sleep root-knotter
I water your fallow fields
capture the voice that makes termites build high
in my skull their funereal pyramid spanned by a flight of multicolored pigeons
sommeil noueur de racines
j’arrose tes guérets
capte la voix qui fait que les termites bâtissent haut
dans mon crâne leur pyramide funèbre tendue d’un vol de pigeons multicolores
and you bird hit by the slingshot of mirages
beating your head on the ceiling of the sun
and of the stars and of dreams and of the void
from isle to isle the clear water that you disdain
oh you prisoner of your wax that parchments praise
you shall fall
crumpler of stars crusher of grasses great body
or toi oiseau frappé de la fronde des mirages
cognant ta tête au plafond du soleil
et des astres et des rêves et du néant
d’île en île eau claire que tu dédaignes
ô toi prisonnière de ta cire que vantent les parchemins
tu tomberas
froisseuse d’étoiles broyeuse d’herbes grand corps
Password
Mot de passe
Zealand I fall in with your mood
Zealand that only gives me time to stow in the armoire of my throat all the words with which I had caught the days in the trap of a gutless calendar
Zealand at the bottom of the shipwreck
Zealand with ground all around strewn with carapaces
Zealand of the zinnia rose window
Zélande je me mets au diapason
Zélande qui ne me donne jamais que le temps de ranger dans l’armoire de ma gorge tous les mots par lesquels j’avais pris les jours au piège d’un calendrier sans viscères
Zélande au fond du naufrage
Zélande avec autour un sol jonché de carapaces
Zélande à la rosace de zinnias
Zealand vibratory eyelash of innocence
Zealand whose eyes are a watch stopped at an illegible hour
Zealand tempest badly laced with black across the fire of the earth
Zealand password
Zealand Star of Bethlehem
Zélande cil vibratile de l’innocence
Zélande dont les yeux sont une montre arrêtée sur une heure illisible
Zélande tempête mal lacée de noir sur le feu de la terre
Zélande mot de passe
Zélande hippobroma
Zealand antipodal concurrence
Zealand do not interrogate me
Zealand I no longer know my name
in the morning leaf roller of the first force of the first wreckage of the final dawn
our teeth shall bound from an earth up to the height of a cinnamon and clove sky
Zélande concurrence d’antipode
Zélande ne m’interroge pas
Zélande je ne sais plus mon nom
au matin rouleur de la première force de la première épave de la dernière aurore
nos dents feront le bond d’une terre au haut d’un ciel de cannelle et de girofles
you shall open your eyelids that are a very beautiful fan
made of feathers reddened from watching my blood throb
a triumphant season of the rarest essential oils
this shall be your hair
swinging the nostalgia of long cassia in the puerile wind
tu ouvriras tes paupières qui sont un éventail très beau
fait de plumes rougies de regarder mon sang battre
une saison triomphante des essences les plus rares
ce sera tes cheveux
ballant au vent puéril la nostalgie des longues canéfices
Turn of Events
Tournure des choses
Truly the stockjobbing of the birds of paradise no longer makes the rose of the winds fade and when I open the cage of my eyelids when I unglove my nested sparrowhawks and release them in a relaxing of eyeballs where the pollen of hunger noiselessly carries out the lofty miracle of fecundating the sterile flower of despair
De vrai l’agiot des oiseaux du paradis ne fane plus la rose des vents et quand j’ouvre la cage de mes paupières quand je dégante mes éperviers nichés et que je les lance dans une détente de prunelles là où le pollen de la faim accomplit sans bruit le haut miracle de la fécondation de la fleur stérile du désespoir
(froth of the word tossed thoughtlessly amidst the flames of a silence
just concretion perceived by my excessively vivacious left breast
excrescence of the most uncivilized habits of my big toes
to my will dragging the scraps of the world
(écume de la parole jetée à l’étourdi parmi la flamme d’un silence
concrétion juste aperçue de mon sein gauche trop vivace
excroissance de la plus sauvage pratique de mes orteils
à ma volonté traînant les bribes du monde
to my will silting up with more and more feeble gasps that I array quite nicely as wisely
defunct worlds)
justice for the landscape! it is he the crier always he
the path smiles back at the sunsets
stones tame the raging sea
à ma volonté ensablant des halètements de plus en plus faibles que je dispose très bien en mondes sagement défunts)
justice au paysage ! c’est lui le crieur encore lui
