La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 9

by Jean M. Auel


  Insensible à tout ça, il ne quittait pas des yeux l’étalon qui piaffait et reniflait nerveusement comme si quelque sens mystérieux venait de l’avertir du danger qui menaçait son harem. Les juments continuaient à paître comme si de rien n’était. Elles devaient pourtant être inquiètes car elles s’étaient déplacées et se retrouvaient maintenant entre leurs poulains et les deux hommes.

  A quelques mètres de là, accroupi lui aussi, Thonolan se tenait prêt, une sagaie à la hauteur de l’épaule droite, l’autre dans sa main gauche. Quand il jeta un coup d’œil à Jondalar, celui-ci leva la tête et regarda en direction d’une jument brune. Thonolan acquiesça en silence et équilibra avec soin son arme.

  Avec un ensemble parfait, les deux frères bondirent et se ruèrent sur la horde. L’étalon se cabra et poussa un long hennissement. Thonolan visa la jument tandis que Jondalar se précipitait vers l’étalon en poussant des hurlements pour l’effrayer. La ruse marcha. Habitué à des prédateurs silencieux et furtifs, l’étalon prit peur : il hennit à nouveau, fit quelques pas en direction de Jondalar, puis, après un brusque écart, partit au galop pour rejoindre la horde en fuite.

  Les deux frères se précipitèrent à sa suite. Quand l’étalon s’aperçut que la jument blessée ralentissait l’allure, il s’approcha d’elle et lui mordit les flancs pour l’obliger à continuer. Les deux hommes crièrent à nouveau en agitant les bras. Mais cette fois-ci, l’étalon tint bon : il s’interposa entre eux et la jument, ruant pour les empêcher d’approcher. Celle-ci fit encore quelques pas hésitants, puis elle s’immobilisa, la tête pendante. A l’endroit où la sagaie de Thonolan s’était enfoncée dans son flanc, le sang ruisselait sur son pelage et tombait goutte à goutte de ses poils emmêlés.

  Jondalar s’approcha le plus près possible et lui porta un coup. La jument eut un sursaut, puis elle trébucha. Quand elle s’effondra, la sagaie de Jondalar vibrait encore à la base de son cou. L’étalon s’approcha d’elle, il la flaira, se cabra et hennit craintivement. Faisant demi-tour, il repartit au galop pour rejoindre la horde et protéger sa fuite.

  — Je vais aller chercher nos sacs, proposa Thonolan lorsqu’ils se furent approchés de la jument. Mieux vaut apporter l’eau dont nous avons besoin plutôt que de traîner cette jument jusqu’à la rivière.

  — Nous n’avons pas besoin de faire sécher toute cette viande, intervint Jondalar. Prenons ce qu’il nous faut et emportons-le au bord de la rivière. Cela nous évitera de charrier de l’eau.

  — Pourquoi pas ? Je vais chercher une hache pour rompre les os. Quand Thonolan fut parti, Jondalar prit son couteau à manche d’os et, après avoir dégagé les sagaies, il s’en servit pour trancher la gorge de la jument.

  — Puisque tu retournes à la Grande Terre Mère, remercie-La, dit-il à l’animal dont la tête baignait dans une mare de sang.

  D’un geste inconscient, il caressa la statuette en pierre qu’il portait toujours sur lui. Zelandoni a raison, songea-t-il. Si les enfants de la Terre oublient qui subvient à leurs besoins, un jour ils risquent de s’apercevoir qu’ils n’ont plus de foyer. Reprenant son couteau, il se dit que le moment était venu de puiser dans les réserves de Doni.

  — Je viens d’apercevoir une hyène, annonça Thonolan, qui était de retour. J’ai l’impression que nous n’allons pas être les seuls à manger.

  — La Mère n’aime pas le gaspillage, rappela Jondalar en levant ses deux bras couverts de sang jusqu’aux épaules. D’une façon ou d’une autre, tout retourne à la Terre. Donne-moi un coup de main, fit-il à l’adresse de son frère.

