The Complete Poetry of Aimé Césaire

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The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 60

by Césaire, Aimé; Eshleman, Clayton; Arnold, A. James


  et subitement l’Afrique parla

  ce fut pour nous an neuf

  l’Afrique selon l’us

  de chacun nous balaya le seuil d’une torche enflammée

  reliant la nuit traquée

  et toutes les nuits mutilées

  de l’amère marée des nègres inconsolés

  au plein ciel violet piqué de feux

  She said: “rifle still warm the man

  died yesterday. Yesterday the unrestrained covetous

  trampler trampling pilferer pilfering

  yesterday well and truly died yesterday.”

  . . . Africa spoke a sacred language

  in which the same word signified

  knife of rains blood of bull

  nerve and tendon of the hidden god

  profound lichen release of birds

  Elle dit : « L’homme au fusil encore chaud

  est mort hier. Hier le convoiteux sans frein

  piétineur piétinant saccageur saccageant

  hier est bien mort hier. »

  … l’Afrique parlait en une langue sacrée

  où le même mot signifiait

  couteau des pluies sang de taureau

  nerf et tendon du dieu caché

  lichen profond lâcher d’oiseaux

  Reply to Depestre Haitian Poet

  (Elements of an Ars Poetica)

  Réponse à Depestre poète haïtien

  (Éléments d’un art poétique)