le chemin se sourit aux couchants
les pierres apprivoisent la mer démontée
crabs that are the suns of sewers revolted against the order of the road system are suspended at the top of ancient palaces
my hands shriveled pass back and forth the axe of omens
The city? The nothingness of the city. The city? The nothingness of eyes the nothingness of nightmares the nothingness of memory the nothingness of indifference
les crabes qui sont les soleils des égouts révoltés contre l’ordre des voiries sont suspendus au haut des palais anciens
mes mains se passent recroquevillées la cognée des présages
La ville ? Néant de ville. La ville ? Néant d’yeux néant de cauchemars néant de souvenir néant d’indifférence
Preliminary Question
Question prealable
As for me should they grab my leg
I vomit up a forest of lianas
Should they hang me by my fingernails
I piss a camel bearing a pope and vanish in a row of fig trees that quite neatly encircle the intruder and strangle him in a beautiful tropical balancing act
Pour moi qu’on me serre la jambe
je rends une forêt de lianes
Qu’on me pende par les ongles
je pisse un chameau portant un pape et je m’évanouis en une rangée de ficus qui très proprement enserrent l’intrus et l’étranglent dans un beau balancement tropical
The weakness of many men is that they do not know how to become either a stone or a tree
As for me I sometimes fit sulfurous wicks between my boa fingers for the sole pleasure of bursting into a flame of new poinsettia leaves all evening long
reds and greens trembling in the wind
like our dawn in my throat
La faiblesse de beaucoup d’hommes est qu’ils ne savent devenir ni une pierre ni un arbre
Pour moi je m’installe parfois des mèches soufrées entre mes doigts de boa pour l’unique plaisir de m’enflammer en feuilles neuves de poinsettias tout le soir
rouges et verts tremblant au vent
comme dans ma gorge notre aurore
Tattooing Gazes
Tatouage des regards
Eyes attached to their tall hypertrophied peduncle cashew-tree and tannin pus eyes fixed on me like the gaze of bad fruit like slaughterhouse flies like a justiciary’s beard
Yeux accrochés à leur haut pédoncule hypertrophié yeux d’anacardier et pus de tannin s
ur moi braqués comme un regard de mauvais fruit comme des mouches d’abattoir comme une barbe de justicier
I am for sure the most pierced being in the world
each man who encounters me giving himself the right to drive a nail as chance directs at my head my heart my hands my eyes
certes je suis du monde l’être le plus percé
chaque homme qui me rencontre s’adjugeant le droit de me planter un clou au hasard de ma tête de mon cœur de mes mains de mes yeux
but my greatest joy is to foil the blows: ferocity of my intimacy where they expected to find the void—void sand and crumbly termite wood in place of the sapwood that at my unseasonable pleasure I fabricate for myself—
mais ma grande joie est de tromper les coups : férocité de mon intimité là où ils pensaient trouver le vide – vide sable et friable bois de termite au lieu de l’aubier qu’à volonté non saisonnière je me fabrique –
Contrite is their anchor
while putting on airs and cooing my ink still resurfaces as sap to give me a color in which conveniently to wait and to surprise (in this forest where one would have to be as stupid as Christ and cabbage to get crucified) the imbecility of robbers' blows of nails always lying in wait
Penaude en est leur ancre
cependant que fait le gros dos et roucoule mon encre qui remonte encore en sève à la surface me donner une couleur où commodément attendre et surprendre (dans cette forêt où il faut être bête comme Christ et chou pour être crucifié) l’imbécillité des coups de larrons des clous toujours à l’affût
At the Locks of the Void
Aux écluses du vide
In the foreground and in longitudinal flight a dried-up brook drowsy roller of obsidian pebbles. In the background a decidedly not calm architecture of torn down burgs of eroded mountains on whose glimpsed phantom serpents chariots a cat’s-eye and alarming constellations are born. It is a strange firefly cake hurled into the gray face of time, a vast scree of shards of icons and of blazons of lice in the beard of Saturn. On the right very curiously standing against the squamous wall of crucified butterfly wings open in majesty a gigantic bottle whose very long golden neck drinks a drop of blood in the clouds. As for me I am no longer thirsty. It gives me pleasure to think of the world undone like an old copra mattress like an old Vodou necklace like the perfume of a felled peccary. I am no longer thirsty. All heads belong to me. It is sweet to be gentle as a lamb. It is sweet to open the great sluice gates of gentleness:
Au premier plan et fuite longitudinale un ruisseau desséché sommeilleux rouleur de galets d’obsidiennes. Au fond une point quiète architecture de burgs démantelés de montagnes érodées sur le fantôme deviné desquels naissent serpents chariots œil de chat des constellations alarmantes. C’est un étrange gâteau de lucioles lancé contre la face grise du temps, un grand ébouli de tessons d’icones et de blasons de poux dans la barbe de Saturne. À droite très curieusement debout à la paroi squameuse de papillons crucifiés ailes ouvertes dans la gloire une gigantesque bouteille dont le goulot d’or très long boit dans les nuages une goutte de sang. Pour ma part je n’ai plus soif. Il m’est doux de penser le monde défait comme un vieux matelas à coprah comme un vieux collier vaudou comme le parfum du pécari abattu. Je n’ai plus soif. Toutes les têtes m’appartiennent. Il est doux d’être doux comme un agneau. Il est doux d’ouvrir les grandes vannes de la douceur :
through the staggered sky
through the exploded stars
through the tutelary silence
from very far beyond myself I come toward you
woman sprung from a beautiful laburnum
and your eyes wounds barely closed
on your modesty at being born
par le ciel ébranlé
par les étoiles éclatées
par le silence tutélaire
de très loin d’outre moi je viens vers toi
femme surgie d’un bel aubier
et tes yeux blessures mal fermées
sur ta pudeur d’être née
It is I who sing with a voice still caught up in the babbling of elements. It is sweet to be a piece of wood a cork a drop of water in the torrential waters of the end and of the new beginning. It is sweet to doze off in the shattered heart of things. I no longer have any sort of thirst. My sword made from a shark’s-tooth smile is becoming terribly useless. My mace is very obviously out of season and out of play. Rain is falling. It is a crisscross of rubble, it is a skein of iron for reinforced concrete, it is an incredible stowage of the invisible by first-rate ties, it is a branchwork of syphilis, it is the diagram of a brandy bender, it is the graphic representation of a seismic floodtide, it is a conspiracy of dodders, it is the nightmare’s head impaled on the lance point of a mob mad for peace and for bread.
C’est moi qui chante d’une voix prise encore dans le balbutiement des éléments. Il est doux d’être un morceau de bois un bouchon une goutte d’eau dans les eaux torrentielles de la fin et du recommencement. Il est doux de s’assoupir au cœur brisé des choses. Je n’ai plus aucune espèce de soif. Mon épée faite d’un sourire de dents de requin devient terriblement inutile. Ma masse d’armes est très visiblement hors de saison et hors de jeu. La pluie tombe. C’est un croisement de gravats, c’est un écheveau de fer pour ciment armé, c’est un incroyable arrimage de l’invisible par des liens de toute qualité, c’est une ramure de syphilis, c’est le diagramme d’une saoulerie à l’eau-de-vie, c’est la représentation graphique d’une marée séismique, c’est un complot de cuscutes, c’est la tête du cauchemar fichée sur la pointe de lance d’une foule en délire de paix et de pain.
I advance to the region of blue lakes. I advance to the region of sulphur springs
J’avance jusqu’à la région des lacs bleus. J’avance jusqu’à la région des solfatares
I advance to my crateriform mouth toward which have I struggled enough? What have I to discard? Everything by god everything. I am stark naked. I have discarded everything. My genealogy. My widow. My companions. I await the boiling, I await the baptism of sperm. I await the wingbeat of the great seminal albatross supposed to make a new man of me. I await the immense tap, the vertiginous slap that shall consecrate me as a knight of a plutonian order. I await in the depths of my pores the sacred intrusion of the benediction.
j’avance jusqu’à ma bouche cratériforme vers laquelle ai-je assez peiné ? Qu’ai-je à jeter ? Tout ma foi tout. Je suis tout nu. J’ai tout jeté. Ma généalogie. Ma veuve. Mes compagnons. J’attends le bouillonnement, j’attends le baptême du sperme. J’attends le coup d’aile du grand albatros séminal qui doit faire de moi un homme nouveau. J’attends l’immense tape, le soufflet vertigineux qui me sacrera chevalier d’un ordre plutonien. J’attends au plus profond de mes pores la sacrée intrusion de la bénédiction.
