La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 56

by Jean M. Auel


  Dès qu’ils furent dehors, Jondalar s’appuya contre la paroi de la caverne et Ayla l’abandonna un court instant pour aller chercher une natte tressée et une fourrure qu’elle posa près du bord de la corniche à l’endroit où la vue était la plus belle, et elle y installa Jondalar.

  Jondalar était fatigué, sa jambe le faisait souffrir, mais il était tout heureux de se retrouver enfin à l’air libre. Il aperçut Whinney et son poulain, qui avaient quitté la caverne peu après qu’il les eut caressés, dans la vallée qui lui sembla un vert et luxuriant paradis caché au creux des steppes arides. Jamais il n’aurait imaginé qu’un tel endroit puisse exister. Tournant la tête, il regarda en direction des gorges en amont et aperçut une partie de la plage couverte de galets, mais ses yeux plongèrent à nouveau vers la vallée verdoyante.

  Celle-ci se déployait sous ses yeux jusqu’au lointain coude que faisait la rivière. Il n’y avait aucune trace d’habitation et Jondalar se dit qu’Ayla devait être la seule occupante de cette vallée. Après s’être assise un court instant près de lui, elle était retournée à la caverne et elle revint bientôt avec une poignée de graines. Après avoir lancé un trille mélodieux, elle jeta à la volée les graines sur la corniche non loin de l’endroit où était assis Jondalar. Que fait-elle ? se demanda-t-il, intrigué, avant d’apercevoir un oiseau qui, attiré par les graines, se posait sur la corniche. Aussitôt une nuée d’oiseaux de différentes tailles et de différentes couleurs se joignirent au premier et se mirent à picorer avec des mouvements saccadés.

  Leurs chants emplissaient l’air tandis qu’ils se disputaient les graines en gonflant leurs plumes. Jondalar, qui observait leur manège, finit par se rendre compte qu’il n’y avait pas que les oiseaux qui chantaient : Ayla reproduisait merveilleusement leurs trilles, leurs gazouillis et même leurs piaillements ! Chaque fois qu’elle choisissait un chant différent, un des oiseaux venait se poser sur son doigt levé et, lorsqu’elle avait fini de chanter, il lui répondait, formant avec elle un véritable duo. A plusieurs reprises, elle réussit à s’approcher tout près de Jondalar avec l’oiseau toujours posé sur son doigt et resta là jusqu’à ce que l’oiseau s’enfuit à tire-d’aile.

  Quand toutes les graines eurent disparu, la plupart des oiseaux s’envolèrent, sauf un merle qui chanta avec Ayla. Celle-ci imita à la perfection le riche pot-pourri musical du merle musicien.

  Jondalar avait retenu sa respiration de crainte d’interrompre le concert et quand l’oiseau s’envola, il demanda :

  — Où as-tu appris à faire ça, Ayla ? C’est vraiment extraordinaire ! Jamais encore je n’avais pu voir d’aussi près des oiseaux.

  Ayla lui répondit par un sourire. Elle n’avait pas tout à fait compris ce qu’il venait de dire, mais elle sentait qu’il était impressionné. Elle se remit à siffler dans l’espoir que Jondalar lui dise le nom de l’oiseau qu’elle venait d’imiter. Mais celui-ci se contenta de sourire d’un air appréciateur. Tandis qu’Ayla lançait un nouveau trille, il songea avec une certaine inquiétude qu’elle imitait encore mieux le chant des oiseaux que ne le faisait le shamud avec sa flûte. Était-il possible qu’elle communie avec l’esprit de la Mère incarné dans ces oiseaux ? Quand l’un d’eux vint à nouveau se poser à ses pieds, Jondalar lui jeta un coup d’œil prudent.

