La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 39

by Jean M. Auel


  Quand les vents froids, annonciateurs de l’hiver, se mirent à souffler et que la rivière se couvrit d’une fine pellicule de glace, Ayla commença à se faire du souci. Elle avait fait suffisamment de réserves de nourriture pour elle, mais la viande séchée mise de côté pour Bébé ne durerait pas tout l’hiver. Elle avait aussi ramassé des céréales et du foin pour Whinney. Ce fourrage était un luxe. En hiver, les chevaux sauvages broutaient ce qu’ils pouvaient trouver. Quand la couche de neige était trop épaisse, ils avaient bien du mal à s’alimenter et certains d’entre eux mouraient avant que les beaux jours ne reviennent.

  Durant la saison froide, les prédateurs ne restaient pas inactifs. Ils débarrassaient les troupeaux des éléments les plus faibles, si bien que les autres avaient plus à manger. Le nombre des proies et des prédateurs augmentait et diminuait d’une manière cyclique, mais en général ces deux populations s’équilibraient. Certaines années, quand les herbivores et les ruminants étaient en petit nombre, il arrivait que les prédateurs eux-mêmes meurent de faim. Pour tous les habitants des steppes, la saison froide était la plus dure.

  L’inquiétude d’Ayla augmenta encore quand l’hiver s’installa. Elle ne pouvait pas chasser d’animal de grande taille lorsque le sol était gelé car il devenait impossible de creuser une fosse. La plupart des animaux qu’elle pouvait atteindre avec sa fronde hibernaient ou restaient au fond de leur gîte avec des réserves de nourriture. Ne possédant pas le flair des prédateurs, Ayla ne pouvait espérer les déloger.

  Elle avait profité du début de la saison froide pour chasser le plus d’animaux possible et, comme il faisait suffisamment froid pour congeler de la viande, elle avait entassé ces réserves à l’abri sous des pierres empilées qui lui servaient de caches. C’était la première fois qu’elle chassait en hiver et, connaissant mal les mouvements hivernaux des troupeaux d’herbivores, il lui arrivait souvent de rentrer les mains vides. Même si elle était parfois inquiète au point de ne pas dormir de la nuit, jamais pourtant elle ne regrettait d’avoir adopté le lion des cavernes. Bébé continuait à la faire rire et, grâce à lui et à Whinney, elle supportait parfaitement la longue claustration de l’hiver.

  Chaque fois qu’elle fouillait dans l’une de ses caches, Bébé essayait de tirer sur le cadavre gelé dès qu’elle se mettait à déplacer les pierres.

  — Bébé ! Attends que j’aie fini !

  Mais au lieu d’attendre, le lion essayait de se faufiler sous l’amas de pierres. C’est lui qui transportait l’animal tout raide jusqu’à la caverne et, arrivé là, il l’emmenait dans la niche creusée dans la paroi. Sans savoir qu’elle avait déjà été utilisée par des lions des cavernes, il en avait fait instinctivement sa tanière. Installé au fond de la niche, il s’attaquait aussitôt à un morceau de viande gelé qu’il rongeait avec délice. Ayla attendait que l’animal soit dégelé pour prélever le morceau qui lui était destiné.

  Quand elle se rendit compte que ses réserves avaient considérablement diminué, elle se dit que le moment était venu de repartir à la chasse ou, au moins d’essayer. Elle choisit pour son expédition une froide journée d’hiver où le ciel était dégagé. Elle ne savait pas comment elle allait s’y prendre pour tuer un animal et ne désirait pas y réfléchir à l’avance. Elle se disait qu’elle finirait bien par avoir une idée. Même si elle ne ramenait rien, elle profiterait de cette sortie pour examiner le terrain de plus près.

  Elle n’eut pas plus tôt placé les paniers sur le dos de la jument que Bébé comprit qu’ils partaient chasser. Il se précipita dehors, revint à toute allure dans la caverne et continua ses allées et venues pendant toute la durée des préparatifs en grognant d’impatience. Whinney remuait la tête et hennissait, aussi heureuse que lui à l’idée de sortir. Dès qu’ils se retrouvèrent dans les steppes, les inquiétudes d’Ayla s’envolèrent, remplacées par la joie de prendre de l’exercice.