  — Qu’allons-nous faire quand l’hiver arrivera ? demanda Jondalar en ajoutant un morceau de bois dans le feu.

  Quelques étincelles jaillirent et disparurent aussitôt dans l’air nocturne.

  — L’hiver est encore loin. Avant qu’il ne s’installe, nous aurons obligatoirement rencontré des gens.

  — En rebroussant chemin maintenant, nous aurions toutes les chances d’en trouver. Au pire, nous pourrions toujours demander l’hospitalité aux Losadunaï... De ce côté-ci des montagnes, l’hiver risque d’être rude, continua Jondalar en jetant un coup d’œil à son frère. Il y a peu d’endroits où s’abriter et pas tellement d’arbres pour faire du feu. Peut-être aurions-nous dû essayer de trouver les S’Armunaï. Ils nous auraient expliqué ce qui nous attendait et nous auraient parlé des peuplades qui vivent par ici.

  — Si tu veux, tu peux faire demi-tour, répondit Thonolan. Je comptais faire ce Voyage tout seul, de toute façon. Ce qui ne veut pas dire que je n’apprécie pas ta compagnie.

  — Peut-être que ça vaudrait mieux en effet, reconnut Jondalar. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point ce fleuve était long... Regarde-moi ça ! ajouta-t-il en montrant à son frère l’eau qui miroitait sous la lune. Je comprends pourquoi on l’appelle la Grande Rivière Mère. Je n’ai jamais vu un cours d’eau aussi capricieux. Au début, il coulait vers l’est. Maintenant, il se dirige vers le sud et il a tellement de bras que je me demande parfois si nous suivons toujours le bon. J’ai du mal à croire que tu veuilles aller jusqu’au bout... Quant aux hommes que nous risquons de rencontrer, qui te dit qu’ils vont nous faire bon accueil ?

  — Si on savait d’avance ce qui nous attend, voyager ne présenterait plus aucun intérêt. Il faut prendre des risques, Grand Frère ! Mais comme je te l’ai dit, tu n’es pas obligé de m’accompagner.

  Le regard fixé sur les flammes, Jondalar frappait en cadence le creux de sa main avec un petit morceau de bois. Soudain, il bondit sur ses pieds et jeta le bois dans le feu. Puis il s’approcha des cordes en fibres tressées tendues entre des piquets presque au ras du sol, sur lesquelles des morceaux de viande étaient en train de sécher.

  — Je n’ai aucune raison de faire demi-tour, avoua-t-il. Mais si je continue à voyager, qu’est-ce qui m’attend ?

  — Le prochain coude de la rivière, le prochain lever de soleil, la prochaine femme qui te tombera dans les bras.

  — Est-ce tout ce que tu demandes à la vie ?

  — Que lui demander de plus ? On naît, on vit le mieux qu’on peut tant qu’on est là et un beau jour on retourne vers la Mère.

  — La vie ne peut pas se résumer à ça ! Elle doit avoir un sens...

  — Réfléchis à la question et si tu trouves la réponse, dis-le-moi, proposa Thonolan en bâillant. Pour l’instant, il est temps d’aller dormir. Mais il faut que l’un de nous reste éveillé. Sinon, demain matin, la viande aura disparu.

  — Va te coucher. Je reste près du feu. De toute façon, je ne pourrai pas m’endormir.

  — Tu te fais trop de soucis, Jondalar. Réveille-moi quand tu seras fatigué.

  Quand Thonolan sortit de la tente en se frottant les yeux, il faisait jour.

  — Tu n’as pas dormi de la nuit ! s’étonna-t-il. Je t’avais pourtant dit de me réveiller.

  — J’avais besoin de réfléchir, lui répondit son frère. J’ai fait une infusion de sauge. Sers-toi. Elle doit être encore chaude.

  — Merci, dit Thonolan, en remplissant son bol en bois.

