The Complete Poetry of Aimé Césaire

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The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 11

by Césaire, Aimé; Eshleman, Clayton; Arnold, A. James


  No longer to be an ear for hearing!

  No longer to be the wheelbarrow for clearing

  the scenery!

  No longer to be a machine for stripping sensations

  bare!

  mais moi homme ! rien qu’homme !

  Ah ! ne plus voir avec les yeux.

  N’être plus une oreille à entendre !

  N’être plus la brouette à évacuer le

  décor !

  N’être plus une machine à déménager

  les sensations !

  I want the sole, the pure treasure,

  the one that endlessly generates all others.

  Man!

  But this debut makes me less than man!

  What torpor! My head stupidly lolls.

  My gnawed head is swallowed by my body.

  my eye dives straight down into the thing

  no longer observed but observing.

  Je veux le seul, le pur trésor,

  celui qui fait largesse des autres.

  Homme !

  Mais ce début me fait moins qu’homme !

  Quelle torpeur ! ma tête stupidement

  ballotte.

  Ma tête rongée est déglutie par mon

  corps.

  Mon œil coule à pic dans la chose

  non plus regardée mais regardante.

  Man!

  And behold the violet deafening

  that my terrestrial memory officiates,

  my yearning knocks at simple states

  I dream of a beak drunk on hibiscus

  Homme !

  Et voici l’assourdissement violet

  qu’officie ma mémoire terrestre,

  mon désir frappe aux états simples

  je rêve d’un bec étourdi d’hibiscus

  and of virginal violet maxims

  growing heavy with sun-swallowing lizards

  the hour beats like a remorse

  the snow of a caruncular

  sun, its leg lifted, bursts

  the world. . .

  et de vierges sentences violettes

  s’alourdissant aux lézards avaleurs

  de soleil

  l’heure bat comme un remords

  la neige d’un soleil

  aux caroncules crève la patte levée

  le monde…

  It’s all over. Achieved. As ruthless

  death strikes. It does not reap.

  It does not burst. It strikes silently

  flush with the blood, flush with

  the heart, like a resentment,

  like a stroke.

  Plop

  Ça y est. Atteint. Comme frappe

  la mort brutale. Elle ne fauche pas.

  Elle n’éclate pas. Elle frappe silencieusement

  au ras du sang, au ras

  du cœur, comme un ressentiment,

  comme un retour de sang.

  Floc

  Medullarily

  Médullairement

  That’s fine

  I want a more brilliant sun and purer stars

  I shake myself in a mobility of images

  of neritic memories of suspended

  possibles, of larva-tendencies,

  of obscure becomings;

  C’est bon.

  Je veux un soleil plus brillant et de plus pures étoiles

  Je m’ébroue en une mouvance d’images

  de souvenirs néritiques de possibles

  en suspension, de tendances-larves,

  d’obscurs devenirs ;

  habits create for the liquid slime

  drifting seaweed—wickedly,

  flowers shatter.

  Plop

  les habitudes font à la vase liquide

  de traînantes algues – mauvaisement,

  des fleurs éclatent.

  Floc

  One sinks, one sinks into

  a music.

  Radiolarians.

  We drift through your sacrifice

  On enfonce, on enfonce comme dans

  une musique.

  Radiolaires.

  Nous dérivons à travers votre sacrifice

  with a wavelike doddling, I leap

  ancestral into the branches of my

  vegetation.

  I stray through fruitful

  complications.

  I swim to the vessels

  I plunge to the locks.

  d’un dodelinement de vague, je saute

  ancestral aux branches de ma

  végétation.

  Je m’égare aux complications

  fructueuses.

  Je nage aux vaisseaux

  Je plonge aux écluses.

  Where, where, where hum the bedunged

  hyenas of despair?

  No. Here words always

  torrentially cascade.

  Où, où, où vrombissent les hyènes

  fienteuses du désespoir ?

  Non. Toujours ici torrentueuses

  cascadent les paroles.

  Silence

  Silence beyond the blood-tinged

  ramps

  Silence

  Silence par delà les rampes

  sanguinolentes

  through this grisaille and this

  unheard-of calcination.

  At last, this,

  this wind of flattenings, happiness,

  silence

  par cette grisaille et cette

  calcination inouïe.