  Les steppes étaient couvertes d’une fine couche de neige qu’effleurait un vent léger. L’air était si froid qu’il y aurait aussi bien pu ne pas y avoir de soleil. A chaque fois qu’ils respiraient, ils exhalaient un jet de vapeur et quand Whinney s’ébrouait, le givre qui recouvrait son museau était projeté dans l’air. Ayla ne regrettait pas d’avoir chassé autant d’animaux : les fourrures qu’elle portait ce jour-là n’étaient pas de trop et elle se félicitait d’avoir mis son capuchon en glouton.

  Jetant un coup d’œil au souple félin qui avançait sans bruit à ses côtés, elle réalisa soudain que Bébé était presque aussi long, des épaules à l’arrière-train, que Whinney et qu’il n’allait pas tarder à avoir la même stature que la jument. Ce n’était plus un lionceau, mais un jeune lion et sa crinière rousse commençait à pousser.

  Soudain déterminé, Bébé fila devant elle, la queue droite. Ayla avait beau ne jamais avoir chassé en plein cœur de l’hiver, elle remarqua aussitôt les traces laissées dans la neige par une bande de loups. Les empreintes n’avaient pas eu le temps d’être effacées par la neige ou le vent. Elles étaient très nettes et indubitablement fraîches. Elle partit au galop et, au moment où elle allait rattraper Bébé, elle aperçut une bande de loups qui s’approchaient d’un vieux mâle à la traîne derrière un troupeau de saïgas.

  Le jeune lion les avait vus, lui aussi, et il était tellement excité qu’il fondit au milieu de toute la bande, dispersant le troupeau et interrompant l’attaque des loups. En voyant l’air surpris et furieux de ceux-ci, Ayla faillit éclater de rire. Mais elle se retint car elle ne voulait pas encourager Bébé. Il est simplement un peu énervé, se dit-elle. Il y a longtemps que nous n’avons pas chassé.

  Bondissant de tous côtés, complètement paniquées, les antilopes filaient à travers les steppes. Les loups se regroupèrent et suivirent le troupeau à une allure plus raisonnable : ils économisaient leurs forces en vue de l’attaque finale tout en gagnant régulièrement du terrain.

  Quand Ayla eut retrouvé son sérieux, elle jeta un regard sévère à Bébé qui se glissa aussitôt derrière elle.

  Tandis qu’ils suivaient tous trois la bande de loups, une idée commença à germer dans l’esprit d’Ayla. Elle se dit que, même si elle ne pouvait blesser une antilope avec sa fronde, elle pouvait tuer un loup. Si Bébé était suffisamment affamé, il pourrait toujours se repaître de l’animal.

  Les loups venaient d’accélérer l’allure. Et à nouveau le vieux mâle se retrouvait à la traîne du troupeau d’antilopes, trop fatigué pour les suivre. Ayla se pencha en avant pour que Whinney augmente sa vitesse. Les loups étaient en train d’encercler l’antilope, à bonne distance malgré tout de ses cornes et de ses sabots. Ayla se rapprocha d’eux et dès qu’elle eut choisi le loup qu’elle voulait tuer, elle lança deux pierres coup sur coup.

  Elle avait visé juste. Le loup s’effondra. Une agitation s’ensuivit qu’Ayla attribua d’abord à la chute du loup. Puis elle comprit ce qui se passait. En la voyant utiliser sa fronde, Bébé s’était dit que le moment était venu de foncer sur la proie. Mais le loup ne l’intéressait pas. Pourquoi s’occuper d’un loup alors qu’il avait à portée de ses crocs une antilope à la chair autrement plus délectable ? La bande de loups s’effaça devant la jument lancée au galop, sa cavalière armée d’une fronde, et le lion qui semblait déterminé à charger.