  It is a Seine night

  and I recall as though drunk

  the mad chant of Boukman birthing your country

  with the forceps of the storm

  C’est une nuit de Seine

  et moi je me souviens comme ivre

  du chant dément de Boukmann accouchant ton pays

  aux forceps de l’orage

  DEPESTRE

  valiant rider of the tom-tom

  is it true that you mistrust the native forest

  our hoarse voices our hearts that carry us back bitter

  our red-rum eyes our burned-out nights

  is it possible

  that the rains of exile

  have slackened the drumskin of your voice

  DEPESTRE

  vaillant cavalier du tam-tam

  est-il vrai que tu doutes de la forêt natale

  de nos voix rauques de nos coeurs qui nous remontent amers

  de nos yeux de rhum rouge de nos nuits incendiées

  se peut-il

  que les pluies de l’exil

  aient détendu la peau de tambour de ta voix

  Leave it Depestre leave it

  the solemn beggary of a cadged melody

  leave them

  the droning of the minuet blood the stale water trickling down

  along the pink steps

  Laisse-là Depestre laisse-là

  la gueuserie solennelle d’un air mendié

  laisse-leur

  le ronron de leur sang à menuets l’eau fade dégoulinant

  le long des marches roses

  and as for the gruntings of the schoolmasters

  enough

  let’s maroon* on them Depestre let’s maroon on them

  as in times past we marooned on our slave drivers

  et pour les grognements des maîtres d’école

  assez

  marronnons-les Depestre marronnons-les

  comme jadis nous marronnions nos maîtres à fouet

  Depestre I indict the bad manners of our blood

  is it our fault

  if the squall blows up

  and suddenly unteaches us how to count on our fingers

  to do three turns to salute

  Depestre j’accuse les mauvaises manières de notre sang

  est-ce notre faute

  si la bourrasque se lève

  et nous désapprend tout soudain de compter sur nos doigts

  de faire trois tours de saluer

  Or rather it comes to the same thing

  blood is something that comes goes and comes back

  and ours I suppose comes back to us after lingering

  at some macumba*. What is to be done? Truly

  blood is a powerful vodun

  Ou bien encore cela revient au même

  le sang est une chose qui va vient et revient

  et le nôtre je suppose nous revient après s’être attardé

  à quelque macumba. Qu’y faire ? En vérité

  le sang est un vaudoun puissant

  It is true that this season they are turning out nicely rounded sonnets

  for us to do that would recall far too well

  the sugary juice that back there drool the distilleries in the mornes

  when the slow thin oxen circle round to the buzzing of the mosquitoes

  C’est vrai ils arrondissent cette saison des sonnets

  pour nous à le faire cela me rappellerait par trop

  le jus sucré que bavent là-bas les distilleries des mornes

  quand les lents boeufs maigres font leur rond au zonzon des moustiques

  Ouch! Depestre a poem is not a mill for

  crushing sugar cane stalks not at all

  and if rhymes are flies on ponds

  without rhymes

  all season long

  far from the ponds

  I justifying to you

  let’s laugh drink and maroon

  Ouiche ! Depestre le poème n’est pas un moulin à

  passer de la canne à sucre ça non

  et si les rimes sont mouches sur les mares

  sans rimes

  toute une saison

  loin des mares

  moi te faisant raison

  rions buvons et marronnons

  Gentle heart

  around my neck the order of commander of the moon

  around my arm the tightly wrapped coil of the lasso of the sun

  my chest tattooed as by one of the wounds of the night

  just so I recall

  Gentil cœur

  avec au cou le collier de commandement de la lune

  avec autour du bras le rouleau bien lové du lasso du soleil

  la poitrine tatouée comme par une des blessures de la nuit

  aussi je me souviens

  did Dessalines actually mince about at Vertières

  and for the rest

  whether the poem turns well or badly on the oil of its hinges

  screw it Depestre screw it let Aragon talk

  au fait est-ce que Dessalines mignonnait à Vertières

  et pour le reste

  que le poème tourne bien ou mal sur l’huile de ses gonds

  fous-t-en Depestre fous-t-en laisse dire Aragon

  Comrade Depestre

  It is assuredly a very great problem

  the relation between poetry and Revolution

  content conditions form

  and if we took into account the dialectical detour

  Camarade Depestre

  C’est un problème assurément très grave

  des rapports de la poésie et de la Révolution

  le fond conditionne la forme

  et si l’on s’avisait aussi du détour dialectique

  by which form taking its revenge

  like a strangler fig suffocates the poem

  but no

  I don’t accept to write the report

  I’d rather look at the spring. Precisely

  par quoi la forme prenant sa revanche

  comme un figuier maudit étouffe le poème

  mais non

  je ne me charge pas du rapport

  j’aime mieux regarder le printemps. Justement

  it’s the Revolution

  and the forms that linger

  humming in our ears

  eating the new sprouts

  eating the shoots.

  c’est la Révolution

  et les formes qui s’attardent

  à nos oreilles bourdonnant

  ce sont mangeant le
neuf qui lève

  mangeant les pousses

  they are fat cockchafers cockchafing the spring.

  Depestre

  from the Seine I send you my greetings to Brazil

  to you to Bahia to all the saints to all the devils

  to those in the favellas

  de gros hannetons hannetonnant le printemps.

  Depestre

  de la Seine je t’envoie au Brésil mon salut

  à toi à Bahia à tous les saints à tous les diables

  à ceux des favellas

  Depestre

  Bombaya Bombaya*

  believe me as in former times beat for us the good tom-tom

  splattering their rancid night

  with a succinct rutting of moudang* stars.

  Depestre

  Bombaïa Bombaïa

  crois-m’en comme jadis bats-nous le bon tam-tam

  éclaboussant leur nuit rance

  d’un rut sommaire d’astres moudangs.

  Vodun Ceremony

  For Saint-John Perse. . .

  Cérémonie vaudou pour Saint-John Perse…

  the one who marks with beacons the landing field of hummingbirds

  the one who plants in the ground a stalk of Curaçao asclepias

  to provide shelter for the world’s greatest monarchs

  who are in the nobility of exile and transient butterflies

  celui qui balise l’aire d’atterissage des colibris

  celui qui plante en terre une hampe d’asclépias de Curaçao

  pour fournir le gîte aux plus grands monarques du monde

  qui sont en noblesse d’exil et papillons de passage

  the one for whom the burseras of the sierra

  sweating blood and water and more blood than water and peeling

  never cease twisting their arms

  grotesques in their parade of the damned

  celui pour qui les burseras de la sierra

  suant sang et eau et plus de sang que d’eau et pelés

  n’en finissent pas de se tordre les bras

  grotesques dans leur parade de damnés

  the one who contemplates each day the first genetic letter

  that it is superfluous to name

  to the point of perfect reddening

  with the surpluses of strength to be gathered from the historical void

  celui qui contemple chaque jour la première lettre génétique

  qu’il est superflu de nommer

  jusqu’à parfait rougeoiement

  avec à recueillir le surplus de forces hors du vide historique

  the seeker of lost springheads

  the disentangler of ropy lava

  le chercheur de sources perdues

  le démêleur de laves cordées

  the one who calculates the low water mark of anger

  in the workable and tutelary earth

  the one who encounters the beat and the off-beat wheel of blood

  moaning a thousand times more than norias on the Orontes

  celui qui calcule l’étiage de la colère

  dans les terres de labour et de mainbour

  celui qui du sang rencontre la roue du temps et du contretemps

  mille fois plus gémissante que norias sur l’Oronte

  the one who replaces the asphodel of infernal meadows

  with—sacral—the beautiful afro of the haemanthus

  —the Angela Davis of these regions—rich with all the pins of our bristling bloods

  celui qui remplace l’asphodèle des prairies infernales

  par – sacrale – la belle coiffure afro de l’haemanthus

  – Angela Davis de ces lieux – riche de toutes les épingles de nos sangs hérissés

  (did he see it did he see it the Stranger

  redder still than the blood of Tammuz

  and our decebalian faces

  did he see it did he see it the Stranger?)