  Enfin, lui,

  ce vent des méplats, bonheur,

  le silence

  my brain dies in an incandescence

  with smoking aigrettes of fulvous gold

  a tepid fold of circumvolution streaked

  by a sneer of palm trees

  melts

  a downy titillation swims swims swims

  twigs forest lake

  aerial a doe

  mon cerveau meurt dans une illumination

  avec de fumantes aigrettes d’or fauve

  un bourrelet tiédi de circonvolution par

  un ricanement de palmes strié

  fond

  une titillation duvetée nage nage nage

  brindilles forêt lac

  aérienne une biche

  Oh an emptiness of conflagration Tortures

  Where, where, where

  hum the bedunged hyenas of despair?

  Oh un vide d’incendie Tortures

  Où où où

  vombrissent les hyènes fienteuses du désespoir ?

  Overturned on my weariness,

  through the gauze, tepid puffs

  irradiate my fluid non-existence

  a flavor dies on my lip

  an arrow flies I know not.

  Renversé sur ma lassitude,

  à travers la gaze, des bouffées tièdes

  irradient mon inexistence fluide

  une saveur meurt à ma lèvre

  une flèche file je ne sais pas.

  Shudder. All one has lived sputters on and off.

  Noises join hands and embrace

  above me.

  I wait. No longer wait.

  Delirium.

  Frisson. Tout le vécu pétarade avec des reprises.

  Les bruits se donnent la main et s’embrassent

  par-dessus moi.

  J’attends. Je n’attends plus.

  Délire.

  Nothingness of day

  Nothingness of night

  a sweet enticement

  to the very flesh of things

  spatters.

  Néant de jour

  Néant de nuit

  une attirance douce

  à la chair même des choses

  éclabousse.

  Nocturnal day

  diurnal night

  exuded by

  Plenitude

  Jour nocturne

  nuit diurne

  qu’exsude

  la Plénitude

  Ah

  The last of the last suns falls.

  Where w
ill it set if not in Me?

  Ah

  Le dernier des derniers soleils tombe.

  Où se couchera-t-il sinon en Moi ?

  As everything was dying,

  I grew, I grew larger—like the world—

  and my consciousness broader than the sea!

  Last sun.

  I explode. I am fire, I am sea. The

  world is dissolving. But I am the world

  À mesure que se mourait toute chose,

  Je me suis, je me suis élargi – comme le monde –

  et ma conscience plus large que la mer !

  Dernier soleil.

  J’éclate. Je suis le feu, je suis la mer. Le

  monde se défait. Mais je suis le monde

  The end, the end as we said.

  What nonsense. A peace proliferating

  with obscure powers. Operculum gills,

  palms syrinx quills. There grow

  all over my body, invisible and instantaneous,

  secretly required, senses,

  La fin, la fin disions-nous.

  Quelle sottise Une paix proliférante

  d’obscures puissances. Branchies opacules,

  palmes syrinx pennes. Il me pousse

  invisibles et instants par tout le corps,

  secrètement exigés, des sens,

  and behold we are caught up in the sacred

  whirling primordial streaming

  at the renewal of everything.

  et nous voici pris dans le sacré

  tourbillonnant ruissellement primordial

  au recommencement de tout.

  Serenity carves expectation into prodigious

  cacti.

  All possibility ready at hand.

  Nothing excluded.

  La sérénité découpe l’attente en prodigieux

  cactus.

  Tout le possible sous la main.

  Rien d’exclu.

  and I grow, me, the seated

  steatopygous Man

  in my eyes reflections of swamps, of shame,

  of acquiescence

  —not a fold of air rippling in the

  notches of his limbs—

  on age-old thorns

  et je pousse, moi, l’Homme

  stéatopyge assis

  en mes yeux des reflets de marais, de honte,

  d’acquiescement

  – pas un pli d’air ne bougeant aux

  échancrures de ses membres –

  sur les épines séculaires

  I grow, like a plant

  remorseless and unwarped

  toward the unknotted hours of day

  pure and confident as a plant

  uncrucified

  toward the unknotted hours of evening

  Je pousse, comme une plante

  sans remords et sans gauchissement

  vers les heures dénouées du jour

  pur et sûr comme une plante

  sans crucifiement

  vers les heures dénouées du soir

  The end!

  My feet follow the wormy meandering

  plant

  my woody limbs circulate strange saps

  plant plant

  La fin !