  Mais Bébé n’était pas un chasseur émérite – pas encore. Il n’avait pas la puissance et la ruse du lion adulte. Non, Bébé ! se dit Ayla. Ce n’est pas le bon animal ! Puis elle corrigea aussitôt : Bien sûr qu’il a choisi le bon. Cramponné à la vieille antilope, à qui la peur donnait des ailes, le lion essayait d’asphyxier sa proie.

  Ayla sortit un épieu du panier placé derrière elle. Whinney se précipita à la suite de la vieille antilope. La pointe de vitesse de celle-ci fut de courte durée. L’animal ralentissait. La jument en profita pour la rattraper. Ayla équilibra son arme et, dès qu’elle se retrouva à la hauteur de l’antilope, elle frappa en poussant un exubérant cri de joie.

  Après avoir fait volte-face, elle revi
nt au trot et trouva Bébé installé sur le dos de l’antilope. Pour la première fois, le jeune lion éprouvait le besoin de proclamer sa victoire. Même si le rugissement qu’il poussa n’avait pas encore toute la puissance de celui d’un mâle adulte, il était sur la bonne voie. En l’entendant rugir, même Whinney eut peur, et elle broncha.

  Ayla se laissa glisser sur le sol et tapota l’encolure de la jument pour la rassurer.

  — Tout va bien, Whinney. Ce n’est que Bébé.

  La jeune femme repoussa le lion pour pouvoir vider l’antilope. Il ne lui vint pas à l’idée qu’il pouvait se rebeller et qu’il risquait de la blesser gravement. Bébé s’écarta. Il trouvait normal de lui obéir, mais il s’inclinait aussi devant autre chose : l’assurance que donnait à Ayla l’amour qu’elle lui portait.

  Ayla décida d’aller chercher le loup et de le dépecer, car la fourrure de ces animaux était chaude. Quand elle eut fini, elle s’aperçut que Bébé était en train de traîner l’antilope. Il semblait bien décidé à ramener le gibier jusqu’à la caverne, malgré son poids. Si Ayla le laissait faire, la peau de l’animal risquait d’être abîmée. Les antilopes vivaient aussi bien dans les montagnes que dans les plaines mais elles étaient peu nombreuses, et c’était la première fois qu’Ayla avait l’occasion d’en tuer une. En plus, l’antilope était le totem d’Iza. La jeune femme avait donc très envie de cette peau.

  — Arrête ! intima-t-elle.

  Bébé hésita un court instant avant de lâcher « sa » proie. Il fit les cent pas autour du travois tout le temps que dura le voyage du retour jusqu’à la caverne et il ne quitta pas des yeux l’animal tandis qu’Ayla le dépeçait. Dès qu’elle le laissa faire, il emporta l’antilope au fond de la niche. Même quand il fut rassasié, il continua à veiller sur sa proie et s’endormit à côté d’elle.

  Son manège amusa Ayla. Elle avait l’impression que, pour Bébé, cette antilope avait quelque chose de spécial. Elle éprouvait le même genre de sentiment, mais pour d’autres raisons. Ce qui l’avait excitée, ce n’était pas seulement la vitesse, la poursuite et la chasse mais surtout le fait qu’elle venait de découvrir une nouvelle manière de chasser. Avec l’aide de Whinney et de Bébé, elle pouvait maintenant chasser en toutes saisons et son Bébé ne manquerait jamais de viande.

  Sans bien savoir pourquoi, elle se tourna vers Whinney. La jument était tranquillement couchée à son endroit habituel, nullement inquiète malgré la présence toute proche du lion des cavernes. Ayla la caressa et s’étendit près d’elle. Whinney souffla doucement, tout heureuse de la sentir près d’elle.