  Mais très vite, il oublia ses appréhensions, tout à la joie de sentir sur sa peau le soleil et la brise, et de contempler la vallée. Ayla était folle de bonheur elle aussi de se retrouver dehors en sa compagnie. La présence de cet homme lui semblait tellement extraordinaire qu’elle n’osait fermer les yeux de crainte qu’il disparaisse. Quand elle eut réussi à se persuader qu’il était vraiment là et qu’il n’en bougerait pas, elle ferma les yeux pour voir pendant combien de temps elle allait tenir pour le simple plaisir de découvrir qu’il était toujours là lorsqu’elle les rouvrirait. Et quand Jondalar se mit à parler alors qu’elle avait toujours les yeux fermés, elle se laissa bercer avec délice par le son grave de sa voix.

  Au fur et à mesure que la matinée avançait, il faisait de plus en plus chaud et Ayla commença à regarder en direction de la rivière. Ne voulant pas laisser Jondalar tout seul, elle n’avait pas pris son bain matinal. Mais il semblait aller parfaitement bien et il pourrait toujours l’appeler s’il avait besoin d’elle.

  — Ayla aller dans l’eau, dit-elle en imitant avec ses bras les gestes de la nage.

  — Nager, précisa Jondalar. Si je pouvais, j’irais bien nager avec toi.

  — Nadger, dit Ayla.

  — Nager, corrigea-t-il.

  Elle répéta à nouveau le mot et, dès que Jondalar eut hoché la tête, descendit vers la rivière. Il faudra encore un certain temps avant qu’il puisse emprunter ce sentier, se dit-elle. Mais sa jambe est presque guérie. Je pense qu’il pourra à nouveau l’utiliser. Peut-être boitera-t-il un tout petit peu, mais il devrait pouvoir marcher aussi vite qu’avant.

  Quand Ayla se retrouva sur la plage, elle se dit qu’elle allait profiter de ce bain pour se laver les cheveux. Elle se dirigea en aval pour aller chercher des racines de saponaires. En passant, elle aperçut Jondalar et le salua de la main. Puis elle revint sur la plage et disparut hors de sa vue. Elle s’assit sur le bord de l’énorme rocher qui s’était détaché de la paroi pendant les crues printanières et dénoua ses longues tresses. La nouvelle disposition des rochers avait créé un trou d’eau dans lequel elle avait pris l’habitude de se baigner. A cet endroit, la rivière était plus profonde qu’ailleurs et elle avait découvert dans la roche un creux qu’elle utilisait pour écraser les racines de saponaires et en extraire la saponine.

  Jondalar la vit passer au moment où elle remontait la rivière et il admira sa brasse puissante et sans défaut. Au retour, Ayla se laissa paresseusement porter au fil de l’eau. Puis elle s’installa sur le rocher pour se faire sécher au soleil et elle en profita pour démêler ses cheveux avec une brindille, puis les brosser avec une cardère. Lorsque son abondante chevelure fut sèche, elle se dit qu’il était temps de rejoindre Jondalar. Elle allait se rhabiller quand elle s’aperçut que son vêtement était sale. Prenant la peau à la main, elle s’engagea dans le sentier.

  Jondalar commençait à souffrir de sa longue exposition au soleil. Son léger hâle avait disparu durant son immobilisation à l’intérieur de la caverne et sa peau était redevenue aussi pâle que durant l’hiver. Après le départ d’Ayla, son dos avait commencé à le brûler. Mais il n’avait pas voulu déranger la jeune femme en se disant qu’elle avait droit à un moment de détente après s’être si longtemps occupée de lui. Puis il avait commencé à se demander ce qu’elle pouvait bien être en train de faire. Pourquoi ne revenait-elle pas ?

  Quand Ayla arriva sur la corniche, il était en train de regarder du côté de la vallée.

  Quel coup de soleil ! se dit-elle en apercevant son dos écarlate. Je devrais avoir honte ! Quelle guérisseuse je fais là ! Comment ai-je pu le laisser en plein soleil aussi longtemps ? ajouta-t-elle en se précipitant vers lui.

  En l’entendant arriver, Jondalar tourna la tête. Il était content qu’elle soit là et un peu ennuyé qu’elle ait mis si longtemps à revenir. Mais quand il vit cette femme nue qui avançait vers lui en pleine lumière, il oublia aussitôt son coup de soleil et ouvrit la bouche de saisissement.