  L’air matinal était encore frais et l’herbe humide de rosée. Thonolan, les reins couverts d’un pagne, s’accroupit près du feu. Tout en buvant son infusion, il regardait les oiseaux qui se précipitaient en gazouillant sur les rares buissons et les arbres le long du fleuve. Les grues qui nichaient dans l’île, au milieu du bras d’eau, avaient quitté l’abri des saules et elles prenaient, elles aussi, leur petit déjeuner, composé de poisson.

  — As-tu fini par trouver ? demanda Thonolan.

  — Trouver quoi ?

  — Si, oui ou non, la vie a un sens ? Hier soir, quand je suis allé me coucher, tu étais en train d’y réfléchir. J’espère que tu as trouvé la réponse. A quoi bon, sinon, rester éveillé toute la nuit ? S’il y avait une femme, encore, je comprendrais... Peut-être qu’une des élues de Doni se cache derrière ces saules.

  — Si c’était le cas, je ne te le dirais pas, répondit Jondalar avec un sourire contraint. (Puis il ajouta,
en souriant franchement cette fois :) Inutile de faire des mauvaises plaisanteries pour me dérider, Petit Frère. J’ai bien l’intention de continuer à voyager avec toi, jusqu’à l’embouchure du fleuve s’il le faut. J’aimerais simplement savoir ce que nous ferons là-bas.

  — Tout dépendra de ce que nous découvrirons. Pour l’instant, je ferais mieux d’aller me recoucher. Quand tu broies du noir, ta compagnie n’a rien d’agréable. Il n’empêche que je suis content que tu aies décidé de m’accompagner. J’ai fini par m’habituer à ta présence et même à tes mauvaises humeurs.

  — En cas de danger, mieux vaut être deux.

  — Du danger, je n’en vois pas beaucoup pour l’instant. Dommage ! Au moins on aurait de quoi s’occuper en attendant que cette viande ait fini de sécher.

  — Il faudra compter quelques jours avant de pouvoir repartir, fit remarquer Jondalar. Mais puisque tu ne tiens pas en place, inutile que je te dise ce que j’ai vu...

  — Vas-y ! De toute façon, tu finiras toujours par me le raconter.

  — Il y a dans le fleuve un esturgeon tellement gros... commença Jondalar. Mais à quoi bon essayer de le pêcher ? Il faudrait attendre qu’il sèche et ça, tu...

  — Gros comment ? coupa Thonolan en se levant aussitôt.

  — Il est tellement gros que je ne suis pas sûr qu’à nous deux nous réussissions à le sortir de l’eau.

  — Montre-le-moi.

  — Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas la Grande Mère, moi ! Je ne peux pas demander aux poissons de sortir de l’eau sous tes yeux. (Comme Thonolan semblait déçu, il ajouta :) Suis-moi, je vais te montrer où je l’ai vu.

  Les deux frères firent quelques pas le long de la rive et s’arrêtèrent près d’un arbre effondré dont une partie était à moitié immergée dans l’eau. Au moment où ils se penchaient pour regarder, une ombre impressionnante remonta sans bruit le courant puis s’immobilisa sous les branches de l’arbre, tout près du fond, ondulant légèrement à contre-courant.

  — Ça doit être la grande mère de tous les poissons, murmura Thonolan.

  — Crois-tu que nous arriverions à le sortir de l’eau ?

  — Nous pouvons toujours essayer !

  — Il y a de quoi nourrir toute une Caverne ! Qu’allons-nous en faire si nous l’attrapons ?

  — C’est toi-même qui m’as dit que la Grande Mère n’aimait pas le gaspillage. Les hyènes et les gloutons se partageront les restes. Allons chercher nos sagaies, proposa Thonolan pressé de passer à l’action.

  — Elles ne nous serviront à rien. Nous avons besoin d’une gaffe.

  — Il faut du temps pour fabriquer une gaffe, intervint Thonolan, et cet esturgeon risque de ne plus être là quand nous aurons fini.