  Chasser en plein hiver sans avoir besoin de creuser une fosse devint rapidement un jeu. Et même un sport. Depuis qu’Ayla s’était servie pour la première fois d’une fronde, elle avait toujours aimé chasser. Chaque fois qu’elle parvenait à maîtriser une nouvelle technique dépistage du gibier, double jet de pierres, prise d’un animal au piège pour le tuer d’un coup d’épieu – elle avait l’impression d’avoir accompli un réel progrès. Mais jamais elle n’avait éprouvé autant de plaisir que depuis qu’elle chassait avec la jument et le lion des cavernes. Un plaisir que partageaient les deux animaux. Quand Ayla faisait les préparatifs, Whinney remuait la tête et piaffait d’impatience, les oreilles dressées et la queue levée, tandis que Bébé allait et venait dans la caverne en grognant.

  En général, le trio se mettait en route au lever du jour. S’ils trouvaient rapidement le gibier, ils étaient souvent rentrés avant midi. Leur méthode consistait à le suivre et à l’approcher à la bonne distance. Ayla donnait le signal en brandissant sa fronde. Impatient de passer à l’attaque, Bébé bondissait aussitôt en avant. Pressée par Ayla, la jument galopait à sa suite. Avec un jeune lion des cavernes accroché sur son dos, les crocs plantés à la base de sa gorge, l’animal totalement paniqué était facile à rattraper. Quand Ayla arrivait à sa hauteur, elle lui donnait le coup de grâce.

  Au début, ces expéditions n’étaient pas toujours couronnées de succès. Parfois, ils choisissaient un animal trop rapide ou alors Bébé lâchait prise et retombait sur le sol. Il fallait aussi qu’Ayla apprenne à manier son lourd épieu tout en chevauchant Whinney. Il lui arrivait de rater son coup. Parfois aussi Whinney n’arrivait pas à serrer d’assez près le gibier. Mais même quand ils échouaient, le sport se révélait très excitant et ils étaient prêts à recommencer dès le lendemain.

  A force de pratique, ils firent des progrès. Dès que chacun des membres du trio devint conscient des besoins et des capacités des autres ils se mirent à former une équipe très efficace – si efficace que le jour où Bébé tua une proie sans l’aide de qui que ce soit, le fait faillit passer inaperçu.

  Fonçant au grand galop, Ayla vit le cerf vaciller. Quand elle arriva à sa hauteur, il était tombé. Whinney ralentit et le dépassa. Ayla mit pied à terre avant que la jument se soit immobilisée et revint en courant vers l’animal. Elle brandissait son épieu pour l’achever quand elle s’aperçut que Bébé avait fini le travail.

  Elle avait déjà installé le cerf sur le travois quand elle réalisa soudain ce qui venait de se passer. Aussi jeune fût-il, Bébé était maintenant capable de chasser sans l’aide de quiconque ! Au sein du Clan, une telle prouesse aurait fait de lui un adulte. De même qu’Ayla avait été appelée la Femme Qui Chasse avant d’être une femme, Bébé était devenu adulte avant sa maturité. Pour lui aussi, il faudrait une cérémonie, se dit-elle. Mais comment faire pour que cette cérémonie ait un sens à ses yeux ? La réponse ne se fit pas attendre et Ayla sourit en pensant à la surprise qu’elle allait lui faire.

  Elle s’approcha du travois et tira le cerf sur le sol. Puis elle rangea la natte et les deux longues perches dans les paniers placés sur le dos de la jument. C’est lui qui a tué ce gibier, se dit-elle. Ce cerf lui appartient. Bébé ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Il commença par faire des allées et venues entre le cerf et la jeune femme. Quand il vit qu’Ayla s’en allait sans emporter la dépouille, il planta ses crocs dans le cou du cerf et, plaçant l’animal sous lui, il le tira jusqu’à la plage, puis le long de l’étroit sentier, jusqu’à l’intérieur de la caverne.

  Après cet épisode, Ayla ne nota pas tout de suite de changement notable. Ils partaient toujours chasser tous les trois. Mais la poursuite de la jument était bien souvent un simple exercice et le coup d’épieu d’Ayla de moins en moins nécessaire. Si elle voulait un morceau de viande, elle se servait la première. Si la peau l’intéressait, Bébé la laissait dépecer l’animal. Dans une troupe de lions, le mâle dominant avait toujours le droit aux plus beaux morceaux et il se servait le premier. Mais Bébé était encore jeune. Il n’avait jamais eu faim et était habitué à ce qu’Ayla ait le rôle dominant.