  Sous sa peau dorée par le soleil, ses muscles vigoureux jouaient avec aisance tandis qu’elle s’approchait de lui. La forme parfaite de ses jambes n’était déparée que par les quatre cicatrices parallèles qu’elle portait sur la cuisse gauche. Ses fesses étaient rondes et fermes et, au-dessus de son pubis couvert de poils blond foncé, l’arrondi de son ventre était marqué par de très légers plis laissés par la grossesse. Ainsi, elle a eu un enfant, se dit Jondalar. Elle avait une ample poitrine avec des seins hauts et fermes comme ceux d’une jeune fille, aux aréoles rose foncé et dont le bout pointait. Ses bras étaient longs et pleins de grâce, et ils laissaient présager une force exceptionnelle.

  Ayla avait grandi parmi des gens qui étaient forts
par nature. Pour remplir les tâches dévolues aux femmes du Clan – soulever des poids, transporter de lourds chargements, travailler les peaux, couper du bois – son corps avait été obligé de développer une musculature adaptée aux efforts qu’on exigeait de lui. Grâce à la chasse, ses muscles avaient acquis une souplesse supplémentaire et les efforts qu’exigeait la vie solitaire n’avaient fait qu’accroître sa vigueur.

  Jamais encore Jondalar n’avait vu une femme aussi musclée et il comprenait pourquoi elle n’avait eu aucun mal à le soulever et à supporter son poids. C’était la première fois qu’il voyait un corps aussi bien modelé. Mais il n’y avait pas que son corps. Son visage, qu’il avait trouvé jusque-là plutôt joli, lui apparaissait maintenant en pleine lumière.

  Ayla possédait un long cou, marqué d’une petite cicatrice à hauteur de la gorge, un menton ravissant, des lèvres pleines, un nez droit et étroit, de hautes pommettes et de larges yeux bleu-gris. Ses traits finement ciselés conféraient à son visage un équilibre plein d’élégance. Ses longs cils et ses sourcils bien arqués étaient brun clair, légèrement plus foncés que sa chevelure dorée qui retombait en vagues sur ses épaules et jetait mille feux au soleil.

  — Divine Grande Mère ! murmura Jondalar.

  Il était ébloui. Cette femme était adorable, magnifique, époustouflante, d’une beauté à couper le souffle ! Pourquoi cachait-elle ce corps extraordinaire sous une peau informe ? Pourquoi tressait-elle sa superbe chevelure ? Dire que Jondalar avait cru qu’elle n’était que jolie ! Pourquoi ne l’avait-il pas regardée avant ?

  Quand Ayla eut traversé la corniche et qu’elle se retrouva près de lui, il sentit qu’il la désirait avec une ardeur qu’il n’avait encore jamais éprouvée vis-à-vis d’aucune femme. Il brûlait d’envie de caresser son corps parfait et d’en découvrir les endroits secrets. Il désirait explorer ce corps et partager les Plaisirs avec Ayla. Lorsqu’elle se pencha vers lui et qu’il sentit la chaude odeur de sa peau, il faillit la prendre sur-le-champ, sans même lui demander son avis. Et c’est certainement ce qu’il aurait fait s’il en avait été capable. Mais il sentait aussi que ce n’était pas le genre de femme à céder facilement.

  — Le dos de Gon-da-lah être... en feu ! s’écria Ayla.

  Puis elle se tut, clouée sur place par l’intensité du regard de Jondalar qui l’attirait comme un aimant. Son cœur battait à tout rompre, elle avait les jambes molles et le visage brûlant. Un frisson parcourut tout son corps et elle sentit une soudaine humidité entre ses jambes.

  Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? se demanda-t-elle en tournant la tête de côté pour échapper au regard de Jondalar. Baissant les yeux, son regard tomba sur la bande de peau soulevée par le membre viril en érection et elle éprouva soudain une folle envie de le toucher. Fermant les yeux, elle respira profondément et essaya de calmer ses tremblements. Lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux, elle évita son regard.

  — Ayla aider Gon-da-lah entrer caverne, dit-elle.