  — Si tu utilises la sagaie, il va filer. Il nous faut une perche avec un croc. Nous n’aurons aucun mal à en fabriquer une. Regarde cet arbre là-bas. Il suffit de choisir une belle branche fourchue et de la couper au-dessous de la fourche. Nous n’aurons pas besoin de la consolider puisque nous ne nous en servirons qu’une fois. Quant au croc, continua Jondalar en accompagnant ses explications des gestes appropriés, nous n’avons qu’à raccourcir une des deux bifurcations de la fourche et la tailler en pointe...

  — A quoi bon se donner tout ce mal si l’esturgeon n’est plus là l’interrompit Thonolan.

  — Il est déjà venu deux fois à cet endroit – il doit aimer s’y reposer. Même s’il s’en va, je suis sûr qu’il reviendra.

  — N’empêche... ça va nous prendre du temps.

  — Au moins, ça nous occupera.

  — D’accord ! Tu as gagné ! Occupons-nous de cette gaffe.

  Les deux frères s’apprêtaient à rejoindre leur tente quand soudain ils s’immobilisèrent : un groupe d’hommes les entouraient et leur attitude était pour le moins hostile.

  — D’où sortent-ils ? chuchota Thonolan.

  — Ils ont dû apercevoir notre feu. A mon avis, ça fait un bon bout de temps qu’ils nous guettent. Avant de s’approcher, ils ont attendu que nous ne soyons plus sur nos gardes. Je te signale que nos sagaies sont restées dans la tente.

  — Ils n’ont pas l’air très sociables. Aucun d’eux ne nous a salués. Que faisons-nous ?

  — Fais-leur un grand sourire, le plus amical possible, et le geste de bienvenue, Petit Frère.

  Thonolan s’obligea à sourire d’un air qu’il espérait engageant. Puis, levant les deux mains en signe de bienvenue, il se mit à avancer vers les inconnus.

  — Je suis Thonolan des Zelan...

  Il s’interrompit brusquement : un épieu venait de se ficher à ses pieds.

  — Pas d’autres suggestions, Jondalar ?

  — Je crois que nous n’avons pas le choix.

  Un des inconnus prononça quelques mots dans une langue qu’ils ne connaissaient pas. Deux hommes se détachèrent aussitôt du groupe. Ils placèrent la pointe de leurs épieux dans le dos des deux frères pour les obliger à avancer.

  — Inutile de faire le méchant, dit Thonolan à l’homme qui le poussait. C’est justement là que je comptais aller.

  Les hommes les emmenèrent jusqu’au feu de camp et les firent asseoir sans ménagement. Le chef de la troupe donna un nouvel ordre. Ses hommes se faufilèrent à l’intérieur de la tente et sortirent tout ce qu’elle contenait. Ils se saisirent des sagaies et vidèrent le contenu des deux sacs sur le sol.

  — De quel droit faites-vous ça ! cria Thonolan en essayant de se lever.

  On le fit rasseoir de foi-ce et il sentit un filet de sang couler le long de son bras.

  — Calme-toi, conseilla Jondalar. Ils ont l’air furieux. Ils ne semblent pas d’humeur à discuter.

  — Est-ce que c’est une façon de traiter les Visiteurs ? Pourquoi ne respectent-ils pas le droit de passage de ceux qui voyagent ?

  — Rappelle-toi ce que tu as dit, Thonolan.

  — Qu’est-ce que j’ai dit ?

  — Qu’il fallait prendre des risques. Que sans risques, voyager ne présentait aucun intérêt.

  — Merci, répondit Thonolan en jetant un coup d’œil à la longue estafilade qu’il portait sur le bras. Un peu plus, et je l’oubliais.

  Un nouvel ordre fusa. Les deux frères se retrouvèrent debout. Thonolan, qui ne portait qu’un pagne, eut droit à une inspection rapide. En revanche, ils fouillèrent Jondalar. Un des hommes lui retira son couteau en silex. Puis il voulut prendre la sacoche attachée à sa ceinture. Jondalar avança la main pour l’en empêcher. Aussitôt après, il ressentit une vive douleur derrière la tête et s’effondra sur le sol.