  Mes pieds vont le vermineux cheminement

  plante

  mes membres ligneux conduisent d’étranges sèves

  plante plante

  and I speak

  and my word is peace

  and I speak and my word is earth

  and I speak

  and

  Joy

  et je dis

  et ma parole est paix

  et je dis et ma parole est terre

  et je dis

  et

  la Joie

  bursts forth in a new sun

  and I speak:

  through knowing grasses time glides

  branches pecked at a green-flame peace

  and the earth breathed beneath the gauze of mists

  éclate dans le soleil nouveau

  et je dis :

  par de savantes herbes le temps glisse

  les branches picoraient une paix de flammes vertes

  et la terre respira sous la gaze des brumes

  and the earth stretched. There was a cracking

  in its knotted shoulders. There was in its veins

  a crackling of fire.

  Its sleep peeled off like a guava tree in August

  et la terre s’étira. Il y eut un craquement

  à ses épaules nouées. Il y eut dans ses veines

  un pétillement de feu.

  Son sommeil pelait comme un goyavier d’août

  on virginal islands thirsty for light

  and squatting in its hair

  of living water

  at the backs of its eyes the earth awaited

  the stars.

  sur de vierges îles assoiffées de lumière

  et la terre accroupie dans ses cheveux

  d’eau vive

  au fond de ses yeux attendit les

  étoiles.

  “sleep, my cruelty,” thought I

  ear pressed to the ground, I heard

  Tomorrow pass.

  « dors, ma cruauté », pensai-je

  l’oreille collée au sol, j’entendis

  passer Demain.

  Have no Mercy for Me

  N’ayez point pitié de moi

  Keep smoking swamp

  the rupestral images of the unknown

  turn toward me the silent dusk

  of their laughter

  Fumez marais

  les images rupestres de l’inconnu

  vers moi détournent le silencieux crépuscule

  de leur rire

  Keep smoking oh swamp sea urchin heart

  dead stars calmed by marvelous hands spurt

  from the pulp of my eyes.

  Fumez ô marais cœur d’oursin

  les étoiles mortes apaisées par des mains merveilleuses jaillissent

  de la pulpe de mes yeux.

  Smoke smoke

  the fragile obscurity of my voice crackles with blazing

  cities

  and the irresistible purity of my hand summons

  from afar, from very far, from an inherited patrimony

  the victorious zeal of the acid in the flesh

  of life—swamp—

  Fumez fumez

  l’obscurité fragile de ma voix craque de cités

  flamboyantes

  et la pureté irrésistible de ma main appelle

  de loin, de très loin, du patrimoine héréditaire

  le zèle victorieux de l’acide dans la chair

  de la vie – marais –

  like a viper born from the blonde force of

  resplendence.

  telle une vipère née de la force blonde de

  l’éblouissement.

  Serpent Sun

  Soleil serpent

  Serpent sun eye bewitching my eye

  and the sea verminous with islands cracking in the fingers of flamethrower

  roses and my intact thunderstruck body

  Soleil serpent œil fascinant mon œil

  et la mer pouilleuse d’îles craquant aux doigts des roses

  lance-flamme et mon corps intact de foudroyé

  the water raises the carcasses of light lost in the pompless corridor

  whirlwinds of ice floes halo the steaming hearts of crows

  our hearts

  l’eau exhausse les carcasses de lumière perdues dans le couloir sans pompe

  des tourbillons de glaçons auréolent le cœur fumant des corbeaux

  nos cœurs

  it is the voice of tamed thunderbolts turning on their crevice hinges

  a transmission of anolis to the landscape of broken glasses

  it is the vampire flowers rising to the relief of orchids

  c’est la voix des foudres apprivoisées tournant sur leurs gonds de lézarde

  transmission d’anolis au paysage de
verres cassés

  c’est les fleurs vampires montant à la relève des orchidées

  elixir of the central fire

  fire just fire night mango tree covered with bees

  my desire a luck of tigers surprised in the sulphurs

  élixir du feu central

  feu juste feu manguier de nuit couvert d’abeilles

  mon désir un hasard de tigres surpris aux soufres

  but the stannous awakening gilds itself with childish deposits

  and my pebble body eating fish eating

  doves and slumbers

  the sugar of the word Brazil at the bottom of the marsh.

  mon désir un hasard de tigres surpris aux soufres

  mais l’éveil stanneux se dore des gisements enfantins

  et mon corps de galet mangeant poison mangeant

  colombes et sommeils

  le sucre du mot Brésil au fond du marécage.

  Phrase

  Phrase

  And why not the hedge of geysers the obelisks of hours the smooth cry of clouds the quartered sea pale green bedunged by good-for-nothing birds and hope playing marbles on the beams and for-the-time-beings of houses and the sea bream rips of banana tree suckers

 

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