapidement ramasse le produit de leur chasse, et ils reprirent le " chemin " en se guidant sur des brisees que Kennedy avait faites. L'epaisseur du fourre les empechait d'apercevoir le Victoria, dont ils ne pouvaient etre bien eloignes.

  Un second coup de feu se fit entendre.

  " Cela presse, fit Joe.

  —Bon! encore une autre detonation.

  —Cela m'a l'air d'une defense personnelle.

  —Hatons-nous. "

  Et ils coururent a toutes jambes. Arrives a la lisiere du bois, ils virent tout d'abord le Victoria a sa place, et le docteur dans la nacelle.

  " Qu'y a-t-il donc! demanda Kennedy.

  —Grand Dieu! s'ecria Joe.

  —Que vois tu?

  —La-bas, une troupe de negres qui assiegent le ballon! "

  En effet, a deux milles de la, une trentaine d'individus se pressaient en gesticulant, en hurlant, en gambadant au pied du sycomore. Quelques-uns, grimpes dans l'arbre, s'avancaient jusque sur les branches les plus elevees. Le danger semblait imminent.

  " Mon maetre est perdu, s'ecria Joe.

  —Allons, Joe, du sang-froid et du coup d'eil. Nous tenons la vie de quatre de ces moricauds dans nos mains. En ayant! "

  Ils avaient franchi un mille avec une extreme rapidite, quand un nouveau coup de fusil partit de la nacelle; il atteignit un grand diable qui se hissait par la corde de l'ancre. Un corps sans vie tomba de branches en branches, et resta suspendu a une vingtaine de pieds du sol, ses deux bras et ses deux jambes se balancant dans l'air.

  " Hein! fit Joe en s'arretant, par ou diable se tient-il donc, cet animal?

  Peu importe, rep
ondit Kennedy, courons! courons!

  —Ah! monsieur Kennedy, s'ecria Joe, en eclatant de rire: par sa queue! c'est par sa queue! Un singe! ce ne sont que des singes.

  —Ca vaut encore mieux que des hommes, " repliqua Kennedy en se precipitant au milieu de la bande hurlante.

  C'etait une troupe de cynocephales assez redoutables, feroces et brutaux, horribles a voir avec leurs museaux de chien. Cependant quelques coups de fusil en eurent facilement raison, et cette horde grimacante s'echappa, laissant plusieurs des siens a terre.

  En un instant, Kennedy s'accrochait a l'echelle; Joe se hissait dans les sycomores et detachait l'ancre; la nacelle s'abaissait jusqu'a lui, et il y rentrait sans difficulte. Quelques minutes apres, le Victoria s'elevait dans l'air et se dirigeait vers l'est sous l'impulsion d'un vent modere.

  " En voila un assaut! dit Joe.

  —Nous t'avions cru assiege par des indigenes.

  —Ce n'etaient que des singes, heureusement! repondit le docteur

  —De loin, la difference n'est pas grande, mon cher Samuel.

  —Ni meme de pres, repliqua Joe.

  —Quoi qu'il en soit, reprit Fergusson, cette attaque de singes pouvait avoir les plus graves consequences. Si l'ancre avait perdu prise sous leurs secousses reiterees, qui sait ou le vent m'eut entraene!

  —Que vous disais-je, monsieur Kennedy!

  —Tu avais raison, Joe; mais, tout en ayant raison, a ce moment-la tu preparais des beefsteaks d'antilope, dont la vue me mettait deja en appetit.

  —Je le crois bien, repondit le docteur, la chair d'antilope est exquise.

  —Vous pouvez en juger, Monsieur, la table est servie.

  —Sur ma foi, dit le chasseur, ces tranches de venaison ont un fumet sauvage qui n'est point a dedaigner.

  —Bon! je vivrais d'antilope jusqu'a la fin de mes jours repondit Joe la bouche pleine, surtout avec un verre de grog pour en faciliter la digestion "

  Joe prepara le breuvage en question, qui fut deguste avec recueillement.

  " Jusqu'ici cela va assez bien, dit-il.

  —Tres bien, riposta Kennedy.

  —Voyons, monsieur Dick, regrettez-vous de nous avoir accompagnes?

  —J'aurais voulu voir qu'on m'en eut empeche! " repondit le chasseur avec un air resolu.