  Malgré son dos brûlant et sa fatigue, Jondalar éprouva une nouvelle flambée de désir quand il s’appuya contre le corps nu d’Ayla pour regagner l’intérieur. Ayla l’installa à plat ventre sur la couche, puis, après avoir fouillé dans ses réserves, elle se précipita dehors.

  Jondalar la vit revenir avec une pleine brassée de bardanes aux larges feuilles gris-vert et pelucheuses. Elle retira les feuilles des tiges, les coupa menu dans un bol, ajouta de l’eau froide, puis, à l’aide d’une pierre, les réduisit en une sorte de pâte.

  — Ah, ça va mieux ! dit Jondalar en sentant l’effet apaisant de la préparation qu’Ayla était en train de lui appliquer sur le dos.

  Tandis qu’elle le soignait, Jondalar se rendit compte qu’elle n’avait toujours pas passé de vêtement. Quand elle s’agenouilla à côté de lui, l’odeur de sa peau le poussa à avancer la main vers elle. Il lui caressa la cuisse, puis les genoux et remonta vers les fesses.

  Prenant soudain conscience de cette main qui la caressait, Ayla tressaillit et s’arrêta net de le soigner. Ne sachant pas très bien ce qu’il était en train de faire, et encore moins ce qu’elle devait faire, elle s’immobilisa, le corps soudain raidi. Elle désirait qu’il continue à la caresser, de cela au moins elle était sûre. Mais quand Jondalar toucha la pointe de son sein, le frisson que cette caresse provoqua la surprit tellement qu’elle ne put s’empêcher de sursauter.

  Jondalar fut surpris par le regard qu’elle lui lançait. Pourquoi avait-elle l’air choquée ? N’était-il pas naturel qu’un homme veuille caresser une femme aussi belle ? Surtout quand elle était juste à côté de lui. Ne sachant pas quoi penser, il retira sa main. On dirait que c’est la première fois qu’un homme la touche, se dit-il. Pourtant, elle avait porté un enfant. Puisqu’elle vivait seule, c’est qu’elle avait dû le perdre. Il n’empêche que pour que la Mère la bénisse, il fallait obligatoirement qu’elle ait connu les Premiers Rites.

  Ayla était encore parcourue du souvenir des caresses de Jondalar.

  Elle ne comprenait pas pourquoi il s’était arrêté. Un peu gênée, elle se leva et s’éloigna de lui.

  Il est possible que je ne lui plaise pas, se dit Jondalar. Mais alors pourquoi s’est-elle agenouillée à côté de moi alors que mon désir était aussi évident ? Si elle s’est approchée de moi, ce n’est pas pour répondre à mon désir, corrigea-t-il, mais pour soigner mon coup de soleil. Il n’y avait rien de suggestif dans son attitude, bien au contraire. On aurait dit qu’elle n’avait pas conscience de l’effet qu’elle pouvait avoir sur moi. A-t-elle tellement l’habitude de ce genre de réaction qu’elle n’y prête même plus attention ? Son comportement ne ressemble en rien au dédain d’une femme pleine d’expérience. Et pourtant, il semble impossible qu’elle ne sache pas quel effet elle fait aux hommes.

  Jondalar était en train de ramasser un bout de feuille de bardane qui venait de tomber de son dos quand, soudain, il se souvint que le shamud avait utilisé la même plante pour soigner les brûlures de Tholie et de sa fille. Ayla était vraiment une experte... Ce que tu peux être stupide, mon pauvre Jondalar ! se dit-il aussitôt. Le shamud t’a pourtant longuement parlé des épreuves qui attendent Ceux Qui Servent la Mère. Cette femme a dû renoncer aux Plaisirs. Si elle porte ce vêtement informe, c’est pour cacher sa beauté. Jamais elle ne se serait approchée aussi près de toi si tu n’avais pas eu un coup de soleil. Et dire que toi, tu n’as rien trouvé de mieux que de lui sauter dessus comme un adolescent !