And suddenly it is the outpouring of great rivers
it is the friendship of toucans’ eyes
it is the fulminating erection of virgin mountains
I am pregnant with my despair in my arms
I am pregnant with my hunger in my arms and my disgust in my mouth.
I am invested. Europe patrols my veins like a pack of filariae at the stroke of midnight. To think that their philosophies tried to provide them with morals. That ferocious race won’t have put up with it.
Et subitement c’est le débouché des grands fleuves
c’est l’amitié des yeux de toucans
c’est l’érection au fulminate de montagnes vierges
je suis enceint avec mon désespoir dans mes bras
je suis enceint avec ma faim dans mes bras et mon dégoût dans la bouche.
je suis investi. L’Europe patrouille dans mes veines comme une meute de filaires sur le coup de minuit. Dire que leurs philosophies ont essayé de leur donner une morale. Cette race féroce ne l’aura pas supportée.
Europe pig iron fragment
Europe low tunnel oozing a bloody dew
Europe old bag Europe
Europe old dog Europe worm-drawn coach
Europe peeling tattoo Europe your name is a raucous clucking and a muffled shock
Europe éclat de fonte
Europe tunnel bas d’où suinte une rosée de sang
Europe carne Europe
Europe vieux chien Europe calèche à vers
Europe tatouage pelé Europe ton nom est un gloussement rauque et un choc assourdi
I unfold my handkerchief it is a flag
I have donned my beautiful skin
I have adjusted my beautiful clawed paws
je déplie mon mouchoir c’est un drapeau
j’ai mis ma belle peau
j’ai ajusté mes belles pattes onglées
Europe
I hereby join all that powders the sky with its insolence all that is loyal and fraternal all that has the courage to be eternally new all that knows how to yield its heart to the fire all that has the strength to emerge from an inexhaustible sap all that is calm and certain
all that is not you
Europe
eminent name of the turd
Europe
je donne mon adhésion à tout ce qui poudroie le ciel de son insolent à tout ce qui est loyal et fraternel à tout ce qui a le courage d’être éternellement neuf à tout ce qui sait donner son cœur au feu à tout ce qui a la force de sortir d’une sève inépuisable à tout ce qui est calme et sûr
à tout ce qui n’est pas toi
Europe
nom considérable de l’étron
Forfeiture
Déshérence
As soon as I press the little pawl that I have under my tongue at a spot that escapes all detection all microscopic bombardment all dowser divination all scholarly prospecting beneath its triple thickness of false eyelashes of centuries of insults of strata of madrepores of what I must call my niagara cavern in a burst of cockroaches in a cobra twitch a tongue like a cause for astonishment makes the leap of a machine for spitting a mouthful of curses a rising of the sewers of hell a premonitory ejaculation a urinary spurt a foul emission a sulfuric rhythm feeding an uninterruption of interjections—and then right there pushing between the paving stones the furious blue petroleum eucalypti that leave far behind them the splendor of veronicas, the skulls right in the delirium of dust like the jaboticaba plum and then right there started up like the loud buzzing of a hornet the true war of devolution in which all means are justified right there the homing pigeons of the conflagration right there the crackling of secret transmitters and the thick tufts of black smoke that resemble the vaginal vegetation thrust into the air by rutting loins. I count. Across the street a honey-colored armillaria lying dwarf-like on its side a church uprooted and reduced by catastrophe to its true proportions of a public urinal. I cross over collapsed bridges. I cross under new arches. Toboggan eye at the bottom of a cheek amidst woodwinds and well-polished brasses a house abutting an abyss with in cut-away view the violated virginity of the daughter of the house the lost goods and chattels of the father and the mother who believed in the dignity of mankind and in the bottom of a wool stocking the testicles of an unemployed workman from distant lands pierced by a knitting needle.
The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 38