  Il etait alors quatre heures du soir; le Victoria rencontra un courant plus rapide; le sol montait insensiblement, et bientot la colonne barometrique indiqua une hauteur de l,500 pieds au-dessus du niveau de la mer. Le docteur fut alors oblige de soutenir son aerostat par une dilatation de gaz assez forte, et le chalumeau fonctionnait sans cesse.

  Vers sept heures, le Victoria planait sur le bassin de Kanyeme; le docteur reconnut aussitot ce vaste defrichement de dix milles d'etendue, avec ses villages perdus au milieu des baobabs et des calebassiers. La est la residence de l'un des sultans du pays de l'Ugogo, ou la civilisation est peut-etre moins arrieree, on y vend plus rarement les membres de sa famille; mais, betes et gens, tous vivent ensemble dans des huttes rondes sans charpente, et qui ressemblent a des meules de foin.

  Apres Kanyeme, le terrain devint aride et rocailleux; mais, au bout d'une heure, dans une depression fertile, la vegetation reprit toute sa vigueur, a quelque distance du Mdaburu. Le vent tombait avec le jour, et l'atmosphere semblait s'endormir. Le docteur chercha vainement un courant a differentes hauteurs en voyant ce calme de la nature, il resolut de passer la nuit dans les airs, et pour plus de surete, il s'eleva de 1,000 pieds environ. Le Victoria demeurait immobile. La nuit magnifiquement etoilee se fit en silence.

  Dick et Joe s'etendirent sur leur couche paisible, et s'endormirent d'un profond sommeil pendant le quart du docteur; a minuit, celui-ci fut remplace par l'Ecossais.

  " S'il survenait le moindre incident, reveille-moi, lui dit-il; et surtout ne perds pas le barometre des yeux. C'est notre boussole, a nous autres! "

  La nuit fut froide, il y eut jusqu'a 27 degrees degres [14 degrees centigrades] de difference entre sa temperature et celle du jour. Avec les tenebres avait eclate le concert nocturne les animaux, que la soif et la faim chassent de leurs repaires; les grenouilles firent retentir leur voix de soprano, doublee du glapissement des chacals, pendant que la basse imposante des lions soutenait les accords de cet orchestre vivant.

  En reprenant son poste le matin, le docteur Fergusson consulta sa boussole, et s'apercut que la direction du vent avait change pendant la nuit. Le Victoria derivait dans le nord-est d'une trentaine de milles depuis deux heures environ; il passait au-dessus du Mabunguru, pays pierreux, parseme de blocs de syenite d'un beau poli, et tout bossele de roches en dos d'ane; des masses coniques, semblables aux rochers de Karnak, herissaient le sol comme autant de dolmens druidiques; de nombreux ossements de buffles et d'elephants blanchissaient ca et la; il y avait peu d'arbres, sinon dans l'est, des bois profonds, sous lesquels se cachaient quelques villages.

  Vers sept heures, une roche ronde, de pres de deux milles d'etendue, apparut comme une immense carapace.

  " Nous sommes en bon chemin, dit le docteur Fergusson. Voila Jihoue-la-Mkoa, ou nous allons faire halte pendant quelques instants. Je vais renouveler la provision d'eau necessaire a l'alimentation de mon chalumeau, essayons de nous accrocher quelque part.

  —Il y a peu d'arbres, repondit le chasseur.

  —Essayons cependant; Joe, jette les ancres. "

  Le ballon, perdant peu a peu de sa force ascensionnelle, s'approcha de terre; les ancres coururent; la patte de l'une d'elles s'engagea dans une fissure de rocher, et le Victoria demeura immobile.

  Il ne faut pas croire que le docteur put eteindre completement son chalumeau pendant ses haltes. L'equilibre du ballon avait ete calcule au niveau de la mer; or le pays allait toujours en montant, et se trouvant eleve de 600 a 700 pieds, le ballon aurait eu une tendance a descendre plus bas que le sol lui-meme; il fallait donc le soutenir par une certaine dilatation du gaz. Dans le. cas seulement ou, en l'absence de tout vent, le docteur eut laisse la nacelle reposer sur terre, l'aerostat, alors deleste d'un poids considerable, se serait maintenu sans le secours du chalumeau.