  Malgré tout, à l’approche du printemps, il commença à quitter la caverne et à partir en exploration. Ses absences ne duraient pas longtemps, mais elles étaient fréquentes. Un jour, quand il rentra, il était blessé à l’oreille. Ayla en déduisit qu’il avait rencontré d’autres lions. Elle se dit que Whinney et elle ne lui suffisaient plus : il avait maintenant besoin de ses congénères. Elle soigna l’oreille blessée. Le lendemain, Bébé ne la quitta pas d’une semelle et, le soir, lorsqu’elle fut couchée, il vint se blottir contre elle et chercha ses doigts pour les sucer.

  Il ne va pas tarder à me quitter, se dit Ayla. Il a besoin de vivre en bande, que des lionnes chassent pour lui et qu’elles lui donnent des lionceaux qu’il puisse dominer. Cette constatation lui remit en mémoire les paroles d’Iza. « Pars à la recherche de ton peuple et du compagnon qui t’est destiné », lui avait dit la guérisseuse. Le printemps sera bientôt là, se disait Ayla. Moi aussi, il va falloir que je parte. Mais pas tout de suite. Bébé a beau être énorme et beaucoup plus développé que les lions du même âge, ce n’est pas un adulte. Il a encore besoin de moi.

  Les crues printanières réduisirent soudain leur liberté d’action. C’est Whinney qui en souffrit le plus. Quand Ayla voulait sortir, elle empruntait le raidillon qui me
nait aux steppes au-dessus de la caverne. Bébé n’avait aucun mal à la suivre dans son escalade. En revanche, ce passage était trop escarpé pour Whinney. Elle dut attendre la décrue pour pouvoir emprunter à nouveau le sentier qui menait à la rivière. Mais, même alors, elle restait irritable.

  Ayla se rendit compte que quelque chose n’allait pas le jour où Bébé reçut un coup de sabot. C’était vraiment surprenant. La jument avait toujours fait preuve d’une patience d’ange à l’égard du jeune lion. Il lui arrivait parfois de le mordre pour le rappeler à l’ordre, mais jamais encore elle n’avait rué pour le chasser. Ayla pensa d’abord que ce comportement étrange était lié à la longue période d’inactivité que venait de connaître la jument. Puis elle se dit qu’il n’était pas normal que Bébé se soit permis une incursion sur le territoire de Whinney qu’habituellement il respectait. Il avait dû être attiré par quelque chose d’inhabituel. En s’approchant de la jument, la jeune femme prit conscience d’une forte odeur qu’elle avait vaguement notée depuis qu’elle était réveillée. La jument avait la tête basse, les jambes arrière écartées, la queue relevée sur le côté gauche. Son orifice vaginal était gonflé et agité de contractions. Après avoir jeté un coup d’œil à Ayla, elle poussa un cri perçant.

  Dans un premier temps, la jeune femme se sentit soulagée. Voilà donc le problème, se dit-elle. Elle savait que les femelles avaient un cycle et qu’en général, chez les herbivores, l’accouplement avait lieu une fois par an. Pendant la saison des amours, les mâles se battaient souvent pour avoir le droit de s’accoupler et c’était la seule époque de l’année où mâles et femelles se mélangeaient, même ceux qui, en temps normal, chassaient séparément ou vivaient dans des troupeaux différents.

  La saison des amours intriguait Ayla, au même titre que d’autres comportements qu’elle avait observés chez les animaux, comme, par exemple, le fait que chaque année le cerf perde ses bois et que ceux-ci repoussent, plus grands encore que l’année précédente. Quand elle était enfant, Creb se plaignait toujours qu’elle pose trop de questions au sujet de ce genre de choses. Il ne savait pas pourquoi les animaux s’accouplaient, même si, une fois, il s’était avancé jusqu’à dire que les mâles affirmaient ainsi leur domination sur les femelles ou que, comme les hommes, ils satisfaisaient leurs besoins.

 

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