  Quand il ouvrit les yeux, il avait les mains attachées dans le dos. Thonolan était penché sur lui et le regardait d’un air inquiet.

  — C’est toi qui l’as dit, lui rappela-t-il.

  — Qu’est-ce que j’ai dit ?

  — Qu’ils ne semblent pas d’humeur à discuter.

  — Merci, répondit Jondalar en remuant avec précaution sa tête douloureuse. (Puis il ajouta :) Un peu plus, et je l’oubliais.

  — Que vont-ils faire de nous ? demanda Thonolan avec inquiétude.

  — S’ils voulaient nous tuer, ça serait déjà fait.

  — Peut-être nous réservent-ils un traitement spécial...

  — Nous verrons bien.

  Allongés sur le sol, les mains ligotées, les deux frères ne pouvaient qu’attendre la suite des événements. Les étrangers s’activaient dans leur camp et bientôt ils sentirent une odeur de viande grillée qui leur fit venir l’eau à la bouche. La chaleur accompagnait la course du soleil et la soif commença à les tarauder. En fin d’après-midi, Jondalar, qui n’avait pas dormi de la nuit et souffrait toujours de la tête, ferma les yeux et finit par s’endormir. Il fut réveillé par une agitation intense et des cris, quelqu’un venait d’arriver.

  On les remit debout et ils aperçurent alors les nouveaux venus : un homme robuste s’avançait vers eux, portant sur son dos une vieille femme toute ratatinée. Le destrier humain s’arrêta et se mit à quatre pattes. Un homme s’approcha avec res
pect de la vieille femme et l’aida à descendre de sa monture.

  — Ce doit être un personnage important, chuchota Jondalar.

  Un coup de poing dans les côtes lui rappela que le silence était de mise.

  S’appuyant sur un bâton de commandement dont l’extrémité supérieure était sculptée, la femme vint vers eux. Jamais encore Jondalar n’avait vu une femme aussi vieille. Voûtée par l’âge, elle n’était pas plus grande qu’une gamine. Ses cheveux blancs étaient si fins qu’ils laissaient voir la peau de son crâne et son visage si ridé qu’il n’avait plus rien d’humain. Son regard, par contre, n’avait rien de sénile : ses yeux, au lieu d’être éteints et chassieux, brillaient d’intelligence. Une autorité indéniable émanait de toute sa personne et Jondalar se dit, avec quelque crainte, que l’événement devait être important puisqu’elle s’était déplacée.

  Elle s’adressa au chef de la troupe d’une voix chevrotante mais encore étonnamment puissante. Ce dernier répondit en lui montrant Jondalar. Elle se tourna alors vers lui pour lui adresser ce qui semblait être une question.

  — Je suis désolé, répondit-il, je ne comprends pas.

  La femme recommença à parler et, se frappant la poitrine de son poing noueux, elle répéta à plusieurs reprises un mot qui semblait être « Haduma ». Puis elle pointa son index en direction de Jondalar.

  — Je m’appelle Jondalar des Zelandonii, fit-il à tout hasard.

  Elle dressa l’oreille comme si elle venait d’entendre un son familier et répéta à voix lente :

  — Zel-an-don-yee.

  Jondalar hocha la tête et se passa nerveusement la langue sur les lèvres.

  Pendant un court instant, la femme l’observa en réfléchissant, puis elle lança un ordre bref et, lui tournant le dos, se dirigea vers le feu. Un des hommes sortit alors un couteau. Les deux frères se regardèrent ils éprouvaient tous les deux les mêmes craintes. S’armant de courage, Jondalar adressa une prière silencieuse à la Grande Terre Mère et ferma les yeux.

  Il les rouvrit presque aussitôt en sentant qu’on le débarrassait de ses liens. Un homme s’approchait d’eux portant une outre pleine d’eau. Jondalar but une longue gorgée et passa l’outre à son frère qui avait maintenant lui aussi les mains libres. Il voulut parler puis, se souvenant du coup qu’il avait reçu dans les côtes, se dit qu’il était plus sage de garder le silence.

 

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