  Les cartes indiquaient de vastes mares sur le versant occidental de Jihoue-la-Mkoa Joe s'y rendit seul avec un baril, qui pouvait contenir une dizaine de gallons; il trouva sans peine l'endroit indique, non loin d'un petit village desert, fit sa provision d'eau, et revint en moins de trois quarts d'heure; il n'avait rien vu de particulier, si ce n'est d'immenses trappes a elephant; il faillit meme choir dans l'une d'elles, ou gisait une carcasse a demi-rongee.

  Il rapporta de son excursion une sorte de nefles, que des singes mangeaient avidement. Le docteur reconnut le fruit du " mbenbu," arbre tres abondant sur la partie occidentale de Jihoue-la-Mkoa. Fergusson attendait Joe avec une certaine impatience, car un sejour meme rapide sur cette terre inhospitaliere lui inspirait toujours des craintes.

  L'eau fut embarquee sans difficulte, car la nacelle descendit presque au niveau du sol; Joe put arracher l'ancre, et remonta lestement aupres de son maetre. Aussitot celui-ci raviva sa flamme, et le Victoria reprit la route des airs.

  Il se trouvait alors a une centaine de milles de Kazeh, important etablissement de l'interieur de l'Afrique, ou, grace a un courant de sud-est, les voyageurs pouvaient esperer de parvenir pendant cette journee; ils marchaient avec une vitesse de 14 milles a l'heure; la conduite de l'aerostat devint alors assez difficile; on ne pouvait s'elever trop haut sans dilater beaucoup le gaz, car le pays se trouvait deja a une hauteur moyenne de 3,000 pieds. Or, autant que possible, le docteur preferait ne pas forcer sa dilatation; il suivit donc fort adroitement les sinuosites d'une pente assez roide, et rasa de pres les villages de Thembo et de Tura-Wels. Ce dernier fait partie de l'Unyamwezy, magnifique contree ou les arbres atteignent les plus grandes dimensions, entre autres les cactus, qui deviennent gigantesques.

  Vers deux heures, par un temps magnifique, sous un soleil de feu qui devorait le moindre courant d'air, le Victoria planait au-dessus de la ville de Kazeh, situee a 330 milles de la cote.

  " Nous sommes partis de Zauziba
r a neuf heures du matin, dit le docteur Fergusson en consultant ses notes, et apres deux jours de traversee nous avons parcouru par nos deviations pres de 500 milles geographiques [Pres de deux cents lieues]. Les capitaines Burton et Speke mirent quatre mois et demi a faire le meme chemin!

  CHAPITRE XV

  Kazeh.—Le marche bruyant.—Apparition du Victoria.—Les Wanganga.—Les fils de la Lune.—Promenade du docteur.—Population.—Le tembe royal.—Les femmes du sultan.—Une ivresse royale.—Joe adore.—Comment on danse dans la Lune.—Revirement.—Deux lunes au firmament.—Instabilite des grandeurs divine.

  Kazeh, point important de l'Afrique centrale, n'est point une ville; a vrai dire, il n'y a pas de ville a l'interieur. Kazeh n'est qu'un ensemble de six vastes excavations. La sont renfermees des cases, des huttes a esclaves, avec de petites cours et de petits jardins, soigneusement cultives; oignons, patates, aubergines, citrouilles et champignons d'une saveur parfaite y poussent a ravir.

  L'Unyamwezy est la terre de la Lune par excellence, le parc fertile et splendide de l'Afrique; au centre se trouve le district de l'Unyanembe, une contree delicieuse, ou vivent paresseusement quelques familles d'Omani, qui sont des Arabes d'origine tres pure.

  Ils ont longtemps fait le commerce a l'interieur de l'Afrique et dans l'Arabie; ils ont trafique de gommes, d'ivoire, d'indienne, d'esclaves; leurs caravanes sillonnaient ces regions equatoriales; elles vont encore chercher a la cote les objets de luxe et de plaisir pour ces marchands enrichis, et ceux-ci, au milieu de femmes et de serviteurs, menent dans cette contree charmante l'existence la moins agitee et la plus horizontale, toujours etendus, riant, fumant ou dormant.

  Autour de ces excavations, de nombreuses cases d'indigenes, de vastes emplacements pour les marches, des champs de cannabis et de datura, de beaux arbres et de frais ombrages, voila Kazeh.

  La est le rendez-vous general des caravanes: celles du Sud avec leurs esclaves et leurs chargements d'ivoire; celles de l'Ouest, qui exportent le coton et les verroteries aux tribus des Grands Lacs.

 

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