  La jambe de Jondalar l’élançait et, malgré l’emplâtre de feuilles fraîches, son dos le brûlait encore un peu. Finalement, il se coucha sur le côté et ferma les yeux. Il avait soif, mais il ne voulait pas bouger maintenant qu’il avait trouvé une position à peu près confortable. En plus, il était malheureux : non pas tant à cause de son corps douloureux, que parce qu’il avait l’impression d’avoir commis une erreur et qu’il en était affreusement gêné.

  Il n’avait pas commis pareille bévue depuis qu’il était enfant ! Lui qui se contrôlait si bien d’habitude, là, il était allé trop loin et on l’avait remis à sa place. Cette femme si belle et qu’il désirait plus qu’aucune autre l’avait repoussé. Il imaginait facilement ce qui allait suivre. Elle allait faire comme si rien ne s’était passé et l’éviter chaque fois que ce serait possible. Le reste du temps, elle se montrerait distante et froide. Même si elle continuait à lui sourire, il lirait la vérité au fond de ses yeux. Elle le regarderait avec condescendance ou, pire, avec une pointe de pitié.

  Ayla avait passé un vêtement et elle était en train de tresser ses cheveux. Elle avait honte d’avoir laissé Jondalar attraper un coup de soleil. C’était de sa faute : elle savait bien qu’il était incapable de rentrer sans son aide. Elle avait pris plaisir à nager et s’était lavé les cheveux au lieu de surveiller le blessé. Dire que je suis censée être une guérisseuse ! se disait-elle. Et une guérisseuse de la lignée d’Iza, la plus haute lignée de guérisseuses du Clan ! Que dirait Iza si elle savait que j’ai abandonné mon malad
e pour aller me baigner ! Ayla était mortifiée.

  Jondalar avait été gravement blessé, il avait beaucoup souffert et voilà que par sa faute, il souffrait à nouveau.

  Mais il y avait encore autre chose qui l’inquiétait : cet homme l’avait touchée. Elle sentait encore la chaleur de sa paume sur sa cuisse. Et il lui avait touché le sein, qui la picotait encore. Son membre viril était dressé et elle savait ce que cela voulait dire. Elle avait vu tant de fois des hommes faire signe à une femme quand ils voulaient assouvir leur désir. Broud avait fait ça avec elle et, rien que de repenser à son sexe dressé, elle en frissonnait encore de dégoût.

  Mais Jondalar ne lui faisait pas du tout le même effet et s’il avait fait le geste approprié, elle n’aurait pas dit non... Ne sois pas stupide ! se dit-elle. Il n’aurait rien pu faire à cause de sa jambe. Pour l’instant, celle-ci supporte tout juste son poids.

  Et pourtant, son sexe était dressé quand elle l’avait rejoint sur la corniche, et son regard... Ayla frissonna en repensant à ses yeux : ils étaient si bleus, si pleins de désir, si...

  Ne trouvant pas le mot juste, elle arrêta de tresser ses cheveux et ferma les yeux. Gon-da-lah l’avait touchée...

  Soudain elle sursauta et rouvrit les yeux. Pourquoi s’était-il arrêté de la caresser ? Lui avait-il fait signe ? Avait-il cessé ses caresses parce qu’elle n’avait pas acquiescé ? Dans le Clan, une femme était toujours disponible pour l’homme qui désirait assouvir son désir. C’est ainsi qu’on lui avait appris à se comporter dès que l’esprit de son totem s’était battu pour la première fois et qu’elle avait saigné. On lui avait aussi appris les gestes et les postures capables de donner envie à un homme d’assouvir son désir. Jusque-là, Ayla n’avait jamais compris qu’une femme désire se servir de ces gestes. Mais maintenant, pour la première fois, elle comprenait.

  Ayla désirait que cet homme assouvisse son désir avec elle mais elle ne savait pas quel genre de signe il utilisait pour dire qu’il avait envie d’une femme ! L’ignorant, elle risquait de lui refuser sans s’en rendre compte ce qu’il demandait et peut-être ne ferait-il pas d’autres tentatives. Mais a-t-il vraiment envie de moi ? songea-t-elle. Je suis si grande et si laide.

 

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