  (le vit-il le vit-il l’Étranger

  plus rouge pourtant que le sang de Tammouz

  et nos faces décebales

  le vit-il le vit-il l’Étranger ?)

  flegrian

  birds profound

  turtledoves of darkness and resentment

  phlégréennes

  oiseaux profonds

  tourterelles de l’ombre et du grief

  and may the arch catch fire

  and from one ocean to the other

  may the sumptuous magmas answer one another as volcanoes to

  honor with all muzzles all portholes smoking

  under sail for the high seas

  the ultimate Conquistador on his final voyage

  et que l’arc s’embrase

  et que de l’un à l’autre océan

  les magnas fastueux en volcans se répondent pour

  de toutes gueules de tous fumants sabords honorer

  en route pour le grand large

  l’ultime Conquistador en son dernier voyage

  LIKE A MISUNDERSTANDING OF SALVATION. . .

  COMME UN MALENTENDU DE SALUT…

  In 1994, Aimé Césaire, at the urging of Daniel Maximin, collected twenty-two poems under the title “Like a Misunderstanding of Salvation. . . .” Since his death, the collection has acquired the status of a poetic testament, marking out what the Martinican poet saw as his lasting accomplishment, while noting how the desire to create a diasporic negritude had overreached itself. “Like a Misunderstanding of Salvation” states obliquely but clearly enough what was implied in i, laminaria. . . . “Ridiculous” treats with bitter sarcasm the Promethean motif his earlier persona assumed in the tragic oratorio “And the Dogs Were Silent” (1946): “I am not nailed to the most absurd of rocks / No winged feat of valor ever visited me / From the abyss no chorus rises toward me / Unless it be the occasional hiccup of a cargo of castaways.” In “References,” the “he” clearly references Césaire’s own career in Martinique: “He sought no alibi / on the contrary / he scanned the landscape to incrust himself / husbander of the place. . . .” In “incrust,” we recognize the same poetic turn Césaire had used in imagining himself twelve years earlier as a laminarian alga. In this late verse, the language of poetry is no longer a vehicle; it is the substance of the poem: “I challenge not / I greet the words (gathering the blood of sound) / I know their memory, what they have to offer me: / that is to say everything. . .” (“Rumination”). A clear echo of “And the Dogs Were Silent” is heard again in “Word Owing”: “on the way / without diverting the dogs / the wind through you living through yourself hounds them. . . .”

  “I have for the wrecking of the gods reinvented words,” he tells us in “Trajectory,” whereas in “Supreme Mask,” his goal was “to array the mask of words.” The role of his poetry in the Caribbean is seen as “communication via essential hiccups” over against “the inept babbling of the ambient swamp” in “Virtue of Fireflies.” He admits, however, to having created “mistaken tracks” in “Passage” and, in the poem that gave its title to the collection: “it’s all one / the labyrinth retreats from the obscured future / to the night of poorly unsealed fountains / bungle / blunder / fades away like a misunderstanding of salvation.” The post-scriptum to “Ridiculous” offers conditional consolation: “But if all sap has been abolished / If the current flows not / If the trade wind is lacking / If even pollen and sand reach me not / native / If from myself to myself / the useless path gets scared and pursues itself / May my silence alone deliver to me / By a blow in the hollow of helpless repose / The ill-deciphered jubilation of a / solitary magma / Rider of time and spume.”

  The collection is rounded out by six occasional pieces that include praise poems and tombeaux, testimonials to a departed friend (Alioune Diop) and fellow poets (L.S. Senghor and E. Maunick).

  Obsidian Stele for Alioune Diop

  Stèle obsidienne pour Alioune Diop

  Brother for you I have examined your bird aspects

  African sand grouse to traverse intact the hottest sands
of the desert

  African mousebird to foil the ruses of the bush and to confront the laughter of the forest

  Frère pour toi je t’ai instruit en oiseau

  oiseau ganga d’Afrique pour traverser intact le plus chaud des sables du désert

  oiseau coliou d’Afrique pour déjouer les ruses de la broussaille et

  affronter le rire

  de la forêt

  overleaper of ergs

  crest raised from sudden pride

  you knew how to fly high

  major migrant

  you knew how to fly far

  franchisseur d’areg

  huppe redressée d’un soudain orgueil

  tu savais voler haut

  migrant majeur

  tu savais voler loin

  high above all

  taking in with a single glimpse the most distant parcel of

  the hereditary patrimony

  inspector of lost inheritances

  tester of fidelities

  haut surtout

  embrassant d’un coup d’œil seul et jusqu’à sa plus lointaine parcelle

  le patrimoine héréditaire

  inspecteur des déshérences

  testeur des fidélités

  agreeing to daily commerce

  only with unperceived hopes and vast memories

  whose fervor nielloed in the hollow or gilded on the obverse

 

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